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CAMPAGNE DE 1813
LA CAVALERIE
DES
ARMÉES ALLIÉES
Par M.-hA1weIL
UC-MRUF
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t^'AV^Al. KftIR
PARIS
LIBRAIRIE MILITAIRE DE L. BAUDOIN ET *.
IIIPiltlfIfiUns>£DitBDR8
30, Rne et Passag» Deiaphloe, 30
1886
Toiii ÛTulu Tiêtniê.
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LA CAVALERIE
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Extrait du Jounial dès Sciencti militairei
(Années 4885-4886.)
P«rit. — Imprim«ri« L. Baudoi:^ «t C«, S, riM Christint»
CAMPAGNE iOïr::iël3--
LA CAVALERIE
DES
ARMÉES ALLIÉES
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Par M.-H.^VTEIL
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PARIS
LIBRAIRIE MILITAIRE DE L. BAUDOIN ET C«
IHPRIMBURg-ÉDITBUBS
30, Rue et Passage Danphine, 30
1886
ToM droite réMnéf.
Foumier
AVANT-PROPOS
En entreprenant Tétude qu'après plusieurs années de re-
cherches et de travail nous livrons aujourd'hui à la publicité,
nous n'avons jamais eu la prétention de jeter un jour nouveau
sur la campagne de 1813, nous n'avons jamais songé à exa-
miner ou à discuter les plans de campagne et les conceptions
stratégiques des généraux en chef.
Nous avons simplement voulu, en nous servant des exem-
ples tirés de l'histoire, faire ressortir les immenses avantages
que les alliés ont retirés de l'action de leur cavalerie, tant
régulière qu'irrégulière, insister sur l'influence que le rôle de
cette cavalerie a exercée sur la marche et l'issue des opéra-
tions, nous livrer à un examen critique du mode d'emploi de
cette arme et démontrer enfin qu'une cavalerie, rationnelle-
ment organisée, bien dressée, intelligemment et énergique-
ment conduite peut et doit, de nos jours aussi bien qu'en
1813 et en 1814, rendre au commandement en chef, à l'armée
et au pays d'inappréciables services.
Il nous a semblé que notre cavalerie, si désireuse de s'ins-
truire et de reprendre le rang, auquel elle a le droit de
prétendre et que des esprits à vues étroites sont par trop
disposés à lui contester, trouverait peut-être dans cette mo-
deste étude quelques enseignements dont elle pourrait pro-
fiter, quelques exemples dignes d'être médités, quelques
procédés qui, pour avoir été mis en pratique au commence-
— VI -—
ment de ce siècle, n'en sont ni moins recommandables, ni
moins utiles, ni moins applicables aujourd'hui.
Nous avons également voulu prouver qu'on s'était par trop
étonné du rôle joué par la cavalerie prussienne pendant la
triste guerre de 1870-1871, tandis qu'en réalité elle s'était
contentée de suivre faiblement et timidement les exemples
donnés en 1813 et en 1814 par la cavalerie alliée qui elle-
même n'avait fait que s'approprier et mettre à profit les dures
et sanglantes leçons que l'Empereur lui avait données dans les
mémorables campagnes de 1805-1806.
Nous avons donc essayé de retracer autant que possible,
jour par jour et pas à pas, les marches, les mouvements, les
coups de main, les combats de la cavalerie alliée pendant le
cours des opérations qui l'ont conduite des bords du Niémen
et de la Vistule jusqu'aux rives de TEscaut et du Rhin et
nous avons cru par-dessus tout nécessaire d'insister sur le
rôle des partisans.
Il est bon, croyons-nous, de faire remarquer à ce propos
que l'action de la cavalerie a été singulièrement facilitée à
cette époque par le réveil des esprits, par l'explosion patrio-
tique qui s'est produite en Allemagne. Aussi pour compléter
ce travail et après avoir dans ce livre essayé d'exposer com-
ment la cavalerie alliée a éclahré et renseigné l'armée en pays
ami, nous comptons dans un second volume esquisser son rôle
et son action en territoire ennemi pendant la campagne de
France.
Cette première étude nous a paru d'autant plus opportune
que l'on peut jusqu'à un certain point établir un rapproche-
ment et faire un parallèle entre la situation de 1813 et celle
de 1870. En effet, si en 1870-1871 la cavalerie allemande a
rencontré devant elle au début de la campagne une cavalerie
brave et héroïque, toujours prête à se sacrifier et a se dévouer
sur les champs de bataille, on doit toutefois reconnaître que
— Tll —
notre eavalerie û'a guère lu eontrarier lei MlftprllM clti
cavftlien ennemis, percer le rideau qui couvrait la marche
des oelonnei allemandei, arrêter lea pointai plui ou moini
hardies de leurs éclaireurs et de leurs coureurs.
Les uhians de 1870 ne sont que le p41e reflet, que les
timides imitateurs des cosaques et des partisans de 1818.
A cette époque du reste, Napoléon I*^ n'avait & proprement
parler plus de cavalerie. Les vieux régiments qui s'étaient
couverts de gloire dans les immortelles campagnes du oom«
menoement de ce siècle avaient laissé leurs chevaux et leurs
meilleurs soldats dans les plaines neigeuses de la Russie.
L'Empereur manquait alors nonnseulement de cavaliers, mais
même de chevaux, et les alliés n'allaient plus trouver devant
eux qu'une armée de conscrits, que des cavaliers improvisés»
montés sur des chevaux incomplètement dressés et réquisi-
tionnés à la hâte.
Leur cavalerie au contraire était solidement organisée^ for<
tement encadrée, nombreuse et bien commandée. Les cosaques
enhardis parle mal qu'ils nous avaient fkit pendant la retraite
de Russie, fiers et de la renommée qu'ils venaient d'acquérir
et des belles succès qu'ils avaient remportés semblaient croire
qa'aucun obstacle ne pouvait les arrêter ; la cavalerie régulière
russe brûlait du désir de trouver dans la campagne qui allait
s'ouvrir roccasion de se couvrir de gloire et de reconquérir
une popularité et un prestige dont les cosaques l'avalent dé
possédée.
Le réveil de l'esprit national allait fournir à la Prusse, à
côté des régiments qu'elle avait réorganisés depuis léna, de
nombreux cavaliers volontaires, tout décidés à verser leur
sang pour venger les désastres de 1806 et rejetei* /'wn^mt
héréditaire de l'autre côté du Rhin. La cavalerie autrichienne
etifin était fraîche et intacte, bien montée et prèle à la lutte.
A cette nuée de cavaliers, l'Empereur n'avait à opposer
— VIIl —
que quelques faibles débris revenus démontés de Russie, que
des conscrits inexpérimentés pouvant à peine conduire leurs
chevaux, ne connaissant rien du métier des armes, quelques
régiments polonais et plus tard quelques vieux régiments tirés
dé l'armée d'Espagne.
Aussi n'y a-t-il pas lieu de s'étonner si la cavalerie alliée,
secondée d'ailleurs par des populations qui supportaient avec
peine le joug du conquérant, a fait preuve à maintes reprises
pendant le cours de cette campagne d'une audace qu'elle était
loin de posséder en 1805 et en 1806, d'abord parce qu'elle
n'avait à cette époque aucune idée du grand rôle qu'elle pou-
vait jouer, ensuite parce qu'elle était paralysée, rendue inca-
pable de tout efTort, démoralisée par l'impression des défaites
et des désastres, enfin et surtout parce qu'en 1813 elle ne
trouva en réalité la plupart du temps rien devant elle.
Toutefois il ne saiu*ait rentrer dans notre pensée de vouloir
diminuer son mérite et tout en faisant la part de l'inégalité nu-
mérique et matérielle des deux cavaleries, l'équité nous oblige
à reconnaître que la cavalerie régulière des alliés, mais sur-
tout la cavalerie lancée au loin, régulière ou irrégulière, a
donné à cette époque des preuves indéniables et éclatantes de
ce qu'une cavalerie intelligemment et hardiment conduite peut
faire sur les flancs et sur les derrières de l'ennemi.
C'est précisément cette partie du rôle joué par la cavalerie
alliée que nous nous sommes efforcé d'étudier et d'exposer
en détail. Il nous semble en effet que les progrès de la science,
les perfectionnements apportés à l'armement ne sauraient
exercer une influence appréciable sur un genre d'opérations
où l'audace et la rapidité sont tout, qu'alors comme mainte-
nant, jadis comme aujourd'hui, il a fallu, comme il faudra
encore, procéder par surprise; et nous espérons que précisé-
ment au moment où la cavalerie française, sortant de sa
torpeur momentanée, se réveille plus ardente et plus vivace
que jamais, au moment où elle brûle de revenir aux glo-
rieuses traditions des Montbrun, des Lasalle, des de Brack,
des La Roche-Aymon, des Curely, des Latour-Maubourg,
elle trouvera des enseignements intéressants et utiles dans
Texposé de ce que nos ennemis et surtout leurs partisans ont
accompli pendant les plus tristes jours de notre histoire
militaire.
C'est parce que nous savons, parce que nous sommes intime-
ment convaincu que nos chevaux et nos cavaliers valent les
chevaux et les cavaliers des autres armées, parce que, Dieu
merci, il ne manque pas et il ne manquera jamais en France
d'officiers intelligents et audacieux, ardents et prêts à renou-
veler les exploits de la cavalerie française du premier Empire,
parce que lors de la prochaine guerre, la cavalerie ennemie
n'aura pas une tâche aussi facile que celle qui lui est échue
en 1813 comme en 1870, parce qu'elle trouvera au contraire
devant elle une cavalerie bien dressée, fortement organisée,
animée du désir de reconquérir son ancienne renommée, que
nous croyons faire œuvre utile en retraçant la mission remplie
par la cavalerie des alliés.
U nous semble de plus que par une bizarrerie inexplicable
on est par trop disposé à contester à la cavalerie son indé-
niable importance, alors au contraire que cette arme est
appelée, nous le croyons fermement, à jouer un rôle préémi-
nent, plus brillant et plus grand que jamais, dans les guerres
à venir.
Avec nos grosses armées modernes, avec l'accroissement
des effectifs, l'étendue de plus en plus considérable des théâ-
tres d'opérations, l'extension forcée des lignes de communi-
cations et d'étapes, la cavalerie est plus que jamais un facteur
indispensable sans lequel il ne saurait y avoir ni succès, ni
même possibilité de succès.
Ce qu'il faut pour lui rendre son prestige d'autrefois et
— X —
l'impOPttuioi qti'ellê doit avoir, cW réagir contre certtiiDes
idéal anMfS trop Hpanduas dans Topinion et qtii m tendent
à tiifl moiag qu'à rétrécif le derole des idées^ à borner les
eonnaiiiancêft dei offlelem de l'arme, à «e contenter pour eux
d'une Instruction tnllitaire incomplète.
Ce qu'il fiiut encore pour lui faire reprendre la place qui
lui appartient, c'est lui redonner la confiance et la foi en elle»
même, c'est lui montrer l'utilité et la grandeur, l'éclat et Té-
tendue de sa mission, lui rendre son ancien esprit d'entreprise,
lui prouver avant tout que, contrairement aux préjugés qui
ont CdUri actuellement, l'officier de cavalerie doit être à la fois
plus intelligent et plus instruit, plus prudent et plus hardi que
les officiers des autres armes, parce que plus qu'aucun autre
Il se trouvera livré à lui même, abandonné à ses propres res*
sources ; parce que chaque jour, à chaque instant et quel que
soit son grade, il aura à prendre rapidement une résolution d'où
dépendra toujours le salut de sa troupe et sou ventcelul des corps
postés ou marchant derrière lui ; parce que c'est la cavderie qui
assurera le résultat des campagnes en permettant au général
d'asseoir ses combinaisons sur des bases solides, sur des
données positives; parce que, comme l'a dit si justement et si
éloquemment un auteur qui, cachant modestement sa haute
personnalité et sa parole autorisée sotis le masque de l'ano-
nyme, vient de publier dans le foumetl des Seienceê miU-
MfêÈ tin remarquable travail «ur le Sën)kê ^eitplordHm
et de sûreté de la cavalerie : « Sans la cavalerie pas de
renseignements, pas de sécurité assurée; sans elle ks [succès
sont incomplets, les victoires restent stériles, sans elle enfin
les retraites bien ordonnées sont presque impossibles et les
îÉrsueeès devietinetit des désastres^ n
C'est pénétré de ces Idées, imbu de oette croyanee^ inspiré
par ces sentiments que nous avons efÉtrefpris notre étiJNie^ et
tf est parc« que SWS pensons que ûos offiders y retrouveront
— XI —
quelques exemples bons à suivre, qaékpies règles dont Tap-
plicatioa peut leur être profitable, quelques procédés malheu-
reusement oubliés malgré leur incontestable utilité, quelques
grands principes abandonnés et délaissés sans raison et sans
motif, que nous espérons les voir accueillir cet essai avec
leur bi^iveillance et leur indulgence habitudles.
LA
CAVALERIE DES ARMÉES ALLIÉES
PENDANT LA CAMPAGNE DE 1813.
CHAPITRE PREMIER.
RETRAITS DE L*ARMÉB FfiANÇAlSB DU NliMBN JUSQU*A l'bLBB.
Le 5 décembre 1812, Tempereur Napoléon réunissait ses maré-
chaux à Smorgofty, et , après avoir remis le commandement en
chef au roi de Naples, il se rendait en toute hâte à Paris, où il
arrivait le 18, après avoir passé parGlogau et Dresde.
Murât, se conformant aux ordres de l'Empereur, ramena les dé-
bris de ce que l'on continuait encore à appeler la Grande Armée,
sur la rive gauche du Ni(^men, par Vilnaet Kauen. A partir de ce
point, les restes de cette belle armée se divisèrent en trois groupes
et suivirent, pour se replier jusque sur les rives de la Vistule, les
trois principales routes qui traversent cette partie de la Prusse.
Le roi de Naples, le vice-roi d'Italie, et la plupart des maré-
chaux, passèrent par Stallupôhnen, Gombinnen, Insterburg, pour
se diriger sur Kônigsberg; un autre groupe, peu nombreux du
reste, suivit la route de Goldapp, Heidsberg et Marienwerder ;
enfin le corps du maréchal Davout et les Bavarois du général de
Wrède, qui, bien qu'ils aient servi jusque-là d'arrière-garde, étaient
les seules troupes encore en bon ordre et capables d'opposer une
résistance sérieuse, rentrèrent en Allemagne par Lyk, Willen-
berg et Plotzk ; ils se portèrent de là sur Thorn.
D'autre part, le 10» corps d*armée, sous les ordres du maré-
chal Macdonald, opérait, lui aussi, sa retraite, et quittait la Cour-
lande, pendant que les Autrichiens, sous les ordres du feld-ma-
M. H, L. ^
iéù\îeilpj:inc^dè^cK'yfiTz^ïi^^^ le 7«corpsd'armée, commandé
*pà^ le général Réyôîer, rétrogradaient par Slonin sur Biélostock,
où ils arrivaient le 24 décembre 1812. Si, aux 56,000 hommes dont
se composaient ces trois derniers corps, et qui comptaient dans
leurs rangs 15,000 Prussiens, 25,000 Autrichiens et 6,000 Saxons,
on ajoute les débris, encore capables de combattre, de la Grande
Armée, la g^imison de Santzig et les réserves qu'on faisait venir
f^n toute hâte de Prusse et de Pologne, on arrive à un effectif to-
tal de 100,000 hommes environ, avec lesquels, s'il était impos-
sible de défendre les rives du Niémen, on pouvait cependant
chercher à se maintenir pendant quelque temps sur celles de la
Vistule.
Aussi Tarrière-garde, composée des débris de la vieille garde,
reçut Tordre de rester à Intersburg et de n'abandonner cette
position qu'à la dernière extrémité, et seulement dans le cas où
elle serait attaquée par des forces considérables. En même temps
on prescrivait à la division Marchand, du 11« corps, de se porter
de Dantzig à Kônigsberg, où elle arriva le 25 décembre. Enfin
le roi de Naples assignait de Kônigsberg, le 31 décembre, aux
différents corps d*armée, les points de ralliement et de concen-
tration suivants :
Garde impériale Kônigsberg.
!«' corps Thorn.
2« » Marienburg
3« » Elbing.
4® » Marienwerder.
5« » . . . . , Varsovie.
6e » Plotzk.
9® » Dantzig.
Cavaliers démontés Elbing.
Officiera malades et blessée Stettin et Custrin.
Les débris du 8« corps s'étaient retirés en Westphalie ; le 7®
corps était encore à Wengrod, sur la route de Varsovie à Biélos-
tock; le 10" corps (Macdonald) se retirait sur Kônigsberg ; le 11*,
fort seulement de 2,000 hommes, était à Berlin. Le 10* corps (ma-
réchal Macdonald), presque exclusivement composé de troupes
prussiennes,, à l'exception de la division Grandjean, se repliait
pendant ce temps en combattant, et arrivait le 28 décembre seu-
— 3 —
ment à Tilsitt, suivi de près par les Russes du général Wittgens-
lein, qui, cherchant à couper la retraite, sinon à tout le 10* corps,
du moins à son arrière-garde, s'efforcèrent de le précéder
sur les rives du Niémen. Dès le 18 décembre, alors que le 10«
corps tout entier était encore aux environs de Jacobstadt, les co-
saques battaient Teslrade sur les bords du Niémen, et les troupes
légères des généraux Diebitsch, Kutusoffet Schepelew inondaient
les districts de Rosienne, Szwal et Teltsch. Le succès remporté
Sur les Russes par la brigade Bachelu h Piktupôhnen, le 26 dé-
cembre, permit heureusement au 10« corps d'atteindre Tilsitt, que
les cosaques avaient occupé, mais qu'ils évacuèrent sans combat.
Ils n'en continuèrent pas moins à se tenir sur le cours supérieur
du Niémen, entre le gros du 10« corps et la 3« colonne de ce
corps, composée d'une partie des troupes prussiennes et com-
mandée par le général York. D'un autre côté, une colonne russe,
sous les ordres du général marquis Paulucci, était entrée à Me-
mel le 27 décembre.
Trois jours plus tard, le 30 décembre 1812, le général York
signait avec le commandant des troupes d'avant-garde de l'ar-
mée russe, le général-major Diebitsch II, au moulin de Posche-
rau, une convention aux termes de laquelle les troupes prus-
siennes s'engageaient à quitter les rangs de l'armée française,
et, sans passer immédiatement du côté des Russes, étaient con-
sidérées comme neutres, et allaient prendre, en arrière d'une
ligne qui, partant de Tilsitt et passant par Mehiauken, aboutit à
Labian, des cantonnements où elles devaient attendre les ordres du
roi de Prusse. Dans la nuit du 30 au 31 décembre, les troupes
prussiennes du général Massenbach, qui avaient opéré le 28 leur
jonction à Tilsitt avec la division Grandjean, recevaient commu-
nication delà convention dePoscherau,dont elles étaient appelées
à bénéficier. Le général Massenbach réunit ses officiers le 31 à
la pointe du jour, fit passer, sur la glace, le Niémen à ses troupes,
et alla rejoindre le corps du général York.
Cette défection inattendue, quoique préparée de longue main
par York, réduisait le 10* corps à un effectif dérisoire, et affai-
blissait tellement l'armée qu'il ne pouvait plus dès lors être ques-
tion de défondre la ligne de la Vistule. Le roi de Naples quitta
Kônigsberg pendant que le maréchal Ney se portait au-devant
de ce qui restait du corps du maréchal Macdonald, et, le l®' jan-
- 4 -
vier 1813, les débris de la Grande Armée, abandonnée par York
(si Ton ne fait pas entrer en ligne de compte les Autrichiens de
Schwarzenberg), ne se composaient plus que de 18.800 Fran-
çais et de 23,400 hommes des contingents saxons, bavarois,
westphaliens, wurtembergeois, badois et polonais; tandis que
l'armée russe qui passait le Niémen le l*' janvier 1813, en 5
grandes colonnes, était forte de 111,936 hommes, avec 849 bou-
ches à feu; savoir : infanterie, 64,145 hommes; cavalerie,
18,614; artillerie, 11,727; cosaques, 17,450. Dès le 2 janvier,
Tarrière-garde française était attaquée à Labian par les cavaliers
du général Schepelew (un régiment de cavalerie de la garde,
un de dragons, un de hussards).
Le 4 janvier, ces mêmes cavaliers harcelaient les débris de la
garde à Wehlau, et dans la nuit du 4 au 5 les Français éva-
cuaient Kônigsberg, se dirigeant sur Braunsberg, où ils arrivè-
rent le 7. Le 8 au matin, les cosaques essayaient d'enlever cette
position; mais les troupes françaises, solidement établies dans
cette ville entourée de murs et couverte par le cours de la Pas-
sarge, rejetèrent sans peine les attaques des cosaques. Le lende-
main, les Français évacuèrent Braunsberg, puis Elbing le il;
le même jour, après que les restes du 10» corps eurent repassé
la Passarge, il y eut une affaire d'arrière-garde à Frauenberg
avec les troupes du général Siewers. Le 12, un parti de cosaques
se jeta au travers des postes français jusque dans Marienwerder;
les cosaques furent repoussés ; la ville fut d'ailleurs évacuée le
13 janvier, et la division Grandjean se séparait sur ce point du
reste de l'armée pour aller s'enfermer à Dantzig.
A partir de celte époque, il ne restait plus, à l'exception des
places de Pillau, Thorn et Dantzig, un seul homme des troupes
françaises sur la rive droite de la Vistule, et le roi de Naples se
dirigea avec 6,000 hommes sur Bromberg et Posen, où le quar-
tier général s'établit le 15 janvier.
Pendant ce temps, le général vonBûlow concentrait les forces
prussiennes disponibles autour de Stettin.
Pour résumer les situations respectives des belligérants au dé-
but de la campagne de 1813, il est utile de relever les positions
occupées par l'armée russe sur le territoire prussien le 31 dé-
cembre 1812 :
Le général Paulucci élail à Memel avec 8,000 hommes.
- 8 -
Les avant-postes du corps du général comte de Wittgenstein
étaient établis :
Le corps du général Diebitscb, à Lampôhnen.
Le corps du général Schepelew, dont le quartier général
était à Tilsitt, était en partie e«.nployé à poursuivre la division
Grandjean.
Le corps du général-major Kutusoff était à Ragnit.
Le général de Wittgenstein avait cantonné son corps aux
environs de Gerskullen, où il avait établi son quartier général; h
sa gauche, on trouvait Tavant- garde cosaque du général-major
Tchernitcheff (du corps du général comte Platoff), qui, passant
par Georgenburg et Lœbegallen, avait poussé jusque dans les
environs dlnsterburg.
Enfin les troupes du général Tschaplitz, qui formaient l'avant-
garde de Tarmée du Danube, étaient à la même époque arrivées
h hauteur de Raukischken.
Quoique moins éprouvée par les rigueurs du climat, et surtout
par les privations et les fatigues de toutes sortes, que l'armée
française, l'armée russe fut, elle aussi, obligée de prendre quel-
ques jours de repos, après lesquels, formée en cinq colonnes, elle
reprit sa marche vers la Vistule.
La première colonne, celle de l'aile droite, sous les ordres du
général de Wittgenstein, moins les troupes du général Pau-
lacci qu'on laissa à Memel et quelques troupes de milices char-
gées du blocus de Dantzig, se subdivisa en deux colonnes :
Tune, comprenant l'avant-garde du général Schepelew et le corps
du général Berg, se porta sur Labian, où elle livra, comme nous
ravoiis dit, le combat du 2 janvier, arriva le 5 à Kônigsberg, et
se porta de là sur Elbing; l'autre, composée de l'avant-garde
du général-major Kutusoff et du corps du général Sleinheil, se
porta par Wehlau, Friedland, Mehlsack et Preussich-Holland,
sur Elbing, où le quartier général de Wittgenstein resta du 14
au 21 janvier 1813.
La deuxième colonne marchait à la gauche de la première;
elle comprenait les cosaques de Platoff, au nombre de 6,000 à
'7,000 cavaliers, qui balayèrent la rive droite de la. Vistule et
poussèrent des pointes jusqu'aux portes de Pillau, Dantzig et
Thorn. L'avant-garde de ces cosaques était placée sous les
ordre» du général Tchernitcheff. Le 12 janvier, le quartier gé-
- 6 --
néral du corps était à Marienberg, et le 34 Platoff rejoignait les
troupes qui bloquaient étroitement Dantzig.
La troisième colonne, formée par l'armée dite du Danube et
qui était encore à celte époque sous les ordres de l'amiral Tchit-
chagoff, élait précédée par deux avant-gardes: Tune celle du gé-
néral Tschaplilz, Tautre celle du général comte Woronzoff, qui se
réunirent à Nordenburg pour se porter sur Elbing. La lenteur
avec laquelle marcha ce corps, qui se porta d'Halsberg sur Ha-
rienburg au lieu de se diriger par le chemin le plus direct et le
plus court sur Thorn» obligea Wittgenstein à rester inactif pen-
dant près de trois semaines, permit aux troupes françaises de se
rallier, de se i*eformer, de se refaire, et eut pour les Russes des
conséquences d'autant plus graves qu'en empêchant la Prusse de
se prononcer dès lors ouvertement pour la Russie, en privant les
troupes russes du concours de l'armée prussienne, elle causa aux
alliés, au point de vue militaire comme au point de vue poli-
tique, un préjudice presque irréparable.
La quatrième colonne, sous les ordres du général Tormassoff,
avec laquelle marchaient l'empereur Alexandre, le grand-duc
Constantin et le général feld-maréchal Kutusoff, ne quitta Vilna
que le 9 janvier, pour arriver seulement le S février à Plolzk, où
elle resta jusqu'au 9 du même mois.
Enfin la cinquième colonne, composée des corps des généraux
Miloradowilch, Sacken, Winzingerode, Dokterow et Radt, mar-
chait en échelons et suivait, mais lentement, la retraite du corps
autrichien du prince de Schwarzenberg, du V corps (général
Reynier), et du corps polonais du général Poniatowski.
Le 17 janvier, le quartier général de l'armée française était à
Posen; ce fut à ce moment que le roi de Naples abandonna
l'armée et que le prince Eugène prit le commandement en chef,
laissé vacant par le départ de Murât, commandement dans lequel
il ne tarda pas à être confirmé par l'Empereur. Le quartier gé-
néral du vice-roi s'établit à Posen du 17 janvier jusqu'au 11 fé-
vrier. Pendant ce temps, l'armée restait disposée en colonne der-
rière la Vistule et la Wartha; mais à la suite de la retraite du
corps autrichien de Schwarzenberg, dont le chef s'était, par une
convention, engagé à se retirer sur la Galicie, découvrant par ce
mouvement la droite de l'armée française • en présence des levées
auxquelles procédait le gouvernement prussien, de l'attitude
hostile de ses représentants, attitude qui permettait de prévoir
que le roi de Prusse n'attendait plus qu'une occasion favorable
pour se déclarer contre la France; et enfin à partir du moment où
la grande armée russe reprit sa marche en avant, le vice-roi
dut forcément se replier, d'abord derrière l'Oder, puis derrière
l'Elbe.
Nous allons essayer maintenant, malgré toutes les difficultés
que présente cette tâche, de suivre pas à pas la marche des nom-
breux partis de cosaques qui couvraient le mouvement de la
grande armée russe.
Le corps du général comte de Wittgenstein (première colonne
de la grande armée russe), affaibli par les détachements qu'il
avait été obligé de fournir pour assurer le blocus de Dantzig et
de Pillau, ne put s'avancer que fort lentement, et sa marche fut
encore retardée par les hésitations de l'aile gauche de Tarmée
russe. Il en résulta que Wittgenstein, arrivé à Stargard le 3 fé-
vrier, reçut l'ordre d'y rester jusqu'au 13. Mais, malgré l'arrêt
forcé qu'on imposait à sa marche en avant, Wittgenstein n'en
continua pas moins à faire inquiéter l'armée française par ses
cosaques (24 régiments du corps de Platoff, avec une partie des-
quels on avait formé trois corps volants placés sous les ordres de
Benkendorff, Tchernitcheff et Tettenborn, dont la force variait
entre 4 et 6 régiments), qui battaient l'estrade depuis un mois
sur la rive gauche de la Vistule, et qui, depuis près de quinze
jours, avaient poussé jusqu'à l'Oder. Toutefois, en raison des
arrêts constants apportés à la marche du gros du corps, les co-
saques furent à plusieurs reprises rejeiés en arrière.
Les cosaques de la colonne Wittgenstein formaient deux
groupes principaux, sous les ordres, l'un du général Tchernit-
cheff, l'autre du colonel Dôrenberg. Ce dernier officier, tenant la
droite de la ligne, battait la campagne en Poméranie, tandis que
le général Tchernitcheff suivait avec son groupe la grande route
de poste qui traverse la Prusse occidentale et la Nouvelle-Marche.
Son extrême avant-garde était formée par les cavaliers du co-
lonel Tettenborn, tandis que ses flanqueurs de gauche s'éten-
daient jusqu'au grand-duché de Varsovie, et assuraient de la
sorte les communications avec les têtes de colonnes de l'armée
russe de TOuesl.
Dès le 17 janvier, les cosaques entraient k iaslrow; le 18, ils
— 8 —
poussaient jusque sur les bords de la Netze; le 31, ils arrivaient
à Filehîie et à Dragebruck. Le l»' février, ils étaient à Driesen et
à Friedeberg; le 3, à Landoberg, sur la Wartha. Le 5 février,
42 cosaques attaquaient, dans un bois près du village de Staf-
feld, au Schônberger-Theerofen, un détachement français, fort
de 1500 hommes, qui se portait sur Soldin, mais qui marchait
sans se garder et sans s'éclairer. Surpris par l'attaque inopinée
de cette poignée de cavaliers, le petit corps français fut culbuté,
mis en déroute, et les fuyards, traversant les villages de Slaf-
felde et de Vietz, ne se ralli^4*ent que le 6 au soir sous les murs
de Custrin ; 42 cosaques avaient fait plus de 70 prisonniers. Le
colonel qui commandait cette petite colonne fut traduit devant
un conseil de guerre par le maréchal Davout et condamné à
mort. Les cosaques qui avaient exécuté ce coup de main se re-
plièrent ensuite sur Landsberg.
Le 12 février, le général TchernilchefF, le colonel Efremoff et
le major comte Pousckkine, après avoir fait en vingt-quatre heures
une marche de près de 70 kilomètres; après avoir passé, avec
leurs cosaques, la Wartha encore à peine gelée, attaquaient,
entre Posen et Landsberg, les débris de deux régiments de ca-
valerie lithuanienne, postés à Zirke, sur la Wartha. Une partie
de ces cosaques passa la rivière en amont de Zirke et occupa les
routes de Posen et de Meserilz, pendant que les autres atta-
quaient Zirke de front. Les Lithuaniens, trop faibles et surpris
par cette atlaque, furent mis en déroute, et leur commandant,
le prince Gedroiç, fut pris avec 30 officiers, 900 hommes et
1000 chevaux *. Ce fait d'armes n'avait coûté aux Russes qu'une
douzaine d'hommes.
Le 15 février, le colonel Tettenborn arrivait avec 2,000 che-
vaux à Soldin ; le 16, il passait l'Oder à Zellin, après avoir déta-
ché et envoyé Benkendorf dans la direction de Wrietzeu. L'avant-
garde de ce détachement arriva encore dans la journée du 16
devant cette localité, qu'occupait un bataillon d'infanterie west-
phalienne. Sommés de se rendre, les officiers westphaliens répon-
dirent par un refus; mais au moment où les Russes commençaient
1 D'après Boj^danovitch, les cosaques n'auraient pris à Zirke que 430
hommes^ dont 80 officiers.
- 9 -
leur attaque, les soldats westphaliens. jetèrent leurs armes et,
malgré les efforts de leurs chefs, refusèrent de se battre ; 1 colo-
ne), 1 lieutenant-colonel, 21 officiers et 2 drapeaux tombèrent
ainsi sans combat entre les mains des Russes.
Le colonel Tettenborn se dirigeait de son côté sur Berlin en
passant par Hirschfelde, mais arrivé à hauteur de Werneuchen il
trouva la route barrée par un corps de 3,000 Français qui, sous
les ordres du général Poinçot, avait pris position sur ce point
pour couvrir la capitale. L'officier russe, trop faible pour attaquer
un ennemi aussi supérieur en nombre, se contenta de faire ob-
server les troupes du général Poinçot par des vedettes et des pe-
tits postes, et employa le reste de ses cavaliers à battre l'estrade
dans les plaines qui s'étendent aux environs de Werneuchen,
Landsberg et Friedersdorf, jusqu'au moment où il apprit que le
gros du corps du général Tchernitcheff avait pnssé l'Oder le 19,
et que le quartier général de ce corps était établi à Landsberg.
Les cosaques reçurent alors Tordre de tourner, dans la journée
du 20, le petit corps français établi à Werneuchen, qui dut par
suite se retirer sur Berlin en faisant un grand détour et passer
par Kôpenick. Pendant ce temps, un légiment de cosaques arri-
vait jusqu'aux portes de la capitale de la Prusse, culbutait les
quelques postes de cavalerie française qu'on avait disposés en
avant de la ville, les sabrait et pénétrait à la suite des fuyards
jusque dans Berlin. La garnison française, forte d'environ
6,000 hommes, prit immédiatement les armes, et les cosaques
se retirèrent sans combat après avoir jeté l'alarme dans la
ville.
Le récit du raid sur Berlin, tel qu'il est exposé par le général
Bogdanowitch, diffère tellement des faits que nous venons d'ex-
poser, que nous avons cru utile de le reproduire ici :
« Le général aide de camp Tchernitcheff arriva le 5/17 février
îivec 6 régiments de cosaques, 4 escadrons de hussards d'Izoum,
2 escadrons de dragons de Finlande et 2 pièces de l'artillerie des
cosaques du Don, sur les rives de TOder, h 20 verstes en aval de
Guslrin, au village de Zellin. La glace trop mince et trop faible ne
penneltait pas de tenter le passjge de la rivière, et il fallut jeter
des ponts volants.
«Pendant ce temps le général Benkendorf et le colonel Tetten-
born avaient^ eux aussi, passé l'Oder, le premier près de Francfort-
- 10 -
sur-l'Oder, le deuxième à Scbwedt. Le détachement de Benken-
dorf se composait de 5 régiments de cosaques, 1 régiment de
baschkyrs, 1 régiment combiné de hussards, 2 escadrons de
dragons de Finlande et 2 pièces d'artillerie cosaque; celui de
Tettenborn, de 4 régiments de cosaques, 4 escadrons de hussards
d'Izoum et 2 escadrons de dragons de Kazan.
« Le 19 février, deux partis cosaques du corps de Tchernitcheff
avaient dispersé des détachements français et leur avaient fait
300 prisonniers. Tchernitcheff et Tettenborn, qui s'étaient réunis
à Wriétzen, résolurent alors d'opérer de concert une pointe sur
Berlin. Un détachement français d'un effectif assez considérable
était posté sur la route directe qui mène à Berlin, à Werneucben.
Les deux chefs de partisans résolurent de le tourner, et en par-
tant d'Alt-Landsberg, de se porter par Marzan et Schônhaùsen
sur Pankow, sur la grande route de Stettin. On ne laissa devant
le corps français de Werneucben que quelques pelotons de co-
saques auxquels on prescrivit d'inquiéter l'ennemi pendant toute
la nuit et d'entretenir de grands feux de bivouac. Le gros des
deux autres corps se réunit à Alt-Landsberg le 20 février et ar-
riva à Pankow le 21 à 4 heures du matin.
« Arrivés à Pankow, Tchernitcheff et Tettenborn prirent posi-
tion sur ce point, et envoyèrent le lieutenant-colonel Wlassoff
avec 2 régiments de cosaques à Charlottenburg, où se trouvait
campée Fartillerie française, pendant qu'ils faisaient surveiller
toutes les routes menant à Berlin. Ils étaient alors résolus d'atta-
quer l'ennemi pendant la nuit du 21 au 22. Mais vers midi les
avant-postes les informèrent qu'un petit détachement de cava-
lerie sortait de la ville, probablement pour faire une reconnais-
sance, et Tettenborn ayant vu cette cavalerie repousser les avant-
postes, se porta contre elle avec le régiment de cosaques Kommi-
saroff, la rejeta dans la ville et y pénétra en même temps
qu'elle.
« L'apparition des partisans russes causa un effet indicible à
Berlin et aux environs de la capitale, les troupes se portèrent en
toute hâte sur leurs points de rassemblement, l'artillerie quitta
au galop Charlottenburg. Pendant ce temps, Tchernitcheff avait
poussé avec tout le reste des deux corps jusqu'aux abords mêmes
de la ville; il dispersa à coups de mitraille l'ennemi qui sortait de
la porte d'Oranienburg pour prendre Tettenborn à revers ; il fil
— n —
renforcer ce dernier par la brigade du colonel Efremoff, qui entra
par la porte de Hambourg, et par le régiment de cosaques de
Grekow. Les 3 régiments pénétrèrent dans la ville et poussèrent
jusqu'à la Sprée, tandis que Tettenborn était arrivé jusqu'à
TAlexander Platz, où il fut accueilli par des salves partant d'un
carré. Les partisans durent sortir de la ville, prirent position à
peu de distance et se retirèrent le lendemain sur Oranienbaum.
(( De Vautre côté de la ville, le colonel Wlassoff avait enlevé
Charlottenburg, y avait fait 168 prisonniers, et gardait la route
de Potsdam. Cette surprise avait en outre coûté à l'ennemi, en
fait de prisonniers, 6 officiers supérieurs, 12 officiers subal-
ternes et plus de 600 hommes. Les pertes des Russes s'élevaient
à ISO hommes tués et blessés. »
S'il convient de rendre justice à la hardiesse des cosaques
qui se précipitèrent tète baissée dans Berlin, on doit, en revanche,
blâmer et critiquer la conduite de leur chef. C'était, en effet, ex-
poser des hommes inutilement sans but et sans raison. Il était en
effet impossible de prévoir quelle serait l'altitude de la garnison,
et ce n'était certes pas avec 300 ou 400 cosaques qu'on pouvait
espérer soulever la population. Quel devait donc être le résultat
d'une pareille entreprise? Un combat dans les rues qui aurait pu
coûter la vie à nombre d'habitants et exposer la ville à être mise
à feu et à sac. La garnison, en se jetant sur les cavaliers russes,
n'aurait perdu que peu de monde, tandis qu'il lui suffisait de
fermer les portes de la ville pour prendre les cosaques dans une
véritable souricière.
En somme, au bout de quelques heures, les cosaques quit-
tèrent Berlin et se replièrent sur leur gros, qui avait pris position
au Landsberger Thor (porte de Landsberg). La garnison fran-
çaise se contenta de barricader les portes. Les Russes restèrent
immobiles sur leur position et se contentèrent de pousser leurs
avant-postes jusqu'à la Sprée.
Cette pointe hardie des cosaques contribua toutefois à décider
en partie le vice-roi d'Italie à transporter, le 22 février, son
quartier général à Kôpenick, à abandonner complètement la
ligne de l'Oder, pour chercher à se maintenir sur la Sprée. Il
laissa seulement la brigade Fraissinet sur la rive gauche de
l'Oder, aux environs de Custrin, et le général Bertrand, avec
600 hommes formant l'extrême arrière-garde, à Francfort-sur-
- 12 —
roder ; mais peu de jours après, comme les Russes continuaient
^ dessiner le mouvement offensif du gros de leur armée, ces
avant-postes se retirèrent sur la rive droite de la Havel, pendant
que le vice-roi transportait son quartier général à Schôneberg.
Le 21 février, les Français brûlaient le pont de Crossen, le
23 celui de Francfort-sur-l'Oder, et le 26 celui de Schmôkwitz.
Aucun événement ne se produisit pendant les 12 jours qui
s'écoulèrent du 20 février au 4 mars, à l'exception toutefois d'un
petit combat livré par 1500 cosaques qui, sous les ordres du
général fienkendorf, avaient passé TOder et attaquèrent près de
Mûncbenberg un régiment de cavalerie légère française qui fut
presque entièrement détruit ou fait prisonnier. Pendant ce temps,
les cosaques ne cessèrent de battre le pays et interrompirent à
tout instant les communications entre Berlin et Spandau.
Le 2 mars, Tavant-garde de Wittgenslein, sous les ordres du
prince Repnin, ayant passé l'Oder à Gùstebiese, à moitié chemin
entre Custrin et Schwedt, pour se diriger sur Berlin, le vice-roi
se décida à abandonner la ligne de la Sprée et à évacuer; dans
la nuit du 3 au 4 mars, Berlin, où les cosaques du général Tcher-
nitcheff entrèrent presque derrière lui, le 4, à 6 heures du matin.
Les détachements volants des généraux Tchernitcheff et Benken-
dorf se remirent aussitôt en marche pour poursuivre le vice-roi
et conserver le contact de l'armée française. Ils attaquèrent
Tarrière-garde près de Schôneberg et de Stegelitz, et mirent
300 hommes hors de combat.
Le 5 mars, les cosaques traversèrent Saarmund, où Tchernit-
cheff, arrivant par la roule de Polsdam, établit son quartier géné-
ral, et leurs pointes extrêmes s'avancèrent jusqu'à Wildenbruch
et Kùnersdorf.
Le lendemain, les cosaques attaquèrent l'arrière-garde fran-
çaise, qui avait pris une bonne position tt Kàhnsdorf, village
situé entre deux lacs communiquant par un canal étroit et
encaissé que la route franchit sur un pont. Les cosaques, ne pou-
vant déloger les Français, tournèrent la position en passant par
la içrande route qui mène par Kùnersdorf et Belitz, et par laquelle
ils réussirent à faire passer leur gros sans attirer l'attention de
l'adversaire. Aussi, lorsque les 6,000 hommes du général Grenier
quittèrent Kàhnsdorf pour se replier sur Belitz, ils furent surpris
pendant leur marche et pris en flanc par les cosaques* Cette
— 13 -•
escarmouche coûta aux Français 347 tués ou blessés et 162 pri-
sonniers *.
Les cosaques continuèrent à suivre Tarmée française, d'abord
jusqu'à Treuenbrietzen, puis sur les deux routes qui mènent h
Wittenberg, en passant, Tune par Jûterbock, Tautre par Marzahne.
Legénéral de Benkendorf, venant de MiUenwalde etde Barutb, se
dirigeait, lui aussi, avec sa cavalerie, sur Wilteuberg, et le
7 mars Tchernitcheff harcela Tarrière-garde aux environs de
Seehausen, en arrière de Jûterbock. Entin, le 10 mars, Tarmée
française tout entière était échelonnée sur la rive gauche de
l'Ëlbe, depuis la frontière de Bohème jusqu'à Hambourg.
Quant à la colonne du général-major Dôrenberg, qui avait
passé l'Oder à Schwedt et Stolpe, elle avait pris la direction du
nord pour se porter vers l'Elbe, et elle arrivait le 23 mars h
Havelberg, où elle était renforcée par un bataillon d'infanterie
prussienne et une demi-batterie d'artillerie à cheval.
En effet, le 17 mars, le roi de Prusse, qui s'était décidé à jeter
le masque, avait adressé à ses peuples une proclamation leur
taisant savoir qu'il s'alliait à la Russie pour chasser d'Alle-
magne l'ennemi héréditaire, et, du 16 au 24 mars, l'armée prus-
sienne, sous les ordres de Blûcher, quittait Breslau pour marcher
vers l'Elbe, pendant que le corps du géuéral York, formant
l extrême droite de la grande armée russe, entrait à Berlin le
17 mars, et que le général de Bûlow se portait de' son côté sur
l'Oder, qu'il passait h Schwedt dès le 14 mars.
Enfin, le détachement de Tettenborn avait à sa sortie de Ber-
lin, vers le 5 ou le 6 mars, reçu une destination nouvelle. Pas-
sant par Fehrbellin et Wusterhausen, il était le 9 à Kyritz, le 12 k
Perleberg, le 13 à Grabow (Mecklembourg), le 14 à Ludwigslust,
le IS à Lauenburg et Boitzenburg.
Pendant ce temps, le corps du général Winzingerode, après
avoir battu, le 13 février, à Kalisch, le 7« corps sous les ordres
du général Reynier, avait continué son mouvement vers TOder
* YaudoDCoart s'exprime comme suit au sujet du combat de Kiihnsdorf :
« 1-6 6, la colonne de gauche eut à soutenir un combat, d'arrière garde^àBelitz,
contre les cosaques, qui échouèrent complètement, ce qui leur arriye toujours
contre des troupes réglées ; il parait cependant, par leurs bulletins, qu'ils ont
rêvé d'avoir détrait et dissipé cette colonne. »
- u -
en passant par Ostrow, Zduny, Robielin et Rawitsch, et se faisait
précéder au loin par les corps volants du capitaine aide de camp
Orloflf, du colonel Prendel et du colonel prince Madatoff.
Dès le 19 février, les 800 cavaliers que conduisait le colonel
Prendel et le capitaine Orloff passaient l'Oder à Sieinau ; le 20
ils marchaient sur Lûbben et Ossig, où ils eurent àé'jh un enga
gement avec les Français; le 21 ils étaient entre Goldberg et Lô-
wenberg, le 22 à Lôwenberg, le 23 à Bunzlau, le 28 à Lauban, le
8 mars à Sohrau, le 11 à Gôrlitz et le 15 h Bautzen, d'où ils com-
mençaient aussitôt à battre Testrade sur les bords de TElbe.
Le détachement du colonel prince Madatoff avait de son
côté passé rOder le 26 février, près de Kôben et de Radschûtz,
suivi à une journée de marche par l'avant-garde proprement dite
de la colonne de Winzingerodo, sous les ordres du général-major
Lanskoî.
Le 28 mars tous ces corps volants passaient l'Elbe: celui du
capitaine Orloff à Debelsdorf, celui du prince Madatoff à Meis-
sen, celui du colonel Prendel entre Dresde et la frontière de
Bohême.
Ce dernier détachement avait été préalablement rejoint par les
coureurs du corps de Milarodowitch, sous les ordres du capitaine
Geismar, et par quelques escadrons de hussards prussiens. Le
passage de l'Elbe fut effectué par ces partis avec tant d'ensemble
et de rapidité, que les troupes françaises qui étaient en Saxe
crurent (c'est ce que les Russes ne tardèrent pas à apprendre en
dépouillant les lettres qu'ils avaient interceptées et enlevées)
qu'elles allaient avoir affaire au gros des forces ennemies. Les
capitaines Orloff et Geismar, après avoir marché d'abord sur
Wilsdruf, se dirigèrent presque aussitôt et en toute hâte sur
Dresde et occupèrent après quelques escarmouches le village de
Gross-Serra.
Les Français avaient d'ailleurs, comme nous le dirons plus
loin, évacué Dresde, et la division bavaroise du général comte
Rechberg quitta Meissen pour venir à Wilsdruf opérer sa jonction
avec la division Durulte. Mais elle donna en route contre le déta-
chement du comte Orloff, qui, cédant après un engagement assez
vif à la supériorité du nombre, vint se poster d'abord à Walde.
Voyant que les 2 divisions, après avoir opéré leur jonction à
Wilsdruf, se préparaient à prendre la route deNossen, il se porta.
- 18 -
ainsi que les antres corps volants, du côté de Bûrkerswalde, pour
inquiéter la marche des colonnes ennemies. Après un nouvel
engagement, les 2 divisions continuèrent à se replier par Nossen
sur Waldheim, toujours suivies, du reste, par les coureurs russes.
Pendant ce temps, l'avant-garde du corps Winzingerode, sous
les ordres du général Lanskoï, dont la marche avait puissam-
ment contribué à forcer les Français à abandonner la rive droite
de l'Elbe depuis Torgau jusqu'à la frontière de Bohême, entrait
à Dresden-Neustadt.
Ainsi les coureurs russes et les corps volants se trouvaient :
1® A Textrême droite, ceux du colonel Tettenborn, dès le
IS mars, h Lauenburg et Boitzenburg, avec mission de surveiller
Hambourg ; ceux du général Dôrenberg, le S3 mars, h Havel-
berg, observant les passages du bas Elbe et les environs de Mag-
debourg ;
2o Au centre, ceux des généraux Tchemitcheff et Benkendorf,
dès le 6 mars , aux environs de Wittenberg, s'attachant aux
colonnes en retraite de Tannée du vice-roi ;
3^ Enfin, à l'aile gauche, ceux des colonels Prendel et prince
Madatoff, des capitaines OrlofT et Geismar, depuis Meissen jus-
qu'à Bûrkerswalde, en avant de Dresde, sur les talons du 7« corps,
de la division bavaroise Rechberg et du l*' corps français nou-
vellement formé.
Il est curieux de voir ce que l'Empereur lui-même pensait de
ces coups de main exécutés par les partisans des alliés.
A la date du 9 mars, il écrivait de Trianon à Eugène Napoléon,
commandant en chef la Grande Armée à Leipzig : « Quant à
votre cavalerie, vous en avez assez si vous la tenez réunie et la
faites marcher avec de bons corps d'infanterie; mais si vous la
disséminez, il vous arrivera encore ce qui est arrivé au 4« de chas-
seurs italiens et aux deux régiments lithuaniens. »
Deux jours plus tard, le 11 mars, il ajoutait : « Nos opérations
militaires sont l'objet des risées de nos alliés à Vienne, et de nos
ennemis à Londres et à Saint-Pétersbourg, parce que consiam-
nent V armée s'en va, huit jours avant que Vinfanteriê ennemie
^ii arrivée, à f approche des troupes légères et sur de simples
bruits, »
Du reste, les événements que nous venons de raconter préoc-
cupaient tellement rSmpereur, que le 14 mars il écrivait encore
— 16 -
au prince de Neucha tel : « Demandez-lui (au général Monthion)
une relation de Taffairo qui a eu lieu du côté de Posen, où le
prince de Gedroïç a été pris. Dites-lui que je suis fâché de l'af-
htire du régiment italien, que cela ne serait pas arrivé si la cava-
lerie avait marché réunie et si on y avait joint un régiment d'in-
fanterie, ce que la prudence et la manière de faire des casaques
commandent impérativement, »
Enfin, le 17 mars, il écrivait encore au prince Eugène : « Mon
fils, je vous envoie un bulletin de Hambourg du 12; vous y
verrez que 200 cosaques vont s'emparer de toute la 32« divism
militaire, »
CHAPITRE IL
D£PUIS LE PASSAGE DE l'eLBB PAR LES ALLIAS JUSQU A L'ARfilvilK
A l'armée de l'empereur napoléon.
Le 45 mars 1813, Teltenborn, qui, parti de Berlin avec 4 régi-
ments de cosaques, 6 escadrons de cavalerie régulière russe et
2 pièces d'artillerie à cheval, en tout 1300 hommes, s'était porté
à marches foicées vers Hambourg, en traversant le Mecklem-
bourg, arrivait à Lauenburg au moment même où son avant-garde
venait de s'engager vivement avec les troupes françaises qui
avaient pris position à Eschenburg ^ Les Français occupaient sur
ce point une position d'autant plus difficile à enlever qu'on ne
pouvait l'aborder que par un chemin creux profondément
encaissé, dont leurs tirailleurs garnissaient les pentes tandis
que leur canon balayait la route.
Malgré cela, les cosaques des régiments Soulima, Grebtzoff et
Denissoff, qui avaient mis pied à terre, réussirent pendant la nuit
à déloger les Français et à s'emparer du village d'Ëschenburg.
Pendant ce temps, le général Morand était arrivé à Bergedorf
avec 3,000 hommes et 17 bouches à feu ; il avait reçu l'ordre for-
i Nous avoDs dit ci-dessus que l'armée française s'était reportée dès le 10
mars sur la rive gauche de l'Elbe, de Dra^de jusqu'à Hambourg. 11 faut ajouter
que la division Morand avait éyacué la Poméranie suédoise le 8, et que le
général Garra-Saint-Cyr avait quitté Hambourg le 12 mars.
— 17 —
mel de se roainleuir, coûte que coûte, sur ce point, dont la pos-
session avait pour les Français une importance capitale.
Mais^ Tettenborn ayant réussi à obtenir du corps danois du
général Ewald, posté en observation sur la frontière, l'assurance
qu'il s'opposerait h l'entrée du général Morand à Hambourg, le
petit corps français, pressé de toutes parts, dut se résigner k
battre en retraite vers TElbe pour repasser sur la rive gauche.
Tettenbom s'attacha à ses pas ; et comme la configuration du
terrain ne lui permettait pas de se jeter sur son adversaire avec
sa cavalerie, il fit mettre pied à terre à la plus grande partie de
ses cosaques, attaqua vivement ]e général Morand au moment où
il venait de commencer à effectuer son passage de rivière, lança
ses tirailleurs sur la batterie qui couvrait la retraite de la divi*
sion, s'en empara, et fit en outre prisonnier tout ce qui restait de
Français sur la rive droite de l'Elbe. Le général Morand se replia
sur Brème, poursuivi par un détachement de cosaques qui avait
passé sur la rive gauche du fleuve. Le lendemain 17, le colonel
Tettenbom entrait à Hambourg* ; le même jour il en faisait par-
tir le lieutenant-colonel Benkendorf avec 500 chevaux, avec ordre
d'occuper Lûbeck, où cet officier arriva le 22 mars.
Pendant ce temps, le général-major Tchernitcheff, qui avait
suivi pas à pas le vice- roi d'Italie depuis le moment où il avait
quille Berlin, donna au général-major Benkendorf Tordre de
rester en observation aux environs de Wittemberg. Cet officier
général, en se portant sur cette ville, eut à soutenir un combat
assez vif près de Seehausen. Peu après il fut relevé par le géné-
ral-major baron Diebitsch il, commandant une colonne volante
composée de 2 régiments de cosaques, 1 régiment de hussards
et 10 bouches à feu, qui fut chargée du blocus de Witlenberg.
Quant au général Tchernitcheff, on lui donna pour mission
d'assurer avec son corps le blocus de Madgdebourg, au moins
sur la rive droite de l'Elbe. Parti des environs de Wittenberg, et
passant par Golzow et Ziezar, il était à Genthin le 10 mars ; le
même jour il fit passer sur la rive gauche de l'Elbe un parti co-
saque qui, après un petit engagement avec les postes français
* Journal des opérations du feld-maréchal Katusoff Smolenski : Hamburger
Corretpondentf 1SI3.
M. H, L. i
— 18 —
établis à Griebcn, dut repasser le soir sur la rive droite. Tcher-
nitcheff fit alors occuper par quelques postes seulement Lobburg,
Môckern, Burg, Hohenziatz et Nedlitz, et prit dès lors ses me-
sures pour pouvoir passer sur la rive gauche du fleuve, soit à
Havelberg, soit à Parey, au moyen d'un pont de bateaux ou sur
des radeaux.
Le 2S mars, le général Dôrenberg avait passé l'Elbe à Qui-
zobel en face de Werben ; battu d*abord sur ce point et rejeté sur
Meuenkirchen, il avait réussi néanmoins à repasser sur la rive
droite de l'Ëlbe, pendant que Tchernitcheff, rassemblant toutes
ses forces, à l'exception de quelques troupes qu'il lui paraissait
indispensable de laisser devant Magdebourg pour observer cette
place, se rapprochait d'Havelberg; mais à ce moment une
colonne française forte de 3,000 fantassins et de 1000 chevaux
sortit de Magdebourg, passa par Arneburg pour se porter à la
rencontre du général Dôrenberg, 'qui se retira par Werben et
Neuenkirchen, où il fut atteint et battu par les Français le 27.
Cette retraite précipitée des Russes s'explique par le fait qu'ils
manquaient d'infanterie et que leur cavalerie ne pouvait leur être
d'aucune espèce d'utilité dans ces parages, qui ne se prêtent en
rien (surtout dans la région que les habitants appellent laWische)
aux opérations de la cavalerie. Puis, tandis que le général Dôren-
berg passait l'Elbe à Scharpenlohe et se retirait sur la Priegnitz,
les Français rentraient de leur côté, le 28 mars> à Magdebourg.
Le 27 mars, les troupes des généraux TchernitchefF et Benken-
dorf se concentrèrent autour de Quizôbel, Bàlow et Hinzdorf, el
installèrent leur quartier général à Havelberg, où vint également
s'établir celui du général Dôrenberg.
Le 29, Tchernitcheff et Benkendorf passaient sur la rive gauche
de TElbe, au Sandkrug, près de Bâlow, et Tchernitcheff occupa
immédiatement Seehausen et Lichterfelde, pour couvrir le pas-
sage des autres troupes ; mais le corps de Tchernitcheff avait
à peine effectué son passage, que le régiment de cosaques, sous
les ordres du major comte Pouschkine, que Ton avait établi à
Seehausen, fut attaqué par 3 bataillons d'infanterie française^
soutenus par quelques cavaliers et 2 bouches à feu ; l'arrivée sur
le théâtre de la lutte du régiment de hussards d'Izoum sauva les
cosaques ; toutefois, en raison du peu de distance à laquelle il sa^
vait dès lors que se trouvaient les lignes ennemies, le général
— 19 —
Dôrenberg crut devoir ne passer TElbe |que le 31, et plus en
aval, aux environs de Lenzen.
Les généraux russes arrêtèrent alors les dispositions sui-
vantes :
L'infanterie, sous les ordres du général Dôrenberg, devait se
porter sur Dannenberg; la cavalerie, sous les ordres du général
Benkendorf, sur Luck'au; et le détachement du général Tcher-
nitcheff, sur Wustrow; 2 régiments de cosaques, commandés par
le colonel Wlassow, étaient envoyés à Seehausen pour couvrir
le mouvement, avec l'ordre de suivre ensuite le corps en passant
par Arendsee et Salzwedel, et de surveiller Tennemi qui tenait
la campagne entre Stendal et Gardelegen.
A ce moment, le petit corps du général Morand quittait les
environs de Tosted et se dirigeait sur Lûneburg, qu'il enlevait
le \^r avril. A cette nouvelle, les généraux russes résolurent de
se porter immédiatement de ce côté, et bien que leurs troupes
eussent à faire une marche forcée de plus de 7S kilomètres en
vingt-quatre heures, elles arrivèrent sur les hauteurs de Brei-
tenstein et de Bienenbûttel, situées à 1500 mètres de la rive, sur
la droite de Tllmenau, douze heures seulement après l'entrée
des Français h Lûneburg, le 2 avril au matin.
On résolut d'attaquer immédiatement le général Morand. Le
colonel baron Pahlen, avec 2 régiments de cosaques, reçut
Tordre de tourner la ville par la rive gauche de l'Ilmenau, d'at-
taquer Lûneburg de ce côté, et de chercher à attirer sur lui l'at-
tenlion de l'ennemi pendant que l'attaque réelle se ferait par la
rive droite de l'Ilmenau, dans une direction diamétralement op-
posée. Les Russes firent, en outre, fortement occuper les posi-
tions de Bienenbûttel, et un régiment de cosaques, envoyé à Da-
lenburg, fut chargé exclusivement de la garde des lignes de re-
traite (roules de Dannenberg, Gartow et Luckow); enfin, une
compagnie de fusiliers prussiens, qu'on avait fait transporter en
voitures, fut postée, avec un canon, au passage de la Nelze.
Après un combat des plus vifs, Lûneburg fut repris aux Fran-
çais, qui perdirent dans cette affaire 9 canons et 3 drapeaux. Le
général Morand, grièvement blessé * ; son chef d'état-major, le
Le général Morand ffloarat le tf avril, k BoitKenbnrg.
- 20 —
colonel de Lourdes, près de 100 officiers et 2,200 hommes (pour
la plupart Bavarois) furent faits prisonniers *.
Le lendemain, 3 avril, les alliés, prévenus de la marche du
général Montbrun, qui formait Tavant-garde du maréchal Da-
vout, évacuèrent Lûneburg et repassèrent sur la rive droite de
TElbe le 11 avril.
Pendant ce temps, et en présence de la marche offensive des
armées alliées, qui s'avançaient en deux colonnes. Tune parla
Silésie, sur Dresde, que les Français évacuèrent le 21 mars,
l'autre de Berlin par la Marche, le vice-roi, après avoir con-
centré à Magdebourg les corps de Lauriston, Grenier et Victor,
se décida à se porter sur la rive droite de TElbe pour battre
Wittgenstein, ou du moins pour l'empêcher d'opérer sa jonction
avec Tarmée de Blûcher. Mais au lieu de prendre vigoureuse-
ment l'offensive, il se contenta d'exécuter timidement quelques
reconnaissances et commit la faute d'attirer sur lui ratlention
des alliés et de leur dévoiler de la sorte ses intentions.
Wittgenstein, dont l'avant-garde observait Wiltenberg, se mit
en mouvement avec toutes ses forces le 26 mars, et, dès le 28,
le général Borstel, avec 1 régiment de cosaques, 1 demi-esca-
dron de dragons et 4 pièces d'artillerie à cheval, poussa jus-
qu'à Hohenziatz une forte reconnaissance offensive, et fit même
occuper Môckern parles cosaques. Mais, le 2 avril, un mouvement
offensif des Français obligea Borstel à reculer jusqu'à Nediitz;
puis, le lendemain, après un second combat, jusqu'à Gloina, sur
la route de Gorzke. En présence de ces mouvements, Wittgens-
tein, croyant à la possibilité d'une attaque sérieuse, concentra
davantage ses troupes; cependant, le 4 avril, il fit passer l'Elbe
à un régiment de cosaques, avec ordre de se relier au corps
du général Winzingerode.
i D'après Vaudoncoun, les forces placées sous les ordres du général Morand
ne se composaient que de 1,000 hommes d'infanterie, un peloton de cavalerie
et 4 canons.
Le maréchal Davout, que Montbrun avait précédé le 3 avril, arriva le 4 à
Lûneburg, nettoya les rives de TElbe de tous les partisans, et fit occuper Stade.
Dorenberg se replia sur Boitzenburg; Tchernitcheff resta entre Boilzenburg et
le corps de Wittgenstein. Le 8, le maréchal Davout retourna à Brunswick, ci
Lûneburg fat entièrement évacué. (Général de Yaudongourt, Campagne dt
1813, p. 55-56.)
— 21 -
Le lendemain, S avril, ce fut par une attaque faite par la ca-
valerie que s'engagea le combat, malheureux pour les Français,
de Dannichow ou de Môckem. Quelques escadrons de cavalerie
française avaient pris position en avant de ce village pour cou-
vrir les avant-postes; attaqués et chargés par des hussards prus-
siens, ils furent repoussés ; mais les cavaliers prussiens s'enga-
gèrent ti*op à fond et furent ramenés à leur tour par les tirailleurs
français. La cavalerie prussienne (!•' et 2« régiments de hussards
de la garde, régiment de dragons de Lithuanie, l^^' régiment de
dragons de la Prusse occidentale et 2 escadrons du régiment de
dragons de la Reine) et la cavalerie russe (hussards de Grodno
et cosaques de la division de Berg) exécutèrent plusieurs charges
avec succès, malgré les difficultés que leur opposait le terrain
marécageux des bords de Tlhlebruch.
A Vehlitz, 600 cavaliers français, après avoir vainement es-
sayé de rompi'e un carré d'un bataillon prussien, furent pris de
flanc par les deux escadrons du régiment de dragons de la Reine,
mis en désordre et poursuivis par le régiment de hussards de
Grodno et le 1®' régiment de la Prusse occidentale. La plus
grande partie de ces cavaliers furent faits prisonniers un peu
plus loin^ à peu de distance de Leizkan, par les cosaques. La
charge exécutée le même jour par le général Oppen, qui com-
mandait Tavant-garde de la colonne de Bûlow, mérite surtout
une mention particulière. Près du village de Zehderrick, sur la
route de Môckem à Magdebourg, ce général donna sur une arrière-
garde française forte de 1200 chevaux, 3 bataillons et 1 batterie.
À la tète de 7 escadrons, le général Oppen chargea la cava-
lerie française, qui s'était postée derrière un fossé et reçut les
cavaliers par une décharge de mousqueteric. Ni ce feu^ ni le
fossé n'arrêtèrent les dragons et les hussards d'Oppen. Les ca-
valiers prussiens franchirent le fossé et tombèrent sur les
Français avant qu'ils eussent eu le temps de se reformer et de
mettre le sabre à la main. Les escadrons français, qui avaient
perdu dans cette afltairc 150 prisonniers et une centaine d'hommes
hors de combat, furent recueillis par l'infanterie, qui s'était
formée en carrés.
Dès le lendemain des combats de Dannichow et de Vehlitz, les
reconnaissances envoyées par les alliés firent connaître que les
troupes françaises se repliaient sur Magdebourg. Les renseigne-
— 22 —
ments qu'elles fournirent, corroborés par le fait que les Français
avaient en même temps replié tous les ponts qu'ils avaient éta-
blis sur l'Elbe, permirent aux généraux alliés d'en conclure que
le vice-roi renonçait, du moins pour le moment, b toute espèce
d'entreprise offensive. Le il avril, on savait que le vice-roi avait
transporté son quartier général à Neugattersleben , et que les
troupes françaises occupaient en force la ligne de la Saale et les
villes d'Alsleben, Bembui^, Nienburg, Galbe et Barby. Quelqaes
avant-postes seuls étaient restés sur la rive droite de la Saale;
mais, en revanche, le cours de la basse Saale était complètement
évacué.
Jusqu'à ce moment, le capitaine Orloff avait été chargé d'ob-
server, avec ses partisans, le cours de la Saale, de Cônnern jus-
qu'à Halle; mais, le 12 avril, il reçut l'ordre du général Win-
zingerode de se rapprocher de lui en passant par Halle et
Merseburg. En même temps on modifiait l'emplacement des
avant-postes, dont le commandement était donné au général Ilo-
waïsky IV, qui, avec i régiment de cosaques, 4 escadrons de
hussards prussiens, 4 escadrons de dragons de Lithuanie, 2 corn-
pagnies de chasseurs et 4 bataillons de fusiliers, occupait Grôbig
et Lutsch *.
Dès le 8 avril, 2 régiments de cosaques, sous les ordres du
major Lôwenstern, étaient arrivés à Halle; le 11, ils se remirent
en marche et commencèrent à battre l'estrade sur la route de
Nordhausen. A partir de ce moment, Halle ne cessa d'être oc-
cupée, quoique faiblement, par des cavaliers et des cosaques ap-
partenant aux corps volants du général Radionoff et du colonel
Orloflr.
Le 11 avril, le colonel Prendel arrivait avec son détachement
t Lettre de TEmperear au maréchal Ney, commandaDt le 3* corps 4^ I^
Grande Armée à Wurzbourg :
a Saint-Clood. le li arrO 1813.
« Je suis tr^s fâché qoe tous ayez envoyé un escadron da 10* hussards à
« Erfort : tous sayez combien notre cayalerie légère s'expose, et il se fera
« prendre. Le régiment était entier et bon à eonsorer réuni. Envoyez Tordre à
« cet escadron de ne pas s'avancer, sous quelque prétexte que ce soir, au delà du
« canon d'Erfurt. Les cosaqpies marchant par troupes de 4 à 500 hommes^ gn^
« peuvent faire des reconnaissances de 15 à 20 hommes ? »
— 28 —
à Merseburg, poussait de là vers Ëisleben et Aschersleben, in-
quiétant, harcelant et surveillant les Français de ce côté.
Le 13 avril, comme les Français continuaient à tenir, sur 1^
rive droite de la Saale, du côté de Galbe et de Bernburg^ des
avant-postes qui leur permettaient de manœuvrer à couvert sur
l'autre rive, les alliés résolurent de pousser une grande recon-*
naissance, afin de découvrir la force réelle et les intentions du
vice-roi. Mais cette reconnaissance n'amena aucun résultat.
Le 14t les deux armées restèrent dans leurs positions; les
troupes d'avant-garde du général Lanskoï étaient à cette date k
Marxburg, et le colonel Orloff était avec un détachement à Halle.
Ses coureurs avaient reçu Tordre de battre le pays, à gauche, du
côté de Querfurth, dans la direction de Sangerhausen, à droite,
depuis Ëisleben jusqu'à Quedlinburg K
A partir de ce moment, le vice-roi fait entreprendre par sa ca-
valerie des reconnaissances continuelles pour tenir Tennemi
dans une incertitude absolue, et, les 13, 14 et 15 avril, Latour-
Haubourg poussait avec 1500 chevaux des pointes sur Quenstâdt,
Leimbach et Walbeck. Le colonel Prendel, qui était posté h
Quenstâdt avec ses cosaques, se donna beaucoup de mouvement
et de peine peur couvrir Ëisleben, où il s'attendait à être attaqué
par toute l'armée française; mais il fut obligé de se retirer mo^
mentanément jusqu'à Leimbach.
^ L'Empereur an général comte Bertrand, commandant le 4^ corps de la
Grande Armée, à Ntiremberg :
« Saint-GIoad, IS arril 18i3.
a Ifonneur le général Bertrand, je vois ayec peine que vous aves envoyé le
Itérai Bricbe avec 500 hommes de cayalerie. En cas d'événement, ce serait
500 hommes de perdus. Nous avons peu de cavalerie, il faut donc la ménager ;
à cet effet, tenez toujours réunis vos 3,000 chevaux avec une ou deux batte-
ries d'artillerie légère, et faites-la même soutenir par un ou deux bataillons de
voltigeurs ; alors vous n'aorez pas d'événements à craindre. Mais si vous déta-
chez ainsi 500 chevaux, il arrivera quelque chose, les cosaques étant toujours
très nombreux. Bègle générale : Que votre cavalerie marche toujours en-
temple, n
Six jours plus tard, l'Empereur écrivait de Mayence au roi Frédéric de Wur*
temberg : « J'attache beaucoup de prix à avoir les régiments de cavalerie n°» 2
et 4. Les Prussiens ont levé beaucoup de cavalerie bourgeoise, dont les hommes
montent mal à cheval, mais n*en inquiètent pas moins. »
Un peu plus loin, l'Empereur, dans la même lettre, demandait au roi de
réunir les 5* et 6" régiments de cavalerie à Mergentheim, et de les loi envoyer
'ïès qije Bertrand sorait arrivé à Cobourg.
-24 -
Le 16 avril, le général en chef Wittgenstein donna au général
York Tordre de s'assurer des deux passages de la Saale k Âlsle-
))en et à Bernburg ; et le 17 au matin, les alliés ayant occupé
Alsleben, le général Radionoff fut chargé de s'avancer, avec 3 ré-
giments de cosaques, de Gerbstâdt sur Gûsten pour soutenir le
mouvement projeté sur Bernburg, pendant que le général Hel-
freich devait passer la Saale en aval de Galbe. Les alliés
échouèrent dans leurs reconnaissances, peut-être parce qu'ils n'osé*
rent pas les dessiner énergiquement en présence des nouvelles
qui leur arrivèrent au moment où Ton allait mettre à exécution
les ordres du général en chef. On apprit à ce moment, en effet,
que les Français débouchaient avec des forces considérables
d*Eisleben, qu'ils avaient repoussé le corps volant du colonel
Prendel, que le général Radionoff n'avait pas pu se porter sur
Gerbstâdt et Weltin avec ses cosaques, et que le général Hel-
freich était, lui aussi, arrêté par les Français. Force fut donc de
renoncer à la reconnaissance projetée.
En même temps, Wittgenstein, tout en cherchant à se relier
avec Tarmée de Blûcher, essayait en vain d'enlever par un coup
de main la place forte de Wittenberg.
Le 19 avril au soir, le général Wittgenstein recevait la nou-
velle de l'arrivée de l'Empereur h l'armée, et était prévenu en
même temps qu*il se mettait en mouvement avec le gros de ses
forces pour opérer sa jonction avec le vice-roi, et se jeter ensuite
entre son armée et celle de Blûcher; il se décida aussitôt à cher-
cher à rejoindre Blûcher le plus tôt possible, et donna immédiate-
ment à ses généraux l'ordre de se reporter en arrière, pendant
qu'il prescrivait à ses troupes légères, qu'il laissait sur la Saale,
de se retirer sur Dessau, si elles étaient poussées trop vivement
et sérieusement attaquées par Tennemi.
Il nous a paru intéressant à ce propos de reproduire ici l'ordre
donné pour la journée du 20 avril par le général York, qui devait
se retirer en continuant à faire surveiller la Saale par ses troupes
légères : « Le corps se mettra en marche à 3 heures du ma-
tin ; les troupes de la brigade du colonel von Horn qui étaient
poussées jusqu'à Alsleben partiront à 2 heures du matin.
Tout le mouvement s'exécutera dans le plus profond silence. Les
3 escadrons du 2^ régiment de hussards continueront à fournir
la ligne des avant-postes le long de la Saale, de Paplitz jusqu'à
— 25 —
Baalbcrg et Alsleben. Si ces avant-postes venaient à être atta-
qués par un ennemi très supérieur en nombre, ils se replieraient
jusqa'aa 20 avril sur Gothen, où le général Helfreich sera posté
avec ses troupes pendant toute cette journée. Si cet oflScier gé*
néral venait, par suite d'ordres supérieurs, à quitter Côthen dans
la journée du 21^ on fait savoir à ces avant-postes que le général
Kleist se trouvera les 20 et 21 avril dans les environs de Dessau,
et qu'ils auront dans ce cas à se replier sur lui. Les cosaques
employés sur la ligne des avant-postes resteront, eux aussi, en
position. Le commandement de cette ligne est confié au major
Kall. L'escadron de hussards posté à Kircheltau se portera im-
inédiatement h Alsleben pour y relever les dragons, qui marche*
ront avec la brigade du colonel von Horn.
« Les convois se réuniront à Côthen, et en partiront sous les
ordres d'un capitaine.
« Les régiments de cosaques, sous les ordres du général Ra-
dionoff^ continueront à occuper Gerbstâdt et resteront en liaison
et en communication avec les avant-postes de la Saale disposés
du côté d'Alsleben. Ils observeront, sur leur flanc gauche, le ter-
rain dans la direction d'Ëisleben, et garderont les passages de la
Saale à Wettin, Halle et Schaafstadt. Dans le cas où les avant-
postes de la rive droite de la Saale seraient forcés à se replier,
les régiments de cosaques devront remonter le cours de la ri-
vière et chercher à se relier avec le reste du corps, soit par
Wetlin, soit par Halle. En se retirant, ils devront en tout cas dé-
truire tous les moyens de passage et surveiller ces points le plus
longtemps possible. »
Le mouvement d'York s'exécuta sans encombre; mais le 24,
apprenant que les Français le serraient de moins près qu'il ne le
pensait, il suspendit la marche en retraite de son armée.
Le 22 avril, le vice-roi d'Italie faisait entre Beraburg et Côthen
une reconnaissance offensive qui devait n'avoir pour but que de
cacher aux alliés le mouvement qu'il faisait exécuter à ses
troupes pour se rapprocher de la Grande Armée, que l'Empereur
avait rejointe le 17 à Mayence, et qui s'était mise en marche
le 20.
Le 24 avril, le quartier général de Wittgenslein était transféré
de Dessau à Delitsch.
Pendant tout ee temps, le corps de Blûcher n'avait pas bougé
— 26 —
et était resté cantonné autour d'Âltenburg. Cependant, dès le
i9 avril, Blûcher crut devoir resserrer les cantonnements de ses
troupes, probablement afin de pouvoir plus aisément les mettre
en mouvement. Jusqu'à ce moment il avait fait garder et surveil-
ler les routes menant en Thuringe, et la cavalerie prussienne,
sous les ordres des majors Laroche, Hellwig et Blûcher, avait
même poussé jusqu'à Hof et jusque dans les plaines de Thuringe,
donnant la main aux partisans russes des corps de Winzinge-
rode, avec ordre d'épier les mouvements de l'ennemi et d'en in-
former immédiatement Blûcher. La cavalerie prussienne, comme
nous allons d'ailleurs essayer de l'exposer dans les lignes qui
suivent, battit la campagne depuis le Harz jusqu'à la forêt de
Thuringe, sur les routes de Francfort et de Nuremberg.
Ainsi le major Hellwig, à la tête de 120 hussards, informé par
les patrouilles qu'il avait envoyées à la découverte, que la ville
de Langensalza était occupée par 1700 hommes, 300 chevaux et
une batterie d'artillerie^ de la division bavaroise du général
Rechberg, résolut, sans tenir compte de la faiblesse numérique
de son détachement, de se porter aussitôt et à marches forcées
contre ces troupes, qu'il espérait surprendre.
Après une marche pénible de 18 heures, le major Hellwig
aiTivait à 2 heures du matin, le 17 avril, en vue de Lan-
gensalza. Mais comme les Bavarois devaient continuer leur mou-
vement et se remettre en route à 4 heures du matin, il trouva
la garnison sous les armes. Néanmoins il n'hésita pas à l'atta-
quer immédiatement, lui enleva 5 canons et une cinquantaine
d'hommes, et la poursuivit pendant près d'une heure.
Le capitaine von Schwanenfeldt, du régiment de hussards de
Brandebourg, qu'on avait détaché avec quelques partisans, essaya
d'enlever le 12 avril, à Gotha, le ministre résident de France,
Saint-Aignan. Le ministre réussit à s'échapper; mais il n'en fut
pas de même d'un secrétaire d'ambassade, qui fut pris avec une
partie des papiers de la légation.
Le capitaine von Colomb enleva avec son détachement un ce^
tain nombre de canons et de caissons, ainsi qu'une quantité
assez considérable de fusils qu'il trouva à Gotha.
^ % canons seulement, d'après Vaadoncourt.
— 27 —
Le lieutenant comte Pinto, à la tête d'un petit parti de cava-
lerie, fit prisonnier un bataillon de chasseurs saxons commandé
par le major von Lynker.
Le major von Blûcher était arrivé à Weimar le il avril avec
un escadron de hussards et 70 volontaires, et battait la campagne
aux environs. Le 48 avril, le général Souham, parli d'Erfurt, se
porta contre lui avec le iO^ régiment de hussards et un régiment
de dragons badois ^
Après un combat assez vif, Blûcher, qui avait réussi à rappe-
ler à lui ses patrouilles de flanc, se retira sans être trop vivement
inquiété.
Le major Hellwig, de son côté, surprit à Wanfried, à peu de
distance d'Eschwege, près de la frontière de Hesse, un régiment
de hussards westphaliens, et s'empara du lieutenant-colonel, de
32 hommes et de 50 chevaux.
Le 22 avril, le lieutenant von Kalte fut envoyé, avec 16 hus-
sards et 30 cosaques, de Reichenbach dans la direction de
Cobourg, avec ordre de se renseigner sur les mouvements et les
intentions de Tennemi. Des marches de nuit l'amenèrent au milieu
même des cantonnements français et lui permirent d'enlever un
aide de camp du général Bertrand, porteur de papiers militaires
très importants, ainsi qu'un certain nombre d'officiers et de sol-
dats; quatre jours plus tard il rentrait dans les lignes prussiennes.
Pendant ce temps, le corps du général Winzingerode était
resté aux environs de Leipzig, entre Gohlis et Borne, derrière la
Pleisse et TElster. Les troupes d*avant-garde, sous les ordres du
général Lanskoï, étaient postées à Merseburg, tandis que les
cosaques et les troupes légères battaient l'estrade dans le Harz ;
les extrêmes avant-postes de cavalerie étaient à Querfurth, d'où,
le 19 avril, le général Lanskoï fit sur Nordhausen, une pointe dans
laquelle il enleva à la cavalerie westphalienne en marche sur
Bleicherode, 3 ofiiciers et 103 hommes. Le général Lanskoï
avait pour mission d'opérer sans relâche sur les lignes de com-
^ D'après les antears français, le général Sonham n'avait ayec lui qu*an
escadron du iO' hussards et un escadron de dragons badois, et enleva à Blûcher
une soixantaine de prisonniers, tandis que d'après Plotho, Bliicher prit aux
Français 5 hommes et 40 chevaux.
— 28 -
munication de l'ennemi el de se tenir constammenl tn corres-
pondance avec les partis de cavalerie russes et prussiens.
Aussi 2 régiments de cosaques, sous les ordres du major Lôwen.
berg, arrivés le 8 à Halle, en repartaient le 11 et ne cessèrent
plus, dès lors, de battre la route de Nordhausen.
Pendant ce temps, la grande armée russe continuait à s'avan-
cer, et l'empereur de Russie et le roi de Prusse étaient enlrés à
Dresde le 24 avril.
Quant au vice-roi d'Italie, il avait pendant le mois d'avril sa
gauche au confluent de l'Ëlbe et de la Saale, son centre à Bern-
burg et sa droite vers Stollberg, au pied du Harz.
Dès le 11 avril, le maréchal Davout, après avoir rappelé
Montbrun, qui occupait Lûneburg, se replia sur Giffborn, der-
nière l'Aller; le maréchal craignait en effet pour ses communi-
cations, que coupaient à tout instant des partis qui battaient
l'estrade sur ses derrières.
Après le départ du maréchal Davout pour Brunswick, Dôren-
berg repassa l'Elbe, vint k Lûneburg, et le 12 avril il s'avança
jusqu'à Ueltzen. En même temps, Bcnkendorf quittait Hambourg
avec une partie de la légion hanséalique formée par Tettenborn,
et s'avançait jusqu'à Ottersberg sur la route de Brème. Des partis
de cosaques vinrent à Werden, où il y eut le 17 une petite affaire
d'avant- postes. A ce moment le maréchal Davout prenait le
commandement de la 32® division militaire et quittait Brunswick
pour se rendre à Brème
Quant au général Sébastîani, qui commandait le 2« corps de
cavalerie, il fut chargé, avec 1500 chevaux, de couvrir l'aile
gauche du vice-roi. Les 17 et 18 avril, il y eut encore quelques
escarmouches du côté de Celle et de Gross-CEsingen, entre le
détachement du général Maurin et des partis cosaques, qui per-
dirent une centaine d'hommes dans ces deux affaires.
29 —
CHAPITRE III.
DEPUIS l'aRRIVÉEB DE l'eMPEREUR NAPOLÉON JUSQU'a l'aRMISTICB
DU 4 JUIN.
La marche de la division Souham, du 3* corps, se portant en
avant d'Erfurt sur Weimar, prouva aux alliés que le caractère
des opérations avait brusquement changé, et que l'armée fran-
çaise se préparait à prendre résolument l'offensive. Il devenait
évident, en effet, que TEmpereur allait chercher, par tous les
moyens en son pouvoir, à effectuer rapidement la jonction du
gros de ses forces avec la petite armée du prince Eugène.
C'était là aussi ce que les allés devaient essayer de prévenir, et
à cet effet il leur fallait avant tout opérer en toute hâte une con-
centration générale de leurs forces, afin de pouvoir s'opposer
avec quelque chance de succès à la réalisation des projets de
l'Empereur. Mais, comme il est facile de le voir en jetant un coup
d'oeil sur les positions respectives des deux armées à ce moment,
il est permis de penser qu'on n'osa pas se résoudre à une concen-
tration générale, qu'on crut mieux faire en gardant les passages
de la Saale pour protégCi' l'aile droite, et en détachant d'autres
corps pour observer à gauche les routeô de Weimar et de Schleitz,
par lesquelles les alliés paraissent avoir craint d'être tournés.
Il nous semble qu'au lieu de morceler leurs forces, les alliés
auraient pu à cette époque se servir plus utilement de la masse
considérable de cavalerie dont ils disposaient, et commencer de
suite à pousser hardiment en avant les corps de partisans, dont
nous aurons un peu plus tard à enregistrer les pointes auda-
cieuses *.
Au lieu d'agir de la sorte, on se contenta de prescrire, le
^5 avril, aux colonnes volantes de cavalerie du colonel Prendel,
' L'emperear Napoléon reconnaissait lui-même que la cayalerio lui faisait
•défaut, puisqu'il écrivait, le 24 avril 1813, de Mayence, au roi Frédéric de
Wurtemberg, qu^il mettait an courant de ses projets :
.^ • Je me trouverais en position de finir très promptement les affaires si
j'avais 15,000 hommes de plus de cavalerie, mais je suis un peu faible dans
^ttearme. »
'
— 30 -
du prince Mandatoff, du major Lôwenstein et du capitaine von
Geismar, de surveiller le cours de la Saale ; on laissa le général
Lanskoï avec sa cavalerie à Weissenfeis, le général Knorring à
Merseburg, et la cavalerie de réserve du corps Winzingerode
plus en arrière encore, à Lûtzen.
Le 26 avril, on ordonna au corps volant du colonel Orloff de
se porter en avant en passant par Schraplau, pour aller se
joindre au corps du général Miloradowitch, pendant que les
colonnes de Tarmée française continuaient sans encombre leur
mouvement vers la Saale.
Le 27 avril, le général York, dont le corps avait reçu l'ordre
de prendre des cantonnements resserrés dans les villages situés
sur les bords de TElster, du côté de Skeuditz, envoya quelques
pelotons de cavalerie en reconnaissance vers Merseburg.
Le même jour, le 5* corps d'armée culbutait les cosaques du
général Radionoff et obligeait, du côté de Closchwitz, les avant-
postes prussiens qui garnissaient les bords de la Saale à se
retirer.
Toute la cavalerie du corps Winzingerode avait été, par ordre
du général en chef Wittgenslein, portée à Lùtzen.
Ses avant-postes gardaient tout l'espace compris entre les
routes de Naumburg à Merseburg, et de Naumburg à léna S
avec ordre de conserver sans cesse le contact avec les avant-
postes ennemis, tandis que Blûcher avait, de son côté, envoyé à
Géra un gros corps de cavalerie dont les avant-postes étaient
échelonnés de léna à Auma, et jusque dans la direction de
Schleitz, où ils venaient se relier avec ceux de la cavalerie du
* Lettre de l'Empereur au maréchal Ney, commaudaDt le 3* cofps
de la Grande Armée, à Naumburg.
Erfûrt, 28 ami 1813» 3 beares 1/2 du matin.
c Le général Brenier a évacué léna ayant que le général Marchand y fût
arrivé^ ce qui a donné lieu à un parti de 300 hommes de cayalerie ennemie
d'entrer dans la ville, d'y prendre plusieurs otages et des traînards. Le général
Marchand n'est arrivé qu'une heure après. Cette faute grossière et cette
manière de faire la guerre peuvent compromettre toutes mes opérations. Quand
vous donnez un ordre, veillez désormais à ce qu'un poste ne soit évacué
qu'après qu'il est remplacé ; un débouché comme léna méritait bien ce soin.
Témoignez mon mécontentement au général Brenier : c'est perdre des hommes
bien inutilement et faire courir des dangers à l'armée par pure imprévoyance. *
— 31 -
corps Miloradowitcb, dont le gros, porté à Zwickau, était cou-
vert par une ligne s'étendant de Schleitz jusqu'à Plauen et
Adorf.
Le même jour^ le général enclief Wittgenstein, en envoyant ses
instructions aux commandants de corps et en examinant les diffé*
rents mouvements qu'on pourrait avoir à exécuter dans le cas
où l'armée française dessinerait un mouvement offensif sur cer-
taines des positions occupées par les troupes sous ses ordres,
leur indiquait pour chacun de ces cas les points sur lesquels ils
auraient à se retirer, leur recommandait de veiller à ce que les
avant-postes de cavalerie ne se retirassent pas avec trop de
précipitation, et leur donnait Tordre de tenir la main à ce que,
toutes les fois que l'ennemi continuerait sa marche en avant, on
eût soin d'envoyer des corps de partisans sur les flancs et sur
les derrières de l'armée ennemie *.
Enfin, le même jour, Wittgenstein prescrivait au général
Bûlow, qui devait, s'il était trop sérieusement pressé par les
Français, se replier sur Magdebourg, d'envoyer, dès qu'il le
pourrait, sur la rive gauche de la Saale, des partis de cavalerie
chargés de chercher à tomber sur les derrières de l'ennemi et à
inquiéter ses communications avec Magdebourg.
Il est bon d'ajouter qu'au moment où il donnait ces instruc-
tions hux généraux placés sous ses ordres, Wittgenstein croyait
que l'armée française se massait autour de Naumburg pour mar-
cher de là, par Leipzig, sur Torgau, et couper ainsi la ligne
d'opérations du bas Oder, des lignes du Bober et de la Queiss.
La journée du 28 avril ne présente guère de faits saillants, si
ce n'est toutefois que les avant-postes des alliés furent obligés
de céder du terrain, tant du côté de Naumburg que du côté de
Merseburg. La division Souham rejeta, en effet, la cavalerie du
général Lanskoï dans la direction de Weissenfels, et l'avanl-
garde du vice-roi d'Italie força à la retraite les cavaliers du
géuéral Knorring, qui avaient cherché à l'arrêter dans sa
marche entre Schaafslàdt et Lauchslàdt.
Le même jour le vice*roi fit canonner la tête de pont de
Halle par le 5« corps.
* Ordre du général en chef pour la journée du 27 avril iSl3*
— 32 —
Le 39 au matin, Tavant-garde da 11« corps bousculait et reje-
tait les cosaques^ qui avaient gardé pendant la nuit du 28
au 29 Lauchstâdt, Tropan, Knapendorf et Gelitsch. Le même
corps enlevait dans la journée Merseburg, et obligeait par suite
Kleist, que la prise de Merseburg découvrait complètement sur
sa gauche, à évacuer Halle à minuit et à se replier sur Skeu-
dit7. Enfin, la division Souham, qui formait Tavant-garde du
3* corps, donnait le même jour (29), à 2 heures, contre les
avant-postes de cavalerie du général Lanskoï qui s'était arrêté à
Weissenfels. Le général Souham, bien qu'il n'eût aucune troupe
de cavalerie pour le soutenir et Téclairer, et bien que les Russes
eussent mis en batterie contre sa petite division 12 pièces d'ar-
tillerie à cheval, n'hésita pas un seul instant à attaquer l'en-
nemi; il forma immédiatement ses bataillons en carré, con-
tinua sa marche en avant dans cette formation, et rejeta vic-
torieusement les charges des 6,000ou 7,000 cavaliers de Lanskoï.
Le 30 avril, le général Bùlow, se conformant aux ordres qu'il
avait reçus quelques jours auparavant, avait fait partir une recon-
naissance de cavalerie qui devait se diriger vers la basse Saale.
Il apprit de la sorte que les Français occupaient faiblement
Bernburg, Nienburg, Galbe, et comme Wettin était encore inoc-
cupé, il s'empressa d'y envoyer du monde; il posta en outre un
régiment de dragons prussiens, le 2« de la Prusse occidentale,
aux environs de Grobzig, et échelonna des avant-postes de
cosaques le long de la Saale jusqu'à son confluent dans TElbe.
Le même jour, les corps volants de Winzingerode quittèrent
les bords de la Saale et formèrent une chaîne d'avant-postes qui
couvrait les positioi»s du gros du corps et ne cessait de consener
le contact de l'ennemi. On savait dès lors que l'ennemi marchait
en deux colonnes dans la direction de Leipzig *.
*■ Lettre de rEmperenr à Eugène Napoléon, commandant Tarmée de TElbe,
à Merseburg.
Weissenfels, 30 avril 1813, H heares soir.
« ... Je ne conçois pas comment vous avez si peu de cavalerie ; c'est qu'elle
est disséminée à droite et à gauche. Donnez ordre à tout ce qui est à Hanovre,
Brunswick, etc., d'en partir sans délai pour vous rejoindre ; s'il y avait de la
cavalerie ailleurs, envoyez, par des courriers extraordinaires, Tordre qu'elle
parte également, puisqu'il va y avoir une bataille et qu'il est important d'avoir
toute votre cavalerie. »
- 33 -
Le corps du général Miloradowitch, qui aurait dû et pu
arriver le !•' mai à Zeilz, aurait alors été à même d'envoyer le
détachement de cavalerie du général Jussefowitch dans la direc-
tion de Stôssen, et de renseigner le général en chef sur la
marche du 4* corps d'année français. Il aurait remarqué, en
effet, que le 4* corps se dirigeait ce jour-là sur Poserna, que la
route de Zeist était tout h fait libre ; que par suite il n'y avait
plus aucune raison désormais pour pousser jusqu'à Zeist ; mais
qu'il importait, comme l'indiquait un premier ordre donné par
le général en chef, de se porter sur Predel, entre Zeist et Pégau,
point d'où il lui aurait été facile de déboucher comme troupe de
réserve sur le champ de bataille de Lûlzen. Au lieu de cela le
général Miloradowitch était, le !•' mai au matin, campé avec le
gros de son corps d'armée à Altenburg, et s'était contenté de se
couvrir en avant par sa cavalerie^ qui observait et surveillait les
différentes routes. Il avait, à cet effet, envoyé à Zwickau le
général-major Emmanuel, avec 2 régiments de dragons, 2 régi-
ments de cosaques et 4 pièces d'artillerie auxquelles il avait
donné comme soutien un régiment d'infanterie; le général
major Lissanowitch s'était, sur son ordre, porté sur Géra avec
1 régiment de uhlans, 1 régiment de cosaques et 1 section d'ar-
tillerie; le général-major Jussefowitch, avec 2 régiments de dra-
gons, i régiment de cosaques, i section d'artillerie et 1 régi-
ment d'infanterie, avait été envoyé à Zeitz.
Le môme jour, le général Winzingerode, dont le corps servait
d'avant-garde à l'armée alliée, reçut l'ordre de pousser une
forte reconnaissance sur la route de Lûtzen à Weissenfels, et
d'essayer par ce mouvement offensif de ses troupes de retarder
la marche de l'armée française, de Tempécher d'opérer avant
quelques jours sa jonction avec l'armée du vice-roi. On voulait
de la sorte donner à l'armée russe de réserve, qui était encore à
Frohburg et à Kohren, et au corps de Miloradowitch qui se trou-
vait à Altenburg et à Zeist, le temps de rallier.
Mais au même moment, l'Empereur, qui avait rapproché de lui
les 3*, 4« et 6" corps, se décida à accentuer son mouvement.
Pour être à même de résister à la nombreuse cavalerie des
alliés, n'ayant guère que 5,000 chevaux, il porta en avant le
3^ corps, et la division Souham, qui était d'avant-garde, fut
formée en quatre carrés de 4 bataillons, de manière à embrasser
M. H. L. *3
-. 34 -
toute la plaine. Cette division était suivie par une brigade de
cavalerie» et plus en arrière venaient en échelons, et également
formées en carré, les divisions Girard, Marchand et Brenier.
L'arlillerie marchait dans les intervalles et en arrière de ces
carrés» et la cavalerie de la garde formait Textrème droite. La
division de cavalerie ennemie fut obligée de plier, et, malgré un
feu des plus violents, les hauteurs furent enlevées, le défilé de
Poserna forcé, et, bien que Winûngerode eût fait avancer d'autres
divisions de cavalerie et une division d'infanterie, force lui fat
d'abandonner Lûtsen et de se retirer derrière le Flossgraben.
Pendant que le 3^ corps forçait, malgré les efforts du corps de
Winzingeroile, le défilé de Poserna, on envoyait à Miloradowitcb
d'abord, en prévision de la bataille que le général en chef Witt-
genstein se proposait de donner le lendemain, l'ordre de se
rendre à Predel; quelques heures après, il recevait Tordre de
couvrir Taile gauche des alliés et de surveiller la grande route
de Dresde, en se maintenant coûte que coûte à Zeits, point vers
lequel on croyait que le 4** corps (général Bertrand) devait se
diriger.
Avant d'aborder le récit des événements qui furent la cônié-
quence de la bataille de Lûlien, il est bon de signaler une faate
que les alliés nous paraissent avoir commise pendant toute la
longue période qui précéda cette bataille. Il noua semble, eo
effet, que pendant les mois qui se sont écoulés avant cette
bataille» les alliés n'auraient pas dû se contenter de n'envoyer
que des corps volants, des partis de cosaques et das détache^
ments de cavalerie vers les bouches de TSlbe, mais qu'ils
auraient sérieusement gêné les opérations ultérieures de Vannée
française ^i, en jetant des corps de troupes de toutes armes et
d'un effectif respectable vers les bouches de l'Elbe, ils avaient
songé à empêcher l'Empereur de tirer des ressources et des ren«
forts de la di^ division militaire, des villes banséatiques et de la
Westphalie.
Bien qu'il ne rentre pas dans le cadre de cette ëtude^ spécia-
lement consacrée aux opérations de la cavalerie, de mettre sous
les yeux de nos lecteurs les phases principales des grandes
batailles de cette campagne^ nous ordyons devoir, peur la bataille
de Lût;(eo ooume pour les autrest chercher à ^poser le rôle
qu'y a joué la cavalerie, la part qu'elle y a priae* les sendoes
— 36 —
qu'elle a rendus, ainsi que les fautes qui l'ont empêchée d*en
rendre de plus signalés. Sans se perdre dans les détails, il est
indispensable de faire remarquer qu'au moment où allait se
livrer la bataille de Lûlzen, les alliés n'avaient plus le choii
qu'entre une rencontre ou une retraite sans combat qui aurait
eu pour eux des conséquences plus désastreuses qu'une défaite,
en ce qu'elle aurait assurément arrêté l'explosion du réveil de
l'esprit national en Allemagne*
Les ordres donnés par le général comte Wittgenstein pour la
bataille de Lûtzea prouvent, d'une façon indéniable, que l'on
voulut profiter de ce que l'Empereur n'avait pas de cavalerie,
pour le surprendre; pour attaquer son aile droite pendant sa
marche, l'arrêter, la déborder, la tourner, obliger par suite
l'Empereur à renoncer h roflTensive pour revenir à la défensive ;
puis, grâce à cette attaque imprévue, après avoir tourné l'aile
droite ennemie, acculer l'armée française tout entière entre la
Saale, l'Ëlster et la Luppe, et la placer dans une situation des
plus critiques.
L'idée était assurément bonne, et il est certain en effet (les
écrivains allemands eux*mèmes le constatent) que jamais armée
ne fut animée de meilleurs sentiments ni mieux préparéo au
combat que celle des alliés, qui n'avaient devant eux que de
jeunes troupes recrutées et réunies à la hâte.
En outre, on pouvait espérer que la cavalerie allait trouver là
roccasion de se couvrir de gloire et de jouer un rôle décisif et
prédominant. A la nombreuse et brillante cavalerie des alliés,
forte de plus de 15,000 hommes, les Français ne pouvaient
guère opposer plus de 5,000 chevaux dans les plaines spacieuses
où Ton allait les attaquer. Tout semblait donc présager, dit un
écrivain militaire allemand, à la cavalerie russo-prussienne les
plus beaux succès, ou lui promettre, au moins, l'occasion d'exé-
cuter quelques beaux faits d'armes, et pourtant aucune de ces
prévisions ne devait se réaliser.
Les allié:!, continue le même auteur, ont voulu grossir de
cette journée le nombre de leurs victoires; mais, dans ce pré-
tendu triomphe qu'ils se plurent à proclamer, l'histoire impar-
tiale ne peut voir qu'une défaite: le but des alliés ne fut pas
atteint; leur cavalerie notamment ne fit rien de décisif et essuya
de grosses pertes y sans rendre de notables servicet. Le terrain
- 36 —
qu'on avait choisi pour servir de champ de bataille est généra-
lement uni et découvert, et s'aplanit entièrement vers Lûtzen. Le
Flossgraben, canal qui va de Zeitz à Merseburg, joignant la
Saale à TElster, et coupe entre Lûlzen et Markrannstâdt la route
de Weissenfels à Leipzig, forme à Test de ce terrain un obstacle
qui s'oppose aux mouvements de la cavalerie; depuis la rive
gauche de ce canal jusqu'à la Rippach, rien ne gène le déploie-
ment ou les mouvements d'une nombreuse cavalerie, si ce n'est
toutefois les villages assez nombreux et assez rapprochés
d'ailleurs.
Quelques chemins creux se présentent çà et là, mais ils sont
faciles à tourner dans toutes les directions. Les champs de
Rossbach et de Reichardtswerben, rendus fameux par les
exploits de Seydlitz, sont, ainsi s'exprime l'auteur anonyme de
VBistoîre critique des exploits et des vicissitudes de la cavalerie,
moins propres à servir d'arène à un grand corps de cavalerie
que ceux qui s'étendent entre Rahna, Slarsiedel, Gossereau et
Lutzen, et cependant on ne saurait à aucun moment de la
bataille trouver rien de mémorable fait par la cavalerie.
Même avant le commencement de l'action, le rôle de la cava-
lerie est presque nul; on se contente en effet de faire couvrir la
marche du corps de Winzingerode, qui s'était concentré à 6 heures
du matin à Werben, par le corps volant du colonel Orloff, qui
poussa la chaîne de ses avant-postes le long du Flossgraben,
du côté de Lûlzen, et d'autre part à partir de Kreischau, dans la
direction de Weissenfels. Ce rideau de cavalerie devait dérober
à l'ennemi la marche de concentration de cette partie de l'armée
alliée.
Il est probable que ce furent des circonstances particulières,
tenant vraisemblablement à des ordres mal donnés ou mal
compris, qui causèrent une confusion assez grande dans les
marches de concentration, qui amenèrent des colonnes apparte-
nant à des corps différents à se croiser et à se couper, et qui
eurent pour conséquence un retard total de 4 heures, puisque
l'armée alliée ne fut à même de prendre sa formation de com-
bat sur les positions qui lui avaient été indiquées, qu'à
11 heures au lieu de 7 heures. En revanche, il faut cependant
noter que les officiers envoyés en pointe, et quelques détache-
ments de cavalerie, firent conuaîlre en temps utile au général
- 37 -
en chef que des troupes françaises marchaient de Markrann-^
stâdt sur Leipzig, qu'un autre corps français assez considérable
élait sérieusement engagé du côté de Lindenau avec le corps
de Kleist, que les villages de Klein et Gross-Gôrschen et de Kaja
étaient occupés par Pennemi, et qu'il n'y avait que peu de
troupes françaises sur la route de Weissenfels à Lûtzen. Ces ren-
seignements parvinrent en temps utile au général en chef, puis-
que c'est après leur réception qu'il donna à ses troupes Tordre
d'attaquer le centre de la position ennemie, en se prolongeant
sur la gauche et en cherchant à déborder l'aile droite ennemie.
Il en résulta que, pour remplir les vides causés par la trop
grande extension des lignes, on dut employer à cet effets pen-
dant presque toute la journée, une partie de la cavalerie,
l'exposer inutilement au feu et lui imposer des pertes considé
râbles et stériles.
C'est ainsi que 20 escadrons de cuirassiers prussiens, com-
mandés par le colonel Dolfs, s'avancèrent au trot vers Starsiedel
et se mirent en bataille à 2,000 pas du village, au moment où
Biûcher se portait avec son corps d'armée contre Gross-Gôrs-
chen.
Pendant que Biûcher attaquait Klein et Gross-Gôrschen et que
la cavalerie de ses brigades tentait de ce côté quelques charges
qui ne purent entamer d'une manière sérieuse l'infanterie fran-
çaise, les cuirassiers de Dolfs essayèrent vainement de culbuter
3 bataillons qui débouchaient du village. Il semble donc permis
de croire que l'on avait alors l'intention de faire agir la cavalerie
utilementet avec vigueur. Mais, à partir de ce moment, des ten-
dances contraires reprirent sans doute le dessus. La cavalerie
des alliés ne fit en effet rien pour empêcher les colonnes enne-
mies qui arrivaient sur le champ de bataille de soutenir le
maréchal Ney, et elle manqua ainsi à la tâche la plus impor-
tante qu'elle eût pu remplir.
Au lieu de joindre la cavalerie du corps Winzingerode aux
20 escadrons de cuirassiers prussiens, de faire soutenir ces
40 escadrons par la cavalerie russe de réserve; au lieu de lui
faire attendre derrière l'infanterie une occasion qui ne vient
jamais lorsqu'on ne va pas au-devant d'elle ; au lieu de la jeter
entre les villages de Starsiedel, Rahna et Kaja, pour coopérer à
une attaque générale de l'infanterie, on préféra la laisser
— 38 -
exposée toute la journée au feu de 60 canons, mis en batterie
sur une hauteur entre Kabna et Starsiedel,
Du côté de Rahna, le colonel de Horn, se voyant trop faible
pour se maintenir près des lignes ennemies, fit demander à la
cavalerie placée en seconde ligne de venir le soutenir. En consé-
quence, le 1®' régiment de uhlans de la Prusse occidentalei le
a*» régiment de hussards du roi, les !«' et 2« escadrons des cui-
rassiers de Silésie, 2 escadrons de dragons de la Prusse occi-
dentale, et le ^^ escadron des uhlans de Silésie, avancèrent suc-
cessivement et firent des attaques partielles sur les masses de
l'infanterie ennemie. Il fallut, pour mettre fin à ces attaques,
que le maréchal Ney flt avancer sa cavalerie et prît lui-même la
tête des dragons de Bade.
Le 10"* régiment de hussards avait été, peu de temps aupara-
vant, repoussé par le 2« escadron de uhlans de Silésie, au
moment où il faisait une attaque contre les tirailleurs prussiens.
Un peu plus tard, du côté de Kaja, 2 escadrons de hussards
de Silésie, sous les ordres du major von Blûcher, avaient franchi
le canal à Eisdorf, afin de chasser les tirailleurs ennemis. Ils
avaient été suivis par le régiment de cosaques de l'Attaman, les
dragons de Lithuanie avec une batterie légère, et les dragons
attachés \x la division Berg. Les hussards, en faisant un brusque
mouvement en avant, s'enfoncèrent dans un terrain marécageux
où ils furent exposés aux feux de mitraille et aux balles des
tirailleurs de la division Morand. Ils allaient cependant charger,
au moment où l'apparition des troupes du vice-roi, qui mena-
çaient de leur couper la retraite, les obligea à repasser le canal.
L'idée d'entreprendre quelque chose avec la cavalerie avait
été cependant plusieurs fois mise sur le tapis parmi les
alliés, nous dit l'auteur allemand de Y Histoire critique des ex-
ploits et vicissitudes de la cavalerie^ car il n'entrait nullement
dans leur plan de l'employer comme elle le fut, et il ne manquait
pas d'hommes qui désiraient en voir faire un tout autre usage,
et qui étaient parfaitement capables de la conduire. En ne nous
en tenant qu'aux faits, nous voyons qu'on laissa échapper l'oc-
casion de tenter un coup décisif avec le gros de la cavalerie,
pt que plus tard, après avoir engagé toute l'infanterie, on fut
obligé de mettre la cavalerie en position, contrairement à la des-
tination et à Tespril de cette arme, et de la laisser exposée dans
- 39 —
ce rôle tout passif au feu de Tartillerie ennemie. Ou s'était mis
dans le cas de ne plus pouvoir même la retirer des points qu'elle
occupait, sans s'exposer à une défaite entière et totale, que les
alliés auraient certainement essuyée si l'Empereup avait encore
eu sa vieille cavalerie.
Le désir d'agir était cependant si vif chez la cavalerie alliée,
que le soir on fit encore une tentative pour exécuter» avec 9 esca-
drons prussiens et par surprise, ce qu'on n'avait pas entrepris
d'exécuter le jour avec des forces dix fois plus considérables.
Yers 7 heures du soir, le colonel Dolfs, à la tête de ces 9 esca-
drons, se jeta contre les bivouacs français entre Gôrscheu et
Sôbesten. Dans l'obscurité, on rencontra un chemin creux, celui
qui va de Gôrscheu à Sôhesten, qu'il aurait été facile d'éviter
en plein jour et qui devint alors un obstacle gênant. Les Fran-
çais étaient d'ailleurs sous les armes et venaiant, quelques ins-
tants auparavant, de culbuter un régiment de cavalerie prus*
sienne.
L'attaque de Dolfs causa uu moment de panique; mais, mal
appuyée, elle eut pour unique résultat de montrer aux Français
ce qu'on aurait pu faire contre eux si l'on s'y était pris k temps.
Ce fut, pour nous servir d'une expression de l'empereur
AloxandrOg un faible essai de dérober une victoire qu^on n*âvait
pas su emporter au grand jour.
Dès le 3 mai au matin, les alliés commençaient leur retraite,
qu'ils effectuèrent en bon ordre. Il est juste de reconnaître qu'ils
commencèrent à ce moment à faire un usage plus sériQux et
plus utile de leur cavalerie, supérieure en nombre à la cavalerie
française, mieux montée, mieux instruite et plus aguerrie que
les quelques escadrons de formation récente dont disposait TEm-
pereur. Tandis que les généraux Kleist et Bulow recevaient
Tordre de se replier, le premier sur Mûhlberg et le second sur
Rosslau, le gros de l'armée alliée quittait le 3, dès l'aube du
jour, les environs du champ de bataille, et, formée en deux
grandes colonnes principales, elle commença son mouvement
rétrograde vers l'Elbe.
La marche en retraite était couverte par 10 escadrons sous les
ordres du colonel Dolfs, et par le corps du général Milorado-
witch, qui n'avait pas donné la veille, tandis que le régiment de
cavalerie légère de la garde prussienne était envoyé de Borna,
— 40 —
dans la direction de Leipzig, et faisait savoir que la cavalerie
française de Leipzig paraissait se porter résolument sur Borna.
L'Empereur, manquant de cavalerie, poursuivit Tennemi aussi
vivement qq'il lui. était possible de le faire avec une infanterie
composée en grande partie déjeunes soldats, et fatiguée par les
efforts que lui avait coûtés la victoirede Lûtzen.
Pour ce qui est des corps volants de cavalerie des généraui
Jussefowitch, Lissanowitch et Emmanuel, ils réussirent sans
peine à rallier l'armée alliée^ et le seul fait intéressant se passa
du côté de Leipzig.
Quand, en exécution des ordres de l'Empereur, le 5* corps eul
quitté Leipzig pour se porter sur Zwenkau, les cosaques du
corps de Kleist, qui fournissaient les extrêmes avant-postes en
arrière de Paunsdorf, rentrèrent immédiatement dans la ville et
s'élancèrent aussitôt sur les traces du corps, qui suivait les
routes de Lindenau et de Zwenkau, en ramassant et en sabrant
les traînards. Les cosaques n'évacuèrent définitivement Leipzig
qu'après avoir reçu communication de l'ordre général de retraite,
et prirent alors la route de Wurzen.
La journée du 4 mai ne présente donc aucun fait saillant;
mais le lendemain S, les deux colonnes furent sérieusement
inquiétées et poussées, par les Français, aux environs de Col-
ditz; et le 6 Miloradowitch, dont la cavalerie avait été attaquée
à Reictonbach, fut lui-même obligé de se retirer sur Etzdorf.
Le 7, les troupes russes commençaient à défiler par Dresde,
pendant que l' avant-garde française pressait plus vivement en-
core que les jours précédents les arrière-gardes des alliés. Le 8,
le passage de l'armée alliée sur la rive droite de l'Elbe se conti-
nuait, et le général en chef donnai ta cet effet les ordres suivants :
c( L'avant-garde occupera la tête du pont jusqu'à ce que toutes
les troupes russes aient achevé leur passage sur la rive droite;
elle détruira ensuite ce pont et rejoindra le gros du corps sur les
hauteurs, où elle prendra position; elle laissera sur la rive
droite du fleuve une forte chaîne d'avant-postes disposés sur
plusieurs lignes, et fera occuper la Neustadt de Dresde par un
détachement d'un effectif respectable. Les cosaques devront as-
surer les communications, à gauche jusqu'à Wehlen, à droite
jusqu'à Meissen, où ils se relieront avec les troupes prussiennes;
ils doivent avant tout empêcher l'ennemi de jeter un pont sur
— 41 -
?Elbe, et surveiller ses mouvements de façon k pouvoir décou-
vrir en temps utile le point sur lequel il chercherait à passer la
rivière
« On brûlera et on coulera tous les bateaux »
A 2 heures, les alliés brûlaient leur pont de bateaux; h
3 heures, Tavant-garde française était entrée à Altstadt-Dresden,
et le jour même l'Empereur reconnaissait à Priesnitz remplace-
ment d'un pont qu'il donna ordre de jeter.
Pendant que ces événements se passaient du côté de Dresde,
et au moment où l'armée alliée était forcée de se retirer sur la
rive droite de l'Elbe, ordre fut donné aux nombreux corps vo-
lants, que commandaient des chefs hardis et expérimentés, de se
porter sur la rive gauche du fleuve, avec la mission spéciale d'in-
quiéter les flancs et les derrières de l'armée française, de
l'obliger k songer à tout instant à sa sécurité, de couper, d'in-
terrompre ses communications, d'enlever les transports et con-
vois de toute nature en route pour rejoindre l'armée, etc., etc.
Ainsi, dans la nuit du 7 au 8 mai 1813,1e capitaine von Colomb
reçut Tordre de partir du camp de Meissen avec un corps de
partisans composé d'un escadron de chasseurs volontaires du
régiment de hussards de Brandebourg et de 10 hussards du
même régiment, de repasser l'Elbe et d'aller inquiéter les der-
rières de l'armée française.
Pour ne pas interrompre le récit extrêmement intéressant des
opérations de ce petit corps, nous allons essayer, en nous sei'-
vant du récit même de Colomb, de le suivre dans sa marche jus-
qu'au 24 mai, et nous rendrons ensuite compte des coups de
main qu'il tenta postérieurement à cette date.
Le détachement du capitaine von Colomb défila sous Dresde
le 8 mai, au moment où l'armée alliée évacuait cette ville, passa
l'Elbe près de Rahden, dans la nuit du 10 au 11 mai, sur une
grande barque amenée de Schandau et qu'on fit couler après
avoir traversé la rivière, se glissa entre la forteresse de Kônigs-
tein, qu'il laissa à sa gauche, et le camp français établi entre
Pirna et Struppen, en s'approchant tellement de ce camp qu'il
put apercevoir distinctement les postes ennemis; il atteignit le
11 au matin le village d'Hellendorf, situé tout près de la fron-
tière de Bohême, sur la route de Dresde k Teplitz, où le capitaine
von Colomb fut rejoint par une partie de son détachement, qui
- 42 —
s'était égaré pendant la nuit. Deux escadrons de lanciers enne-
mis étaient campés à peu de distance de ce village, et rien n'au-
rait été plus aisé que de les surprendre et de les enlever; mais
le capitaine von Colomb trouvant avec raison que son petit dé-
tachement était encore trop près de l'armée ennemie, et qu'ea
outre il pouvait trop facilement être gravement compromis s'il était
obligé de s'enfoncer dans l'angle très resserré formé sur ce point
par les montagnes, pour avoir chance de s'échapper en cas de
danger, eut la sagesse de ne pas se laisser aller à la tentation
d'attaquer ces escadrons, afin de ne pas attirer l'attention de
l'ennemi sur lui et de ne pas se voir obligé de renoncer, après ce
coup de main, à 4a réalisation des opérations qu'il méditait» et
à l'exécution de la mission qu'on lui avait confiée. Les partisans
du capitaine von Colomb marchèrent, sur son ordre, sans se
faire précéder par une pointe, sans se couvrir par des patrouilles
de flanc, en affectant de se donner l'aspect d'une troupe faisant
une marche en temps de paix, passèrent tout à proximité des
patrouilles et des postes français, et traversèrent les lignes qui *
surveillaient la frontière sans avoir été ni inquiétés ni découverts. '
Ces partisans n'exécutèrent plus ensuite que des marches de
nuit, campant le jour dans les bois ou dans les villages situés \
loin des routes; ils suivirent les pentes de l'Ërz-Gebirge jusque '
la hauteur de la route de Plauen et de Reichenbach, où une ■
partie du corps enleva, dans la nuit du 17 au 18 mai, aux envi-
rons de Schneidebach, deux lieutenants-colonels français venant
d'Espagne avec des dépêches. Si les partisans du capitaine von
Colomb étaient arrivés sur ce point trente-six heures plus tôt,
ils auraient réussi à prendre le vice-roi d'Italie et sa suite.
Le 18 au matin, le capitaine von Colomb, informé de la pré-
sence h Reichenbach d'un certain nombre d'officiers français en
route pour rejoindre larmée, y envoie le lieutenant von Katte
avec 20 chevaux; mais on ne trouva plus personne à Reichen-
bach.
Lel9 à 2 heures on reprit la marche; on tourna Plauen pendant
qu'un détachement entrait dans cette ville pour essayer d'enlever
les bagages du vice-roi et pour se faire délivrer, contre reçu,
quelque argent dont le détachement commençait à manquer.
Le 20, le capitaine von Colomb, convaincu qu'il n'y avait plus
rien à faire pour le moment sur la route de Hof, résolut de se
^ 43 -
porter sur celle qui mène de Weimar à Erfurt, et se dirigea
d'abord sur Tauna. Il se remit en marche le 20 au soir, dépassa
la route de Schleitz à Hof, laissa seulement un peloton, sous les
ordres du lieutenant von Katte, pour surveiller momentanément
cette route, pendant que lui-même se portait avec le reste de
sa troupe Jusqu'à Kûhnsdorf pour observer la route de Scbleitz
jusqu'à Lobeinstein.
Ce fut là que Colomb apprit qu'un transport d'artillerie bava-
roise, composé de 30 voitures et faiblement escorté, avait passé
par Schleitz et Auma, se rendant à Géra.
On trouve à ce propos, dans la correspondance de l'Empe-
reur, une lettre des plus curieuses adressée au duc de Bassano,
ministre des relations extérieures à Dresde, et datée de Gôrlitz,
le 24 mai 1813 :
« Monsieur le duc de Bassano, écrivez au baron de Saint-
Âignan qu'il fasse connaître aux ducs de Gotha et de Weimar
qu'ils aient à reformer leur contingent et qu'ils arment leurs
villes de manière qu'elles soient à Tabri des partisans ennemis,
et qu'elles empêchent les coureurs ennemis de faire aucun mal
au pays et à l'armée française. Cela doit être commun à tous les
autres princes de Saxe, de Reuss, de Schwarzbourg, etc. Les
villes qui ont plus de 2,000 habitants seront responsables des
prises qui seront faites sur l'armée et dans leur enceinte par des
détachements d'une force inférieure, à laquelle ils peuvent rai-
sonnablement résister. »
Enfin, dans une deuxième lettre adressée au même person-
nage et datée de Bunzlau, le 25 mai au soir, l'Empereur ajou-
tait:
« Écrivez au baron de Saint-Aignan pour qu'il passe une note
dans les termes les plus forts aux différents princes près desquels
il est accrédité, pour leur témoigner mon mécontentement de ce
que quelques partisans, qui commettent des brigandages sur les
derrières de l'armée, sont favorisés dans leurs États ; que je les
en rends responsables; qu'il faut qu'ils fassent une battue géné-
rale pour purger le pays; que tout ce qui me sera pris me sera
remboursé par une contribution que je mettrai sur le pays;
qu'enfin, si cela continue, je finirai par voir dans les gouverne-
ments de la mauvaise volonté. »
Colomb se mit immédiatement à la poursuite de ce petit
- 44 -
convoi; mais arrivé à Auma il apprit que l'officier qui comman-
dait ce transport ayant entendu parler de la présence de parti-
sans dans les environs, avait marché jour et nuit et avait dépassé
Géra. A ce moment^ les chevaux des partisans étaient tellemeDt
fatigués qu'il était impossible de songer à rejoindre désormais
le convoi. En revanche, les partisans prirent en cet endroit
2 officiers d'artillerie venant d'Augsbourg et porteurs d'un rap-
port assez intéressant.
Le 21, on fit reposer les chevaux et les hommes à Neustadt,
sur rOrla^ que le capitaine von Colomb allait désormais choisir
comme point central, comme pivot de ses dififérentes opéra-
tions. Neustadt est en effet admirablement situé à cet effet. Cette
petite ville se trouve à peu près à distance égale de plusieurs
routes également importantes. L'une de ces routes, venant du
sud de l'Allemagne, part de Hof pour aller : d'un côté, par
Plauen et Zwickau à Dresde ; de l'autre, par Schleitz et Géra à
Leipzig. Une autre va par KronachetLobeinstein à Schleitz; une
autre de Coburg par Saafeld, Rudolstadt et léna à Leipzig; une
enfin par Erfurt, léna et Naumburg, à Leipzig et à Dresde. De
plus, le capitaine von Colomb, possédant d'excellentes intelli-
gences dans toute cette partie du pays, pouvait être facilement
et promptement renseigné sur le moindre mouvement, le moindre
fait de nature à l'intéresser.
Enfin il avait jusque-là cherché surtout à dresser son monde
avant de l'amener dans des régions plus sérieusement occupées
par l'ennemi. Il nous paraît à ce propos intéressant d'indiquer,
d'après le capitaine von Colomb lui-même, les procédés em-
ployés par cet officier pour assurer la sécurité de ses partisans :
« En marche, dit-il, je me suis rarement servi d'avant-gardes
et d'arrière-gardes. J'ai préféré avoir recours à l'emploi de
pointes et de postes intermédiaires en avant et en arrière, et en
même temps j'envoyais des patrouilles de quelques hommes me
flanquer à droite et à gauche. Je tenais à avoir le reste de mon
monde groupé. J'ai procédé de la sorte : d'abord pour éviter
l'éparpillement et pour tenir mieux dans ma main des hommes
encore inexpérimentés; puis, plus tard, parce que j'avais acquis
l'intime conviction que c'était là le meilleur moyen pour pouvoir
agir énergiquement et utilement au moment voulu.
« Pendant la nuit, je me tenais de ma personne assez loin en
-46 -
avant du gros, tout près de la pointe, afin que le bruit causé par
la marche de ma troupe, ne m'empêchât pas de percevoir les
moindres sons.
« Pendant le jour, je me portais fréquemment sur les hauteurs,
situées latéralement h la route que je suivais, afin de pouvoir
bien découvrir le pays au loin. Le lieutenant von Katte en faisait
autant de son côté.
« Comme, à partir du moment où je m'éloignais de la frontière
de Bohême, j'étais obligé de me garder de tous côtés pendant la
nuit ; comme, d'autre part, je ne disposais que de peu de monde,
mes lignes de vedettes ne pouvaient s'étendre trop loin, et pour
éviter la dissémination de mes forces, je renonçai à l'emploi des
petits postes, et mon bivouac me servit de grand'garde.
« Enfin, en général, je ne me suis servi que de vedettes simples.
Je n'ai jamais permis de desseller plus de la moitié des chevaux
à la fois. J'ai toujours cherché à faire bivouaquer mes partisans
dans les bois.
<( Quand je pouvais me cantonner, je choississais toujours des
fermes où je pouvais mettre au moins un peloton ; mes grand'-
gardes étaient postées alors dans des villages ou sur les routes
menant aux fermes. J'avais, dans ce cas, prescrit d'observer les
règles suivantes : Tout le monde restera dans l'écurie avec les
chevaux, La porte de la prme restera fermée, un poste à pied la
gardera. En cas d'alarme, on n'ouvrira sous aucun prétexte cette
porte avant que tout le monde soit à cheval, avant que Vofficier ou
le sous-officier, chef de ce peloton, en ait donné Tordre, afin que
tout le monde puisse se porter en avant en même temps,
« Bien que je n'aie pas eu lieu d'en faire l'expérience, je crois
qu'une telle manière de procéder est excellente en cas de sur-
prise, et qu'il y a avantage à mettre son monde dans les fermes,
parce qu'on peut en déboucher en groupe ; tandis qu'au bivouac
l'ennemi peut vous attaquer avant que tout le monde soit à
cheval.
« Je me suis toujours bien trouvé de marcher la nuit et de chan-
ger fréquemment de place. Les marches de nuit m'ont servi à
cacher ma présence, et les changements de place à laisser tout
le monde dans le doute sur le point où je me trouvais.
« Je ne restais jamais sur la grande route et ne m'arrêtais
jamais plus de 8 à 10 heures, même dans les lieux écartés. Le
-46 -
hasard peut amener l'ennemi dans ces lieux. Il n'y vient que
lorsqu'il a pu se procurer des renseignements; dans ce cas, lors-
qu'il arrivait, il n'y trouvait plus personne. J'ai toujours conti-
nué à procéder de la sorte, parce que, bien que les populations
fassent fort bien disposées pour nous, il faut toujours redouter
les indiscrétions du peuple, et s'attendre aux révélations faites
par quelques individus animés de mauvaises intentions. »
Le 23, à 3 heures du matin, le capitaine von Golonob quitta
Neustadt pour se porter surFrôhliche-Wiederkunft, et de là dans
les bois de Gross-Buckedra, où il apprit qu'un escadron du 7* ré-
giment de cuirassiers passerait la nuit dans les villages de Zûll-
nitz et de Laasdorf, situés entre Lobeda et Roda; que le capi-
taine-commandant, avec 2 officiers et 80 chevaux, coucherait
à Laasdorf . 11 se mit en marche vers minuit pour se rendre à
Laasdorf; mais il s'égara dans les ténèbres, dans un pays du
reste fort accidenté, et arriva à Zûlinitz, où il prit 1 officier,
28 hommes et 33 chevaux, qu'il emmena aussitôt à Frohliche-
Wiederkunft. Il relâcha ensuite ses prisonniers après leur avoir
fait jurer de ne reprendre les armes avant d'avoir été échangés,
se rendit à Neustadt où il vendit les chevaux; puis il reprit la
direction d*Auma, et cantonna son monde, le 23 au soir, dans
quelques fermes du côté de Moderwitz.
Revenons maintenant aux événements qui s'étaient passés,
pendant ce temps, sur le théâtre principal de la guerre.
Le 10 mai, lorsqu'on vit à n'en plus douter que l'ennemi se
préparait à passer l'Elbe, on résolut de concentrer l'armée alliée
autour de Kônigsbruck, et de livrer, soit sur ce point, soit plus
à gauche, une nouvelle bataille, dans laquelle le corps de Biilow
aurait été chargé d'agir contre l'extrême aile gauche des Fran-
çais.
On commença donc le mouvenaent rétrograde sur Kônigs-
bruck, et l'arrière-garde russe, sous les ordres du général Milo-
radowitch, reçut en même temps Tordre d'abandonner la rive
droite de l'Elbe. Ses extrêmes avant-postes de cavalerie et de
cosaques restèrent néanmoins à peu de distance de Dresde, sur
les routes qni mènent h Kônigsbruck, Radeberg et Bautzen, et
sur la rive droite de TElbe, où ils étaient échelonnés depuis Pill-
nitz jusqu'à la frontière de Bohème.
Le 11, Blûcher et York se dirigèrent sur Gamentz, et le corps
-47 -
de lUeUt arriva à Kôoigsbruck* Ses «vant-posies furent du reeie
attaqués et bouBCulés par les Français. L'armée russe resta à
BUchofswerda» mais son arrière-garde fut obligée de se retirer
jasqu'k Weissig.
lie 12, Tarmée alliée vint se concentrer autour de Bautzen,
pendant que les corps de Bûlow et de Woronzow, abandonnant
le blocus de Magdebourg, se retiraient dans la direction de Ber
lio, afin de couvrir cette capitale. Le même jour, Miloradowitch,
qui couvrait avec son corps et avec les cosaques de Plaloff la
retraite de Tarmée, fut attaqué par le 12« corps, du maréchal
Uacdonald, à Fisbach, près de Weissig, sur la route de Bischofs-
werda, obligé de prendre position à Schmiedefeld et à Bischofs-
werda, qu'il incendia avant de l'évacuer, et finalement forcé de
se retirer dans la direction de Bautzen, après avoir perdu envi*
ron 2,000 hommes, tués, blessés ou prisonniers.
Le i'df l'armée alliée alla occuper une deuxième position en
arrière de Bautzen ; tandis que l'Empereur faisait menacer les
communications entre Berlin et l'armée alliée, afin de Tobliger
à manœuvrer et à lui révéler ses intentions, et de donner k deux
divisions de la garde, à la plus grande partie de sa cavalerie et
aux 2« et V corps, le temps de le rejoindre.
Les alliés, de leur côté, se contentèrent d'envoyer une colonne
dans la direction d'Hoyersvrerda et de Spremberg, tant pour se
renseigner sur ce que l'ennemi entreprenait de ce côté que pour
essayer de se relier au corps de Barclay de Tolly, en marche
pour rejoindre le gros de l'armée.
Le 16, les deux armées restèrent dans leurs positions de la
veille. Le général Ilowaîski essaya seulement de tenter une sur-
prise contre le corps de Bertrand ; la suiprise ne réussit pas,
mais il fit cependant une centaine de prisonniers.
Le 18, TEmpereur se décida à diriger toute son armée sur
Bautzen, où les alliés paraissaient résolus d'offrir la bataille; à
cet effet, pour établir et assurer la communication entre le cen-
tre et l'aile gauche de son armée, communication qui était gênée
par le corps de Kleist, posté à Grossenhayn et les cosaques de
Platoff, <m fit partir de Dresde le maréchal duc deTrévise, avec
une division de cavalerie de la jeune garde et la cavalerie du
général Latour^Maubourg.
Le même jour, l'Empereur fit attaquer, par le !!• corps, Tar-
- 48 -
rière-garde russe, qui se retira, tout en combattant, de Roth
Naustiz jusqu'à Gôdau; malgré des charges brillantes exécutées ,
par les régiments de dragons de Kharkoff et de Kargopol, sous
les ordres du général Jusefowitch, et malgré les efforts tentés,
d'autre part, à Taile droite, par d'autres régiments de cavalerie
russe, cette arrière-garde fut obligée de se replier sur Bautzen.
Les avant- postes russes, sous les ordres du colonel Sipéguine,
restèrent encore sur la rive gauche de la Sprée jusqu'au delà
de Galgenberg. Des détachements de cosaques couvrirent les
ailes de Tarmée, et Ton envoya la cavalerie légère du général-
major Lanskoï à Wittichenau, à Taile droite, et celle du gêné
ral-major Emmanuel, h l'aile gauche, à Boblitz.
De son côté, le général York, afin de mettre l'ennemi dans
l'impossibilité d'exécuter à son insu un mouvement quelconque
entre TElster et la Sprée, envoya 4 escadrons du i^ régiment de
hussards vers Weissig et Opitz, et 3 escadrons du régiment des
hussards de Silésie vers Luppe. Il fit garder également le pont
et le gué de Niedergurka, avec ordre de tout préparer pour les
mettre hors de service.
Enfin, Blûcher envoya une reconnaissance de cavalerie et
d'infanterie vers Pulsniiz. Celte reconnaissance fit savoir que
l'armée française continuait son mouvement offensif, et repassa
la Sprée à Nunschûtz, le 15 au soir, en laissant seulement, sur
la rive gauche, un escadron do hussards chargé de conserver
le contact de l'ennemi. Cet escadron rentra le 16 au soir, et fit
connaître que l'ennemi avait achevé son mouvement de concen-
tration en avant des positions des alliés, et effectuait pour le
moment sa concentration sur Taile droite.
Le 16 mai, le corps Barclay de ToUy avait opéré sa jonction
avec le gros de l'armée alliée ; on modifia par suite la position
du corps de York, on rappela les hussards prussiens qu'on avait
détachés la veille^ et on envoya le 3« régiment de hussards prus-
siens occuper Preitilz et Gleyne.
Le même jour, la cavalerie de LatourMaubourg eut une affaire
assez sérieuse avec la cavalerie alliée du côté de Grossenhayn.
Elle commença par rejeter de Dallwitz, Lentz et Dôbritschau, les
cosaques, qu'elle força à se retirer sur Grossenhayn, oh se trou-
vait la cavalerie du général Lanskoï, qui, attaquée et chargée à
son tour, fut obligée, elle aussi, à battre en retraite.
— 49 —
La journée du 17 se passa sans incidents marquants, sauf un
)etit ecgagement entre la cavalerie française et celle du général-
najor Emmanuel.
En présence des mouvements opérés pendant les derniers jours
3ar les 3«, 5« et 7« corps français, Bûlow, qui s'était reporté, le
il mai, sur la rive droite de l'Elbe à Rossiau et qui avait installé
>on quartier générai à Zahne, dut se retirer le 19 et s'établir de
>a personne à Baruth; en même temps il faisait prévenir Woron-
K)w de se préparer pour une retraite éventuelle et prochaine sur
Potsdam en passant Brandenburg, et il faisait lui-même surveil-
ler toutes les routes par sa cavalerie, qui ne tardait pas à l'infor-
mer du changement de direction des trois corps français. Ces nou-
velles le décidèrent à se diriger lui aussi de ce côté, et le 25 il
arrivait h Kahlun avec un peu plus de 25,000 hommes.
Le 18, les alliés ayant appris par les coureurs du major von
Helwig, qui avaient intercepté des dépêches de l'Empereur au
général Bertrand, que plusieurs colonnes françaises paraissaient
avoir Tintention de menacer leur aile droite, résolurent d'envoyer
au-devant d'elles une partie de leur armée, afin d'essayer de les
battre séparément et de se renseigner sur les forces que les Fran-
çais avaient concentrées en avant de Baulzen. On résolut donc
d'entreprendre ce jour-là une grande reconnaissance, qui n'eut
pour résultat que 'de confirmer l'existence d'une grande concen-
tration de forces sur les hauteurs devant Bautzen, et qui, par
conséquent, n'apprit rien de nouveau aux généraux alliés.
Le même jour, le major prussien Helwig, qui avait poussé, avec
quelques pelotons de cavalerie légère et les partisans du major
lôwenstern, une reconnaissance jusqu'à Hoyerswerda, fit savoir
au général en chef que le 5® corps français avait quitté Senflen-
berg pour se relier avec le gros de l'armée française en marchant
par la rive gauche de la Sprée. On donna, par suite, Tordre au
général York de se porter sur Hoyerswerda pendant la nuit du 18
au 19, et au général Barclay de Tolly, qui prit le commandement
en chef de l'expédition, l'ordre de soutenir le corps d'York. Les
troupes russes et prussiennes se mirent en roule à minuit, dans
la nuit du 18 au 19.
Bès la veille, le général Bertrand, qui commandait le 4® corps
d'armée, avait détaché la division italienne du général Perry et
lui avait prescrit de se porter de Bautzen sur Kônigswartha pour
M. n. L. 4
- 50-
maintenir les oommunicalions avec les 3*, 5« et 7« corps qui for-
maient Taile droite de l'armée. Celle division arriva, le 19, vers
midi /à Kônigswarlha, où elle s'établit négligemment, sans faire
garder les bois qui s'étendaient devant son front. Quelques heures
après, cette division était attaquée et surprise par Tavant-garde
de Barclay de ToUy, et, après un combat acharné, elle fut obligée
d'abandonner Kônigswartha en laissant entre les mains des
Russes plusieurs généraux S 2 canons et 600 prisonniers. Elle fut
môme vigoureusement pressée pendant quelque temps par le
général Tschaplitz et les partisans du colonel Figner. Mais le
général Kellermann étant arrivé avec sa cavalerie reprit la ville
le soir même.
Pendant ce temps. Le 5^ corps rencontrait le général York, qui
avait occupé une forte position près de Weissig. Après un com-
bat acharné qui dura jusqu'au soir, York fut obligé de se retirer
sur le gros de l'armée, après avoir perdu près de 2,000 hommes.
Les deux combats de Weissig et de Kônigswartha avaient coulé
aux alliés près de 3,000 hommes.
Les alliés, en se décidant à accepter la bataille à Bautzen, n'ont
dû vouloir que gagner du lemps, afin de se donner la possibilité
de faire arriver leurs renforts et de permettre à la Prusse d'ache- î
ver et de compléter ses nouvelles formations ; en se postant à .
Bautzen, en fortifiant cette position dont ils avaient dft recon-
naître les côtés faibles, ils paraissent avoir voulu seulement obli-
ger l'Empereur à rappeler à lui les trois corps qu'il avait déta-
chés du côté de la Marche.
Ils avaient ainsi réussi à gagner 8 jours, du H jusqu'au 19 mai.
Mais du moment où les généraux Barclay de Tolly et York
avaient échoué dans leur mission et n'avaient pu réussir à em-
pêcher la jonction des 3^, 5« et 7» corps, qui allaient venir me-
nacer la droite de la position de Bautzen, les alliés devaient
savoir que la bataille qu'ils étaient résolus à recevoir était per-
due d'avance, et ce ne pouvaient être désormais que des considé-
rations politiques ou morales qui les décidèrent à rester sur la
position qu'ils avaient choisie et fortifiée.
* Parmi lesquels le général de division Ferry, les généraux de brigade Mar'
ieily, Ballathier et San Andréa. Les daux premiers mounireai ées suites àt
leurs blessures.
— 5! -
Il ne saurait rentrer dans le cadre de cette étude d'exposer ici
es différentes phases de cette sanglante bataille de deux jours,
lans laquelle la cavalerie ne joua, pour ainsi dire, aucun rôle.
Il nous suffira de dire que, du côté des alliés, 5 régiments de
losaques furent chargés de faire la police en arrière de leurs
ignés de bataille, de surveiller le transport des blessés» de faire
ivancer les caissons et les voilures de l'arlillerie, de renvoyer en
arrière les bagages et les chevaux de main, de ramasser et de
^envoyer à leurs corps les traînards, les isolés et les fuyards.
C'est le, du reste, dans toute la campagne de 1813, Tunique
exemple d'un emploi semblable de cette cavalerie.
La cavalerie française joua également un rôle effacé sur le
champ de bataille, et le corps de cavalerie de Latour-Maubourg
n'y apparut qu'un instant, le 21 vers deux heures, pour venir se
former sur les hauteurs de Nieder-Kayne.
Nous passons donc sous silence les journées de Bautzen et de
Wurscben, où Napoléon, quoique victorieux, ne put obtenir
d'autre résultat que la retraite des alliés en Silésie. Cette retraite,
du reste, comme nous allons avoir l'occasion de le faire voir, fut
un modèle de bon ordre, et, comme le dit Tauteur anonyme de
Y Histoire des exploits et des vicissitudes de la cavalerie^ ce fut une
de ces occasions où une cavalerie nombreuse rend indirectement
des services signalés, même en combattant peu.
L'Empereur faisait les efforts les plus énergiques pour refaire
la cavalerie française, qui, quoique plus forte à Bautzen qu'à
Uizen, n'en était pas moins incapable de se mesurer avec celle
des coalisés. Aussi peut-on dire que ceux-ci durent en grande
partie ^ la supériorité de leur cavalerie de pouvoir se dégager
sans désastre de l'étreinte de l'armée française et opérer en si
bon ordre leur retraite. « Si l'Empereur avait eu à Bautzen la
moitié seulement de sa cavalerie de 1812, qui pourrait affirmer
que les alliés se fussent si aisément soustraits à ses coups? » Mais
toulle génie, toute l'habileté, toute la puissance de Napoléon,
échouaient devant l'impossibilité de créer en six mois une nou-
velle cavalerie, comparable en quoi que ce soit à ces vétérans
■que les plaines désolées de la Russie avaient vus périr de faim et
de froid.
L'armée alliée, battue à Bautzen et se retirant, non dans la
direcUon de l'est, vers l'Oder, mais dans celle du sud, parce
— 5î —
qii*il élait politiquement utile de ne pas s éloigner des froniièrcs
de rAiUriche, commença son mouvement rétrograde pendant la
journée du 21 ; mais bien qu'on n'eût pu signaler le moindre
désordre, la moindre confusion dans l'exécution de ces mouve-
ments, r arrière-garde russe, soutenue par une brigade de cava-
lerie légère et postée à Kôtitz, fut, pendant la nuit du 21 au 22 mai,
dès 2 h. 1/2 du matin, exposée aux feux de l'artillerie française,
et toute l'armée alliée reçut l'ordre de venir prendre position au-
près de Gôrlitz, après l'exécution de la marche prescrite pour la
journée du 22.
Dès l'aube, l'Empereur se rendit en personn»? aux avant-posles
afin de faire lui-même la reconnaissance de l'ennemi; il déploya
à cet effet dans la plaine 2 brigades de cavalerie qui comptaient
dans leurs rangs 2 régiments de cuirassiers saxons et 1 régiment
de lanciers hollandais, et ordonna presque aussitôt au 7* corps,
qui n'avait pas été engagé le 21, de se porter en avant et de pous- '
ser vigoureusement l'ennemi.
L'avant-garde française enleva ainsi les hauteurs de Weissen-
berg, et l'arrière-garde alliée se retira, toujours en combattant,
par la grande route de Reichenbach et de Gôrlitz. Celte arrière
garde eut h soutenir un combat assez vif^ d'abord près de Rolh
kretscham, point où l'on avait posté en soutien la cavalerie
prussienne de Blûcher, puis dans la plaine et dans la ville de
Reichenbach, que Reynier réussit à enlever à l'arrière-garde de
Miloradowitch, pendant que le 1«' corps de cavalerie, sous les
ordres de Latour-Maubourg, enfonçait, après plusieurs charges
brillantes dans la plaine de Reichenbach, la cavalerie russe et
l'obligeait à quitter le champ de bataille.
Le 23, l'armée alliée continua son mouvement de retraite dès
5 heures du matin, en 2 colonnes. L'aile droite, sous les ordres
de Barclay de Tolly, reçut l'ordre de s'arrôler à Obcr-Waldaii
pour y passer la nuit dans des terrains boisés et marécageux
d'autant moins heureusement choisis que la configuration des
lieux pouvait permettre aux tirailleurs français de s'approcher
sjans être aperçus et empêchait les alliés de se servir de leur ca-
valerie. L'arrière-garde de cette colonne s'établit cependant sur
une colline d'où elle pouvait avoir quelques vues en avant, et les
détachements de cavalerie légère qui avaient flanqué la colonne
pendant sa retraite furent postés à l'extrême aile droile. L'ai
- 53 —
gauche, sous les ordres de Willgenstein, reçut Tordre d'aller
camper le soir à Lauban. A 6 heures du malin, son arrière-garde,
sous les ordres de Pahlen, évacuait Gôrlitz et y détruisait les pas-
sages de la Neisse, ainsi que le pont de Ludwigsdorf,etsei*eliait
par des patrouilles de dragons et de cosaques qui sillonnaient la
rive droite de la rivière, tant avec les généraux Tschaplitz et
Kleist qu'avec le détachement du général Emmanuel, posté à
Moys.
Entre 9 et 10 heures, le 7« corps arrivait à Gôrlitz, et les che-
vaa-légers saxons, qui formaient Textrème avant-garde, passè-
rent aussitôt la Neissc à gué, mais leur infériorité numérique les
obligea à revenir peu après sur la rive gauche; puis, pendant que
l'on travaillait à la construction d'un pont de bateaux, la cava-
lerie saxonne, qui avait été renforcée par quelques régiments de
cavalerie, repassa de nouveau la rivière et chassa définitivement
les cosaques des bords de la rive droite.
Le 24, l'armée alliée se retira sur Bunzlau, mais l'arrière-garde,
postée à Ober-Waldau, y fut sérieusement inquiétée dès l'aube,
et le 4*" corps français, qui avait relevé le 7« corps attaqué à plu-
sieurs reprises par les cosaques dans sa marche sur Lauban, eut
avec la cavalerie alliée quelques engagements, à Pfaffendorf
d'abord, et à Ober-Lichtenau, puis à Berthelsdorf, sur la rive
droite de la Queiss, à peu de distance de Lauban.
Le 25, les alliés se replièrent sur Haynau, et l'ordre de marche
donné pour cette journée renfermait entre autres les prescriptions
suivantes :
« La marche de l'armée sera couverte par une arrière-garde
de troupes russes et une arrière-garde tirée du corps du général
Blûcher. Les troupes prussiennes devront rester en communica-
tion constante, à droite avec l'arrière- garde russe du général
Tschaplitz, à gauche avec l'arrière-garde de l'aile gauche (gêné-
ni Wittgenstein), qui doit se porter de Lowenberg à Goldberg.
« Les arrière-gardes prondront position, l'une en avant de
Bunzlau, l'autre sur la route de Naumburg, dès que l'armée se
raellra en marche. Elles arrêteront l'ennemi le plus longtemps
possible. Si la supériorité numérique de l'ennemi les obligeait à
reculer, elles ne devront, en tout cas, se replier que lentement
et pas à pas, en combattant jusqu'à moitié chemin de Bunzlau à
Haynau, où elles auront à se maintenir coûte que coûte. »
- 54 -
Il n'y eut du reste ce jour-là, sur les bords du Bober, que des
escarmouches insignifiantes; à l'exception d'un combat, ou plu-
tAt d'une série d'engagements entre le 4« corps et les cosaques,
du côté de Seifersdorf. Les cosaques tentèrent en effet, pendant
toute l'après-midi, de retarder la marche du 4« corps et de l'obli-
ger h se déployer, mais on se contenta, comme la veille, de les
tenir à distance en leur envoyant de temps à autre quelques
coups de canon et quelques volées de mitraille ^
i Combat de Seifersdorf (Silësie), le 25 mai i813.
Le maréchal Maedonald marchait en tète de Tavant-garde d» cavalerie
et traversait Seifersdorf, Il était 4 heurps de l'après-midi ; qaelqaes milliers de
cosaques, soutenus par toute la division du comte Pahlen, débouchèrent alors
d'un bois situé à proximité, pénétrèrent dans Seifersdorf par un des flancs du
village. Gomme ils n'avaient pas été aperças, ils assaillirent à Timproviste et
coupèrent au milieu de la loralité U colonne qui y défilait IranquiUement.
Le i'^' régiment de chevau-légers se trouvait le 5' dans l'ordre de marche de
la colonne. La tète de ce régiment s'engageait à peine dans le village*, que quel-
ques coups de feu éveillèrent l'attention de rojQ&cier qui le commandait.
Ayant remarqué presque en même temps de l'agitation dans le régiment qui ie
précédait, et entendant des cris affreux qui venaient de ce côté, il fit former
son régiment en colonne serrée par demi-escadron, et continua à suivre dans cet
ordre la rue fort large qui traverse ce long village, mais en ménageant aux
fuyard un espace tuffliant pour qu'iU puissent passer. Il envoya en m^m^
temps ses adjudants prévenir Je régiment qui le suivait de ce qui arrivait et
l'inviter à rester en dehors du village, mais à se tenir prêt à combattre.
A peine le régiment wurtembergeois venait-il de se former en ordre serré,
que les régiments qui marchaient en avant se replièrent dans un tel désordre
que le maréchal lui-même fut entraîné dans la débâcle. Les Russes, poussant
leurs cris habituels, poursuivaient les fuyards la lance dans les reins. Mais à
la vue d'un régiment formé en bon ordre, ils s'arrêtèrent indécis. Le régiment
wurtembergeois se lanç i sur eux au galop en colonne, tel qu'il venait de se
foTmer. Les Russes ne pouvaient évidemment soutenir cette rencontre violente
saps en être ébranlés et en essuyer des pertes. Avant donc que la pression que
la queue de leur colonne tumultueuse exerçait sur leurs premiers rangs eût
cessé de se faire sentir et de leur enlever la liberté de se replier, la tête
de leur colonne se trouva livrée sans merci aux charges vigoureuses d'une
troupe régulièrement formée. On peut reconnaître dans ce combat combien \^
cavalerie irrégulière a de désavantage lorsqu'elle se trouve en présence d'un
régiment de ligne qui, grâce à son ordre tactique, lui fait sans peine sentir 53
snpériorité.
... La tête seule de la colonne wurtembergeoise parvint à faire usage de ses
armes, cela se conçoit. Dès qu'en se repliant les cosaques commencèrent
à nous donner du champ, nous les refoulâmes à travers le village, rompant
par pelotons lorsque le chemin se rétrécissait, et les poussant sans relâche jus-
qu'à la forêt d'où ils étaient sortis ; mais ils furent recueillis par de l'infanterie
— S5 —
La journée du lendemain 26 mai devait, en revanche, présen-
ter plus d'intérêt. Ce jour-là, les souverains confièrentau général
Barclay de ToUy le commandement en chef; le général Blûcher
reçut le commandement de l'aile droite, Witlgenslein celui de
l'aile gauche, le grand-duc Constantin et le général Miloradowitch
celui des troupes de réserve.
On résolut également ce jour-là de renoncer à défendre la ligne
de roder et de se retirer sur la haute Silésie dans la direction de
Schweidnitz.
La colonne de l'aile droite reçut donc Tordre de se retirer sur
liegnitz en 3 colonnes, couvertes par une arrière-garde russe et
une arrière-garde prussienne qui devaient se donner la main, se
tenir au courant de tout ce qui pourrait se passer sur les routes
transversales et sur la route de Haynau à Goldberg, où le corps de
Witlgenslein devait s'arrêter. Les arrière-gardes avaient en outre
Tordre d'envoyer fréquemment des renseignements au général en
chef,
La colonne de l'aile gauche devait se maintenir en position à
Goldberg, Quant à son arrière-garde qui, spus les ordres de
Pahlen, était restée h Lôwenberg, elle dut, après avoir été atta-
quée vers midi par le H« corps, abandonner cette ville à 6 heures
et se retirer à Pelersdorf, sur la route de Goldberg par Hôfel,
Au moment où les colonnes de l'armée alliée recevaient Tordre
de prendre vers le sud, il fallait coûte que coûte arrêter la pour^
ii i|Q«8 iialpft ^e mn feu, La commftadant du régimeot fnt atteint d*ane baUe
ipsqette ah^Fgç,
Le maréchal avait sur ces entrefaites rallié le reste de la cavalerie; il
toaraft la village par la gaoebe \ le eonite Palhen, de son côté, avait déployé sa
6/iralerie fégaUôre ; U fit QqyFir le fep de son ariuierie e\ eonlinya aussitôt sa
retraite sur Lôwsnberg,
Ohwvalion»f
Les iq^siipes de prëeauUon avaient été prises avee trop peu de soins peur as-
inrer 1% mafehe. Pris au dépoufvqt frappé pi^r un événement inattendu, il est
rare qu'on garde toute sa présence d'esprit ; et pourtant, au moment critique,
dans la surprise du premier instant, il suffit d^une mesure toute simple, toute
Daturelle, pour rétablir les affaires.
Le général von Bismarck, qui commandait alors
le régiment de cavalerie wurtembergeois.
{Pi^ron, t. TI, p. 965.)
I\\ \
— 56 —
suite de l'ennemi, et, ne fût-ce que pour 24 heures, essayer de lui
dérober la nouvelle direction qu'allait suivre le gros des forces.
Ce moment se présenta le 26 mai, et Blûcher prit à cet effet le
commandement de Tarrière-garde de l'aile droite. Il était décidé à
tendre aux Français, à l'aide de sa cavalerie et de son artillerie à
cheval, une embuscade aux environs de Haynau. La nécessité
obligeait en effet les alliés à tenter un relour offensif contre l'en-
nemi qui les poursuivait, et la nature du terrain semblait devoir
favoriser, comme nous allons essayer de le faire voir, une ten-
tative de ce genre. Blûcher avait, de son côté, intérêt à ralentir
la marche des Français qui le serraient de près, surtout du côté
de Haynau. Il avait, en outre, reçu l'ordre de chercher à gagner
du temps, afin de pouvoir exécuter en toute sécurité la marche
qu'on se proposait de faire le lendemain pour se relier aux corps
des généraux Sacken et Schûler, qu'on savait en route pour
rejoindre l'armée. Lui-même personnellement désirait avant tout
défendre pied à pied le territoire prussien, sur lequel on s'était
vu forcé de rentrer. Enfin, on sentait au quartier général des
alliés qu'il était grandement temps d'essayer de détruire par un
coup de main hardi, par une brillante affaire de cavalerie, la
confiance que les troupes françaises d'avant-garde commen-
çaient à reprendre.
Le terrain que le 5« corps, en marche sur Liegnitz, avait à
parcourir, se prêtait du reste merveilleusement à une affaire de
ce genre.
Depuis le voisinage de Goldberg, les rameaux des montagnes*
qui séparent la Silésie de la Bohême, descendent vers le nord et
l'est, et vont se perdre dans les plaines fertiles de la Basse-Silé-
sie. A partir de Haynau, dans la direction de Liegnitz, le terrain
forme la transition entre la contrée montueuse et la plaine com-
plètement unie qui s'étend depuis Liegnitz jusque vers Schweid-
nitz et Breslau. Plusieurs ruisseaux, coulanttous de l'ouest à l'est,
coupent les chemins qui mènent de Haynau à Liegnitz; la
Schnelle-Deichsel passe près de Haynau même; à 6 kilomètres
plus loin, au sud et presque parallèlement à la Schnelle-Deichsel,
coule un second ruisseau baignant une vallée tapissée de prai-
1 Histoire critique des exploits et vicissitudes de la Cavalerie,
— 57 —
ries où se trouvent les villages de Schellendorf, Schierau, Pohls-
dorf et Pantenau, presque contigns les uns aux autres ; à 4 kilo-
mètres plus loin, coule un troisième ruisseau analogue au second.
Tous ces petits cours d'eau, réunis à plusieurs autres, forment le
Schwarze-Wasser» qui se jette dans la Katzbach près de Liegnitz.
Le chemin de Haynau à Liegnitz franchit ces ruisseaux au milieu
d'une plaine découverte bordée à l'ouest par les collines que for-
ment les derniers rameaux expirants des Sudètes. Ces collines
sont en partie boisées ; en général, les petits bois sont répandus
en assex grand nombre dans cetle partie de la province, ce qui
constitue dans la nature du terrain des alternatives bien plus fré-
quentes que dans la plaine presque entièrement cultivée, com-
prise entre Breslau, Schweidnitz et Liegnitz, ou d'un autre côté
dans les vastes forêts de la Haute-Silésie et de la rive droite de
rOder.
L'endroit le plus avantageux pour tendre une embuscade de ce
genre se trouvait donc sur le chemin de Haynau à Liegnitz. À
1,500 mètres environ de Haynau, on arrive au village de Michels-
dorf, et depuis ce village jusqu'à Doberschau, c'est-à-dire pendant
un parcours de plus de 2,000 mètres, on a à traverser des ter-
rains complètement unis et découverts; seuls les villages de
Pantenau et de Steudnitz, situés dans la vallée que nous avons
indiquée ci-dessus, se trouvent dans un mouvement de terrain.
Toutefois, la plaine est bordée à droite par un terrain très acci-
denté qui commence au village d'Ueberschaar, et qui se compose
de prairies coupées par de nombreux mamelons et par des boc-
queteaux. Le terrain conserve le même caractère jusqu'à Baud-
mannsdorf, qui se trouve à même hauteur, mais à 3 kilomètres
et demi environ à Touest de Doberschau. Il est évident qu'une
semblable configuration est essentiellement propre à tendre des
embuscades à un ennemi qui marche sans précaution. Néanmoins,
il est certain que cet ennemi pouvait, avec Tatlention et la pré-
caulion nécessaires, rendre très problématique le succès d'une
pareille surprise. Il fallait donc que l'embuscade fût assez con-
sidérable pour pouvoir au besoin exécuter une attaque de vive
force, sans quoi toute l'entreprise risquait de dégénérer en une
bagatelle digne tout au plus d'une guerre de partisans.
Nous croyons, du reste, devoir reproduire ici les ordres donnés
il cet effet par Blûcher :
- 58 -
c< Le général à Tinlention d'allirer l'ennemi dans la plaine
entre les villages d'Ueberschaar et de Pohlsdorf, de lui tendre là
une forte embuscade à l'aide de la cavalerie et de rarlillerie, de
le prendre à revers, de le couper de ses communications avec
Haynau et de prendre tout ce qui se sera engagé dans la plaine.
« Les 22 escadrons de cavalerie de réserve du colonel von Dolfs
avec 3 batteries à cheval se posteront sans se faire voir enire
Baudmannsdorf et Ueberschaar.
« L'arrière-garde du colonel von Mutius, 3 bataillons, 3 esca-
drons et 16 bouches à feu d'artillerie à cheval, venant de Stein-
dorf, se portera droit sur Pohlsdorf par la même roule que l'in-
fanterie sous les ordres du colonel von Pirch aura suivie avant
elle. Pohlsdorf est le point qu'on devra conserver à tout prix,
parce qu'en cas d'insuccès ce village est destiné à servir de
réduit. Si l'ennemi s'avance, le général Ziethen avec la brigade
de la Haute-Silésie (8 bataillons 1/2, 3 escadrons et 24 bouches
^ feu), se portera environ à 500 pas en avant avec l'artillerie à
cheval ; il attaquera la colonne, et dès qu'il verra que son attaque
a réussi à jeter le désordre dans les rangs de l'ennemi, il fera j
allumer des feux sur le Windmûhlenberg près de Baudmanns-
dorf; à ce signal, la cavalerie rompra pour tourner et attaquer
l'ennemi.
« Si cette attaque échouait et dans le cas où Ton serait obligé
de se retirer, le colonel von Mutius traversera Pohlsdorf avec la
cavalerie de son arrière-garde et se portera sur les deux ailes de
la position occupée par le colonel von Pirch; il devra, dansée
cas, laisser son artillerie avec un soutien de cavalerie de l'autre
côté du défilé pour arrêter l'ennemi. Le major von Lange avec
son bataillon (bataillon de fusiliers du 1" régiment de Silésie),la
nîoitié du bataillon de Schûlzen de Silésie et les francs-tireurs
des bataillons de Sacken et d'Offenay, sera détaché par le colonel
von Pirch pour former l'arrière-garde. Il ira prendre une bonne
position dans Pohlsdorf et autour de ce village; il fera couvrir
par le demi- bataillon de Schûtzen les points de passage près de
Pohlsdorf, et occuper par les francs-tireurs de Sacken les bois
*nn situés à droite du village, et par ceux d'Offenay ceux qui se trou-
vent à gauche. Le bataillon do fusiliers de Silésie formera la
réserve et sera posté en arrière du centre des francs-tireurs.
« Il y aura, par conséquent, en première ligne, sous les ordres
du colonel von Pifch, le bataillon du major Offenay, le bataillon
du major Koschitzky, le bataillon du major Reichenbach, le ba-
taillon du major Sacken et le bataillon du major Bulow; en
deuxième ligne, le bataillon de grenadiers de Silésie et le ba-
taillon du major Bentheim.
« Les batteries chercheront une position d'où elles pourront
battre avec avantage le défilé de Pohlsdorf ; mais elles ne de-
vront pas se montrer et ne se démasqueront que lorsque leur tir
pourra être efficace.
« Si contre toute attente l'affaire prenait une mauvaise tour-
nure, la cavalerie, postée entre Ueberschaar et Baudmannsdorf, se
mettra en marche en deux colonnes. Tune qui passera par Baud-
mannsdorf, Schirrau et Blumen, l'autre par le moulin do Gohls-
dorf. Le point de rassemblement sera alors Lobendau et en avant
du défilé de Lobendau. On verra à ce moment, en raison des
circoBstances, s'il conviendra de prendre position^ ou si, au coU'
traire, il y aura lieu de continuer la retraite.
« Dans ce dernier cas, les troupes passeront par Rothkirch,
Pollwit?5, entre Tauergasse et Parsdorf, et traverseront la Katz-
bach pour se rendre au bivouac.
« Sur la position en arrière de Pohlsdorf, le 26 mai 1813,
« Von BLiJcHBR. »
En exécution des ordres de Blûcher, le colonel von Mulius
resta en vue de Haynau avec l'arrière-ganle, forte de 3 bataillons
d'infanterie et de 3 régiments de cavalerie légère, jusqu'à ce qu43
l'ennemi s'approchât de cette ville. Afin de pouvoir soutenir cette
arrière- garde, la brigade de la Haute-Silésie, sous les ordres du
général-major von Ziethen, prit position, conformément aux or-
dres donnés, en arrière de Steudnitz, Pantenau et Pohlsdorf, et le
colonel von Dolfs forma ses 22 escadrons dans le mouvement de
terrain en arrière de Baudmannsdorf. Le général Ziethen était
chargé de diriger le combat, et l'incendie du moulin à vent de
Baudmannsdorf devait servir de signal pour l'attaque de la ca-
valerie.
Le 8« corps (Laurislon) formait ce jour-là Tavant-garde de
l'armée française sur la route de Liegnitz, et la division Maison
qui, contrairement à l'attente de Bliicher, ne déboucha de Haynau
que vers 3 heures de l'après-midi, servait de tète d'avant-garde.
- 60 —
On prétend que le général Maison hésitait à s'engager avec sa
division dans celte plaine, avant de savoir que Tavant-garde du
général Reynier était arrivée à sa hauteur, et que ce fut un ordre
formel du maréchal Neyqui coupa court à ses hésitations. Mais ce
qu'il y a de certain, c'est qu'aucune patrouille française ne fut en-
voyée en avant pour éclairer et reconnaître le chemin qui va par
Ueberschaar à Goldberg, pas plus que pour fouiller le terrain sur
le flanc droit de la division, comme le recommandaient cepen-
dant et la prudence la plus sommaire et les règles les plus élé-
mentaires relatives aux mesures de sûreté d'une troupe en
marche. Quand, vers 6 heures du soir, la tête de la colonne fran-
çaise eut laissé le village de Michelsdorf à un peu plus d'un kilo-
mètre derrière elle, la cavalerie du colonel von Dolfs s'ébranla
au trot, parce qu'elle avait encore environ 1800 mètres à parcou-
rir pour arriver à hauteur des troupes du colonel von Mutius. Les
Français, il est vrai, ne s'étaient pas encore engagés tout à fait
dans la plaine, mais comme le signal avait cependant été déjà
donné, comme le moulin de Baudmannsdorf était en flammes, le
colonel von Dolfs forma ses escadrons sur trois lignes. En pre-
mière, la cavalerie légère de la garde et les cuirassiers de Silésie;
en deuxième, les cuirassiers de la Prusse orientale ; en troisiènoe,
les gardes du corps et les cuirassiers de Brandebourg, et, entre
ces deux derniers régiments, les batteries à cheval. Le général Mai-
son, de son côté, dès qu'il avait vu la fumée et la lueur produites
par l'incendie du moulin, ne s'était pas trompé un seul instant
sur la signification de ce signal. Il donna à ses troupes l'ordre
de se former immédiatement en carré ; mais ses soldats eurent
à peine le temps de se réunir en groupes plus ou moins réguliers,
qu'ils étaient déjà chargés avec une violence extrême de front et
ot de flanc. Le colonel von Dolfs avait en effet compris que, l'af-
faire une fois découverte, il ne lui restait plus qu'à charger sans
perdre de temps.
Il fit partir au grand trop les régiments placés en tête, en laissa
deux autres en réserve, et sans attendre son artillerie il profita de
la surprise et du trouble causés par son apparition inattendue
pour se précipiier sur le flanc droit des Français avec le régiment
de cavalerie légèie de la garde, le régiment de cuirassiers de'Si-
lésie et les uhlans de Silésie, pendant que la cavalerie du colonel
von Mutius se jetait sur leur flanc gauche. Les régiments, sans
— Oi-
se laisser arrêter par les volées de mitraille de rartillerie fran-
çaise, chargèrent impétueusement l'infanterie, qui s'était formée
en quatre masses irrégulières.
Pendant que trois des régiments prussiens enfonçaient ces
groupes, que le détachement de cavalerie attaché à la division
Maison s'enfuyait en toute hâte, les cuirassiers de la Prusse
orientale faisaient le tour de M ichelsdorf et cul butaient les troupes
françaises qui se trouvaient entre ce village et Haynau. Les ser-
vants de l'artillerie française, qui avaient enlevé à la hâte les
avant-trains pour tirer à mitraille sur les cavaliers ennemis, se
firent sabrer sur leurs pièces qui, au nombre de 11, restèrent
entre les mains des vainqueurs. Rien ne résista à Timpéluosité
du premier choc*.
En moins d'un quart d'heure, tout ce qui était de l'autre côté
de la Schnelle-Deichsel était en déroute et hors d'étal de com-
battre. Une multitude d'hommes étaient sabrés, 300 ou 400
étaient prisonniers, et le reste s*enfuyait en désordre du côté de
Michelsdorf, culbuté par les cuirassiers de Silésie qui poursui-
virent jusque dans le village un bon nombre de fuyards. Quel-
ques escadrons donnèrent la chasse à ceux qui fuyaient du côté
de Haynau et entrèrent à leur suite jusque dans les faubourgs.
Toute rartillerie resta entre les mains des cavaliers prussiens qui,
faute d'attelages, ne purent emmener que 11 pièces.
Le combat avait duré si peu de temps que 15 seulement des
escadrons de Dolfs et 4 des escadrons du colonel von Mutius dé-
bouchèrent à temps pour prendre part à l'affaire. Les hussards de
Silésie n'entrèrent en ligne que lorsque tout était fini.
L'artillerie prussienne, aussitôt arrivée, dirigea son feu contre
les colonnes ennemies qui, pendant ce temps, avaient passé le
ruisseau au-dessus de Haynau.
L'embuscade de Haynau avait coûté aux Prussiens 21 officiers et
2S0 hommes tués ou blessés; mais parmi les morts on comptait
le colonel von Dolfs et le commandant du régiment de cavalerie
légère de la garde. En revanche, on avait pris aux Français
408 hommes et 18 canons.
Celte brillante affaire de cavalerie aurait pu avoir des consé-
Hiftoire eritiqtiê des exploits et vicUsitudes de la Cavalerie,
— 6Î —
quences plus graves si les Français n'avaient pas immédialemenl
cherché, sur l'ordre du général Maison, à se former en carrés oa
tout au moins à se grouper, et surtout si on les avait laissé s'avan-
cer, sans les attaquer, jusque vers l'entrée du défilé de Pohls-
dort. On aurait pu alors sabrer et cerner tout ce qui se serait
engagé dans la plaine, tandis qu'au moment où l'attaque eut
lieu, une bonne partie de l'infanterie française parvint à se rejeter
dans Michelsdorf, à s'y défendre et à s'y maintenir, parce que les
Prussiens ne pouvaient lancer contre elle aucune troupe d'infan-
terie. On peut tirer toutefois certains renseignements utiles de la
façon même dont on a entrepris et exécuté cette surprise. On as-
surera toujours de bonnes chances de succès à des attaques de
ce genre, pour peu qu'on ait le soin et la possibilité de mettre en
mouvement les hommes et les chevaux avant de les lancer à la
charge et il nous semble que la marche en avant exécutée par
la cavalerie de Dolfs n'a pas peu contribué ici à inspirer de la
confiance et à donner de l'entrain à ses hommes. Enfin, dans un
cas pareil, il paraît utile de se munir de cordes à fourrages pour
pouvoir emmener les pièces dont on s'est rendu maître ^ Toute-
fois, on ne devra songer à emmener les pièces qu'après avoir
complètement bousculé l'ennemi; ou risquerait, en essayant de
ramasser hâtivement les canons, de se faire culbuter par le
moindre retour offensif.
La cavalerie prussienne, une fois le coup fait, se retira jusqu'à
la position de Lobendau, et les Français restèrent à Haynau et
Michelsdorf; le même jour, le 12® corps, qui avait été laissé
jusque-là sur le champ de bataille de Baulzen, reçut l'ordre de
se mettre en marche dans la direction du Brandebourg et de
se porter sur Wittichenau au-devant de Bûlow. Ce corps d'armée
avait pour mission de couvrir les derrières et la gauche de
l'armée française.
La veille même du jour où Blûcher tendait avec sa cavalerie à
* Barclay de Tolly n'approuva nuUement l'affaife de Hayoau. Dans un ordre
du jour qu'il fit à ce propos, il rendit justice à la valeur déployée par les
troupes, mais il recommanda d'une manière formelle de s'abstenir à l'avenir
de semblables entreprises, qui affaiblissent inutilement Tarmée par des efforts
isolés et font perdre de vue le but réel des opérations, qu'on ne peut atteindre
que par l'emploi simultané et bien combiné de toutes les forces dont on dispose.
-63-
la division Maison l'embuscade de Michelsdorf, le capitaine Von
Colomb avait recommencé ses hardis coups de maia.
Le 25 mai, sur celte même route d'Iéna à Géra où deux jours
auparavant il avait enlevé un dépôt de cuii*assiers, le capitaine
von Colomb, qui était retourné se poster dans les bois de Gross-
Buckedra^ attaquait un convoi wurtembergeois escorté par un
officier et 54 hommes. Malgré les difficultés que présentait le
terrain^ l'attaque fut si rapide, si inopinée, que l'escorte tout
entière fut prise par les partisans, qui s'emparèrent en outre de
13 voitures et de 51 chevaux; les partisans se reportèrent ensuite
sur Neustadt.
Ce fut également pendant ces mêmes journées que le lieute-
nant-colonel Borissoff exécuta sur d'autres points une série de
tentatives hardies qui furent elles aussi couronnées de succès.
Lorsque l'empereur Napoléon, obligé de concentrer toutes
ses forces pour livrer la bataille de Bautzen, massa son armée sur
un seul point, plusieurs villes telles que Leipzig et Dessau, par
exemple, que les Français avaient fortement occupées jusqu'à
celte époque, furent, les unes entièrement évacuées, les autres
confiées à la garde de simples détachements. Informé de ces
faits, le général-lieutenant Woronzow qui commandait le corps
de blocus de Magdebourg, résolut alors de détacher sur la rive
gauche de l'Ëlbe plusieurs partis de cosaques et quelques corps
volants. L'un de ces corps, fort de 150 uhlans deVolhynieet d'un
régiment de cosaques, fut chargé, sous les ordres du lieutenant-
colonel Borissoff, du régiment de uhlans de Volhynie, d'aller
battre Pestrade sur la rive gauche de l'Elbe. Le colonel Borissoff
passa l'Elbe à Acken le 22 et envoya des partis à la découverte.
Renseigné par les cavaliers envoyés en pointe, il commença par
enlever un petit corps de cavalerie française (2 escadrons), le
25 mai à Bernburg. De Bernburg il se porta sur Kônern et arriva
pendant la nuit en vue do la ville, dont il fit aussitôt garder
toutes les issues. Â Paube du jour il se précipita dans la ville, et
600 hommes appartenant à un dépôt de cavalerie française n'eu-
rent que le temps de se sauver en toute hâtedans la direction de
Halle; mais arrivés à 15 kilomètres environ de cette ville, au
niomenl où se croyant hors d'atteinte ils marchaient sur la roule
sans s*éclairer, ils furent attaqués par Ic5 cavaliers du colonel
borissoff et mis en pleine déroute après deux heures de combat.
- 64 —
Le général de division Poinsot, 2 colonels, 25 officier&etSOO cava-
liers tombèrent entre les mains des Russes, qui sabrèrent la plus
grande partie du reste de la troupe. Les Russes avaient eu dans
cette affaire 3 officierS; dont un grièvement blessé, et 34 hommes
mis hors de combat. Puis, sans prendre le temps de souffler, les
cosaques s'élancèrent sur les traces d'un convoi de trésorerie
et de bagages qui se dirigeait de Halle sur Mcrseburg, l'attei-
gnirent, s'en rendirent maîtres et ramenèrent leurs prisonniers
et leur butin à Dessau.
L'armée alliée au lieu de continuer à se retirer des bords delà
Katzbach vers l'Oder et Breslau, comme on l'avait d'ailleurs
décidé dès les premiers jours de la retraite, se jeta tout à coup à
droite dans la direction de Schweidnilz en deux colonnes donl
chacune était couverte par sa cavalerie. On voulait de la sorte
se porter sur les derrières et sur les flancs de l'armée fran-
çaise.
L'arrière-garde devait-à cet efl'et, à l'approche de l'ennemi, se
masser en arrière de Liegnilz, y prendre position et arrêter la
marche des Français le plus longtemps possible, pour leur déro-
ber la nouvelle direction prise par l'armée alliée, sans toutefois
s'engager sérieusement.
La colonne prussienne commandée par Blûcher ne se mit en
marche que vers trois heures de l'après-midi, parce que les Fran-
çais ayant modéré depuis le 26 au soir la vivacité de leur pour-
suite, le général crut pouvoir donner un peu de repos à ses trou-
pes, fatiguées surtout par le combat de la veille.
L'arrière-garde des troupes russes et prussiennes, sous les
ordres des généraux Tschaplilz et Ziethen, resta jusque vers le
soir en avant de Liegnilz, passa la Kalzbach en deux colonnes, el
prit position près de Kloster-Wahlstadt après que le mouvement
du gros du corps de Blûcher se fut exécuté sans avoir été remar-
qué.
La colonne de gauche, c'est-à-dire les troupes russes sous les
ordres de Wittgenstein, eut à soutenir à l'arrière-garde com-
mandée par Pahlen un combat de cavalerie assez vif, à la suite
duquel l'arrière-garde dut abandonner Goldberg. La cavalerie
russe qui couvrait celte retraite eut toutes les peines du monde
à se frayer un chemin à travers les cavaliers français qui les
entouraient. Il est bon d'ajouter que les Russes postés à l'aile
— 65 —
gauche servaient de pivot pendant que l'aile droite dérobait sa
marche aux Français.
Le même jour, le 2« corps d'armée (Victor) et le 2* corps de
cavalerie (Sébastiani), qu'on avait détachés de l'armée française à
Gôrlitz pour aller débloquer Glogau et rétablir les communications
avec la Pologne, étaient arrivés avec leur tête de colonne à Sprot-
lau. La cavalerie française y surprit et y enleva des batteries
russes en marche pour rejoindre Tarmée; les rapports français
affirment qu'on enleva à l'ennemi 22 canons, 80 caissons et 500
hommes, tandis que les rapports russes prétendent que la cava-
lerie française ne leur prit que 13 canons et 200 hommes.
De son côté, le 12« corps continuait son mouvement contre
Bûlow, et le 27 mai son avant-garde arrivait à Hoyerswerda qu'oc^
cupait un régiment de cosaques. La plupart de ces cosaques
étaient partis pour faire un fourrage, les autres se gardaient mal.
Ils furent surpris et enlevés par la cavalerie française qui du
même coup s'empara de la ville. Le môme soir, le 12« corps tout
entier était réuni à Hoyerswerda.
La retraite de l'armée alliée continua à s'effectuer le lendemain
28 dans la même direction, sans incidents notables, si ce n'est un
petit engagement qu'eut l'arrière-garde russe du côté de Jauer.
D'autre part, les alliés, informés depuis le 26 de la marche du
2« corps d'armée et du 2« corps de cavalerie que TErapereur avait
chargés de débloquer Glogau, envoyèrent aussitôt au corps de
blocus du général Schûler von Senden l'ordre de lever le siège,
de se replier sur Breslau par la rive droite de l'Oder avec mission
de couvrir cette ville, de se relier au détachement russe du géné-
ral Witte posté à Lissa et Leuthen, et de chercher, à cause des
pourparlers qu'on avait entamés avec l'ennemi, à retarder sa
marche sur Breslau.
Les communications entre les détachements des généraux
Schùler et Witte et le gros de l'armée étaient assurées par le colo-
nel von Mutins avec 7 escadrons de cavalerie qu'on avait envoyés
également du côté de Breslau.
Bùlow essaya ce jour-là de reprendre Hoyerswerda, mais il fut
battu et rejeté dans la direction de Cottbus, Senftenberg et Alt-
Dôbern, après avoir eu plus de 400 hommes hors de combat.
Le 29, les deux armées restèrent en position, pendant que les
négociations pour arriver à la conclusion d'un armistice se con-
M. H, L. 5
- 66 -
tinuaient activement. La journée du 30 se passa également assez
tranquillement. On ne saurait en effet insister sur quelques enga-
gements partiels de cavalerie n'ayant du reste aucune impor-
tance et dus & la rencontre de quelques pelotons isolés.
Pendant ce temps, les partisans du colonel von Colomb qui,
comme nous l'avons dit plus haut, avaient enlevé le 25 un convoi
wurtembergeois sur la route d'Iéna à Géra, apprenaient à Neu-
sladt qu'un gros parc d'artillerie française de 24 bouches à feu et
de 40 voitures était en route de Hof à Chemnitz. Les divers ren-
seignements qu'ils recueillirent leur firent connaître que le parc
avait dépassé Reichenbach et devait rester la journée du 28 à
Zwickau. Ils se portèrent aussitôt dans cette direction et arri-
vèrent le 29 mai, à 5 heures du matin, dans le Pohlwald, entre
Zwickau et Mûlsen.
L'escorte du parc se composait de 6 officiers, 116 cavaliers et
80 hommes d'infanterie italienne, plus une centaine de soldais du
train armés*.
Les cavaliers marchaient en avant et en arrière de la colonne
des voitures, que les fantassins flanquaient des deux côtés. Ayant
surpris la colonne en marche, le capitaine von Colomb ordonna
au lieutenant von Katle de charger avec 30 cavaliers l'avant-
garde, que cet officier surprit et culbuta, pendant que lui-même,
avec le lieutenant von Eckardt et le reste de ses partisans, se
précipitait en même temps sur les derrières et sur les flancs delà
colonne, dont il sabrait et dispersait Tescorte. En raison même
du petit nombre d'hommes dont il disposait (le capitaine von
Colomb n'avait plus avec lui, y compris les officiers et un trom-
pette, que 83 hommes), en raison aussi de la longueur de la co-
lonne formée par le convoi, il dut songer tout d'abord â désar-
mer les fantassins ennemis et ne put, par suite, empêcher une
partie des cavaliers de chercher leur salut dans la fuite. Ces ca-
valiers se rallièrent à Zwickau et conduits par un officier revin-
rent sur les partisans. Le capitaine von Colomb se mit aussitôt à
la tèle d'une parlie de son monde, chargea les cavaliers ennemis,
et après un combat acharné les mit en pleine déroute et les fit
* D'après une relation faite par le lieutenant d*Alinge, grâce à des reosei-
gnemenis recueillis sur place et adressés au g<inéral de Cplomb, le parc étftit
escorte par 7 officiers et 40i hommes, avec 444 chevaux.
— 67 —
poursuivre jusqu'au delà de Zwickau par les lieutônanU von
Katte et von Eckardt, qui lui ramenèrent une trentaine d'hom-
mes et de chevaux. Pendant ce temps, le capitaine von Colomb,
dans l'impossibilité d'emmener le parc dont il s'était rendu maître^
prit ses mesures pour anéantir ce convoi, qui se composait de
18 canons, 6 obusiers, 36 voitures chargées de munitions, 4 voitures
de vivres et 6 voilures de bagages ; 700 chevaux et 300 prison-
niers étaient en outre tombés entre ses mains. Il commença par
faire brûler tout le matériel en bois, fit sauter les voitures de mu-
nitions, encloua les canons pour les mettre hors de service, dis-
tribua tout le fer aux habitants du pays, fit abattre la plupart des
chevaux, en donna quelques-uns, en emmena quelques autres
comme chevaux haut le pied, et pour conserver la liberté de ses
mouvements, il relâcha tous les prisonniers. Les partisans
avaient eu dans cette affaire 1 homme tué et 5 blessés, parmi
lesquels le lieutenant von Katte.
Le capitaine von Colomb ne paraissait pas vouloir s'en tenir là
et l'on prétend qu'il méditait un coup de main encore plus hardi.
Ayant appris par un des officiers faits prisonniers qu'un grand
parc d'artillerie et de munitions, expédié de Strasbourg, était
arrivé près d'Augsbourg, il caressa un moment l'idée de se por-
ter jusque sur le Mein par des marches forcées de nuit, de
tourner alors vers le sud et de tomber sur ce parc lorsqu'il serait
en marche.
Il faut croire que des ordres venus du quartier général empê-
chèrent Colomb de mettre son projet à exécution, car il ne tarda
pas k faire reprendre à ses partisans la route d'Iéna.
Le 28 mai, au soir, le général-major TchernitcheflF avait, de
son côté, fait passer l'Elbe près de Ferchland à son corps, com-
posé de 1200 hommes de cavalerie légère, presque tous cosaques,
et avait en deux jours franchi une trentaine de lieues, de ma-
*e à arriver à l'aube du jour, le 30, aux environs d'Halber-
sladt. 11 avait appris, en effet, qu'un gros parc d'artillerie devait
passer sur ce point en route pour Magdebourg. Il ne réussit pas
1 cependant à surprendre l'ennemi, parce que celui-ci avait été,
' ^^s la veille au soir, infermé de l'approche des Russes par les
%orl8 de la gendarmerie westphalienne. Tchernitcheff, pour
<^eite raison, se porta de sa personne en avant de sa colonne, afin
*^ reconnaître lui-même la position de Tennemi.!] put voir alors
- 68 —
que les Français occupaient une position avantageuse et jodicieD-
sèment choisie en avant de la ville, qu'ils avaient fait serrer le
parc d'artillerie, l'avaient formé en carré, à l'intérieur duqoel
l'infanterie était comme retranchée. De plus, ce carré devoitares
était couvert d'un côté par les jardins voisins, de l'autre par ud
chemin en remblai flanqué d'un fossé profond, tandis que le
centre était protégé par la proximité de la ville, dont il n'éiait
séparé que par une distance de 1500 pas. Le parc était donc placé
de manière à pouvoir se défendre victorieusement contre n'im-
porte quelle attaque de cavalerie.
Le général russe ne tint aucun compte des obstacles que les
bonnes dispositions prises par les Français allaient opposer à la
réussite de son entreprise, et malgré la fatigue de ses hommes
et de ses chevaux, qui venaient de faire plus de 105 kilomètres
en 30 heures, il résolut d'attaquer immédiatement, d'abord parce
qu'il ne voulait pas avoir fait tant de chemin pour rien, ensuite
parce qu'en se retirant sans combattre il craignait de voir diiiiH
nuer à l'avenir la confiance et l'intrépidité de ses hommes, enfin
parce que dans l'état oil se trouvaient les choses, il fallait abso-
lument prendre rapidementun parti. Tchernitcheff n'ignorait pas,
en effet, qu'un autre convoi escorté par 4,000 fantassins et 400 ca-
valiers était déjà arrivé à peu de distance d'Halberstadt. \
Il prit en conséquence les dispositions suivantes pour rat-|
laque :
Le régiment de dragons de Riga et deux régiments decosaquesi
reçurent l'ordre de couper l'ennemi de la ville; les hussards
d'Izoum et un autre régiment de cosaques devaient attaquer di-
reclement le parc, pendant qu'un quatrième régiment de cosaques
élait envoyé sur la grande route de Brunswick pour la surveiller
et prévenir le général de l'approche de l'autre convoi. i
La première colonne réussit complètement à couper rennerni i
de la ville, en s'emparant en un clin d'œil, grâce à la rapidité
et à l'impétuosité de son attaque, de la porte même de la ville.
L'autre colonne contourna le parc. Il s'engagea alors une vio-
lente canonnade pendant laquelle les Russes ne purent opposer
que 2 pièces de 6 livres aux 13 bouches à feu, dont 10 de
12 livres, de l'artillerie française. Mais les 2 pièces russes,
habilement mises en batterie, réussirent à faire sauter en peu de
temps cinq voitures chargées de poudre et à démonter une pi^cp
— 69 —
k ce moment même TchernitcheGf recevait Tavis envoyé par les
cosaques que Tautre convoi s'avançait sur la route de Brunswick.
Il se résolut donc h une attaque générale tentée par tout son
monde. Les cinq régiments se précipitèrent tête baissée et de tous
les côtés à la fois sur le carré et parvinrent enfin à y pénétrer,
sabrèrent une partie des défenseurs du parc, firent un grand
nombre de prisonniers et mirent le reste des 1600 hommes de
l'escorte en pleine déroute. Le général de division von Ochs,
10 officiers et 1000 hommes, 14 canons, 80 caissons et fourgons,
et 800 chevaux du train restèrent aux mains des Russes, aux-
quels ce coup de main avait coûté 4 officiers et 40 hommes tués
ou blessés.
Dès aue le combat fut teiminé, Tchernitcheff envoya deux régi-
ments de cosaques renforcer sur la grande route de Brunswick le
régiment qu'il y avait posté en observation, et qui était depuis
quelque temps déjà aux prises avec l'ennemi.
Les trois régiments arrêtèrent l'ennemi et le forcèrent même à
reculer. Quant au général Tchernitcheff, il resta en position à
Halberstadt avec le reste de sa troupe jusqu'à ce que les canons
et le matériel qu'il avait enlevés eussent pu filer en avant et prendre
une certaine avance, puis il se replia avec tout son monde sur
Kôchstadt, à une vingtaine de kilomètres de là, et repassa en-
suite sur la rive droite de l'Elbe avec toutes ses prises.
Pendant que l'armée alliée continuait à opérer sa retraite sur
la Haute-Silésie, le colonel Figner, du corps Wittgenstein, fut dé-
taché avec ordre d'inquiéter les communications de l'ennemi.
Parti de Liebenthal le 39 mai avec un escadron du régiment de
hussards de Soumy et quelques cosaques volontaires, il se posta,
sans se montrer, près de Seifersdorf, sur la route de Lauban à
liôwenberg. Il avait réussi à apprendre qu'il y avait à Seifersdorf
un détachement d'une centaine d'hommes, qu'il réussit à sur-
prendre et à sabrer. Il se porta de là sur Hermannsdorf, à l'ouest
tle Bunzlau, où il fit un assez grand nombre de prisonniers que,
pour se servir des termes mêmes de son rapport, « il mit dans l'im-
possibiliié de nuire. »
Le 30 mai, il traverse la route de Bunzlau à Haynau et ren-
mtre, près du village de Krabern, deux compagnies d'artillerie
fençaise qui se rendaieni sans canons aux environs de Torgau;
il charge cette infanterie et la massacre. Quelques heures après.
- 70-
sur la route qui mène des environs de Haynau à Princkenau, il
anéantit un autre détachement d'infanterie. Le 31 mai, il arrive à
Neustâdtel, se relie à Bûlow, auquel il livre ses prisonniers.
Figner avait, en trois jours, passé à travers les lignes de commu-
nication, depuis la frontière de Bohème jusque vers Glogau^ et
avait fait perdre aux Français près de 700 hommes.
Le 31 mai, l'armée alliée tout entière se relira sur le camp
retranché qu'on avait établi h Schweidnitz. Son arrière-garde et
le corps du général Schiller von Senden eurent à soutenir ce
jour-là les combats de Gross-Rosen et de Malkwitz, dont nous
n'avons pas à nous occuper, la cavalerie n'y ayant joué aucun
rôle.
L'armée alliée re3ta encore le lendemain mr sa position en
arrière de Schweidnitz; on jugea seulement à propos d'envoyer
U cavalerie légère du général Emmanuel du côté de Falkenberg
pour proléger l'aile droite, et celle du général Landskoï à Peterwitz
avec ordre de passer par la montagne pour inquiéter l'aile droite
ennemie? En même temps, une reconnaissance exécutée par le
%^ régiment de hussards du corps opérant dans la direction de
Neumarkt, (it connaître que les avant-postes ennemis étaient éta-
blis à Leinig et à Tjtzdorf.
Dès le 27 mai, on avait enlanié des pourparlers en vue de la
conclusion d'un armistice et le3 plénipotentiaires convinrent, le
!«' juin, de se réunir le lendemain au village de PleischwitïS
près de Kostenblut, en avant de Jauer.
Les prétentions formulées dans la conférence du 27 mai ayant
été considérées justement con^me inacceptables, puisqu'on de-
mandait à l'Empereur d'évacuer la Silésie, alors que les armées
alliées reculaient de plus en plus et perdaient du terrain de jour
en jour, les négociations avaient traîné gusque-là en longueur.
Enfin, après une seconde conférence tenue le 30 mai à Gebers-
dorf, à 6 kilomètres de Pleischwitz, on finit par s'entendre et l'on
signa un arniistice de 36 heures, qui devait commencer à courir
^ partir du 2 juin à 2 heures de l'après-midi, et que chacun des
belligérants se réservait le droit de pouvoir dénoncer 12 heures
à l'avance.
* Pleischwitz ou Plesswifs.
— 7i —
Aussitôt après la bataille de Bautzen, on avait envoyé sur les
derrières de l'ennerai la général-major KaïssarofiF avec un déta-
chement de cosaques ^t 70 dragons prussiens du régiment de la
Nouvelle-Marche. Le 25 mai, Kaîssaroff surprenait à Taube du
jour un convoi qui allait de Reichenbach à Gôrlitz, dispersait son
escorte, s'emparait de 8 canons, en emmenait 2, et enclouait
les 6 autres que l'approche des renforts français l'empochait
d'enlever. Cette affaire avait coûté aux Français 2 ofSciers et
près de 200 hommes tués ou blessés, 48 hommes prisonniers,
tandis que la perte des Russes s'élevait seulement à il hommes
dont un officier tué.
Le 30 mai, le général Kaîssaroff surprit en arrière des lignes
françaises, qui se trouvaient en avant de Jauer, la ville de Gold-
berg et y fit de nombreux prisonniers.
Le 31 mai, Kaîssaroff attaquait près de Wilhelmsburg ISO cui-
rassiers démontés qu*on renvoyait h Dresde, et qui se jetèrent dans
un château où ils se défendirent à outrance. Quand on se fut
rendu maître du château, il ne restait plus que 2 officiers et à
peine 50 hommes debout.
Enfin, pendant la journée du 30 mai, la cavalerie attachée au
petit corps du général Schûler von Senden surprenait et enlevait
sur la rive droite de l'Oder une patrouille de cavalerie française
forte d'un officier et de 14 hommes. D'autre part, le 5* corps fran-
çais (Lauriston), était entré à Breslau depuis la veille, 29 mai.
La position fortifiée que les alliés occupaient pendant ces der*
niers jours aux environs deSchweidnitz se trouvait complètement
tournée par la droite, par suite de l'occupation de Breslau par les
Français, qui paraissaient avoir l'intention de ne laisser qu'un
corps d'observation devant la position de Schweidnitz et vouloir
porter le gros de leurs forces sur Strehlen pour prendre l'armée
alliée h revers et la cooper en même temps de l'Oder. On résolut
donc, le 8 juin, de ne laisser sur la position de Schweidnitz que
les avant-gardes et de ramener l'armée en trois colonnes sur les
hauteurs de Nimptsch et de Strehlen, afin d'être prêt à parer à
toute éventualité, dans le cas où un armistice d'une certaine durée
ne succéderait pas h la suspension d'armes de 24 heures qu'on
avait conclue ce jour-là. Ce mouvement, qui s'exécuta sans inci-
dent, ne s'acheva que le lendemain, et le 5 au malin on reçut au
quartier général l'avis définitif et officiel qu'un armistice, sur les
- 72 -
conditions duquel nous reviendrons plus loin, avait été signé la
veille à 2 heures de l'après-midi à Pleischwitz*.
Pendant toute Texécution de ce mouvement, les alliés se servi-
rent de leur cavalerie pour couvrir leur marche et former un
rideau. Ainsi, pendant la journée du 3 juin, on envoya le i^ régi-
ment de hussards du Roi occuper Militsch, Trebnitz et Poserilz,
pendant que les avant-postes du régiment allaient jusqu'à Gross-
leseritz sur le chemin de grande communication qui mène à
Breslau.
D'autre part, le régiment de hussards de Brandebourg occupa
les villages de Wetlers et de Petersdorf, et en avant de ce régi-
ment 2 escadrons du régiment de dragons de Brandebourg four-
nirent une autre ligne d*avant-postes qui avait le village de Jor-
dansmûhle pour réduit, et s'étendait par Schwentnig et Pleinitz
jusqu'à Slein sur la grande route de Breslau.
Toute la journée se passa tranquillement. Vers le soir seu-
lement, on apprit au quartier général qu'on apercevait du côté
du Zobtenberg environ 2,000 hommes de cavalerie ennemie qui
paraissaient méditer un coup de main sur le quartier général; on
crut prudent de renforcer la ligne des avant-postes et on fit dou-
bler les postes.
Ce môme jour, le général Schûler von Senden avait poussé un
petit corps de cavalerie dans la direction de Breslau. Cette petite
troupe, ne rencontrant rien devant elle, pénétra jusque dans les
faubourgs de Breslau où elle enleva un poste d'i.ifanterie fran-
çaise, qu'on dut remettre en liberté, contormément aux stipula-
tions contenues dans Tarmistice.
Le 4, on continua le mouvement de retraite; on rallia les 7
escadrons de cavalerie, sous les ordres du colonel von Mulius,
qu'on avait détachés quelques jours auparavant, tandis que les
corps de cavalerie légère des généraux Emmanuel et Kaïssaroff
couvrirent l'aile gauche des alliés du côté de la montagne et sur-
veillèrent l'ennemi.
* Avant de signer Tarmistice de Pleischwitz, l'Empereur écrivait de Nca-
markt, le 2 juin 1813, au duc de Felire : <c Vous venez de voir par les nou •
« veUes du Moniteur qu'on négocie pour uo armistice; il serait probable qu'il
a fût signé aujourd'hui. Gel armistice arrête le cours de mes victoires. Je m'y
« suis décidé pour deux raisons : mon défaut de cavalerie, qui Wk empêche de
« frapper de grands coups, et la position hostile de T Autriche. »
— 73 —
 la fin de la marche, on prescrivit à la cavalerie de couvrir le
camp de la manière suivante :
3 escadrons du régiment de hussards de Brandebourg for-
maient la l^e ligne d'avant-postes dans la direction de Breslau.
Si, comme il eu avait reçu Tordre, le général Lanskoï se trou-
vait posté à Koberwitz et sur la grande roule de Breslau, ces 3
escadrons devaient occuper les villages de Sechwitz, Gross-Sâge-
wilz et Gukelwitz, observer le terrain à gauche jusqu'au Schwarze-
Wasser et à droite vers la Lohe. Ils devaient en outre se mainte-
nir en relation avec la cavalerie du général Lanskoï.
Dans le cas où Koberwitz n'aurait pas été occupé par cet offi-
cier général, les hussards devaient garnir ce village ainsi que le
terrain situé k droite et à gauche jusqu'au Schwarze-Wasser et h
la Lohe.
3 escadrons de dragons de Brandebourg reçurent Tordre d'oc-
cuper leschkowitz etPrisselwitz; ils avaient pour soutiens immé-
diats les â* et 4* escadrons du 2* régiment de hussards du Roi
postés à Wilschkowitz, Stein et Bischkowitz. Ils devaient rester
en communication à droite avec Bohrau, à gauche avec Zoblen
en passant par Nasselwitz et Kûhnau.
Les avant-postes de cavalerie étaient soutenus en arrière par
des troupes d'infanterie.
Le 4 juin, Oudinot avec le 12* corps avait attaqué Bûlow à
Uckau, mais après un combat des plus acharnés, il ne put enle-
ver la ville et /ut même obligé de se retirer après avoir perdu un
millier d'hommes, un obusier et plusieurs voitures de munitions.
Le 12* corps se relira par Sonnenwalde sur Ubigau, oti il reçut la
nouvelle de Tarmistice. Quant aux. troupes de Bûlow, elles
durent conformément aux stipulations de cet armistice se retirer
surBaruth, Miltenwalde et Berlin, où le quartier général arriva
Je 12 juin. Seule la brigade du général von Borstel resta postée
le long de la frontière.
Avant d'exposer en quelques lignes les positions que les deux
armées devaient occuper conformément aux stipulations de Tar^
™îstice, il est bon de dire quelques mots des événements qui s'é-
taient déroulés devant Hambourg.
Après s'être rendu maitre de Haarburg, le général Vandamme,
placé sous les ordres supérieurs du maréchal Davout, avait sus-
pendu toute espèce d'opérations militaires. Le 6 mai, on eut cepen-
^ 74 -
dant h repousser du côté de Zollenspicker une attaque de Telten-
born; le 11 mai, on fit occuper Tlle de Wilhelmsburg.
Le 12, on culbuta un détachement ennemi qui essayait de dé-
barquer. Une autre tentative de débarquement, effectuée quelques
jours plus tard, eut encore moins de succès. Le 21, une division
suédoise venant de Stralsund entra à Hambourg, mais elle re-
tourna sur ses pas le 24. Le 29, le roi de Danemarck, définitive-
ment allié à la France, envoyait une division à Davout, et le 31
les Français entraient à Hambourg, que Tettenborn, se repliant
sur Boitzenburg, avait évacué dans la nuit du 30 au 31 mai. Le
2 juin une brigade danoise occupait Lûbeck, et le 9 juin notifica-
tion de l'armistice était apportée à Hambourg par deux officiers
d'état-major, l'un Français, l'autre Russe.
Les lignes de démarcation arrêtées dans l'armistice, qui devait
durer jusqu'au 20 juillet, étaient fixées de la manière suivante :
En Silésie, la ligne de délimitation de l'armée alliée partait des
frontières de la Bohême, passait par Dittersbach, Pfaffendorf et
Landshut, suivait le Bober jusqu'à Rudelsdorf, et de là, passant
par Boskenhayn et Striegau, suivait le Striegauer-Wasser jusqu'à
Canth et gagnait l'Oder par Bettlern, Oltaschin et Althof,
La ligne que l'armée française ne devait pas franchir, partait
des frontières de la Bohême, arrivait au Bober par Schreibershau
et Reininitz, suivait le Bober jusqu'à Lâhn et rejoignait, à Neu-
kirch, la Katzbach, qu'elle suivait jusqu'à l'Oder.
Le terrain compris entre ces deux lignes était neutre.
Depuis le confluent de la Katzbach, la ligne de démarcation
suivait roder jusqu'à la frontière de la Saxe, vers l'eniboucbure
de la Sprée. De là, elle courait le long des frontières de la Prusse,
arrivait à l'Elbe, à peu de distance de l'embouchure de la Saale,
et suivait l'Elbe, jusqu'à la mer, sauf pour la 32« division mili-
taire, où la zone occupée par l'armée française était délimitée sur
le Bas-Elbe par une ligne qui commençait à Travemunde, suivait
la Trave jusqu'à Lûbeck, en comprenant un rayon d'un mille al-
lemand (7,500 mètres) autour de la ville, et s'étendait de là le
long des frontières du Holslein jusqu'à l'Elbe, près de Bergedorf.
Pour l'armée alliée la ligne de démarcation partait de ce côté
de Dessau, au delà de la Trave, suivait la frontière du Mecklem-
bourg, d'un côté jusqu'à l^ mer, de l'autre jusqu'au lac de Rat-
zeburg, se prolongeait sur HoUenbeek, suivait la Stecknitz et joi-
— 75 —
pail TElbe à Lauenburg qu'elle occupait avec un rayon d'une
lieue.
Toutes les places fortes occupées par les Français avaient un
rayon d'une lieue autour de leur enceinte et devaient 6lre ravi-
taillées tous les cinq jours.
Les deux armées devaient être rentrées le 12 juin au plus tard
dans leurs nouvelles limites.
Pendant les journées qui précédèrent et qui suivirent la con-
clusion de Parmistice, les partisans avaient continué leurs opéra-
tions.
Le petit corps du capitaine von Colomb, que nous avions laissé
dans les premiers jours de mai du côté de Zwickau, après avoir
réussi son coup de main, s'était reporté de nouveau du côté de
Ifeustadt sur l'Orla, près de la route de Weimar à léna, dans les
bois entre Schwabhausen et Magdula, où il rencontra une
partie du corps volant de Liitzow. Le capitaine von Colomb com-.
bina alors avec ce dernier une opération qu'il voulait exécuter en
commun; il se mit avec lui en route pour Plauen, dans l'intention
de pousser de là vers la frontière de Bohême pour y enlever un
corps saxon qui, après la bataille de Kalisch, s'était rendu en
Moravie et devait traverser la Bohême pour rentrer en Saxe ; mai»
il apprit, le 8 juin, que ces troupes étaient déjà arrivées à Zittau.
Le 9 juin au soir, on fit savoir de Schleitz au capitaine von
Colomb qu'un armistice avait été signé avec les Français; il se
dirigea vers l'Elbe en passant par Bûrgel, Freyburg, Deutschen-
Ihal et Weltin, et il bivouaqua pendant la nuit du 22 juin à
Werbzig (ou Wôrpzig), près de Côthen. Le même soir, le général
we^tphalien von Hammerstein, avec 4 escadrons et 1 bataillon
d'infanterie, s'avança pour attaquer les partisans, parce que au
lieu de se conformer aux stipulations de l'armistice, ils n'avaient
pas repassé l'Elbe le 12 juin, et somma les partisans de se rendre.
L'alerte fut donnée aussitôt; les partisans se réunirent en toute
hâte et se retirèrent sur Acken sans que l'ennemi, malgré sa su-
périorité numérique, fCH parvenu à les arrêter. Gomme il n'y avait
iii gué ni bac à Acken, les partisans se dirigèrent pendant cette
même nqit sur Breitenhagen et repassèrent sur ce point sur la
rive droite de l'Elbe. Le 23 juin au inalin, après avoir pris
quelque repos, ils se portèrent sur Gôehren, Leit7,kau et Loburg,
puis sur Schmergo, entre Brandenburg (ît Potsdam, où le capi-
— 76 -
taine von Colomb attendit des ordros. Le petit corps du capitaine
von Colomb avait perdu dans son raid 14 hommes et 21 chevaux.
Pendant celte même période de temps, les généraux Woromoff
et Tchernitcheff avaient, de leur côté, combiné une autre opéra-
tion. Ces généraux, informés qu'à la suite de la marche de la
grande armée française sur la Silésie, le général duc de Padoue
était resté à Leipzig avec quelques milliers de conscrits auxquels
on apprenait le maniement d'armes, sachant en outre que ces
conscrits étaient seuls chargés de garder et de défendre le maté-
riel de guerre de toute espèce accumulé dans celte ville, où se
trouvait de plus la trésorerie générale de l'armée, résolurent de
tenter un coup de main, de s'emparer de ce matériel ou tout au
moins de le détruire.
Le général Woronzoff ayant appris d'autre part qu'aucune
troupe ennemie n'était en marche dans la direction de Magde-
bourg, ne laissa devant cette place, en fait de troupes russes, qu'un
régiment de chasseurs, un escadron de hussards de Pavlograd,
un régiment de cosaques et une compagnie d'artillerie, et, en fait
de troupes prussiennes, que 4 bataillons environ de landwehr.
Les troupes qu'il emmenait avec lui se composaient d<^
3,500 hommes, savoir : le régiment de hussards de Pavlograd
(moins un escadron), le régiment de hussards de Volhynie, deux
régiments de cosaques et 2 batteries à cheval, sous les ordres du
général-major comte Orurk le i¥ régiment; de chasseurs, 6 ba-
taillons de grenadiers et le bataillon de mousqueliers de Sewsk,
sous les ordres du colonel Krassovsky; plus, 1200 Prussiens,
dont 900 fantassins et 300 cavaliers du corps franc de Lûlzow,
sous les ordres du major von Petersdorf.
Le général Woronzoff résolut de se porter sur Leipzig et d'at-
taquer la ville.
La première colonne était celle du général-major Tchernitcheff
qui, avec ses 1200 hommes, devait commencer par faire pendant
quelques jours des démonstrations dans différentes directions,
menacer apparemment certains points afin d'occuper l'ennemi et
de détourner son attention, puis quitter Bernburg le 6 juin au
matin afin d'arriver, conformément aux instructions du général
Woronzoff, devant Leipzig le 7. Il avait à cet effet à parcourir
avec sa colonne une distance d'environ 6S kilomètres en vingt-
quatre heures.
— 77 —
Les 4,700 hommes du général Woronzoff formaient la deuxième
colonne ; ils s'étaient rassemblés au quartier général de Kônigs-
born, passèrent TElbe près de Hohenwarthe dans la nuit du 5
au 6 juin et prirent la grande route de Delitsch à Leipzig.
L'infanterie de celte colonne était transportée sur des voitures.
Les deux colonnes arrivèrent sous Leipzig le 7 juin, à Taube.
Parvenu à peu de distance de Taucha, le général Tchernitcheff
fut désagréablement surpris en apprenant que la cavalerie fran-
çaise était cantonnée non pas à Leipzig, comme il l'espérait, mais
k Taucha même et dans les villages environnants. Cette nouvelle
était d'autant plus grave qu'il fallait forcément passer par Taucha,
où se trouvait le seul pont existant sur laPartha.
Tchernitcheff ordonna donc au major Kullneff d'attaquer ce
village avec le régiment de dragons de Riga, pendant que le colo-
nel Wlassoff, avec deux régiments de cosaques et le régiment de
hussards dlzoum, tournerait l'ennemi par Schônebeck pour
lui couper la retraite. Ces deux officiers exécutèrent rapidement
el avec un plein succès les ordres qu'on leur avait donnés. L'en-
nemi surpris fut culbuté sans pouvoir presque opposer de résis-
tance, et un grand nombre de Français furent mis hors de combat
ou fails prisonniers. Ce ne fut que près de Taucha, où un régi-
ment de chasseurs et un régiment de hussards avaient pris posi-
tion, que le combat devint plus acharné, mais les cavaliers fran-
çais furent finalement obligés de se replier. A ce moment les deux
régiments français, soutenus par des renforts de cavalerie fran-
çaise, avaient pris une deuxième position près d'un bois situé à
l'est de Taucha, et les Russes se disposaient à les attaquer, lorsque
le général Pire s'avança en parlementaire devant les lignes russes,
et annonça à Tchernitcheff qu'un armistice général avait été
conclu. Le général Lamotte faisait au même monient une commu.
nication analogue au général Woronzoff. Les deux généraux fran-
çais offraient de rester en otages jusqu'à ce que les généraux
russes eussent pu faire vérifier l'exactitude de leurs déclarations.
Pendant ce temps, le duc de Padoue avait fait prendre position
à toute la cavalerie cantonnée autour de Leipzig.
La colonne Woronzoff, ou pour mieux dire la cavalerie du gé-
néral Orurk, avait eu, elle aussi, quelque temps auparavant un
engagement avec la cavalerie française, qu'elle avait bousculée,
en lui prenant 4 officiers et 150 hommes.
- 78 -
Tchernitcheff avait fait de son côté 400 prisonniers, dontl co
lonel et 13 officiers.
Les perles subies par les Russes étaient insignifiantes ; mais
les deux colonnes russes durent, en raison de l'armistice,
se replier sur la rive droite de l'Elbe.
Nous avons déjà eu Toccasion de dire plus haut que les géné-
raux Emmanuel et Kaïssaroff, avec leur cavalerie légère, avaient
eu pour mission de couvrir pendant la retraite les flancs de l'ar-
mée alliée, et nous avons essayé d'exposer en gros le rôle joué
par celte cavalerie. Nous nous contenterons d'ajouter ici que les
deux corps enlevèrent à l'ennemi, pendant la retraite des alliés
jusqu'au jour de l'armistice, plus de 800 hommes.
Pour en finir avec les opérations des corps volants, il ne nous
reste plus à parler que de l'expédition tenlée par une partie du
corps franc de Lûtzow, du 29 mai au 18 juin.
400 cavaliers du corps franc de Lutzow et un détachement de
cosaques, sous les ordres du major Elsenwangen, passèrent l'Elbe
le 29 mai à Jerichow el Tangermunde,et eurent le même jour un
petit engagement, qui se termina à leur avantage, avec les avant-
postes de cavalerie française, aux environs de Magdebourg. Le
corps franc, qui se proposait de s'établir à Hof, entre les frontières
de la Saxe et de la Bohême, se dirigea sur Halberstadt, en se por-
tant sur les derrières de l'armée française, se glissant enlre les
troupes en route pour rejoindre cette armée, enlevant des convois,
des officiers et bon nombre de soldats; il traversa Weimar, franc-
hit la Saale le 31 mai et arriva sans encombre dans le Yoigtland.
Le 8 juin, les cavaliers du corps franc eurent dans ces parages
une escarmouche avec la cavalerie bavaroise, qui leur faisait sa-
voir le lendemain qu'un armistice venait d'être signé. A cette
ïiouvelle le major von Lutzow se replia sur Plauen, où il pensait
attendre la confirmation officielle de cette convention, confirma-
tion qui lui fut en effet donnée le 14 juin par les autorités saxonnes
de cette ville. Il quitta Plauen le 15, passa près de Géra le 16,
arriva le même jour à Langenwerzendorf, parvint dans les environs
de Zeitz le 17 et cantonna le soir à Kilz. Ce fut là qu'il fut rejoint
et atteint par le général français Fournier et le général wurtem-
bergeois Norrmunn, avec 6 escadrons de chasseurs à cheval wur-
tembergeois, quelques escadrons de dragons français, 2 batail-
lons d'infanterie et quelques canons.
- 79 -
S'il faut en croire les auteurs allemands, on aurait commencé
par parlementer avec les partisans pour exiger d'eux qu'ils se
missent immédiatement en route vers les bords de TElbe, puis
on les aurait attaqués à l'improviste vers 9 heures du soir et
presque complètement anéantis.
Les auteurs français, au contraire, sont unanimes à protester
contre de semblables assertions et à affirmer que le corps franc
fut attaqué sans qu'on ait essayé de parlementer avec lui, parce
qa'aux termes mêmes de l'armistice, aucune troupe alliée ne de-
vait se trouver après le 12 juin sur la rive gauche de TElbe. Ce
qu'il y a de certain, c'est que Lûtzow ne réussit à s'échapper
qa'avec quelques-uns de ses officiers et 60 cosaques.
Après avoir marché toute la nuit, il repassa l'Elbe le 18 juin
près de Rosslau. Quelques isolés parvinrent seuls à le rejoindre
plus lard.
En terminant ce chapitre, nous devons reconnaître que certains
écrivains allemands plus impartiaux et plus sérieux ont fait jus-
tice du prétendu guet-apens^ qu'on aurait tendu au corps franc
' Lettre de TEmperear au prince de Néuchatel et de Wagram, major-
général de la Grande Armée, à Dresde.
« Dresde, 22 Jaia 1813.
t MoQ «ousin, prévenez lei commissaires de Neamarkt de ce qui est arrivé
« du côté de Leipzig. Vous leur manderez qa'ayani fait connaître Tarmistice
(( (lès le 8 au major Lûtzow, il a déclaré qu'il ferait la guerre pour son compte ;
<t que du 8 au 48 il a continué à mettre des contributions en Saxe, à arrêter
« lesmaUes de Bavière et celles de Dresde, et à arrôter les hommes isolés et les
« employés de l'armée qu'il trouvait sur la ligne ; qu'alors on a fait marcher
(' des troupes contre lui ; que ce n'est que quand il les a vues à une journée de
« Plauen qu'il s'est décidé à en partir ; que, arrivé auprès de Leipzig on lui a
« a offert de le conduire dans cette ville pour qu'U restituât ce qu'il avait
« pris depuis l'armistice, et qu'il s'est engagé alors une affaire avec un détache-
« ment wurtembergeois peu nombreux et qu'il espérait pouvoir culbuter;
^ qu'enfin des Prussiens du côté de Dessau prétendant ne pas être de l'armée
" de Barclay de ToUy, ne veulent pas reconnaître l'armistice.
« Les commissaires doivent savoir cela pour diriger leur conduite, quoique
« l'armistice porte expressément que tout le monde sera rentré dans les lignes
de démarcation fixées avant le 12. »
L'empereur Napoléon au même.
« Dresde, 28 Jain 1818.
(( Mon cousin, écrivez au général Castex qu'il est indispensable qu'il fasse
(( former le nombre de colonnes nécessaires, commandées par des officiers intel-
-so-
dé Lûtzow, et ont vivement protesté contre les bulletins qui, en
dénaturant la vérité, ont prétendu voir dans ce fait un trait
honteux caractérisant Tesprit et la manière dont les Français
font la guerre. En représentant ce fait comme un acte de viola-
tion des conventions militaires et du droit des gens, on n'a cher-
ché, ces écrivains impartiaux sont les premiers à le reconnaître,
qu'à déchaîner contre les Français les passions populaires, à
stimuler le réveil du patriotisme et à raviver les haines contre
l'ennemi héréditaire.
Enfin, avant de reprendre le récit des événements militaires
qui ont suivi la rupture de l'armistice du 4 juin, il nous a para
intéressant de consigner ici l'opinion émise parle capitaine (plus
tard général) von Colomb sur l'emploi des partisans et sur les
services qu'ils peuvent rendre.
« Il me semble, dit le général von Colomb en terminant le récit
des coups de main opérés par ses cavaliers volontaires pendant
la première partie de la campagne de 1813, que les petites opé-
rations de guerre tentées en pays ami ou en pays bien disposé
peuvent être d'une grande utilité, surtout si on leur donne l'ex-
tension voulue. Jamais, du reste, les circonstances n'ont été plus
favorables que pendant cette campagne.
« Les habitants portaient partout le plus vif intérêt aux parti-
sans, nous aidaient toutes les fois qu'ils le pouvaient, nous four-
nissaient des renseignements et se réjouissaient avec nous de la
réussite de nos entreprises.
« L'apparition de ma petite troupe tantôt ici, tantôt là, avait
donné naissance à toutes sortes de rumeurs. On en vint de suHe
à exagérer énormément le nombre des hommes placés sous mes
ordres ; on déclara qu'il était impossible de se servir des routes
en toute sécurité, etc., etc.
« Aussi peut-on à bon droit se demander ce qui serait arrivé
si l'on avait fait battre la campagne par six autres petits corps
« ligents, pour aller à la recherche des partisans prussiens et les arrêter partout
« où on les rencontrera.
« Témoignez mon mécontentement au duc de Padoue de ce que le partisan
« Gulomb n'est pas encore pris et qu'il n'annonce point l'arrestation àe^
« débris de la baude de Lutzow. »
- 81 -
de même nature, si Ton avait attribué à chaque commandant de
corps volant un rayon déterminé qu'il aurait exploré de préfé-
reDce, sans toutefois l'obliger à y rester quand même, si chacun
de ces petits corps avait communiqué ses renseignements aux
corps voisins; enfin^ si plusieurs d'entre eux avaient tenté en
commun de frapper deux ou trois grands coups.
« Pour moi il est hors de doute qu'en agissant de la sorte^ on
aurait si complètement coupé les communications de l'ennemi
depuis TEms jusqu'au lac de Constance, qu'il lui aurait été im-
possible de faire passer un convoi sans l'aide d'une forte escorte.
En enlevant 500 à 600 chevaux à l'innombrable cavalerie dont on
disposait, on ne l'aurait pas affaiblie et l'on aurait fait à l'ennemi
un mal incalculable. »
CHAPITRE IV.
DEPUIS LA RUPTUBB DB l'ARMISTIGB JUSQU'A LA GONGBNTRATION ET LA
RéumON DES ARMÉES ALLIÉB3 AUTOUR DE LEIPZIG (10 OCtobrc)*
L'armistice avait été dénoncé le 10 août au soir, et dès le 12
Metternich remettait à l'ambassadeur de France à Vienne la dé-
claration de guerre de l'Autriche, qui, après avoir offert sa mé-
diation au moment de la conclusion de l'armistice du 4 juin, se
alliait définitivement, deux mois plus tard, à la coalition. II ne
saurait entrer dans le cadre d'une étude de ce genre d'essayer
même de résumer les différentes négociations qui remplirent
cette période ; mais en revanche il est indispensable d'exposer
quelle était, au moment de la rupture, la situation respective des
belligérants, sans toutefois arriver pour cela jusqu'à la discus-
sion et à l'examen des causes qui ont pu déterminer, tant Tem-
pereur Napoléon que les souverains alliés, à interrompre les opé-
i^tioQs pendant deux mois. Qu'il nous soit seulement permis
de dire que Napoléon a plus tard reconnu, dans le Mémorial
* Sainte-Hélène, qu'il n'aurait pas dû accepter d'armistice
après la victoire de Bautzen. « j'étais à Breslau, dit-il dans
^^ Mémorial; en continuant k marcher j'aurais rejeté les Russes
filles Prussiens de l'autre côté de la Vistule; les Polonais au-
M. H, L. 6
raient repriii les annes et mon beau-père n'aurait jamais osé se
déelarer ouvertement contre moi. »
D'après les états officiels de situation sign4m par Barclay de
Tolly, à la date des 1*^ et iO juin 1813, l'effectif des armées al-
liées s'élevait à cette époque à 468,436 hommes et1213i>onGhes I
feu. Deux mois plus tard, l'armée française qui, k la date ài
i«r mai 1813, à la Teille de Lutaen, se composait de 2OS,000
hommes et 980 canoni, présentait, d'après Vaudoncourt, sans
y comprendre les troupes enfermées dans les places^ mais ea y
comptant cependant le 43* corps (Davout) et le corps d'obser-
Tation de la Bavière, un effectif total de 348,100 hommes. D'a-
près Tétat fourni k l'Empereur le 6 août par Berthier, l'effeetif
total s'élevait, au contraire, à 441,228 hommes avoo environ
1200 bouches à feu. Bernhardi, d'autre part, dans son ouvrage
(Denkwûrdigkeiten des Grafen von Toit), donne, sans l'artille
rie, un total de 370,000 hommes environ, et enfin Plotfao arrive
au chiffre de 381,000 hommes et 1300 bouches à feu, sans com-
prendre dans ce total 80,000 hommes qui constituaient, d'après
lui, les garnisons enfermées dans les places encore entre les
mains des Français*.
Pour ce qui est de l'effectif des armées que les alliés allaient
opposer à l'Empereur, les données sont également assez contra-
dictoires. Tandis que, d'après Vaudoncourt, l'araaée de Bohême
comprenait 233,180 hommes, celle de Silésie 129,300 hommes,
celle du Nord 144,000 hommes, le corps de PElbe inférieur
(Wallmoden, Yegesack, Dôrenberg) 88,200 hommes, l'armée de
Benningsen 89,980 hommes, soit un total de 601,600 hommes.
Plolho attribue à Parmée de Bohême 237,700 hommes et 698
* n est curieux de Toîr combien l'Empereur se préoccupait des moyens de
parer aux coups à» main des partisans et des eoureurs des atliés. Le S jTdTki^
dans une Wlire qu'il adressait au général Mliard à propos de rot^aaisation
de la cavalerie de Tarmée^ il disait :
« Mon intention est qu'il soit formé dans chacun des quatre corps de cava-
lerie, mi corps d» partisans de 1500 hommes, conmandé par qa géaéral de
brigade qui ne recevrait que l'instruction générale de battre le psçs pour éclai-
rer la marche de l'armée et aller à la recherche des partisans ennemis. 11 fau-
drait trouver pour ces commandements quatre hommes dans le genre du géné-
ral Am^. Ces corps de partisans feraient partie respectiveoieni d*aii corps de
cavalerie, de manière que quand leuis hottunes seraient latigiiiéa^ ils pourraieat
être relevés par d'autres détachements du même Corps^
— 83 —
touches à feu, iB4,000 hommes et 387 canons à l'armée du
(ord, y compris le corps de TElbe, 95,000 hommes et 356 ca-
lons à l'armée de Silésie, soit un total de 486,700 hommes et
441 bouches à feu.
Les coalisés pouvaient donc mettre en ligne, lors de la rupture
le l'armistice, d'après les chiffres donnés par Vaudoncourt,
)41,6SO hommes, et d'après Plotho 486,700 hommes avec 1441
)oaches h feu; enfin Bogdanovitch, de son c6té, arrive à un total
mr l'armée mise en ligne à la rupture de Tarmistice, de 494,935
Sommes et 1383 bouches à feu; ces chiffres sont ceux qui résul
tent des états que Barclay de ToUy fit établir à la date des 21 juil-
let et 1« août, de l'ordre de bataille de l'armée autrichienne de
Bohême, des états d'effectifs fournis par les généraux Langeron
elSacken. A ce total il convient encore d'ajouter Tannée de Po-
logne, qui rejoignit vers la fin de septembre et qui comptait, d'a-
près les rapports du général Benningsen, en date des 11 et 15 sep-»
tembre, 59,052 hommes et 198 bouches à feu.
Dès les premiers jours qui suivirent la conclusion de l'armis-
tice, les alliés se préoccupèrent du plan d'opérations qu'il impor
;to d'établir afin d'arriver à une action commune de toutes les
forces coalisées, et dès le 12 juillet le plan général, arrêté dans
ses dispositions principales, était consigné dans le protocole de
la conférence de Trachenberg, protocole qui fut aussitôt commu-
wqué par le général Diebitsch en personne à l'empereur d'Au-
Ue. Ce fut aussi conformément aux dispositions contenues
ians ce protocole que les marches de concentration des alliés
^effectuèrent avant que l'armistice n'eût été dénoncé, avant que
'Autriche n'eût envoyé sa déclaration de guerre.
En raison même des dispositions prises par les alliés et de la
lonnation de trois armées opérant chacune sur un théâtre de
guerre différent, il nous sera difficile de suivre constamment
l'ordre chronologique, et pour arriver à une clarté plus complêtct
îous serons parfois obligés d'envisager dans une partie de notre
l^vailune période déterminée de jours.
I Bès le 14 août, Blûcher prescrivait aux généraux placés sous
"es ordres d'envoyer le lendemain matin des reconnaissances de
cavalerie dans la direction de la Katzbach ; ces reconnaissances
devaient s'abstenir de toute espèce d'hostilités ; en revanche,
^fe avaient ordre d'attaquer toute troupe ennemie qu'elles
— 84 —
apercevraient dans la zone neutre. Le 15 août au matin, te
troupes des avant-postes de Blûcher restèrent sous les arme
pendant tout le temps que durèrent les reconnaissances. L'a»
de celles-ci, faite par le lieutenant-colonel von Lôbenthal, fit coq
naître qu'il n'y avait plus de troupes ennemies entre Meertscbûli
et Liegnitz. Le colonel n'y avait ramassé que quelques traîDarii&
Ses uhlans étaient même entrés jusque dans les faubourgs di
Liegnitz, où ils avaient échangé quelques coups de fusil avec uj
poste français établi sur l'autre rive de la Katzbach. Le lieat'
nant-colonel von Lôbenthal resta pendant la nuit du 15 au \i
Meertschûtz, et poussa le lendemain 16 jusqu'à Peterwitz.Leli
demain 17, Gneisenau, chef d'état-major de Blûcher, fulcbai
de conduire en personne une reconnaissance dirigée sur
berg et destinée à confirmer les renseignements parvenus i
quartier général et qui tendaient à établir que les Français qi'
talent la rive gauche de la Katzbach pour se retirer vers
Bober.
Le 18 août, pendant que sa cavalerie continuait à conserver 11
contact de l'armée française et à la suivre pas à pas dans sare**
traite, Blûcher prescrivait aux généraux Langeron et York 1^
faire partir des corps volants, l'un sous les ordres du général*
major Kaissarofif qui devait chercher à pousser vers Dresde et iù
quiéler les routes menant de Gôrlitz à la capitale de la Sax
l'autre moins important sous les ordres du major Falkenhausfl
qui devait battre le pays du côté de Naumburg,
Le général Kaissaroff avait poussé ce jour-là jusqu'à U^
mais attaqué par la brigade italienne Zucchi, dull« corps, il f
rejeté et obligé de rétrograder jusqu'à Hirschberg.
Certains auteurs allemands prétendent que le détachenifl
Kaissaroff culbuta la brigade Zucchi en lui faisant subir i
grandes pertes. Mais, après avoir consulté de nombreux doci
ments, il est pour nous hors de doute que ce détachement ft^
contraire rejeté le 18. L'échec qu'il éprouva obligea, en effet,
corps de Langeron à s'arrêter à Schônau, et empêcha Blûcr
de continuer son mouvement en avant pendant la journée
18 août.
A la même époque, le prince royal de Suède, par Tordre d
du quartier général de Potsdam le 16 août, détachait qu^'î'
régiments de cosaques, auxquels il promettait 500,000 rouW
i
- 88 —
de récompense s'ils réussissaient à enlever l'Empereur qui,
d'après les renseignements qu'on lui avait fait parvenir^ devait
se rendre à Baruth escorté seulement par deux régiments de ca-
valerie; selon quelques auteurs l'escorte de l'Empereur ne se
composait même que de deux escadrons.
Le 17 août au matin, toute la cavalerie employée sur la ligne
des avant-postes de l'armée du Nord se portait en avant, et le
détachement du général Orurk, posté à Faile droite, se dirigeait
vers l'Elbe, du côlé de Coswig, Wittenberg et Jûterbogk, pen-
dant que des corps volants de cavalerie, envoyés en avant par le
général Borstel, surprenaient du côté de Baruth les villages de
Zesch, Hûckendorf, Domwalde, Priera et Briesen, y enlevaient
un colonel bavarois, 4 officiers, 146 hommes et 70 chevaux.
Les cosaques qui marchaient à l'avant-garde des troupes du
général Thûmen poussèrent également vers Baruth, et firent
quelques prisonniers du côté de Theerofen, Schônwerde et
Trebbin, pendant que le capitaine comte Wedel, de l'avant-
garde du général Wobeser, prenait à Lûbben 3 officiers et
oO hommes, et que le lieutenant-colonel von Marwitz passait
TËlbe du côté de Uavelberg, enlevait des prisonniers, s'emparait
des convois de vivres et prenait à Osterburg une caisse de régi-
ment contenant environ 30,000 francs. Toutes ces reconnaissances
et toutes ces pointes avaient eu, en outre, l'avantage de procurer
an prince royal de Suède des renseignements positifs sur la posi-
tion des Français, et de lui faire savoir que l'ennemi se concen-
trait à Baruth et paraissait avoir l'intention de prendre l'offensive.
B'autre part, le colonel von Lôwenstern, du corps Winzinge-
rode, que l'on avait plus particulièrement chargé de la mission
d'enlever l'Empereur, et qui devait à cet effet se porter sur les
lignes de communication de l'armée d'Oudinot, chercha par tous
les moyens possibles à cacher le mouvement qu'il allait entre-
prendre avec deux régiments de cosaques. Il se mit en marche
le 17, et faisant mille détours, il passa par Jûterbogk et Schwei-
nitz pour se porter sur Herzberg. En route,, il rencontra et atta-
qua près d'Oehna un bataillon d'infanterie qu'il culbuta, et au-
quel il enleva 300 prisonniers qu'il envoya sous escorte au gé-
néral Orurk, posté à Belitz. Un peu plus loin il enlevait 130 fan-
tassins désarmés qu'il trouvait sur son chemin, et le même jour
il arrivait à Herzberg, où il apprenait le lendemain que l'Empe
reur a^ait pris la route de Silésie poar soneiller les opératiom
dirigées contre Blûcher; mais ayant de rejoindre l'armée, Lô*
wenstern, se porta sur Sonnenwalde, où ses cosaques lui avaienl
signalé l'apparition d'une colonne ennemie qui, attaquée à l'im-
proviste et mise en déroute par le régiment de cosaques PopoS
n« 13, perdit dans cette afTaire plus de 500 prisonniers, toutes
ses voitures et sa caisse qui contenait 700,000 francs. Le 24 août,
le lendemain de la bataille de Gross-Beeren, Lôwenstern rejoi-
gnait Tannée avec toutes ses prises à Belitz.
Le 18 août, la division de cavalerie polonaise Dombrowski,
forte de trois régiments, qui fournissaient les avant-postes frao-
çais, attaqua les cosaques et la cavalerie légère des alliés, el
après quelques engagements assez insignifiants les rejeta jus-
qu'en arrière de Jûterbogk, Belzig et Zerbst. Le môme jour, le
corps volant du major Helwig était entre Kummersdorf et Schôn-
weide, tandis qu'un régiment de cosaques était posté à Lûcken-
walde, et que trois escadrons du régiment de cavalerie nationale
prussienne étaient chargés d'assurer et de maintenir les commu*
nications entre les brigades Borstel et Thûmen.
Le maréchal Davout, de son côté, commençait les opérations
contre l'extrême droite des alliés; d^s le 17 août, il franchissait
la ligne de démarcation avec deux petites colonnes forte chacune
d'environ 3,000 hommes et 6 bouches à feu, qu'il dirigeait l'une
contre Môlln, l'autre contre Lauenburg. La colonne dirigéô
contre Môlln réussissait à surprendre le régiment de cosaques
qui y était posté, tandis que l'autre colonne était au contraire
arrêtée devant Lauenburg, qu'elle ne réussissait à enlever que
deux jours plus tard.
Nous n'avons pas jusqu'ici parlé de ce qui se passait à rarmée
de Bohême, parce que les premières escarmouches n'eurent lieu
de ce côté que le 19 août. Hais avant même d'exposer ces événe-
ments, il nous parait indispensable de dire quelques mots des
intentions des alliés et du plan de l'Empereur.
Les alliés, conformément au plan élaboré lors des conférences
de Trachenberg, avaient résolu de porter le gros de leurs forces
en Bohême. Le 11 août, les troupes russes et prussiennes desti-
nées à aller renforcer l'armée de Bohême avaient quitté la Silésie
en quatre colonnes (corps Wittgenstein et Kleist)qui étaient arri-
vées, l'une à Melnik le 16, l'autre à Elb-Kostelelz le 17, la 3« à
-~ 87 -
Meerstchatz le même jour «t la 4« à Mochow le 19. Les trois pre-
mières colonnes se concentrèrent le 19 à Buddin, où la garde et
les réserves russes, sous les ordres de Barclay de Tolly, se trou-
vaient déjà depuis le 13. Conformément au plan général, l'armée
de Bohème devait prendre l'offensive, et celle de Silésie rester sur
la défensive jusqu'à ce que les progrès de Schwarzenberg lui
eassent permis de se porter en avant. Enfin» le corps de Saint-
Pfiest, posté à Landshut, devait opérer entre les deux armées,
soit dans la direction de Gabel, soit dans celle de Hirschberg et
Greifeoberg.
L'Empereur^ de son côté, avait disposé son armée de manière
à porter les premiers coups en Silésie» en même temps qu'il in-^
quiéterait la droite de l'armée autrichienne et menacerait ses
communications avec la Silésie. Il ne croyait pas que la jonction
de Tannée russo^prussienne tveo la grande armée autrichienne
pût être un fait accompli aussi peu de temps après la rupture de
l'annislice.
Le IS août, il quittait Dresde avec sa garde, et le 18 il était à
Gôrlltz, se préparant à faire sur la Bohême un mouvement qui in-
quiéterait les communications de Tarrnée autrichienne avec l'ar-
mée de Silésie. Deui routes, en effet, partaient à cette époque de
Zittau, Tune menant en Silésie par Reiehenberg etGitschin, l'au-
tre conduisant à Prague par Gabel et Jung^Bunzlau. Gomme
l'Empereur était convaincu que l'Autriche avait attendu le der-
nier jour du congrès pour se déclarer contre nous et la fin de
Farmistice pour agir^ il pensait qu'un corps français débouchant
par Gabel et Reiehenberg, devrait rencontrer vers Gitschin la
tête des troupes venant de Silésie.
Aussi se décida-t-il à opérer un mouvement de ce côté dès le
19 août.
Mais avant de rendre compte des événements, peu impor-
tants d'ailleurs, de cette journée, il sera bon de dire quelques
mots du terrain qui forme de ce côté la frontière de la Saxe et de
la Bohême, terrain qui allait, pendant plus d'un mois, devenir le
théâtre d'opérations d'une importance capitale .
Pour passer de la Bohême en Saxe S il faut d'abord franchir
^ Vaudoncourt, Campagne de 1813; hogdsiûOYfiich, Histoire àe la campagne
^ 1813.
I Rrzgebirge^ dont l'altitude moyenne varie entre 2^000 et 2,500
pieds et qui s'étend parallèlement à la vallée de l'Eger. Les
pentes de TErzgebirge du côté de la Bohème sont générale-
ment très raides et couvertes en grande partie de bois. Les som-
mets des montagnes de TËrzgebirge forment une série de pla-
teaux dominés çà et là par quelques hauteurs.
Le versant nord> au contraire, s'abaisse en pente douce, mais
il est, en revanche» sillonné par un si grand nombre de ruis-
seauXy formant une quantité considérable de petites vallées, qu'il
est plus difficile de faire mouvoir une armée de ce côté que sur
les pentes abruptes qui descendent vers la Bohème. L'absence
de routes praticables augmentait encore les difficultés naturelles
du terrain. Il n'y avait, en 1813, que deux grandes routes : Tupe
allant de Tôplitz à Dresde, dont le profil était très accidenté,
Tautre de Kommottau par Marienburg et Ghemnitz à Leipzig.
On rencontrait, en outre, dans toute cette région sept autres
routes de moindre importance :
1® Celle d'Âussig par Kônigstein et Pirna par Schneeberg;
2<» Celle de Tôplitz à Dohna par Geyersberg-Fûrstenwalde,
Breitenau et Hennersdof ; de Fûrtenswalde partait une route qui
conduisait à Dresde par Glashûtte, Maxen et Lockwitz ;
S"" Celle de TOplitz à Dresde par Zinnwald, Altenberg, Falken-
hayn et Dippoldiswalde;
4« Celle de Tôplitz à Freiberg par Niklasberg et Frauenstein;
5' Celle de Dux à Freiberg par Reichenberg ;
60 Celle de Brûx à Freiberg par Johnsdorf, Einsiedel et
Seyda;
70 La grande route qui se détache de la chaussée de Leipzig à
Marienberg.
Le 19 août, l'Empereur se rendit à Ziltau et s'avança jusqu'à
Gabel avec le 8« corps, tandis que la division de cavalerie polo-
naise du général Ulminski poussait jusqu'à Friedland et Reichen-
berg et que Lefebvre-Desnouettes, avec une division d'infanterie
et une de cavalerie de la garde, occupait Rumburg et Georgen-
thal, afin de couvrir les flancs du mouvement. L'Empereur vou-
lait évidemment alors faire croire à un mouvement sur Prague.
Mais arrivé à Gabel, il apprit qu'il avait devant lui la division
légère autrichienne de Bubna, et que les troupes de fiarclay de
Tolly, les corps de Wiltgenstein et de Kleisl étaient déjà arrivés
à hauteur de Prague, où se trouvaient les souverains coalisés.
Bien que cette concentration indiquât l'intention d'attaquer la
ligne d'opération de l'armée française par Dresde, il était ce-
pendant important pourTEmpereur de menacer d'abord l'armée
de Silésie, de paralyser immédiatement ses mouvements et d'agir
d'autant plus rapidement que Dresde, couvert par le 14® corps,
était encore hors d'état d'opposer une résistance sérieuse. L'Em-
pereur arriva, en effet, le 21 à Lôwenberg.
Pendant ce temps, Blûcher avait donné à ses colonnes Tordre
de reprendre, dès le 19, leur mouvement en avant. Ses avant-
postes de cavalerie, sous les ordres du lieutenant-colonel von Lo-
benthal, et sa cavalerie de réserve,commandée par le colonel von
Jurgass, se mirent en route, dès 2 heures du matin, se dirigeant
sur Deutmannsdorf et l'Hirsenberg, et ne tardèrent pas à s'enga-
ger avec les postes avancés du 5« corps qui résistèrent de ce cdté
jusqu'à ce que le colonel von Katzler eût tourné avec quelques
escadrons l'Hirsenberg et obligé les Français à repasser le Bober
et à brûler le pont.
Le corps Sacken, en se portant sur Bunzlau, se heurta près de
Kreibau contre les avant-postes du 6^ corps, qu'il força à la re-
traite et qu'il fit poursuivre jusqu'à Thomaswaldau par sa cava-
lerie, sous les ordres du général Wassiltchikoff. L'avant-garde de
Langeron, sous les ordres du général Rudsewitch, passa le Bober,
repoussa le petit poste français de Siebeneichen et enleva avec
ses cosaques les papiers et les bagages du maréchal Macdonald
ainsi que 10,000 ducats. L'arrivée d'une brigade du 11* corps
obligea les Russes à repasser le Bober, sans réussir toutefois à leur
enlever leurs prises.
Le lendemain 20, le 2« corps prussien, après avoir soutenu un
combat à Thomaswaldau, se retirait en arrière de Bunzlau et
faisait sauter les ponts du Bober pendant que la cavalerie d'a-
vant-garde du lieutenant-colonel von Lôbenthal et la cavalerie
de réserve du colonel von Jurgass pressaient vigoureusement à
Plagwitz l'arrière-garde de Lauriston.
Hais le SI au matin, l'Empereur était arrivé à Lôwenberg avec
sa garde, et, dès midi, il faisait attaquer l'ennemi qui, obligé de
se retirer en arrière de la Deichsel, prit position entre Adels-
dorf et Pilgramsdorf. La retraite des Prussiens avait été couverte
par un régiment de chasseurs à cheval et plusieurs escadrons de
- 90 -
cosaques de l'Ukralae, celle du corps Sacken par les régiments
de dragons de Smolensk et de Gourlande» qui furent obligés de
charger à plusieurs reprises pour dégager l'infanterie. Le lende-
main 22, Blûcher continua sa retraite jusque vers la Katzbach.
Le 23 au matin, au moment où Blûcher prescriyait aux géné-
raux sous ses ordres de se porter en avant, il était lui-même vi-
goureusement attaqué à Goldberg par les S« et 11« corps et le 2^
corps de cavalerie; 12 escadrons de cavalerie française profité*
rent du désordre qui se produisit dans les bataillons de l'aile
droite des alliés et les rompirent, mais une charge des uhlansde
Brandebourg et de 2 régiments de cosaques du corps Langeron
les empêcha de percer pins avant. Un peu plus tard, 24 esca-
drons fondirent sur rinfanterie prussienne, qu'ils ne parvinrent à
rompre qu'en partie, grâce à l'exemple donné par le prince de
Mecklembourg, qui fut obligé de se jeter dans la mêlée un dra^
peau à la main.
L'infanterie prussienne fut cependant forcée de se replier et
fut constamment poursuivie par la ca\alerie française, que les
hussards de Mecklembourg ne parvinrent pas à arrêter. A la
droite des alliés, la cavalerie française fut moins heureuse contre
les dragons de Kiew et le régiment de chasseurs à cheval de
Livonie du général Emmanuel, qui réussirent à couvrir la re-
traite.
La journée du 23 avait coûté cher à l'armée de Silésie, et
Blûcher, renonçant pour quelque temps à l'offensive, se résolut
à concentrer son armée à Jauer pour lui donner le temps de se
refaire.
L'Empereur, rappelé à Dresde par la marche en avant de l'ar-
mée de Bohême et voyant l'armée de Silésie rentrée dans ses
anciennes positions, se remit en route le soir même, laissant à
Macdonald la direction des opérations contre Blûcher.
L'armée de Bohême avait, en effet, quitté ses positions le long
de l'Eger, les 19 et 20 août. Elle se proposait de passer TErzge-
birge, d'atteindre la chaussée de Dresde pour se porter de là soit
sur Dresde, soit sur Leipzig. Wittgenstein devait suivre la chaus-
sée de Tôplitz à Dresde; le gros de l'armée autrichienne mar-
chait par Kommottau et Sebasliansberg sur Marienberg et Zwic-
kau, et le corps Kleist sur Brix et Seyda. Bien que l'entrée en
Saxe de l'armée de Bohême ne dût s'effectuer que le 22, Schwar-
- 91 -
zenberg avait tenu néanmoins à atteindre avec ses tètes de
colonnes les déboachés de l'Ërzgebirge, avant que Tennemi ait
réassi à s'établir sar les routes de Tdplitz àNollendorf, de Tôplitz
à Fûrstenau par le Geyersberg, de Brix à Seyda, de Kommottau
à Harienberg et de Bresnitz à Harienberg. L'armée de Bohème
employa la journée du 21 à Texëcution de ces mouvements.
Le lendemain 28, l'armée de Bohème, formée en quatre co-
lonnes, franchit la frontière de Saxe et ne trouva devant elle que
le 14^ corps, composé presque entièrement de conscrits. De ses
quatre colonnes, l'une, celle de Kleist, eut une légère escar-
mouche avec la cavalerie française. Son avant-garde, sous les
ordres de Ziethen, surprit en arrière de Johnsdorf un piquet du
2^ régiment de chasseurs à cheval qui, chargé à l'improviste par
le régiment de cosaques de Jagodin et le 2* régiment de hussards
de Silésie, laissa entre les mains des cavaliers alliés 80 hommes
et autant de chevaux. Une autre colonne, celle de Wittgenstein,
eut un engagement assez vif avec la 43^^ division qui, postée à
Berggieshûbel, fut obligée de céder devant la supériorité du
nombre. Les quelques escadrons français qui couvraient la
retraite de la 43<^ division sur Seidnitz furent chargés du côté de
Dohna par les hussards de Grodno.
Dès le 17 août, Schwarzenberg avait donné au colonel comte
de Hensdorf-Pouilly l'ordre de se rendre immédiatement à Mokrau,
pour y prendre le commandement d'une division du régiment de
hussards Archiduc-Ferdinand et d'un escadron du régiment de
hassards de Hesse-Hombourg que le comte Klenau avait dû
laisser sur ce point, et qui, avec un millier de cosaques, allait
constituer le corps volant du colonel autrichien. Wittgens-
tein avait, en effet, été prévenu d'avoir à diriger ces cosaques
de façon qu'ils fussent rendus h £ger le 21, tandis que Mens-
dorf, parti de Mokrau le 18, passait par Bûchau et Schlaggen-
wald et arrivait de son côté à Eger le 20.
Les instructions données à Mensdorf lui prescrivaient de se
porter sur les flancs et les derrières de l'ennemi, d'inquiéter ses
communications, de fournir, par les voies les plus directes, des
renseignements sur ses projets, de contrarier ses mouvements,
de faciliter les opérations de Klenau ; il devait, en quittant
Ëger, longer l'Elster et se porter sur Plauen afin de donner la
main aux divisions Metzko et Crenneville.
.. 92
Le 20, Mensdorf, qui n'avait reçu que 71 cosaques, prit
toutes ses dispositions afin de pouvoir commencer dès le lende-
main ses opérations. Il partit en effet d'Eger le 21, et arriva à
Plauen le 22 au soir. Pendant cette marche on avait enlevé une
patrouille de découverte que le 14* régiment de chasseurs avait
envoyée de Hof sur Adorf, et on occupa le même jour Hof où
l'on fit prisonniers 7 des 13 hommes d'un petit poste français.
Le 23, Mensdorf ramassa quelques isolés sur la route de
Ghemnitz. Dès le matin et tout en continuant à occuper Hof, il
avait poussé des partis dans la direction deGreiz* Schleitz^ Mûbl-
troffet Tanna. Il envoya également quelques détachements da
côté de Ghemnitz, Auerbach et Schneeberg, afin de se procarer
les renseignements dont il avait besoin et dans l'espoir de réus-
sir à enlever des courriers. Lui-même resta à Plauen afin de pou-
voir régler sa conduite sur les événements et les nouvelles qui
lui parviendraient et se porter soit sur la grande rente militaire
de Schleitz à Géra, soit sur Ghemnitz, ou enfin sur Leipzig.
Le 24 au soir, il était avec tout son monde à Ghemnitz; mais,
soit en raison de la fatigue de ses hommes et de ses chevaux,
soit à la suite d'un renseignement que lui envoya le feld-maré-
chal lieutenant Metzko, qui le prévenait que Burgstadt était
occupé par l'ennemi, soit encore parce qu'il tenait à rallier au-
paravant ses postes détachés, il ne poussa jusqu'à Burgstadt
que le 28 août.
Ge fut également le 22 août que les désertions des troupes
appartenant à des contingents allemands commencèrent h éclair-
cir les rangs de l'armée française : 2 régiments de cavalerie
westphalienne donnèrent l'exemple et passèrent à l'ennemi pen-
dant la nuit du 22 au 23 1.
Les alliés continuèrent leur marche le lendemain, éclairés par
< Lettre de l'Empereur an duc de Bassano, ministre des relations extérieures,
à Dresde.
« GOrUts, S4 août 181S.
« Deux régiments de hussards westphaliens Tiennent de passer tout
entiers à Tennemi avec tous leurs officiers. Prévenez-en le roi de Westphalie. Je
vais prendre des mesures pour faire mettre pied à terre aux autres régiments
westphaliens qui sont à l'armée, et m'emparer de leurs chevaux D serait
important que le roi cessât ses levées de troupes; c'est en donner à l'ennemi. »
- 93-
leur cavalerie; S régiments de cosaques, le régiment Radionoff
et le régiment de TAtaman poussèrent, à l'aube du jour, le pre-
mier jusqu'aux hauteurs de la Lochschenke, l'autre sur la grande
route de Pirna à Dresde, et signalèrent la présence d'un nombre
assez considérable de cavaliers français dans la plaine du cdté
de Leuben. Le corps volant du général-major Koudaschoff, qui
avait rencontré avec sa cavalerie rennemiàI)ippoldiswaldele22,
surprit à Tschernitz le 1*' régiment de uhlans polonais auquel il
enleva après un combat assez vif 10 officiers, 20 hommes et son
étendard, pendant que d'un autre cdté le colonel Seslavin arri-
vait jusqu'à Leubnilz après avoir rejeté les postes français. Enfin,
le général Kleist avait, lui aussi, détaché un corps volant avec
ordre de surveiller la route de Buthenbach à Dresde.
Pendant que l'Empereur rétablissait la situation en Silésie et
que l'entrée en Saxe de l'armée de Bohème l'obligeait à courir au
secours de Dresde, défendu seulement parle 14* corps, de graves
événements se déroulaient dans la Marche de Brandebourg.
Dès le 19, Oudinot s'était porté en avant, avait obligé les avant-
postes de l'armée du Nord à se replier, et le 20, pendant qu*il
reconnaissait le terrain, le prince royal de Suède prescrivait de
son côté à Winzingerode d'envoyer le même jour 3,000 cosaques,
sous les ordres de Tchernitcheff, jusque vers JQterbogk afin de
surveiller l'Elbe depuis Zerbst jusqu'à Wittenberg et Jessen*
Le 21, la cavalerie russe tout entière était postée à Saarmund,
Beelitz et Jûterbogk, et la cavalerie suédoise à Zehlendorf ; dans
l'après-midi de la même journée les Français se portèrent en
avant en deux colonnes, l'une contre Nussdorf et Wilmersdorf,
l'autre par Scharfenbrûck et Nauendorf sur Trebbin.
Le régiment de cosaques de Bibalof fut obligé de se retirer sur
Lôwendorf , tandis que le détachement de cavalerie du major von
Helwig était rejeté sur Thyrow. Le même jour, la division Gérard
sortait de Magdebourg pour venir renforcer Oudinot, attaquait le
général Pultlitz à Gûbs et lobUgeait à se retirer sur Branden-
burg, où il arriva le 23. Pendant le combat de Gùbs,un escadron
de landwehr prussienne, sous les ordres du capitaine comte
Finkenstein, eut un engagement assez vif avec 2 escadrons du
13« hussards.
Le 22, Oudinot fit enlever par 24 bataillons Wilmersdorf ^i la
position de Wiltstock, d'où le général von Oppen tenta iniiki-
— 94-
lement de les empêcher de déboucher. Deux régimenis de dra-
gons prussiens^ le régiment de la Reine et celai de la Prusse
occidentale^ essayèrent en vain d'enfoncer les bataillons français
et darent se retirer en désordre, en laissant un assez grand
nombre des leurs sur le terrain. Pendant ce temps, les cosaqaes
de Tchemitcheff occupaient Beelitz et Treuenbrietzen et avaient
envoyé des petits partis jusqu'à Trebbin^ Lûckenwalde, Jfiter-
bogk et dans la direction de Lûckau.
Le lendemain S3, Oudinot livrait et perdait la bataille de Gross-
Beeren. Fidèle au principe que nous avons adopté, nous nous
abstiendrons d'entrer dans les détails de cette action et noas
nous contenterons de chercher à exposer le rôle qu'y a joué la
cavalerie.
Au moment où les Saxons étaient rejetés horsdeGross-Beeren,
le général Borstell lança sur eux 4 escadrons de uhlans du régi-
ment de la Prusse occidentale et 1 escadron de hussards de
Poméranie, qui rompirent leurs carrés et leur enlevèrent 2 ca-
nons et une centaine de prisonniers. Quelques instants après, le
régiment de hussards de Poméranie chargea de nouveau les
débris de 2 bataillons saxons, mais attaqué à son tour par les
uhlans saxons, ce régiment fut rejeté et laissa entre les mains des
Saxons les pièces qu*il venait d'enlever. Recueilli presque aus-
sitôt par le 1* régiment de cavalerie poméranienne, le régiment
se reforma et les 2 régiments réussirent, après plusieurs charges,
h rejeter la cavalerie saxonne et à lui reprendre définitivement
les canons.
A la tombée de la nuit, la division de cavalerie Poumîer, qui
avait marché au canon, entrait en ligne près de Neu-Beeren et
venait soutenir la retraite du corps de Reynier. ta cavalerie
française déploya ses 12 escadrons sur deux ligues à la sortie
d'un bois, mais après plusieurs charges exécutées par le régi-
ment de hussards du Roi, par les uhlans de la Prusse occidentale
et par un escadron du régiment de dragons de la Reine, elle fut
obligée de se retirer en laissant entre les mains de rennemi an
assez grand nombre de prisonniers.
La victoire de Gross-Beeren avait sauvé Berlin, mais elle aurait
pu avoir des conséquences autrement graves et importantes si,
comme nous le dirons plus loin, le prince royal de Suède s'était
décidé k tirer parti de sa victoire et h poursuivre vigoureusement
- 96-
rennenii battu, qni se replia jusque sons le caium de Wittenberg,
où toute l'armée d'Oudinot se trouva réunie le S septembre.
A rextréme droite des alliés, sans parler des affaires de Yel-
lahne et de CaaiiD, d'ailleurs peu importantes, on n'a à signaler
pendant cette période que les mouyements de la cavalerie de
Tettenborn qui, surtout à partir du 23 août, manœuvra de ma-
nière à intercepter toutes les nouvelles venant du théâtre de la
guerre et destinées au 13* corps et à enlever les courriers. Tet-
tenborn se plaça à cet effet entre Wartenburg et Warsow, pen-
dant que Lûtzow se portait du côté de Trebbow.
A ce moment et à la suite d'un conseil de guerre tenu par les
souverains alliés le S4 août à Kommotlau, on décida de modifier
le plan d'opérations et de se porter sur Dresde, où Gouvion-
Sâint-Cyr avait été laissé avec 20,000 hommes au plus. C'est à ce
moment aussi que l'Empereur, prévenu de ce mouvement, écri-
vait ce qui suit dans une dépèche adressée au duc de Bassano :
« Si l'ennemi prend, le 93 ou le 24, l'offensive d'une manière
positive sur Dresde, mon intention est de lui laisser prendre
TiDitiative, de me rendre sur-le-champ dans le camp retrancné
de Dresde, et de lui livrer une grande bataiOe. »
La journée du 24 se passa sans grands incidents; les alliés
dessinèrent leur mouvement sur Dresde et leurs avant-postes
arrivèrent en vue de la ville. Tout se borna à quelques escar-
mouches insignifiantes entre les avant-postes français et les
cavaliers du général Kondaschoff.
Le 25, pendant que l'Empereur, informé de la perte de la
bataille de Gross-Beeren, prenait ses dispositions pour protéger
Dresde, Schwarsenberg faisait entreprendre sur cette ville une
grande reconnaissance qui allait servir de prélude à la bataille,
et prescrivait à Wittgenstein de laisser son corps d'armée et
celui du prince Eugène de Wurtemberg en observation devant
Kônigstein* L'Empereur, de son côté, résolut de déboucher par
Lilienstein et Kônigstein et de porter Vandamme, d'abord sur
Krna pour couper la route h l'ennemi, puis le lendemain sur
Hellendorf et Giesbûbel, pendant que l'armée, débouchant par
Dresde, pousserait vivement cet ennemi.
A 10 heures du matin, deux régiments de cosaques (Radîo-
noff II et Ataman) passèrent le Landgraben, près de Grunewiese,
suivis par les régiments de hussards de Grodno et d'Izoum, re*
- 96 —
poussèrent la cavalerie française que soutenait une demi-bat-
terie^ la rejetèrent sur l'infanterie postée dans les jardins et loi
enlevèrent 3 pièces et un assez grand nombre de prisonniers.
A midi, les Français attaquèrent le corps volant du prince Roa-
daschoff , qui réussit à se maintenir sur les hauteurs de Tschemnitz.
Mais à 4 heures, bien que les têtes de colonnes des alliés eussent
déjà débouché, soit à cause de la trop grande fatigue des troupes,
soit pour toute autre raison, on résolut de remettre aa lende-
main l'exécution de la grande reconnaissance projetée. Ce re-
tard devait permettre à l'Empereur d'arriver à temps pour sauver
Dresde et mettre son plan à exécution.
Le 25 au soir, on envoya seulement le prince Koudascboflf avec
un parti cosaque chercher un passage en aval de Dresde, afin
d'établir les communications avec le prince royal de Suède. Cet
officier passa l'Elbe à la nage entre Riesa et Meissen, et, prenant
sa direction sur Liebenwerd^ et Dahme, il arriva le 29 à Belitz,
au quartier-général de l'armée du Nord.
Arrivé à Dresde dans la nuit du 25, l'empereur Napoléon fit
lui-même une reconnaissance le 26 août, vers 9 heures du matin,
et arrêta immédiatement ses dernières dispositions; dissimulant
le plus possible à l'ennemi la position de ses troupes, il attendit
l'attaque des alliés.
Vers 4 heures du matin, Schv^arzenberg s'engageait sans don-
ner au corps de Klenau le temps de le rejoindre. Au point de
vue spécial qui nous occupe, le premier jour de la bataille de
Dresde n'offre rien de bien particulier ; c'est tout au plus si on
peut signaler les quelques épisodes qui suivent :
Vers 2 heures de l'après-midi, les Français s'apercevant que le
village de Lobda était faiblement occupé, l'avaient enlevé et cher-
chaient à s'emparer du village de Gotta, en se faisant couvrir
sur leur droite par le 14® régiment de cavalerie légère polonaise.
Mais ce régiment s'éclairant mal, fut tourné par un escadron de
hussards du Palatinat, pris à revers, rompu et mis en déroute
après avoir laissé une centaine d'hommes entre. les mains des
hussards. Plus tard, au moment où l'Empereur, jugeant l'ennemi
suffisamment engagé, se décidait à faire donner les troupes qu'il
avait amenées avec lui^ au moment où le roi de Naples débou-
chant de là Friedrichstadt dirigeait l'infanterie du général Teste
sur les maisons de Klein-Hamburg et d'Altona et la faisait ap-
- 97 —
puyer par la cavalerie du général Pajol, le prince Philippe de
Hesse-Hombourg réussissait à arrêter un instant l'attaque en lan-
çant les régiments de hussards hongrois Hiller et Golloredo.
Plus tard encore, lorsque la cavalerie de Latour-Maubourg
chercha à se jeter contre la division autrichienne Metzko, Murât,
qui avait essayé de pénétrer entre Drescherdorf et Cotta, fut pris
en flanc par les hussards de Kienmayer et obligé de se retirer.
Enfin, à la tombée de la nuit, au moment où le combat avait
presque entièrement pris fin, les cuirassiers saxons du régiment
de Zastrow exécutèrent une charge heureuse contre l'infanterie
du général Metzko, à laquelle ils enlevèrent un assez grand nom-
bre de prisonniers.
I<e 37, malgré le peu de succès de la journée du 26, les alliés
résolurent de tenter de nouveau la fortune et recommencèrent la
lutte dès l'aube du jour. Dès que l'Empereur sut que, conformé-
ment aux ordres qu'il lui avait donnés, Murât avait réussi à
prendre les Autrichiens à revers, il ordonna d'enlever le village
de Lûbnitz. Mais cette attaque échoua, et la colonne française,
ébranlée par l'artillerie russe, fut sabrée par le régiment de che-
Mu-légers autrichiens de Saint-Vincent.
Après cet épisode la lutte se borna, au centre, aune canon-
nade qui dura jusqu'à la nuit.
ATaile droite des alliés, le général Roth qui, après avoir dû
évacuer Gruhna, avait reçu à Seidnitz l'ordre, s'il était poussé trop
vigoureusement par l'ennemi, de se retirer parReieck et Prohlis
surTorna, réussit à faire échouer, à l'aide de sa cavalerie, une
première attaque dirigée contre Reieck. En effet, pendant que
ïiûfanlerie française longeait le village, le 1»'' régiment de hus-
sards de Silésie- se précipita, malgré les difficultés présentées
par le terrain détrempé dans lequel les chevaux s'enfonçaient à
(abaque pas, ^ur un bataillon du 8^ régiment de la jeune garde
ébranlé déjà par le feu de l'artillerie, et le dispersa en lui sa-
brant une soixantaine d'hommes. Un bataillon du 4« régiment
ie la jeune garde, saisi d'une panique soudaine, prit également
la fuite. Mais le général Pelet réussit à rallier ces bataillons et à
les reporter en avant. Presque au même moment, un bataillon
'lus* régiment de voltigeurs fut chargé de flanc par les hussards
ûeLubny et de Grodno; ce bataillon, bien qu'il eût été immédia-
tement formé en carré, fut rompu et perdit un officier supérieur,
». H, L. 7
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10 officiers et 300 hommes. Le reste du bataillon se jeta dans
Reieck, oti il fut dégagé et soutenu par une compagnie du 9' ré-
giment de la jeune garde. C'est à ce moment que le maréchal
Mortier fit entrer en ligne la division Roguet et posta la cavale-
rie de la garde près de Dôbritz, pendant que la cavalerie rasse
se mettait en bataille près de Luckwitz et la cavalerie prussienne
du général de Rôder en arrière de Prohlis, où elle fut renfor-
cée plus tard par la cavalerie de réserve du prince Galitzine;
mais de ce côté le combat était à peu près fini et se réduisit à
des feux de tirailleurs qui durèrent jusqu'à la nuit.
C'est contre la gauche des alliés que l'Empereur avait résolu
de frapper le coup décisif, et c'était de ce côté qu'il avait dirigé,
sous les ordres du roi de Naples, les 38 bataillons du maréchal
Victor, la division Teste et la cavalerie de Latour-Maubourg et
de Pajol. Il commença par faire enlever Lôbda par les troupes
de Teste, les hauteurs de Naustitz et de Wolfnilz par les divi-
sions Dufour et Dubreton, amusa l'ennemi par son artillerie et
envoya une colonne de troupes de toutes armes le long de TElbe,
par les Schusterhâuser se porter sur les derrières des Autrichiens
en débouchant par le Schônengrund. Pendant que les troupes
du maréchal Victor se maintenaient dans les villages qu'elles
avaient enlevés et pénétraient dans le Rosenthal, Murât, à la tête
de la cavalerie, se dirigeait vers Corbitz pour couper les Autri-
chiens en deux. Ses cavaliers, entraînés par l'exemple des géné-
raux d'Audenarde, Doumerc, rompent successivement les carrés
autrichiens. Les fantassins autrichiens, dans l'impossibilité de
faire feu, jettent leurs armes, se rendent ou cherchent leur salut
dans la fuite. Deux divisions d'infanterie française enlèvent Cor-
bitz, et Murât, après avoir enfoncé le centre de la ligne ennemie,
se porte avec la cavalerie de Latour-Maubourg, soutenue par l'in-
fanterie de Dubreton, du côté de Tôlschen contre le prince Aloïs
de Lichtenstein afin de l'acculer au ravin de Plauen. Malgré les
efforts héroïques du général et l'entrée en ligne des troupes d'a-
vant-garde deKlenau, qui, venues de Tharant, passèrent la Weis-
tritz à Postchappel et réussirent à sauver une partie de celte di-
vision, le régiment d'infanterie autrichienne Wenzel-Colloredo,
qui couvrait la retraite, fut écrasé par la cavalerie française et
presque entièrement détruit ou fait prisonnier.
. Le sort des troupes autrichiennes postées à Corbitz fut plti^
-99-
désaslrea^ encore. Pendant que Tinfanterie françî^jse epl^yait
les villages de Wolfnitz et de NaustiU, la divisioa Metzko 3'é-
tait retirée sur Ober-Corbitz pt avait cherché à s'y installer soli-
dement.
Mais la cavalerie française, soutenue par J'jirtjllerie à cheval ^\
par l'infanterie de Victor et de Teste, ^e retourna contre ell^
après avoir culbuté les Groupes di; prince Aloîs de Licbtens|;eif),
La cavalerie du général Metzko , d'ailleurs peu nombreuse,
Bla, dès le principe, par Cqfljpilz et Pepnerich sur Grumb^pj^,
l'infanterje, au contraire, fppma 4 grands carrés qui furent en^
foncés par la cavalerie de Mura^, et elle 15'enfuit en désorj^re sqp
Nesterwitz.
Aussitôt après la prise de Corbitz, les cuirassiers s^xqd^ i\^r
passant Burgstad tel s'étaient jetés dans l'espace compris ^ntre
Compitz et Gorbitz; ils aperçurent alors au delà fie la ch^p^sép
deFreiberg deux carrés et ijnp })alterie autrichienne que, soutenu?
par une colonne d'infanterie française, ils chargèrefit aussitôt,
La batterie autrichienne abandonna en toute |iâte le champ de
bataille, et Tinfanterje (régipaent de V^cquapt), après avoir
réussi à repousser deux attaques, plia sous une troisième charge;
^00 hommes furent contraints de déposer l6s armes; deui^
drapeaux et une pièce d'artiljerie restèrent en oufrQ entre }ps
ffiains des cuirassiers.
Pendant ce temps la cavalerie de Murât ne laissait aucun répit
^ l'infanterie dp la division Metzko et de la brigade Mumb qui
essayait de se replier en carrés sur Compitz et Pennerich ; mais
ces villages étaient depuis longtemps occupés par les troupps
françaises qui avaient tourné les Autrichiens.
I Cemép par la cavalerie de Mur^t, décimée par les feu^del'^r-
ffleriç, Tinfanjerie autrichienne, composé^ de 9 bataillons des
régiments Archiduc-Kainer, Beaulieu, Lusignau et Saint-Julien,
avec les généraux Metzko et Szeczeny, fut obligée de se rendra ;
16 pièces de canon tombèrent également entre les mains de Mu-
fât, qui fit poursuivre la cavajerie autrichienne pgr les cuirassiers
de Doumerc jusqu'à Bernich et Kesselsdorf.
Le rôle joué par la cavalerie française le 27 ao^t est d'autant
plus remarquable que les alliés auraient pu opposer plus d^
^M chevaux à ces 25,0]OjO cavaliers, pour la plupart mal papp-
^^ et peu aguerris.
— 100 -
Sans rinaction et les fautes de Yandamme, la victoire de Dresde
aurait pu, malgré la perte de la bataille de la Katzbach, avoir
pour les alliés des conséquences fatales.
Vandamme, avec ses S0,000 hommes, n'avait» en effets devant
lui, h ce moment, que le 2« corps d'infanterie et une partie de
l«r corps: en tout 20 bataillons, 2 escadrons, un régiment de o
saques, soit 11,000 hommes et 24 bouches à feu, commandés par
le prince Eugène de Wurtemberg, qui fut du reste, le 26 aoûV
placé sous les ordres du comte Ostermann-Tolstoî. Afin de sur*
veiller les mouvements de Yandamme, les Russes occupèrent, b||
26 dans l'après-midi, le plateau de Pirna, couverts sur leur frootj
par un ravin, leur droite au village de Krilschwitz appuyée aij
ruisseau de Gottleube, leur gauche au village de Struppen et i
l'Ëlbe. Mais l'infériorité numérique des Russes qui ne comptaieû^
y compris les troupes des généraux Helfreich et Ilowaïski,qui^,
16,000 hommes au plus, les obligea à se retirer et à venir pren-
dre une nouvelle position entre Pirna et Zehista.
Avant de continuer h exposer les mouvements du comte Oster-
mann et les événements qui conduisirent à la bataille deKulœet
qui sont intimement liés à la retraite de la grande armée des al-
liés après la bataille de Dresde, il convient d'exposer, tout d'a-
bord, ceux qui s'étaient déroulés pendant ce temps en Silésie.
La nouvelle de la perte de la bataille de la Katzbach, une in-
disposition de TËmpereur, l'état dans lequel se trouvait l'ar-
mée française dont la plus grande partie, après une marche pé-
nible de 4 jours, avait dû combattre pendant près de 48 heures,
l'inaction ou du moins les hésitations de Yandamme, enfia l'é-
chec éprouvé par la division Gérard à Hagelsberg, enlevèrent ï
la poursuite le caractère d'énergie qu'elle aurait dû avoir.
En effet, un peu avant la bataille de Gross-Beeren, le 21 août
au matin, le général Gérard était sorti de Magdebourg avec 18
bataillons, 6 escadrons et 22 bouches à feu pour donner la main
au maréchal Oudinot.
Après la victoire de Gross-Beeren, le prince royal de Suède en-
voya contre lui le général von Hirschfeld; le général Gérard avait
pris position le 26 août à Lûbnitz près de Belzig, sans trop s'oc-
cuper de ce qui se passait sur ses derrières. Il y a lieu d'ajouter
que le faible effectif de sa cavalerie ne lui permettait guère de
s'éclairer au loin ni de se renseigner. Le combat de Hagelsberg
(|iiise termina, le 27 août, par la défaite complété cle'6érara,-ne-
Dous intéresserait pas s'il n'avait commencé par une attaque im-
prévue de la cavalerie prussienne sous les ordres du colonel de
Bismarck, et s'il ne s'était terminé par une charge de cavalerie
exécutée par deux régiments de cosaques, sous les ordres de
Tchemitcbeff, charge qui fit tomber entre les mains des alliés
500 hommes et une bouche h feu.
Presque à la même époque, à l'extrême droite des alliés sur le
bas Elbe, le major Lûtzow s'était porté en avant avec 200 hu£h
sards et cosaques et quelques chasseurs tyroliens, jusqu'à hau*
teur de la route qui mène de Gadebûsch à Schwerin.Il avait pas-
sé, embusqué dans un bois, aux environs de Rosenhagen, la nuit
du 23 au 26 août, lorsqu'à l'aube du jour ses avant- postes lui si-
gnalèrent l'approche d'un convoi escorté par un fort détache-
ment d'infanterie. Il prit aussitôt ses dispositions, chargea ses
cosaques d'attaquer et d'arrêter le convoi pendant qu'avec ses
lussards il se jetterait sur l'escorte.
L'infanterie résista vaillamment. Lûtzow réussit cependant à
enlever un certain nombre de voitures; mais cette escarmouche
coûta la vie au poète Kôrner, le compagnon d'armes et l'aide de
camp de Lûtzow.
Dès le 23 août, Blûcher avait été informé par ses espions du
départ de l'Empereur et du mouvement de retraite d'une partie
des forces françaises, et, le 24, il avait envoyé en reconnaissance
jusqu'à Wahlstadt le 2« régiment de hussards du Roi et le régi-
ment de hussards de Brandebourg, qui ne lui rapportèrent d'ail-
leurs aucune nouvelle importante sur les mouvements de l'armée
française. Il put toutefois se convaincre que l'ennemi occupait de
cecôtéGoldbergetLiegnitz.En même temps, le général Pahlen II,
qui couvrait l'aile gauche de l'armée de Silésie et qu'on avait
poussé de Jauer par Conradswaldau dans la direction d'Hermann-
sdorf, avait rallié en route le régiment de dragons de Kinburn
et constaté que l'ennemi s'était montré du côté de Schônau sans
paraître toutefois avoir l'intention de se porter en avant. L'inac-
ijondu maréchal Macdonald, qui ne sut pas profiter de la situa-
lion criiique dans laquelle se trouvait l'armée prussienne à la
suite des combats des 21, 22 et 23 août, permit à Blûcher d'abord
•^e s'assurer du départ de l'Empereur, que ses espions lui avaient
^'gnalé, puis de relever le moral de son armée, dont les soldats
. ...........-: : .. —102 _
èt&énl épuisés par la fatigue et le mauvais temps, et dont les
chefs étaient découragés par les insuccès du début de la campa-
nile.
Là situation était telle que, même avant le combat de Gold-
bërg, le 23 août, York, dont les troupes affamées, harassées de
fatigue, étaient presque débandées, ne put s'empêcher de laisser
éclater son mécontentement et son découragement et de s'écrier:
« Z'âHnëb phissienne sera anéantie par lea privatiofu et les tm-
àhei dk huit avant même d* avoir pu combattre/ » Le 25 août, dé«
se^tféré de l'état dans lequel se trouvait son corps d'armée, il
éc^Hvait même au roi Frédéric-Guillaume II une lettre par ia-
({uelle il liii demandait de le relever de son commandement. Oo
vbit donc facilement quels résultats on aurait obtenus par une
actiod énergique et immédiate tentée contre une armée épuisée;
démoralisée et dont la direction même était affaiblie et contrariée
^ar les graves dissentiments existant entre le général en chef
Blûcher et les généraux York et Langeron.
Les deux jours de répit et de tranquillité que lui laissa Mac*
dbnald décidèrent Blûcher, dont les troupes avaient pu se repo-
ser et se reflaire quelque peu, à reprendre immédiatement Toffen i
sive, et, dans la nuit du S4 au 25 août, il envoyait à ses tieute'
liants les ordres suivants: i
« Le 25, à l'aube du jour, la cavalerie des réserves et (ies|
àvant-postes dfeâ trois corps d'armée exécutera avec rartillerie à
cheval une reCoiinaissance.
« La cavalerie du corps Sacken se portera dans la directioa
de Liegnitz et Haynau, celle du corps York t)assera la Katzbaclij
ëtttre Liegnitz et Goldberg à la recherche de l'ennemi, celle del
Langeron se portera sur Goldberg et Schônau et marchera à|
l'ennemi dans le cas où ces deux points auraient ét<^ évacués par|
lui..: ))
Les renseignements fournis parla cavalerie firent Connaître à
Blûcher que l'ennemi n'avait pas ehcore repris son mouvement
en avant. La cavalerie légère du corps Sacken, sous les ordre»
des généraux Landskoï et Karj)off, avait suivi l'ennemi jusqu'aux
ëhvirons de Haynau, et le colonel von Katzler s'était porté en
avant jusqu'au delà de Kroilsch, où il avait rencontré de laca
Valérie ennemie qui ne bougea pas. Il étendit par suite la ligû<
de ses avant-postes sur la rive gauche de la Katzbach.
— 103 -
Hacdonald résolut à ce moment de reprendre l'offensiye, de
marcher à Tennemiy qu'il croyait encore posté à Jauer et qu'il es-
pérait pouvoir rejeter sans combat dans le cœur de la Silésie.
Xes ordres qu'il donna pour la journée du 26 en sont la preuve
manifeste. Chacun des deux généraux en chef était donc dans
^ne ignorance presque absolue des projets de son adversaire.
Tous deux comptaient passer sans combat la Katzbach. Il faut
reconnaître, du reste, que le mauvais temps continuel et la na-
ture même du terrain ne permettaient à aucun d'eux de s'éclairer
bien loin en avant.
Dans la nuit du 25 au 26, le colonel von Katzler reçut l'ordre
de donner l'alarme au camp ennemi; il chargea de cette mission
le colonel von Stutterheim avec les uhlans de Brandebourg et
une pièce d'artillerie, et le fit soutenir par le lieutenant-colonel
Yon Platen avec deux escadrons du régiment de dragons de Li-
thuanie.
Le premier se glissa à la faveur de la nuit jusqu'auprès
du camp de Rothkirch ; arrivé sur ce point, il s'aperçut qu'il
était découvert ; il y eut là un petit engagement, et, dès que le
jour commença à poindre, il se trouva dans la nécessité d'opérer
sa retraite. Le major von Stiern, en revanche, avait tenté une
embuscade et surpris un poste ennemi qu'il enleva presque en-
tièrement.
Le 26 août au matin, les deux armées se mirent en mouve-
ment. Le S* corps français (Souham) devait franchir la Katzbach
à Liegnitz et se diriger sur Neundorf et Malitsch ; le 11* devait
passer le gué de Schmogwitz pour se porter sur Weinberg et
Brechtelshof; le §• corps devait marcher par Seichau surHennes-
dorf, la division Puthod sur Schônau, et le 2« corps de cavalerie
avait reçu l'ordre de passer la Kaztbach à Kroitsch et de longer
la rive gauche de la Neisse.
En même temps, le 1" corps prussien (York) se mettait en mou-
vement en deux colonnes sur Bellwitzhof, pendant que le corps
Sacken se portait de Malitsch à Eichholz. L'intention de Blûcher
était donc de passer la Katzbach afin d'attaquer ensuite l'ennemi,
lorsque tout à coup le canon se fit entendre du côté de Sei-
chau, et les rapports de ses avant-postes lui signalèrent l'ap-
proche de l'ennemi. Il ordonna aussitôt à ses troupes de faille
ialte, d'attendre des ordres ultérieurs; le général York arrêta
— 104 -
son corps et le massa dans un pli de terrain en arrière des hau
teurs situées entre Brechtelshof et Bellwitzhof.
Ail heures, en effet, les avant-postes du colonel von Katzler
avaient été attaqués près de Kroitsch sur les bords de la Katz-
bach. Une forte colonne de cavalerie française marcha sans
prendre aucune précaution sur le village de Wûltsch. Mais le
major von Klûx, profitant du terrain, l'amena sous le feu de ses
tirailleurs, qui la laissèrent arriver jusqu'à 50 pas et l'obligèrent
à se retirer en désordre; cependant peu après le colonel von
Katzler fut obligé de se replier jusque sur la Wûthende-Neisse,
qu'il ne tarda pas à être obligé de repasser près de Nieder-
krayn. Le temps était affreux, une pluie torrentielle obscurcissant
rhorizon, grossit les rivières, les changea en torrents, défonça
les chemins et déroba aux deux adversaires leurs mouvements
respectifs. Il est bon d'ajouter encore que les corps français
marchèrent sans s'éclairer, sans se couvrir, et quittèrent leurs
bivouacs les uns à î) heures, les autres h 11 heures, d'autres
enfin si tard qu'ils n'entrèrent en ligne qu'à la fin de la ba-
taille.
Quant à l'avant-garde du corps russe de Langeron, attaquée
dès les 9 heures du matin, elle se trouvait fortement engagée au
moment où les officiers envoyés en reconnaissance annoncèrent
à Blûcher que l'infanterie ennemie était sur le point de débou-
cher et de prendre position sur le plateau. Le général en chef
crut le moment venu de remettre ses troupes en mouvement, de
tomber sur les têtes des colonnes ennemies et de les écraser
avant qu'elles aient eu le temps de se déployer.
Le colonel von Jurgass se porta en avant avec la cavalerie de
réserve pour protéger et couvrir les mouvements de l'infanterie,
et à 11 heures du malin Blûcher envoyait de Brechtelshof les
ordres suivants à ses lieutenants :
« Celles des troupes du général Langeron qui sont postées aux
environs de Schônau et de Conradwalde s'avanceront aussitôt
après la réception de cet ordre sur la route de Goldberg, atta-
queront l'ennemi et chercheront à attirer son attention sur elles.
« L'avant-garde du corps Langeron restera sur la défensive;
le reste du corps obliquera à droite, passera la Katzbach près de
Weinberg, et si faire se peut, également aux environs deRochlUz.
et se formera en colonnes sur les hauteurs entre Kosendau et
— 405 —
lohendorf, rejetant U cavalerie ennemie sur la Schnelle-
Deichsel*.
« Le corps d'York passera la Katzbach à Kroitsch et Dohnau,
laissera Kroitsch sur sa droite, s'avancera sur Sleidnitz, pour
couper le corps ennemi, vers Liegnitz, de ses communications
avec Haynau et le prendre à revers.
« Le corps Sacken arrêtera de front les attaques de l'ennemi
près de Liegnitz, se maintiendra en communication constante
avec le corps York, le suivra progressivement sur la rive gauche
de la Katzbach, se jettera sur le flanc droit de l'ennemi et l'atta-
quera vigoureusement.
« Le général Sacken verra s'il y a lieu d'envoyer sa cavalerie
de l'autre côté de la Katzbach, en aval de Liegnitz, du côté de
Rûstcrn, avec ordre de se jeter sur le flanc gauche de l'ennemi
et de lui couper la retraite sur Glogau.
« Je me tiendrai de ma personne à la tète des colonnes du
corps York.
« Je compte bien voir la cavalerie, au moment oit l'ennemi se
mettra en retraite, se jeter vivement sur lui afin de lui rendre la
retraite aussi difficile que possible.
« Blucher.
« P.-S. — Toutes les colonnes se mettront en mouvement h
2 heures précises. »
Le champ de bataille où les deux armées allaient se rencontrer
forme un triangle compris entre Goldberg, Liegnitz et Jauer. Il
est situé sur la rive droite de la Katzbach, et la Wûthende-Neisse,
coulant du sud au nord, le partage en deux. La Katzbach, qui
prend sa source sur les pentes du Bleiberg, prèsdeKetschendorf,
coule du sud au nord jusqu'à Goldberg, où elle se dirige vers le
nord-nord-est. Elle forme un des côtés du triangle et traverse une
plaine découverte, sauf aux environs de Hohendorf et de Wein-
berg, où sa rive gauche est escarpée et taillée à pic. Les princi-
paux points de passage sont situés à Goldberg, Niederau,
Rôchlilz, Kroitsch, Schmogwitz et Liegnitz. A peu près à égale
distance de Goldberg et de Liegnitz, elle reçoit la WiUhende-
^ Le ruisseau qui passe à Pilgramsdorf.
- 106 -
Neisse, et près de liegnitz son cours reprend la direction da
nord, de sorte qu elle forme entre Liegnitz et Goldberg an coude
dont la concavité est tournée vers le nord. Elle se jette dans
rOder, à un kilomètre environ de Parsch^vitz. Sa largeur est
â*environ 6 mètres à Schônau, et de 4 à son embouchure. Dans
la saison des crues, elle monte à Schônau jus({u'à 8 pieds et à
tarschwitz jusqu'à 28.
La Neisse est en temps ordinaire un ruisseau insignifiant, mais
comme elle a beaucoup d'affluents et une pente considérable, les
grandes eaux et les pluies la grossissent plus subitement que la
Katzbach et rendent son cours plus rapide. Les principaux points
de passage se trouvent à Brechtelshof, Schlaupe, Schlaaphof et
Niederkrayn. Ses rives, et surtout la droite, aux environs de
Niederkrayn, forment un talus escarpé difficile. On peut généra-
lement passer sur une foule de points la Katzbach comme la
Neisse, presque à pied sec, mais dès que les pluies durent quelque
temps, les deux ruisseaux sortent de leur lit et arrachent tout
sur leur passage. De plus, le sol essentiellement argileux devient
alors presque impraticable, et c'est ce qui fit que le jour de la
bataille, les pièces d'artillerie s'embourbèrent jusqu'à hauteur
des moyeux des roues.
Sur la rive droite de la Neisse, où York et Sacken allaient
avoir à fcombattre, le terrain forme un plateau qui ne présente
que des éminences insignifiantes. Les routes qu'on trouve sur ce
i3laleau sont : !<> celle de Jauer à Brechtelshof, Weinberg et
Niederkrayn, où elle passe la Neisse et d'où parlent deux routes
menant l'une par Kroitsch à Bunzlau, l'autre par Rôchlilz à Gold-
berg; 2*» la route de Jauer à Liegnitz par Malitsch.
Le terrain, sur la rive gauche de la Neisse, présente un aspect
tout différent. Une chaîne de hauteurs couvertes de bois, appe-
lée les Mônchswald et qui est une ramification des monts Sudètes,
s'étend dans la direction de Jauer à Goldberg par Hennersdorf et
Seichau, côtoyant la rive gauche de la Neisse à la distance d'en-
viron une lieue. Les ravins et les chemins creux y sont fort nom-
breux et n'étaient, en 1813, praticables que pour des troupes
légères.
La bataille ne s'engagea sérieusement qu'à 3 heures^ d'abord
par une canonnade assez vive, puis par une attaque de la 8« bri-
gade prussienne dans la gorge qui mène au village d'Ober-Wein-
- 107 —
berg; 3 bataillons français furent culbutés sur ce point et perdi-
rent 4 bouches à feu.
La cavalerie française, et en particulier le 19® régiment de
chasseurs à cheval, vint secourir l'infanterie et chercha înfruc-
taensement à entamer les bataillons prussiens. Le colonel von
Jurgass, à la tête de la cavalerie de réserve (3 escadrons du ré-
giment national, le i^^ régiment de dragons de la Prusse occi-
dentale et 5 escadrons des dragons de Lithuaniej, se porta en
avant afin de poursuivre les avantages remportés par Tinfanterie.
Cette cavalerie était suivie en 2« ligne par le !•' régiment de uh-
lans de Brandebourg. Les 3 escadrons du régiment national
tombèrent sur la tête d'une colonne française, composée de quel-
ques escadrons de chasseurs à cheval et d'une batterie d'artille-
He, au moment où elle débouchait du défilé de Weinberg. Les 3
escadrons se précipitèrent dans le défilé. Un escadron s'empara
de plusieurs canons, prit la cavalerie française à revers et la mit
en fuite. Un autre escadron la suivit de près jusque dans le ravin
où il tomba sur de l'artillerie se retirant en désordre, mais une
colonne d'infanterie française débouchant du village l'obligea
à se retirer.
Les deux régiments de dragons avaient fait simultanément des
charges et enlevé de l'artillerie; mais ces charges, très brillantes
en elles-mêmes, n'eurent pas de résultats immédiats , les Prus-
siens ayant hégligé de faire soutenir leur cavalerie, d'occuper la
hauteur du Kreuzberg, d'y placer de l'artillerie qui aurait pu ar-
rêter Tinfanterie ennemie et balayer le défilé. Trois bataillons
français profitèrent de cette faute, escaladèrent les pentes du
Rùhberg, dirigèrent leur feu sur le flanc de la cavalerie prus-
sienne qui manœuvrait avec peine dans le terrain argileux dé-
foncé par les pluies, et qui, emportée par son ardeur, s'était épar-
pillée et dispersée outre mesure.
Plusieurs régiments de chasseurs et de lanciers arrivant suc-
cessivement la forcèrent à la fin de renoncer à pousser plus avant
et de se replier. La retraite des Prussiens fut vivement pressée,
et les deux cavaleries se mêlèrent si complètement qu'un esca-
dron de cavalerie nationale ne put s'échapper qu'en criant, sûr
Tordre de son chef : « Vive l'Empereur! » et en faisant un mo-
ment hésiter les lanciers qui le pressaient. La cavalerie fran-
çaise enleva même 4 pièces d'une batterie à cheval prussienne,
— 108 —
arriva jusque sur Tinfanterie et obligea la cavalerie prussienne
à passer en 2« ligne ; mais reçue vigoureusement par les carrés
d'infanterie» elle commença à plier. En même temps, les uhlans
de Brandebourg et les hussards russes chargèrent les escadrons
français, les culbutèrent et les obligèrent à reprendre en désor-
dre le chemin de Weinberg. Blûcher lui-même prit la tète de
cette charge. La cavalerie de réserve eut ordre de se rallier et
de se reformer sous la protection de Tinfanterie.
Pendant que l'aile gauche du corps York remportait ces avan-
tages, son aile droite et le corps Sacken s'étaient contentés de
canonner l'ennemi; Blûcher crut alors le moment^venu de mettre
1 aile droite du corps d*York et le corps du général Sacken en
mouvement. Le général Sacken se rendant rapidement compte
de la situation, chercha aussitôt à déborder avec sa cavalerie la
gauche des Français. Le général aide de camp Wassiltchikoff,
commandant la 2« division de hussards, prescrivit sur son ordre
au général-major Karpoff de s'assurer si les villages situés à
l'aile gauche ennemie étaient encore défendus, et dès qu'il sut
que ces villages n'étaient pas occupés, il donna Tordre d'exécu-
ter une attaque générale qui eut lieu à 5 heures. Le général-
major Jurkowsky attaqua la cavalerie ennemie de front avec les
hussards d'Alexandrie et de Mariopol, pendant que le général-
major Lanskoï avec les régiments de hussards d'Achtyrsk et de
la Russie blanche, se portait par Eichholz et Klein-Tinz sur son
flanc gauche (ce dernier mouvement fut principalement décisif)
et que le général Karpoff, avec 6 régiments de cosaques passait
par Klein-Tinz pour prendre l'ennemi à dos. Le général Nevé-
rofsky avec la 27« division soutint ce mouvement et fut relevé
dans sa position de première ligne par la 10« division.
La cavalerie prussienne, après s'être ralliée et reformée der-
rière la 2® brigade, se porta de nouveau en avant en prenant sa
direction plus à droite, vers Jànowitz, pour se joindre à la cava-
lerie russe, et tous les régiments qui n'avaient pas encore donné
reçurent l'ordre de s'ébranler. Plus de 8,000 cavaliers combat-
taient à ce moment les uns contre les autres entre Klein-Tinz et
Jànowitz. Le duc de Tarente espérait encore que le 3« corps, qui
devait passer par Rothkirch et Prinkendorf, arriverait sur le
théâtre de la lutte à temps pour couvrir la gauche du 11® corps;
mais pour éviter un détour, ce corps avait suivi la route de
— 109 —
Kroitsch et Niederkrayn et avait été retardé considérablement
dans sa marche; il s'ensuivit qu'après plusieurs charges, la ca-
valerie française avait été repoussée, la batterie prussienne re-
prise et que la cavalerie française fut rejetée sur l'infanterie dans
les rangs de laquelle elle porta le désordre et la confusion. Cette
infanterie essaya vainement de se former en carrés. Tout le
11* corps et la cavalerie furent mis en déroute et rejetés du pla-
teau sur la Wûthende-Neisse et la Katzbach, en perdant leur
parc, leurs bagages et 30 pièces de canon. Une division du
i^ corps avec trois régiments de cavalerie venant de Dohnau dé-
bouchait à ce moment sur le plateau» mais elle ne tarda pas à
être également rejetée sur la Katzbach. Canons, chariots, cais-
sons de munitions, voitures du train, tout resta dans les che-
mins creux et sur les pentes des hauteurs. Les ruisseaux, pres-
que à sec quelques heures plus tôt, avaient tellement grossi,
qu'on ne pouvait guère les passer. Les hommes et les che-
vaux étaient entraînés par le courant; les gués étaient impra-
ticables; les ponts avaient été enlevés par les eaux, à l'exception
du seul pont de Niederkrayn, que l'artillerie d'York et de Sacken
canonnait, augmentant la confusion par un feu continu. Deux
bataillons français essayèrent vainement de couvrir le passage et
le combat cessa sur ce point aussitôt que les troupes de la bri-
gade du prince de Mecklembourg occupèrent Niederkrayn.
A l'aile droite des alliés, Sacken était arrivé à Schweinilz, et
son artillerie garnissait les hauteurs du confluent de la Neisse et
delà Katzbach. Vers 8 heures du soir, deux divisions du 3« corps
avec une brigade de cavalerie composée du 10« régiment de hus-
sards et d'un régiment de dragons badois, sous la direction du
général Tarayre, chef d'état-major du 3« corps, passèrent le gué
de Schmogwitz, en ayant de l'eau jusqu'à la ceinture, se diri-
geant vers les hauteurs de Klein-Schweinitz. Le général Sacken
fit avancer son infanterie, et à la suite d'une violente canonnade
les Français se replièrent au delà du défilé et allèrent camper
pTès de Schimmelwitz. Ils y furent attaqués pendant la nuit par
les cosaques, qui leur enlevèrent un assez grand nombre de pri-
sonniers.
Sur la rive gauche de la Neisse, à l'aile gauche des alliés, le
torps Langeron était aux prises depuis 10 heures du matin. Ce
général avait peu après, dans la crainte d'être tourné par le
— HO —
8« corps, prescrit au général Rudsewitsch de venir prendre la
gauche de la position de Hennersdorf, et au général Palilen II
de se replier ^vec sa cavalerie en arrière de Gonradswalde pour
couvrir la route de Jauer. A i heures, trois colonnes françaises
$e portèrent, Tune sur Hermannsdorf, les deux autres entre ee
village et les hauteurs afin de déborder la gauche de Langeron.
Mais la première de ces colonnes fut chargée et repoussée par le
général de Witt avec le 4« régiment de cosaques de l'Ukraine,
tandis que le général Emmanuel avec le régiment de dragons de
Kiew et ][e colonel Paradoffsky avec le régiment de chasseurs à
cheval de Uvonie culbutaient les deux autres. A 4 heures, Lau-
riston renouvela avec une nouvelle vigueur ses attaques, qui
furent repoussées après un combat des plus acharnés. Les pro-
grès faits par le 6* corps russe et l'arrivée à Schlaupe de Ja
V^ brigajije prussienne décidèrent également du sort de la ba-
taille à Taile gauche, et le général Sacken rappela le 10« porps
en même temps qu'il prescrivait au général Pahlen I( de réocpu-
per Conradswalde*
Bien que la victoire de la Katzbach ait valu à Blûcber le titre
de prince de Wahlstadt, on doit reconnaître qu'il a commis en
livrant celle bataille presque autant de fautes que son adver-
saire. Sans vouloir entrer dans des considérations qui nous en-
traîneraient trop loin de notre sujet, il est bon de faire remar-
quer qu^il dut le succès en grande partie au rôle joué par sa
cavalerie, et c'est pour cela que, contrairement aux règles que
nous nous sommes imposées, nous avons cru utile d'insister sur
la parï prise par elle dans une bataille qui devait avoir pour
notre armée de si funestes conséquences.
Durant la nuit, Macdonald ramena sur la rive gauche de la
Kalzbach les débris de son armée, qu'il essaya de rallier tant
bien que mal du côté de Liegnitz, et se retira sur Bunzlau, pen-
dant que le 5« corps se repliait sur Prausnilz.
De son côté, Blûcher avait prescrit au général York de faire
passer la Katzbach, à Kroitsch, à la 7« brigade et à la cavalerie
de réserve, de les envoyer par Ulbersdorf et Pilgràmsdorf jusque
sur les bords de la Schnelle-Deichsel; à la cavalerie du corps
Sacken, sous les ordres du général Wassiltchikoff, de passer la
Katzbach à Schmogwilz et de prendre sa direction sur Liegnitz
et Haynau; enfin, au général Rudsewitch, avec Tavant-garde du
— m —
corps Langeron, de se porter sur Goldberg. Hais les pluies con-
tinuelles entravèrent la marche de la 7« brigade et de la cavale-
rie de réserve, qui s'arrêtèrent à Kroitsch et laissèrent mèrae
leurs âinoDs sur la rive droite de la Katzbacb. Le 2^ régiment
de hussards du roi réussit seul à prendre^ à Rôchlitz, un colooisl,
19 officiers et 800 hommes.
Le 8« corps fut suivi dans sa retraite sur Goldberg par Tavant-
garde de Langeron; le chemin était couvert de blessés, de traïr
nards, de canons et de voitures.
Le général Rudsewitch, qui commandait cette avant-garde,
envoya le général Grekoff avec ses cosaques sur Prausnitz, pen-
dant que le général Emmanuel avec les régiments de dragons d^
Kharkoff et de Kiew suivait la grande route. Celui-ci rencontra
une arrière-garde ennemie près de Pilgramsdorf, la chargea» la
mit en déroute et lui enleva 6 canons et 1200 prisonniers, pen-
dant que le général Grekoff prenait à Prausnitz 5 canons et 700
Une autre colonne française, forte de 1600 hommes, fut at-
teinte près de Wolfsberg par les cosaques qui occupaient déjà
Goldberg, coupée, chargée sur son flanc gauche par le général
major Pandtchoulitcheff avec le régiment de dragons de Tver,
sur sa droite par le général major Denicheff avec le régiment de
chasseurs à cheval de Sieversk, et de front par le régiment de
chasseurs à cheval de Tchernigoff. Un colonel, 30 officiers, 950
hommes tombèrent entre les mains des Russes.
Le 28, le général de Horn (avant-garde du corps York) prit la
direction de Haynau où il se réunit avec Tavant-garde du corps
Sacken. Le capitaine Schwanenfeld avec 50 hussards enleva ce
jour-là un petit détachement de 180 fantassins, tandis que le
colonel von Katzler attaquait une arrière-garde française à Krei-
bau et la poussait Tépée dans les reins jusqu'à Thomaswaldau.
Le 2e régiment de hussards prit 6 canons près d'Adelsdorf, alla
bivouaquer près de Hartsmannsdorf, où il ramassa encore 150
prisonniers. Les Français erraient isolément ou en petites troupes
dans la campagne et étaient ramassés à chaque pas par les cosa-
ques et la cavalerie légère.
Le 29, pendant que le général Lanskoï et le colonel von Katz-
ler continuaient la poursuite, le général Langeron manœuvrait
pour cerner hi division du général Puthod et Tacculer au Bober.
— 112 -
Il envoya à cet effet le général Emmanuel vers Lowenbergetle
général Korff vers Zobten, le général Radsewitch plus à droite,
et le prince Tcherbatoff vers Pelersdorf .
La division Puthod, de son côté, s'était portée le 26 de Stein-
bergen à Schônau, où elle arriva le soir et où^ ne pouvaQt
tenter le passage de la Katzbach , elle prit position sur la rive
gauche près d'Alt-Schônau. Le 27, Puthod passa la Katzbach et
trouva en avant de Hûnchenstein le général Jussefovitch avec
quelques régiments de cavalerie ; mais, en présence de Tétat dé-
plorable de ses troupes et h la nouvelle de la perte de la bataille
de la Katzbach, il repassa la rivière et résolut de se porter sur Hir-
schberg dans l'espoir d'y reformer sa division. Mais n'y ayantpas
trouvé le général Ledru et voyant de plus qu'il lui était impossible
de traverser la rivière en cet endroit, il résolut de descendre le
cours de la Katzbach pour chercher un autre passage. Le 28 il arri-
vait à Zobten, toujours suivi pas à pas par la cavalerie du général
Jussefovitch. Le lendemain, à son arrivée à Plagwitz, il était
rejoint par le corps de Langeron. Il essaya en vain de rétablir le
pont; mais, malgré toute l'énergie qu'il déploya, chargé parle
général Emmanuel avec les régiments de dragons de Kharkoff et
de Kiew soutenus par l'avant-garde aux ordres du général Rudse-
wilch, qui déborda sa gauche et lui ferma la route de Bunzlau,
attaqué sur sa droite par le général Korff avec 2 régiments de
cavalerie et Tarlillerie du Don et par le 6« corps, aux ordres du
prince Tcherbatoff, il fut complètement mis en déroute et sa di-
vision anéantie. Le général Puthod, plus de 100 officiers el 3,000
hommes, 16 bouches à feu et 2 aigles, restèrent entre les
mains des Russes. Heureusement pour l'armée française, les ef-
forts faits par Langeron pour passer le Bober échouèrent le 29 et
le 30 et ce ne fut que le 31 qu'il réussit h jeter un pont et à ar-
river le soir à Lauban.
Les troupes de Sacken et d'York ayant marché pendant ce
temps sur Bunzlau, avaient ramassé en roule une foule de
traînards et atteignirent le 30 août, à Bunzlau, Tarrière-garde
française, qui, poursuivie mollement, avait eu le temps de
reprendre haleine et s'y défendit vigoureusement jusqu'à la
nuit.
Le lendemain, 31, toute l'armée de Silésie était arrivée sur les
bords du Queiss, et c'est ici que se terminent les opérations qui
— 113 —
peuvent être considérées comme les conséquences immédiates
de la bataille de la Katzbach.
Cette bataille, qui faisait perdre aux Français la Silésie, leur
avait coûté en outre 105 bouches à feu, 250 caissons de muni-
tions, 2 drapeaux, 18,000 prisonniers et environ 1,200 tués ou
blessés. Il est vrai que l'armée de Silésie avait, elle aussi, perdu
depuis le commencement des opérations environ 22,000 hommes;
enfin, il faut reconnaître avec Blûcher que cette victoire aurait pu
avoir des conséquences plus considérables encore si, comme il le
voulait et en dépit du mauvais temps et malgré son état d'épui-
sement, la cavalerie d'York et de Sacken avait poussé plus
vigoureusement les troupes en désordre de Macdonald. Il écrivait
en effet à York, qui cherchait à lui démontrer l'impossibilité d'une
poursuite plus active :
« Ce n'est pas assez de vaincre^ il faut encore savoir tirer parti
de sa victoire. Si nom ne marchons pas sur le ventre de l'ennemi,
il se relèvera de sa défaite, et ce sera alors seulement à l'aide
d'une nouvelle victoire que nous recueillerons les résultats qui ne
peuvent nous échapper si nous menons énergiquement la poursuite, r^
Le 31 août, il répondait en ces termes à ses lieutenants qui
insistaient dans leurs rapports sur le déplorable état des
routes, sur l'épuisement des soldats, le manque de vivres et de
« On ne doit tenir aucun compte des plaintes de la cavalerie, car
quand il s'agit d'obtenir un résultat aussi considérable que f anéan-
tissement de toute une armée ennemie, l'État peut bien consentir à
perdre quelques centaines de chevaux qui crèvent d'épuisement sur
les routes. Négliger de tirer pleinement parti de la victoire, c^est
iWiger inévitablement à livrer à courte échéance une nouvelle
hatûilie. Le combat livré hio* à Bunzlau n'est que la conséquence
de la mollesse et de la négligence que quelques chefs ont mises à
poursuivre Vennemi. »
Nous avons cru utile de reproduire ici les termes mêmes em-
ployés par Blûcher, parce que ces paroles contiennent à notre
avis des enseignements précieux, des principes immuables que
tout officier de cavalerie doit graver dans sa mémoire.
Nous avons indiqué dans les pages qui précèdent, que Witl-
genstein en débouchant avec la !'« colonne sur la grande route
de Peterswalde à Dresde, avait laissé la brigade Helfreich (5 ba-
il. H. L. 8
tailloiidy' 2 ésbftdroiis et 6 bouches à feu) avec les cosaque^ di
général Ilowaïsky en observation devant KOnl^âtein^ tandis qM
le |)rincë Eugène de Wurtemberg restait y Gotta pour lai servir
de soutien: Noils avons dit également que le prince de Wurtei»
berg, attaqué le 26 par Tahdamme, s*était retiré sur les hauteoÊl
<3ht^e Zëhista et G^oss•Sedllt^, et avait été à ce moment placé sod
les ôrdreâ dtl codite Ostermatin-Tolsto!. Il nous reste à ajoute^
avant de tëprëtldrë la suite du récit des événements, que ce
ttoupës avaietit été renforcées le 27 au matin par les régimeiri
Pl'eobrajensky etSemenoffsky, et le régiment de chasseurs à pie
dé la garde, les hussards de la garde et les uhlans tartares, i
tJUe le ëomte Ostermann i*ejoignit le 27, dans la journée, lli
17,500 hommes |)lacés sous ses ordres.
Malgré la supériorité de ses forces, Vandamme i-esta presqw
inactif toute la journée, et se contenta d'otcuper Piriia, que
Tennemi avait évacué.
Le lendemaii), 28 août, pendant que \à grande armée alliée âe
mettait en retraite sur la Bohême, le comte Ostermann reçut de
Barclay de ToUy l'ordre de se retirer par la route de Peterswalde,
fet si elle était encore libre, d'aller jusqu'à Maxell. Pour pou-
voir exécutëi* ces ordres, il était essentiel de commencer par un
mouvement offehsif afin d'en imposera Tennemi et de lui donner
le change. Après un premier engagement assez vif au Rohlberg,
puis à GrossCotta, les alliés se replièrent sur Gieshûbel. Au
moment où le 2« corps russe arrivait près de Berggieshûbel, une
brigade française qui liii avait tendu une embuscade sortit brus-
quement d'un bois, se jeta par le travers de la fcôlonne russe
entre les régiments de Tchernigoff et de Murom, qu'elle contrai-
gnit à se disperser et à se jeter en désordre dans les chemins de
traverse, et le général Knorring fut obligé de se mettre à là tête
des uhlans tarlares pour se faire jour par la grande route. La
colonne du comte Ostermann réussit à arriver h Peterswalde;
elle avait atteint son but, mais la journée du 27 lui avait coûté
beaucoup de tiionde. Les Français ne continuèrent leur pour-
suite que jusqu'à Hellendorf, où Vandamme, qui avait itiarclié
avec la cavalerie par Langen-Hennersdorf et Bohra, établit son
quai*tier général.
Le corps Kleist, comme la colonne composée du gros des
forces autrichiennes^ avait été itaiblemeiit poursuivi bë jbdKIâ.
- 1^8 -
.a colonne Witlgenstëiri rencontra pliis de (iitecùltés. ta brigade
russienne du général-major von klûx ^it àilaquéé assez sëriëii-
emenl, le niâtin à 6 heures, près de JPossehdorf, par une fërte
olônhè ennemie, el la cavalerie française essaya vainëfiiènl de
lébordër son flanc gaiichè ; là cavalerie prussieriiié de celle brî-
;àde, composée de uhlàns de Silésie, dé 4 escadrons de cavalerie
le làiidwéhr et d'un escadron de càValërié haliôriale, éxéculà
)lusiéurs charges couronnées de succès; belle cavalerie ëtaîl
loulenue en outre par i escadrons de chevaù-légers aîitrîchièns.
La brigade kliîi continua sa retraite eh combattant pied & pied»
à sa cavalerie réussit encore ce jour-là à disperser le régihièril
de lanciers du grand-diiché de feerg auquel elle enleva 2 bflicierS
el 100 hommes.
Les mouvements exécutée le 28 au soir par le cavalerie fran-
çaise attachée aux troiipés de Yàhdàmîhe, sur la rbiité db i^éters»
walde à Kaitz/ avaient servi à démontrer que l'ennemi se pro-
posait d'attaquer rinfantërié riisse pëiidàht le passage dû long
défilé dé t^ëlërswalde. b'api'ès lés ordres d'Ôstermànn pour là
jourbée dii 29, la 1^® division de la gardé russe devait, k la pointe
du jour, se ineltre en marche sur TÔpJitz en passant par Kuim,
tandis que iè prince de Wurtemberg avec les débris dd 2« corps,
la cavalerie et là trigadë tïelfreicn, était chargé de protéger ce
mouvement. Mais, à l'aube dû jour, le prince Schatottskoï fut
attaaué à Petërswàldë par là brigade du prince de Redss et la
cavalei-ie dû général Corbiheàii qiii, protégées par un épais brouil-
lard, avaient réussi à todi'her lé village de î^eterswaîde, à mettre
en déroute les ûhlàns du généi'ài knorrîng, à les rejeter vive-
lûent su^ rinfaritérie qii*ils rompirent el qui se dispersa.
L'encoihbremenl des routés aiigmentà encore le désordre. Le
convoi du 2« corps riisse avait quitté dans la iiuit du 21 au ^8
Jelerswalde, se dirigeant suir Kulm, Karwitz et Aussig, puis de
p sur Prague, marchant tantôt pài- lés routes, tantôt à travers
^amps. La panique se mit dans ce convoi et l'escorte, composée
p cosaqueis, se dispersa après avoir jeté au vent les approvi-
onnements du parc. Enfin, au même moment, plusieurs milliers
^ voitures appartenant aii convoi du corps Kleist et d'autres
^upes alliées, venaient déboucher sur la chauèsée et encombrer
^^ la route entre I^eterswalde et I^oUendorf. 5n voit de suite
ttels immenses résultats on aurait pu obtenir, si les troupes de
— 116 —
Vandamme étaient tombées sur les colonnes alliées défilant sur
ces routes encombrées de débris.
La surprise et la déroute des restes du 2* corps décidèrent
Ostermann a accélérer sa retraite sur NoUendorf; la brigade
Helfreich, que le prince de Wurtemberg avait postée en avant è
NoUendorf pour servir de soutien au 2« corps, ne put résisteras
choc des Français, malgré les charges et les efforts da prioce
Léopold de Gobourg à la tête des cuirassiers de l'Impératrice, et
du général Knorring avec les uhlans tartares. Mais le général
Yermoloff avait laissé heureusement la brigade Khrapowilzkyet
2 régiments du 2* corps avec 6 bouches à feu pour soutenir le
prince de Wurtemberg, qui réussit ainsi à arrêter les Français peo*
dant 2 heures, et le général Yermoloff eut par suite le temps de
gagner le village de Kulm et de se faire rejoindre par toulei
les troupes sur la position qu'il avait choisie en arrière du
Priesten.
Ce fut dans cette occasion que la fortune et le hasard favori-
sèrent les alliés. A ce moment, en effet, le roi de Prusse informait
Ostermann de la situation critique de l'armée alliée, et lui pres-
crivait de se maintenir à NoUendorf jusqu'à la dernière extrémité)
pendant que Kleist lui faisait savoir de son côté qu'il avait reçu
l'ordre de se porter sur NoUendorf. Si les circonstances n'avaierf
pas été aussi critiques, Ostermann aurait, sans aucun doute,
défendu cette position à tout prix; ses troupes, écrasées paniB
ennemi supérieur en nombre, auraient été accablées, enfoncéei
avant l'arrivée du corps Kleist, la bataille de Kulm n'aurait paJ
été livrée, et les colonnes engagées dans l'Erzgebirge y auraient
été vraisemblablement enfermées. La déroute du 2® corps russe,
en augmentant la confiance et l'aveuglement de Vandamme,
contribua également à préparer le désastre de Kulm. Ostermann,
pénétré de l'importance de son rôle, résolut de tenir ferme ^
d'attendre en arrière de Kulm les renforts qu'on lui annonçaii
du grand quartier général.
La position qu'il avait choisie présentait tous les avantagea
qu'un général pouvait désirer rencontrer dans de semblables cir-
constances : son front et son flanc droit étaient couverts par ^
ruisseau marécageux et le village de Priesten. Elle n'était abo^
dable que sur la gauche et pouvait facilement être défendue pen^
dant une journée. Ce fut au moment oti le combat s'<
— 117 —
sur cette nouvelle position que Tempereur Alexandre chargea
Jornini d'écrire au général Kleist, afin de Tinformer qu'on atta-
querait Vandamme le lendemain de grand matin vers Kulm, et
d'engager le général prussien à descendre sur son flanc droit par
les défilés du Geyersberg. Colloredo recevait au même moment
Tordre de se porter immédiatement des environs de Dux sur
Tôplitz avec sa division. La division Bianchi et la brigade de ca-
valerie de Sorbenberg, une division de cavalerie russe, devaient
également marcher sur Kulm et entrer en ligne au plus tard le
30 au matin.
Le général Knorring, qui commandait l'arrière-garde, rejeté
hors de Kulm dès onze heures du matin, ramena son infanterie
à Priesten pendant que les uhlans tartares allaient se former
derrière la cavalerie de la droite. La brigade Reuss délogea les
Russes de Kulm, et Vandamme, croyant avoir affaire à un ennemi
battu et en fuite, pensant que son apparition suffirait pour déci-
der les Russes à la retraite, pressé en cuire d'arriver à Tôplitz,
ne se donna pas le temps de rassembler toutes ses forces et enga-
gea ses troupes successivement, à mesure qu'elles arrivaient en
ligne. Ayant reconnu que la gauche était le point vulnérable de
la position ennemie, il la fit attaquer vers deux heures par la bri-
gade Reuss, qui fut repoussée après un combat opiniâtre par le
général Bistrom, renforcé du régiment Semenoffsky, Le général
Houton-Duvernet, arrivant à ce moment avec 9 bataillons de sa
division (la 42«), rétablit le combat et délogea les Russes des bois
deStraden.
Pour imposer à la cavalerie russe, Vandamme dut néan-
moins déployer la cavalerie de Corbineau à gauche de la grande
route de Kulm, et les 8 escadrons de la brigade Gobrecht à che-
val sur celte roule, en avant de Kulm. Ce fut à ce moment que le
général Philippon entra en ligne, et Vandamme, désireux d'en
finir, lança cette division sur Priesten, qui fut pris et repris deux
fois; mais Tartillerie russe empêcha chaque fois les Français de
déboucher du village. A cinq heures, au moment où l'infanterie
russe tout entière était engagée, les Français renouvelèrent leur
attaque sur Priesten, enlevèrent le village une troisième fois, puis
le laissant à leur gauche, ils traversèrent le ravin pour s'emparer
de la grande batterie russe, qui leur avait fait beaucoup de mal
et dont la position se trouvait alors très compromise*
- «8-
Au paoment pi^ les Frapsni^ allaient atteindre la batterie, le
^én,éral J)i,ébitsch^ cl)pf d^ét^t-major fie Barcjay de Tplly, se mit
^ la tjjte de la cavalerie légère de la garde (dragon^ et phlaos),
qui venait d'afriver sur lecnamp de bataille, et parvint à repoas- i
ser les j^rançais, quj laissèrent entre ses m^ins pOO prisoDujers. 1
L'infantprie française ne put se rallier que sous la protection de ,
la bri^a^e Fezensap^ et le ^^néral Qobrecht, avec sa briga(iede |
cayalerip, se porta en avant pour arrêter la poursuite des Russes. |
Le çomj)at était terminé au n^omept où la 1" divisiqn de cui- j
rassiers venait prendre position à la droite des alliés. Celle divi:
ijpi} fut suivie de près parla 2« division de cuirassiers et le régi-
ipen^ dp dragons autrichieps Archidi)c-Jean, |nai$ il n'y eut plas
^'engagemqnt sérieux cp jour-là.
Vandamrne s'aperpevan^ que les Russes avaient reçu des ren-
forts. s'atlendan| à vojr qéboucher l'armée française par 1^
Gpyprsberg, voulant dopner à celles de ses troupps qui étaient
epcprp pi) marche le temps dp le rejoindfp^ renonça à Tattaque
e{ ne çpngea plus qu'à ce maintenir sur sa position. En effet, il ,
^||t rejoint successivement par la l'« brigade de la division |
Pumqnceau, 1^ brigade jjpucet, la cavalerie et rartillene delà ,
12' division^ et pnfiîn par la brigadp Quiqt. Les alliés avaient été |
rgqfprcésle soir pi^me par la 1" division dp grenadiers, 14 2' di- j
yjsipp de la garde et les d^tachpments d|i général Piclipitsky el |
du pplppel 'V^olfif. Lp gépéral Miloradpvitch ^rrjya également et ,
prij le pomnianflenient en phef à }a placp ^'p^terifl^qn, qui avait |
eu le bras droit emporté et que le général YermolofiF avait rpœplacé j
pfoyisojrement. I
§i la joijrnép du 29 avait coûté chpr aux Russps^ elle avait j
ep revgpche perpiis aux ailjés cj'effpetuer jpur retraite sur la
gobêtnp, et c'est à la ^^si^tanpe acharnée qi('il^ opposèrent le 29
gge les |lusses durei^t l^, viptqire (lu lepfjèmain et J'aué^pti^^^'
piei}t dp^ trojipes dp yapdamipe.
ip popp^ dp KJeist (II« cprps prussiep^ ^\^\\ quitté le % ^
^euif. hpi^rps du matin^ Hausdqrf fpplit vijlagp ^jjué^ peu de ¥'
janpe et gq sud de Maxep) et §'ét^i| dirigé 3ur Furstpnwalde. f'^
II® corps français (Gouyion Sain|-Cyr), cm (Jeyait s|iiyrelarp'
jf gjtp des Prussipns en passant par Dippqjfiiswajjîe poijf ^^ P^^
Ipf sflr AJtenbefg, attaqua ayep ^on avant-gar(|e prèç dudéfi^^^^
Glashûtte, rafr|^fe-p[ardp prpssipqf]p: et rafti|jprie di| oorf^
— 119 -
Kleist ne réassit à p^ssep ce défilé que g^âoe ^ qaelqfie^ Pt^arge^
fort opportunes et vigoi^peusement ex^puté^s par le r^gimept flQs
hussards ^p ^ilésie, sous }ps ordres du colonel vpfi Bl^ctfpr> (ils
du maréchal.
En raison même des difficultés du terrain, le corps Kleist n'ar-
riva que dans Taprès-midi à Fûrstenwalda et à Li^benau. Ce fut
laque Kleist reçut vers quatre heures l'ordre que lui envoyait
l'empereur de Russie de prendre Vandamme h revers. La cavalerie
envoyée i la découverte avait appris alors h Kleist qu'jl n'y avait
pas de Français du côté de Peterswalde. Il savait aussi que
l'avant-garde du i¥ corps avait fait halte à Glasbûtte. Kleist pour
vait donc choisir entre deux partis» ou bien descendre dans la val:
lée de Tôplitz par praupeo, ou tomber sur les derrières de Vanr
damme en passant par NoUendorf. Kleist, après avoir tenu conseil
avec $pQ chef d'ét^t-major, résolut de donner un peu de repos h ses
troupes, puis de se mettre en mouvement le 30, de grand matin,
pour déboucher par Streckenwalde sur NoUendorf.
La colonne du prince de Wittgenstein avait eu pendant cette
journée à soutenir )in combat d'arrière-garde assez viqlent^ E'&l-
kenhayn.
Dans la soirée du 39 août, les souveri^ins alliée çqqférèr^îit le
pommai}4^f^^^^ siipérieuf! des troupes qu'on allait eng^gep le
lenplemaiu à Barclay de Tolly, q^i donna a^ priup^ Gali^zin Ip
commandement de Paile gauphe, au gf^ué^l Miloradqvitcl) celui
4)1 centre, ^u comte CoUeredq pelui dP la droite. Ep raison
de rimportaupe des évéuepjents, uQus proypns utile d^ repro-
duire avant tout les ord?*es donnés par Kleist ej p^r ^arclay 4e
Tolly.
Qrdr^ pour le 11^ corps prtiukn.
f Un cpfps pnnemî pous a devancés sur l^ F^fite fJe Pe^efs-
^Silde à Toplitz; çop^mp il nousf serait, par sujtp, trè^ difficile
d'^ffeiudre et de forcer |es défiés du peyprsberg, j'^i f^çolu ^e
débpucher sur Ips derri^fps dp pe corps par P^ofleudorf, 4p }'ai-
laquer, 4'opérer de la spfte ma jppptipp avec Ips trpupPS ï*usses
pt autrichiennes, ^on\ Ips phefs sont prévenu^ ^e mes raquye-
mpnts.
« Les troupes se rassembleront, par suite, suf 1^ foufp de
— 120 -
Liebenau dans Tordre suivant...., et passeront par Neudorfet
Streckenwalde, se dirigeant sur Nollendorf.
« Au quartier général de Fûrstenwalde, 29 août 1813, 9 heures
soir. « Von Klkist. »
Le corps Kleist ne put toutefois se mettre en route qu'à cinq
heures du matin. Arrivée à Nollendorf, sa tête de colonne aperçai
un convoi ennemi de 29 caissons de munitions venant de Peters-
walde et qu'escortaient quelques cavaliers. Le convoi fut attaqué,
enlevé et détruit, parce qu'on manquait des moyens nécessaires
pour l'emmener. Une partie de l'escorte du convoi réussit cepen-
dant à s'échapper et à prévenir Vandamme de la présence de
l'ennemi sur ses derrières. Enfin, le temps qu'on dut nécessaî- ]
rement perdre pour détruire ce convoi empêcha la colonne pr^s- i
sienne de déboucher sur le plateau de Nollendorf avant dix
heures.
Barclay de ToUy avait de son côté donné les ordres suivants :
« La division Colloredo prendra adroite en sortant deSoboch-
leben ; arrivée à proximité des hauteurs à droite de Karwitz, elle
se déploiera sans se montrer.
« Le général Bianchi laissera une brigade sur les hauteurs en
arrière de Sobochleben et viendra avec le reste de ses troupes
prendre position en arrière de la division Colloredo.
« Dès que la division Bianchi se sera déployée, le général-
major Knorring, avec sa cavalerie et son artillerie à cheval, at-
taquera les positions de l'ennemi sur les hauteurs situées entre
Karwitz et Neudorf.
« La division Colloredo suivra ce mouvement, formée en deux
colonnes dont l'une se portera sur les crêtes pendant que l'autre
s'avancera plus à droite par la vallée de Neudorf. La division
Bianchi s'installera avec son artillerie sur les hauteurs de Kar-
wilz. L'artillerie de la division Colloredo se mettra immédiatement
en batterie sur les hauteurs de Neudorf et Deutsch-Neudôrfel,
afin de couper à l'ennemi sa ligne de retraite sur Nollendorf.
« Dès que les troupes autrichiennes seront arrivées sur les
derrières de l'ennemi, toutes les troupes russes du centre se
porteront en avant, attaqueront vivement l'ennemi et le rejette-
ront dans les défilés.
- 121 —
« Le général Knorring sera placé sous les ordres du feld-
maréchaMieutenant comte GoUoredo.
« Sur le champ de bataille de Kulm, le 31 août 1813, 8 heures
du malin.
« Barglat de Tollt. »
Colloredo, après avoir fait occuper Karwitz, détacha la brigade
Abèlepour suivre le mouvement du général Knorring et le gé-
néral Bianchi pour soutenir cette brigade, pendant qu'il con*
tinuait son mouvement sur Nerbilz, d'où il envoya le prince de
Cobourg, avec le régiment de dragons autrichiens Archiduc-Jean,
loDger le pied de la colline, que Tennemi avait, du reste, négligé
d'occuper.
Vers huit heures du matin, le général Knorring, masqué par
les ondulations du terrain, tomba à Timproviste, avec sa cava-
lerie et quelques régiments cosaques, sur une batterie française,
lui enleva 3 pièces et maltraita un bataillon du 13* léger qui lui
senait de soutien. Les deux régiments de la brigade Dunesme
se formèrent en carré pour résister à cette cavalerie, et la brigade
Heimrodt, placée en 2« ligne de la division Corbineau, fit un
mouvement vers sa gauche, chargea les cuirassiers russes de
l'Impératrice, les rejeta, mais la présence des colonnes autri-
chiennes l'obligea à se replier et à reprendre sa position. Van-
damme voyant sa gauche menacée, y envoya la brigade Quiot ;
Une put toutefois réussir à arrêter les progrès de la cavalerie de
Knorring, et vers 10 heures la cavalerie légère russe s'approchait
déjà des premières maisons de Kulm, lorsque la brigade de
cavalerie Gobrecht la chargea et la repoussa sur les étangs.
Mais au lieu du maréchal Mortier qu'on attendait alors, ce fut le
canon de Kleist qui se fit entendre. GoUoredo débouchant en ce
moment par les hauteurs de Striesowitz, continuait à dessiner
son mouvement et faisait filer sa cavalerie par Deutsch-Neu-
dôrfel, afin de tourner Yandamme et de donner la main au corps
de Kleist.
Les Français, qui ne s'attendaient pas à une attaque venant de
ce côté, prirent dans le principe les premières décharges de
l'artillerie prussienne pour un signal annonçant l'arrivée du gros
de l'armée avec l'Empereur. Leur joie et leur espoir ne furent
pas de longue durée.
— 128 -
A la g^uci)p des alliés, \q\\\ S|'é|ait tjQirqé ^^ dépxxX ^ une pa-
nonnade; mais lorsque les franchis clierc|ièreu^ pji s'éten^^nt
i^^j\$ }e bois, à fften^cer la route fiu Geyersberg, Je prinpe de
Hesse-Hombourg reçut Tordre de les déloger. Les Français dé-
fendirei^t avec acl^arneiqei^t ]ii) moulin, qu'ils n'abandonnèrent
qu'après y avoir mis le feu.
pn ()éboi)cb2^nt de NqUei^dprf, le colp^ej de Blûpjier qu| formait,
aypc ge^ hu$sîirds de Silé^je, }a pointp di[ cprps ^leist, ^perçut
aft mofupnt où \l s'engageait sijr la rqute de Yflrder-f ellnilz, %
i}n mjliipr de pqs enyirqn de§ dernières ifi?ii§Qps (Jp viflagp^ un
pptit çp)rp§ (Ip trpupes ennenq|eç avec 4p T^if tiljefie. peux pièces
^Vpc un f^il^le soutien d'infanterie avsfient pris positiop pu avant
de Tellnitz. Les hussards de Silésie, avec la batterie ^ cheval
p? 7, sp jetèrent sur cps pj^ces, Jes enlevèrept après avoir ci](lbuté
ie§ soutiens, pt se préparaipnt à Jps pmmeuef, quand up régiment
de lanciers tom)}^ sur eu?: et les ramena vivement, après avoif
noif seulement fepjris les deux pièces, mai^ eqppre enlevé trois
panpns de la ba^tefie à cheval. La brigade Pjrch (10« brigade)
pntp^it alors en ligpe. Elle ouvrit immédiatement le feu, fiégagea
les J^psse^rds, Reprit les |fois pièces p]russiennes, et ijne pouvellp
pharge des pffv^liefs pfussieps fit tomber putre leurs m^ins Ip
(îoippian4^R^ fies lanciers français. Le géaéfal Pirch pritposi^ipn
^ pii-cbpmip de Tellnitz ^ Schauda, ^ cjieyal sur la rppte, et pur
yoya pi) régiment 41nfanterip contre ^rj^esau, ppnd£(nt que la
pava^erie prussienne, laissant deux escadrons au débouché près
(Je Teliqitz, filait par ^a gauche et se dfSployait sous }p feu 4e
l'infanterie française, encore ipajtressp d'Arbesau, le 7« régiment
dp cavalerie ^e landwehr en prewièrp ligne, quatre autrps esca-
Jirons (pn du 8S un dju !«' et deuzf 4u 2« de landwphr de Sijéçie)
pn féconde.
|jp§ trois fégimepts de cujrassiers allèrent se fqrmef pn ba-
|a|ile plus à gauche, mais le terrain étant partpijft trop ipég^l,
cette cavalerie fut presque Réduite ai} simple fôle dp sppcj^|;ei}r.
Vandamme, qui avait reconnu le danger dans lequel il se trpuvait,
jugeant sa position d'un poup d'œil, comprit alprs qu'il pe lui
fpstait d'autre papyen de salut que d'abandonner son artJUerie
pt de réunir toutes ses forces pour se frayer un chepjin |*épée à
la main, à travers les rangs des Prussiens. Il ordonna donc à
ses lieutenants de venir se concentrer autoqr de R^ujp^ pt se tint
— 123 —
tqi-fpéme sur la chaussée ppuf diriger l'en^mble dq mouvement
jd'il méditait.
En attendant et pour empêcher les Prussiens de se déployer
lans la plaine, il prescrivit à la brigade Beuss de se porter en
ivant de Schauda, k la brigade Quiot de prendre la droite de
cette brigade, et h ienx régiments de la brigade Qunesme d'oc-
cuper Arbeaaa; les divisions Phiiippon et Mouton-Duvernet
devaient arrêter les Russes pour donner aux brigades Quiot et
Reass le temps de faire reculer Kleist et suivre ensuite leur mou-
vemeiat. L'artillerie, postée sur les hauteurs de Kulm et soutenue
par la brigade Doucet^ reçut Tordre de tirer jusqu'à la dernière
extrémité sur les colonnes ennemies venant de Priesten, puis
de se retirer, en sacrifiant les pièces, mais en sauvant les chevaux.
Eq exéc^tion de ces ordres la brigade Quiot se porta sur Ârbesau,
la cavalerie de Gorbineau et la brigade Reuss, par Schauda sur
liesdorf, la brigade Dunesme arrêta les Autrichiens et participa
k la défense d'Arbesau. Les divisions Phiiippon et Mouton-Du-
vernet devaient suivre, à une certaine distance, la brigade Reuss
et exécuter leur retraite sous la protection de l'artillerie postée
à Kulm. Pendant ce temps, Kleist, qui ne disposait encore que
de la brigade Pirch, parce que le gros de son infanterie, séparée
de cette brigade par sa cavalerie et son artillerie, n'avait pu
réussir à déboucher des défilés, cherchait infructueusement h
enlever Arbesau et ne réussissait à s^installer qu'à Ober-Arbesau.
11 envoya alors sa cavalerie de réserve avec le régiment de gre-
nadiers de Silésie et deux batteries sur sa gauche, afin de se
relier avec le reste des troupes alliées. Mais ces troupes furent
rejetées en désordre, durent abandoi^ner plusieurs pièces dans
les fossés, laissant entre les mains des Français un assez gran4
nombre de prisonniers, qui ne tardèrent p^s, du reste, à être
remis en liberté.
Ace moment Kleist se trouva daifs une position d'autant plus
critique que Vandamme, faisant exécuter up refour pfFensif ei^
avant de Nieder-Arbesau, menaçait de le tourner, et c^ue la cava-
lerie française de Corbinéau, balayant, la chaussée^ se jeta avec
impétuosité par la grande route sur les Prussiens. En tête de
cette avalanche venaient la brigade de cavalerie de Montmarie,
les généraux Phiiippon et Dpyernet^ des artilleurs, dps soldats du
^ 124 ^
train. Tout plia devant ces masses ^ Les Prussiens furent culbu-
tés, renversés, leur artillerie, en marche sur la grande route, per-
dit ses canons, presque tous ses chevaux. Hais les cavaliers frao-
çais ne réussirent à enclouer et à emmener avec eux qu'une
partie des pièces. Une fraction de cette cavalerie se porta sur
Arbesau, en expulsa l'infanterie prussienne et y causa une terrible
confusion. L'infanterie prussienne, rompue, abandonna son artil-
lerie et se jeta dans les fossés qui bordent la chaussée. Le prince
Auguste, enveloppé par la cavalerie française, ne se sauva qu'en
sautant le fossé et rejoignit è Liesdorf quelques bataillons prus-
siens qui suivaient la marche de la 11* brigade prussienne.
Kleist, lui-même, courut les plus grands dangers ; séparé de son
corps d'armée, il rejoignit le détachement de Ziethen par des
chemins de traverse. Ce général, qu'on avait dans le principe
laissé à Peterswalde, avait reçu plus tard l'ordre de venir rejoin-
dre Kleist. Il était arrivé dans les bois entre Peterswalde et Nol-
lendorf, à peu de distance de Jungerndorf, lorsqu'une troupe de
cavalerie française vint se jeter inopinément sur ses troupes. Il
fit de suite occuper la lisière du bois par un bataillon, qui ne pul
cependant empêcher les cavaliers français de se frayer un pas-
sage, et continua ensuite, en marchant à cheval sur la route,
son mouvement sur Noilendorf.
Pendant que la cavalerie de Corbineau balayait la chaussée et
s'ouvrait ainsi un chemin, les troupes alliées, postées à Priesten,
se portèrent en avant : les grenadiers deRajewski, la brigade au-
trichienne de Hesse-Hombourg, le 2« corps d'infanterie et la di-
vision de cavalerie légère de la garde, attaquaient les divisions
Mouton-Duvernet et Philippon. Les troupes de la division Philip-
pon se replièrent presque immédiatement ; celles de Mouton-Du-
vernet longèrent le pied de la montagne et réussirent en partie à
se frayer une retraite. Le 17* de ligne avait été laissé pour cou-
vrir la grande batterie française, mais accablé par la mitraille et
attaqué par le prince de Wurtemberg, il dut se jeter dans les
bois. Le général Baltus, qui commandait la batterie, fit alors dé-
teler ses pièces et s'enfuit avec ses hommes, qui se jetèrent les
uns dans les montagnes, les autres sur la chaussée, à la suite de
* Voir plus loin le récit da capitaine yon Colomb.
— 126 —
la cavalerie de Gorbineaa. Les hussards russes, après s'être em-
parés sur ce point de 21 pièces de canon, suivirent les fuyards
dans les bois, et le régiment d'infanterie de Tobolsk coupa le
^emin au premier régiment de lanciers français, qui se précipita
dans un ravin, où la plupart de ces cavaliers furent faits prison-
niers. Le régiment des chevaliers-gardes enleva 6 canons et
300 hommes et reprit 16 pièces prussiennes dont les Français
s'étaient emparés.
Le détachement de cavalerie du général Knorring et le régi-
ment de dragons autrichiens Archiduc-Jean, soutenus par la di-
vision Bianchi et la brigade Abèle^se portèrent surKulm et reje-
tèrent la brigade de cavalerie Heimrodt jusqu'à Schauda.
Près d'Arbesau, le 7* régiment de cavalerie de landwehr et le
régiment de cosaques Ilowaisky enfoncèrent plusieurs carrés.
Le désordre se mit dans les équipages qui se trouvaient der-
rière Kulm, les chevaux furent dételés, une masse de fuyards se
jeta dans les bois, entraînant l'infanterie. Le 16* régiment de
chasseurs à cheval chercha alors h se faire jour par la grande
route, mais il était trop tard : la chaussée était bordée par l'in-
fanterie prussienne, dont les feux abattirent quantité d'hommes
et de chevaux. La cavalerie de Knorring s'étendit en même temps
entre Schauda et Arbesau et enleva le général Vandamme.
Il ne restait plus dans la plaine que le 13® léger et le 25® de
ligne, qui occupaient Arbesau ; attaqués par une division autri-
chienne, ils durent enfin plier et chercher leur salut dans la
fuite. Une partie de ces troupes fut prise par le détachement de
Ziethen alors qu'elles essayaient de filer par la vallée de Tellnitz;
quelques hommes seulement réussirent à s'échapper.
Le grand-duc Constantin se mit aux trousses des vaincus et
leur enleva beaucoup de monde. Le désordre des troupes fran-
çaises augmenta encore dans les bois; tout marchait pêle-mêle;
mais une fois sorties des bois, les troupes furent reformées par
leurs généraux, et les restes à peu près ralliés du corps Van-
damme se dirigeant en plusieurs colonnes sur Liebenau, y furent
recueillis par la cavalerie d'avaut-garde du 14" corps. A 2 heures
de l'après-midi la bataille de Kulm était finie.
Elle avait coûté aux Français 5,000 hommes hors de combat,
10,000 prisonniers, 5 drapeaux, 81 pièces de canon, 200 voi-
turcs et tous leurs bagages; les alliés n'avaient eu que 3,319
liommes hors de combat.
Le même jour, le prince Gortschakoff avait eu à soutenir à
Miilier-iiinnwàld un combat d'arrière-gardë assez vif dans lequel
les huâsards de tjrodno et quelques escadrons dé kussaras d'I-
zoum couvrirent brillamment la retraite de l'extrême arrière-
garde sur Eichwald.
Le lendemain, 31 août^ Wittgenstein, informé de la victoire de
Rulïti, résolut de s'eitiplarëi' des déboubhés du défilé dé to^de^
Zinnwald. Il y envoya, avecî escàdroiis de cavalerie^ Lûtzow, qui
ttouva ce village inoccupé. D'autre part, les cosaqueà formàtit
l'avant-garde de Ziethëh poussèrent jusqu'à Ebersdôf, bû ilà rèù-
eontrèrent l'ennemi. Le génél*al-major Moussine-Pbiischkihe et
le général-major RadionofF II éclairèrent en même temps là rÔutè
deGraupeet signalèrent la présence de Tennemi à Fûrstenwalde.
Enfin, le corps volant du colonel comte Mensdorff avait exécuté
plusieurs coups de main heureux sur les derrières des Français,
enlevé des convois, intercepté dés dépêches^ dispersé quelques
petits corps de cavalerie, fait pas ihal de prisonniers et ne ces-
sait d'alarmer et de tenir en éveil avec ses quelques cavaliers la
garnison de Leipzig, forte de 8,000 hommes.
Mensdorff avait en effet continué ses opéi'ations. Le 26 aoûtj à
2 heures de l'après-midi, il était entré à Borna et s'était décidé à
pousser aussitôt une forte reconnaissance du côié de Leipzig. A
cet effet, après avoir laissé soutfler son monde pendant trois
heures, il se remit en route à 5 heures avec 300 chevaux afin de
donner l'alarme -à la ville et à la garnison entre minuit et une
heure du matin. Ses émissaires l'avaient informé qu'il n'y avait
à Leipzig que 4,000 hommes. Mais il donna en route sur une
patrouille, forte d'environ 100 chevaux, qui Taperçut. Force lui
fut d'attaquer cette patrouille qu'il culbuta et poursuivit jusqu'à
Ô heures du soir. Mensdorff s'arrêta à peu de distance de Leipzig,
et ce ne fut que vers 2 heures du malin qu'il poussa des pointes
sur le Peters-Thor et le Krimmische-Thor. La cavalerie française
céda sur tous les points et se replia sur l'infanterie postée dans
les jardins. Après avoir ainsi inquiété la garnison^ Mensdorff se
retira sur ^Borna en ne laissant que momentanément quelques
postes d'observation à Rôtha. Ce coup de main n'avait coûté à
Mensdorff que 3 cosaques et un hussard blessé. Outre les 30 pri-
- 127 -
^biitiieri^ qu'il avait enlevés à la patrouille, il avait réussi à couper
ha transport comprenant S2,13b rations.
Après ce cbup^de ihain, Mensdorff, éh présence du mouveinent
rétrograde opéré par l'armée de Bohême, se retira, par ordre de
Klenaii, sur Penig, bù il passa la nuit du 28. Le 30 il se t)tlrta
sUi" Chemnitz, le 31 il était à Annaberg, et lé !•' septembre il
pni position à Schlackenwerth, en arrière de TEgger.
La bataille dé Kuldi eut pour conséquence immédiate de sàii-
ver l'armée alliée, ou tout au moins de rendre possible et rela-
tivement facile sa retraite sur TErzgebirge, qu'un peU d'activité
dans la poursuite et d'entente dans les inouvements auraii p*U
changer eii une déroute complète. La fortune paraissait voiiloir
définitiveihent sourire aux souverains alliés, qui recevaient
presque simultanément la nouvelle des victoires de Gross-Beeren
el de la Katzbach. Schwarzenberg profita de ce concours de cir-
constances favorables pour reformer et concentrer son armée eii
arrière des défilés de TEragebirge.
La bataille de Kulm présente d'ailleurs, au point de vue des dé-
tails, des particularités remarquables et tout à fait exceptionnelles ;
on y voit une armée battue, presque cernée de toutes paris et forcée
d'abandonner ses pièces, s'emparer tout à coup de Tàrtillerie dés
vainqueurs, l'emmener avec elle et ne s'en dessaisir que lorsc[Ue
la difficulté des chemins Tempèche de la conduire plUs loiii. On
y voit en outre Tofficier général dont l'arrivée sur le champ aë
bataille a le plus puissamment contribué au résultat final, dddtël*
du succès jusqu'au dernier moment et ignorer presque le résultat
de la jouriiée. Kleist, séparé par la cavalerie de C!6^binèaU de
ses troupeè qu'il voyait plier, croyant son artillerie J)étdue et
enlevée par Tenneini, obligé lui-mênië de se rejeter dànà des
chemins de traverse pour échapper au flot dé la cavalerie fran-
çaise, rejoint près de Nollendôrf le détacheinerit de Zlelhen ëh
marché sur Kulm. Désespéré de Téthec de ses ttouJDCS, il vëUl
tenter un dernier effort, essayer avec Ce faible détachement d'B-
pérer sa jonction avec les débris de son corps, se faire jour et 4*e-
joindre le gros dé l'armée, lorsque le général Diebltsch, qui inàr-
chait avec ce détachement, lui fait part de la victoire à laquelle il
avait si {Puissamment contribué pour ainsi dire à son ifasii. Arrivé
sur la route de Nollendôrf et bieù qu'il ait pu se rehdte par lui-
même compte de la grandeur des pertes subies par l'ennemi, il
— 128 -
reste pendant tonte la nuit à Ârbesau. Pendant ce temps, le roi de
Prusse, qui voulait lui remettre les insignes de l'Aigle-Noir, Le
faisait mander auprès de lui par ses aides de camp ; mais le
général refusait de se rendre auprès de son roi, qui, ne pouvant
vaincre sa résistance, lui fit donner Tordre d*avoir à se présenter
le lendemain au quartier général à Tôplitz. Kleist reçut cet ordre
pendant la nuit; il était convaincu alors qu'on le mandait à
Tôplitz pour le déférer à un conseil de guerre, parce que le mou-
vement qu'il avait fait exécuter, presque exclusivement de sa
propre autorité, sur les derrières de l'ennemi, avait coûté des
pertes sanglantes aux troupes sous ses ordres.
Aussi, lorsqu'il vit le roi l'accueillir avec bienveillance et vou-
loir lui remettre les insignes de Tordre de TAigle-Noir, il recula
d'un pas et lui dit : «c Je ne mérite pas cette croix, mon corps
est dispersé de tous côtés. » Le roi profondément ému, ne put
répondre que par ces mots : « Je sais tout », et invita à dîner le
général, auquel il conféra plus lard le titre de comte deNoilen-
dorf.
Enfin, pour compléter les détails relatifs à la confusion et au
désordre qui constituent Tune des particularités les plus saisis-
santes de la bataille de Kulm, nous croyons intéressant de repro-
duire textuellement un extrait du journal du capitaine vou
Colomb qui faisait à ce moment partie de Tétat-major de Kleist;
il donne une idée exacte de Teffet produit par le mouvement de
la cavalerie Corbineau :
« Le 30 août, dès Taube du jour, dit le capitaine von Colomb,
le corps Kleist se mit en marche de Fiirstenwalde sur NoUendorf,
après que le général von Kleist eut adressé une allocution émou-
vante aux officiers supérieurs qu'il avait réunis autour de lui.
« On atteignit la route de NoUendorf, on y enleva de Tartille-
rie française, on s'avança dans la direction d'Arbesau et enfin, on
arriva sur les hauteurs de Kulm au moment où le combat était
le plus vif, au moment où la grande armée alliée commençait à
rejeter sur nous le corps de Vandamme. Le général von Kleist
se trouvait à la droite de la route, lorsqu'on vit déboucher une
grosse masse de cavalerie. Il me dit alors : « Partez et allez ©e
chercher la brigade Ziethen. » Cette brigade formait Tarrière-
garde et devait vraisemblablement se trouver du côté de NoUen-
dorf.
- 129 —
<( Je me dirigeai vers Tellnitz^ et laissant la maison de poste
d'Ârbesau à ma droite, j'arrivai sur la grande route à michemm
de ces deux villages. Mais à ce moment je tombai dans une
horde folle, éperdue, composée d'ordonnances, de hussards
brans, d'artilleurs, d*ofiBciers français, de cavaliers, le tout galo-
pant à bride abattue, se pressant, se bousculant tellement qu'il
était impossible de songer à se dégager. A partir de ce point la
route monte assez fortement; à droite, elle est bordée par une mu-
raille de rochers taillés à pic; à gauche par un précipice. Il était
donc impossible et inutile à la fois de chercher à se jeter à côté.
« J'avais à ma droite un ordonnance, à côté de lui un chas-
seur à cheval français qui m'objservait au moins autant que je
l'observais moi-même; à ma gauche le chasseur qui m'escortait;
devant et derrière moi des dragons français et des soldats de
toutes armes.
« Cette horde s'avançait maintenant lentement et en silence, et
lorsque nous arrivâmes à un point où la route, tournant brusque-
ment à gauche, s'éloigne du précipice qu'elle longeait jusque-là et
continue à courir à droite le long de la muraille de rochers, à un
point où par suite il y avait un semblant de chance de pouvoir
s'arracher au flot qui nous entraînait avec lui, nous enfonçâmes
les éperons dans le ventre de nos chevaux, nous nous jetâmes de
côté, franchissant les fossés et les autres obstacles, et nous par-
vînmes enfin sur une hauteur à peu de distance delà chapelle de
SoUendorf.
« Ce fut sur ce point que je rencontrai le major von Watzdorf,
qui avait peu de temps avant moi reçu du général von Kleist le
même ordre que moi et qui, n'ayant pas trouvé la brigade Zie-
thenàNollendorf, s'était posté là pour éviter le choc des fuyards.
(^efut du haut de cette colline que nous vîmes passer celte horde
I)igarrée, sans savoir même si nous étions vainqueurs ou vaincus.
« Après être restés quelques instants sur ce point, nous quit-
tâmes la hauteur, nous nous jetâmes plus à gauche pour nous
diriger sur Kninitz et Bôhmisch-Kahn; mais là encore nous retom-
I)âmes au milieu des bandes de fuyards de l'armée de Van-
iamme.
« Obligés de nous rejeter encore plus à gauche, nous arri-
vâmes à la ligière d'un bois occupé par l'ennemi qui nous reçut
à coups de fusil.
i M. H, L. 9
— 130 —
« Le major von Watzdorf me proposa alors de passer l'Elbe à
Aussig, de nous rendre chez un de ses amis, d'y passer la nuit et
d'essayer le lendemain de rejoindre l'armée.
« Le jour baissait et il eût été imprudent de continuer à che*
vaucher de nuit et sans guide ; j'acceptai donc ce que me propo-
sait le major.
« Ignorant toujours la tournure prise par les affaires et le
résultat de la journée, nous résolûmes de repasser l'Elbe le len-
demain à Lobositz et de prendre ensuite le plus court chemin
pour nous rendre à Tôplitz, dans une auberge où se trouvait le
quartier général du général von Kleist, qui nous accueillit avec
d'autant plus de bienveillance et de joie, qu'il nous avait cru
tués ou prisonniers.
« Nous apprîmes alors que nous étions tombés au beau milieu
de la charge de la cavalerie française. »
Bien que les échecs éprouvés par ses lieutenants à Kulm et à
la Kalzbach eussent fait perdre à Napoléon I« les avantages
qu'il comptait retirer de la victoire de Dresde, bien que la perte
de la bataille de Gross-Beeren Teût empêché d'éloigner Tarraée
du prince royal de Suède des rives de l'Elbe, l'Empereur ne put
renoncer à Tidée qu'il avait conçue de contenir le prince royal
de Suède et de l'occuper dans les environs de Berlin. Encouragé
par la lenteur avec laquelle Bernadette avait poursuivi l'armée
française après Gross-Beeren et mécontent des opérations d'Ou-
dinot, il donna le commandement de cette armée au maréchal
Ney qui, arrivé le 2 septembre à Witlenberg, reprit immédiate-
ment l'offensive, conformément aux ordres qu'il avait reçus.
L'armée du Nord n'avait, en effet, pas su profiter de la victoire de
Gross-Beeren, et dans les 11 jours qui s'étaient écoulés du 23 août
au 3 septembre, elle n'avait, malgré la nombreuse cavalerie qu'elle
possédait, malgré les occasions favorables qui s'étaient présentées
à tout instant, livré que quelques combats insignifiants et ne
s'était avancée que de 80 kilomètres. Dès le 8 septembre, les
Français attaquèrent le général von Dobschûtz, du corps Tauen-
zien, à Zahne, l'obligèrent à se retirer d'abord sur Zalmsdorf,
puis par Mellnitz sur Jûterbogk. La journée du 8 coûta 3000
hommes aux alliés.
Dès que Bûlow, qui avec son corps d'armée était posté le plus
- 131 -
près des Français, eut reconnu que le maréchal Ney cherchait h
prendre résolument Toffensive, il prit le parti de marcher par sa
gauche et d'attaquer de flanc et à revers Tennemi qui pressait le
corps Tauenzien, et faisant part de ses projets au prince royal
de Suède, il concentra son corps à Wergzahne, mit ses troupes
en marche et arriva avec son infanterie le 6, à la pointe du jour,
k Ëckmannsdorf, tandis que sa cavalerie poussait jusqu'à Tali-
châu. Il avait défendu d'allumer des feux, afin de cacher la pré-
sence de son corps à l'ennemi. En effets les Français (le 4<> corps)
se mirent en marche entre 7 et 8 heures du matin sans se douter
de ce qui se passait sur leur flanc gauche, sans même envoyer
de ce côté une seule patrouille.
Aussi Bûlow> voyant que sa présence n'était même pas soup-
çonnée, disposa tout pour se mettre en mouvement dès que le
combat s'engagerait à Jûterbogk.
Le terrain où Ney allait si malencontreusement engager la
latte, se trouve h l'endroit même qui forme la ligne de séparation
des eaux de TElbe et de la Havel et descend en pente douce
depuis les environs de Treuenbrietzen. Il est généralement sa-
blonneux et couvert de petits bouquets de sapins. On y trouve
cependant un ruisseau aux bords marécageux, FÂgger, qui
prend sa source près du village de Niedergôrsdorf et qui n'offre
de passages que sur trois ponts : un en pierre à Rohrbeck, et
deux en bois : l'un à Dennewitz, l'autre sur le chemin de Bôchovi
à Jûterbogk. Jûterbogk même est situé dans un bas-fond entre
deux hauteurs dont la plus considérable, celle située à l'ouest et
au pied de laquelle se trouve la ferme de Kaphan, forme un pla-
teau qui domine tout le champ de bataille. Entre le petit bouquet
de bois au nord de Dennewitz et la ville de Jûterbogk, on ren-
contre un ravin longé au sud par le chemin qui va de cette ville
à Kaltenborn. Le ravin se trouvait au milieu du champ de ba-
taille, entre le corps Tauenzien et le 4* corps français.
Attaqué dès 9 heures du matin, Tauenzien avait réussi à gagner
le plateau et à s'y maintenir jusqu'à 1 heure. Il est bon de dire à
ce propos que Ney avait failli être pris au commencement de la
bataille, lorsqu'il était descendu de cheval pour reconnaître la
position ennemie. La vitesse de son cheval et les cris prématurés
des cosaques le sauvèrent.
Vers 1 heure, Tauenzien entendit à sa droite le canon de
— 432 —
Bûlow ; les Français hésitèrent un moment et Tauenzien profita
de ce moment d'hésitation pour faire une attaque générale avec
toute sa cavalerie. Le major von Barnekow avec les !«' et 2* esca-
drons du 3« régiment de Poméranie enfonça 3 bataillons enne-
mis, et, secondé par 3 bataillons d'infanterie, réussit à les faire
presque entièrement prisonniers. Le 4* escadron des dragons de
Brandebourg (dragons du prince Guillaume) et les 1^ et 7* régi-
ments de la Marche électorale arrivèrent peu après, et ne pou-
vant pas se reconnaître au milieu des nuages de poussière et de
fumée, traversèrent la !'• ligne ennemie et dispersèrent deuK
bataillons postés en 2* ligne, repoussèrent un régiment de chas-
seurs à cheval, s'emparèrent d'une batterie, dont ils ne purent
emmener cependant qu'un caisson de munitions, et revinrent
en tournant la droite de l'ennemi. Les Français lancèrent alors,
mais trop tard, 2 régiments de lanciers polonais qui, chargés
violemment par deux escadrons de dragons de Brandebourg, un
régiment de cavalerie de landwehr de la Marche électorale et
3 escadrons du i^ régiment de la Prusse occidentale, furent enfon-
cés et serrés tellement de tous côtés, qu'après une résistance
acharnée, la plupart des hommes furent sabrés ou pris.
Pendant ce temps, l'ordre s'était rétabli de part et d'autre, et
pour ne pas perdre ses communications avec Bûlow, Tauenzien
fit un mouvement vers sa droite en poussant les troupes de Ber-
trand vers Rohrbeck ; puis, comme quelques bataillons français
faisaient mine de se porter vers Nieder-Gorsdorf, où Ton enten-
dait un feu très vif, Tauenzien fit avancer toute sa ligne; mais
Tennemi commença aussitôt à rétrograder sur Rohrbeck, sous la
protection de quelques batteries, et la cavalerie prussienne se mit
en marche pour le poursuivre.
Eu même temps, Bûlow avait commencé son mouvement
par sa gauche, d'abord par échelons, puis en une seule colonne
couverte à gauche par le régiment des- hussards du Roi. Les
20 escadrons de la cavalerie de réserve appuyaient ce mouve-
ment, 3 escadrons des dragons de Brandebourg étaient attachés
à la 4« brigade et un escadron du 2* régiment de landwehr de
Poméranie escortait le train. Toute cette cavalerie poussa en
avant jusqu'à Wôlmsdorf. Un combat des plus vifs s'engagea
alors à Dennewitz et un peu plus tard à Nieder-Gôrsdorf. La bri-
gade Thûmen fut d'abord obligée de céder, mais une charge du
- 133 -
g» escadron des dragons da prince Guillaume arrêta les progrès
de l'ennemi. Toutefois, un peu plus à gauche, les hussards du
Roi, qui avaient possé le ravin avec une batterie légère, reçurent
l'ordre de revenir de l'autre côté du ravin. Pendant que la bat-
terie exécutait ce mouvement, les hussards furent chargés par les
lanciers polonais qui avaient été culbutés par la cavalerie du
¥ corps prussien, et qui perdirent dans ce nouvel engagement
9 officiers et 142 hommes. La division Durutte fut alors obligée
de rester sur la défensive, puis après avoir fait mine de se porter
de nouveau en avant et déployé un régiment de cavalerie, prise
en écharpe par l'artillerie alliée, elle se vit forcée de se mettre en
retraite sur Dennewitz.
Pendant que Tauenzien et Thûmen étaient aux prises avec la
division Durutte, le ?• corps (Reynier), composé de i divisions
saxonnes, s'était avancé contre Wôlmsdorf. La deuxième de ces
divisions, attaquée de tous côtés par les cosaques, fut obligée
de se former en carré pendant sa marche. La division de cavalerie
du général de France se déploya alors à l'aile droite des Saxons,
dont le parc, resté en arrière et attaqué par les cosaques, ne fut
sauvé que par l'arrivée de l'avant-garde du 12» corps. Bûlow fut
alors obligé de renforcer son aile droite et parvint à enlever
Gôrsdorf. L'ennemi essaya de reprendre ce village avec de l'in-
fanterie soutenue par de la cavalerie westphalienne, mais l'entrée
en ligne de deux escadrons du 2« régiment de dragons de la
Prusse occidentale le fit renoncer à ce retour offensif. Il était
alors 3 heures; le 12« corps (Oudinot), avec la cavalerie du duc
de Padoue, venait de se placer h la gauche des Saxons et le village
de Gôrsdorf venait d'être repris par la division Guilleminot, du
128 corps, lorsque l'entrée en ligne de la brigade Borstell vint
de nouveau changer la face des affaires. Les Prussiens réussirent
alors à occuper de nouveau Gôrsdorf, mais ils en furent chassés
presque aussitôt par les troupes du 12« corps. Une partie de la
cavalerie française chargea à ce moment la brigade Borstell,
mais elle fut rejetée sur sa propre infanterie par la cava-
lerie prussienne sous les ordres du général von Oppen. Ce fut
aussi à ce moment que Ney, qui était resté de sa personne
avec les troupes du 4« corps, ordonna à Oudinot de venir le
rejoindre en arrière de Rohrbeck pour couvrir la retraite du
4*^ corps. Oudinot fut donc forcé d'abandonner les Saxons et
— 134 —
quelques bataillons bavarois du côté de Gôrsdorf, et n'arriva à
Rohrbeck que lorsque le 4^ corps était déj^ en pleine retraite. A
cinq heures, en effet, les Prussiens avaient enlevé Dennewitz avec
deuK bataillons et suivi les Français jusque vers Rohrbeck. Un
peu plus tard, lorsque l'obscurité empêchait déjà de distinguer
les objets, on apprit que la cavalerie française se montrait à peu
de distance du flanc droit. On porta alors contre cette cavalerie
les hussards du Roi et les uhlans de la Prusse occidentale qui
surprenant ces escadrons, formés en deux lignes, les attaquèrent
h rimproviste et les mirent en déroute. Les dragons de Brande-
bourg et le 2o régiment de landwehr de la Nouvelle-Marche pour-
suivirent les ennemis jusqu'à Kôrbilz et Wôlsickendorf, où ils se
réunirent à la cavalerie de l'aile droite.
Pendant ce temps, Bûlow ordonnait à la brigade Borstell de
reprendre Gôrsdorf et lançait sur l'ennemi la cavalerie de réserve
du général von Oppen. Cet officier général, laissant le village à
sa gauche, se fit précéder par une batterie à cheval soutenue par
le régiment de dragons de la Reine. La cavalerie française essaya
de s'opposer à ce mouvement. Mais Oppen recevait constamment
des renforts; il fut rejoint d'abord par le colonel Pahlen avec les
régiments de hussards d'Izoum et de dragons de Riga et de Fin-
lande, puis par 3 régiments de cosaques sous les ordres du généi*al
Ilowaïski. Toute cette cavalerie se jeta sur le flanc de la cavalerie
française, la culbuta et lui enleva 10 canons, pendant que l'ar-
tillerie suédoise et russe ouvrait le feu des hauteurs situées près
du village de Wôlsnadorf. Les Saxons chassés de Gôrsdorf furent
mis en déroute, et l'armée deNey, coupée de Wittenberg, se relira
dans le plus grand désordre sur Torgau. A Oehna, Tennemi fit
encore mine de vouloir tenir tête au vainqueur; mais, chargé par
les hussards d'Izoum et le régiment de hussards de Poméranie,
il fut obligé de céder le terrain en laissant 1200 prisonniers et
11 bouches à feu entre les mains de la cavalerie, qui poussa jus-
qu'à Kôrbitz et Wôlsickendorf, pendant que le colonel von Hobe,
avec 3 escadrons de uhlans de la Prusse occidentale, prenait la
route de SchÔnewalde, s'y emparait de 3 bouches à feu et que
les cosaques suivaient l'ennemi dans toutes les directions.
Les Français continuèrent leur retraite sur plusieurs routes.
Le 4® corps, avec le maréchal Ney et la cavalerie, prit la direc-
tion de Dahme; le 7» se partagea et marcha partie par la route
— 135 -
de Heraberg, partie sur Annaburg; le 12* suivit en entier la route
d'Annaburg.
A Herzberg, le lieutenant*colonel comte von Lottam, aidé par
le général Orurck, rejoignit les Saxons et fit 800 prisonniers.
Pendant la bataille de Dennewitz ou de Jûterbogk, Tauenzien
avait envoyé au général Wobeser Tordre de se porter de Luckau
sur Dahme. Il y arriva le 7 au malin et il s'en empara après un
combat assez vif dans lequel^ aidé de sa cavalerie, il fit près de
2,gOO prisonniers. Si Wobeser était arrivé à Dahme quelques
heures plus tôt, il aurait pu y prendre les maréchaux Ney et
Oadinot et le général Bertrand, qui tous trois y avaient' passé la
nuit. Une partie des troupes mises en déroute à Dahme s'était
enfuie en désordre par SchÔnewalde sur Annaburg; mais le
major Hellwig et le capitaine von Blankenburg en ayant eu con-
naissance, leur coupèrent la route avec 800 chevaux, leur ten-
dirent une embuscade du côté de Holzdorf et leur prirent 8 ca-
nons, 10 officiers, 300 hommes et une centaine de chevaux. Les
Français coupèrent en vain les ponts sur TElster-Noire à Anna-
burg et à Herzberg : les coureurs des alliés franchirent ces rivières
et poursuivirent les fuyards jusque sous le canon de la tête de
pont de Torgau. Heureusement pour l'armée française, le prince
royal de Suède ne sut tirer aucun parti de sa victoire, et, comme
après Gross-Beeren, il resta inaclif.
Dès la rupture de Tarmislice la supériorité numérique avait
appartenu aux alliés; l'Empereur pouvait cependant espérer
encore à ce moment que son génie et ses victoires rétabliraient
l'équilibre en sa faveur et feraient pencher la balance de son
côté. Mais les échecs incessants éprouvés par ses lieutenants lui
avaient coûté, depuis la reprise des hostilités, une centaine de
mille hommes et plus de 250 bouches à feu, et c'est à peine s'il
lui restait, sans comprendre dans ces chiffres le corps de Davout
et les garnisons des places assiégées, plus de 220,000 hommes.
Les alliés, de leur côté, avaient perdu pendant ce temps 85,000
hommes et 50 bouches h feu ; mais ils disposaient encore, sans
parler des troupes chargées du blocus des places et du corps
Wallmoden opposé à Davout, de 350,000 hommes que l'entrée
en ligne de l'armée de Pologne, sous les ordres de Beningsen,
allait bientôt porter à 420,000 hommes.
Il est bon de remarquer d'ailleurs que, sauf Blûcher, aucun
— 136 -
des généraux alliés n'avait su, durant cette période» tirer parti
des avantages remportés.
La grande armée alliée, réunie dans la vallée de Tôplitz, y
resta inactive même après Kulm. Les ordres donnés par Schwarzen-
berg pour la journée du 31 août sont, en effet, formels : « Oa
emploiera, dit-il, la journée du 31 août à concentrer les troupa
le plus promptement possible. »
Le l^' septembre on avait eu le projet à Tarmée de Bohème de
faire attaquer sérieusement Marmont par les troupes de Wittgea-
stein; mais tout se borna à une reconnaissance de cavalerie faite
par le lieutenant-colonel Lûtzow, qui rapporta, comme renseigne-
ment, qu'il avait trouvé l'ennemi fortement installé à Liebenau,
que les hauteurs de Breitenau étaient occupées et qu'on aperce-
vait des bivouacs du côté de Fûrstenwalde. Une fois encore oq
avait trop tardé, et dans l'état actuel des choses il était impos-
sible de rien tenter. Le 3 septembre, cependant, on ordonna à
Wiltgenslein de se porter contre Marmont, qui, posté un peu en
l'air à Altenberg, s'était retiré sur Dippoldiswalde. Schwarzenberg
n'avait à ce moment qu'une préoccupation : il voulait avant tout
reformer et rallier l'armée autrichienne, dont les troupes étaieat
dans le plus grand désordre, et laisser aux renforts attendus le
temps d'arriver. Il crut donc suffisant de faire occuper par ses
troupes avancées les crêtes de l'Erzgebirge et de faire même
fermer quelques-uns des débouchés par des abatis. Afin de
maintenir et de conserver ses communications, il avait fait jeter
des ponts sur l'Elbe à Aussig, et comme il était décidé à ne
prendre Toffensive que dans le cas où l'Empereur se serait jet^
avec le gros de ses forces sur l'armée de Silésie ou sur celle du
Nord, il se contenta d'accepter le projet de ToU et de pousserai!
loin en avant quelques corps de partisans.
Le prince royal de Suède, de son côté, resta iuactif après
Dennewitz comme après Gross-Beeren, bien que l'armée de Ney
se trouvât dans une situation des plus critiques, bien que l'Empe-
reur eût dû dissoudre le corps d'Oudinot, à qui il donna le com-
mandement de la jeune garde, et bien que les deux autres corps,
le 4« et le 7«, fussent hors d'état d'arrêter, même un moment,
la marche de l'armée du Nord. Malgré cela le prince royal i^
Suède resta à Jûterbogk, se contentant de poster les Russes et
les Prussiens à Schweinitz, Seyda et Luckau. Quant à lui, ce ne
^ 137 --
fut que le 15 septembre qu'il transporta son quartier général à
Zerbst.
Avant de parler des mouvements de Blûcher qui, comme tou*
jours, ne voulait pas donner à l'ennemi le temps de se refaire, il
y a lieu de dire quelques mots de la mise à exécution du projet
de Toll et des ordres donnés aux partisans, dont les coups de
main allaient avoir un retentissement considérable, amener la
chute d'un des frères de l'Empereur et fournir aux alliés des
renseignements d'une haute valeur et d'une grande portée mili-
taire et politique.
Le 1« septembre 1813, Schwarzenberg approuvait, en effet, et
faisait immédiatement mettre à exécution le projet contenu dans
le mémoire suivant que le général Toll lui avait remis aussitôt
après la bataille de Kulm :
ff L'armée coalisée, disait Toll, peut être dans le cas de devoir
se reposer quelque temps après avoir fait des marches forcées
et pénibles. Pour conserver l'offensive sur l'ennemi, même dans
les cas les plus critiques, je propose de faire venir de l'armée
de Blùcher 12 régiments de cosaques pour les faire joindre dans
le plus bref délai possible à l'armée de Bohême. De ces régi-
ments on formera cinq ou six corps de partisans, leur ajoutant
quelques pièces d'artillerie volante que Ton enverra sur les
routes de Dresde à Leipzig, de Dresde à Âltenburg, de Dresde à
Chemnilz. Les opérations de ces partisans se borneront entre la
Saale et la Mulde, afin de resserrer autant que possible le ter-
rain qu'occupent les forces des Français et leur ôter, par ce
moyen, toutes les ressources de la Saxe.
« On pourra même, à Zwickau et à Hof, faire rassembler des
vivres pour l'armée de Bohême, qui ne doit pas tarder de re-
commencer le mouvement stratégique sur les communications
de l'ennemi, en se dirigeant par Zwickau et Ghemnitz sur Leip-
âg, dans le but de prêter la main à l'armée du prince royal de
Suède, qui se dirigera par Rosslau vers le même point.
« Les partisans Seslawin, Davidoff, Kudaschoff, Figner, Kaïs-
saroff et Orloff, ont rendu les plus grands services dans l'année
1812, et ils seraient heureux d'être employés dans les circon-
stances actuelles. Ces mesures prises nous procureraient des avan-
tages immenses. Toute communication avec la France sera inter-
^ 138 —
rompue f toute nouvelle formation de trtmpes ennemies en AUm^n
sera détruite ^ la troupe de ces partisans se renforcera sensiblmxik
par les Allemands^ qui prendront volontairement les armes contn
leurs tyrans, et dans peu nous verrons les grande résukatt dtct^
genre de guerre que Pennemi ignore complètement. »
Les prévisions du général Tdl devaient malheureusement st
réaliser.
Le 2 septembre, Mensdorf qui avait laissé la veille son arrière*
garde à Ânnaberg, et à Gottesgabe un parti qui devait en outre
garder Wiesenthal et observer la route de Johann-Georgenstadt)|
se porta sur Georgenstadt dans le but d'intercepter les conuDi'l
nications entre Dresde et Leipzig. U y resta jusqu'au 4 septembre,]
époque à laquelle il alla se poster h Schneeberg. Le même jour, |
Klenau l'invitait à surveiller tout particulièrement la principale
ligne de communication de l'ennemi et à chercher, par tous les
moyens en son pouvoir, à délivrer les prisonniers alliés que les
Français commençaient à faire filer plus en arrière. Mensdoif
savait d'ailleurs, par les renseignements que ses émissaires loi
avaient fait tenir le 4 au matin, qu'un convoi comprenant un mil-
lier de prisonniers autrichiens avait atteint ce même jour Leipzig
et devait continuer de là sur Erfurl. En présence de Timpossibi-
lité où il se trouvait dès lors de tenter quoi que ce fût contre
Leipzig et Dresde, il résolut d'essayer de délivrer les prisonniers
en surprenant leur escorte entre Leipzig et Naumburg. A cet
effet, il fit partir de Schneeberg pour Altenburg un parti de 300
chevaux qui devait, si ce n'est pousser jusqu'à Naumburg mto,
du moins battre l'estrade entre Naumburg et Weissenfels, avec
ordre de se jeter sur l'escorte du convoi partout où on le rencon-
trerait. Lui-même, avec le reste de son monde, se posta à Alten-
burg pour couvrir le mouvement et pouvoir, en cas de retraite,
recueillir son détachement. Mais à son arrivée à Altenburg, il I
trouva encore ses 300 chevaux qui s'étaient attardés en poursui-
vant un petit parti français et en ramassant un officier et 80 traî-
nards ou isolés. Du reste, ni Mensdorf ni ses cavaliers n'avaient
pu se procurer jusque-là des renseignements positifs sur la
marche du convoi, et l'on dut attendre, avant de se remettre en
route, le retour d'un émissaire qui rentra le 7 et apprit à Mens-
dorf que les prisonniers avaient passé la nuit du 6 au 7 à Laucha
et avaient dû continuer le lendemain 7 leur roule sur Querfurtii-
- 139 -
Il n'y avait donc plus rien à tenter de ce côté. Mensdorf se
)Dtenta par suite de renvoyer un parti à Zeitz, de pousser contre
orna des patrouilles qui échangèrent quelques coups de feu
7ec de petits postes de cavalerie française.
Le 8, Mensdorf alla d'Altenburg à Penig» le 9 à Geythayn, où
attendit des instructions de Klenau pendant que ses postes
ccapaient Borna, Lausigk» Golditz et Rochlitz et surveillaient
kmnitz.
Pendant ce temps, le général-lieutenant baron von Thielmann,
[tti venait d'entrer au service de la Russie et qui connaissait
dmirablement tout ce pays, avait reçu le 2 septembre Tordre de
brmer un autre corps franc. Thielmann se proposait d'éviter
l&DS le principe toute rencontre avec les Français, de faire un
jrand détour pour les tourner et arriver à Timproviste sur leurs
lerrières, et d'opérer dans le duché d'Altenburg et le Yoigtland.
Passant par Saaz et Carlsbad, il était le 7 septembre à Johann-
jieorgenstadt, qu'il avait indiqué comme point de concentration
mi troupes placées sous ses ordres. Lorsqu'il franchit la fron-
tière de Bohème, le lendemain 8 septembre, son corps comprenait :
1° Un détachement autrichien, sous les ordres du lieutenant-
colonel baron Casser, fort de deux escadrons de chevau-légers
de HohenzoUern, un escadron de chevau-légers de Klenau et un
escadron de hussards de Kienmayer;
^ Un détachement prussien du général prince Biron de Cour-
lande, composé de deux escadrons du 6« régiment de hussards
(2* de Silésie), deux escadrons du régiment de cavalerie natio-
nale de Silésie et de Tescadron de chasseurs du régiment de
dragons de la Nouvelle-Marche ;
3» De deux régiments* de cosaques et de deux pièces d'artil-
lerie cosaque sous les ordres du colonel comte Orloff; en tout
2,000 chevaux.
Le 9, ce corps, après avoir passé la nuit à Schnceberg, alla à
Zwickau, le 40 il était à Altenburg, après avoir enlevé en route,
du côté de Waldenburg, un piquet de 2 officiers et 60 chasseurs
^ cheval français.
^ Quelques aatenrs parlent de trois régiments de cosaques, mais Thielmann
iQmentiûnnA nartânt ira a AAnr.
n'eo mentionne partout que deui.
<- 140 —
Pendant que Ton prenait ces mesures au quartier général di
l'armée de Bohême, Blûcher, arrivé le 31 août sur les bords è
Queiss, n'avait donné à son armée qu'un jour de repos. 11 aval
jusqu'à ce moment poursuivi sans relâche l'ennemi battu à II
Katzbach.et bien que les Français eussent détruit et brûlé le|
ponts, bien que leur rétablissement demandât un certain tempii,!
les uhlans de Brandebourg et le i^ régiment de hussards, husr
sards du Roi, réussirent néanmoins, le 1*' septembre, à passée
le Queiss à gué près de Naumburg et à pousser sur Gôrlitz.
Ils furent suivis par un bataillon de fusiliers et 3 compagnies
de chasseurs qui avaient passé la rivière en aval de Naumbarg»
A 2 heures, le pont était rétabli ; le reste de l'avant-garde fllâ
sur Gôrlitz, que la cavalerie de Katzler occupait le même joa^
tandis que l'infanterie s'arrêtait à Hochkirch. La cavalerie de
Tarmée de Silésie avait cependant été sérieusement éproavée
par les marches incessantes et par le manque de fourrages.
Le même jour, !«' septembre, les corps volants du major voa
Falkenhausen et du capitaine von Schwanenfeldt surprenaient,
entre Gôrlilz et Baulzen, 4 compagnies d'artillerie, un escadron
de chasseurs et une compagnie d'infanterie, qu'ils dispersèrent
en leur enlevant un canon.
Le lendemain, 2 septembre, malgré les ordres de Schwarzen-
berg, qui lui prescrivaient de marcher par Thcresienstadt et de
venir avec 50,000 hommes renforcer Tarmée de Bohême en ne
laissant que 30,000 hommes avec la division autrichienne Neip-
perg pour couvrir la Bohême du côté de la Lausitz, Blùcber
continuait son mouvement, et le même jour le colonel prince
Mandatofif (régiment de hussards d'Alexandrie et un régiment
cosaque), qui n'avait cessé de poursuivre les troupes de Macdo-
nald, surprenait à Wûrschen un bataillon d'infanterie et faisait
prisonniers 1 colonel, 25 officiers et 677 soldats.
Continuant toujours son mouvement, il poursuivait Tennenu
sans relâche et forçait Macdonald à repasser la Sprée et Ponia-
lowski à rétrograder de Zwickau par Riimburg sur Schlûcke"
nau. Toute l'armée de Silésie était le 4 à Lôbau et recevait
l'ordre de se porter plus en avant; mais pendant que l'avant-
garde de Wassiltchikofif était attaquée, le 4 septembre, par ^^^
forces considérables, et que Blûcher, informé de l'arrivée dfi
l'Empereur, se voyait contraint de renoncer à la poursuite, 1^
~ 141 ^
jdnce Mandatoff tombait, près de BichofswerdSy sar un convoi
artillerie escorté par 500 hommes qu'il faisait prisonniers,
:Tès avoir détruit 100 caissons de munitions.
^'Empereur, en effet, voulait relever le moral des troupes de
V^^cdonald et faire reculer Blûcher, dont les progrès menaçaient
\^ communications de Ney. Au moment où il résolut de marcher
uria Silésie, Napoléon avait ordonné de renforcer les fortifi-
itions de Dresde, de reformer le 1®' corps sous les ordres de
uton. U laissa, en outre, le 2« corps (Victor) et le \k^ corps
intCyr) aux environs de Dresde, en face de la grande armée
iée, et le 2 et le 3 septembre il se dirigea sur la Silésie avec le
irps de Marmont, la cavalerie de Latour-Maubourg et la garde,
f' yiron 60,000 hommes. Il rencontra sur la route de Bautzen une
illitude de soldats marchant sans armes, affamés, déguenillés,
il fit arrêter, rassembler, réarmer avec des fusils tirés de
fe^sde et renvoyer à Bautzen. Le 3 septembre, l'Empereur se
mgea sur Hochkirch, se portant au devant de Macdonald qui
l'était retiré derrière la Sprée.
Ce même jour, Wassiltchikoff marchait de son côté sur Hoch-
kirch avec les troupes d'avaat-garde du corps Sacken et les
troapes légères du corps York, sous les ordres du colonel von
Katzler. Il laissa une partie des troupes russes et 6 bataillons
prussiens dans une bonne position sur le Pitchenberg et fit enle-
ver Hochkirch par la cavalerie de Katzler. Mais comme à ce moment
reanenai déploya des forces considérables et une nombreuse
cavalerie, Blûcher arrêta la marche en avant de ses troupes, A
6 heures du soir, les Français avaient chassé les Russes de
^reitendorf et la cavalerie de Katzler avait dû se retirer sur
liltlitz. Le 4 au soir, toutes les troupes de Blûcher étaient for-
cées de repasser sur la rive gauche du Lôbausche-Wasser.
Pendant ce temps, du côté de Tarmée de Bohême, Wittgenstein
Mait poussé en avant le comte Pahlen III, d'Altenburg jusqu'à
Talkenhayn. Pahlen, apprenant que l'ennemi s'était retiré sur
î^resde, s'avança jusqu'à Dippoldiswalde et envoya jusqu'aux
portes de Dresde des parti scosaques, qui y enlevèrent des sol-
fiais sans armes se promenant en dehors de la ville.
Napoléon avait couché à Hochkirch et le 5 septembre, à
Heures du matin, ses troupes et celles de Macdonald s'avan-
cèrent sur Reiçhenbach et Lôbau, tandis que le corps de Ponia-
— 142 —
towski, avec la cavalerie de Kollormann, se portait de Gab«|
sur L5bau. L'arrière-garde de Wassiltchikoff rétrograda soi
Reichenbach ; son artillerie avec une partie de sa cavalerie pri^
rent position sur les hauteurs en arrière de la ville. Le gé-
néral Emmanuel avec le régiment de dragons de Kiew, k
2« régiment de l'Ukraine et 3 escadrons du régiment de hus-
sards d'Alexandrie, essaya de retarder la marche des Fran-
çais. Attaqué par la division de cavalerie légère de BerckbeiiD
et 2 régiments de cuirassiers, il dut rétrograder après un enga-
gement de peu de durée. Le colonel von Katzler, qui s'était déjà
replié en arrière de Markersdorf^ reçut à ce moment du général
Landsko! Perdre de reprendre Toffensive pour permettre au reste
des troupes de repasser la Neisse sans trop de danger. Il fut re-
poussé ainsi que 3 escadrons de hussards de Brandebourg qui
avaient suivi son mouvement; une charge heureuse du major yos
Knobloch, avec les 3« et 4« escadrons de hussards de Brande-i
bourg, permit à Tarrière-garde de repasser à peu près en bon
ordre le défilé de Markersdorf et de venir prendre position eiii
avant de Gôrlitz.
Pendant ces combats d'amère-garde, Parmée de Silésie rcpaS"!
sait la Neisse sur trois ponts, en amont de Gôrlitz, à Gôrlitz et'
sur un pont de bateaux en aval de cette ville. Les convois de
l'armée retardèrent la retraite des troupes, qui se précipitaient en
masses confuses vers les ponts sur lesquels la cavalerie les près*
sait. Blûcher, voyant le danger qui menaçait son armée, sauta à
cheval dans la rivière, près du pont d'amont, et, ramenant sa|
cavalerie, permit ainsi à ses troupes d'effectuer leur passage.
Toute l'armée de Blûcher, moins un régiment de cavalerie, avait
déjà atteint la rive droite, lorsque la cavalerie de Latour-Mau*
bourg, conduite par Murât, arriva près du pont; 2 batteries à
cheval commencèrent, sur l'ordre du roi de Naples, le feu sur ce
régiment; mais à peine ces batteries eurent-elles envoyé quelques
boulets, que la cavalerie prussienne, ouvrant ses rangs, démasqua
à son tour la grosse artillerie des alliés, qui dirigea un tir aussi
inattendu que meurtrier contre les masses de la cavalerie fran-
çaise, à laquelle elle fit perdre en quelques instants 150 hommes
et 300 à 400 chevaux et démonta 2 pièces. Murât fut obligé de
ramener sa cavalerie en arrière et son infanterie occupa Gorlilz.
Sans vouloir insister outre mesure sur ces faits, on comprend
- 143 —
[uels résaltate aurait prodait l'entrée en ligne moins tardive de
a cayalerie française, au moment où les troupes prussiennes en
lésordre cherchaient h repasser le Queiss.
L'armée de Silésie se retira le 6 septembre derrière le Qaeiss;
es troupes de Wassiltchikoff el de Katzler restèrent seules h
Irûhna *.
Ce jour-là les Français poussèrent faiblement en avant et arrè-
èrent leur mouvement sur la Neisse. On pouvait en conclure que
.'Empereur, lassé de ne pouvoir atteindre BlQcher, avait de nou-
Kaa quitté l'armée de Macdonald. Du reste, cette supposition
Fat confirmée dès le jour même. Le colonel Figner enleva en
sffet ce jour-là, entre Reichenbach et Bautzen, un secrétaire de
Caulaincourt, qui confirma de son côté à l'ennemi la nouvelle du
iépart de l'Empereur. Blûcher, qui ne perdait pas l'armée enne-
inie de vue, aurait certainement repris roflfensive de suite si
Langeron, comme il l'avait déjà fait avant la bataille de la
Katzbach, n'avait pas cette fois encore reporté son artillerie par
trop en arrière. Blûcher lui manifesta son mécontentement, lui
enjoignit de se conformer strictement aux ordres du quartier
général; mais il fut obligé de donner un jour de repos à ses
troupes le 7 septembre, et ne put se remettre en mouvement vers
la Neisse que le lendemain ».
Napoléon, qui avait deviné que Blûcher cherchait uniquement
à l'éloigner personnellement de Dresde, et qui avait d'ailleurs été
informé par Saint-Gyr du mouvement en avant de l'armée de
Bohême, résolut de se reporter vers l'Elbe avec Marmont, La*
tonr-Maubourg, Kellermann et la garde, laissant devant l'armée de
Silésie 3 corps d'armée sous Macdonald et le corps Poniatowski,
en tout 70,000 hommes.
Lorsque l'Empereur s'était tourné contre l'armée de Silésie, on
ivait pensé au grand quartier général des alliés qu'il allait mar-
cher contre le prince royal de Suède; on crut par conséquent de«
voir,conformément àla convention de Trachenberg, entreprendre
'York et son état-major se plaignaient de ces monvements incessants de
^roii, de va et vient, de ces marches de nuit qni épuisaient les troupes, ainsi
<rte da manque de vivres, mais l'empereur Napoléon appréciait autrement la
conduite de son adversaire^ qu'il ne pouvait amener k accepter la bataille, et il
s'écria : Cet animaux-ld ont apprit quelque ehote t (Drotsen, III, 82.)
'B^ft tmm Miiiiair'WoehÊ^Mt, 1844.
— 144 —
une démonstration sérieuse sur Dresde. Le S septembre on porit
le corps de Barclay de Tolly de Tôplitz à Nollendorf, une partit
du corps Wittgenstein de NoUendorf à Peterswatde, tandis qui
les troupes d'avant-garde de Ziethen enlevaient Hellendorf etquele
prince Eugène de Wurtemberg s'emparait des hauteurs d'ÛËlssen
et poussait l'ennemi sur Borna. Il est curieux de remarquer que,
malgré la nombreuse cavalerie dont il disposait, Schwarzenbei;
était toujours tardivement renseigné^ ou du moins pi-ofitait avec
une lenteur singulière des renseignements que lui fournissaient si
cavalerie et ses espions. On ne sut en effet que le 6 au soir, au quar*
tier général de Schwarzenberg, que l'Empereur s'était porté sur
Bautzen,par conséquent peu de temps seulement avant le moment
où l'Empereur allait quitter l'armée de Macdonald pour reveoit'
avec ses troupes faire face à l'armée de Bohème. Schwarzenberg
résolut donc d'envoyer un tiers de son armée par la rive droite de
l'Elbe soutenir l'armée de Blûcher en marchant par Aussig, tandis
que Barclay de Tolly devait continuer son mouvement sur Dresde.
Cette manœuvre de Schwarzenberg était d'autant plus défectueuse
qu'en opérant de la sorte il affaiblissait son armée et courait le
danger de donner dans le gros de l'armée de l'Empereur, d'être
battu isolément par elle dans le cas où Blûcher aurait été obligé
de se retirer en Silésie.
Le 6 septembre, cependant, Wittgenstein poussa en avant et
trouva Breitenau, Bernersdorf, Bertelsdorf et Liebsladt évacués.
Seule la cavalerie de Ziethen eut un engagement assez vif da
côté de Laurich. Le soir, les Français se repliaient jusqu'à Sei-
tewilz, et les troupes avancées des alliés arrivèrent jusqu'à
Borna. Le 7 septembre, le mouvement en avant continua. Ziethen
occupa sans combat Zehista et Pirna, le prince de Wurtemberg
poussa vers Gross-Gotta et Kaïssaroff vers Maxen. Mais le jour
même Schwarzenberg, informé par Bubna du mouvement de
l'Empereur sur Dresde, prescrivit à Barclay de Tolly de ne pas
compromettre Wittgenstein et de retirer d'Altenburg le corps
Kleist.
Le 8 septembre, Wittgenstein, continuant son mouvement,
avait commencé à repousser les Français en les obligeant à se r^
tirer derrière la Mûglitz. L'avant-garde de Ziethen poussait sur
Heidenau et le général-lieutenant Pahlen, avec les régiments de
chasseurs du général Wlastoff, la cavalerie de Wittgenstein et
— 145 —
la î^ division de grenadiers, se portait sur Dohna. Ce fut à ce
moment que l'Empereur, à peine arrivé, attaqua l'ennemi à son
tour, simultanément à Dohna et à Heidenau, et le rejeta en lui
faisant perdre un millier d'hommes. Toutefois, 2 escadrons du
14® régiment de hussards, en tentant de se jeter sur les tirail-
leurs russes de Italie gauche, furent chargés et coupés par les
hussards de Grodno, sabrés ou pris par eux *. Napoléon cou-
cha le soir à Dohna et c'est là qu'il reçut les premiers rapports
détaillés sur la perte de la bataille de Dennewitz.
Ce fut cette victoire qui décida, il nous parait utile et curieux
de le dire, TAulriche à se lier définitivement avec la Russie et la
Prusse. En effet, après avoir échangé le 3 septembre, à Tôplitz,
une convention avec ces deux puissances, le gouvernement au-
trichien ne signa que le 9 septembre, dans la même ville, une
convention bien autreipent formelle et bien plus catégorique, par
laquelle ces trois puissances se garantissaient réciproquement
leurs possessions ante bellum, et s'obligeaient à fournir chacune
une armée d'au moins 60,000 hommes. Cette convention conte^
nait en outre des clauses secrètes bien plus importantes :
1*^ rAutriche et la Prusse devaient reprendre les frontières
qu'elles avaient avant les guerres malheureuses de 1805 et 1806;
2<* la Confédération du Rhin devait être dissoute et l'indépen-
dance rendue à tous les États compris entre la France et les
puissances alliées ; 3*^ on restituerait à la maison de Brunswick-
Lûneburg les possessions qui lui avaient été enlevées; 4<> les alliés
se réservaient le droit de statuer ultérieurement sur le sort du
duché de Varsovie; 5* les puissances alliées confirmaient une
fois de plus les résolutions prises lors de la convention de Tra-
chenberg, et s'engageaient à mettre chacune pour sa part au
moins 150,000 hommes en campagne ^.
Le 9 septembre, l'Empereur voyant que les alliés battaient en
retraite sur toute la ligne, voulait rentrer à Dresde; mais sur les
instances de Gouvion-Saint-Cyr, qui croyait savoir que le gros
de l'armée de Bohême s'était engagé en plusieurs échelons sur
la chaussée de Tôplitz, il consentit encore une fois à chercher, en
' Journal des opératUmi de Barclay de Tolly.
^'Mémoiret d'un homme d*Etat, XII, 230, 231. Traité de T()plifz, signé
par les comtes Metternich et Nesselrode et par le baron Hardenberg.
M. B. L. 10
— 146 -
marchant par Dohna, Fûrstenwalde et le Geiersberg, à arriver
avant eux en Bohëme> c'est-à-dire à obliger les alliés à accepter
Ja bataille avant que les troupes de Scbwarzenberg eussent pu
revenir de la rive droite de TElbe, avant que l'armée de Pologne
sous Beningsen fût arrivée, de son côté, à déboucher en Bohème.
L'Empereur approuva la proposition de Saint-Cyr qu'il fit mar
cher en avant par la chaussée de Tôplitz; le 10, le 14* corps
poussa jusqu'à Ebersdorf et vers le Geiersberg, détachant en
flanc-garde sur sa gauche quelques troupes qui occapèrenl
Schônewald. En avant de ce village, une charge de uhlans de
Tchougouieff arrêta les tirailleurs français et leur coûta un assez
grand nombre de prisonniers. Barclay de ToUy avait deviné les
projets de l'Empereur et accéléré sa marche en retraite. Ses ré-
serves avaient déjà pris position la veille au soir à Kulm, point
sur lequel Wiltgenstein se retirait en toute hâte; Kleist se diri-
geait sur Zinnwald, et Klenau sur Johnsdorf. Deux régiments de
cosaques, les régiments de uhlans de Tchougouieff et de ublans
tartares, et 2 régiments de uhlans prussiens restèrent seuls sur
les hauteurs de Nollendorf, et le corps de Rajewski occupa le
Geiersberg, que Tinfanterie française essaya vainement d'en
lever.
L'Empereur fit alors reconnaître le terrain et la situation par
le général Drouot, qui conclut à l'impossibilité de pénétrer en
Bohème de ce côté. Napoléon, décidé à se retirer, voulut toute-
fois laisser croire aux alliés qu'il avait toujours l'intention de leur
livrer bataille. Arrivé le 11 septembre à Hellendorf, il dirigea
sur Nollendorf le 1«' corps (Mouton), qui bouscula la cavalerie
légère russe postée sur ce point, enleva Nollendorf et s'engagea
avec les troupes de Schakoffskoï chargées de défendre Tellnîtz.
Mais le soir il prescrivait à Mouton, comme il l'avait déjà faitl»
veille avec Saint-Cyr, de se contenter d'inquiéter l'ennemi par des
démonstrations, et le 12 septembre il rentrait de sa personne à
Dresde. Du reste, dès le 12 septembre les alliés virent clair dans
les intentions de l'armée française. Une reconnaissance poussée
par le général Kaïssaroff leur avait appris que l'ennemi semblait
de ce côté se retirer de Nollendorf sur Peterswalde, tandis qne
d'autre part la cavalerie du colonel von Mutins, battant la cam-
pagne aux environs de Fûrstenwalde, signalait des mouvements
analogues.
— 147 -^
Blûcher, de son côté, avait résolu de reprendre sa marche en
avaQt dès qu'il avait su, le 8 septembre, par un secrétaire du duc
de Caulaincourt qui, comme nous l'avons dit, avait été enlevé par
Figner, que l'Empereur avait quitté l'armée de Macdonald; mais
Macdonald réussit à lui échapper en se retirant vivement sur la
Sprée. Le corps Poniatowski avait du reste couvert la retraite en
arrêtant l'ennemi pendant 4 heures devant Lôbau, dans la jour-
née du 9. Le 10, Macdonald ayant atteint les hauteurs en avant
defiautzen, Blûcher le fit suivre par ses troupes d'avant-garde;
ce fut ce jour-là qu'il lança ses partisans sur les lignes de com-
munication des Français et qu'il les poussa vers l'Elbe. Les
ordres contradictoires qui arrivaient à Blûcher du grand quar-
tier général, ordres contre lesquels il protesta vivement et aux-
quels il se garda ^ du reste, de se conformer, décidèrent néanmoins
le commandant de l'armée de Silésie à ralentir sa poursuite.
Macdonald ne s'en replia pas moins le 12 sur Stolpen, à une
journée de marche de Dresde. Le 13 septembre, Saint-Priest at-
taqua l'arrière-garde française, postée entre Bischofswerda et
Goidbach. Une charge faite dans cet engagement par â régiments
de dragons russes coûta à l'infanterie française plus de 800 pri-
sonniers, parmi lesquels 1 colonel et plusieurs officiers.
Malgré cela, les Français réussirent à se maintenir sur leur
position.
Le 15, Blûcher apprit que Marmont, avec le 6« corps, était ar-
rivé à Grossenhayn, et le matin du même jour la cavalerie du
colonel von Katzler et celle du général-major Emmanuel, qui
avaient poussé vers Stolpen, furent arrêtées par l'ennemi, tandis
que la cavalerie légère de Sacken battait le pays du côté de
l^ônigstein. Du 18 au 2S, Blûcher resta sur ses positions afin de
couvrir la marche de Tarmée de Pologne jusqu'au moment où
elle aurait franchi le défilé de Gabel.
Pendant ce temps, l'armée de Bohême entrait encore une fois
en Saxe, et la plus grande partie du corps Wittgenstein se por-
tait en 3 colonnes vers Nollendorf et Peterswalde- Le 14, au
matin, le prince de Wurtemberg attaquait à Nollendorf la divi-
sion Dumonceau et faisait mettre bas les armes à un bataillon
du 33% pendant que Pahlen se portait contre Peterswalde. L'en-
nemi se retira sur Hellendorf et l'infanterie de son arrière-garde
fut chargée à ce moment par le régiment de hussards <Ie Lubny
— 148 —
et une partie du régiment de hussards dé Soumy. La cavalerie
ennemie voulut se porter au secours de l'infanterie^ mais elle fut
chargée à son tour et prise de flanc par les escadrons de réserve
du régiment de hussards de Soumy et le général Kaïssaroff qui
entrait en ligne à ce moment. Cette journée coûta aux Français
plus de 800 hommes mis hors de combat ou faits prisonniers.
Schv^arzenberg était cette fois résolu à pénétrer en Saxe^ mais
TEmpereur, prévenu de ses intentions, accourut de nouveau. Ea
effet, le IS septembre dans l'après-midi, il fit attaquer Kaïssa-
roff à Markersbach par deux divisions de la jeune garde, qui
devaient ensuite chercher à tourner Pahlen, posté à Hellendorf.
Les Russes se trouvant en présence de forces supérieures se re-
plièrent sur Hellendorf où ils tinrent tête à Tennemi. L'infanterie
française s'efforça de déborder la droite des Russes et y réussit
momentanément; mais la cavalerie française, poussée en avâot,
vint se briser contre l'infanterie du prince Auguste de Prusse, fut
chargée par la cavalerie russe et obUgée de se rejeter en désordre
dans le défilé ; à l'aile gauche des Russes, l'infanterie française
était presqu'au même moment attaquée, bien que le terrain ne se
prêtât nullement à l'action de la cavalerie, par les hussards de
Soumy et les uhlans de Tchougouieff, qui lui prirent 400 hommes.
Malgré cela, Wittgenstein se replia le soir sur NoUendorf.
Le 16, au matin, le corps Kleist devait relever Wittgenstein
qui défendait la chaussée de Tôplitz et laisser une de ses bri-
gades au Geiersberg pour surveiller le défilé. En attendant l'ar-
rivée des troupes prussiennes, Tavant-garde de Pahlen et la divi-
sion Mezentzoff restèrent sur la chaussée. L'ennemi ayant montré
des forces considérables h Hellendorf, les alliés se retirèrent sur
Peterswalde, couverts à l'ouest de ce village par la cavalerie
russe, à l'est par le régiment de hussards de Silésie, en tout
14 escadrons qui eurent à, soutenir la retraite contre 23 esca-
drons français. Pendant que les Iroupes de Kleist commençaient
h. gravir les hauteurs de NoUendorf que le corps Wittgenstein
abandonnait, et au moment où, par suite de ce relèvement, les
troupes russes et prussiennes se croisaient dans leurs mouve-
ments, pendant que le défilé de NoUendorf était encombré sur
les derrières de Kleist par l'artillerie et les trains, les lanciers
polonais se précipitèrent sur les hussards de Silésie et les culbu-
tèrent. Le lieutenant-colonel von Bliicher, fils du commandant
- 449 —
en chef de l'armée de Silésie, fut grièvement blessé et pris dans
cette charge *.
La position de Kleist était critique; l'arrivée des brigades
Qethen et Pirch lai permit toutefois d'effectuer sa retraite sur
Kalm en retardant quelque peu la marche des Français.
Le 17, au malin, l'Empereur en personne reconnaissait le ter^
rain et faisait attaquer l'ennemi; le général Ziethen réussit
néanmoins h se maintenir pendant 3 heures à Tellnitz, mais dut
ensuite se retirer sur Kulm. Les Français se déployèrent dans la
plaine et enlevèrent les villages d'Arbesau, Delitscb, Knienitz et
Johnsdorfy mais ensuite ils furent obligés de s'arrêter. Les Russes
elles Prussiens leur résistaient en effet sur leur front, pendant
queCoUoredo descendant des hauteurs de Striesowitz, les atta-
quait de flanc à Arbesau. L'artillerie à cheval autrichienne fit
taire quelques batteries françaises et canonna les troupes qui se
portaient contre Kulm. Au même instant Nansouty^ avec la ca-
valerie de la garde, se jette sur les batteries autrichiennes, s'em-
pare de quelques pièces; chargé à son tour par la cavalerie
prussienne de Rôder et quelques escadrons de hussards de
Hesse-Hombourg, il se vit contraint à abandonner les pièces
prises et à se replier derrière l'infanterie. Colloredo profita de
ce moment pour enlever, soutenu par la cavalerie de Fabien,
Arbesau, où il prit un drapeau et 3 canons, pendant ^Me le
2* corps et la brigade de Ziethen se reportaient en avant et fai-
saient prisonniers le général Creuzer, plusieurs officiers et
200 hommes*.
Napoléon reconnut alors qu'il ne disposait pas d'assez de
monde pour entrer en Bohême. D'autre part, il pouvait d'autant
moins s'éloigner de Dresde que Blûcher n'était pas à plus de
deux îoumées de marche de cette ville, et que Ney était ac-
tuellement hors d'état de pouvoir arrêter la marche de l'armée
du prince royal de Suède. Aussi, le 18 septembre, à 4 heures de
l'après-midi, l'Empereur se rendit à Pirna, et, après avoir oc-
^ Richter prétend que lorsque le colonel Blûcher fut présenté à l'Empereur,
il répondit à celni-ci, qui lui aurait demandé : Cotnbiên votre roi a-t-U de soU
dau? ^ Autant gu'U a de sujets. (Richter, H, 207.)
^ Journal du prince Eugène de Wurtemberg,
— 160 -
cupé l'ennemi par quelques escarmouches, il se fit suivre par ses
réserves et le 2* corps; Mortier et Sainl-Gyr se replièrent dans
la nuit sur Fûrstenwalde.
Les fatigues, les marches continuelles, les privations et le
mauvais temps avaient fait fondre les effectifs et affaibli le moral
des troupes françaises. Quant auK alliés, surtout en ce qui cod-
cerne les corps de Kleist et de Wittgenstein, ils avaient perdu
énormément de monde depuis Kulm, plus encore par les mala-
dies que par le feu, et avaient grand besoin de repos. Aussi,
tandis que Napoléon était obligé de courir encore une fois, le
82 septembroi au secours de Tarmée de Macdonald, les gêné-
néraux alliés se décidèrent, dès le 18, à laisser reposer leurs
troupes jusqu'à l'arrivée de Tarmée de Pologne, à envoyer la
cavalerie et l'artillerie se refaire à Tintérieur de la Bohème et à
renoncer à entrer en Saxe.
A la même époque on avait appris au quartier général des
alliés que Tennemi avait envoyé d'assez fortes fractions de cava-
lerie du côté de Freyberg et de Tschoppau, et on avait ordonné
au général baron Scheither de se porter sur le premier de ces
points. Il se mit en route le 17 septembre au soir, s'embusqua
la nuit à Bertsdorf çt attaqua la ville de Freyberg au point du
jour, de tous les côtés à la fois; il enfonça les portes fermées par
les Français cantonnés dans celte ville, et fit prisonniers le
général Bruno^ 20 officiers, 400 hussards et 228 fantassins^
1 Napoléon au prince de Neuchatel et de Wagiam, major général de la ùnîïàa
Armée :
« Pirna, 19 septembre 1813.
« Mon cousin, écrive? au Bellune duc de que ce n*est pas par 4,000 hommes
mais par 400 que le général Bruno a été enlevé ; il dormait tranqulllemeot
dans la ville avec tous ses hommes. Tant que les troupes légères servirottt
aussi mal, il arrivera des malheurs. Au lieu de bivouaquer dans une posiuon
militaire et de changer tous les jours de camp, Bruno s'était renferme dans la
ville. Dites au duc de Bellune de vous envoyer l'état des deux escadrons qw
..étaient à Freyberg et de vous faire connaître s'il y avait de l'infanterie. Témoi-
gnez-lui mon mécontentement de ce qu'il n'avait pas donné au général Bruno
des instructions telles qu*il ne se soit pas enfermé dans la ville. Le maréchal a
dû savoir par ses officiers qu'il vivait dans la ville au lieu de bivotiaquer. »*
Le môme jour, l'Empereur adressait encore à Berthier les instructions sm-
■ vantes :
« Çirna, 19 septetubre 1813.
« Je viens de dicter un ordre du jour pour faire connalire à l'armée Tévéne-
- 151 -
Le inème jour, pendant que les alliés prenaient position sur la
frontière de Bohême, on faisait partir le général PlatofiF, qui,
avec 4 régiments de cosaques Ataman, Grekofif 5, Tchernozou-
boff 5 et 2« de Tartares, 10 canons de rartillerie des cosaques
du Don, et avec le détachement du prince Koudachoff (un régi-
ment de cosaques du Don et un de cosaques de la mer Noire et
2 pièces de rartillerie des cosaques du Don), devait se porter
sur les lignes de communication, de Tennemi pour soutenir les
partisans du général Thielmann, du comte Mensdorf, du ma-^
ment survenu au général Bruno. U faut réitérer Tordre anx troupes légères de
ne jamais passer la nuit dans une viUe ; elles doivent bivouaquer et changer
de i)iyouac le soir, de manière à coucher à une demi-lieue ou une lieue de Ten-
droit où elles étaient au coucher du soleil. C'est le moyen de n*élre jamais sur-
pris, et c'est faute de ces précautions que de pareils accidents ont lieu. 200 ou
300 hommes de cavalerie légère ne doivent pas prendre position comme un
corps d'infanterie : leur but est d'éclairer et non de combattre. Faites sur ces
principes un ordre du jour soigné et qu'on puisse imprimer. On doit faire con-
naître qu'il y a peine de mort contre les commandants de troupes légères qui
passeraient la nuit dans une viUe. •
« Ordre,
« Sa Majesté est mécontente de la manière dont se fait le service des troupes
légères de cavalerie,
< Le général Gobrecht, commandant les troupes légères du (^' corps, était
en position sur les flancs de l'armée, sans grand'gardes et tous les chevaux
débridés. Les lois militaires rendent une pareille négligence passible de la peine
de mort.
« Sa Majesté a surpris un brigadier de la garde qui, étant placé en grandV
garde près Pima, avait ses chevaux débridés. Sa Majesté ordonne que ce bri-
gadier soit cassé.
« Le général de brigade Bruno, en reconnaissance avec 150 chevaux west^
phaliens, au lieu de bivouaquer, de changer tous les soirs d'emplacement,, de
ne jamais passer la nuit dans un lieu où on a pu l'observer au coucher du
wleil, de n'entrer que le jour dans les villes et dans les villages, s'était simple^
ment cantonné dans Freyberg, ayant placé ses chevaux dans les écuries, et a
été surpris par 400 Autrichiens.... Sa Majesté ordonne que le générai Bruno
soit suspendu et que l'examen de sa conduite soit renvoyé à une commission
d'enquête.
(c Tout officier ou sous-officier étant de grand'garde qui négligera les précaù •
lions prescrites par les règlements militaires, tout commandant, quel qu'il soit, de
troupes légères envoyées en reconnaissance ou détachées sans infanterie, en
camp volant, qui négligera de prendre lesdites précautions, tout général de
cavalerie qui, flanquant la position de l'armée, négligera de placer ses grand'-
gardes, et qui par suite de l'inexécution des règlements militaires exposera
l'armée à une surprise de l'ennemi, sera traduit par devant une commission
uûlitaire et condamné à mort« »
— 152 —
jor de Colomb et du capitaine comte Pûckler, dont nous expose-
rons bientdt les opérations en détail.
La situation de r£mpereur, après avoir vainement tenté une
deuxième fois d'entrer en Bohème, était plus critique que ja-
mais. Ses effectifs fondaient rapidement. Odeleben prétend qu'il
était obligé de compléter ses bataillons avec des prisonniers
polonais, et s il faut en croire un article publié en 1838 parla
Jtevue militaire autrichienne (Revue de Streffleur), il aurait forcé
des prisonniers alliés & entrer au service français et les aurait
dirigés sur l'armée d'Espagne. Pendant ce temps le cercle se
resserrait autour de lui. L'armée de Bohême se préparait à en-
vahir la Saxe, Blûcher était bien près de Dresde et le prince
royal de Suède pouvait à tout instant passer TËlbe» culbuter
Ney, se jeter sur les lignes de communication des Français.
L'Empereur songea alors à exécuter le plan hardi de passer
l'Elbe à Pirna, de tomber sur l'aile gauche de Blûcher, de le
culbuter, d'opérer sa jonction avec Murât et Marmont, postés ï
Kônigsbrûck et Grossenhayn, de rallier Ney et de se jeter avec
lui sur Bernadette pendant que Mouton, Saint-Cyr et Victor au-
raient arrêté l'armée de Bohême et défendraient Dresde. Les
fausses nouvelles qui lui parvinrent sur les mouvements des ar-
mées du Nord et de Siiésie, ainsi que le mauvais temps l'empê-
chèrent de mettre ce plan à exécution.
Ce fut à ce moment aussi que Blûcher reçut enfin, le 18 sep-
tembre, l'autorisation de descendre l'Elbe pour opérer sa jonc-
tion avec le prince royal de Suède; il devait cependant rester
d'abord en position pour couvrir la marche de l'armée de Be-
ningsen et faire reculer Murât, posté à Grossenhayn. Mais cela
ne suffisait pas à Blûcher. Il s'entendit donc avec Tauenziea
(dont le corps faisait partie de l'armée du Nord), combina ses
mouvements avec lui et le décida à se portei* avec une dizaine de
mille hommes sur Elsterwerda et Ortrandl. Blûcher, de son côté,
devait envoyer au devant de lui un corps d'armée pendant que
de sa personne il se porterait avec Langeron et York contre Mac-
donald, dont l'armée souffrait énormément du manque de vivres.
Pour se faire une idée des privations que devait endurer à ce
moment l'armée de Macdonald, il suffit de constater que là
moitié au moins des soldats de Blûcher opérant au cœur mémo
de l'Allemagne, à quelques lieues de Berlin, n'avaient même p^
— 153 —
le soaliers aux pieds, maraudaient de tous les côtés, pillaient
;ur les grandes routes, et manquaient malgré cela de pain pour
mx, de fourrages pour leurs chevaui ^
Le a septembre, au matin, Napoléon arriva à l'armée de
Hacdonald, escorté seulement par un bataillon de sa garde, un es-
cadron de chasseurs à cheval et 60 gendarmes d'élite, et fit en-
lever Bichofswerda le même jour. Le lendemain, l'Empereur
continua son mouvement en avant, mais par sa marche offen-
sive il voulait uniquement procurer à l'armée de Macdonald le
temps nécessaire pour repasser tranquillement TElbe. Lorsque
les Français débouchèrent des bois de Bichofswerda dans la
plaine, 15 escadrons, sous les ordres des généraux Witt et Em-
manuel et du colonel von Katzler, se précipitèrent sur eux, sa*
brèrent les tirailleurs et quelques escadrons de cavalerie et prirent
ï la cavalerie westphalienne 10 officiers et 300 hommes. L'Em-
pereur lui-naème dut s'exposer aux plus grands dangers pour
reporter en avant ses troupes, qui occupèrent Zwickau et Gôdau.
Le 24, l'Empereur donna Tordre à Macdonald de se replier sur
Dresde, à Murât d'aller se poster à Meissen et lui-même rentra
encore ce jour-là à Dresde. Le 25, au matin, Blûcher était in-
formé que l'armée française était en pleine retraite, et comme
le 26 les dernières troupes de Beningsen avaient dépassé Zittau,
il se trouva désormais à même de commencer son mouvement
de flanc pour opérer sa jonction avec l'armée du Nord et passer
mbe.
Avant de rendre un compte détaillé des importantes opérations
tentées pendant cette période par les partisans, disons d'abord
deux mots de la marche de l'armée de Pologne, sous les ordres
de Beningsen. Cette armée, qui avait passé l'Oder à Breslau et
en amont de Steinau, arriva le 13 septembre à Liegnitz et
le 17 sur les rives du Bober, franchit le Bober et la Neisse, et
couverte par l'armée de Silésie, encore en position à Bautzen,
déboucha en 3 colonnes, le 26 septembre, à Leutmeritz, et le i oc-
tobre k Aussig. Le 27 septembre, Tavant-garde de Beningsen
releva les avant-postes de la grande armée alliée qui, marchant
par la gauche entra en Saxe, par Kommotau. L'armée de Pologne
^Bkitzke, II, 400-401.
- 154 -
se composait de 43 bataillons, 40 escadrons de troupes de ligne,
de 9 régiments d*infanterie et 5 régiments de cavalerie de land*
wehr^ de 10 régiments de cosaques, 17 compagnies d'artillerie
avec 198 bouches à feu et 4 compagnies du génie, en tout 19 gé-
néraux, 1764 officiers et 57,269 hommes ^
Le prince royal de Suède avait attendu pendant tout ce temps
l'arrivée de Beningsen et l'approche de l'armée de Silésie pour
passer sur la rive gauche de l'Elbe* Il fit à cet effet observer
Torgau par le corps de Tauenzien. Il savait cependant, dès le
13 septembre, que l'armée de Blûcher se portait de ce côté. Ce
fait lui avait été signalé par le capitaine suédois Platen (du ré-
giment de hussards de Mômer) qui, ainsi que plusieurs autres
corps volants et quelques partis cosaques qui battaient la cam-
pagne aux environs d'Elsterwerda et de Grossenhayn, avait ren-
contré des cavaliers de l'armée de Silésie.
Le 15 septembre, une partie du corps de Latour-Maubourg
vint occuper Grossenhayn et refouler les troupes avancées de
Tauenzien, qui furent obligées d'évacuer Liebenwerda et Mûbl-
berg.
Le 19 septembre, le général-major Dôbschutz, que Tauenzien
avait fait partir avec 2 bataillons, 4 escadrons et 2 bouches à
feu, vint donner près de Mûhlberg, entre les villages de Borak
et Schweditz, sur les 8*, 11« et 19» régiments de chasseurs à che-
val, appartenant au corps de Latour*Maubourg, posté alofs ^
Grossenhayn. Soutenu par le général Ilowaïsky, arrivé par ha
sard k ce moment avec ses cosaques, il attaqua la cavalerie
française, qui chargea bravement, mais qui, prisé de flanc par
les cosaques, fut rompue, obligée de se retirer, et laissa entre
les mains de l'ennemi 19 officiers, parmi lesquels le colonel de
Talleyrand-Périgord et 500 hommes '.
Pendant ce temps, le corps du général Bûlow, renforcé par
Birschfeld, attendait à Wittenberg l'arrivée de Tarlillerie de
siège et réunissait le matériel nécessaire pour jeter un pont pr^^
de la petite ville d'Ëlster. Le 24, Bûlow avait achevé un pont de
* Rapport de Beningsen des 11/23 et 15/27 septembre 1813.
' Vaudoncouht (p. 181) prétend que le colonel de Talleyrând n'avait avec
lui qu'un régiment et qu'il fut fait prisonnier avec 100 hommes de ce régiment»
composé exclusivement d'escadrons de dépôt.
— 155 —
voitures; les Suédois se portèrent en même temps sur Roslau et
les Russes sur Acken, points sur lesquels les alliés jetaient des
ponts qu'ils couvraient par des ouvrages. Le prince rayai de
Suède, en attendant le passage de TËlbe, installa son quartier
général à Zerbst.
Les partisans, auxquels on avait d'ailleurs donné les instruc-
tions que nous croyons curieux de reproduire, n'étaient pas
restés iuactifs et avaient depuis quelque temps déjà recommencé
leurs coups de main.
Instruotions données aux corps de partisans
de Tarmée prussienne en 1813 ^
« 1. — Dès que les corps de partisans arrivent dans une
contrée où Tennemi pourrait se trouver, ou qu'ils sont exposés
à être attaqués inopinément par des forces supérieures, ou h
être pris à revers, ils marchent la nuit, se font conduire par des
guides et se reposent le jour dans les localités éloignées des
grandes routes ou dans les bois. Personne ne doit avoir vu où
se trouve le détachement. Le guide doit être retenu afin d'éviter
qu'il ne signale à Tennemi, si celui-ci se trouvait dans ces pa-
rages, le lieu où il se tient.
« 2. — ^ Le détachement ne doit jamais se laisser entraîner à
engager une afTaire avec un ennemi en force; sa mission consiste
surtout à surprendre et à détruire les convois de munitions de
guerre ou de bouche^ les petits détachements* ennemis cantonnés
ou en marche, à enlever les courriers, etc. ; bref, à inquiéter
sans relâche toutes les grandes routes. Il devra donc faire ob-
server ces routes directement ou par l'intermédiaire de paysans,
tanlôt sur un point, tantôt sur un autre, de manière que rien ne
paisse y passer sans qu'il en soit informé.
« 3. — 'Parfois, le détachement se donne sur plusieurs points
pour une avant-garde, demande la fourniture de vivres pour un
* Cette instruction a été reproduite par M» le général Pierron dans le %* vo-
lume des Méthodes de guerre actuelles et tjers la fin du xix' sUcle, p. 939-
941.
\
— 186 —
corps nombreux et prend toutes les mesures nécessaires pour'
aire croire que nous occupons la contrée en forces considé*!
rabies. Hais, pendant la nuit, le détachement change brusque-
ment de direction afin de faire perdre sa trace.
« 4. — Le détachement se gardera bien de passer les rivièr»
sur les grands ponts des villes, des bourgs, etc.; il effectuera son
passage sur les petits ponts, les bacs, aux gués. Il évitera tous
les points où il pourrait être observé minutieusement, ainsi que
les centres de population importants où on pourrait le compter.
« 8. — liCs officiers et les sous-officiers du détachemeot
devront connaître tous les passages, tous les chemins, tous les
cols qui se trouvent sur leur ligne de retraite, afin de pouvoir
s'échapper en cas d'échec.
« 6. — Si Tennemi arrive en force de plusieurs côtés et s'il
n'y a pas d'autre moyen de s'échapper, le détachement se frac-
tionne pour effectuer sa retraite par petits paquets.
« 7. — On a soin d'indiquer aux fractions détachées ou aux
patrouilles volantes plusieurs points où elles peuvent se rtllier
au gros de la troupe, afin de conserver plus de liberté d'allures.
« 8. — Dans les marches de jour, le détachement se fera
précéder à une grande distance, un quart d'heure ou une demi-
heure de marche, d'éclaireurs ou d'avant-coureurs, afin d'être
plus libre dans ses mouvements et d'éviter plus facilement les
embuscades.
« 9. — Il est très important d'envoyer, outre les patrouilles
volantes, des paysans dans plusieurs directions. On prend ces
derniers de préférence dans les cabanes, les moulins isolés, etc.;
le détachement, pendant ce temps, se tient à distance, caché
dans un bois ou un lieu écarté. On expédie ces hommes tantôt
à cheval, tantôt à pied, on les traite bien, mais on les menace
d'incendier leurs maisons s'ils venaient à nous trahir.
« 10. — - Lorsqu'un détachement séjournera longtemps dans
la même contrée, il ne devra jamais s'établir . à poste fisc m
chercher à se garder au moyen d'avant-postes ou de patrouilles»
il s'exposerait ainsi à être bientôt surpris par des forces supé-
rieures, à être enlevé ou éf*,rasé. Il faudra, au contraire, qu'i'
— 187 —
établisse le gros de sa troupe tantôt ici et tantôt là» qu'il passe
la nuit tantôt en avant, tantôt en arrière de remplacement qu'il
occupait pendant le jour, et que parfois il se cache si bien qu'il
paraisse avoir évacué la contrée. Pendant ce temps, des pa*
trouilles volantes de trois hommes, des gens de la campagne
postés en vigie, des hommes que Ton aura pu s'attacher d*une
manière ou de l'autre, n'en continueront pas moins à observer,
sans éveiller de soupçons, les chemins, les passages de rivières
importants, etc.
« 11. — Les corps de partisans ou les avant-postes très
éloignés ne doivent jamais passer plus d'une nuit au même en-
droit^ ne jamais coucher dans une ville ni même y faire manger
les chevaux. Si la disposition topographique des lieux exigeait
qu'ils séjournassent près d'une ville, ils prendront successive-
ment leur emplacement en avant, en arrière, ou à côté de celte
dernière, en choisissant de préférence les villages voisins ou les
maisons isolées dont les abords sont libres; mais dès qu'il fait
nuit, ils changent d'emplacement, et cela de telle sorte que dans
l'endroit qu'ils quittent, personne ne sache où ils iront passer la
nuit.
« 12. — Le chef du détachement s'attachera, partout où il se
trouvera, à ce que ses projets soient faussement interprétés ou
méconnus et que son véritable but reste secret.
« 13. — Il devra également se mettre en relations avec les
prêtres, les agents forestiers, etc., etc., de toute la contrée, afin
d'obtenir, par leur canal, des nouvelles de l'ennemi, des rensei-
gnements sur les convois.
« 14. — Les quelques règles qui précèdent au sujet des
corps de partisans ou des postes détachés ne peuvent qu'indiquer
à leur chef le sens dans lequel il doit agir. La topographie de la
contrée, les circonstances particulières^ les rapports que l'esprit
de la population laisse entrevoir constituent, s'il juge à propos
d'en profiter, les moyens les plus sûrs d'atteindre son but.
« Chacun sait ce que l'on entend par patrouilles volantes.
Nous nous contenterons d'observer, à ce propos, que lorsque
l'ennemi est fort éloigné^ elles rendent plus de services que les
grandes reconnaissances.
— 188 —
c< Elles ne suivent jamais les grandes routes, mais leschemim
de traverse, passant par les bois; elles ne s'approchent jamaif-
d'un village par la route ordinairOi mais s'arrêtent aux maisoQS
écartées, d'où elles envoient des gens s'informer isolément dai»
les villages ou autres localités de la présence de PermemùS'û
faut qu'elles traversent des villes ou des villages, elles ne le font,
autant que possible, que la nuit; la nuit convient d'ailleurs
beaucoup mieux à ce genre do service que le jour. Il va de soi
qu'elles ne passent jamais plusieurs fois par le niôme chemin et
que, si elles sont obligées de revenir sur leurs pas, elles ne
prennent pas la route par laquelle elles sont venues. »
Gomme nous l'avons dit plus haut, les corps volants du co-
lonel comte de Mensdorf et du général Tbielmann avaient quitté
l'armée de Bohême, l'un le 1", l'autre le 2 septembre- Le premier
se portait sur les lignes de communication de Dresde et Torgas
à Leipzig, tandis que l'autre s'avançait sur les derrières de Leipzig.
Dès le 9 septembre, Thielmann qui, comme nous l'avoos dit
plus haut, n'arriva dans ces parages que le 10 septembre, avait
envoyé au colonel comte de Mensdorff un courrier rinvitant à
venir conférer à Altenburg avec lui, afin de s*entendre sur les
moyens à employer et sur le lien qu'il importait de donner à
leurs opérations réciproques.
Ces deux officiers, reconnaissant qu'il était impossible d'en-
lever Leipzig sans l'aide de troupes d'infanterie, résolurent non
seulement de couper les communications entre Leipzig et le gros
de l'armée française, mais encore d'enlever tous les convois et
les transports sortant de Leipzig ou s'y rendant. A cet effet,
Thielmann se chargea de surveiller les routes situées à Fouest,
et Mensdorff celles situées à Test de Leipzig.
Pendant que Mensdorff se portait le H à Golditz, occupait
Lausigk, Grûmma et Geringswalde, envoyant des pointes dans la
direction de Chemnitz et de Mittweyda, et cherchait à atteindre
la grande route de Leipzig à Dresde par Wurzen, Thielmann,
renseigné par les prisonniers faits à Waldenburg et par ^es
patrouilles qu'il avait envoyées du côté de Naumburg et de
Weissenfels, et sachant qu'un gros transport convoyé par une
forte escorte se dirigeait sur Leipzig en passant par Naumburg
- 159 -
t Weissenfels, prenait la résolution de pousser jusqu'à Weissea*
ils le même joar.
À Zeitz, où il donna quelque repos à son monde et où il fit
langer ses chevaux, il apprit que Tescorte du convoi se compo*
lit de 5,000 fantassins et de 800 chevaux. Aussi, au lieu de
lettre sa première idée à exécution, il arrêta son détachement
endant la nuit du 11 au 12, à Ober-Wôrschen, se faisant cou*
rir en avant par un poste établi à Kôssuln. 11^ se mit en marche
es l'aube du 13, se faisant précéder par ses cosaques, et occupa
ITeissenfels» que les Français surpris évacuèrent presque sans
ombat.
Nous croyons du reste intéressant de reproduire ici la dépêche
|ae Thielmann adressa à ce propos au généralissime autri-
chien :
« Weissenfels, 4 S septembre 4843.
t l'ai l'honneur dMnformer Votre Altesse que je suis arrivé
lier 11 septembre devant Weissenfels. J'ai trouvé la ville occupée
^ar 4,000 hommes d'infanterie et 900 chevaux qui escortaient
m gros convoi de munitions et de vivres destiné à Leipzig.
* Gomme il était trop tard pour rien entreprendre, j'ai dû re-
mettre Tattaque à aujourd'hui. Le convoi et son escorte ont filé
pendant la nuit par la route de Leipzig. L'escorte était trop
nombreuse pour me permettre de tenter rien contre elle. Je ré-
solus donc de forcer la ville de Weissenfels dans Tespoîr de
m'emparer des magasins qui y existent.
( Mon entreprise a complètement réussi. L'ennemi a évacué la
^ille après les premiers coups de canon. La cavalerie a pénétré
aussitôt, a poursuivi l'ennemi; 1 général de brigade, 1 colonel,
38 officiers et 1284 hommes sont tombés entre nos mains.
« Le capitaine von Beck, du régiment de hussards de la garde
l'usse, a fait cette nuit 200 prisonniers à Liitzen. »
Les coups de main des partisans commençaient déjà à in--
quitter sérieusement l'armée française. Leurs mouvements
avaient en effet eu pour résultat de faire régner la famine pen-
dant six jours à Leipzig.
Aussitôt après la prise de Weissenfels, où il ne laissa qu'un
P^tU détachement, Thielmann avait poussé des pointes dans
loutes les directions, posjé du côté de Merseburg un escadron au-
— 160 —
trichieni arrêté le gros de son corps sur la route de Leipzig i
Naumburgy et le 12 septembre un de ses officiers, le capitaioA
comte de Wartensleben, faisait, par un coup de main hardi, ca
pituler Naumburg, y faisait prisonniers les 400 hommes dont se
composait la garnison, sans parler de 600 malades qu'on trouva
dans les hôpitaux. Le 13, le gros du corps volant occupa Naum-
burg et y prenait un peu de repos le 14. Thielmann avait, pen-
dant ce temps, été informé, par Tescadron envoyé en recon-
naissance du cAté de Merseburg, qu'il avait trouvé la vilie
fortement occupée et avait été obligé, après un engagemeat
assez vif, de rétrograder jusqu'à Reichhartswerben.
Pendant ce temps, Mensdorff avait, de son côté, envoyé des
partis battre le pays aux environs et des deux côtés de la route
de Dresde à Leipzig, par Wurzen et Huberlsburg, pendant que
lui-même se portait sur Wurzen. Il réussit à surprendre la ville et
à y enlever un officier et 126 hommes, mais le feu violent dirigé
contre ses cavaliers l'empêcha de se maintenir à Wurzen. Sur la
route de Leipzig, un de ses postes avait i^éussi à s'emparer d'un
courrier porteur de dépêches, et l'autre poste n'ayant trouvé
personne à Hubertsburg avait infructueusement essayé de s'em-
parer d'un hôpital installé à Wermsdorf. Le lendemain 13,
tout le petit corps de Mensdorff alla à Grimma, en ne laissant à
Colditz qu'un petit poste de correspondance chargé de faciliter
la transmission des nouvelles à envoyer au corps du comte Kle-
nau. A Grimma, on apprit que l'ennemi occupait Hubertsburg,
et Mensdorff, informé par une de ses reconnaissances qu'un petit
corps de cavalerie française était en effet posté sur ce point, re-
porta ses avant-postes à hauteur de Wermsdorf.
Le 18 au matin, voyant que le général Lorge, qui occupait
Hubertsburg, se dirigeait vers Mûgein, Mensdorff, convaincu que
son adversaire avait l'intention de menacer Colditz, fit attaquer et
enlever Wermsdorf, mais il échoua dans sa tentative contre Wu^
zen, par suite de la présence de colonnes volantes françaises du
côté de Colditz et sur les rives de la Mulde, et se dirigea sur
Frohburg où il était le 16 au matin. Le 17, il se porta sur
Geythayn, et fit occuper Rochlitz et Lausigk, se reliant ainsi à
Thielmann. Dans la nuit du 14 au 15 septembre, le poste établi
par Thielmann à Weissenfels avait été surpris, bousculé. Il s*^l^^^
replié sur Zcitz, poursuivi par les Français, qui crurent avoir eu
- 161 —
iffaire au gros da corps de Thielmann, qui, retardant momenta-
nément un coup de main projeté sur Merseburg, repassa la Saale
)îhs de Rôsen, et l'Unstnit près de Freiburg le 16.
Il Doas parait à ce propos curieux de reproduire ici une partie
de la dépèche que Thielmann envoya le 17 au matin à Schwar-
« BiToaac de Gleina, entre Qoerfort et Freibarg,
47 septembre 4843, 7 h. dn matin.
« La colonne du générai Girardin, dont l'avant-garde s'était
montrée hier à Ëkartsberga, semble avoir pris une autre direc-
tion, qai est encore inconnue On a enlevé à Artern un cour-
rier porteur de dépêches.
« Les plus importantes de ces dépèches ont trait à :
« 1° L'organisation des corps de partisans par les Français (le
général Lorge, entre antres, a sous ses ordres 17 escadrons^
3 canons et un obusier);
« 2* États de situation du corps d'armée de Lauriston;
« B*" Organisation des dépôts de cavalerie de Torgau, Erfurt,
Ësenach, Gotha et Langensalza ;
« 40 Organisation de la forteresse de Torgau ;
« 5<) Découragement du roi de Naples
« L'ennemi ayant abandonné la route de Merseburg à Querfurt,
}e vais essayer de chasser aujourd'hui l'ennemi de Merseburg et
de m'établir sur ses lignes de communication entre le Harz et
Kagdeburg, d'où Tennemi tire de grandes quantités de poudre
et de munitions destinées à Dresde et à Leipzig. »
Kien ne saurait d'ailleurs donner une idée plus exacte de la
l^avité de la situation et de l'importance que Napoléon lui-même
attachait à contrebalancer l'effet produit par les coups de main
^^s partisans alliés, que les quelques citations suivantes em-
pruntées à sa correspondance.
Le 12 septembre, il écrivait de Pirna au major-général :
« Ajoutez au général Lhéritier que je suis surpris que, se
^l'ouvant attaqué par 600 cosaques, il ne les ait pas attendus et
culbutés; que j'ai lu avec peine sa lettre; que je vous ai demandé
6û la lisant, si ses 2,000 hommes n'avaient ni sabres ni pistolets
^t n'étaient armés que de manches â balai ; qu'il est sur-
M.H.L. 11
- 16Î -
prenant qu'ayant du eanon et la supériorité du nombre il ne
soit pas tombé sur l'ennemi pour le faire repentir de sa con-
fiance 9
Le même jour, du reste, les succès remportés par les partisans
décident l'Empereur à prendre des mesures énergiques pour
couvrir ses lignes de communication et à donner, comme le
prouvent les lettres suivantes, l'ordre au général Lefebvre-Des-
noêttes de partir avec la division de chasseurs à cheval de la
garde et 3 batteries, pour couvrir les derrières de l'armée.
On trouve, en effet, dans la correspondance de l'Empereur
("tome 26, p. 191], la lettre suivante, adressée au major-général
et datée de Pima, le 13 septembi*e :
« Mon cousin, donnez ordre au général Lefebvre-Desnoéltes,
qui est toujours à Altenburg, de s'approcher de Freyberg et de
Ghemnitz, avec les précautions convenables, pour savoir ce que
les Autrichiens y ont eu le 8, le 9 et le 10, et ce qu'ils y avaient
hier et aujourd'hui. On parle d'une colonne commandée par
Thielmann qui serait du côté de Zwickau. Il faut tâcher de sa-
voir ce qu'il en est. Le général Lefebvre donnera les renseigne-
ments qu'il aurait au duc de Bellune. »
Le même jour encore, mais celte fois de Dresde, il complétait
encore les mesures qu'il avait prescrites quelques heures plus tôt:
« Mandez-lui (au prince de la Moskowa), écrivait-il au major-
général, qu'il forme une colonne de 1800 hommes d'infanterie de
choix, de 6 pièces de canon et de 2,000 chevaux, et que, sous les
ordres d'un général de confiance, il la dirige entre Leipzig et
Leisnig; que j'envoie k Leisnig la brigade Pire, avec laquelle sa
colonne se mettra en correspondance afin de marcher au secours
de Leipzig, contre le général Thielmann, qu'on assure être à Allen
burg avec 3,000 aventuriers. »
Non content de ces dispositions, il insistait encore sur les
mesures à prendre et écrivait encore le même jour la lettre sui-
vante :
L'Empereur au prince de Neuchatel et do Wagrani)
major-général de la Grande Armée.
t Dresde, 12 septembre iSi3,
tt Mon cousin, envoyez sur-le-champ un officier au général Pir^
- 168-
)oar lui porter l'ordre de se rendre aussitôt à Leiinig ; il en chas-
lera Tennemi et favorisera le départ d'an convoi de 3,000 quin-
aux de farine que Tadminislration du pays doit envoyer à
)resde* Le général Pire se mettra en communication avec Leipzig
(t éclairera sur Altenburg. Il saura s'il est vrai que le général
rhielmann est à Altenburg avec un corps franc. Les ennemis qui
umi k Leipzig ot à Coldilz paraissent être de ce cc^ps. Le général
Nré enverra promptement des renseignements là-dessus.
« Ecrivez aa général Margaron qu'il s'en laisse imposer; que
Thielmann n'a que 3>000 ou 4,000 hommes d'un corps franc,
troupes sans consistance, et faites-lui connaître que le général
Pire se rend à Leisnig pour éclairer tout ce côté.
« Vous ferez également connaître le départ du général Pire au
comte Daru afin qu'il profite de cette circonstance pour faire
venir ces 3^000 quintaux de farine.
« P.-S. — Recommandez au général Pire de bien éclairer la
marche du général Thielmann et instruisez-le que je donne
ordre au prince de la Moskowa d'envoyer 3,000 hommes entre
Leipzig et Leisnig; que s'il a besoin d'infanterie, il peut tirer
SOO à 600 hommes et 2 pièces de canon de Meissen. »
Deux jours plus tard, nouvel ordre plus formel et plus
explicite, et qui montrera mieux encore que les précédents que
l'Empereur ne se faisait pas d'illusions sur la nécessité où il se
trouvait de mettre un terme aux coups de main des partisans.
U écrivait à cet effet de Dresde^ le 14 septembre, à 9 heures du
malin, au major-général :
« Mon cousin, le général de division Lefebvre-Desnoëttes, qui est
aujourd'hui à Freyberg, partira dans la journée pour se rendre à
I)ôbelD. Il prendra sous ses ordres les brigades Pire et Yallin, ce
qui lui fera près de 4,000 chevaux. Donnez avis de ce mouvement
3QX généraux Pire et Yallin; réitérez à cet effet l'ordre au duc de
Mune de faire partir le général Yallin. Envoyez un officier, qui
longera l'Elbe, au général Lorge, parti de Torgau pour se porter
A^ûs la direction de Leisnig; il lui fera connaître le mouvement
I i^ général Lefebvre sur Dôbeln. Cet officier recommandera au
[ ï^^éral Lorge de se concerter avec le général Lefebvre pour atta-
quer demain l'ennemi et le pousser vivement. Le général Lorge
- 164 -
n'aura pas manqué de rendre compte au prince de la Moskowa
de tout ce qui sera amvé à sa connaissance.
« Prévenez les généraux Pire et Vallm du mouvement du géné-
ral Lorge. Prévenez-en aussi directement le prince de la Moskowa
pour que, de son cdté, il prévienne le général Lorge. Écrivez-lui
qtt*il serait convenable que le général Lorge eût au moins
2,500 chevaux, qu'il lui envoie tous les Polonais qu'il a, qa il
instruise aussi le général Margaron, à Leipzig, pour que celui-ci
fasse de son côté la diversion qu'il pourra; que ce qui est spécia-
lement important aujourd'hui^ c'est de rétablir nos communicatim
avec Leipzig et que notre cavalerie passe partout^ batte lé pays et
fasse arriver nos subsistances; qu'il nous donne des nouvelles de
Leipzig; nous n'en avons pas reçu hier, »
« P.-S. — Ajoutez au duc de Bellune Tordre que sa cavalerie
batte l'estrade. Donnez-lui avis du mouvement que fait le général
Lefebvre-Desnoëttes contre l'ennemi. Le duc de Bellune peut réu-
nir 1200 chevaux et 8 compagoies de voltigeurs bons marchears
et 2 pièces de canon bien attelées. Cette colonne se portera au
secours du général Lefebvre, si ce général en avait besoin, ou sur
les derrières de l'ennemi, selon l'avis que donnera le général
Lefebvre. »
Cette lettre suffirait seule pour prouver combien la présence
des partisans sur ses lignes de communication préoccupait et
inquiétait TEmpereur, celle qui suit va montrer que le même jour
encore il croyait devoir compléter les mesures que le matinmême
il avait prescrit de prendre :
(« Au général comte Nansouty, commandant la cavalerie
de la garde, à Pirna.
« Dresde^ 14 septembre 1813.
« Monsieur le général Nansouty, j'ai ordonné au général
Lefebvre-Desnoëttes de se porter sur Dôbein. Il prendra sous ses
ordres la brigade Pire et la brigade Vallin, ce qui lui fera près de
4,000 chevaux.
« Donnez ordre au général Ornano départir sur-le-champ et de
se rendre aujourd'hui à Nossen pour se mettre en communication
avec le général Lefebvre-Desnoëttes; comme il est moins ancien,
— 465 —
il sera sous les ordres de ce général. Gela complétera 6,000 hommes
de cavalerie sous les ordres du général Lefebvre. Prenez au parc,
à Neustadt ; une batterie à cheval de la réserve et confîez-là au
général Ornano^ dirigez-là sur le chemin de Nossen et que le géné-
ral Ornano la prenne en passant. Jusqu'à ce qu'elk ait rencontré
ce général j faites-la escorter par 100 hommes de cavalerie ou par
un bataillon d'infanterie.
( Indépendamment de ce, le général Lorge, avec sa division
de 1500 hommes d'infanterie et 2,000 chevaux, arrive aujourd'hui
de Torgau, du côté de Dôbeln. Par ce moyen il y aura là 7,000 à
8,000 chevaux qui doivent culbuter toute la cavalerie ennemie,
d! autant plus qu'elle est composée en grande partie d'Autrichiens,
et la pousser dans tous les sens afin d'en purger le pays. Le géné-
ral Ornano et le général Lefebvre, s'ils ont des hommes fatigués»
pourront laisser chacun un escadron à Dresde pour faire le ser-
vice de place et se reposer. Le général Ornano couchera aujour-
d'hui à Nossen . Il donnera avis de sa présence au général Lefeb vre-
ûesnoëttes. Indépendamment des rapports du général Lefebvre,
il écrira tous les jours pour faire connaître ce qui serait venu à sa
connaissance. »
Les traces des préoccupations que lui causait la présence des
partisans, se retrouvent d'ailleurs à chaque instant dans la corres-
pondance de l'Empereur, et les deux lettres suivantes, toutes
deux datées de Peterswalde, sont une preuve de plus et de l'im-
portance qu'il attachait au succès des opérations entreprises
contre eux, et des précautions qu'il prenait pour transmettre ses
ordres.
L'Empereur au duc de Bassano, ministre des relations
extérieures, à Dresde.
« Peterswalde, 17 septembre 1813, au matin.
« Hier, j'ai jeté l'ennemi surKulm; la cavalerie a fait
quelques belles charges. Nous avons fait prisonnier le fils de
Blûcher, qui est colonel ou général-major. C'est le même qui
^vait été en partisan du côté de Gotha.
« Le général Lefebvre était le 48 à Colditz ; hier 16 il a dû atta-
- 166 -
quer Grimma, où se trouvait un colonel autrichien avec ISOOk
1600 hommes; par une lettre de ce colonel qu'on a interceptée,
il parait qu'il se trouve assez embarrassé de son rdle.
« Thielmann n'a pu rien prendre àNaumburg, si ce n'est l'hô-
pital ; il n'y avait ni garnison ni commandant. »
L'Empereur au prince de Neuchatel et de Wagram,
major-général de la Grande Armée, à Peterswalde.
u Peterswalde, 17 septembre 1813.
« Mon cousin, envoyez un officier avec un ordre en chiffres au
duc de Castiglione, et cet officier pourra lui rtpéter Tordre
verbalement, de se porter le plus tôt possible sur la Saale
avec son infanterie, sa cavalerie et son artillerie, en ne laissant
à Wûrzburg que ce que j'ai désigné pour la garnison. Son prin-
cipal but sera de rester maître des débouchés de la Saale et de
chasser les partisans ennemis qui manœuvrent dans cette direc-
tion. II peut se rendre en droite ligne par Cobourg sur léna. Il
faudrait lui envoyer cet ordre par quadruplieata et par différentes
voies, ))
Le lendemain, c'est encore de Tentreprise du général Desnoëttes
qu'il s'occupe, malgré toute Timportance des opérations qu'il
conduisait en personne contre Parmée de Bohême. Il écrivait en
effet de Peterswalde les deux lettres suivantes à Berthier et au
duc de Bassano :
L'Empereur au prince de Neuchatel et de Wagram,
major-général de la Grande Armée.
c Peterswalde, le 18 septembre 1813, 6 h. da matin.
« Mon cousin, faites connaître au duc de Bellune... que le
général Lefebvre-Desnoëltes doit être aujourd'hui à Rôtha et qu'il
a chassé les partis ennemis de Wftrzen, de Grimma, de Borna et
de Leisnig; que le général Thielmann n'a que 2,500 chevaux avec
i pièces de canon, et qu'il est poursuivi dans différentes direc-
tions.. »
-167 —
L'Emp^feur au duc de Bassano, ministre des relations
extérieures, à Dresde.
« Pelerswalde, 18 septembre 1813, an matin.
« te général Lefebvre-Desnoêttes était hier, 17, h Rôlha; il à
Dalayé le colonel autrichien qui inquiétait Leipzig. Je suppose
]u'à rheure qu*il est, il ira débloquer Naumburg et Weissen-
rels.
« l'ai donné ordre au duc de Castiglione de venir sur la
Saale. »
Enfin, le 10 septembre, il croyait nécessaire, dsns une lettre
adressée de Pirna, à 10 heures du matin, à Murât, de lui donner
des nottTelies de la marche de Lefebvre-Desnoëttes : « Le géné-
ral Lefebvre, lui disait-il, a déjà nettoyé mes communications
de Leipzig k Dresde. Il parait que Tbielmann a abandonné Naum-
i>urg, où il n'est entré qu*avec 2,800 chevaux »
Malgré tout cela le général Thielmann et le colonel comte
lensdorf n'en continuaient pas moins à réussir dans leurs
oops de main. Le 18 septembre, Thielmann avait attaqué et en-
kvé Merseburg et pris dans la ville 700 hommes armés et
lt>00 soldats français sans armes« Il y trouva également
S>000 blessés ou malades appartenant aux armées alliées, et fit
sauter le pont de pierre de la Saale, qui pouvait servir aux
Français. Il se dirigea ensuite de nouveau vers Naumburg pour
opérer sa jonction avec le colonel comte M ensdorfi et eut ft ce
moment à soutenir un combat assez vif contre le général Le-
febvre. L'Empereur ne manqua pas d'enregistrer cet engage-
ii^ent, et, le 23 septembre, en écrivant de Hartau à Marmont, il
lui fait savoir que « le général Lefebvre^-Deinoëttei a battu Thwl-
ffiann h rétabli la communication avec Erfurt^ d'où je vtens de
^cevoir 7 esiafrttes de Paris. » Le même jour, et dans une lettre
^«itée du même endroit, il dit encore à Murât : « J'ai enfin reçu
'^ estafettes de Paris, le général Lefebvre-Desnoëtles ayant rou-
^wt les communications avec Erfurt. •
Le major Siebert, de Pélat-major autrichien, rend compte en
<l^tail, dans un travail pour lequel il a utilisé les documents offi-
ciels des archives impériales et royales, des événements du
W septembre.
Ingres convoi français, escorté par une forte colonne de cava-
— 168 -
lerie, suivait, le 19 septembre, la route de Weissenfels à Naum-
burg par la route que Thielmann, décidé à passer sur l'autre
rive de la Saale, devait traverser. Une autre colonne de cava-
lerie avait en même temps quitté Weissenfels avec ordre de
couvrir le flanc droit du convoi, de rechercher le corps franc de
Thielmann, de le couper de la Saale et du pont de Freiburg sur
PDnstrut.
Thielmanji, de son côté, avait donné Freiburg comme point de
ralliement aux divers détachements de son petit corps qui avaient
bivouaqué séparément. Il voulait, après les y avoir ralliés^ passer
par Naumbiirg et gagner la rive droite de la Saale. Dès le com-
mencement de la marche, les partisans eurent affaire au corps
ennemi se rendaqt de Weissenfels à Pettstadt, et Thielmann, qui
s*était quelque peu attardé, courut grand risque d'être coupé et
enlevé.
Les cosaques qui s'engagèrent les premiers avec Tennemi
furent bousculés et ne se réunirent, s'il faut en croire le rapport
du lieutenant-colonel autrichien Gasser, au reste du corps qu'à
Zeitz; mais les escadrons autrichiens et prussiens furent plus
heui'eux et obligèrent l'avant-garde ennemie à s'arrêter. Pendant
ce temps, Thielmann faisait occuper par les chasseurs prussiens
le pont de l'Unstrut à Freiburg et repassait cette rivière sous la
protection de ces chasseurs, soutenus par 2 pièces d'artillerie co-
saque.
Mais arrivé sur ce point, il reçut de l'escadron de chevau-légers
de Klenau, qu'il avait fait filer en avant sur Kôsen afin de garder
les défilés et le pont de la Saale, l'avis que cet escadron avaitdl
se replier devant une colonne ennemie en marche de Naumburg
à Ërfurt, par la route de Kôsen.
Lsf situation de Thielmann était à ce moment des plus cri-
tiques. Il risquait, s'il ne parvenait pas à se frayer le passage,
d'être enveloppé par l'ennemi qui menaçait ses derrières par
Freiburg et qui barrait la route à sa pointe du côté de Kôsen.
C'est à ce parti extrême que Thielmann s'arrêta. Le lieutenant-
colonel Gasser S avec un escadron de chevau-légers de Hohen-
*■ Le lientenant-colonel baron Gasser, qui commaDdait le dëtachemeot de
troupes autrichiennes attachées au corps de Thielmann, s'était distingué à
l'assaut de Belgrade en i7»3, au combat d'Arlon en 1795, devant Mannheim |
— 169 —
zollern, ramassa en roate Tescadron de chevau*Iégers de Klenaa
et se précipita avec ces deax escadrons sur Tennemi, surpris par
cette attaqae imprévue. Deux autres escadrons autrichiens qui
suivaient à petite distance, achevèrent de mettre le désordre
dans la colonne française et frayèrent le passage au corps de
Thielmann, qui passa la nuit près d'Alt-Flemmingen, à peu de
distance de Kôsen, arriva le 20 septembre à Droysig, et le tl à
Zeist, où il opéra sa jonction avec la colonne volante de Mens-
dorff.
Le rapport que Thielmann adressa de Droysig à Schwarzen*
berg vaut d'ailleurs la peine d'être reproduit ici :
« Gomme j'ai eu Thonneur d'en informer Votre Altesse, l'en-
nemi a fait commencer à ses dépôts de cavalerie (t 0,000 hommes
et 5,000 cheyaux), parmi lesquels se trouvaient «H régiments de
lanciers polonais et 1 régiment de gardes d'honneur qui escor-
taient le convoi, un mouvement rétrograde sur Erfurt par Naum-
burg. Mon arrière-garde, composée de 2 régiments de cosaques,
attaquée par des forces supérieures, a été culbutée, et c'est la
belle conduite des troupes prussiennes et autrichiennes qui seule
a fait pencher la balance en notre faveur.
« Les troupes ennemies qui couvraient le flanc droit de la co-
lonne passant par Naumburg n'osèrent pas me suivre et j'eus le
soir la bonne fortune d'atteindre, près de Kôsen, l'arrière-garde
de cette colonne, à laquelle j'enlevai 200 voitures chargées, 4 offi*
ciers et 200 hommes, après leur avoir mis 400 hommes hors de
combat.
« Je continue demain ma marche et me porterai de l'autre côté
deTElster. »
Nous allons essayer, du reste, de résumer ici les principaux
procédés préconisés et appliqués par le général Thielmann pen-
dant sa campagne en Saxe, tels qu'il les a exposés dans l'ordre
du jour qu'il adressa k son corps avant de commencer ses opé-
rations :
Les partisans devaient toujours être prêts à combattre. Quand
on bivouaquait pendant le jour, on ne devait jamais desseller et
panser que la moitié des chevaux; pendant la nuit les chevaux
«t non Kehl en 1800, aa combat de Romano où il reçut )a croix do l'ordre
militaire de Maiie-ThërèM.
— no —
deraient être tous bridés et sellés. Alicane voiture à bagages, k
l'exception de celle du général prince Biron de CourlaDde, ne^
suivait les partisans. Pendant les marches, on évitait natorel--
lement de se servir des grandes routes ; on observait en outre la
discipline la plus sévère el personne n'avait le droit de mettre
pied à terre ; ce n'était que pendant les marches de longue durée
qu*on faisait de grandes haltes toutes les deux heures.
On devait éviter, et on évita en effet, les marches forcées qui
épuisent rapidement les forces des hommes et des chevaux. La
nourriture des hommes et le fourrage pour les ohevaux da
corps furent toujours fournis par les habitants, afin que le
corps ail partout ce qu'il lui fallait pour subvenir à ses besoins.
On se fit toujours précéder par un petit détachement comoiaDdé
par un officier intelligent et qu'accompagnaient le commissaire
et les hommes du campement, de sorte que le corps^ en arrivant
au terme de sa marche, trouvait déjà tout préparé. Quand le corps
devait camper dans de petites localités, on le répartissait entre
les localités voisines, afin de le faire subsister plus facilement,
d'éviter qu'on ne surprenne tous les détachements à la fois, et
aussi afin de tromper l'ennemi sur la force réelle du corps. Mais
dans ce cas chacune des fractions assurait sa propre sécurité à
l'aide de petits postes irréguliers.
On remettait les malades et les blessés aux habitants, on
échangeait contre les chevaux de prise les chevaux blessés ou
devenus impropres au service, et Ton vendait ou Ton donnait
aux habitants les chevaux ainsi réformés.
Les prisonniers étaient immédiatement désarmés et dès que
faire se pouvait, on les dirigeait sous faible escorte sur les avant-
postes les plus voisins de l'armée de Bohème.
Les cosaques furent presque exclusivement chargés du serrice
de sûreté; on les employa également au service de renseigne-
ments, mais dans ce cas on les faisait conduire par un officier
appartenant à la cavalerie régulière russe, tandis que les esca-
drons réguliers constituaient en général le gros du corps» Dès
que Thielmann était arrivé au point qu'il s'était proposé d'at-
teindre, il faisait partir de petits partis qu'il envoyait dans toutes
les directions et qu'il détachait parfois pour plusieurs jours. Ij
avait de plus d'excellents espions et des émissaires habiles qui
le tenaient au courant des mouvements de l'ennemi.
— 171 —
Le service de correspondance entre le général en chef et les
roupes les plus proches de l'armée d'une part, et le corps
olani de Tautre» était assuré par de petites patrouilles cosaques
[ui portaient les dépèches jusqu'aux avant-postes les plus avancés
i rejoigoaient aussitôt. Ce mode de correspondance parait avoir
lonné de bons résultats, puisqu'en général ces dépêches par-*
àorent au grand quartier général en moins de 84 heures.
Thielmann procédait de préférence par surprise. A cet effet, il
^'approchait surtout le soir du point qu'il voulait enlever, il le
semait pendant la nuit pour l'attaquer dès l'aube*
Il ne restait jamais pendant la nuit qui suivait un engagement
sur le point où il avait eu une affaire. Il évitait, du reste, de
séjourner pendant quelque temps sur le même point et de suivre
pendant plusieurs jours la même direction, afin de cacher le plus
possible ses projets et ses intentions à l'ennemi, et de se protéger
lui-même contre des attaques par surprise.
Il est vrai de dire que la tâche de Thielmann était singu*
lièrement facilitée par sa connaissance profonde du pays dans
lequel il opérait, et par l'accueil sympathique que lui faisaient
partout des populations» lasses de supporter le joug de l'étranger
et impatientes d'être enfin affranchies des horreurs de la guerre.
Quoi qu'il en soit, Thielmann avait atteint son but; il avait opéré
sa jonction avec Mensdorf ; il était plus que jamais décidé à
ne combattre qu'à la dernière extrémité, et seulement lorsqu'il
aurait la supériorité du nombre ou lorsqu'il pourrait surprendre
un ennemi supérieur en nombre, mais se gardant maL Aussi
tous deux ensemble continuèrent b ramasser les traînards et
les isolés, à enlever les courriers et les estafettes, à remettre en
liberté les prisonniers; le 20 septembre, Thielmann atteignait h
Kôsen un convoi français, l'attaquait, mettait hors de combat
400 hommes et s'emparait de 4 otticiers et de 200 hommes.
On voit donc que malgré la supériorité numérique de l'en-
nemi, et bien que le faible effectif de son détachement ne lui
permit pas de tenter de grosses opérations, Thielmann réussit,
surtout après avoir opéré sa jonction avec le colonel Mensdorf,
à faire un tort immense à l'armée française, en l'obligeant, entre
autres, à employer un assez grand nombre de troupes à l'escorte
des moindres convois. Puis, dès qu'il sut que l'ennemi envoyait
contre lui un véritable corps de cavalerie qui marchait par la
route de WeissenfeU à Naumburg, il se porta le 20 au soir en
arrière de Naumburg, et pour empêcher les Français de se ser-
vir librement de la route que suivaient ordinairement les cour
riers pour se rendre de la vallée de TElbe dans le Harz^ il fil
partir le capitaine prussien von Rohr avec 100 chevaux poui
Bernburg.
Le même jour, 20 septembre, le colonel Mensdorf avail
encore attaqué un détachement français aux environs de Lûtzen,
lui avait pris 150 hommes et avait remis en liberté 600 prison
niers. Le 21 septembre, Thielmann se rendit à Zeitz: d'une part,
atin d'appeler à lui les renforts dont il avait besoin; de l'autre,
pour donner à ses troupes un repos qui leur était nécessaire après
tant de fatigues, que le mauvais temps avait rendues plus pénibles
encore.
C'est à ce moment que TËmpereur écrivait de Dresde, le
26 septembre, au prince Poniatowski : « Le général Lefebvre-
Desnoëttes avec 4,000 hommes de cavalerie était sur Zeitz le S3,
poursuivant Thielmann ^ «Vous avez l'autorisation néces-
saire, sans attendre de nouveaux ordres, pour diriger vos co-
lonnes mobiles sur Altenburg, Chemnitz, Zwickau, Grimma,
dans la direction de Leipzig, enfin partout où vous apprendrez
qu'il y a des partisans ennemis et qu'eUes pourront les couper
de la Bohême ou leur faire du mal. »
Mais, de leur côté, les alliés n'avaient pas perdu de vue leurs
partisans, et dès que Ton sut au quartier général que l'Empe-
reur envoyait contre eux un corps de cavalerie, on fit partir le
22 septembre des troupes qui reçurent Tordre de rejoindre Tbiel-
mann et Mensdorf le plus vite possible. Ces renforts, comme
nous l'avons dit, se composaient du corps de cosaques du géné-
ral comte Platoff, soit 1800 chevaux appartenant aux régiments
Ataman, Grekoff 8, Tschikilieff, Tschernozouboff, l»' régiment
de cosaques de la mer Noire, 8* et 2« régiments de Teptiar et de
10 bouches à feu de l'artillerie du Don, du corps de partisans da
major von Colomb (qui eut d'ailleurs une destination spéciale, et
dont nous parlerons à part), fort de 470 chevaux, savoir:
* La marche de Lefebvre-Desnoëttes devait, comme nous le verrons, aboalir
au combat d' Altenburg.
— 173 —
40 hommes de la cavalerie légère de la garde, 30 volontaires
des chasseurs k cheval de la garde, 80 hommes détachés du ré-
giment de cuirassiers de Brandebourg n"* 6, 20 hommes du régi-
ment de dragons de la Nouvelle-Marche n^ 3, 22 hommes du
régiment de uhlans de Silésie n^ 2 et 9 officiers; du corps
volant du capitaine comte von Pûckler, du 2* régiment de
hussards de Silésie, qui avait sous ses ordres 54 volontaires de
ce régiment, 2 officiers et 31 hommes du 4* régiment de co-
saques de l'Ukraine.
Le général-major Koudachoff, qui faisait partie du corps Platofif,
se porta le même jour, 22 septembre, sur Hermsdorf avec le
1^' régiment de cosaques de la mer Noire, un régiment du Don et
2 canons» appela à lui une partie du régiment de cosaques de
l'Ataman, attaqua le général Berckheim posté à Frauenstein avec
8 escadrons et 3 bataillons, le culbuta en lui mettant 300 hom-
mes hors de combat et en lui enlevant quelques prisonniers,
dont 3 officiers. Koudachoff occupa Frauenstein et se porta sur
Seyda afin de servir d'avant-garde h Platoff et de déboucher
vers Waldheim sur les lignes de communication de l'en-
nemi.
Le même jour, un petit parti appartenant au détachement du
général-major Kaïssaroff, avait attaqué aux avant-postes de
Tarmée de Bohème, du côté de Streckenwalde et d'Ëbersdorf, le
2^ régiment de chasseurs à cheval italiens, lui avait d'abofd
enlevé ses piquets, avait ensuite mis le régiment entier en dé-
route et lui avait pris 2 officiers et 45 hommes.
Le 23 septembre, dans Taprës-midi, le général-major prince
Koudachoff arrivait près d'OEderan et apprenait qu'OEderan
était encore occupé par 6 escadrons et 2 régiments d'infanterie
du 2« corps (Victor), qui s'était porté avec ses troupes du côté
de Chemnitz. Au moment où le général songeait à attaquer ce
détachement, les Français se mirent en retraite. Le 24, Kouda-
choff se porta du côté de Chemnitz, où il fut renforcé par 2 es-
cadrons de hussards hongrois, un bataillon d'infanterie avec 2
canons. Le 25, Koudachoff se porta sur Rochiitz, afin de se rap-
procher du général Thielmann et du colonel comte Mensdorf,
postés à Âltenburg, et contre lesquels se portait le détachement
de cavalerie de Lefebvre-Desnôettes. Le général Platoff, de son
côté, avait passé par Schônau et Chemnitz. Le 26 septembre, il
^ 174 -
avait fait dans la montagne une marche d# pins de 40 kîlomMres,
et le 27, il arrivait à Penig. Mais, comme il Pavait concerté avec
le général Thielmann et le colonel Mensdorf, il marcha encore
pendant la nuit du 87 au Î8 pour attaquer le général Lefebvre,
posté à Àltenburg.
Le 28 septembre, à l'aube du jour, avant que Thielmann et
Mensdorf n'aient pu arriver à Zeitz, le général-major prince Kou-
dachoff, avec Tavant-garde de Platoff, attaqua les avant-postes
ennemis sur les rives de la Pleisse et enleva le village de Win-
disch-Leyba, pendant que le colonel Ilesy, avec 3 escadrons du
régiment de hussards Palatin, s'emparait des roules de Frohburg
et de Borna, afin de couper à l'ennemi le chemin de Leipzig. Le
général Lefebvre, afin de s'assurer la possession de la seule ligne
de retraite qui lui restait, la route de Zeitz, prit position sur les
hauteurs d'Ober-Lôdla. Il s'engagea alors sur ce point un combat
des plus violents, dans lequel les deux adversaires combattirent
avec acharnement mais sans résultat. Afin d'empêcher cet en-
gagement de traîner en longueur, le général Koudachofif envoya
2 régiments de cosaques et un escadron de chevau-légers au-
trichiens de Klenau, par Steinwitz sur Monslab, sur le flanc droit
et les derrières de l'ennemi. Ce mouvement réussit complètement;
l'infanterie française fut obligée de se replier et le 8» régiment
de hussards, accouru au secours de Tinfanterie, fut anéanti
presque en entier. Vers 9 heures du malin, Lefebvre-Desnôettes
était forcé de se replier par la route menant à Zeil«, où il fat
reçu par le général Thielmann. Le général Koudachofif avait
attaqué de trop bonne heure et Thielmann n'avait pu arriver à
temps pour prendre part à la l^^ attaque. Mais dès qu'il entendit
le canon dans la direction d'Altenburg, il se mit immédiatement
on rdute et fit partir sa cavalerie au grand trot. Au moment où
il déboucha, l'ennemi était arrivé à Meusselwilz, y avait pris po-
sition et avait arrêté les têtes de colonnes de Koudachofif. Thiel-
mann se jeta immédiatement sur le flanc droit de l'ennemi, qu'i'
obligea à reprendre son mouvement rétrograde vers Zeitz. Les
troupes de Thielmann continuèrent à marcher parallèlement à
calles de Lefebvre-Desnoëttes, harcelant constamment son arrière-
garde. Ce ne fut que lorsqu'il eut atteint les hauteurs de Spohra
et de Puschendorf, qu'il résolut de rompre les colonnes fran-
çaises. Le colonel comte Mensdorf s'engagea alors sur son
- 47» ^
irdre a?ec les carabiftiers français, tandis que le colonel Ton
(ike, avec S escadrons da 8* régiment de hussards de Silésiet
Nrenaity après un combat très vif, i escadrons de cuirassiers, et
le ne fut qu'avec la plus grande difficulté et après avoir perdu
presque toute son arrière-garde, que Lefebvre atteignit enfin
Seitz. Il mit alors en position sur le Galgenberg S batteries qui
laoonnèrent viveonent rennemi, afin de donner à ses troupes le
Mops de traverser la ville et de prendre pied sur les hauteurs
àtaées de l'autre côté de l'Elster. Pendant ce temps, les troupes
Tavant-garde de l'ennemi, un escadron de hussards de Hesse^
Sombourg et le régiment de cavalerie nationale de Silésie, étaient
restées exposées, sans céder un pouce de terrain, au feu de
l'artillerie. Poiir mettre un terme à cette situation, le général
Koudachoff amena en toute hâte quelques pièces de Tartillerie
du Don, enfila les batteries françaises, les obligea à se taire et à
se retirer. Le moment attendu par les généraux Platoff, Thiel-
mann et le colonel Hensdorf, qui avaient opéré leur jonction à
Meusselwitz, pour renouveler plus vivement leurs attaques, était
arrivé, et le régiment de cosaques de la mer Noire se précipita
tête baissée dans la ville, atteignit les dernières troupes d'infan-
terie ennenûe, les mit en désordre, les accula, et les obligea à
s'enfermer dans une fabrique située dans le faubourg. Pendant
que le gros des forces françaises était rejeté de l'autre côté de
i'Ëister, le général Thielmann faisait demander des volontaires,
qu'il voulait charger d'enlever la fabrique, d'où les Français
continuaient h diriger un feu des plus vifs sur la cavalerie alliée.
Des Cosaques, des Hongrois et des Prussiens, sous les ordres du
général prince Biron de Courlande, prirent enfin celte fabrique,
que l'ennemi avait défendue avec une rare opiniâtreté. L'affaire
du 28 septembre avait coûté aux Français, en fait de prisonniers
seulement, 1 colonel, 55 officiers et 1380 soldats. Les Autrichiens
leur avaient enlevé 2 canons et un obusier, les Cosaques un canon,
les hussards du régiment de cavalerie nationale de Silésie un
canon. On avait pris en outre 8 drapeaux et 400 chevaux. Les
alliés n'avalent eu que 300 hommes hors de combat. Le général
^iron avait été légèrement blessé.
Les alliés poursuivirent les Français au delà de Zeitz, mais les
marches forcées qu'ils avaient été obligés de faire avant le
combat, la lutte acharnée qu'ils avaient dû soutenir pendant
- 178 -
dix heures, ne leur permirent pas de poursuivre rennemi battu
comme ils l'auraient voulu. Malgré cela^ les troupes de Lefebvre-
Desnoêttes arrivèrent le 29 à Weissenfels, dans le plus grand y
désordre.
Le i octobre, le général Thielmann se retira d'Âllenburg sur
Priesnitz. Quant à PlatoSf qui, après s'être porté à Frohburg, i
s'était retiré sur Penig, où il avait eu à soutenir un combat j
contre le corps de Poniatowski, il prit position le 3 octobre entre )
Penig et Àltenburg et envoya des partis inquiéter l'ennemi. \
L'empereur Alexandre, aussitôt qu'il eut connaissance du combat j
du 28 septembre, envoya comme renforts à Platoff 2 régiments j
de cosaques, le 3® d'Orenburg et le 11« de Bascbkyrs ^ i
Dans sa correspondance, l'Emperear s'occupe à plusieurs
reprises des événements que nous venons de relater.
Le 29 septembre, il écrivait au major général en lui prescrivant ■
d'ordonner au duc de Padoue de soutenir Lefebvre-Desnoêttes, '
qui lui paraissait en l'air et qu'il fallait renforcer, parce que, '
disait-il, Altenburg est un point fort important, puisque ce n'est'
que de la Bohême quHl peut s'avancer des forces qui menacent
sérieusement Leipzig, Le môme jour encore, il écrivait à ce propos
à Poniatowski et à Marmont. Enfin, dans une autre lettre adressée
de Dresde, à 3 h. 1/2 du matin, le 30 septembre, au général
Lauriston, il parlait pour la première fois de l'échec éprouvé par
Lefebvi^e-Desnoëttes, et dans une lettre en date du !•' octobre et
adressée au maréchal Victor, il croyait nécessaire de revenir une
fois de plus sur l'affaire du 28 septembre •.
' Lettre de V^olkonsky à Platoff (2 octobre).
' Nous ayons laissé de côté le corps du major yon Colomb parce que ses
opérations ne commencèrent guère qu'à une époque postérieure à celle àont
nous nous occupons actuellement, daos les premiers jours d'octobre. Nous au-
rons donc lieu d'y reyenir bientôt. Il nous parait cependant intéressant de
donner quelques détails à ce propos. C'est ainsi que Colomb raconte, p^r
exemple, une audience chez Schwarzenberg :
««Le général en chef, chez lequel je me présentai ayant de me mettre en
route, me dit qu'on ne saurait, à proprement parler, donner d'instructions à uo
officier chargé d*une semblable mission, que cependant il appelait mon atten-
tion sur les deux points suiyants :
« 1"* On lui ayait signalé l'existence à Langensalza des dépôts de toute U
cayalerie saxonne (conscrits et cheyaux de remonte) ; il y aurait, par suite,
grand intérêt à détruire ce dépôt.
u 2* U me recommandait de ne fouler eâ aucun cas le territoire bavaroisi
' 477 —
Si, comme nous l'avons déjà dit, l'armée du Nord resta inac-
tive après Dennewitz comme après Gross-Becren, en revanche
ses partisans, conduits par des chefs habiles, intelligents et
ludacieux, agirent avec succès sur la rive gauche de TElbe.
Le 92 septembre, le lieutenant-colonel Marwitz passa l'Ëlbe à
Ferchland, à une quinzaine de kilomèti*es en amont de Tanger-
mùnde, avec le 3« régiment de cavalerie de landwehr de la Nou-
ïelleMarche; il avait ordre de battre l'estrade dans la Vieille-
Harche, d'y protéger et d'y favoriser les armements.
Après trois jours de marche forcée, il arriva le 25 à l'aube du
jour, avec 400 chevaux, à Brunswick, où se trouvaient, sous les
ordres d'un vieux général usé et indécis, le général Klôsterlein,
880 hommes de troupes westphaliennes appartenant à divers
corps. Pendant que le lieutenant-colonel Marwitz prenait ses dis-
positions pour l'attaque de la ville, Klôsterlein faisait filer son
convoi sur Cassel et se dirigeait lui-même avec le gros de ses
troupes sur Wôlfenbûttel, laissant à Brunswick une compagnie
de carabiniers, sous le colonel Borck.
La yilie fut enlevée presque sans combat, et Marwitz envoya
aussitôt 50 cavaliers, sous les ordres du lieutenant comte von
Finkenstein, sur la route de Wôlfenbûttel, avec mission de
ïejoindre Klôsterlein. Celui-ci avait appris â Wôlfenbûttel la
prise de Brunswick, et continué immédiatement sa marche sur
la route de Gosslar.
Mais à peine avait-il dépassé le village d'Halchter qu'il fut
P&rce qu'on négociait avec ce gouyernement les conditions de son entrée dans
^ coalition et qu'on devait, en attendant, s'abstenir de tenter quoi que ce fût
<l«cecôté.)>
Le 24 septembre, Colomb qnitta Tôpiitz, arriva le soir à Eopitz et se porta
ieleodemain par Kommotan sur Czernowitz et Korbitz. Pendant cette marche,
(^lomb examina et étodia son détachement et vit que, comme cela a toujourg
^, les différents régimentd lui avaient donné lenrs plus mauvais chevaux. Le
^6) il fit balte et divisa son petit corps volant en 2 escadrons.
^Q 27 septembre au i*' octobre, Û fait de petites marches pour entraîner
pdaellement les chevaux, longe d'abord la chaîne de montagnes, qu'il passe
^ Johann-Georgenstadt, et arrive le i" octobre à Miihltruf, aux environs de
^chleitz, où il se remet immédiatement en rapport avec les personnes qixi
levaient si bien renseigné lorsqu'avant l'armistice du 4 juia il opéra dans ces
parages.
Nous examinerons, du reste, an peu plus loin, les opérations exécutées par
^lomb dans la première quinzaine d'octobre.
M. H. L, 12
— 178 —
rejoint par les 50 cavaliers de Finkenstein. Gomme les Westpha-
liens étaient engagés sur une digue et se préparaient à résister
aux cavaliers en se formant à droite et à gauche de celle digue,
on prétend que Finkenstein se porta seul en avant en criant aux
Westphaliens de ne pas tirer sur leurs frères allemands. Ce qu'il
y a de certain, c'est que 25 oflSciers et 350 soldats mirent bas
les armes, et que le général Klôsterlein, avec quelques autres
ofBciers, ne dut la liberté qu'à la vitesse de son cheval. Ce qu'il
y a également de certain, c'est qu'une grande partie des prison-
niers westphaliens, les uns appartenant au régiment de chevau-
légers de la garde westphalienne et les autres à l'École mili-
taire de Brunswick, exprimèrent le désir de servir dans les
rangs des Prussiens et formèrent l'escadron de chasseurs volon-
taires du 3* régiment de cavalerie de landwehr de la Nouveller
Marche, sous les ordres du capitaine von Glausius. Le détache-
ment du lieutenant-colonel von Marwitz retourna par Burgstall
et Grieben à Ferchland *.
[Les conséquences du raid de Tchernilcheff sur Gassel, dont
nous allons nous occuper maintenant, furent bien autreoient
importantes.
Au moment où Tchernilcheff obtint du prince royal de Suède
l'autorisation de tenter un coup de main, il n'y avait plus dans le
* Le raid de Marwitz sar Brans wick avait produit plus d'effet qu'on ne le
pensa au premier moment. Ainsi l'Empereur écrivait le 1*' octobre, de Dresde,
au duc de Bassano :
« Témoignez mon mécontentement au baron de Saint -Aignan au sujet de
Taldrme qu'il a semée sur nos derrières; vous lai ferez sentir qu'on ne pcatpw
rendre de plus grands services aux partisans que d'accréditer par son nom les
faux bruits qu'ils font courir; que les partisans qui n'ont que de 200 à 300 cbe-
vaux, s'annoncent toujours pour en avoir 42,000 à 15,000, certains qu'ils n«
peuvent avoir quelque succès qu'autant qu'ils se font précéder d'une yaioe
terreur »
Le lendemain, 2 octobre, il écrivait encore de Dresde an major général :
« Mon cousin, faites connaître au général d'Alton mon étonnement de sa
lettre du 29 septembre. Il faut qu'ils aient perdu la tète à Erfurt et à Eise-
nach. S'ils croient tous les on-dit du pays et tous les bruits que répandeot
les partisans ennemis, ils ne peuvent que faire des sottises Il n'y a jamaw
eu que 1500 hommes à Brunswick. On ne saurait rendre de plus grands ser-
vices aux partisans que d'accréditer les bruits qu'ils ont intérêt à faire cir-
culer On ne doit pas jeter légèrement l'alarme, il ne faut pas se laisse^
' épouvanter par des chimères, et l'on doit avoir plus de fermeté et de discer-
nement, n
— 179 —
royaume de Westphalie qu'une dizaine de mille hommes, postés
autour de Gassel et de Brunswick, pour la plupart jeunes sol-
dats, sur lesquels le roi ne pouvait compter en aucune façon et
qui désertaient en masse. En fait de troupes sûres et solides, le
roi Jérôme ne disposait en réalité que de quelques centaines de
gendarmes à cheval.
Les fronlières du royaume étaient ouvertes et dégarnies de
troupes. Les désertions devenaient journalières et avaient lieu
en masse. Ainsi, dès la nuit du 22 au 23 août, deux des meil-
leurs régiments de Tannée westphalienne, le 1®' et le 2® de hus-
sards, avaient passé aux Autrichiens près de Reichenberg, en
Silésie; et, comme nous l'avons dit précédemment, parmi les
prisonniers faits près de Freiberg en Saxe, se trouvaient deux
escadions détachés de ces régiments. Les échecs subis par les
armes françaises, les raids des partisans et l'état des esprits
obligèrent le gouvernement westphalien à couvrir la capitale du
c6té de la Saale; mais la chose était d'autant moins facile qu'il
ne disposait que de jnunes troupes d'une fidélité plus que dou-
teuse. On posta à Gôltingen 2 escadrons (300 hommes), sous les
ordres du général Zandt, qu'on fit soutenir à Mûaden par le
i" bataillon du "• régiment d'infanterie, fort de 840 hommes.
A Heiligenstadt on envoya une brigade de cuirassiers, le 3* ba-
taillon d'infanterie légère et 2 bouches à feu; en tout 1200 cava-
liers, 1000 fantassins et 70 artilleurs, sous les ordres du général
Bastineller. A Cassel il y avait 3,060 fantassins, 906 cavaliers,
366 artilleurs et 6 bouches à feu*.
On connaissait exactement au quartier général de l'armée du
Nord l'état de l'opinion publique en Westphalie. Tchernitcheif
pensa donc que le moment était venu de mettre fin à l'existence
de ce royaume, et que la prise de Cassel pourrait amener le soulève-
ment d'autres pays allemands. Tohernitcheff ne se trompait pas ;
mais vouloir conquérir sans infanterie une capitale défendue par
des troupes encore relativement nombreuses, une capitale que
sa situation topographique permellait de défendre facilement,
n'était pas chose aisée. Malgré cela TchernitcheflF, résolu à
* Ces renseignements sont tirés du li?re de Speght ; Bas Kônigreieh Weit»-
V^len und ieine Armée im Jahra iSia.
— 1«0 -
tenter Faventure et comptant sur l'appui des populations et le
mécontentement des troupes westphaiiennes, pensait avec raison
que le succès dépendait moins de la force numérique et de la
composition de son détachement que de la soudaineté de son
apparition.
Après avoir enfin obtenu de Bernadotte Tautorisation néces-
saire, il se porta vers TElbe. Son détachement se composait,
d'après Specht, de 3 escadrons du régiment combiné de hus-
sards, 3 escadromi du régiment de hussards d'Izoum, 2 escadrons
du régiment de dragons de Finlande; d'après le manuscrit da
lieutenant-colonel Balmen : de 2 escadrons du régiment de hus-
sards dlzoum, de i escadrons du régiment de dragons de Riga,
2 escadrons du régiment de dragons de Finlande; les deux au-
teurs lui attribuent en outre S- régiments de cosaques, SyssewS,
Schirow, Grekoff 18, Wlassoff 3, et Balabin 2; mais tandis que
Specht lui attribue 6 canons de l'artillerie à cheval du Don,
Balmen ne lui en donne que 4. Il en résulte que l'effectif total
est de 2,300 hommes d'après Specht, et de 1200 à 1300 d'après
Balmen.
Le colonel Benkendorf commandait les cosaques; le comte
Balmen, l'artillerie; le colonel Bogdanovitch faisait fonctions de
quartier-maître du détachement. Parmi les volontaires se trou-
vaient le lieutenant-colonel comte Balmen, le même qui fut plus
tard commissaire russe pendant la captivité de l'Empereur à
Sainte-Hélène, le major Dômberg, quelques officiers prussiens,
le colonel Barnekow, les capitaines Arnim, Fabecky et And^
Le détachement passa l'Elbe près d'Acken dans la nuit du 14
au 15 septembre. D'après les notes manuscrites du capitaine Lis-
chin, qui faisait partie de l'expédition, on plaça les selles et les
harnais sur des bateaux, et les chevaux passèrent à la nage der-
rière ces bateaux. Les pièces, les caissons et les avant-trains
furent mis sur des planches dont les extrémités reposaient de
chaque côté sur un bateau.
Le détachement fit halte à Bernburg le 15 et envoya des partis
du côté de Zôrbig, Halle, Delitsch, Bitterfeld, Egeln et Wan'z-
leben, pour détourner l'attention de l'ennemi et se procurer en
Manuscrit da lieutenaDt-colonel Balmeni
- 181 —
même temps des nouvelles sur les mouvements qu'il exécutait.
Un de ces partis, 80 cosaques sous les ordres du capitaine
Fabecky, réussit à surprendre Querfurt et y prit i colonels,
40 officiers et SOO hommes.
Le 24 septembre, le détachement de TchernitchefF quitta Bern-
bargy se porta sur Eisleben et arriva le 25 à Rossla. Tchemit-
cheff exécuta avec une extrême prudence et une rare habileté
cette marche à travers un pays occupé par l'ennemi. Les troupes
campaient la nuit pendant quelques heures loin des lieux habités;
quand elles faisaient halte dans des villages ou dans des ha-
meaux, une chaîne de cosaques entourait l'endroit et empêchait
les habitants d'en sortir. Quand on se remettait en marche, on
emmenait les bourgmestres et les autres notables, et on ne les.
relâchait que lorsque le détachement avait parcouru une distance
assez considérable. Les guides ne connaissaient jamais le but
réel de la marche^ et on les questionnait toujours longuement sur
l'état des roules qu'on n'avait pas l'intention de prendre. Sou-
vent les troupes se détournaient, par ordre, de la direction dans
laquelle elles devaient se porter, et ne la reprenaient que lors-
qu'il n'y avait plus d'étrangers dans leurs rangs, à l'exception
des espions dont on était absolument sûr ^ .
A Rossla, Tchernitcheff apprit, le 26 septembre, que le général
Bastineller était toujours à Heiligenstadt; il poussa par suite ses
avant-postes dans la direction de Nordhausen. Afin de cacher à
l'ennemi le mouvement de ses troupes sur Gassel, il ne restait à
Tchernitcheff qu'à faire des détours pour tourner le général
Bastineller. Comme il fallait en outre occuper l'ennemi sur son
front, il envoya une forte patrouille sur Nordhausen, tandis que
lui-même se porta plus à gauche vers Soudershausen, faisant
passer son détachement pour l'avant-garde d'un corps considé-
rable, et ordonnant de préparer des vivres pour 30,000 hommes.
Pendant ce temps, il arrêtait.les voyageurs se rendant à Gassel.
Le prince régnant de Sondershausen fit grand accueil au déta-
chement, logea les ofiSciers chez lui et les accompagna lorsqu'ils
se remirent en route.
Le 27 au matin, Tchernitcheff était arri\é à Mûhlhausen, qu'il
^ Manuscrit de Lischin.
- m -
quitta le jour même, et après une marche forcée de plus M
80 kilomètres, passant par Wanfried, Eschwege et Waldcappel
il arriva le 28, è 5 h. 1/2 du matin, en vue de Gassel.
A ce propos, il est curieux d'extraire le passage suivant d'uni
lettre adressée le 2 octobre par l'Empereur au major général :
« Écrivez au duc de Padoue qu'il s'alarme trop aisément il
qu'il est trop prompt à accueillir les faux bruits semés par TeM
nemi. Ce n'est pas ainsi que doit agir un homme d'expériencei
il faut plus de caractère que cela. Écrivez au général d'AltolJ
qu'il a rêvé qu'il y avait 4,000 hommes à Mûhlhausen ; il n*yi
jamais eu plus de 1,200 hommes. Le duc de Padoue a dû voir
dans la lettre du général d'Alton du 29, combien la nouvelle
que l'ennemi avait passé à Dessau, occupait Halle et marchait
sur Cassel, avait troublé la tète de ce général. Tout cela se trouve
faux. Ils doivent avoir furieusement perdu la tête à Erfurthelà
Eisenach, puisqu'ils croient avoir l'ennemi sur les talons en
même temps qu'ils disent qu'il se dirige sur Brunswick et sur
Hanovre. »
On ne saurait évidemment prendre à la lettre cet extrait de la
correspondance. L'Empereur cherche évidemment à rassui-erson
monde; mais, d'autre part, on ne peut nier que lui-môme consi-
dérait comme peu probable un coup de main aussi hardi que
la marche sur Cassel.
Un brouillard épais avait favorisé les derniers moments du
mouvement de Tchernitcheff ; mais cependant, malgré toutes les
précautions prises par le général russe pour cacher sa marche,
Bastineller avait été renseigné par ses patrouilles et ses recon-
naissances sur la direction suivie par Tchernitcheff, et avait aus-
sitôt fait partir de Mûhlhausen un courrier qui devait annoncera
Cassel l'arrivée des partisans. Tchernitcheff, informé de ce fait,
chargea un parti de cosaques d'enlever ce courrier. Les cosaques
ne réussirent qu'à moitié dans leur mission. Ils s'emparèrent du
courrier; mais un gendarme déguisé réussit, grâce aux ténèbres
et au brouillard, à leur échapper et à pénétrer dans Cassel*.
Le gouvernement westphalien était donc prévenu; les mesures
prises pour conjurer le danger ne furent et ne pouvaient d'ail-
1 Manuscrit de Balmen.
— 183 —
eors être qu'inscifBsantes. Un faible détachement qu'on fit sortir
le la ville fut rejeté jusque dans le faubourg de Betlenhausen,
ît 6 canons qui se trouvaient en batterie hors de la ville, aban*
donnés par leurs soutiens, furent enlevés par les cosaques. Le
brouillard devenant de plus en plus épais, les Russes ne purent
reprendre leur mouvement en avant que vers 9 h. 1/2. Tcher-
nitcheff espérait que l'échec éprouvé par les troupes westpha*
liennes déciderait le roi Jérôme à s'enfuir de sa capitale. Dési-
rant à tout prix s'emparer de sa personne, il prescrivit au colonel
ftenkendorf de se porter sur Neuemûhle avec le régiment de
cosaques de Schiroff et un escadron de dragons de Higa, de
passer la Fulda en amont de la ville et de garder la route de
Francfort. En même temps une cinquantaine de cosaques de-
vaient passer la Fulda en aval de la ville, et couper les routes
menant à Paderborn et à Arolsen*
Quant à l'attaque même de la ville, il la confia au colonel Be-
driaga, qui disposa à cet effet de i escadrons de hussards dlzoum,
des régiments de cosaques de WlassoffetGrekow, et de 2 canons
de l'artillerie cosaque. Afin de couvrir contre Bastineller, qui
s'était porté d'Heiligenstadt sur Witzenhausen, les derrières du
détachement mis sous les ordres du colonel Bedriaga, 100 co-
saques et un escadron de dragons occupaient le défilé de Kaufun-
gen^ et avaient envoyé un poste avancé à Helsa. Le reste du corps
volant servait de réserve.
Le colonel Bedriaga repoussa la compagnie de chasseurs de la
garde westphalienne et attaqua, après les avoir ébranlées par
deux volées de mitraille, les autres compagnies, qui, bien qu'elles
eussent eu le temps de se former en carré, furent rompues et
prises presque entièrement. Le reste des troupes westphaliennes se
Tetira derrière le Wahlebach, mais ce succès avait été chèrement
acheté et avait coûté la vie au colonel Bedriaga*.
Pendant ce temps Benkendorf avait passé la rivière à Neue-
iQûhIe et culbuté les hussards de la garde westphalienne envoyés
contre lui; mnis, apprenant alors par les prisonniers que le roi
JérAme avait eu le temps de passer par la route de Francfort, il
* Manuscrit de Lischin et rapport de Tchernitcheflf au général Winzingerode,
«NatedeCassel, H octobre 1813.
— 184 —
crut prudent de ne pas s'engager avec un ennemi plus fort et
plus nombreux que lui, et repassa sur la rive droite de la Fulda
après s'être emparé de 10 officiers et de 350 hommes de Tescorte
du roi.
Tchernitcheff, en effet, ne tardait pas à recevoir de Benkendorf
Tavis que le roi Jérôme avait, dès qu'il avait été informé de
rapproche du corps volant, quitté sa capitale sous l'escorle de
S bataillons de sa garde, 8 escadrons et quelques canons. Ben-
kendorf lui faisait savoir qu'il avait rejoint et sabré sur la roule
de Francfort les 4 escadrons d'arrière-garde, et enlevé une partie
des bagages du roi, qui n'avait échappé à la captivité qu'en se
jetant en toute hâte dans Marburg.
Lorsque Tchernitcheff sut ainsi que le roi avait quitté la ville
avec la plus grande partie de ses troupes, et que le général Âllii
commandait les forces laissées dans la place, il résolut d'atta-
quer l'ennemi, qui s'était retiré de l'autre côté du Wahlebach,et
fit avancer ses réserves.
A peine les cosaques eurent-ils traversé à gué le ruisseau et
débordé les deux ailes de l'ennemi, que Tchernitcheff dessina
nettement son attaque. Les hussards d'izoum marchèrent contre
le front de l'ennemi, tandis que les cosaques se portaient à
gauche pour déborder son aile droite. L'artillerie réussit à dé-
monter une des pièces de l'ennemi, et après quelques volées de
mitraille envoyées aux troupes qui défendaient le pont, les deux
colonnes russes se précipitèrent sur l'infanterie westphalienne, la
rejetèrent, enlevèrent la pièce démontée et s'approchèrent de la
porte de Leipzig. Quelques obus suffirent pour mettre en fuite les
défenseurs de cette porte dont les cosaques s'approchèrent, qu'ils
ouvrirent avec l'aide de quelques habitants, traversant ensuite
la ville basse et pénétrant jusqu'au pont de la Fulda. L'ennemi
n'ayant pas songé à occuper le château qui domine le pont et la
grande place, les Russes s'en emparèrent et restèrent par suite
maîtres de la ville basse. Cependant, arrivés près du pont, ils
furent accueillis par un feu violent partant des maisons voisines
et obligés de s'arrêter. Les hussards de la garde westphalienne,
soutenus par l'infanterie, se déployèrent devant Benkendorf en
même temps que deux régiments de cuirassiers avec deux pièces,
faisant partie du détachement du général Bastineller, apparurent
sur les derrières de TchernitchefT. Quoique cet officier
I
- 185 «
il presque aussitôt renoncé à son idée de marcher sur Gassel
ourse porter sur Lâchtenau, Tchemitcheff, qui ignorait iechan-
ment survenu dans les projets de l'ennemi» crut imprudent de
ter sans infanterie dans la villes et se décida à se replier dans
unit du 28 au 29 septembre sur Mslsungen, à une petite
rnée de marche de Gassel.
les troupes de Bastineller, épuisées par une marche forcée et
implètement démoralisées, se débandèrent en grande partie.
lelques fractions seulement se retirèrent en désordre, et leur
iéral dut faire jeter dans la Fulda, à Alt-Morschen, deux canons
e les chevaux ne pouvaient plus traîner.
Lorsque Tchemitcheff, arrivé à ce moment à Melsungen avec
le gros de son détachement» eut connaissance de Télat déplorable
dans lequel se trouvait Fennemi, il résolut immédiatement de
lancer sur ses talons iOO cosaques sous les ordres de l'enseigne
Sevastianofif. L'arrière-garde et les traînards de Bastineller furent
atteints à Alt-Morschen, mis en déroule et laissèrent une vingtaine
de prisonniers entre les mains des Russes, qui retirèrent de la
Fulda les deux pièces et les ramenèrent à Melsungen*.
Le détachement du général Zandt, qui se trouvait le 28 sep-
tembre h Gottingen, avait reçu le 27 au soir l'ordre de revenir
sur Gassel (environ 45 kilomètres). Une seule marche, un peu
rude, il est vrai, aurait suffi à la rigueur pour franchir cette dis-
tance; mais le général Zandt était un homme peu expérimenté,
qui ne devait son grade qu'aux faveurs du roi Jérôme. Au lieu
de se mettre immédiatement en route, il ne commença son mou-
vement que le 29 à 4 heures du matin. De plus, il se contenta de
diriger sur Gassel le i«' bataillon du 7« régiment, arrivé de Mûn-
den 48 heures plus tôt, et lui-même resta encore plusieurs heures
immobile avec sa cavalerie. 11 rejoignit à Mûnden son infanterie,
ne sachant pas s'il devait suivre la route directe menant à Gassel
par Lûlterberg et Landwehrhagen, ou s'il devait passer la Fuida
pour se porter sur Wilhemhausen. Ses hésitations, qui lui firent
perdre un temps précieux, devaient avoir pour lui des consé-
quences fatales. Les nouvelles exagérées de ce qui s'était passé
i Manuscrit de Lischin et rapport de Tchernitcheff au général Winzingerode.
s Rapport de Tchernitcheff.
I
188 -
k Gassel, répandues par les habitants et jointe» aux indécision
de Zandty qui fit à plusieurs reprises passer et repasser la Fuld
à ses hommes, jetèrent le désordre et le découragement dans
rangs de sa troupe. Enfin, à 7 heures du soir, Zandt passa sar 1
rive gauche de la Fulda. Marchant la nuit par de mauvais chi
mins à travers les bois, son détachement ne tarda pas à deven
une bande informe qui se dispersa de tous cdtés. Les Hanoyriefl
et les Brunswickois donnèrent l'exemple de la désertion, etempi
que les Hessois suivirent à mesure qu'ils se rapprochèrent i
leurs villages, et quand Zandt arriva h Gassel il n'avait plus dei
rière lui qu'une poignée d'hommes.
Les désertions avaient^ du reste, de leur côté affaibli singuliè
rement Teffeclif de la garnison de Gassel pendant la journée dl
S8, et il ne restait plus en tout au général Alliie que 360 fantai
sins et à peu près autant de cavaliers. Ge fut en vain que cet ofl
oier général tenta de calmer les habitants et de maintenir Ifl
troupes dans le devoir par l'article suivant, inséré dans le Mmi-
(êur du 29 septembre : « Quelques centaines de cosaques se
sont montrés hier devant la ville, mais ils ont été reçus de façon
A leur faire perdre Tenvie de tenter de nouveau une semblable
entreprise. Après avoir éprouvé des pertes sensibles ils se sont
enfuis dans les bois. La tranquillité n'a jamais été troublée dans
la ville. Les habitants comme les troupes se sont admirablement
x^Onduits. »
Malgré cela, le général Allix comprenait parfaitement qu'il
était impossible de songer à une défense sérieuse. Il mit quelques
pièces en batterie sur le Friedrichsplatz et sur le Weinbei^, hau-
teur située en arrière de la ville, et posta la 6« compagnie de
chasseurs sur les bords de la Fulda.
Pendant la journée du 89 septembre, Tchernitcheff était resté
h Meisungen. Renseigné par ses espions, par les déserteurs, par
les populations, sur ce qui se passait h Gassel, sur Tétat des
troupes comme sur les dispositions des habitants, il donna
Tordre au colonel Barnekow, aux capitaines Fabecky et Arnim
de former, avec les prisonniers, les déserteurs et les volontaires,
un bataillon de 300 hommes. Les pièces prises à l'ennemi furent ^
servies par des dragons et des artilleurs westphaliens qui avaient ,
demandé à entrer dans l'armée russe. |
Enfin, Tchernitcheff sachant que les habitants de Gassel n'alten- i
Iftient plus que roccasion de se soulever, s'avança vers la ville
e 30 septembre avec ce bataillon et 9 pièces enlevées aux
^estpbaliens.
Le général AUix, informé da mouvement des Russes, fit occuper
es portes, barricader le pont de la Fnlda, y mit une pièce en
batterie, fit ramener sur le Friedrichsplatz les deux canons
luWeinberg, et massa sa cavalerie dans Talléê des Linden, près
îuFriedrîchsplalz*.
Tchernitcheff, arriyé à peil de distance de Cassel, ordonna h
son artillerie de bombarder la ville et de diriger en même temps
son feu sur les troupes postées sur le Friedrichsplatz. Les habi*
iants supplièrent alors le général Allix de rendre la ville; son
refus les exaspéra. Des groupes de jeunes gens tentèrent d'ou^^
vrir les portes et voulurent empêcher les troupes de combattre;
on dut les faire charger par les hussards, sur lesquels ils firent
pleuvoir une grêle de pierres. Pendant ce temps, Benkendorf
était arrivé devant le Leipziger-Thor avec le bataillon westpha-
lieo et 2 escadrons de dragons, auxquels il avait fait préalable *
ment mettre pied à terre. Avant même qu'il eût eu le temps de
commencer le feu, la compagnie de carabiniers postée sur ce
point se rendait sans combat et ouvrait les portes aux Russes»
qui pénétrèrent dans la ville. Toutefois, afin d'épargner la ville,
Ttheraitcheir envoya en parlementaire auprès du général Allix
le comte Balmen, porteur d'une lettre dans laquelle il lui faisait
connaître la destruction du détachement Baslineller et le vœu
exprimé par lès hommes ayant appartenu à la garde westpha-
li^nne de servir dans les rangs des Russes. Allix ne voulut dans
le principe écouter ni le comte Balmen ni le colonel Benkendorf,
que Ton avait envoyé pour le décider à en finir. Enfin, redoutant
un soulèvettient général de la ville, il consentît à envoyer vers
Tchernitcheff le lieutenant-colonel Boite, porteur des conditions
qu*il demandait pour capituler. En attendant la ratification de la
capitulation, il sortit de la ville avec l'artillerie qui lui restait et
^lla bivouaquer en avant du Gôlner-Thor. La capitulation pro-
posée par Allix fut signée vers le soir, après avoir été modifiée,
6t le général Allix, suivi par les officiers et les fonctionnaires
français, prit à 7 heures la route de kirchditwold et d'Arolsen
' Manuscrit de Lischih et rapt)orl de Tchernitcheff.
- 188 -
Le même soir les cosaques occupèrent Gassei, et le lendemain,
4«' octobre, Tchemitcheff, après avoir fait célébrer un service
d'actions de grâces, entrait triomphalement dans la ville.
D'après le rapport de Tchemitcheff à Winzingerode, daté de
Casse! le 1*' octobre, le détachement prit 10 canons pendant les
différents engagements qu'il eut avec les Westphaliens, en
trouva 17 dans la ville, ainsi qu'une quantité considérable
d'armes de toutes sortes, de cartouches, de munitions, et une
somme de 79,000 thalers; 1,000 Français, malades ou blessés
pour la plupart, furent faits prisonniers; ii des canons pris sur
l'ennemi furent envoyés à Berlin; 15,000 thalers furent distribués
au détachement, 4,000 donnés au major Dôrnberg pour habiller
le bataillon nouvellement formé, et les 60,000 qui restaient
furent versés dans la caisse du corps de Winzingerode.
Le détachement avait eu en tout 70 tués ou blessés ; parmi les
blessés se trouvaient le lieutenant-colonel Rajewski, les majors
Tschelobitschikoff et Dôniberg; parmi les morts, le coIodbI
Bedriaga^
Le 2 octobre, Tchemitcheff lança une proclamation qui mit
en réalité fin au royaume de Westphalie, bien qu'après le dé-
part de Tchemitcheff le général Allix fût rentré à Cassai, où il
resta dix-neuf jours, du 7 au 26 octobre, et bien que le roi Jérôme
y fût lui-même revenu pour essayer de relever son trône. Quoi
qu'il en soit, la prise de Gassel par Tchemitcheff avait réelle-
ment renversé le roi Jérôme du trône de Westphalie*.
Le 2 octobre, un escadron de chasseurs du régiment de la
Nouvelle -Marche, 150 chevaux, sous les ordres du capitaine
Rohr, arriva à Gassel. Cet escadron avait été envoyé par Thiel-
mann, après la prise de Merseburg, dans la direction de Halle,
pour s'emparer des magasins existant dans cette ville. Coupé du
gros du détachement par le mouvement de Lefebvre-DesnoétleS;
cet escadron s'était d'abord porté sur Eisleben, puis sur Cassel,
dans l'espoir de pouvoir opérer sa jonction avec Tchemitcheff.
* Rapport de Tchemitcheff à Winzingerode.
> Dans une lettre du 9 octobre, écrite de Warzen à Murât, l'Empereor
affecte cependant de prendre les choses légèrement et lui annonce en ces terine*
la rentrée d'Allix à Gassel : « Le général AUix est rentré à Cassel à la tête de
6,000 Français. Le roi retourne dans sa capitale. Tchemitcheff a /»*' ^^^^^
tapage avec 2,500 cotaqties. On s*est laissé effrayer. »
— 189 —
Mais comme malgré ce renfort Tchernitcheff ne pouvait avoir
la prétention de se maintenir à Gassel devant les réserves enne-
mies qui, s'organisant sur le Rhin, allaient évidemment marcher
contre loi, il résolut de quitter Gassel le 3 octobre au matin. Ce
jour-là il fit prendre aux trophées et au butin la route de Ha-
novre, tandis que les troupes filaient sur Gôttingen, Nordheim,
Branswick, Salzwedel, Domitz, où elles passaient l'Elbe et ral-
liaient l'armée du Nord.
A son rapport sur la prise de Casse! adressé à Winzingerode,
TchemitchefF joignit une lettre interceptée par les cosaques et
dans laquelle le roi Jérdme annonçait à l'Empereur la perte de
sa capitale. Ces documents furent envoyés au prince royal de
Suède et transmis par lui à l'empereur Alexandre, avec la lettre
suivante en date du 5 octobre 1813 :
« Sire, i'ai déjà instruit Votre Majesté Impériale du départ du
général Tchernitcheff pour une expédition secrète. J'atténuerais
sans doute le mérite de cet intrépide et intelligent officier si je
faisais à Votre Majesté le récit de sa marche, de ses combats et
de ses succès. Je crois donc ne pouvoir mieux faire qu'en met-
tant sous les yeux de Votre Majesté les rapports originaux qu'il
a adressés au général Winzingerode. Ce général vient de m'en-
voyer les clefs de Cassel, que je m'empresse de transmettre à
^olre Majesté par le capitaine Davidoff, qui a accompagné le
général Tchernitcheff, et je me trouve d'autant plus heureux de
pouvoir annoncer à Votre Majesté la prise de la capitale du
i^oyaume de Westphalie, que je n'étais pas sans inquiétude sur
Hssue de cette entreprise, vu l'éloignement où se trouvait le
général Tchernitcheff de tout secours. Indépendamment des dis-
positions prises pour le soutenir du côté de Halle et de Bern-
^^rg, j'ai fait jeter un pont sur l'Elbe, à Ferchland, et j'ai fait
passer quatre escadrons pour aller à sa rencontre aux environs
<ie Giffhorn et de Brunswick. » (Journal des documents arrivés
^^ grand quartier impérial, n» 15,810.)
Pendant toute cette période, les partisans de l'armée de Silésie
^étaient pas restés inactifs. Toutefois, il faut remarquer que la
tlistance considérable qui les séparait de l'Elbe ne leur permet-
^^it guère de tenter des coups de main que sur les lignes de com-
munication de Macdonald. C'est ainsi que le 19, alors que toute
i ^'^rmée de Blûcher était concentrée autour de Bautzen, le colonel
- 190 ^
rnaae priace Mandatoff se porta de Grossenhaya à Ortrand, ;
surprit un détachement du 1«' corps de cavalerie» auquel il pw
un colonel saion et quelques hommes. Sa ?ésumé, le corgf|
volant du prince Mandatoff» comme ceux du colonel rossij
Figner, du major prussien Falkenhausen et du capitaine Schwa«f
nenfeld, enlevèrent pendant ce temps des courriers, détruisireoh
les parcs et les convois^ interceptèrent toutes lea cofomunica-
tiens.
D'après les écrits laissés par les témoins oculaires de ces événe*
ments» le détachement de Figner se composait d'aventuriers de
toutes les nations. On y trouvait môme des Espagnols, qui, ser- ,
vant de force dans les rangs de Tarmée française, avaient profité l
de la première occasion favorable pour passer aux alliés. Cette (
horde indisciplinée, féroce, était une véritable bande de bri-,
gandSj ne faisant quartier à personne, Figner lui-même fat
victime de l'indiscipline de ses hommes. Surpris près de WôrliU
et acculé à TËlbe par des forces supérieures, il se jeta dm
TElbe avec quelques cosaques et disparut K
^ 1 ■■ ■ .1 I M ■ — ^
* A propos de Figner, il noas paraît intéressant de reproduire ici la lettre
suivante du général Bertrand, commandant le 4* corps d'armée, au nm|or général,
lettre reproduite par le général Pierron dans ses Méthodes de guerre.
f Sprottau, U juin 1813,
« L*aide de camp que j'ai envoyé à Freistadt (pendant Tarmistice) a eu
une con?ersation avec le colonel russe Figner, qui commandait un corps de par-
tisans sur nos derrières. < Si la guerre recommence, lui dit l'aide de camp, votre
métier ne sera plus aussi lx>n ; l'Empereur aura sur les derrières 1S,000 che-
vaux. — Tant mieux, c'est ce que je demande ; ils ne me prendront pas. Je
m'en irai, j'éreinterai leurs chevaux, je les harcèlerai et ils seront détruits. K»-
WfyeZ'Ui plutôt tur les derrières de notre armée enlever dês convoie; c'est eomiM
eeia qu*Qn fait faire des amUsiicee. C'est un fort bon métier que celui de par-
tisan ; si je suis un peu trop pressé, j'en suis quitte pour deux ou trois jours
dans un bois. »
M Le colonel des cosaques paraissait outré de ce que l'Empereur les appelait
de misérables cosaques.
« Je voudrais que vous eussiez mes cosaques. Si l'empereur Napoléon avait
ces misérables cosaques, il y a longtemps qu'il aurait été visiter l'emperenr de
la Chine, Il est vrai que je suis poltron avec mes misérables cosaqnea ; je m'en
vais quand on est en force, mais je ne vous fais pas moins le plus grand mal
« — Avec un bataillon, je ne crains pas tous vos cosaques^ dît l'officier.
« — Je vous prendrais, a répondu le colonel ; je ne vous en foncerais^ pas, il est
vrai, mais je vous harcèlerais, je ne vous laisserais pas entrer dans iie viUsife
parce que vous y trouveriez à manger, je les brûlerais autour de vous çt je fini-
rais par vous avoir.
« Lee offiden parlaient tous bien le français, n
— 191 —
Le colonel Figner est, d'aillears, une personnalité tellement
curieuse et tellement originale que nous croyons devoir nous
^ndre quelque peu sur le caractère et les mœurs de cet officier
i|QJ, s'il n'avait terni ses véritables qualités militaires par une
férocité inouie, par une inexplicable cruauté, pourrait presque
servir de type et de modèle aux chefs de corps de partisans.
Figner, nous dit le colonel Herschelmann dans le remarquable
travail qu'a publié le Foimny Sbomik, était un de ces hommes
que le danger attire et charme, qui n'ont de goût et de passion
que pour la guerre.
Sous ce rapport, il peut être comparé à Davidoff, mais mai-
heuTettsement pour lui il n'était pas animé des sentiments d'hu«-
manité et de douceur que Davidoff possédait k un si haut degré.
li était» au contraire cruel, sanguinaire, féroce et poussait la ba^
barie jusqu'à massacrer les prisonniers désarmés.
Les lignes suivantes, que nous empruntons au journal de iSil;»
de Davidoff, donnent, d'ailleurs, une idée exacte du caractère de
ces deux chefs de partisans. Davidoff raconte en ces termes sa
première rencontre avec Figner, au moment où ils se concer-
tèrent pour exécuter tous deux le coup de main de Liachovo.
« Depuis longtemps déjà, dit Davidoff, j'avais entendu parler
des cruautés de Figner, mais il m'avait été, jusque-là, impossible
de constater s'il était vrai ou non qu'il poussait la férocité jus-
qu'à faire massacrer des soldats désarmés, et cela au moment
même où nos affaires devenaient plus prospères. Il me semble
qu'aucnn mauvais sentiment, et surtout qu'aucune idée de ven-
geance n'aurait dû trouver de place dans le cœur de nos soldats,
qui accomplissaient précisément à celte époque avec joie et en-
thousiasme un devoir sacré. A peine Figner eut-il appris que
l'avais des prisonniers, qu'il accourut vers moi, me suppliant de
lui permettre de les massacrer. Il m'est impossible d'exprimer
^ que je ressentis pendant qu'il me parlait ainsi. Sa belle figure
et son regard naturellement doux contredisaient ses paroles. Me
î*appelant alors ses incomparables talents militaires, sa bouil-
lante valeur, son indomptable activité, son esprit d'initiative et
^'entreprise, son érudition (il parlait admirablement plusieurs
langues étrangères), toutes ces brillantes qualités qui faisaient de
loi un officier remarquable, je ne pus que lui dire tristement :
«Alexandre Samoïlovitch, ne m'enlève pas mes illusions; laisse-
— 192 -
moi croire que i'héroisme, sans lequel les plus beaui exploits n(
sont rien, inspire seul tes faits d'armes. £n ma qualité d'officié
russe, je ne désire qu'une seule chose : c'est que nous comptioa
dans nos rangs un plus grand nombre, non seulement de guerrieri
intrépides, mais surtout de guerriers magnanimes. — Alors tu m
fais jamais fusiller personne? me répondit-il. -^ Moi, lui dis-j^
j'ai fait fusiller deux traîtres à la patrie dont l'un avait pillé uni
église. — Tu en conviens donc. Toi aussi tu fais fusiller tes pri
sonniers.^ Jamais, répondis-je; du reste, je t'autorise, si tu tien:
à t'en assurer, à interroger discrètement mes cosaques.— Eh bienj
répliqua-t-il, opérons ensemble et tu ne tarderas pas à te défain
de ces préjugés. — Si Tbonneur militaire et la compassion du<
au malheur sont des préjugés, je mourrai avec ces préjugés. >
Sur ces mots, nous gardâmes le silence. Craignant toutefois quij
ne fit secrètement massacrer mes prisonniers pendant la nuitj^
sortis de Ttii^a sous prétexte de donner des ordres ; je prescrivis
aussitôt de relever la garde des prisonniers, que je confiai, souf
sa responsabilité personnelle, à un auriadnik (sous-ofScier cosai
que), et cela fait, je les fis partir aussitôt pour le quartier géoérali
En 1813, lorsque les partisans de Lowenstern et de Figner
opérèrent de concert, lors de la retraite de l'armée alliée sut
Schweidnitz, ils prirent sur les bords du Bober deux compagnie^
d'infanterie française. Lowenstern, qui marchait en tête des par-
tisans, envoya les prisonniers à la queue de la colonne. Arrivé au
bivouac à Neudort, Lowenstern ordonna de distribuer des vivres
aux prisonniers; mais quel ne fut pas mon désespoir et ma cons-
ternation, écrit-il dans ses Mémoires, lorsque j'appris qu'aucun
des prisonniers n'existait plus, que Figner les avait tous massa-
crés pendant qu'ils se trouvaient loin de moi à la queue de la
colonne. Hors de moi, transporté d'i«dignalion, j'accablai Figner
de reproches, mais il me répondit sèchement et froidement:
<( C'est mon habitude. J'agis en pleine connaissance de cause et je
remplis un devoir sacré: j'accomplis un vœu fâiten 1812, lorsque
je surpris une troupe de Français profanant une de nos églises,
y violant des femmes et des vierges. L'armée entière connaît m»
manière d'agir, et ce n'est pas votre incompréhensible indignation
qui m'y fera renoncer *. »
^ Mémoiret d*un Uvanien (Lôwenstero).
— 193 —
Ailleurs, dans ses Hémoires, Lôwenstera raconte encore ce qui
lit : Un jour Figner interrogeait devant moi et le lieutenant-co-
nel Reuter un officier français prisonnier. Mécontent de la ma-
ière dont rofficier français répondait à ses questions, Figner, sans
lot dire, pressa la détente du fusil à vent qu'il avait toujours à
i main et Tofficier français tomba raide mort aux pieds des
ssislants. Lôwenstern et Renier, indignés et furieux, se précipi-
^rent sur Figner qui, les repoussant et sans perdre son sang-
foid, crut se justifier à leurs yeux en leur disant : Eh quoi ! j'ai
lié un chien qui ne voulait pas aboyer afin de pouvoir mieux
nordre.
« Tel était Figner, ajoute Davidoff ; mais malgré sa cruauté
qui atteignait quelquefois jusqu'à la férocité, on ne saurait ou-
blier les immenses services qu'il a rendus à l'armée russe, et son
nom, malgré les taches sanglantes dont il a souillé sa réputation,
occupera une place brillante dans les fastes de la guerre d'in-
ûépendance de la patrie. »
« D'ailleurs, continue le colonel Herschelmann,s'il faut ajouter
foi k ce que les auteurs ont écrit (Lôwenstern, dans sesMémoiren
d'un Liv(mien; A. W. Figner, dans son article Le Partisan Fi-
gner^ publié par la Revue historique (Historitchesky Sbornik,
octobre 1884), ce n'était pas par un sentiment de cruauté ins-
tinctive que Figner massacrait ses prisonniers. Il cédait en cela à
sa haine féroce et insatiable contre les envahisseurs, les ennemis
de sa patrie, ne massacrant que les Français et faisant grâce aux
Allemands, aux Italiens, à tous les soldats étrangers qui, à ses
yeux, n'avaient cédé qu'à la force et ne marchaient qu'à contre
cœur sous la bannière de rEmperear> »
A. P. Ermoloff a cherché de son côté à trouver les causes de
la férocité de Figner dans une sorte de maladie mentale. Lors-
que l'immense quantité de prisonniers faits par les Russes devint
nne cause de sérieux embarras, Figner, gêné par le grand nombre
do ceux qui étaient tombés entre ses mains, demanda un jour à
■Ermoloff, par la voie du rapport: « Que faire avec les prisonniers
^ux besoins desquels il est difficile, presque impossible môme,
de subvenir? »
Ermoloff répondit laconiquement par écrit : « Pour ceux
qni ont envahi le territoire russe les armes à la main,— la mort.»
'igner répondit à ce rapport par une note également laconique
M. H. L, 13
- 104 -
64 eençue dans ces termes : « A V^vmnv, }»n^mm pins l'a^iMiBioi
d'importunev Votre BicelleHca au sqjet desprisQnaieFsl, » Enfie,
comme nous l'avons dit ei-d^ssus, le fanatisme dePigaer
surexcité par les sacrilèges qu'il prétend avoir vu commettre
dans des églises, a pu également être une des causes de sâ
férocité.
Il paraît, en effet, que Pigner notait pas cruel de sa natarej
qu'il y avait, au contraire, dans son caractère des côtés cheva-
leresques^ des sentiments innés de noblesse et de grandeur. Le
feld-maréehal Kutusoff, dans une lettre à sa femme, lui dit à
propos de Figner : « Je t'envoie cette lettre par Figner ; regarde-
ïe bien ; de ma vie je n'ai rencontré un homme ayant une plus
grande et plus belle dme *. » Quoi qu'il en soit, Figner était un
officier doué de rares aptitudes, un soldat remarquable dans l^ac-
eeption la plus large du mot, écrit le colonel Herschelmann, eo
empruntant ce jugement aux Mémoires de Lôwenstern. Davidoff,
de son côté, reconnaît que Figner était un officier intrépide, en-
treprenant, d'une infatigable activité; enfin, le neveu de Figner,
dans sa brochure Le Partisan Figner, ajoute que toutes ses ac-
tions étaient inspirées et lui étaient dictées par le désir d'accom-
plir des dusses extraordinaires. La bravoure insensée qu'il dé-
voyait dans les entreprises les plus hasardeuses n'avait, en réa-
lité, pas de limites, et était poussée à un tel point qu'il ne voulait
même pas partager le danger avec d'autres. C'est là, en effet, ce
qui résulte des conférences qui précédèrent le coup de main que
les chefs des partisans combinèrent et exécutèrent contre le corps
d'Augereàu, à Liakhovo.
Davidoff dit à ce propos < « Seslàvin donna son consentement
avec enthousiasme; Pigner, au contraire, n'accepta qu'à regret,
comme s'il eût préféré s'exposer seul au danf^r. » Enfin, pour
achever de décrire et de représenter Figner, il est juste de rap-
peler ici quelques-uns de ses coups de main les plus aventureux,
de ses faits d'armes tes plus brillants. En iéiO, il réussit à
mesurer exactement les fossés des ouvrages de Routschouck, et
déploya dans cette entreprise une audace qui stupéfia les Turcs.
1 Le Partisan Figner (Historitchesky Sbornik).
* L» BarliM» m^m^ (ilûtoritcbesky Sbon)j|).
Pendaoi l'occupation de Moscou par les FraqcnÎA, Fign^p pénètre
à plusieurs reprises dans la ville, il ^rme quelques habitants, 6t
avefi leur concours tend, pendant la nuit, des embuscades aux
Français» qu'il tue ({ans les rues mime de la ville ; puis, pendant
le jour, habillé en bourgeois, il se promène tranquillement dans
Moscou, se mêle à la foule des Français, et apprend de la sorte
ce qu'il a intérêt à savoir. Plus tard, on le voit h tout instant,
pour S8 Fsnseigner plus sûrement et plus complètement, pénétrer
dans les Ugnes françaises, rôder dans les bivouacs et aux avant-
postes français, déguisé tantôt en marchand, tantôt en mendiant,
tantôt môme en officier français, et pousser enfin Taudace jus-
qu'à faire des rondes de nuit et inspecter les postes.
Tels sont les beaux côtés du caractère de Figner; et l'on ne
saurait eontestep, malgré l'ombre que sa férocité et sa barbarie
ont jetée sur sa gloire, que Figner a bien mérité de sa patrie et
que son nom doit h bon drgit figurer sur les tables de marbre
des héros de la guerre de l'Indépendance, à côté de ceux des Da-
vidoff, Platoff, Tchernitcbeff, Koudaehoff, Seslavin, Orloff, Kaï§-
sarofF^ Fabien, Kovaîski, BenkendorffetTettenborn.
N'ayant pu résistf.r au désir de nous étendre sur la personna*
U(é curieuse de Figner, il nous parait intéressant d'ajouter encore
quelques mois qui serviront % faire connaître plus complètement
Qn autre des partisans russes, le colonel Prendel :
Le colonel Prendel, d'après le témoignage de ses compagnons
d'armes et de ses contemporains, ne brillait pas par le courage ;
d ne visait qu'à l'effet, cherchant h répandre la terreur par l'as-
pect effrayant qu'il donnait à sa physionomie; ses yeux lançaient
des éclairs, ses longues moustaches, le bruit que faisaient son
long sabre traînant par terre et tout l'arsenal qu'il portait sur
lui, les jurons effroyables, les menaces qu'il proférait sans cesse,
frappaient d'épouvante tous ceux auxquels il avait affaire; mais^
pour nous servir de l'expression même employée par ses compa-
gnons d'armes, « son cœur était mou et il ne brillait pas par le
courage ». Pendant tout le cours de sa carrière militaire, on ne
saurait mettre à son actif aucun fait de guerre remarquable,
aucun coup de main exécuté sous le feu de Tennemi. Tout son
fôle^ comme partisan j s'est borné à ramasser des isolés et des
traînards, à composer avec leurs interrogatoires des rapports in-
terminables et pleins d'exagération.
-- 496 —
De tels hommes^ ajoute un auteur russe, sont non seulement
inutiles, mais encore dangereux.
Sur le Bas-Elbe, les partisans avaient aussi puissamment
contribué à renseigner les alliés sur les projets da maréchal
Davout.
Lorsque après la défaite d'Oudinot à Gross-Beeren et de Girard
à Hagelberg, le prince d*Ëckmûhl crut devoir se retirer derrière
la Stecknitz, Walmoden le suivit à distance respectueuse et se
contenta d'envoyer sur la rive gauche de l'Elbe des partis tirés
du corps de Tettenborn. Ces partis passèrent l'Elbe à Boilzen-
burg, inquiétèrent les communications des Français, intercep-
tèrent les dépêches. L'un de ces partis réussit même à prendre
un officier d'artillerie porteur d'une dépêche qui fit connaître à
Walmoden l'envoi prochain de la division Pécheux sur la rive
gauche de l'Elbe, tant pour purger le pays que pour y réqui-
sitionner des vivi'es. Cette prise permit donc à Walmoden de
prendre ses mesures, de passer l'Elbe à Dômitz, où il avait fait
jeter un pont, et de pousser Tettenborn vers les bois de Gôhrde,
où sa présence fut signalée le jour même par les éclaireurs fran-
çais au général Pécheux, qui prit aussitôt position sur les hau-
teurs, à cheval sur la route de Lûneburg à Dannenberg. Attaqué
par des forces supérieures et malgré les charges de la cavalerie
alliée, le général Pécheux parvint à se replier sur Lûneburg et
de là sur ZoUenspieker.
Si nous avons cru devoir parler de ce combat, c'est qu'il
prouve une fois de plus ce qu'une infanterie bien conduite peut
faire contre la cavalerie. Débordé sur sa gauche par la cavale-
rie de Dôrnberg, pris à revers par la légion russo-allemande,
chargé sur son front par les cavaliers noirs de Lûtzow, pressé
sur ses deux ailes par les cosaques et n'ayant avec lui qu'un
seul escadron de cavalerie, Pécheux réussit à se replier en bon
ordre et en combattant pied à pied. Un seul de ses carrés fut
enfoncé par les lieutenants-colonels Golz et Nostiz avec le 1®'^'
giment de hussards. Bien que Pécheux ait perdu dans cette
affaire, dans laquelle ses 4,000 hommes eurent à combattre
contre 10,000 alliés, son artillerie (8 canons) et la moitié de son
effectif, il n'en est pas moins certain que les alliés payèrent
chèrement leur victoire et laissèrent plus de 1000 hommes sur
le terrain. Du reste, Walmoden lui-môme ne put se maintenif
— 497 —
ar la rive gauche de l'Elbe^ et dès le i7 il se porta sur Dau-
enberg pour repasser ensuite sur la rive droite.
Tettenborn resta seul sur la rive gauche avec 3 régiments de
osaquesy la cavalerie de Lûtzowy un bataillon dlnfanterie et
pièces d'artillerie à cheval, en tout 2,100 hommes, et envoya
issitôt des corps volants sur Celle, Ueizen et Lûneburg. Le
8 septembre, Tettenborn se porta sur Dablenbnrg, où il laissa
}n infanterie et son artillerie, tandis qu'il s'avançait avec sa
avalerie jusqu'à Lûneburg et qu'il envoyait des coureurs jusqu'à
'ostedt pour observer les routes de Brème et de Hambourg.
lais Walmoden l'obligea le 20 à rappeler à lui ses coureurs
t ses corps volants, et lui prescrivit de se replier sur Dannenberg
tn ne laissant qu'un détachement à Lûneburg, Dès le lendemain,
cependant, Walmoden, rassuré sur les intentions de l'ennemi»
'autorisait à se reporter en avant jusqu'à Dahlenburg d'abord,
mis le 22 jusqu'à Lûneburg, d'où ses coureurs filèrent aussitôt
rers TElbe et vers Haarburg; el tandis que quelques corps volants
poussaient des pointes jusqu'à Celle, d'autres patrouilles s'avan-
çaient jusqu'à Zeven, interceptant ainsi les communications entre
Dambourg et Brome. Malgré cela et peut-être sur un ordre
émanant du prince royal de Suède, qui voulait par une attaque
sur la Stecknitz détacher les Danois de l'alliance française,
Walmoden ordonna à Tettenborn de venir le rejoindre sur
la rive droite de l'Elbe; et le 5 octobre, après avoir laissé seu-
lement quelques cosaques à Lûneburg et dans les environs
de cette ville, Tettenborn repassa l'Elbe en bateau à Bleckede et
fut envoyé à Boitzenburg. Toutefois, après que Walmoden'eut
vainement essayé le lendemain de tourner la position des Fran-
çais, Tettenborn qui, depuis la pointe de Tchernitchefif sur
Cassel, rêvait lui aussi une entreprise de ce genre, obtint de
Walmoden rautorisation de tenter un coup de main sur Brème.
Le 9 octobre, au soir, Tettenborn réunit à Bleckede les troupes
qu'il comptait emmener avec lui et qui se composaient de 800 co-
saques, d'autant de chasseurs de Lûtzow qu'il se proposait de
transporter en voitures et de 4 pièces d'artillerie à cheval hanséa-
tique. Après avoir envoyé un officier avec quelques cosaques à
Welle, pour couper les communications avec Haarburg, el donné
tles ordres analogues à Tofficier posté à Lûneburg, Tettenborn
le 10 octobre Bleckede et se porta en une seule marche
— 198-
sar Tispingen, en t)s(5$ant péi Bienëfibûtté) et Amelin^haiiseii
Le lendemain 11 ^ il ne poussa' que jusqu'à Soltan^ et le 1!
dans l'après-midi^ il arrivait par Visselhôvede h Werden; Les c!i(
mins de traverse par lesquels le dëtachemeùl fttait dû pasâd
pour dérober sa marche, étaient défoncés par des jlluiés tcrrred
tielles; les voitures qui If anspoi*taient Tinfànterie s'eiaboutMifa
h chaque pasj rarlillerie suivait avec peine, et ce|>endint te dét
ehement franchit eii trois jours près de 150 kilomëlréa^ tuais
liii restait encore^ pour arriver à Brème, à traverser des Isndi
de sable.
De Visselhôvede, Tettenborn atftit envoyé le colonel P!Mnn
des cosaques, de Tinfanterie et an canon^ sur sa drdite centre Ho-
thenburg. Il ëtait, en effets important pour' lui d'être dtdHrè de ce
point d'où Ton pouvait et secourir Brème et eo^respotidi^e atec
Haarburg. En nièmè témps^ 11 faisait partir vers sa gaiiehcf le
ttiajor Dennisoff qui, avec ses cosaques, devait passer 16 Weser k
la nëge près de Hojra^ et couper de l'autre côté lés commuhidatioiis
entre Brèdie et les contrées situées plus à l'ouest et au sud. Tet-
lenborn ne donna que trois heures de repos au gros de ses
troupes à Werden^ et se remli; en route à la tombée de là flttit
afin d'arriver au jour devant Brème. Pendant cette inûtabë de
nultj rendue pitls pénible encore par les sables profolids qu'do
atait h traverser, les cosaques s'ertiparèi^nt d'un courrier en-
voyé à Brème par le commandant du poste français d'Oitefsberg
et porteur d'une dépèche signdlànt l'approche dès husses. Tel*
tènborn fit aussitôt enlever le poste d'OtierâbëFg jiàr ttt) petit
fcorps volant. Mais lé maire d'Arbérgen réussit 1 expédier «i
messager qui arriva à Brème peh de temps avdnl rapparitiott des
premières troupes de Tetteiiborn, et bien que ce messager n'eût
pu que signaler le passage des cosaques, Tettenbot*n ^e ironnii
désorttiais hors d'état de surprendre la ville et soti eutrepriâe
n'en devenait c[ue pliis difficile. A 7 heilres du matiti il était de-
vant Brème, enlevait et dispet*sâit i compagnies suidses que le
ëolonel Thuillier^ commandant de la place, avait etitoyées en
toute hâte au Village de Hostftdt, uii des faubourgs de Bréiné.
Les Suisses, poursuivis par leà Bosaquès, n'eurent qde le temps
de se jeter dans là ville et de releter le pont-letis, el quel^tife
cosaques qui avaient réussi à entrer sur leut'S talonft fHteitt
faits prisonniers^ Tettenborn,fit aldrs solhmer le coldnel Thuil-
-lés-
er de M rendre la vilte. Le colonel refusa et le bomber-
ement commen^; Mais le lendemain 14, le brave colonel
(dit tdé aar les remparts, et le nouveda |i;davemeuri un
uisse, le lieutenant-colonel Devallant, demanda à capituler et
66 retirer sur le Rhin ayee la garnison qui s'engageait à ne
li portel lès armes contre les alliés pendant un an. Tettenbom
ecepta les èondilions proposées et entra le IS octobre, à 10 heures
fi matin j à Brêese; Tout ce qui appartenait aux Français fut livré
n général ratseï 110,000 franeé furent distribués aua trobpes
IQ détacbemènti 150,000 francs envoyés Sii grand quartier impé-
lai; Tetlenborn trouva^ en outré, datis la ville 10 bcfuofaes à feui
!nflD^ Ane partie des troupes suisses passèrent au service des
lUiés; des étudlaoïs et des jeiines gens de Bréine se joignirent au
létàèfiedient de Lâ(zow«
les SeeoofB eoToyéa dé Nienbnrg furent ëttâqués et rejetés paf
us «taUers de Tetténborn^ et TefAcier qui eoditetfiidait sur ee
joint abandonfla son poste et s'enfuit ¥ers le Rhini après hvëir
Ut ssutel^ le pont sur le Weser. Tettèflbom fit en même temps
lier son iflfilâterie eseortant le butin pris ft Tennemi snr bâne*
Mifg) et comme^ d'une part^ il ne voulait ni abandonner Brème
A désobéir fOi'ttiellement ddl Oi*âres qu'il Avait reçus, il ne laissa
Il Brème ^u'tfti détachementj sous les ordres dd capitaine Sebuls,
êl se rendit dtec le gix>s de éés forces^ iè 18, à Werden^ d'où il
^vatt et tmtêfcef les cosa^Ués laléséë à firéttte, et rejoindre en
i^ni jourë Aê âiafcM fbrcée, en cas dé besoin^ le général Wal^
ffidden. Du r^àlé, ses coureurs envoyés sur la route d'Osiiabrûck
M signalèrent bientôt l'approche de l'efitiëfni; Un autre de ses
détachements, stêms les ordres du dàpitâine Bothmer^ avait pen-
dant ce temp^ occupé Nienburg ëi réparé le pont du Weser.
Quand il sut que l'ennemi venant d'OsUëbrOck, sdus les ordres
i^ géfiéfiti Lauberdière, était ftrrlvé à BassutUi il donna, le
ii octobre^ Eut cosaques dd capitaine Sdhuh Tordre d'évacuer
Bréaiê. Les Pt'afiçais réoecupèrent Brêtne jdsqii'ttd 16, date à
l^^ellë it§ §ë feflrèrëht, suivis du reste peu après^ dans leur
Retraite, pr lës fiosaqdës jusque vers Diepholz sur l'Utite^ tan^
^^s que Dennisoff rentrait sur leurs talons dans la ville *<
' GékhUhH t/rr KHégstûié êê$ QHurAlè tëtmb&m, iS18-iSi4.
— 200 —
Un régiment de cosaques avait en même temps passé le Weser
à Hoya et pressé vivement le général Lauberdière.
Le 4 novembre, Tettenborn réinstallait son quartier général à
Brème.
Le récit des opérations de Tettenborn du côté de Brème
nous a entraîné jusqu'à une époque postérieure k la bataille
de Leipzig. Pour compléter l'exposé des mouvements des par-
tisans, il resterait à dire quelques mots des premières marches
du détachement du major von Colomb, mais il nous semble plus
logique d'examiner brièvement le rôle de la cavalerie pendant
le temps qui s'écoula jusqu'au 10 octobre, et de terminer ce cha-
pitre en étudiant dans son ensemble et jusqu'au 9 octobre seu-
lement, les opérations du corps volant de Colomb.
Aussitôt après la retraite des Français de Baulzen vers l'Elbe,
le 24 septembre, Blûcher, voyant que le mouvement de Bening-
sen vers la Bohême pouvait désormais s'achever sans encombre,
résolut d'opérer sa jonction avec l'armée du prince royal de
Suède et de tenter le plutôt possible le passage de TElbe, qu'il
voulait traverser à Mûhlberg, si Napoléon se retirait directe-
ment sur Leipzig, ou dans le cas contraire à Wartenburg, au con-
fluent de l'Elbe et de la Schwarze-Ëlster; Blûcher se décida
surtout à opter pour ce dernier point parce qu'il craignait, pour
le cas oCi il se serait décidé à passer la rivière à Mûhlberg, que
le prince royal de Suède ne suivît pas son mouvement. Blû-
cher fit donc filer son armée par Herzberg et Jessen, pendant
qu'il chargeait Tcherbatoff d'observer Dresde avec le régiment
de chasseurs de Tchernigoff, le régiment de dragons de Tver,
le 2<> de cosaques de l'Ukraine et le régiment cosaque Issaieff %
et qu'il faisait faire par Sacken une démonstration^ d'abord
sur Meissen, puis sur Mûhlberg.
Blûcher voulait passer l'Elbe le 3 octobre à Wartenburg, et il
réussit si bien à cacher son mouvement qu'une partie de ses
troupes étaient déjà sur la Mulde alors qu'on croyait encore Tar-
mée de Silésie à Bautzen. Rien ne le prouve mieux, du reste,
qu'une dépêche interceptée, que le major-général envoyait le
4 octobre à Macdonald, et dans laquelle il était dit : « L'Empe-
reur veut absolument savoir ce que sont devenue les généraux
Langeron, Sacken et York. »
En dehors des démonstrations de Sacken, du rideau formé en
-201 -
avant de Dresde par Tcherbatoff, Blûcher s'était fait couvrir sur
sa gauche par un rideau impénétrable formé par les cavaliers de
Katzier et des généraux Rudsewitch et Wassiltchikoff. Aussi put-il
faire jeter, dans la nuit du 2 au 3, un pont de bateaux et un pont
de chevalets dont ses troupes se servirent pour passer sur la
rive gauche. Le terrain marécageux qui, dans une saison plu*
viense comme l'automne de 1813» était dans sa plus grande
partie recouvert d'eau stagnante, ne se prêtait guère à Taclion
de la cavalerie. Aussi ne put-elle donner qu'à Textrème gauche
des alliés. A 2 heures de l'après-midi, le général prince de Meck-
lembourg, après avoir enlevé Bleddin, traversa ce village à la
tête de 2 régiments de hussards et se lança avec eux sur la
brigade de cavalerie Beaumont, qui couvrait le mouvement de
Franquemont en retraite sur Globig. La cavalerie française fît
d'abord bonne contenance, mais elle n'osa pas attendre Tatla-
que, et exécatant un mouvement de pelotons à droite, elle alla
appuyer sa gauche au village de Globig. Le lieutenant-colonel
voD Warburg, avec 2 escadrons de hussards de MeckIembourg,se
jeta alors sur ses flancs et plus particulièrement sur son flanc
droit, l'enfonça et lui fit un assez ^and nombre de prison-
niers; pendant ce temps, le major. von Stôssel chargeait avec
un escadron, en arrière de Globig, l'infanterie en retraite
de Franquemont, lui enlevait 3 canons, 6 chariots de batte-
rie, et l'obligeait à se replier en toute hâte sur Dûben. La cava-
lerie prussienne se laissa entraîner trop loin à la poursuite. Elle
aurait pu sans cela permettre au prince de Mecklembourg de cou-
per et de prendre la division Fontanelli qui, repoussée par le
général Horn, se retirait sur Wittenberg, et que le prince ren-
contra à un moment où il n'avait pas un cavalier sous la main.
En effet, la cavalerie de réserve passait alors seulement les ponts
de l'Elbe, et les hussards s'étaient laissés entraîner à poursuivre
l'ennemi au delà de Globig. Les quelques escadrons qui re-
vinrent à ce moment de la poursuite qu'ils avaient faite à l'aile
gauche, furent ralliés à la hâte, jetés sur les Italiens, qu'ils
poursuivirent dans les plaines marécageuses entrecoupées de
fossés et auxquels ils prirent un canon et plusieurs chariots de
munitions.
La journée de Wartenburg avait coûté aux Français 600 hom-
mes tués ou blessés, 1,000 prisonniers, H canons, 70 chariots
-KM-
el caiBsons ; atix alHSs 61 ëffl€i§^s et SCUt hOHnûes. H est eer
tain qi)6 si le terrain arait fttoriaé Faëtion de la cataleHei que
si, d'autre parti ëette eàlfalerie avait pli débc^cber |>ltta tdt^ le
corps de Bertrand aurait eu plus de peifee h échapper.
Blftcher fit poursuivre l'ennemi dans la direelioa de Wittes»
berg par la catalerie du colonel ion Kattler) dais Id direcMi
de Ketûberg, par le gériéral-ibftjor Emm^inuëlj avec tes i«' el8*
régltnéhté de rUkralfiei 1 réginlenla de eosftques en Bob>i6
pièees de l'artillerie ft obérai des eosaques; dtfns la dfrerlioi de
Pi*etsch et de Schmiedeberg^ par le ^énéral-majof Jusêférwiteb
avec les régiments de dragons de Kiei^ et de Kbarkboffi «nrégF
nient de Kalmoucks el 2 pièces de rarlillérie da Soir ^
Blûober IdformA aussitôt de sa tietoire le prince rojrsl de
Sbèdei qul| tenant enfin fca prodièssof fit pisser TBlbe, le 4 s^
tobre^ aut Sdédois ft Rosslan, h Wioûngei'odo à AcMen, et le
8 octëbre^ 6 Rosslaui aut corps de BOlow et de Tauenzien, oe
laissent sur la rite droite que Hlrscbfëld pour garder le pont de
Aosslau^ Tbâmeii potir bloquer Wittenberg» et Wobeser posr
sttrVelUer la tête de pont de TorgëU. A ce propos il est bon dé
rappeler que^ {tendant les derniers jours de septentbrêi lès êm-
ques n'avaient pas cessé de faire des pointes en avant de Desssa,
et que le eolonel luéddis Bidnsterna avait poussé aveo un corps
ydlant^ du lO an il septembre, de ndmbreut partis jnsqu'si}
delft de Kemburg. Le 4 ëctdbre^ lorsqd'aprës le combat de Wir^
tëbburg Key dut se décider à se replier,^ il fut constaffiffient «ttifi
et bareelé par leà eo§ttqnes et les eorps volants de l'armée ds
i<drâ) pi^ëëqne jusque vers Biiterfeld^ où il passa la nuit. Le
niajof rnsie Otefiëiiski pëursuivit ion arrlërê^garde darant tdste
là inarehêi pendant que le eapitËine db^eskoff^ longeant M fite
dreite de la Mnldë,- se reliait ft rarméë de Siléëie.
(iës detàëhëtfiënts des liënténsntÉ^eolënëls MeiniKëff et Cliri»
l^awitiÉky ëë reunirent entre Litndsbërg elDeiiléôb^ §uri§§dëi'^
* dh tfoùve dans Varnlia|ëh von der Ënse, Id Liograptie de filtichef. !à t»^-
l(iJ|ilK faite par lé fëld-maféchàl An b ifâiÙdil de Idiidweh^ de ëiiésMI Fidêbéf>
au moment où ce bataillon défilait devant lui au sortir du pont :
, (( 6ar«ons^ vous êtes faits comme des coctions, mais vous avez déjà batla
u iés ^fàriçais â là RaiiSbâch. (Jètà fie suiBl j^ns. fl fdut ëiiëdfé les ijâUfëàu-
i< Jëiifd^hui, siddii fidti» ddmin6« iay» f.^.u >)
fort parti de tàVàlérie f^ançttidë àppàHehàilt i là ditlélMi tduf^
vkvi qui s« f c^M» fi lit l'enctittlfë dd odfpi de Nf^y, et Itll ëfiie-
Tfireiît 1 offiëlëf et 180 hofdtttëi.
Malgré Gela, le prince royal de Suède ne se décidait guère ft
qaitter les en^iroiis de Deasau; le 6 oolobrei il se contentait
de faire faire par un régiment de eosaques une reconnaissanoe
sur Delitsch. Blûcber, au contraire, continuait à pousser ses
troupes dans la direction de Leipzig, et dans une entrevue qu'il
eut le 7 octobre^ à Mûhlbeck, avec Bernadette, il le décida loi
aussi à suivre le mouvement en avant et à faire marcher ses
troupes de façon que les deux armées du Nord et de Siîésie
fussent toutes deux, le 9, à hauteur de Leipzig; mais, à la nou*
Telle du mouvement des troupes françaises sur Osohalz et Wùr-
seu et de l'approche imminente de l'Empereur, Bernadette résolut
de nouveau de repasser TElbe pour couvrir Berlin, et ce ne fut
qu'après de longs efforts qu'on put le décider à passer la Saàïe
et h faire établir un pont A Wettin. Blûcber, pour empêcher le
prince royal de repasser l'Elbei dut consentir, lui aussi, k passer
la Saaie, à abandonner la position fortifiée de Wartenburg et
à renonceri en outre, à ses communications avec la Silésie et le
filflchë^ fâpt^ëtd Ëlorë h lui le géhérâl SackeA, auquel il pf맫
(^Hvii dé foifë éUitre k lliarchë des t^oupes française^ pM sft
cavaiëfië léitèfè et â'attâqtle^, le 9, Ëilenburg, ûM de éûthét ft
rêHnéttii le ffidlivemetlt qu'exécutait* le gros de l'iihtnée de Silé^
s^e; mais l'avant-garde de Sacken, attaquée le 9 âU ffifttin {^fti*
Ife ï* eo^ps de tiËValerie (Sébastltthi), fut conti^altttë de ëë replier
^ttf Mokrehtlà, et les Pratlçdis puretit ainsi se retirer sU!» DQbeâ
d'bùils cBâsëèfétit les cosâqûës, tandis que SdAëti ddt, pàl^ utte
i^9t»tJhedeflt(it,cbhtourttei* fiûbeti pou? Venir rejdlhdi^c § HftphB
'«gPÔSdél'ilMéê.
tiuant à l'armée du Nord, elle resta jusqu'au iO sur ses posi-
tons de Jessnitz, Radegast et Zôrbig, pour passer ensuite, le 11,
SUT la rive gauche de la Saale.
i*êndaiït 68 lètiipé, râl»fhêë de fiohôtoe ëxèdutalt, âVè<* Une
lenleur due aux incessantes hésitations de âcliwarzenbér*g, èà
— 204 —
marche de flanc dans la direction de Leipzig. 11 lui fallut plus
de huit jours pleins pour passer de Bohème en Saxe ^.
Pendant tout ce temps, la cavalerie du général Knorriog eut
seule, les 27 et 28 septembre, quelques engagements avec
postes avancés de cavalerie française du côté de Freyberg; ce
ne fut guère que le 5 octobre, lorsqu'il apprit la victoire
Wartenburg, lorsqu'il sut pertinemment qu'il n'avait presque
plus rien devant lui et que l'Empereur avait renoncé à la ligne
de l'Elbe, que Schwarzenberg se décida à accélérer sa marche
et à pousser les corps de Witlgenstein et de Kleist sur Zwickau,
où ils arrivèrent du 8 au 6. Le 5 octobre, on donna à la cavalerie
de Thiclmann et à la division légère autrichienne du prince Mo
ritz Lichtenstein l'ordre de se porter au-devant du maréchal
Augereau, qui marchait par Goburg, Saaifeld, léna et Naumburg
sur Leipzig. Ces deux généraux avaient pour mission d'empêcher
ou tout au moins de retarder la jonction de ce corps avec le gros
de l'armée française, qui se concentrait sur Leipzig. Cette armée
était à ce moment arrivée du côté de Rochlilz et d'Eilenburg,
tandis que le prince Poniatowski avait chassé Thielmann d'Al-
tenburg et l'avait obligé à se jeter du côté de Géra, et que
Murât, avec le corps de Victor et la brigade de chasseurs à che-
val du général Salkowsky, était posté à Oederan. Murât profita,
du reste, habilement des lenteurs et des hésitations de Schwar-
zenberg pou:* attaquer vigoureusement, de l'autre côté du Flôha-
Bach, près de Flôha, Tavant-garde autrichienne sous les ordres
du général Murray. La cavalerie de Murât eut là l'occasion de
faire plusieurs charges heureuses et rejeta les Autrichiens jus-
qu'à Marbach.
Les documents officiels ne contiennent que peu de choses sur
celte affaire et se contentent de dire que Tinfanterie autrichienne
du général Murray, attaquée par de grosses masses de cavalerie
française, fit preuve d'une grande solidité. Le combat de Schel-
lenberg avait été toutefois plus sérieux, puisqu'on trouve les
notes suivantes dans le journal de l'un des aides-de-camp du gé-
néral comte ToU : « Le poste de Schellenberg était faiblement
i Joarnal des opérations de l'armée russo-prussienne, signé par Barclay de
ToUy (Archives du dépôt de Topographie militaire, n* 29), et Journal des opéra-
tions, signé par le prince Wolkonsky.
— 205 —
occupé et avait été poussé à une quinzaine de kilomètres de tout
soutien. L'ennemi Tatlaqua et un bataillon entier (un bataillon
du régiment de Wûrzburg) fut anéanti* On nous prit également
un escadron de cavalerie. On dit encore que nous avons perdu
un drapeau dans cette affaire. »
Pendant ce temps^ Tavant- garde de Wittgenstein, sous les
ordres de Pahien (régiment de cosaques de Grekoff, régiments
de hussards de Soumy et de Grodno, régiment de dragons prus-
siens de la Nouvelle-Marche), suivie par une division d^infanterie
se porta vers Altenburg, et eut près de Gôssnitz un petit engage-
ment avec quelques troupes avancées de Poniatowski (8^ corps),
d ont le gros était entre Altenburg et Frohburg, à Wendisch-Leuba,
La cavalerie polonaise abandonna Gôssnitz presque sans com-
bat et se retira par Sara vers TElster. Les cosaques enlevèrent
toutefois une soixantaine de fantassins, suivirent l'ennemi vers
Sara et envoyèrent des coureurs vers Zehmen d'un côté et de
l'autre côté vers Môckern, qui était encore occupé par Tinfan-
terie ennemie.
Bans l'après-midi, Poniatowski vint reconnaître la position des
Russes du côté de Zehmen, et il y eut là un engagement entre les
cosaques et 4 escadrons de hussards.
Le général Kaissaroff s'était porté ce jour-là avec les hussards
de Lubny et un bataillon d^infanterie à Géra, pour se relier à la
division légère Moritz Lichtenstein ; et la cavalerie de Tataman
Platoff, au lieu d'aller de Glaucha à Frohburg, marcha au con-
traire sur Schmôlln, en passant par Mérana.
Le 7 octobre, les Français ayant évacué Altenburg et Frohburg^
les cosaques de Pahien poussèrent jusqu'à Wendisch-Leuba et
2 escadrons de hussards de Grodno occupèrent Treben et Borna.
Le corps de Platoff se portant sur les routes qui mènent d' Alten-
burg à Zeitz et à Pégau, poussa des partis jusque dans les en-
virons de Leipzig.
Les généraux Moritz Lichtenstein et Thielmann, arrivés de
leur côté à Frauen-Priesnitz, poussèrent une reconnaissance vers
Naumburg et Dornburg, et trouvèrent Tavant-garde d'Augeieau .
établie à Naumburg et à Kôsen. Leurs patrouilles enlevèrent ce
jour-là 1 colonel et 30 hommes du 27« régiment de chasseurs à
cheval. Mais se sentant trop faibles pour pouvoir, s'ils étaient
attaqués, se retirer en sûreté et se maintenir entre l'Elster et la
-tas-
Satie, l6t deuc génémn résolupeiil de se replier «ur Ëi»eQberg.
Li prisence du corps d'Augereau mettait fia k leur rOle sur las
derrière de l'armée, et s'ils voulaienl eoatîawr l^wa coups d»
nain, ils ne pouvaient plus le faille i|tte du eftté de Gotba et
d'Eisenach.
Le 8 octobre, Schwarzcnberg foulait faire attaquer Murât qai,
posté entre Zschoppau et le Flôba-Bacb, n'avait pas, de son
cAté, cru pouvoir attendre son attaque et s'était replié sur Vru-
kiiDberg, Frankenstein et Mitweyda. L»a cavalerie envoyée sur m
iy^ce^ ne réi^ssit k ramasser que 4 chariots de batterie.
llfîtigenstMa, de son côté, avait envoyé le génépul ftâdinger,
wac les bussaîés H^ 6rodno, repforcer k Frobburg le régiment
de cosaques de Grekow, ai i escadrons du régiment de la Nou-
velle-Marche occupèrent iU-Morbitz; mais les Français firent
dans raprès-midi un ipouvement offensif sur Frobburg qu'ils
reprirent, et rejetèrent jusqu'à Escbfelde b cavalerie russe,
qu'on fit soutenir par le régiment de cosaques Ilowaîsky 13 et
le régiment de milice cosaque de Jaroslaw. Enfin^ Poniatowski,
profitant d^s nouvelles hésitations de Schwarzenberg, se jeta
sur la division autrichienne du feld-maréchal-lieutenant Mobr,
posté à Penig, l'en chassa, la poussa jusqu'à Mûhiaet l'aurait
rejetée plus loin encore s'il n-av^it pas été arrêté dans s^ pou^
suite par une charge heureuse du régiment de cfaevau-légers du
Hofaenzollern.
Thielmann et Lipfatenstein, au lieu de se retirer sur Sisenberg)
étaient restés à Frauen<-Priesnitz; le gros du corps Augeraafl
qiiitta ce joqr'-Iè Weimar. Les deiii généraux ciliés résolurent
de se porter sur Maumjburg, eà iù espéraient pouvoir eu atta-
quer rarrièrergarde, eu arrêter pendant un jour le corps d'Aur
gereau.
li'araaée de f olqgne avftit commencé ce jottr4à son mouvepi^n^
vers Dresde et avait eu avec les postes français un engagement
dans lequel la cavaleiâe rendit quelques services.
Le 9 octobre, le eoips Wittgenstein se porta sur Borna, qo^il
eeeupa. Les cosaques de Blatoff arrivèrent k Pégau, où ils fui^^
rejoints par le détacfaeqient du général-major Kalssaroff, venant
de ^éra. Platoff envoya aussitôt des partis sur Na<|ini?ui^, WeiV
senfeis, LiUen^ Merseburg et Halle, x
tMgéMfanm llapiu Lialit0i|iiC6io •iTMalwana* Wtieptfspéré
f6taFd«r la iiiap«li4i d'Augevetu par les démonstralians f^itat à
Dornburg et à Camburg, et réussir à s'établir, avant le mastf-
ekal, sur la pasition de Naumburg. lU quittèrenl par saite^ le
9 au ynatia, Fraaen-Pri^siiiti pour se parier sur Naumburg,
qu^oceupait d^à Augereau.
Basa la auU du 9 ^^ 10, LicfatensCeia fit garder par ua batail-
loQ da I* de ehasseurs le village 4a Wetbauf, situd sar la poule
qu'Augareau devait suivre le lendemain. Augereau fit attaquer la
village peadaBi que Ijefebvre, arrivant d^ Weisseafeis ^vea sa
eavajerta, abapahatt à déborder la ganahe de LichteusteiBt et las
alliés daaaat aa replier sur Zeîts. Ils prirent position une preaûtoe
feisàAéasaa, pais k Pretseb^atlesPrançais, qui cbarchti^n||K>ns-
iaiBiaeatè déborder leur gauche, y réussirent enfin aux environs
de Gorschen. Pour se dég^iger^ le^ deni: généraux durent faire
ckarger à plssieurs reprises d'abord la eavaierie prussienne, les
cosaques ei le régiment de dragons autrichiens de liowenebr, et
enfin leurs dernières réserves, les régiments de chevai)4ég«» de
l'Ëmpereav et Saint-Vineent. Ce ne fut qu'à grfind'peine et aprèe
un sanglaaC aombat de eavalerie qu'ils parvinrent à atteindre, en
ben ardre il est vrai, Zeitz. Le colonel Orioff avee l'arnère^garde
resta à Maineweh. Cette journée eoAta environ un millier
d-hemaiea aua alliés, ^ai avaient envoyé le même jour le priaœ
iiustava de Heeso-Hombourg pousser une pointe 4u (^\é 4- léna,
et ie oeleael Mennsdorf battr^ le pays da e^té de Weissenfels.
« SeeAaiiteD, 7 oetobre 1813.
u Von eoosia, instruiMS le dac de Padoae, ponr qa^il en tnuismette i^ayis
ndwdfifi9BtislioiM,iiiul«9iiaMMsariPi9(islÂ;^ ^, fiyec
portant pn^bafalement snr Leipzig ; qn'if étai^ snivi .de 1500 pt^eyaqx aa|: ordres
le ThVelaiaoB ; que si le deé de GastigUpne pent tomber dessus, e^est en eti^
vi'ii paarmi pa^air feçifwmwl ; qs'W fm M Jair^ mm <wo wi »'««t j^i^s
Wmm jflM» l'jq^^rie i^nphm!?. hf^ fî&c de Pajlftiiç d^f ffmf^ éjalç-
ment ces rens^nements pour Ini. »
U ta «#«brè, i minuit, f Empereur, écrivant an maréchal Maneeet, iwse-
Donçait en ces termes l'affaire de Wethan : « Le duc de Castiglione est arrivé
à Ldpiig ; il a eu il y a trois jours une affaire avec Thielmann et Lichtenstein ;
ïi a battu cmnplètement ce dernier et l'a mis en déroute. »
* D'après Keyserling : Welau.
. .V ;..;/
Keyserling rend compte de rengagement qui eut lieu, pendant
cette journée, aux environs de Zscbeiplitz, dans les termes sui-
vants :
« Le général Lefebvre, avait pendant ce temps, fait partir de
Weisenfels une partie de sa cavalerie ; aussi dès que le géaéral
von Thielmann eut remarqué l'approche de ces renforts, il s'em-
pressa de changer de position, de se rapprocher du prince de
Lichtenstein, et voulut s'opposer aux progrès de la cavalerie
française. Cette cavalerie se portait^ à ce moment, au pas, en co-
lonne par pelotons {Escadrons Colmnen) contre Zscheiplilz et
cherchait à tourner le village par la droite. Thielmann essaya de
contrarier le mouvement des Français, en faisant contourner le
village par la gauche, par les cosaques du colonel Orlofif, qui
devaient se jeter sur le flanc des escadrons français pendant que
lui-même les attaquerait en ligne *.
La cavalerie française fit halte et accueillit les cavaliers alliés
par des feux de salve. Or, avant même que les Français eussent
eu le temps de mettre le sabre à la main, les alliés avaient déjà
pénétré dans les premiers rangs ennemis ; mais Thielmann avait
affaire à une vieille cavalerie, solide, instruite et résolue. Les
escadrons encore intacts se déployèrent en ordre parfait, débor-
dant et menaçant les flancs des alliés ; après une mêlée achar-
née dont l'issue, en présence de la supériorité numérique des
Français, ne pouvait pas être douteuse, les régiments de Thiel-
mann furent rejetés jusqu'à la 2® ligne du prince de Lichtensteiu
qui réussit, grâce au dévouement de ses cavaliers, à rétablir mo-
mentanément le combat, à donner aux corps de Thielmann le
temps de se reformer, de se rallier et de se retirer sur Pretsch,
où Thielmann fut recueilli par le général Scheiler.
Qu'on nous permette encore de signaler à ce propos un épi-
sode du combat de Stôssen. Au moment oCi les troupes alliées
s'enfuyaient en désordre, malgré tous les efforts que le prince
Maurice de Lichtensteiu et le général Scheiter avaient fait pour
les rallier, le colonel Gallois, du régiment de chevau-légers
Saint-Vincent, tenta un dernier retour offensif et se lança contre
la cavalerie française avec 2 escadrons. Les chevau-légers autri-
Terme dont se sert Keyserling.
iens donnèrent d'abord contre une ligne de dragons français
ii, au lieu de se porter résolument au devant d'eux, les atten-
rent de pied ferme, les laissèrent arriver à 30 pas, et les accueil-
rent alors par un feu de salve qui ne produisit aucun résultat,
eschevau-légers, sans se laisser arrêter par cette tiraillerie sans
ETet, continuèrent à charger, arrivèrent sur les dragons avant
ne ceux-ci eussent eu le temps de mettre le sabre à la main, les
Qlbutèrent et les rejetèrent sur les 2* et 3* lignes de cavalerie
rançaise, dans laquelle les fuyards portèrent le désordre et la con-
asion et qu'ils entraînèrent dans leur fuite. Les deux escadrons
le Saint- Vincent, continuant leur poursuite, étaient sur le point
l'acculer les caTaliers français à un chemin creux, lorsqu'ils
furent à leur tour pris en flanc par un régiment de cavalerie
française, rompus, bousculés, malmenés et vivement poursuivis»
jusqu'à ce qu'ils fussent enfin recueillis par un escadron et demi
de leur régiment, soutenu par quelques fantassins que l'on avait
ralliés et groupés à la hâte.
Si nous avons insisté sur cet épisode, en apparence insigni-
fiant, c'est simplement parce qu'il nous a paru de nature à
donner une idée exacte des tendances regrettables auxquelles
s'abandonnait la cavalerie française, tendances auxquelles elle a
encore cédé pendant la dernière guerre, et qu'une fois de plus il
nous a paru nécessaire d'insister sur ce fait : que le sabre est la
seule arme à laquelle le cavalier puisse et doive avoir recours^
sur cette vérité incontestable qu'on ne doit jamais attendre une
tliaïge de pied ferme, qu'on doit au contraire et par dessus tout,
enlever son monde et Télectriser en le portant résolument en avant.
Le 9 et le 10 octobre, Schwarzenberg chercha à inquiéter la
J^lraite de Murât et fit attaquer Poniatowski par les corps de
^lenau, Wittgenstein et Kleist; malgré un combat assez vif livré
^^orna, Murât et Poniatowski réussirent néanmoins à se replier
s^r Leipzig par la voie la plus courte.
Le9, l'armée de Pologne avait enlevé Dohna après un combat
4^seivif et continué le lendemain sa marche sur Dresde»
£(jfin, le 10, les cavaliers de Kaïssaroif passaient sur la rive
l'^^ehede l'Elster et recevaient l'ordre d'envoyer jusqu'à Rotha
"^'^patrouilles chargées d'observer les mouvements de l'ennemi,
^^^& que les cosaques de Platoff battaient le pays entre Pegau
^'^ Lùtzcn.
il.tt. L. 14
- âio --
Pendant ce temps, VEuipereur^avail quitté le 7 octobre Dresde,
où il laissa les 1^' et 14^ corps sous les ordres de Gouvion-Saint-
Cyr; espérant encore pouvoir attaquer l'armée de Silésie avant
qu'elle ait pu ou se concentrer ou opérer sa jonction avec l'ar-
mée du Nord, il marcha en trois colonnes sur Mokrehna et sur
Dûben. La meilleure preuve qu'on puisse donner de ce projet
de l'Empereur, résulte d'ailleurs de la lettre suivante qu'il écri-
vait à Murât, de Dresde, le 7 octobre à 6 heures du matin:
« Toute l'armée de Silésie a débouché de Wartenburg; il n'y a
plus personne de Dresde à Gôrlilz, ni de Dresde à Berlin. Le
maréchal Gouvion-Saint-Gyr reste à Dresde. Retenez les Autri-
chiens le plus que vous pourrez, afin que je puisse battre Blûcher
et les Suédois avant leur arrivée au corps de Schwarzenberg. »
Dans deux lettres qu'il écrit de Wûrzen le 9 octobre au ma-
jor-général, on retrouve la même croyance : « On suppose, dit-
il, que Blûcher est à Dùben. » — Enfin, le même jour encorCj à
9 heures du matin, il écrivait à Murât : « Je compte attaquer
Blûcher à Dûben, où l'on m'assure que l'armée de Silésie est en
position..... Selon les renseignements que j'ai, Blûcher, avecTar-
mée de Silésie, formant environ 60,000 hommes, est à Dùben,
et le prince de Suède, avec 40,000, est à Dessau... Ne croyez pas
à la défection de la Bavière^ ni à tout ce que débite l'ennemi.»
Si nous nous sommes permis de citer ces quelques extraits
de la correspondance, si d'autre part nous croyons inutile de
mettre sous les yeux du lecteur d'autres extraits analogues, c'est
qu'il nous a paru nécessaire de montrer une fois de plus par
ces extraits quels immenses services une cavalerie bien instruite,
bien dirigée, hardiment et intelligemment conduite, peut rendre
au commandement ; quelle influence les renseignements qu'elle
fournit peuvent exercer sur le sort et les destinées des armées.
Il est évident, en effet, que si l'Empereur avait eu encore en
1813 la cavalerie dont il disposait en 1805, 1806, 1807, il aurait,
d*une part, mis facilement un terme aux coups de main des par-
tisans, et, de l'autre, il aurait pu constamment conserver le con-
tact avec les différentes colonnes des armées alliées et suivre
i Cette défection était déjà un fait accompli. La Bavière avait signai le
8 octobre, avec l'Autriche, la convention de Ried, et un corps bavarois ma'''
chait sur Wiiraburg*
s à pas les marohes des géaéraux qui opéraient contre lui,
pais le confluent d€ la Saale et de TElbe jusqu'aux frontières
la Bavière, et de la Bohème jusqu'au! contreforts de l'Er^
èirge, depuis Acken jusqu'à ^er.
Mo, pour terminer ce chapitre, il nous faut encore parler des
emiers mouvements du corps volant du major von Colomb, à
ase de l'épisode bizarre qui se produisit pendant ce temps. Le
octobre, le major von Colomb, arrivé^ comme nous l'avons dit,
Uùhltrof depuis le !•' octobre, se procura par les relations
l'il s'était créées daixs le pays des renseignements sur ce qui
passait du côté de Langensalza, et se porta le même jour
tnsla vallée de la Saale, entre Ober et Nieder-Crossen, pour y
iconnaitre un gaé.
11 avait appris, en effet, que le maréchal Augereau, venant
Espagne avec un corps de 12,000 hommes, se dirigeait par
ûdolstadt et léna sur Leipzig, que les troupes se mettaient en
arche le matin même et que le maréchal les rejoignait en voi-»
ire. Colomb conçut le projet de l'enlever.
le 5 octobre, à une heure du matin, il quitta Herschsdorf
car pousser jusqu'à un gué de la Saale, y attendre le lever du
Qur, voir de là ce qui se passait sur la route de Ridolstadt à
éna, route qui longe la rivière et que les troupes françaises dé-
nient suivre ce jour-là*
Arrivé sur ce point, Colomb remarqua que les troupes avaient
^mmencé leur mouvement et s^étonna de voir des lanternes sur
a grande route. Ce ne fut que plus tard qu'il apprit que ces
lanternes étaient celles de la voiture du maréchal qui avait dé-
passé les troupes pendant une halte.
Colomb suivit la colonne à peu de distance jusqu'à près de
'lieues au delà de Kahla, enlevant un certain nombre de traî-
liards, d'ordonnances et de chevaux haut le pied. Mais là sa
présence fut découverte et Ton envoya contre lui deux régiments
ie dragons. Colomb se déroba aussitôt, repassa la Saale sur le
pont de Rahia et sans être inquiété se rejeta dans les bois, d'où
^ gagna Hummelshayn.
Le jour suivant, 6 octobre, il se rendit à Neustadt sur Orla
<!t envoya de là un de ses officiers à Schleitz hâter la livraison
d'équipement destinés à ses hommes, livraison qui fut
; faite le 9.
Le 9 octobre, il apprit que l'officier qui commandait les dépôt
de cavalerie saxonne ne se croyant plus en sûreté à Langensalza
avait traversé le Thûringer-Wald et s'était cantonné dans 1(
comté d'Henneberg, à Schleusingen et dans les environs de cetk
localité.
Avant de terminer ce chapitre, il est nécessaire de complétei
ici S bien que nous les ayons déjà exposées en partie précédem-
ment, les principales dispositions prises par Thielmann* au
moment même où il réunissait son corps volant sur les fron-
tières de Bohême ; appliquées par lui pendant toute la durée de
la campagne d'automne et marquées au sceau de la raison,
du bon sens et de l'expérience, elles peuvent être utilement
mises, en partie du moins, en pratique de nos jours.
* D*après Keyserling et d'après le travail da major aatrichien Sîebert, du
corps d'état-major.
* Adolfy baron de Thielmann, né à Dresde en i765, entra en i783, en qua-
lité de junker (cadet), dans la cavalerie saxonne et se distingua en 1796, pen-
dant kl campagne du Rhin. En i806, il combattit à Saalfeld et à léna, et fat
désigné par son roi pour porter à fEmpereur des propositions de neutralité. Il
prit part, avec le contingent saxon, au siège de Dantzig et à la bataille de
Friedland, et remplit ensuite une mission diplomatique à Varsovie. Généra^,
major en 1809, il surveilla, avec les troupes restées en Saxe, la frontière de
Bohème. Général-Ueutenant, il commanda la brigade de grosse cavalerie saxonne
pendant la campagne de Russie, et se couvrit de gloire à Borodino ea chargeant
la redoute de Raïefifsky.
Revenu de Russie et nommé commandant de Torgau, il quitta le service
saxon, lors de la remise de cette place entre les mains de l'Empereur. Entré aa
service de la Russie et gracieusement accueilli par l'empereur Alexandre, il fut
mis à la tête d'un corps de partisans. Chargé après la bataille de Leipzig de la
réorganisation de l'armée saxonne, il rentra au service de son pays et com-
manda un corps de troupes saxonnes pendant la campagne de 1814.
A la suite du partage de la Saxe, il passa au service de la Prusse et com-
manda le Z^ corps prussien à Ligny et à Waterloo. Nommé général de cava-
lerie en 1824, il mourut au mois d'octobre de la même année à Goblenz, où il
commandait.
Le colonel autrichien comte de Memdorff-Pouilly, le compagnon d'armes de
Thielmann pendant cette période de la campagne de 1813, avait quitté l'armée
autrichienne en 1812, pour ne pas prendre part à la campagne do Russie et
ne pas combattre côte à côte avec l'armée française. Aussitôt qu'il apprit que
l'Autriche était décidée à se rallier à la coalition, il accourut mettre ses services
à la disposition de son souverain, qui lui confia te commandement d'un corps
de partisans.
Il importe encore de signaler parmi les officiers appartenant aux corps francs
de Mensdorff et de Thielmann, le capitaine Puchner, qui fut décoré de la croix de
■Marie-Thérèse pour avoir pris 2 canons au combat d'Altenburg et qui mourut
en 1852 général de cavalerie.
- 213 —
Avant de franchir la frontière, Thielmann, dans un ordre du
our, prévenait ses hommes qu'il leur demanderait de grands
ifforts, qu'il veillerait au maintien de la plus stricte discipline,
it qu'il s'attacherait, en revanche, à assurer le plus largement
kossible le bien-être matériel de son détachement.
Thielmann proscrivait les détachements inutiles qui afifaiblis-
►ent sans profit le gros du corps; il n'avait que rarement recours
i l'emploi de fortes grand'gardes. En général, il n'affectait wère
ilus de 10 chevaux à la grand'garde, mais i) se servait des co-
jaques pour envoyer sur le front, les flancs et les derrières du
^orps,de petites patrouilles volantes. Les bivouacs étaient choisis
ivec soin, de préférence dans des lieux écartés et couverts, mais
\ proximité d'un abreuvoir.
Thielmann avait également prescrit un ordre de marche fixe.
Les cosaques étaient disposés à la tète, à la queue et sur les
Bancs de la colonne. L'avant-garde, peu nombreuse, ne précédait
guère de plus de 800 mètres le reste de la colonne ; l'artillerie
marchait à la queue du gros. Les chevaux de main des géné-
raux et des officiers prenaient place dans la colonne derrière Tar-
tillerie.
Béfense absolue d'emmener aucune voiture à bagages. Une
seule exception est faite en faveur d'une voiture appartenant au
général prince Biron de Courlande*. Pendant les marches,
éviter les grandes routes et les chemins fréquentés, maintenir la
discipline la plus sévère, empêcher les cavaliers de mettre pied
à terre. Ne faire de haltes toutes les deux heures que quand la
marche est longue.
Si l'on jette un coup d'œil sur le détail des opérations de Thiel-
4 Le colonel prussien Archibald, comte von Keyserling, qui prit part à la
campagne de 1813 en qualité d'aide de camp du général prince Biron de Cour-
lande, donne d'intéressants détails à propos de cette voiture dans son livre :
Ans der Kriegszeit.
< Le convoi du corps se composait, dit il, en tout et pour tout d'une légère
voiture à 2 chevaux, sur laquelle on avait placé la batterie de cuisine du
prince Biron de Courlande et ses deux excellents cuisiniers. Le prince avait
dressé ces artistes de telle façon, qu'à toute heure du jour et de la nuit il
pouvait toujours avoir immédiatement un excellent déjeuner, dîner ou souper.
Le prince était brave, hardi, extrêmement actif, mais il tenait énormément à
pouvoir faire, même en plein air, un bon repas, qu'il aimait à faire partager à
ses compagnons d'armes. »
— 214 -
mann, on verra, du reste, qu'il a soigneusement évité d'exécul
des marches forcées qui épuisent les hommes et les chevaux; qn
par suite, l'état moral de son détachement resta toujours exc(
lent, et que le corps volant fut toujours prêt à se mouvoir rap
dément et à pousser vigoureusement une charge.
Les habitants^ grâce à leurs sentiments patriotiques et à
richesse du pays, purent toujours donner aux hommes de Thk
mann une nourriture abondante, et des fourrages pour ses ch(
vaux. Presque partout, rations et vivres étaient prêts lorsque 1
détachement arrivait. Pour obtenir ce résultat, Thielmann pn
cédait ordinairement de la façon suivante : un petit détachemec
conduit par un oflScier intelligent et accompagné par le coui
missaire de guerre et l'officier chargé du campement, prenai
en général la tête de la colonne 2 heures avant de parvenir ai
lieu choisi par le général et procédait aux réquisitions et achafc
nécessaires, de sorte qu'en arrivant au terme de la marchi
hommes et chevaux trouvaient leur nourriture toute préparée.
Quand le corps campait à proximité de localités insignifiantes,
comme nous l'avons dit précédemment, on le répartissait, afin
de subvenir plus facilement aux besoins, entre les hameaux voi-
sins. Cette manière de faire présentait aussi un autre avan-
tage : en cas de surprise, l'ennemi n'aurait pas réussi à tomber
sur tout le monde à la fois, et on pouvait espérer, par ce
moyen, arriver à tromper l'ennemi sur l'effectif réel du corps.
Enfin, dans ce cas, chaque détachement se couvrait et se gardait ,
par des petits postes. De plus, pour ménager le pays, on évitait,!
autant que possible, de demander des vivres dans les lieux où Iû^
corps aurait bivouaqué antérieurement.
Dés que Thielmann avait atteint le point qu'il avait fixé comme
terme de la marche journalière, il envoyait aussitôt dans toutes
les directions, parfois même à de grandes distances, des petits
partis qu'il lui arriva même de détacher pour quelques jours.
De plus, et on peut en voir des traces nombreuses dans ses
rapports et dans sa correspondance, il disposait d'excellents
émissaires qui le renseignaient à tout instant sur les moinW
mouvements de l'ennemi. Quelques-uns de ces émissaires élaien
montés, suivaient lo général et se tenaient ainsi constamment
sa disposition.
La correspondance avec le grand quartier général et les troupe*
- 215 —
alliées les plus voisines s'eflfecluail en général parrintermédiairc
de petites patrouilles de cosaques, qui remettaient les dépêches
aux avant-postes et rejoignaient ensuite. Ce mode de transmis-
sion donna d'excellents résultats; souvent le grand quartier
général reçut h, Teplitz les rapports de Thielmann au bout de
24 heures et parfois même plus tôt.
Enfin, si l'on examine de plus près encore les procédés employés
par Thielmann, on verra qu'il chercha presque toujours à agir
par surprise. Il s'approchait le soir du point sur lequel il voulait
se jeter, exécutant dès l'aube un mouvement enveloppant et
attaquant, en général au point du jour, en se présentant à l'im-
provisle et de tous côtés.
Il ne restait jamais la nuit sur les lieux où il avait combattu.
Il s'empressait, au contraire, de faire filer son monde dès que
l'affaire était terminée. En règle générale, du reste, il évitait
aussi soigneusement de séjourner longtemps sur le même point
que de marcher pendant plusieurs jours dans h même direction,
parce qu'il tenait, par-dessus tout, à laisser ignorer à l'ennemi
Jes lieux qu'il choisissait pour s'arrêter, les points sur lesquels
il se proposait de se jeter, enfin parce qu'il voulait se mettre lui-
raème à Tabri d'un coup de main ou d'une surprise.
Il est juste d'ajouter, cependant, sans chercher pour cela h
diminuer ses mérites, que différents facteurs facilitèrent singu-
lièrement la tâche de Thielmann. Cet officier général, on ne
saurait le perdre de vue, se trouvait en effet dans une situation
absolument exceptionnelle : il opérait dans son propre pays, dans
une région qui lui était familière et parfaitement connue; il pou-
vait compter sur le concours, l'appui, le dévouement, le patrio-
tisme de populations avides de secouer le joug de l'étranger,
pl chose plus rare encore, il connaissait à fond les qualités et les
défauts de ses adversaires, et jusqu'au caractère même des
troupes et des généraux ennemis à côté desquels il avait bril-
lamment combattu pendant la mémorable et lugubre campagne
» de 1812.
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\
^ 246
CHAPITRE V.
DEPUIS LA CONCENTRATION DES ALLIÉS |
AUTOUR DE LEIPZIG (10 OCTOBRE) \
jusqu'à la fin de la CAMPAGNE D'ALLEMAGNE. i
Les lenteurs et les hésitations de Schwarzenberg, les indéci-
sions du prince royal de Suède, pouvaient laisser espérer à
l'Empereur, qui ignorait encore la défection de la Bavière, qu'il
réussirait à battre isolément ses adversaires. L'importance des
services que la cavalerie est appelée à rendre au commandement
en chef ressortira de l'étude des quelques journées qui ont pré-
cédé la bataille de Leipzig. La correspondance de l'Empereur
prouve d'ailleurs que si Napoléon n'a pu, pendant tout ce temps,
arriver à se rendre un compte exact des mouvements des alliés,
des directions suivies par leurs principales colonnes, et a été, par
suite, dans l'impossibilité de pénétrer, de prévoir et de déjouer
chacun de leurs projets, cela tient uniquement à la faiblesse et
à la mauvaise qualité de sa propre cavalerie, à la supériorité
numérique de la cavalerie adverse, ainsi qu'à l'emploi judicieux j
qui en fut fait jusqu'au 16 octobre. Les mouvements que FEm-
pereur fit exécuter, dans les journées des 4 et 12 octobre, aux
corps de Régnier et de Bertrand du côté de Wittemberg et de
Dessau, n'eurent d'autre résultat que d'éloigner Tauenzien, qui
crut devoir se replier devant des forces supérieures pour couvrir
Berlin; mais ces mouvements n'eurent pas et ne pouvaient, du
reste, avoir de graves conséquences.
L'Empereur écrivait, le 10, au duc de Bassano : « J'ai grand'
hâte de recevoir des renseignements de Leipzig sur les mouvo
ments de l'ennemi, et de savoir s'ils sont rétrogrades ou en
avant. Il paraît que sa grande force est entre la Mulde et la
Saale. C'est entre la Mulde et l'Elbe que je me prépare à ma-
nœuvrer, jusqu'à ce que de nouveaux renseignements et l'événe-
ment me fassent aller à l'Elbe. » Le H octobre, il écrit à Ber-
thier que toute l'armée ennemie lui paraît concentrée à Dessau,
et, le 12, il s'adresse à Régnier en lui disant : « J'espère que votre
cavalerie aura battu la rive droite; cependant, je n'ai pas encore
— an —
le renseignements. Je m'attendais que, dans la journée du 11,
ous auriez battu la rive droite et m'auriez envoyé des nouvelles
mportantes. »
La cavalerie joua d'ailleurs de part et d'autre un rôle assez
îffacé pendant les journées du M et du 12. Le 42, toutefois, la
iavalerie de Wittgenstein se trouva, entre Espenhayn et Grôbern,
îB présence des escadrons français, qui couvraient la retraite de
leur infanterie sur Leipzig; mais de part et d'autre on se con-
tenta de s'observer. Ce même jour, Platoff se voyait contraint à
se replier de Lûtzen et de Gross-Gôrschen sur Pegau. Le 12 au
soir seulement, alors que Tàuenzien et Thùmen se repliaient sur
Rosslau, l'Empereur apprit par Murât la marche de l'armée de
Bohême sur Leipzig, et, par les patrouilles de Marmont, la
retraite de l'armée du Nord et de Parmée de Silésie derrière la
Saale, et ce fut à la réception de ces nouvelles qu'il écrivit à
Marat : « Pouvez-vous, sans vous compromettre, garder pendant
toute la journée de demain, 13, votre position et Leipzig? » Il
indiquait ensuite à Murât les renforts qu'il recevrait du 13 au
1^, et finalement, afin d'empêcher le roi de Naples, qui crai-
gnait d'être écrasé par les forces supérieures de l'armée de
Bohême, de se replier sur Leipzig, il lui expédiait Gourgaud.
pour le décider h accepter la lutte en avant de Leipzig.
De leur côté, les alliés s'étaient décidés à faire exécuter le
13 octobre, par une soixantaine de mille hommes de l'armée de
qohêrae, une grande reconnaissance dans le genre de celle qui
brécéda la bataille de Dresde, espérant obliger ainsi Tennemi
à se déployer et à montrer ses forces. Mais les retards survenus
flans les marches du corps de Klenau obligèrent les alliés à
remettre l'affaire au lendemain. Il y eut cependant ce jour-là
fleux petites affaires, dont Tune du côté de Mark-Kleeberg : les
cavaliers de Platoff commencèrent par faire reculer les avant-
Postes français et les obligèrent à repasser la Pleisse; mais les
français ayant été soutenus immédiatement, les cavaliers de
Platoff durent se retirer sur Zwenkau. Cette escarmouche coûta
aux Russes l'un de leurs meilleurs chefs de partisans, le gé-
néral-major prince Koudachoff, qui mourut peu de temps après
^es suites des blessures reçues dans cette affaire.
Il faut noter, toutefois, qu'un détachement tiré de la division
^^^^ray, du 3* corps autrichien Gyulay, et fort d'un escadron
-. 218 -
de chevau-légers de Rosenberg et de 2 compagnies d*înfanterie
le tout sous les ordres du capitaine Zadubsky, se porta su
Naumburg, surprit cette ville dans la nuit du 12 au 13 octobre
sabra le poste de garde aux portes de la ville, et obligea la gar
nison, composée de 3 officiers et de 400 hommes, h se rend»
après un combat assez vif.
Du côté de l'armée de Silésîe, le général Emmanuel et le
colonel von Katzler fournirent des renseignements précis à Blû
cher en se portant vers Leipzig, conformément aux ordres qu'ils
avaient reçus. Ils lui firent connaître, en efiFet, que le maréchal
Marmont avait quitté Delitsch pour se replier sur Taucha et
Eilenburg. Enfin le colonel von Katzler reconnut la présence de
troupes de cavalerie et d'infanterie françaises du côté de Môckem,
tandis que le général Emmanuel avait maille à partir, du côté de
Skeuditz, avec une partie de Tarrière-garde de Marmont.
On pourrait s'étonner au premier abord de voir le rôle de h
cavalerie diminuer à mesure qu'on se rapproche de la crise
suprême, de cette sanglante bataille de trois jours que les Alle-
mands ont appelée et appellent encore Die Vôlkerschlackt. La
raison en est cependant bien simple et l'explication foute natu-
relle. Une fois de plus, on peut constater à ce propos que, si
les progrès de la science amènent forcément des modifica-
tions dans la tactique, les grands principes de l'art de la
guerre restent et resteront toujours perpétuellement vrais et im-
muables.
Le rôle de la cavalerie a diminué, et il n'en pouvait être
autrement, à mesure que les armées alliées se rapprochaient
de Leipzig, parce que l'espace entre les armées se resseirait
de plus en plus, au point de rie pas laisser à Texploration le
champ nécessaire à ses mouvements, parce que ses services enfin
sont moins utiles dès qu'on est arrivé au contact.
A la date du 13 octobre, il est bon de le redire, l'armée de
Bohême est presque en vue de Leipzig, les armées de Silésie et j
du Nord, qui ont depuis longtemps opéré leur jonction, commu-
niquent et correspondent avec elle, et une partie même de
l'armée de Pologne est en marche de Dresde sur Leipzig. Le rôle
de la cavalerie d'exploration est momentanément terminé, et le
combat de Liebertwolkwitz, Tune des plus grandes rencontres de
cavalerie qui aient eu lieu en Europe pendant tout le XIX« siècle, |
-- 819 -
va servir de prologue à la bataille de géants que Tarmée française
va livrer et soutenir pendant les sanglantes journées des 16, 18
et 19 octobre 1813.
Pendant les journées qui ont précédé, les partisans du major
von Colomb, après avoir suivi jusqu'au 6 octobre la marche du
corps d'AugereaUy avaient appris, comme nous l'avons dit, à
Meustadt-sur-Orla, que les dépôts saxons de Langensalza ne se
croyant plus en sûreté dans cette localité, s'étaient cantonnés h
Schieusingen et dans les environs de celte ville. Colomb résolut
d'enlever ces dépôts, et comme l'opération était des plus déli-
cates, il nous semble intéressant d'exposer les moyens dont il se
servit pour la mener à bonne fin.
Colomb commença par faire partir pour Schieusingen un de ses
cavaliers déguisés, qu'il chargea de le renseigner exactement sur
ce qui se passait de ce côté; il donna comme point de rendez-vous
à cet émissaire Ober-Wcisbach, dans la forêt de Thuringe. Colomb
devait ou retrouver ce cavalier, un volontaire d'un an, sur ce
point, ou lui envoyer un ordre lui indiquant le point où il aurait
à se rendre.
Afin d'empêcher les espions de l'ennemi de deviner ses inten-
tions, il partit le 10, marchant à petites journées, pour Schlôtt-
wein, puis le 11 octobre pour Blrkicht et Lausenitz.
Un renseignement venu de Rudolstadt lui apprit sur ce point
qu'un officier saxon était arrivé en poste dans cette ville, afin de
s'assurer s'il y avait des troupes ennemies dans les environs, et
que quelques heures plus tard ce même officier était retourné à
Schieusingen, certain qu'il n'y avait pas l'ombre d'un partisan
dans tout le pays.
Colomb se mit en route à 8 heures du soir, se rendit d'abord
^ Rudolstadt pour compléter ses renseignements, passa ensuite
la Saale et arriva à la pointe du jour à Ober-Weisbach, après
avoir fourni une étape de 45 kilomètres en suivant pendant la
plus grande partie de sa marche de mauvais sentiers de mon-
tagne. Il prit aussitôt les mesures les plus énergiques et établit
dans ce village une véritable souricière.
Le même jour, 12 octobre, le cavalier qu'il avait envoyé à
Schieusingen le rejoignit et lui rapporta des renseignements
pTécieux. 11 avait trouvé moyen de dîner avec les officiers saxons,
et savait que les dépôts étaient cantonnés dans les vallées de la
— 220 -
Schleuse et de la Werra, depuis Schleusingen jusqu'à Tbemar,
qu'il importait avant tout de surprendre Schleusingen, de s'em-
parer des officiers supérieurs, tous logés dans cette ville, et que,
grâce au désordre et à la confusion produits par ce coup de
main, il serait facile de venir à bout du reste des dépôts.
Ce fut alors seulement que Colomb révéla ses intentions et
donna des ordres à ses officiers. Â la tombée de la nuit, il se
porta sur Breitenbach et déboucha entre Frauenwald et Schleu-
singen, sur la route qui mène dllmenau à ce dernier endroit.
Le détachement avait à ce moment franchi les mauvais passages
de la montagne et on se porta rapidement en avant pour arriver
à Schleusingen avant le jour.
A l'aube, alors qu'un brouillard épais couvrait la vallée, Co-
lomb, marchant en tête avec un officier et un ordonnance,
enleva trois cuirassiers qui, enveloppés dans leurs manteaux,
faisaient une patrouille sur la route, et qui lui apprirent qu'il y
avait dans le village d'Hinternach, situé en avant de la ville, une
grand'garde, dont les chevaux étaient tous à l'écurie, par cela
même qu'on croyait savoir qu'il n'y avait pas de trace d'ennemis
aux environs. Le détachement se porta au galop sur le village,
enleva la grand'garde et une partie des cavaliers du corps vo-
lant, tourna Schleusingen si rapidement qu'ils y pénétrèrent en
même temps que leurs camarades. Colomb, après avoir occupé les
portes de la ville, s'arrêta sur la place et fit appeler le lieutenant-
colonel saxon von Nostiz, qui commandait les dépôts, et qui était
encore couché. Cet officier descendit à moitié vêtu, tout surpris
de ce qu'on venait de lui dire; et comme Colomb lui apprit
qu'ils étaient, lui et ses dépôts, cernés par les cosaques, il ne fit
aucune difficulté pour signer une convention que Colomb avait
préparée, et par laquelle le colonel s'engageait à mettre bas les
armes avec tout son monde et à ne reprendre du service contre
les alliés que lorsqu'il aurait été échangé*:
Pendant ce temps, le lieutenant-colonel von Nostiz, exécutant
1 Von Colomb ajoute dans ses Mémoires un détail comique. On lui fit
remarquer que, pendant ce colloque, la femme du lieutenant-colonel von
Nostiz, en costume de nuit, un bonnet de travers sur la tête, suivait la con-
versation, à demi cachée derrière un rideau, et cherchait à savoir quel allait
être le sort de son mari.
— 221 —
la convention qu'il Tenait de signer^ faisait réunir son monde,
déposer les armes et livrer les chevaax des hommes logés dans
la ville. La partie n'était encore gagnée qu'à moitié. Il restait à
savoir si les officiers cantonnés dans les environs accepteraient
et ratifieraient la convention signée par leur chef. Il était certain,
en effet, que cette nouvelle allait se répandre rapidement, et,
par suite, il était impossible de songer à ramasser tout le monde
par surprise. Colomb craignait surtout de voir lui échapper les
90 chevaux cantonnés à Theniar. Enfin, comme il n'aurait pu
envoyer dans chacun des cantonnements qu'un détachement in-
férieur en nombre aux troupes qui devaient se constituer prison-
nières, il eût suffi qu'un seul détachement refusât d'accepter la
capitulation pour qu'il se trouvât pris lui-même dans le piège
qu'il avait tendu à l'ennemi. U fallait donc pour réussir avoir
recours à d'autres moyens qu'à la force. Il fit à cet effet obser-
ver au lieutenant-colonel von Nostiz qu'il importait de se hâter,
que les cosaques approchaient et que tout devait être terminé
avant leur arrivée; il lui proposa donc de faire précéder chacun
de ses détachements par un officier saxon qui mettrait ses cama-
rades au courant de la situation, et dont la présence préviendrait
tout malentendu. Cette proposition fut acceptée, et pendant que
Colomb se faisait livrer les magasins et la caisse, on lui amena
successivement 176 hommes, qui déposèrent les armes et ren-
dirent leurs chevaux aux 18 hommes qui restaient à ce moment
autour de lui.
Ce ne fut que dans le courant de l'après-midi que Colomb
apprit que sa ruse avait réussi ; 23 officiers, dont 5 officiers su-
périeurs, 380 hommes et 390 chevaux appartenant aux régiments
suivants : cuirassiers de la garde saxonne, cuirassiers de Zas-
trow, uhlans du prince Clément, chevau-légers du prince An-
toine, chevau-légers du prince Jean, chevau-légers de Polenz
et hussards, étaient tombés entre ses mains sans coup férir, sans
verser une goutte de sang.
Après avoir signé des laissez-passer à ceux des prisonniers
qu'il ne pouvait emmener, Colomb quitta Schleusingen vers le
soir, emmenant à sa suite 5 voitures chargées de ses prises, et
s'arrêta le 13 au soir à Waldan. Le lendemain 14, au matin, il
atteignait la crête de la forêt de Thuringe, à Gillersdorf, où il
bivouaquait; le 15 il était à Blankenburg, d'où^il faisait partir
-2K -
pour IchtershauBen et Dornhain un parti de 40 chevaux» qui
réussit à enlever dans ces villages 85 chevaax du train apparte-
nant à un convoi d'artillerie i*éceinment arrivé à Erfurt^ et le 16
il était à Pôseneck, d'où il envoya au quartier général un officier
porteur de son rapport sur le coup de main de Schleusingen,
rapport dans lequel il proposait également (ce qui lui fut ac-
cordé) de se rendre maître du haras saxon de Kloster-Vessra.
Gomme ils l'avaient fait la veille de la bataille de Dresde, les
alliés, avant de se décider à livrer la bataille de Leipzig, avaient
résolu de tenter, le 13, une grande reconnaissance offensive.
Elle ne put avoir lieu parce que les troupes autrichiennes n'arri-
vèrent pas à temps sur les positions indiquées. C'est ce qui ré-
sulte du journal de Barclay et de la dépèche que ToU adressait
d'Espenhayn, le 13 octobre, à 3 h. 15' de l'après-midi, à Witlgens-
tein. L'affaire fut donc remise au lendemain. Pendant ce temps^
Murât, craignant d'être écrasé par le nombre, se proposait de se
retirer de l'autre côté de la Partha; mais Napoléon ^ comme
nous l'avons dit, lui envoya Gourgaud pour lui annoncer d'une
manière formelle son arrivée à Leipzig pour le 14, et le roi de
Naples, rassuré par cette promesse, se décida à accepter le com-
nat. Murât avait malheureusement cru devoir quitter, dans la
nuit du 13 au 14, sa position de Grôbern* et de Gulden-Gossa
pour se rapprocher de Leipzig. Le 14 au matin, il occupait les
positions suivantes : le 8« corps (Poniatowsky) de Connewitz à
Mark-Kleeberg, le 2« corps (Victor) les hauteurs de Mark-Kleeberg
à Wachau, le 5« corps (Lauriston) les hauteurs entre Wachau
et Liebertwolkwitz; ce village avait été mis en état de défense et
était occupé par la division Maison; le corps de réserve d*Auge-
reau était posté vers Leipzig; enfin les 4* et 5« corps de cavalerie
à Liebertwolkwitz, en arrière de l'aile gauche des lignes fran-
çaises.
* Il faut citBr, à ce propos, l'extrait suivant d'une lettre écrite le 13 octobre
par TEmpereur au duc de Bassano. «: Nous avons remarqué parmi les prison-
niers que, pour la première fois, il y avait beaucoup de cosaques ; reste à
savoir si ce sont de vrai$ co$aquei ou des hommes seulement habiHés eti
cosaques, n
* On ne comprend guère pourquoi Murât abandonna sans combat un point
aussi important et aussi facile à défendre que Grdbern.
— 283 —
Wittgenstein avait, de son côté, pris les dispositions suivantes
Bt formé ses troupes en deux colonnes : celle de gauche avait
pour tète de colonne les troupes de Pahlen, qui se dirigeait sur
Magdeborn avec les hussards de Soumy, Grodno et Lubny, les
uhlans de Tchougouieff et la 7® batterie à cheval : 10 escadrons
prussiens appartenant aux régiments de dragons de la Nouvellé-
Marche» de cuirassiers de la Prusse orientale, de uhlans de
Silésie, avec la 10« batterie à cheval, et la brigade de cavalerie
de réserve da général-major von Rôder (cuirassiers de Silésie,
du Brandebourg, 2« de hussards de Silésie, 7» et 3« de cavalerie
nationale de Silésie), avec 2 batteries à cheval, suivaient Pahlen
et précédaient la 14« division d'infanterie Helfreich en marche
sur Grôbern, la 4® division (prince Eugène de Wurtemberg) qui
se portait sur Gulden-Gossa, la 5® division (prince Gortchakoff)
qui allait h Stormtfaal et le corps de Kleist. Les cosaques
d'Uowaïsky 12 flanquaient la cavalerie de Pahlen et se dirigeaient
sur Mark-Kleeberg, tandis que les hussards de Grodno, soutenus
par la cavalerie nationale (landwehr) de Silésie, éclairaient du
côté de Wachau.
La colonne de droite (corps Klenau) devait partir de PUniver-
sitàt Wald pour enlever Liebertwolkwitz.
Avant même que la cavalerie de Pahlen fût arrivée à Auenhayn,
Ilowaïski avait déjà reconnu et signalé la présence de forces con-
sidérables à Mark-Kleeberg. Pahlen arrêta son mouvement, fit
partir aussitôt le général-major Rûdiger avec les hussards de
Grodno pour soutenir Ilowaïski, et envoya vers Liebertwolkwitz
les hussards de Lubny, avec ordre de le renseigner sur ce que
l'ennemi avait de monde de ce côté. Ces hussaids signalèrent la
présence à Liebertwolkwitz d'une masse considérable de cava-
liers. Pahlen, convaincu de la supériorité numérique de l'ennemi,
crut prudent d'attendre à Auenhayn l'arrivée de la cavalerie
prussienne; à ce moment, il fut rejoint par le quartier-maître de
Barclay de ToUi, Diebitsch*, qui voulait se précipiter de suite sur
l'ennemi. Mais Palhen refusa de dessiner son mouvement avant
* Alors chef d'état-major de Barclay de ToUi, devint plus lard feld-maré-
^^àl Sa campagne contre les Turcs (1828-29) lui valut le surnom de Zabal-
kansky.
— 224 —
que la tête de colonne de la cavalerie prussienne fût entrée en
ligne, et il ne se porta en avant avec les hussards de Soumy et
la 7® batterie à cheval que lorsque le régiment de dragons de la
Nouvelle Marche eut dépassé la digue de Gulden-Gossa.
A ce moment, le général Rtidiger faisait savoir à Pahlen que
Tennemi se renforçait entre Mark-Kleeberg et Wachau. Pahlen
lui envoya 9 escadrons de cavalerie de landwehr qui, prenant
position sans se laisser voir près d'Auenhayn, réussirent, dès le
début de l'action, à dégager les hussards de Grodno, que la cava-
lerie polonaise était en train de malmener et auxquels ils
servirent de soutien jusqu'à l'arrivée, sur le terrain de la lutte, de
la 3^ division de cuirassiers.
Pendant ce temps, la 10« batterie à cheval s'était portée ea
avant et avait ouvert le feu contre la cavalerie ennemie. Cette
batterie était suivie, à une certaine distance, par les hussards de
Soumy, puis par les hussards de Lubny, les cuirassiers de la
Prusse orientale, les uhlans de Silésie et, plus en arrière, par les
cuirassiers de Silésie et de Brandebourg, pendant que les cosa-
ques de Grekofif et les uhlans de Tchougouieff, qui formaient k
tète de la colonne du prince Gortchakofif, devaient, sur Tordre de
Pahlen, pousser par Stôrmthal pour déborder l'aile droite enne-
mie.
Murât, qui avait tenu, jusqu'à ce moment, sa cavalerie sur les
hauteurs en arrière de Wachau, s'apercevant que la batterie russe
était très en Tair, se précipita sur elle à la tète des régiments
venus d'Espagne sur lesquels il pouvait le plus compter. La bat-
terie, exposée aux plus grands dangers, fut secourue par les
Jiussards de Soumy qui furent culbutés par les cavaliers français.
Mais cette cavalerie fut alors prise en flanc d'abord par les dra-
. gons de la Nouvelle Marche, puis par les cuirassiers de la Prusse
orientale et les hussards de Silésie, et obligée, à son tour, à se
retirer.
Les cosaques de Grekoffetles uhlans de Tchougouieff arrivaient
alors sur le champ de bataille, et les cuirassiers de Silésie et de
Brandebourg étaient venus prendre position à la gauche des cui-
rassiers de la Prusse orientale, tandis que les dragons de la Nou-
velle-Marche et les hussards de Soumy qui s'étaient ralliés se foi-
.maient en deuxième ligne. Le combat continuait, du reste, avec
un acharnement inouï, et presque sans interruption les charges
— 2-25 —
succédaient aux charges. Il est vrai de dite qu'il n'y eut guère que
des charges par escadron ou par régiment et quelques charges
seulement de deux régiments. Ëa somme et malgré le nombre
considérable des troupes de cavalerie, il n'y eut, à vrai dire, que
des chocs successifs et isolés. Murât, chargeant constamment en
tête de sa cavalerie, courut même le risque d'être pris. Au mo-
ment où, après une de ces charges, les deux cavaleries également
rompues et en désordre cherchaient à se reformer, il fut aperçu
par le lieutenant Guido von der Lippe du régiment des dragons
delà Nouvelle-Marche. Cet officier, ralliant quelques hommes, se
précipita sur Murât et allait se rendre maître de sa personne, lors-
qu'il fut mortellement blessé par Tunique cavalier qui se trouvait
h ce moment auprès du roi de Naples.
Pahlen, voyant la tournure prise par le combat, résolut de le
traîner en longueur jusqu'à l'arrivée en ligne de Klenau. Il
refusa, à cet effet, son aile gauche, qu'il fit soutenir par 2 batte-
ries prussiennes, et poussa en avant sa droite. Les Français, de
leur côté, renforçaient leur droite et établissaient, entre Wachau
et LieberlwollLwitz,de fortes batteries qui prirent en écharpe l'aile
gauche de la cavalerie alliée. Murât, croyant alors le moment
venu d'en finir avec cette cavalerie, forme une grosse colonne
avec les dragons du 5« corps et se jette sur les batteries russes et
prussiennes. Ces batteries accueillent la cavalerie française avec
des volées de mitraille qui portent le désordre et la mort dans
les têtes de colonne. Les hussards russes, les uhlans prussiens et
les cuirassiers de Brandebourg profitent du flottement qui se pro-
duit et se précipitent sur les Français. Il était alors 3 heures et la
lutte avait commencé à 9 heures. Klenau entrait en ligne, dirigeait
le feu de son artillerie sur Tinfanlerie française postée à Liebert-
wolkwiiz, pendant que le régiment de cuirassiers de l'Empereur et
deux escadrons du régiment de chevau-légers O'Reilly se jetaient
sur le flanc gauche de Murât et que son artillerie à cheval, soute-
nue par un escadron des hussards de Tarchiduc Ferdinand et un
du régiment de chevau-légers HohenzoUern, prenait position et
croisait ses feux avec ceux des batteries russes et prussiennes.
La cavalerie française dut alors se résigner à quitter le champ
de bataille; mais, en môme temps, le tir de rarlillerie française
redoublant d'intensité, infligeait des pertes considérables à la
cavalerie des alliés.
M. H. L. IS
A l'aile gauche de Pahlea, les huMards de Grodao» la cava
lerie de landwehr de Silësie et lea cosaques dllowalski avaien
pu contenir la cavalerie polonaise jusqu'à l'entrée en ligne de li
3« division de cuirassiers russes.
Klenau, de son cdté, avait enlevé le village de Liebertwolkwitz
et le prince de Wurtemberg se préparait à se porter en avao
contre l'infanterie française lorsqu'il reçut de Schwarzenberj
Tordre de cesser le combat. Tout se borna, dès lors, à une canon*
nade qui dura jusqu'au soir. La cavalerie légère russe se posta h
droite de Gaiden^Gossa, les cuirassiers prussiens à gauche de oe
village et la cavalerie de la landwehr devant Grôbcrn» pendant
que Klenau, qui avait occupé Liebertwolkwitz, reprenait position
à Pombsen.
Le combat de Liebertwolkwitz avait causé des pertes sensibles
aux Français aussi bien qu'aux alliés. Les Français eurent de 500
à 600 hommes hors de combat, les généraux Pajol et Mo&tmarie
étaient blessés, un millier d'hommes à peu près avaient été faits
prisonniers.
Il est impossible en revanche de déterminer exactement les
pertes des alliés; elles ont toutefois dû être considérables puisque
le corps Klenau, qui n'était entré en ligne qu'à 2 heures, eut h
lui seul 1000 hommes hors de combat, et que le seul régiment
de cuirassiers de Silésie eut 13 officiers et 96 hommes taés ou
blessés. Les pertes éprouvées par les autres régiments de cavale*
rie alliée ne sont indiquées d'une façon précise dans aucun à^
documents parvenus à notre connaissance. Comme on le voit, lai
reconnaissance projetée par les alliés s^était, contre leur attenta, j
changée en une lutte sanglante et avait donné lieu à un combat
indécis dans lequel aucun des adversaires ne pouvait, à bon
droit, s'attribuer la victoire. Mais il eut pour les alliés, au point
de vue stratégique, avant de parler du côté tactique que no«*
examinerons ensuite, des conséquences capitales. Schwarzen*
berg, en effet, avait jusque-là persisté à vouloir en marchant p^
sa gauche se rapprocher de l'armée de Silésie qui, de son M
aurait suivi la route de Mersebourg et, après avoir opéré sa jonc
lion avec le corps de Gyulay, se serait portée sur Lindenan;
mais le combat de Liebertwolkwitz décida les souverains à forcef-
Schwarzenberg à diriger toutes ses forces droit sur Leipzig»
point vers lequel devaient également converger toutes les autres
- tn -
tmupfis alliéa». L'intervention dei louveraiafl alliéi était d'autant
plus nécessaire que, comme le démontrera la bataille du 16, les
dispositiong prises, jusqu'au i4 au soir, par Schwarzenberg^
étaient loin d'être pratiques et exercèrent une influence défavo-
rable sur l'issue du premier jour de la bataille de Leipzig
(16 octobre). Le généralissime avait entassé inutilement le gros
de son monde entre l'Elster et la Pleisse, affaibli forcément la par-
tie de Tarmée postée sur la rive droite de la Pleisse^ et peu s'en
fallut que ses dispositions n'entraînassent la défaite complète des
alliés.
Comme nous le disions plus haut, en forçant les souverains
alliés k s'immiscer dans la direction des opérations, le combat
indécis de Liebertwolkwitz exerça, au point de vue stratégique,
une influence capitale sur l'issue de la campagns.
Âa point de vue tactique^ il nous parait impossible de nous
borner à retracer simplement et brièvement les différentes phases
de cette journée, presque la seule de toute cette campagne où des
masses de cavalerie ont lutté seules l'une contre l'autre. Notre
tâche est, du reste, singulièrement facilitée en ce qu'au lieu de
soamettre au lecteur nos appréciations personnelles, nous som-
mes en mesure de lui faire connaître les jugements portés sur
ce combat, d'une part par les généraux BogdanowitchetNikitîn,
de l'autre par le général-lieutenant von Colomb. Le général
Bogdanowitch écrit ce qui suit dans son Histoire de la guerre
de 1813 : « Le combat de Libertwolkwitz, la plus importante des
rencontres de cavalerie de la oampagne de 1813, prouve que
Murât ne savait pas conduire de grosses masses de cavalerie.
Les charges se sont succédé dans ce combat, sans lien, sans
idée générale, sans but bien défini. Dans tout ce combat on voit
que Murât n'a qu'une pensée, qu'un désir, se mesurer avec
l'ennemi. La supériorité numérique des Français leur a permis
de soutenir la lutte pendant plusieurs heures, mais vers la fin
de la rencontre, les alliés avaient quelque peu J'avantage sur
leurg adversaires. Sans parler de la supériorité que leur don-
Mient les dispositions mieux prises et les ordres plus intelli-
gents de leurs chefs, on peut encore affirmer que la cavalerie
alliée dut une partie de ses avantages à l'excellente condition
de ses chevaux et au fait que les cosaques et les premiers rangs
des hussards et des uhlans étaient armés de lances. » L'opinion
— 228 -
émise par le général Bogdauowitch est confirmée par le témoi-
gnage du général Nikitin.
Le général von Colomb y dans ses Beitràge zur Geschkhie der
Preussischen Kavalkrie mM808y entre plus encore dans le vif
de la question. D'après, lui Murât, qui n'avait peut-être pas une
confiance absolue dans la valeur militaire de ses troupes aa
point de vue de l'instruction, a dû évidemment se proposer de
rompre la cohésion de la cavalerie alliée; il obtint d'abord ce
résultat en faisant des charges par escadrons isolés; sa supé-
riorité numérique devait à son sens lui assurer définitivemeal
l'avantage. Les alliés, de leur côté, se laissèrent également en-
traîner, eux aussi, à pousser en avant de petites fractions et à ne
faire entrer en ligne des renforts que lorsque les premiers esca-
drons, après avoir remporté au début quelques avantages, fu-
rent repoussés et ramenés par les réserves ennemies; il en
résulta, d'après les officiers qui prirent part à l'affaire, une
espèce de combat de va-et-vient daos lequel le régiment de uh-
lans de Silésie chargea douze fois, dans lequel les Français furent
deux fois sur le point d'être vainqueurs. Il est vrai de dire qu'il
était d'autant plus difficile d'arriver ici à une unité d'action que
les troupes alliées appartenaient à des armées différentes; mais,
ajoute le général, quand bien même il n'y aurait eu là que de
la cavalerie prussienne, il est difficile de croire qu'on aurait pu
parvenir à lui faire suivre une autre tactique.
« La tactique de Frédéric le Grand est basée tout entière
sur les principes suivants : l'attaque doit être soutenue par une
action simultanée se produisant sur les flancs; elle doit être
rendue irrésistible par la coopération opportune de la 2« ligne ;
mais à cette époque on avait perdu jusqu'au souvenir de ces
principes. On s'était tellement habitué aux charges sans sou-
tiens, que la bravoure de la cavalerie semblait rendre inutile,
qu'on en était venu, au contraire, à considérer comme le
propre même du combat de cavalerie le relèvement et le
changement des fractions engagées. C'est pour cela qu'on
croyait alors comme plus tard, comme presque jusqu'à des.
temps bien rapprochés de nous, qu'il n'y avait pas lieu de prendre
pour charger une formation compacte. Alors, surtout à une
époque où la cavalerie française mal montée, incomplôtemeni
instruite et exercée, convaincue de la supériorité de la cavalerie
- 229 —
ennemie, faisait souvent demi-four avant que la charge eût été
poussée à fond, on était convaincu qu'on ne pouvait pas s'abor-
der, s'enfoncer, se traverser ; on croyait que l'essence même et
la nature du combat de cavalerie comportaient uniquement la
retraite de Tun des adversaires et la poursuite faite par l'autre
parti
« Le combat de Liebertwolkwitz, le plus grand des combats
de cavalerie de l'histoire militaire de ce siècle, donne la mesure
exacte de l'état de la tactique de l'arma à cette époque; mais si
les autres armées de l'Europe n'avaient alors aucune méthode de
combat, le système de l'Empereur reposait au contraire non seu-
lement sur la concentration, mais aussi sur l'emploi des masses
qui, par leur supériorité numérique, brisaient toute résistance.
Cependant la cavalerie française n'arrivait même pas de cette
façon à s'assurer la victoire *.
« La cavalerie alliée, ajoute le général, a enrichi à Liebert-
wolkwitz ses archives d'une page glorieuse, elle a fait à l'en-
nemi plus de mal qu'elle n'en a éprouvé. Mais si Ton se de-
mande quel a été le résultat effectif, réel, de ce combat de
sept heures, on doit reconnaître que ce résultat est absolument
nul. Les Autrichiens ne purent garder Liebertwolkwitz et Ton
fut par suite hors d'état d'empêcher les Français de réoccuper
leurs positions entre ce village et Wachau. »
Combien différents auraient été les résultats si les 12 régi-
iQents prussiens et russes, formés sur trois lignes, avaient chargé
TeoDemi dès le commencement de Taflaire. On aurait rejeté les
têtes de colonne des Français sur le gros qu'on aurait pris en
même temps de flanc, mis en déroute et poursuivi vivement.
Les deux premières lignes auraient vraisemblablement suffi à cette
tâche. La 3« ligne aurait suivi en bon ordre et aurait pu se tour-
ner contre l'infanterie postée vers Liebertwolkwitz, tandis que la
cavalerie autrichienne aurait tourné ce village à l'est. On aurait
de la sorte réussi à assurer aux Autrichiens la possession de ce
village et mis les Français dans l'impossibilité d'établir une
* II est bon de rappeler ici que Mnrat n'a gnère eu recours à l'emploi des
niasses à Liebertwolkwitz. Sa cavalerie a toujours chargé isolément, d*abord en
bataille, puis en colonne, quelquefois par régiment, la plupart du temps par
escairon.
— Î30 -
grosse batterie à Test de Wachau; enfin les batteries à cheval
des alliés aufôietil peut-être pu couronner les hauteurs de Wa-
chau, tandis que si les alliés restèrent momentanément maîtres
du champ de bataille ils durent l'évacuer peu après » dans
Ta près-midi du 14, et durent verser des flots de sang pour le
reconquérir quelques jours plus tard.
Le même jour, 14 octobre, le général-major Kreilz, de Tarinée
de Pologne, poussait jusqu'à Mutschen, et afin de couper les
communications de Tennemi entre Meissen et Leipzig il fit oc-
cuper le château d'HubertsbUrg par un parti de cavalerie. Od
trouva dans ce château un hôpital contenant 900 blessés ou ma-
lades, français. En même temps il envoyait vers Wurzen le
colonel baron Benningsetl, qui trouva Tentiemi en position à
Mûhlberg et dut par suite se contenter de Tobservel*, après avoir
eu une escarmouche assez vive avec 2 bataillons et 3 escadrons
français.
La, journée du 18 octobre fut employée de part et d'autre à se
recueillir et à se préparer à la grande lutte qui devait commen-
cer le letidemain. L'Empereur, selon son habitude, passa en re-
vue son armée, qui raccueillit avec son ettthousiasmè ordinaire. |
Les troupes saxonnes seules restèrent silencieuses, et leur alti-
tude morne et triste pouvait déjà faire prévoir leur prochaine i
défection.
K Du côté des alliés, Tauenzien continuant sa retraite était arrivé
àPotsdam dans la nuit du 14 au 15. Bernadolte, toujours indécis
te hésitant, avait marché avec sa lenteur habituelle et allait se
trouver dalîs l'impossibilité de prendre part à la bataille du 16.
L'armée de Bohême achevait ses préparatifs et le corps volant
de Platoff eut seul une petite affaire avec les Français : il chassa
du village de Gautsch 2 bataillons soutenus par quelques cava-
liers, et envoya sur la rive gauche de la Pleiîise quelques partis
qui observèrent Tennemi et le harcelèrent toute la nuit. L'armée
de Pologne continuait son mouvement et le détachement du
général Kreuz, arrivé le 14 à Mutschen, poussa jusqu'à Oschalz
où il fit 80 prisonniers et enleva ensuite un courrier de TEmpe-
reur porteur de dépêches pour Dresde.
Enfin, à 8 heures du soir, trois fusées blanches furetit tiréesdu
côté de Plauen. Quelques minutes après, trois fusées rouges s'éle-
vaient dans les airs du côté de Halle. C'était le signal cofivenu
- 231 -
que les armées de Bohôme et de Silésie devaient échanger entre
elles la veille de la bataille.
La bataille du 46, comme chacun le sait du reste, se compose
de trois actions bien distinctes : 1* la bataille de Wachau et de
Connewitz, livrée au sud de Leipzig; !<> la bataille de Lindenau»
livrée à l'ouest; 3« la bataille de Môckern, livrée au nord de
la ville.
Le 16, vers 8 heures du matin, pendant que le combat était déjà
engagé à Wachau^ que les alliés enlevaient d'abord et ne tar-
daient pas à reperdre, la colonne de Kleist s'avançait sur Mark-
Kleeberg; le régiment de hussards de Lubny était chargé de
surveiller tout l'espace vide qui s'étendait entre la brigade prus-
sienne de Kleist et les troupes du prince Eugène de Wurtemberg.
Les Prussiens, après s'être emparés de Mark-Kleeberg, perdirent
une certaine quantité d'hommes qui, voulant poursuivre les Fran-
çais, furent enlevés par la cavalerie polonaise. Les Français
prirent, perdirent et reprirent plusieurs fois Mark-Kleeberg.
L'Empereur avait fait à cet effet renforcer le corps de Poniatowski
par celui d'Augereau. Les cavaliers français se jetèrent, en pas-
sant par le vide existant entre les colonnes de Kleist et du
prince de Wurtemberg, sur les batteries prussiennes, dont ils
sabrèrent les servants et les attelages. A ce moment Pahlen en-
voya à Kleist, qui lui avait fait demander du renfort, les dragons
de la Nouvelle-Marche et une division (2 escadrons) de hussards
de Silésie. Cette cavalerie, bien que le feu de l'artillerie française
lui fit subir des pertes considérables, parvint néanmoins à servir
de soutien à ces batteries, jusqu'au moment ot on leur envoya
des chevaux pour ramener les pièces en arrière. A ce moment
sussi les alliés renouvelèrent leurs attaques contre Mark-Klee-
l^^rg et Wachau et repoussèrent un instant les tirailleurs fran-
çais, naaîs les Français réussirent néanmoins à faire échouer deux
attaques à la baïonnette tentées par les troupes de Kleist qu'elles
ï'ejelèrent sur GrÔbern. Profitant de ce mouvement de recul, la
cavalerie polonaise du 5« corps se jeta -sur les troupes de Kleist
qu'elle poursuivit vivement, mais cette cavalerie, prise elle-
^ême en flanc par les cuirassiers russes de Levachoff, fut rame-
née à son tour.
Du côté de Liebertwolkwitz, que les généraux Klenau et Gort-
chakoff étaient chargés d'attaquer, la cavalerie joua pendant la
— 232 -
mémorable journée du 16 un rôle considérable. Klenau voulant
faire tourner la position de Liebertwolkwilz, avait adjoint i
14 escadrons au général Mohr, qu'il avait chargé de cette mission,
mais qui ne put réussir à enlever la position. Un peu plus tard,
Klenau remarqua que de grosses colonnes de cavalerie française
se portaient d'Holzhauscn dans la direction d'Hirschfeld, et
demanda des renforts de cavalerie. En attendant il mit en bat-
terie sur le Kolmberg 12 bouches à feu qu'il fit soutenir par
quelques escadrons, et maintint son infanterie à 1600 mètres
environ en arrière de cette position. Mais quand, à la vue des
mouvements en avant faits par la cavalerie française, il voulut
envoyer quelques bataillons sur le Kolmberg, il était déjà trop
tard. L'infanterie française avait déjà repoussé les tirailleurs
autrichiens, enlevait le Kolmberg, s'emparait de 4 pièces, pen-
dant que Sébastiani poussait snr Seiffertshayn avec sa cavalerie
et venait donner dans la cavalerie du corps Klenau et de la bri-
gade Ziethen (régiment de chevau-légers HohenzoUern, régi-
ments de hussards du Palatin, et archiduc Ferdinand, en tout
14 escadrons autrichiens, plus 6 escadrons prussiens dont 4 du
l*'^ régiment de Silésie et 2 de landwehr de Silésie). La cavalerie
alliée réussit à se maintenir dans le principe, mais elle ne tarda
pas à être mise en déroute et poursuivie vivement : heureuse-
ment pour elle la brigade Wrangel (cuirassiers de la Prusse
orientale et cuirassiers de Brandebourg) et la brigade Mulius
(7« et 8® régiments de cavalerie de landwehr) arrivèrent à ce
moment sur le théâtre de la lutte. Les cuirassiers, formés en
bataille, s'ouvrirent pour laisser passer les cavaliers poursuivis
par Sébastiani, qu'ils chargèrent de front pendant que Platoff qui
arrivait au même moment de Pôsna, se jetait avec ses cosaques
sur le flanc gauche des cavaliers français et les obligeait à
s'arrêter et à se replier sur le Kolmberg. Klenau put alors,
grâce à l'intervention opportune des cosaques et des cuirassiers
prussiens, rallier ses troupes entre Gross-Pôsna et Fuchshayn.
Gortchakoff avait dû se replier sur l'Universitâts-Wald, et
Pahlen, après avoir envoyé à Klenau les 16 escadrons qui réus-
sirent à arrêter la colonne de Sébastiani et 6 escadrons à Kleist
pour couvrir ses batteries, dut lui aussi se replier avec les
26 escadrons qu'il avait encore sous la main.
Les Français avaient donc jusqu'à ce moment et sur toute la
— 233 —
tgne au sud de Leipzig, remporlé des avantages assez significa-
ifs, qu'ils devaient en grande partie à leur cavalerie. Pendant ce
emps l'empereur Alexandre, se rendant compte de la gravité de
a situation, envoyait la cavalerie légère de la garde h Grôbern,
es grenadiers de Rajewski et les cuirassiers de Duka à Auen-
[lavn, les 1'* et 2« divisions de cuirassiers sur les hauteurs, entre
Magdeborn et Giilden-Gossa.
L'empereur Napoléon ne restait pas non plus inactif r Latouï-
Maubourg, avec le 1®' corps de cavalerie, vint prendre position
près de Wachau derrière leS^ corps (Victor), où il eut beaucoup
à souffrir du tir de Tartillerie de Kleist et du prince de Wiirlem-
berg. Il était soutenu, plus en arrière encore, à Meisdorf, par la
cavalerie de la garde. L'Empereur, après avoir fait renforcer les
points les plus menacés de ses lignes, songea à frapper un coup
décisif au centre, du côté de Gûlden-Gossa, avec les l^r et 5®
corps de cavalerie. Victor, avec le 2« corps renforcé par 2 divi-
sions de la jeune garde, devait enlever Auenhayn ; Laurislon,
avec le 5^ corps, Gûlden-Gossa ^ Morlier, avec les 1'», 2* et 3« di-
visions de la jeune garde, l'Universilàts-Wald; enfin Macdonald,
avec le il« corps d'infanterie et le 2« corps de cavalerie, devait
tourner par Seiffertshayn Taile droite des alliés^
Les hauteurs qui s'étendent entre Gûlden-Gossa, Stôrmthal-,
Magdeborn et Gôhren ne permettaient pas à l'Empereur de voir
^ne les alliés avaient pu concentrer sur le point même où il
voulait crever leurs lignes, des réserves considérables qui al-
laient empêcher leur défaite et leur anéantissement.
Pendant que la cavalerie du 1*»" corps Latour-Maubourg et une
partie du 5» corps de cavalerie Pajol* se portaient en avant, les
troupes de Kleist, soutenues par les cuirassiers de la Petite-Russie
et de Nowgorod et les hussards deLubny, essayèrent vainement
de se maintenir contre Poniatowski, Augereau et la cavalerie de
Kellermann (4* corps de cavalerie), et furent finalement obligés
à se mettre en retraite sur Grôbern.
Vers 2 heures, la cavalerie française se formait sur deux lignes
à Test de Wachau. La cavalerie de la garde servait de réserve.
Murât avait pris la direction de la charge. Il avait sous ses
* Le général Pajol, blessé grièvement, était remplacé par le général Milbaud.
— 234 -
ordres les corps des généraux Milhaud et Lalour-Maubourg,(p
grièvement blessé quelques instants apf es, dut remettre le coi
mandement au général BordesouUe. L'Empereur fit préparer cel
grande charge par Tartillérie de réserve ; un peu après, la cat
lerie s'ébranlait au trot; allongeant progressivement son allui
elle débouchait tout à coup des bouquets de bois situés près
Wachau, qu'elle laissait à sa droite, et se précipitait d'abord s(
Gûlden-Gossa, puis sur les étangs situés à Touest de ce villagi
Il nous est malheureusement impossible de préciser la formatioi
prise par les deux divisions du !•' corps qui formaient la têled
la charge. Les récits laissés par les témoins oculaires delaba^
taille sont pleins de contradictions : les uns affirment que la
charge eut lieu en ligne; les autres, au contraire, déclarent que
la cavalerie française s'avança et chargea en colonne par peloti
Lorsque le prince de Wurtemberg vil cette masse de cavalerie
se disposer à se jeter sur lui, il envoya au général Duka, posté
en arrière d'Auenhayn avec la 3« division de cuirassiers, l'ordre
de le rejoindre au plus vile. Mais il était trop tard. Mural,
à la tête des cuirassiers de la brigade Berckheim, était déjà
presque arrivé sur une batterie de 30 pièces et sur le Tégiweul
de Krémentehoug; il avait enfoncé et anéanti le 2® bataillon de
ce régiment, mis en déroute le soutien de la batterie, sabr^ies
servants et enlevé la batterie. Sans s'arrêter un seul instant, la
cavalerie française, comprenant la grandeur et l'importance de
la mission qui lui est confiée, se jette vers la digue de Gûlden-
Gossa, après avoir percé les lignes du 2» corps. La 3« division
russe et la 9« brigade prussienne eurent néanmoins le lemps de
se former en carrés et purent se maintenir. Pendant ce temps, J^
régiment saxon des cuirassiers de la garde s*était porté contre
une autre batterie, qu'il réussissait à enlever ^
Le général-lieutenant Schewitsch, qui commandait la division
de cavalerie légère de la garde russe qui se portait de Gôhren
sur Grôbern, n'eut pas même le temps de se déployer. U fût
chargé alors qu'il était encore en train de se préparer pour
l'attaque, et l'entrée en ligne de la brigade Bessières, qui formait
la réserve de BordesouUe, l'obligea à se retirer en désordre
1 Notes manuscrites du lieutenant Yai'ochewitzki sur U béitaiUe de Leipzig-
— 235 —
sque derrière les étangs à l'ouest de Gûlden-Gossa et dans les
aines marécageuses qui les avoisinent. tl était alors un peu
us de 3 heures ; le centre des alliés était percé, la bataille
iraissait gagnée par les Français, dont les cavaliers étaient
rivés à ce moment à quelques centaines de pas de la colline
1 haut de laquelle Tempereur Alexandre et le roi de Prusse
livaient, depuis le matin, la marche de la bataille, et qui s^éle-
lit de l'autre côté des étangs de Gûlden-Gossa. L'empereur de
ussie ordonna alors aux 10* et 23* compagnies d'artillerie à
lieval de se mettre en batterie sur cette hauteur, et donna
omme soutien à cette artillerie sa propre escorte, le régiment
e cosaques de la garde.
Le général aide de camp comte Orloff-Denisoff, qui revenait de
ïorler k Barclay de ToUi Tordre de l'empereur Alexandre lui
prescrivant d'engager immédiatement les cuirassiers, remarqua
e mouvement des cosaques dont il était le chef. Sentant que
'artillerie ne pourrait pas ne maintenir contre des forces enne«
mies si considérables, il lui ordonna de s'arrêter et passa aus'
}itôt la digue avec ses cosaques. Arrivé de l'autre côté de
telle digue, il se jeta sans perdre un instant avec le 1" escadron
sur les Français, pendant que les autres escadrons se déployaient
et se portaient aussitôt en avant, et que Tartillerie tirait à
mitraille sur les cavaliers français, qui furent obligés de s'ar-
rêter devant la charge qu'Orloff-DenisoS^ dirigeait sur leur
flanc gauche, et sous les effets meurtriers du feu des deux batr
leries qui les battaient de front. Ce temps d'arrêt avait donné à
la cavalerie légère de la garde la possibilité de se reformer et
âe venir soutenir les cosaques. Presque au même moment,
Mien, bien qu'attaqué assez vivement de son côté, envoyait au
Becours d'Orloff-Denisoff les régiments de dragons de la Nou-^
velle-Marche et de cuirassiers de Silésie, qui arrivèrent encore à
temps pour mettre fin au mouvement en avant de la cavalerie
française, aider les Russes k leur reprendre une partie des pièces
qu'elle leur avait enlevées, et obliger enfin le général Bordesoulle
^ se replier jusque sous le feu de son artillerie, qui arrêta à son
^our la cavalerie alliée.
Manascrit du général aide de camp comte Orloff-Denisoff.
- 236 -
Une fois de plus la cavalerie française s'était dévouée ini
lement, et l'avantage décisif que TEmpereur comptait retirer
ce grand coup allait se réduire à un succès momentané, si
influence sur l'issue générale des opérations, parce que la a
lerie, faute d'être suffisamment soutenue en arrière, se troui
dans l'impossibilité de se maintenir et de permettre à l'arfl
de profiter du trouble et du désordre que ses charges avaû
portés dans les rangs des alliés ^
La cavalerie de Kellermann, renforcée par la brigade de dfi
gons du général Letort, avait, elle aussi, exécuté, du côlé
* Le général Peîet, qui commandait une brigade de la jeune garde à Leipi
décrit ainsi le rôle joué à ce moment paria cavalerie française :
<c Les souverains aUiés se sont rapprochés des bords du Gosel. Ils arrïtf
au moment où les positions viennent d'êlre enlevées et les réserves calbutée«
Il ne faut plus qu'un nouvel effort des Français pour les porter au delà
Goscl. Alors ils sont maîtres des ponts, des défilés de la Pteiss, de la route
Chemnilz, principale ligne d'opération des alliés. Alors ils coupent la comm
nication de Barcliy de Tolli avec Schwarzenberg et avec le corps deBenni^
sen....
« L'Emperenr était revenu au centre. Il vit les dispositimis des alliés..'
grand espace se montre découvert entre la forêt et Gossa. Il résolut d'y j^
la cavalerie afin de seconder les efforts des conscrits fatigués par cinq heureji
combat et de rompre la dernière ligne de Barclay.
« Sept divisions de belle cavalerie sont réunies au centre : celle de Ja
doit suivre en réserve, Joachim prend avec lui les quatre divisions du 1" coj
et une division du 5*. 41 tombe sur la cavalerie de Pahlen, formée en"
Gos8a et la forêt. Il la culbute et disperse les cuirassiers russes, ^^^'^^[m
d'autres régiments volent à leur secours. Latour-.Maubourg enfonce la dr(l
de l'infanterie alliée en avant de Slôrmthal et enlève une batterie de 26 piè-
ces. Les hussards, les chasseurs de Chastel et de Corbineau, les cairassier»
de Doumerc et de Bordesoulle, les dragons de Milhaud s'animent récipro-
quement. Mais c'e.<t à Bessières qu'on doit le principal honneur de c«l^
brillante charge. Il fond comme la foudre avec les 9% 11* et 12* régiments oe
cuirassiers ; il pénètre au loin jusqu'auprès des souverains. Leur gj
accourt, les cosaques, les hussards se précipitent sur les trois régiments pen«^
le désordre qui accompagne toujours de tels succès. . ,.
« 11 ne restait aucune réserve à Joachim. Que n'a-t-il auprès de /'i*^^. .
autres régiments de vieille cavalerie d'Espagne, ceux du 2' corps qu*i^ ^'^f^
à l'aile gauche... Lalour-Maubourg tombe grièvement blessé au moment ou se
troupes avaient le plus grand besoin de leur chef. Les gardes russes repreo"^
la majeure partie des canons enlevés et ramènent le 1®' corps J^^"f"jg
batteries de la garde impériale. . . Drouot fait ployer en potence les deux aile»
ses batteries de 12 qui forment une sorte de carré. Il attend ainsi la char^^^-
Sa mitraille oblige la cavalerie ennemie à se retirer précipitamment. E"f ^
prise en flanc par 2 escadrons de dragons de la garde qui accourent de la ^"Jj^' '^
Général Pelet, Des principales opérations de la campagne de ISl-^^P- *
suivantes.
— 237 —
irk-Kleeberg, des charges brillantes contre les troupes de
eist. L'arrivée en ligne de la cavalerie autrichienne du général
mte Nostiz arrêta ses progrès et l'obligea même à se retirer
r l'infanterie, qui fut chargée à son tour par les régiments de
iirassiers, grand duc Constantin, Sommariva et Albert. Les cui-
ssiers ne réussii*ent pas à entamer les carrés de la jeune garde,
ais l'action de la cavalerie autrichienne permit toutefois à la
vision Blanchi de se maintenir sur ses positions, sans parvenir
éanmoms h rétablir de ce ccité les affaires des alliés.
A la droite des alliés, Klenau ne s'était maintenu qu'avec
rand'peine à Gross-Pôsna et à Fuchshayn. La cavalerie cosaque
e Plaloff avait rendu de ce côté de grands services, en faisant
chouer une attaque que les Français, déjà arrivés jusqu'au
lônigsbach, dirigeaient sur les derrières des Autrichiens.
Bu côté de Seiffertshayn, que les Français enlevèrent vers les
► heures, les régiments de chevau-légers autrichiens Hohen-
^oUerii et O'Reilly sauvèrent une batterie qui allait tomber entre
es mains de la cavalerie française. Enfin, vers la fin de la
lournée, alors que l'on attaquait une fois encore la droite des
illiés, au moment où la division autrichienne Hohenlohe Bàr-
tenslein abandonnait les hauteurs de Seiffersthayn, et où la
cavalerie française, après avoir défait la cavalerie autrichienne,
aWait se jeter sur les carrés, ce fut Tintervenlion et l'entrée en
ligne de la brigade Wrangel (cuirassiers de Brandebourg et de
^a Prusse orientale) qui arrêta celle cavalerie et permit aux
Autrichiens de se reformer et de se maintenir à Seiffertshayn.
Les alliés ne purent remporter aucun avantage du côté de
Connewitz, et le général Meerfeldt, qui commandait les troupes
alliées de ce côté, fut même fait prisonnier par les Français.
En somme, si les alliés n'avaient pu parvenir à entamer les
Vignes françaises, l'Empereur, de son côlé, malgré le succès mo-
mentané qu'il avait dû au dévouement et à l'héroïsme des le*"
elS« corps de cavalerie, occupait, après une sanglante journée,
à peu près les mêmes positions que le matin.
Pendant que ces événements se déroulaient au sud de Leipzig,
le feldzeugmeister comte Gyulay essayait vainement de se rendre
ïïiaître de Lindenau et d'en chasser le ¥ corps. La possession
de ce point était d'autant plus importante que, maîtres de Lin-
denau, les alliés coupaient à l'armée française l'unique ligne de
^ 938 -
retraite dont elle pouvait se servir en cas d'insuccès. Malgré m
supériorité numérique*, Gyulay échoua complète meut, et, le soir,
il était obligé de se replier sur Markrannstedt. Sa cavalerie \é
avait, pendant le cours de la journée, rendu d'importants se^
vices. C'était, en effet, grâce aux charges de 1» cavalerie autri-
chienne qu'il avait pu s'emparer, vers 1 heure, de Plagwitz et
des premières maisons de lindenau. Enfin, vers le soir, lorsque
Bertrand, après avoir chassé les Autrichiens de Plagwitz, poussa
en avant pour inquiéter la retraite de Gyujay, ce fut l'interven-
tion de la cavalerie légère des colonels Orloff et Bock qui arrêta
la marche offensive des Français. Les avantages remporté* à
^ Le gânëral«major fieidel^ qui rempUssait les fonctions d'aide de camp au*
près an feldzepgmestre comte Gynlay, % publié une broetiuro d*ns UgpelJfl ii
s'appUque à démontrer : 1» que Gyulay n'avait pas la supériorité numérique
sur son adversaire; 2* que les ordres de Schwarzenberg étaient formels et n as-
signaient aui opérations dn oôté de Lindenau que le caractère d'iue sim^e
démonstration, deslinée d'une part à attirer l'attention de l'ennew s^^ ^^^'^
partie du champ de bataille, de l'autre à maintenir la liaison entre l'armée de
Bohème et celle de Silésie; 3" que Blûcher lui-même avait, dès le matin du '^>
fait savoir à Gyulay qu'il ne comptait guère voir réussir lés opéralionB projetées
de ce côté, et que pour cette raison il ne croyait pas pouvoir lui accorder le
concours du corps russe de Saint-Priest qui, d'après les dispositions de Schwar-
zenberg, devait soutenir la gauche du 3" corps autrichien.
Il nous paraît utile de rectifier quelques-unes des assertion? dn géaém
Seidel. S'il est vrai que par suite du détachement de 8 bataillons et de 2 esca-
drons, le corps de Gyulay ne se composait plus que de iÔ bataillons et H es-
cadrons, il n'en comprenait pas moins encore près de 19,000 hommes et
50 bouches à feu puisque le général Jui-même accuse dans ses états de sitoatoQ
à la date du 14 octobre un total de 18,992 hommes. Il faut ajouter de plus
que le 3» corps autrichien avait été renforcé le 16 octobre par la dirision
légère du prince Maurice Lichtenstein (9,657 bonimes ^t i>857 ph^Y^U^I' ^^
les détachements du général Thielmann et du colonel Mensdorff (1,600 cbeyaui
environ), tandis que le corps de Bertrand ne comptait le 16 au matin, d après
Plotho que 14,000 hommes, d'après Vaudoncourt 15,000, et d'après SchuU
7,695 homwes. La supériorité nnniériqpe appartepait dope ipdnbitat/^*"^
à Gyulay.
Enfin, dans un tableau de la campagne de 1813, Jomini envisage autremen
les choses et dit : « C'en était fait de l'armée française si Gyulay a?ait romp»
le pont de Lindenau. Napoléon qui redoutait cet éyénem^nt envoya l'or^r®
se maintenir à tout prix dans Lindenau. » Il ajoute il est vrai, plus loin, P^J
défendre et excuser Gyulay, qu'on ne pouvait laisser la route de Markrannsteû
ouverte parce qn9 cette voie de salut est étroite, coupée d'une Infinité de pw>"'
en un mot, un véritable déûlé, où l'artillerie et les équipages cjevai^fl' ^ ^"'
gouffrer.
Quoi qu*il en soit, c*est par la route de Lindenau que les colonnes v^'
çaises passèrent pour se replier sur Ërfurt et de là vers le lihiiif
^
indenau par Bertrand sauvèrent Tarmée française, en lui asMu-
Dt la possession d'une ligne de retraite que les alliés auraient
i lui enlever à tout prix, tandis qu'au contraire Gyulay fit, peu-*
mt toute la journée, preuve d'une mollesse inexplicable.
Au nord de Leipzig les affaires avaient, en revanche, pris dans
journée du 16, une tournure tout à fait favorable aux alliés,
armont, en effet, bien qu'il eût dès la veille signalé au quar-»
er général la marche et l'approche de l'armée de Silésie, reçut
éanmoins, le 16 au matin, Tordre de traverser Leipzig pour
enir servir de réserve à la Grande Armée. Il est probable que
on avait été induit en erreur par les fausses nouveUes que, sur
'ordre de Blûcher, Saint-Priest avait répandues pendant sa
narche sur Gûntersdorf, et qui firent croire à la présence de
'armée de Silésie sur la route venant de Merseburg. Toujours
est-il que les troupes du 6* corps étaient déjà en marche et
avaient abandonné leur position primitive de Lindenthal, lorsque
les colonnes de Tarmée. de Silésie se montrèrent et obligèrent
le duc de Raguse à prendre, entre Môckern et Euteritzch,
une position moins favorable et moins forte que celle qu'il
venait de quitter, mais sur laquelle il avait cependant tout
Heu d'espérer pouvoir se maintenir si, comme il y comptait,
il était soutenu par les troupes du 3* corps. Il lui était, en
effet, impossible de s'attendre à ce qu'une des divisions de ce
corps d'armée (la division Delmas) serait seule h même de
prendre part à la bataille.
Vers midi et demi le général Langeron, qui avait dépassé Brei-
tenfeld, remarquant des troupes françaises en marche sur Leipzig,
porta en avant sa cavalerie et son artillerie à cheval, pendant
qu'York ordonnait au colonel de Katzler de chasser les cavaliers
ennemis et de se déployer sur la gauche afin de protéger et de
couvrir la formation en bataille de son infanterie. Apercevant
quelques escadrons de cavalerie ennemie qui lui parurent desti-
liés k protéger la retraite de troupes d'infanterie qui se dirigeaient
sur Môckern, Kaizler envoya le régiment de cavalerie nationale
pour les charger et le fit soutenir par deux escadrons de hussards
du roi et par les uhlans de Brandebourg; mais cette charge fut
ïepoussée par la cavalerie wurtembergeoise du général Nor*
lûann et par les ïen% de l'infanterie postée dans un bois.
\jn peu plus tard, alors que la bataille était engagée sur toute
- 240 —
la ligne, York ayant remarqué que les Français appuyaient leur,
gauche à TËlster, porta ses troupes vers sa droite au lieu de les
diriger, comme il en avait reçu Tordre, vers Lindenthal, afin de
pouvoir coopérer aux attaques contre Môckern. Celle manœuvre
produisit au centre de l'armée prussienne, entre les troupes d'York
et celles de Langeron, un vide considérable que Blûcher prescrivit
aux troupes de Saint- Priest et à la cavalerie de Sacken de com-
bler, tandis qu'il envoyait la cavalerie de Langeron couvrir son
extrême gauche; mais par suite d'un malentendu ou d'un ordre
mal compris, la cavalerie de Sacken se porta elle aussi h gauche
et vint se poster au sud de Lindenthal.
Tandis que de part et d'autre on se disputait avec un acharne-
ment inouï la possession de Môckern, Langeron avait moins de
mal à s'emparer de Gross et Klein Widderitsch, que Dombrowskl
défendait avec 5 faibles bataillons et 800 chevaux.
Pendant que Langeron écrasait sous le nombre Tinfanlerie
polonaise, il faisait attaquer la cavaleriQ par le général Emma-
nuel avec les régiments de dragons de Kharkoff, de Kiew et de
et la Nouvelle-Russie, par la brigade de chasseurs à cheval du
général-major Palhen II (régiments de Dorpat et de Livonie). La
cavalerie polonaise résista héroïquement et ne céda que lors-
qu'elle fut prise de flanc par les 1*' et 3® régiments de cosaques
de l'Ukraine, sous les ordres des généraux-majors comte Witt e
prince Obolensky. La cavalerie polonaise avait perdu dans celte
affaire 500 hommes et 7 canons.
On continuait à se battre à Môckern avec acharnement, et ce
ne fut qu'à 5 heures, après avoir engagé toutes ses Iroupes,
que York réussit à enlever cette position aux Français; York,
remarquant alors un certain flottement dans les rangs des
Français, ordonna au major de Sohr de se jeter sur eux
avec 3 escadrons de hussards de Brandebourg, en même
temps qu'il prescrivait à la cavalerie de réserve de le re-
joindre au plus vite. Sohr déploya aussitôt ses escadrons, se
précipita sur l'ennemi au moment même où il se préparait à se
reporter en avant, enfonça 2 bataillons et enleva 6 pièces de
canon. Le général Normanni se porta contre Sohr avec la cava-
' Dans ses Mémoires, le maréchal Marmont s'exprime autrement à propos de
la conduite du général Normann.
— 241 —
erie wurtembergeoise, mais celui-ci, renforcé par les uhlans de
brandebourg et le 8« régiment de cavalerie de landwehr de
iilésie, parvint à repousser celte cavalerie et à la rejeter sur
'infanterie française, dans les rangs de laquelle elle porta le
lésordre, en même temps qu'elle obligeait la deuxième ligne de
cavalerie, la brigade Lorge, à suivre son mouvement rétrogade.
L'explosion de quatre caissons français amena une confusion
^ laquelle on ne put remédier tout de suite. Marmont, blessé lui-
même^ se vit forcé de mettre ses troupes en retraite. Il attribua la
perte de la journée à cet incident, qui éteignit le feu d'une bat-
terie, et à l'apparition de la cavalerie prussienne.
Le major Stôssel, avec 2 escadrons du 2' régiment de hussards
du Roi, enfonça un carré; rejeté à son tour par la cavalerie fran-
çaise, il rallia immédiatement son monde et culbuta la cavalerie
qui venait de le repousser.
Le colonel von Jurgass, avec les dragons de la Prusse occiden-
tale, les dragons de Lithuanie et le régiment de cavalerie de
landwehr de la Nouvelle-Marche, se porta en même temps à
droite de Tune des brigades d'infanterie d'York, tandis que les
autres régiments de cavalerie avancèrent en passant par les
intervalles de l'infanterie. Le général York en personne se mit
à leur tête.
Les dragons de la Prusse occidentale culbutèrent un régiment
de cavalerie, enlevèrent 4 pièces de canon et poussèrent sur
les talons des Français jusque vers Gohlis. Les dragons de
Lithuanie, soutenus par le régiment de dragons de landwehr
de la Nouvelle-Marche, sabrèrent un carré d'un bataillon, qui
s'ouvrit de telle sorte, dit Wagner, qu'un seul escadron le traversa
et que les autres passèrent à côté. Le colonel von Warburg, qui
commandait le régiment de cavalerie, revint alors sur ses pas,
chargea ce bataillon à dos pendant que l'infanterie l'attaquait
it Je donnai à la briga<Je de cavalerie wurtembergeoise, commandée par le
général Normann, l'ordre de charger. Elle refusa (^'abord d'exécuter mes ordres,
el, le moment passé, il n'y avait rien de bien utile à entreprendre. A l'arrivée
du second ordre, elle s'ébranla cependant : mais, se jetant sur un bataillon du
i®' régiment de marine, le culbuta, au lieu de se précipiter sur Tennemi qui se
rétablit et recommença son offensive. . . »
La conduite tenue par ie général Normann, deux jours après, et sa désertion
sur le champ de bataille, permettent de croire que le récit du maréchal est plus
txact que ceux des auteurs allemands et russes.
M. H. L. 16
— 242 —
de front, Fenfonça el le dispersa. Enfin, à la droite des Français,
Dombrowski avait été tardivement renforcé par la division Del-
mas, du 3* corps, et avait obligé Langeron à se replier momenta-
nément; mais il fut pourtant forcé d'abandonner définitivemeDi
Widderitsch, pendant que le général von Korff rejoignait, ave(
ses cosaques, sur la route de Dûben, le parc et le convoi do
3» corps et lui enlevait une quantité de chariots.
La bataille de Môckern méritait, au point de vue spécial
qui nous occupe, d'être examinée en détail. Elle présente,
comme le dit le général von Colomb, celte particularité que la
cavalerie y joua le rôle principal. C'est, en effet, cette cavalerie
qui décida du succès de la journée; c'est elle qui réussit à assu-
rer à l'infanterie d'York la possession de Môckern, la clef du
champ de bataille, à un moment où malgré tous ses efforts cette
infanterie allait être obligée d'abandonner à nouveau cette posi-
tion, qu'elle n'aurait peut-être pu arriver à reprendre que le len-
demain et de toutes façons qu'au prix de nouvelles pertes.
La journée de Môckern, dit encore le général von Colomb, n'est
pas moins instructive, quoique sous un tout autre rapport, que
celle de Lieberlwolkwitz. A Môckern, la cavalerie n'eut pas à
lutter rien que contre la cavalerie française; elle eut affaire aux
trois armes; un seul moment d'hésitation et Môckern retombait
entre les mains des Français Des combats dans le genre de
celui de Môckern* peuvent encore se présenter de nos jours et
donner à la cavalerie l'occasion de jouer un rôle décisif sur le
champ de bataille. Une infanterie ébranlée par le combat n'est
pas un adversaire si terrible, surtout quand on peut réussir à la
surprendre. Le commandant de la cavalerie doit épier ce mo-
ment, en profiter, et pour cela il lui faut s'approcher autant
que faire se peut. Une fois le moment venu il doit se jeter si
vivement sur l'ennemi que celui-ci n'ait même pas le temps de
se rallier On a reconnu universellement que la victoire de
Môckern était due à la cavalerie, et le premier qui rendit à celte
arme la justice qui lui éiaitdue fut le général York, qui s'adressa
en ces termes au major von Sohr au moment où après la bataille
^ Le général von Colomb fait ici allusion au désordre et à la confasion qoi
B^étaient mis partout à la suite d'une lutte opiniâtre.
— 243 —
I passait, quoique blessé assez grièvement, à cheval devant lui i
(C'est à vous seul que je dois la victoire que nous venons de
■emporter; je n'oublierai jamais ce que vous et voti-e brave régi^
nciil vous avez fait aujourd'hui. »
La journée du 17 octobre se passa tranquillement de part et
l'autre, sauf du côté de l'armée de Silésie, à Ëuteritzch. Blûcher
mant que les Français occupaient encore Ëuteritzch et Gohlis,
ordonna au général Wassiltchikoff de se porter sur ce point avec
la i« division de hussards russes et quelques régiments de cosa-
ques, qu'il 6t protéger par une grande batterie de 24 pièces éta-
blie en avant de Widderitzch. Les Français craignant d'être
coupés et tournés par l'infanterie de l'armée de Silésie, abandon-
nèrent Euteritzcb en faisant couvrir leur retraite par le 8> corps de
cavalerie du duc de Padoue; mais ce corps, s*étant laissé entraî-
ner à la poursuite des cosaques, fut mis en déroule par les régi-
ments de Mariopol, d'Akhtyrka, Wassiltchikoff II, d'Alexandria
et delà Russie blanche, qui le ramenèrent jusqu'auprès de Pfat-
fendorf, et enlevèrent à un parc quelques pièces de canon. La
cavalerie russe ne fut arrêtée que par un carré d'infanterie, et se
retira en bon ordre sur les troupes de Sacken, postées à Gohlis,
emmenant avec elle 5 canons et plus de 500 prisonniers. Au mo-
ment même où Blûcher voulait dessiner son mouvement, il reçut
deSchwaraenberg l'ordre de cesser le combat et de ne rien entre-
prendre avant le lendemain. Les corps de Sacken et d'York s'ar-
rêtèrent donc en vue de Pfaffendorf et du faubourg de Halle.
Le même jour, 17, l'armée du prince royal de Suède avait pris
position sur les hauteurs entre Breitenfeld et Klein-Podelwitz,
et quelques heures auparavant la cavalerie de Winzingerode
avait surpris et enlevé, à Taucha, 3 officiers et 400 hommes.
Dans la nuit du 17 au 18, vers 3 heures du matin, Platoff, qui
se trouvait à l'extrême droite de l'armée de Pologne, se mettait
en route sur Hirschfeld afin de tourner l'aile gauche française,
traversait la route de Wurzen et se reliait sur la roule d'Eilen-
t^urg aux patrouilles de cavalerie du général Emmanuel. L'appa-
''ition des cosaques jeta le trouble et la confusion dans les parcs
et convois qui se trouvaient entre Sommerfeld et Melkau.
^ 18, alors que les Français étaient obligés d'abandonner
Saalsdorf, qu'ils avaient enlevé le matin, et que les alliés, qui
essayaient de s'emparer d'Holzhausen, pliaient sous le feu de
— 244 -
Tarlillerie française, le 2» corps de cavalerie (Sébasliani) se jeti
sur la 12« division d'infanterie russe, mais il fut repoussé par lei
régiments d'infanterie de Smolensk et de Narva. La cavalerii
autrichienne, conduite par Klenau en personne, poursuivit l'en
nemi, qui se relira d'Holzhausen sur le Steinberg. Ce mouvemen
rétrograde obligea les troupes hessoises et badoises à se replie
sur Slôtteritz. Le détachement de cavalerie russe du généra
major Kreuz, soutenu par une partie de la cavalerie du générai
Tschaplitz (6 escadrons de hussards sous les ordres du généra
Dechtiarefif, 6 escadrons de uhlans sous les ordres du colonel
baron Benningsen et 3 escadrons de la landwehr de Pensa sous
les ordres du colonel Besobratzoff), traversa rapidement le vil-
lage de Zweinaundorf, et eut une affaire assez chaude avec Ifô
cuirassiers français; mais cette cavalerie s'exposa au feu des
batteries françaises, qui lui fit éprouver de grosses pertes.
Lorsque les Français évacuèrent Holzhausen, cette cavalerie
reçut l'ordre de passer entre Zuckelhausen et Stôtteritz et de se
jeter sur l'ennemi qui se retirait en désordre; elle s'avança mal-
gré le feu meurtrier des batteries françaises, mais elle n'arriva
pas à temps pour couper la retraite à l'infanterie. Seuls deux
escadrons de hussards de Grodno réussirent à atteindre et à
enlever quelques bouches à feu.
Du côté de l'armée de Bohême, où tout se borna jusque vers
2 heures du soir à une canonnade assez vive, la cavalerie du gé-
néral comte Pahlen III, renforcée par la 2« division de cuiras-
siers du général-lieutenant Crétoff, servit pendant la plus grande
partie de la matinée à relier entre elles les colonnes du prince
Gortchakoff et du prince Eugène de Wurtemberg.
a Cependant, après que la jeune garde eut repoussé une attaque
conduite par Colloredo en personne, la cavfilerie du l«f corps
français s'élança au delà de Probstheyda, Bordesoulle à la gauche,
Doumerc à la droite. Ces divisions firent plusieurs charges auda-
cieuses, culbutèrent les cuirassiers russes et les régiments de
cavalerie autrichienne et prussienne qui venaient les secourir.
Pénétrant au milieu des escadrons alliés, elles les ramenèrent
jusque sous le feu des grenadiers. L'intervention de la cavalerie
française réduisit les alliés à la défensive sur le point le pl"^
important de la ligne. L'infanterie du 2^ corps suivait l'élan de
Il cavalerie U de la jeune Garde; elles débouchent de Proies-
— 245 —
theyda. Mais Napoléon veillant sur tout le front de la bataille, et
particulièrement sur le centre, qui formait un saillant très
avancé, arrêta le mouvement î ^ »
Ce fut à ce moment même que Schwarzenberg, inquiet de la
tournure que prenaient les aflaires, fit avancer au pas de course
ses réserves et appela à Grôbern le corps de Gyulay pour y sou-
tenir les troupes engagées sur la rive droite de la Pleisse. Ce
mouvenaent, qui s'exécuta à Tinstant où le corps Bertrand se
portait de Lindenau sur Markrannstedt, assurait à l'armée fran-
çaise la possession de Tunique ligne de retraite conduisant vers
le Rhin.
Du côté de Schônfeld, le corps de Langeron, que Bliicher avait
placé monientanément à la disposition de Bernadotte et qui fai-
sait par conséquent partie de l'armée du Nord, avait traversé,
vers 10 heures, la Pariha, à gué, près de Plosen, et poussé sur
la route de Taucha à Leipzig. De ce côté aussi les alliés ne firent
que peu de progrès et la cavalerie ne joua qu'un rôle assez
effacé. Ce furent cependant l'apparition à Heiterblick des dragons
du général Emmanuel et des cosaques de Platoff et l'arrivée de
la cavalerie de Winzingerode, venant de Taucha, qui causèrent
la défection de la brigade de cavalerie légère saxonne et du ba-
taillon d'infanterie saxonne de Sahr*. Peu de temps après, la
brigade de cavalerie wurtembergeoise du général Norman n pas-
* Général Pèlet, Des principales opérations de la campagne de 4813.
* Il nous parait intéressant de reproduire, à propos de la défection des
troupes saxonnes, les lignes suivantes extraites d'une lettre adressée par Ney
au major-général^ le 12 septembre, et reproduite par le général Pelet dans son
livre : Des principales opérations de la campagne de 1813.
« Votre Altesse doit aussi être instruite que les troupes étrangères de toutes
îiations manifestent le plus mauvais esprit et qu'il est douteux si la cavalerie
que j'ai avec moi n*esl pas plus nuisible qu'utile... Tel est l'esprit de l'armée
saxonne ; et il n'est pas douteux que les troupes, particulièrement la cavalerie,
ne tournent leurs armes contre nous à la première occasion. Si, comme je le
crois, le gouvernement de cette nation ne partage pas les principes de l'armée,
il est à désirer qu'il prenne sur-le-champ des mesures pour rappeler les
hommes les plus turbulents et pour en imposer aux autres. . . »
Ney, on le voit, prévoyait, six semaines à l'avance, la défection des Saxons.
Un peu plus tard, lo 23 septembre, il revient encore sur le même sujet et
écrit au major-général :
« Quoi qu'en dise M. le général Reynierje plus mauvais esprit règne parmi
If's généraux et officiers et même les soldats saxons, depuis qu'ils ont la certi-
tude que le prince de Suède fait former une légion de prisonniers et de déser-
- 246 -
sait également à l'enneini : les Wurtemberjçeois eurent du moinj
la pudeur de refuser de combattre contre leurs anciens compa-
gnons d*armes, tandis que les Saxons, au contraire, prirent im-
médiatement part à la bataille dans les rangs des alliés.
Jusque vers 2 heures, les Français avaient réussi à repousseï
les armées de Bohême et de Silésie, et l'armée de Benningsen
arrêtée devant les villages de Stôtteritz et de Paunsdorff, at-
tendait pour tenter un nouvel efifort que toute Tarmée du
Nord fût entrée en ligne. Ce fut un peu après 2 heures que
Bùlow et Bubna se portèrent sur Paunsdorf et repoussèrent Dur-
rutte sur Sellershausen, et que le reste des troupes saxonnes passa
à l'ennemi au moment même où la cavalerie de Sébastiani et de
Waller était sur le point de se porter en avant pour crever les
lignes assez minces des troupes de Benningsen. Pour les Fran-
çais, il importait avant tout de porter remède à une situation
favorable jusque-là, mais que la désertion des Saxons venait de
compromettre. Ney lança à cet effet sur l'ennemi la cavalerie de
la garde du général de Nansouty, soutenue par les 2« et 5« corps
de cavalerie, et peu s'en fallut que Benningsen lui-même ne fûl
enlevé par les cavaliers français, qui furent obligés de se relireij
devant le feu écrasant des batteries. Leur retraite fut inquiétée
par la cavalerie de Tschaplitz.
Un peu plus tard ce fut encore la cavalerie française qui
essaya d'arrêter les progrès des alliés du côté de Zweinaundorf;
ses efforts vinrent se briser sur les canons des alliés, et les ca.
leurs de cette nation ; i! est vivement à craindre que tout ne soit entraîné et
n'occasionne la défection des autres troupes alliées ..»
Il est juste de compléter ces extraits de la correspondance de Ney.
Après avoir prévu la défection des Saxons, Ney obligea Durutte à déployer
les Shxous et à les lancer contre Paunsdorf. Ce fut à ce moment que Tinfao-
terie saxonne déserta. Mais Bernadolte, moins généreux que Blûcher, plaça les
Saxons dans ses rangs et employa leur artillerie pour augmenter l'efTet de la
sienne dont une partie était en arriére. Ce fut à ce moment que le commaii'
dant de Tartillerie saxonne lui dit avec un horrible sang-froid : a U vt«ni àt
ton%omiiMT la moitié de met munilions avec les Françaie, je vêtue employer It
reste contre eux, »
Pour ceux, du reste, qui connaissent le caractère de Bliicher, et l'idée qu'il
se faisait de l'honneur militaire, sa conduite à l'égard des Saxons n'a rien de
surprenant. Qu'on se rappelle, en effet, la réponse qu'il fit lorsque, en 1813,
on lui montra la cocarde blanche de Bourmont qui venait de déserter- Weleh^
set die Farhê, Hundsfott bleibt Hundsfott (Quelle que soit sa cocarde, un
coquin reste un coquin). Et le feld-maréchal se détourna de lui avec dégoût.
— 247 -
valiers français durent finalement se retirer devant la cavalerie
des généraux Tschaplitz et Kreuz et devant le régiment de cosa*
ques de Pensa.
Au centre, entre Probstheyda et Slôlteritz, la brigade de cui-
rassiers saxons du général Lessing^qui n'avait pu suivre Texem-
ple du reste des troupes saxonnes et qui servait de soutien aux
batteries de Slôttoritz, refusa de se conformer aux ordres du gé-
nérai Bordesoulle et de charger la cavalerie russe qui menaçait
ces batteries, en donnant pour prétexte Tétat d'épuisement de
ses chevaux. Du restp, ces cuirassiers passèrent à l'ennemi avec
le bataillon de grenadiers saxons dans la nuit du 18 au 19. Pe
ce côté les cuirassiers français, après avoir repoussé les tirailleurs
russes, furent obligés de se retirer devant la cavalerie de Fabien,
laquelle échoua complètement dans sa tentative d'enlèvement
des batteries de Stôtteritz.
Enfin, vers la fin de la sanglante bataille du 18, la cavalerie
du corps Winzingerode, sous les ordres des généraux Orurck et
HanteuSel, chargea aux environs de Volkmarsdorf la division
Delmas, du 3^ corps, qu'elle bouscula et à laquelle elle enleva
4 bouches à feu.
Comme il est facile de le remarquer, les missions confiées à
la cavalerie furent de part et d'autre beaucoup moins impor-
tantes dans la journée du 18 que dans celle du 16, et l'on ne
saurait guère tirer aucun enseigaement réellement utile du rôle
qu'elle joua dans cette journée.
L'armée française avait commencé sa retraite dans l'après-
ïûidi du 18 ; la poursuite après la victoire fut menée avec une
assez grande mollesse, et Blûcher seul imprima son activité et
son énergie ordinaires à la cavalerie qu'il envoya sur les talons
des Français. On se contenta de mettre en mouvement les corps
d'York et de Gyulay; mais York était obligé par la position
même qu'il occupait et la nature marécageuse du terrain de se
porter par Merseburg sur Freiburg. Gyulay, posté sur la rive
gauche de TEIsler, aurait pu plus facilement tomber sur le flanc
de l'armée française, mais il reçut l'ordre de se porter avec son
^^''ps, la division légère du prince Maurice de Lichtenstein, les
détachements volants de Thielmann et du comte Mensdorff sur
P^gau et d'éviter tout engagement. La direction donnée à Gyu-
^ ^éloignait donc de la ligne de retraite de l'ennemi, dont la
— 248 -
poursuite fut en réalité confiée à la division Bubna et au corps
de cosaques de Platoff, tous deux postés à Taile droite des
alliés, à 12 kilomètres au moins de TElster. Et encore ce ne
fut que le 19, vers 8 heures du matin, que Scbwarzenberg en-
voya à Bubna Tordre de se mettre en route !
Du côté des Français la cavalerie n*avait pas montré le 18
le même entrain, la même ardeur que dans les journées des
14 et 16 octobre.
Il est juste de reconnaître que la situation s*était singulière-
ment modifiée; tout le monde, l'Empereur comme ses lieute-
nants, devait sentir qu'il ne s'agissait plus de remporter une
victoire, mais seulement d'assurer le salut de Tarmée. La déser-
tion, sur le champ de bataille même, des troupes saxonnes et
wurlembergeoises, vint encore aggraver et compromettre la si-
tuation et dut influer sur le moral des hommes. Au lieu de
chercher comme le 16 à percer et à rompre les lignes de Ten-
nemi, on se contenta d'arrêter ses progrès, de ralentir sa mar-
che, et la cavalerie ne fut guère employée que dans les circon-
stances critiques, où elle continua à faire prouve de sa bra-
voure et de son dévouement habituels.
Enfin le rôle de la cavalerie de l'armée alliée pendant la ba-
taille même fut également plus effacé et plus terne; on paraît
avoir voulu, si ce n'est la ménager, du moins ne pas la prodi-
guer inutilement.
Pendant la journée du 19 la cavalerie eut forcément peu à faire.
Elle avait cherché pendant la nuit du 18 au 19 à se rendre un
compte exact du mouvement de retraite de l'armée française,
mais malgré tous ses efforts elle ne put arriver à recueillir avant
le jour des renseignements certains, et naturellement la cavalerie
n'eut rien ou presque rien à faire tant dans la marche de ce jour
que lors de l'entrée à Leipzig. Seul le général Emmanuel, arrivant
par hasard avec une douzaine de cavaliers près du pont de l'Els-
ter, au moment où on le faisait sauter, fit prisonniers les généraux
Lauriston et Vissant, 17 officiers et 400 hommes.
La cavalerie du général Kreuz (de l'année de Pologne) reçut
le 19 au soir l'ordre de se porter vers Lùtzen; elle dut traverser
l'Elsler et la Pleisse à la nage, et força l'artillerie française à
cesser le feu, tandis que la cavalerie de réserve du colonel von
Jurgass qui avait passé la Saale, recevant l'avis que les Français
— 249 -^
se reliraient sur Weissenfels, envoya dans cette direction se»
cosaques et sa cavalerie légère.
Gyulay, de son côté, avec la division Lichtenstein, les corps
volants de Thieliuann et Mensdorff, avait reçu à Pegau Tordre
d'occuper le défilé de Kôsen, et se porta en conséquence sur
Naumburg oCi il arriva le 20 au soir; mais au lieu d'occuper
immédiatement le défilé, il ne marcha sur Kôsen que le lende-
main. Bertrand profita de cette faute pour occuper fortement la
rive gauche de la Saale, et rejeter sur la rive droite les quelques
troupes que les alliés avaient lancées de l'autre côté de cette
rivière. L'Empereur, reconnaissant malgré cela que la retraite
par la route de Naumburg à Weimar présenterait de grandes
difficultés, donna l'ordre à son armée de se replier par Weissen-
fels et Freiburg.
]/impossibilité dans laquelle se trouvèrent les alliés d'em-
ployer utilement pendant la journée du 18 une grosse partie de
leur cavalerie sur le champ de bataille même, est une preuve de
plus du peu de perspicacité du généralissime autrichien. Il est
également évident que les conséquences des batailles de Leipzig
eussent été tout autres, si, comme le voulait Blûcher, on avait
envoyé le gros de la cavalerie sur la ligne de retraite de l'armée
française, et si au lieu de suivre mollement et timidement les
corps français afl'aiblis, épuisés et ébranlés par cette grande
lutte de trois jours, cette cavalerie les avait harcelés, in-
quiétés, ne leur laissant ni trêve ni répit. En un mot, avec
"ne cavalerie bien conduite il est peu probable que, malgré
les avantages remportés par Bertrand à Lindenau, le gros de
'armée française fût parvenu à se frayer une route jusqu'au
Rhin.
Les lenteurs de Gyulay et de Nostiz, qui n'arrivèrent que le
20 au soir à Naumburg et ne se portèrent sur Kôsen que le 21 ,
permirent à Bertrand de rejeter les avant-gardes autrichiennes
sur la rive droite de la Saale et de couvrir le mouvement de re-
li'aite de l'armée sur Freiburg et Eckartsberg.
Quelques auteurs et quelques documents allemands et autri-
chiens ont cherché à établir que le feldzeugmestre Gyulay avait
^^ussi dans la mission que Schwarzenberg lui avait confit^e, et
dont le généralissime, du reste, a causé en grande partie l'in-
succès par ses contre-ordres continuels et ses incessantes hési-
- Î80 —
talions. PcHir dissiper, d'ailleurs, toas les doutes, il suffira
dire que les Armée Nachrtchien, publiées par le quartier géi
rai, constatent le fait que nous signalons, et que même loi
peu suspect de partialité à Tégard des Français, écrit dans
Tableau de la campagne d'automne : « Le même soir (21) Gyuli
eut une affaire très chaude près de Naumburg; le général a^
fait occuper par un détachement le défilé de Kôsen. Ce défilé
présente la position la pins formidable du côté de Naumburg,
n'est susceptible d'aucune défense contre un ennemi débouchaot
par la gauche de la Saale. Aussi le général BertraDd, que Na-
poléon y envoya pour protéger sa retraite, n'eut-il pas de peine
pour en chasser les Autrichiens. Une fois les ennemis maîtres
du défilé, il était difficile de les en déloger. »
En vain Gyulay en ordonna-t-il l'attaque à plusieurs reprises :
tous les efforts des Autrichiens furent contenus par la seule
division Guilleminot.
Pendant la journée du 20, la cavalerie de Platoff, de Thiel-
mann et d'Ilowaïski se contenta de harceler les flancs des co-
lonnes françaises.
Blûcher fut le seul qui tenta ce jour-là, comme les jours sui-
vants, d'inquiéter quelque peu sérieusement la retraite des
Français, York se porta, à la tête de la cavalerie de réserve
et de 2 butteries à cheval, par Lauchsledt et Frankenlebea sur
Reichardzwerben, après avoir poussé plus à droite des partis
de cavalerie qu'il avait chargés de battre le pays, avec l'ordre
de lui faire savoir si quelques corps ennemis ne cherchaient
pas, en passant par Querfurth, à atteindre Magdeburg.
D'autres partis envoyés contre Freiburg et Laucha pour sur-
veiller les passages de l'Unstruth signalèrent sur la route de
Merseburg, à Freiburg, à Reichardzwerben la présence d'un
corps français qui y avait pris position afin de couvrir la marche
de l'armée. Mais comme cette cavalerie n'était pas soutenue par
l'infanterie, elle se contenta de canonner et d^observer l'ennemi
La cavalerie russe de Wassiltchikoff passa l'Elster aux envi-
rons de Liitzen et ramassa une certaine quantité de traînards et
d'isolés. La cavalerie du général Kreuz suivit le mouvement de
Wassiltchikoff jusqu'à Lûizen. Elle se porta ensuite de Lûtzen
plus à droite vers Dôrrenberg et remonta la Saale jusqu'à Eplitz»
où elle ramassa environ 800 isolés.
-- ai -
Le 21 octobre, Gyulay essaya vainement de déloger Bertrand
qui, posté sur les hauteurs de Neukôsen, ne se mit en retraite sur
Eekartsberga que vers 10 heures du soir; un seul régiment de
cavalerie aatrichienne le suivit.
L'Empereur profita des fautes et des hésitations de Gyulay,
de la mollesse inexplicable de la poursuite, pour reformer ses
troupes et remettre de l'ordre dans la marche de ses corps. Les
Français voulurent encore ce jour-là tenter de faire passer une
partie de leurs troupes par Weimar, mais ils trouvèrent cette
ville occupée par le détachement du général Ilowaisky composé
des 3 régiments cosaques Ilowaïsky 12, Grekoff 1 et Gpekoff 8,
et d'un régiment combiné sous les ordres du lieutenant-colonel
Khrapowitzki *.
De même que la veille ce fut encore le corps dTork, de l'ar-
mée de Silésie, qui seul inquiéta un peu sérieusement la retraite.
Les Français ne pouvant passer l'Unstrutt qu'à Freiburg ou à
Laucha, York résolut de se porter simultanément sur ces deax
points et forma à cet effet une nouvelle avant-garde forte de 7 à
B bataillons d*infanterie, 16 escadrons et deux batteries dont
une à cheval,, qu'il plaça sous les ordres du colonel comte Hen-
ckel von Donnersmark.
Mais comme à la suite de l'engagement de cavalerie qui avait
eu lieu la veille à Reichardzwerben, les Français avaient renoncé
à suivre la route de Laucha et s'étaient portés en une seule
colonne sur Freiburg, le colonel von Jûrgass, qui commandait la
cavalerie 3e réserve, reçut l'ordre de ne laisser à Reichardzwer-
ben que les grand'gnrdes et un régiment de cavalerie» et de filer
avec 1q reste de sa oavalerie et son artillerie à cheval sur Bôda,
où il devait élre rendu à 7 heures du matin et d'où il fut dirigé
d'abord sur Markrolitz, puis sur Zerfeldt.
Le colonel comte Henckel von Donnersmark avait de son côté
l'ordre de se porter sur Laucha en passant par Bauroerode. Arrivé
^ur ce point il apprit qu'un convoi de prisonniers, escorté par
Qne petite troupe d'infanterie^ avait passé la nuit dans le village
et l'avait quitté peu de temps auparavant. Laissant derrière lui
' Thieimann qui, de son côté, était arrivé à Weimar le 22 octobre au matin,
avait aussilôt poussé de-? avant-postes dans la direction d*Erfurt.
— 25Ï —
son infanterie, le colonel Henckel s'élança sur les traces du con-
voi, qu'il rejoignit près de Gleina et dont il fît charger Tescorte
par deux de ses régiments de cavalerie (3« régiment de hussard^
du Roi et un régiment de uhlans saxons). Les cavaliers sabrèreoi
et dispersèrent l'escorte, remirent environ 4,000 prisonniers alliés
en liberté; puis, comme il n'y avait pas trace de troupes françaises
du côté de Laucha, on rappela le détachement Henckel vers Frei-
burg. Malgré tous les efforts d'York les troupes françaises parvia-j
rent cependant à passer TUnstrutt sans trop de peine. L'Empereur^
avait donc réussi à arrêter l'ennemi, d'abord sur les bords de la
Saale, puis sur ceux de l'Unstrutt, et à remettre par suite un pea
d'ordre dans son armée. Dans la nuit du 21 au 22 octobre l'ar-
rière-garde française repassa l'Unstrutt et se réunit à Eckarls-
berga avec le gros de l'armée. La cavalerie du général Kreuz
n'avait pas dépassé ce jour-là Reichardzwerben et Bussendorf.
Le lendemain 22, toute l'armée de Blùcher était concentrée à
Freiburg; mais comme elle aurait dû pour franchir l'Unstrutt
attendre qu'on eût réparé tous les ponts détruits par les Français,
Blûcher préféra se porter par Langensalza sur Eisenach, dans
l'espoir de tomber sur les flancs et les derrières de l'ennemi et
d'empêcher l'Empereur de laisser reprendre haleine à ses troupes
à Erfurt.
L'armée française quitta Eckartsberga se portant sur Erfurt par
Buttelstâdt où elle s'arrêta : l'arrière-garde se maintint sur la
position d'Ëckartsberga.
L'Empereur sachant déjà à ce moment que Weimar était
occupé par les Russes, se contenta par suite de pousser contre
cette ville le général Desnoëttes avec 5,000 chevaux. Favorisée par
un épais brouillard la cavalerie française réussit à surprendre les
cosaques dePlatofif arrivés à Weimar depuis la veille, et même
à pénétrer dans la ville; mais attaquée de flanc par la cavalerie
russe, harcelée de tous côtés par les cosaques et chargée de
front par les dragons autrichiens au moment où elle s'y attendait
le moins, cette cavalerie dut abandonner presque aussitôt Wei-
mar et se retirer sur Buttelstâdt en laissant un certain nombre
de prisonniers entre les mains de Platoff.
* Voir Correspondance, lettres 20818 et 20819, datées de Weissenfels,
20 octobre, 6 heures do soir.
— 253 —
Le même jour el sur l'ordre 'le Tenipereur Alexandre, le géné-
ral aide de camp Oserowski avait poussé jusqu'à Auerstaedt avec
12 escadrons de cavalerie de la garde russe (régiments de dra-
gons et hussards de la garde et 2 escadrons de uhians de la
garde) el une section d'artillerie à cheval.
De tout ce qui précède, il est facile de voir quels résultats les
alliés auraient pu tirer d'une poursuite vigoureusement conduite.
Si Gyulay, entre autres, avait, comme cela lui était très aisé,
devancé et prévenu les Français à Kôsen, Freiburg ou Laucha,
la situation de l'armée française qui se retirait en désordre et
que les Autrichiens auraient attaquée de front, pendant que York
l'aurait prise à revers, aurait été presque désespérée ; mais cet
officier général marcha au contraire avec une lenteur inexplicable
et ses hésitations retardèrent la marche des corps qui le suivaient.
Tandis qu'on cherchait à porter un remède tardif à cet état de
choses en constituant une avant-garde spéciale sous les ordres
dePahlen, le colonel russe Khrapowilzki s'était jeté le 21 oc-
tobre sur Gotha avec un détachement composé de 500 hommes
des régiments de hussards de Pavlograd, de uhians de Volhynie
et de cosaques de Diatschkin; il y avait enlevé le baron deSaint-
Aignan, ministre de France auprès de la cour grand-ducale,
13 officiers et 900 hommes, et fait sauter 30 caissons de poudre.
D'autre part et dès le 23 octobre, alors que l'Empereur se reti-
rait d'OUendorf sur Erfurl, B:irclay de Tolli fatigué des lenteurs
de cette poursuite, prescrivait à Wittgenslein de dépasser le corps
de Gyulay, de poursuivre viy;oureusement les Français avec son
wrps d'armée et la cavalerie prussienne de réserve. En même
ipmps le général Oserowski * avec sa cavalerie devait, sur un ordre
direct donné par l'empereur Alexandre, couvrir le flanc gauche
f^e l'avant-garde de Witigenstein en se portant d'Auerstaedt sur
BûUelstàdt. Cette avant-garde, sous les ordres de Pahlen, se com-
posait, sans parler de sa cavalerie légère, de la 3« division de cui-
rassiers, de la cavalerie de réserve du général Rôder avec la
23* compagnie à cheval et les batteries à cheval n®» 7 et 8, et
<^evait se porter d'Eckartsberga sur Bûttelstàdt*. Pahlen prescri-
Le détachement da général Oserowski se composait des régiments finlan-
^^is, des hussards et des dragons de la garde, de deux escadrons de uhians de
^ ^arde et de deux pièces d'artillerie à cheval.
* Rapports de Barclay de TolU à l'empereur Alexandre, n" 7Î5-786. .
— 254 —
vit h la cavalerie du général Oserowski de se porter sur Weidei
et Dasdorf, opéra sa jonction avec le détachement du généra
Kreuz (de l'armée de Pologne), qu'il envoya sur son aile droite
et résolut de franchir le ravin situé au-dessous de Bûttelstâd
et d'attaquer l'ennemi. Les uhlans de TchougouiefiF avec 4 piècei
d'artillerie à cheval marchaient en tète de colonne et pénétrèren
dans Bûttelstâdt que les Français évacuèrent, mais ils furesl
presque immédiatement chargés par la cavalerie française. Sou-
tenus quelques instants plus tard par les autres régiments, ils
réussirent à forcer les cavaliers français à se replier- Le mouve-
ment rétrograde de ceux-ci fut dû en grande partie à rapparitioQ
des cosaques qui, débouchant par Schwerstâdt, les prirent à re-
vers. Ils se retirèrent jusqu'à Ramsla où ils furent recueillis par
leur iafanterie. Le 23 au soir, l'arrière-garde française conlinua
son mouvement de retraite sur Ërfurt.
L'armée de Siiésie ne put faire ce jour-là que bien peu de
chemin ; le mauvais état des routes et les difficultés qu'offrit le
passage du défilé de Rastenberg ralentirent considérablement sa
marche.
Mais Schwarzenberg, convaincu que l'Empereur allait chercher
à se maintenir à Erfurt et aurait peut-être l'intention d'y offrir
la bataille aux alliés, crut devoir une fois de plus ralentir la
poursuite, concentrer l'armée de Bohême en avant de Weimar,
pendant que l'armée de Siiésie, passant par Langensalza, débor-
derait la gauche de l'ennemi, que l'armée du Nord se porterait
sur Artern et que les corps volants d'Ilowaiski 42, Platoffet
Thielmann* se jetleraient entre Erfurt et Gotha sur les derrières
de l'armée française. En même temps il interdisait à la cavalerie
de Pahlen de dépasser Ollendorf et lui ordonnait d'y attendre le j
3« corps autrichien. Il n'y eut ce jour-là, 24 octobre, du côté de
Kerpsleben que quelques escarmouches insignifiantes entre
Tarrière-garde française, la cavalerie du général Kreuz et le
2® régiment de hussards d'Izoum qui, sous les ordres du générai
Seslavin, formaient la pointe de la colonne de cavalerie de
Pahlen.
1 Le corps volant de Thielmann, qui était devenu commandant en chef d^
troupes saxonnes, passa, comme le corps du colonel Mensdorif, seois les ordres
du généf al aide de camp comte Orloff Dennisoff.
- 258 -
Le même jour, le colonel Khrapowitzki opérait sa jonction avec
}s détachements d'Iiowaiski et de Tchernilcheff que venait de
enforcerun régiment de cosaques.
Le lendemain 35 octobre, ces deux corps réunis attaquèrent
t culbutèrent entre Eisenach et Magdebourg, après un combat
ssez vif, la cavalerie du général Fournier. llowaïski continua sa
}ute dans la direction de la Fulda.
Mais, contrairenient aux prévisions de Schwarzenberg, l'Em-
ereur, informé de la marche des Austro-Bavarois, craignant avec
isle raison d'être pris entre deux feux s'il s'attardait à Erfurt,
le s'y arrêta que le temps strictement nécessaire pour reformer
es troupes, renouveler ses approvisionnements, ravitailler son
irlillerie et ses parcs, et dès le 24, son avant-garde, composée
les corps de Victor et de Macdonald et de la cavalerie de Sébas-
iani, se remettait en mouvement vers Gotha et était suivie le len-
nain par le reste de l'armée.
Du côté des alliés, on se borna, h 2o octobre, à pousser quel-
|aes timides reconnaissances dans la direction d'Erfiirt, et
îomme Tarrière-garde française ne quitta ses positions que dans
'après-midi de ce jour, ne traversa Erfurt que vers six heures
lu soir pour venir prendre position de l'autre côté de la ville,
comme les pointes envoyées du côté d'Erfurt avaient simplement
constaté que les Français paraissaient se retirer vers Kerpsleben
pour se rapprocher d'Erfurt, comme on savait que la place était
ïûise en état de défense, les avant-gardes alliées restèrent sur
leurs positions de la veille et la chaîne des vedettes fut seule rap-
prochée d'Erfurt. il en résulla que l'Empereur réussit à gagner
sw la principale des armées alliées une avance d'une grande
jouraée de marche et à lui faire en réalité perdre le contact; car
si la marche des colonnes ne cessa pas d'être côtoyée et harce-
lée, même au delà des débouchés de la forêt deThuringe, parles
cosaques de Platoff, Ilowaïsky et Orloff Dennisoff, il n'y eut plus
^vrai dire à partir de ce motnent de combat d'arrière-garde entre
les Français et Tavant-garde de r armée de Bohême.
Il nous paraît d'autant plus inutile et superflu d'insister sur
celte faute et sur les avantages qu'aurait pu tirer Schwarzenberg
4'une poursuite moins molle et moins timide, que Blûcher allait
^ charger de démontrer au généralissime autrichien ce que
celte poursuite aurait dû être.
- 256 -
Blûcher ne pouvant se résigner à laisser échslîï)per l'ennemi
vaincu, s'était mis en marche dès le 24 pour essayer de g^
les flancs et les derrières des débris de l'armée française, en pas^
sant par Langensalza, et, dès le 25, sachant que Tennemi ope
rait sa retraite en lix)is échelons, que le premier de ces écheloui
avait dépassé Eisenach le 24, que le deuxième y serait le 25,
le dernier enfin allait y passer le lendemain, sachant en oulrt
que cette colonne aurait à franchir à peu de distance d'Ëisenacli
un étroit défilé situé au pied du Hôrselberg, il prescrivit, le 25,
à toute sa cavalerie et à toute son artillerie à cheval de se porter
rapidement sur Eisenach et d'occuper fortement avant le 26 au
matin le Hôrselberg. Le 26 au matin, une grosse colonne fran
çaise, le 4® corps (Bertrand), déboucha en eff'et par la route de
Gotha à Eisenach. L'artillerie à cheval prussienne lui fit subir des
pertes sérieuses; mais la configuration du terrain ne permit pasà
la cavalerie de se jeter sur le 4^ corps, et ce ne fut que vers le soir,
au moment où la plus grande partie de la colonne avait déji)
passé le défilé, alors que le village d'Eichrodt était déjà fortement
occupé par les troupes de Bertrand, qu'une division d'infanterie
du corps York essaya vainement d'enlever ce village que Ber-
trand évacua pendant la nuit. Il en résulta qu'au lieu de pouvoir
suivre la grande route, Bertrand se vit obligé à prendre une
route latérale pour se rendre à Vach. On voit donc dans quelle
situation critique se serait trouvée l'armée française si rarmée
de Bohême ne s'était pas attardée à Erfurt; si, donnant la main
à Blûcher, elle avait continué à s'attacher à ses pas jusqu'au mo-
ment où elle aurait enserré dans un cercle de fer celte armée que
Wrède, avec ses Austro-Bavarois, attendait du côté de Hanau. Du
reste, chose à peine croyable, Schwarzenberg paraît avoir atta-
ché si peu de valeur aux renseignements de sa cavalerie et de
ses partisans que le 30 octobre, le jour même où l'Empereur
arrivait à Hanau, le gros de l'armée de Bohême se trouvait
encore à Vach et à Meiningen, à près de 100 kilomètres de
distance de Hanau, et le généralissime autrichien ignorait si
bien les intentions et les mouvements de Napoléon , que ne
sachant pas si pour éviter Wrède il ne songerait pas à se jeter
avec son armée vers Coblenz, il ordonnait à Blûcher de se
porter avec l'armée de Silésie par Giessen sur Wetzlar, et à
Wiltgenstein d'aller avec une partie de la cavalerie de Kleistpar
- 257 —
lersfeld sur AIsfeld. L'excuse alléguée pour justifier la mollesse
tles hésitations du généralissime autrichien, l'état d'épuisement
bs troupes, est dérisoire et ne saurait être prise en considéra-
ion sérieuse. Seuls les corps volants de Platoff, d'Orloff-Denni-
oSy dliowaîskj, de Tchernitcheff, de Mensdorff, continuèrent à
arceler les flancs des colonnes françaises ; mais le généralissime
e sut tirer parti ni du mal que ses partisans faisaient aux Fran-
ais, ni des renseignements qu'ils lui envoyaient. Il devait savoir
«pendant que le 26 octobre Ilowaïsky avait eu encore une af-
aire entre Vach et Hennefeld, que le même jour deux bataillons
lavarois et toute la division wurtembcrgeoise du général Fran*
[uemont ^ avaient quitté les rangs français pour se réunir aux
roupes de Platoff. Il pouvait d'autant moins ignorer les mou-
rements des Français que le 27 octobre Tchernitcheff, à la nou-
velle qu'une partie de la jeune garde avait passé la nuit à Fulda,
ivait appelé à lui le général Ilowaïsky, envoyé le colonel Benken-
lorf à Fulda, où cet oflScier fit 500 prisonniers, pendant que lui-
néme se jetait hardiment entre Tavant-garde et le gros de l'ar-
uée française et attaquait la cavalerie qui marchait en tète du
jros de cette colonne ; que le même jour encore, Platoff tentait
^ Rasdorf, entre Glas et Hûnefeld, un coup de main qui mettait
pendant un certain temps le désordre dans le gros même des co-
lonnes françaises; que le général Orloff-Dennisoff et le colonel
Mensdorfif, perçant entre Vach et Fulda, se mettaient ce même
jour en communication avec les troupes de Wrède.
C'est même précisément le lendemain de ce jour, le 28 octobre,
alors que les Français avaient, grâce à ses hésitations et à sa len-
teur, réussi à prendre une avance considérable, que Schwarzen-
berg songea à modifier les ordres de marche des principales
fractions des armées coalisées, et à ne laisser sur les derrières et
sur les flancs des Français que quelques faibles corps volants.
A cette date, Schwarzenberg ignorait donc encore qu'après le
«ombat qu'il avait eu à soutenir du côté d'Eisenach, le corps de
Sei'trand, passant par Dorndorf et Vach, avait rallié le gros des
' Le général Pelet donne sur le départ des Wurtembergeois des détails confir-
^ par des documents officiels, La lettre adressée par le major-général au
^iiteuant- général comte de Franquemont est particulièrement intéressante.
teral Pelel, page 353 )
M. H. L. ^^
- 858 ^
troupes françaii^^, puisquMl prescrivait à la division légère Bubni
et au %^ corps autrichien de se renseigner sur la marche de c|
corps, et d'envoyer de forts partis pour harceler le 4* corps qu'il
croyait en retraite sur Salzungen. Ep^n, comme il donna m josi
de repQ9 à l'armée de Bohême à Smalkalden et k MeiniDgeOj
comme en même temps il éloignait les troupes de Blûcher et d(i
Wittgensteîn de U route suivie par Tarmée française en les po^
tant plu» à droite, comme il prescrivait en outre, après la halte
faite il Smalkaden, ^u grQ$ 4e Tarmée de Bohême, d'obliqaer
vers la gauche, il en résulta qu'il permit à l'Empereur de se
jeter avec toutes ses forces sur l'armée austfo-bavaroise du gé-
néral de Wrède ^
Ce furent donc les hésitations de gchwarzenberg, ce fut donc
uniquement parce qu'il ne sut pas, et non parce qu'il ne put pas,
comme on a essayé de le dire à son excuse, profiter àes ren-
seignements recueillis à chaque instant par sa cavalerie, que la
victoire des alliés n'eut pas les résultats considérables et immé-
diats qu'un grand capitaine n'eut pas manqué d'en tirer; c'est
pour cela que l'Empereur put effectuer, pour ainsi dire, en ton
ordre une retraite qu'il eût été si simple et si facile de rendre im-
possible, et c'est ainsi que la perte de la bataille de Leipzig "^
devint pas pour l'armée française un désastre, une catastrophe,
et que Napoléon put d'abord prendre l'avance sur un ennenï
qui aurait dû le talonner, le harceler, le couper de sa base,é
qu'il put ensuite culbuter Wrède lorsque celui-ci tenta vaine-
ment de lui barrer la route à Hanau.
Le 8 octobre 1813, comme nous l'avons dit, le roi Maximito-
Joseph de Bavière s'était décidé à signer avec l'Autriche la con-
vention de Ried, par laquelle l'Autriche lui garantissait ses ©a^»
et à donner à son armée l'ordre de marcher avec les Autrichien*
de Frescel contre les troupes françaises. L'armée austro-ta^s-i
rojae, sous les ordres de Wrède, comptait 56,350 hommes, a^^
U6 bouches à feu. Parti de ftraunau le 17 oclobro, Wrède ^^'^
i Pendant ce temps, on avait également changé les ordres de marche Q^
l'armée de Pologne, dont une partie alla renforcer l'armée du prince royal "«
Su^de, tandis que le gros, sons les ordres de Benningsen, se repor'ai^ ^^
Dresde, A peu près à la même époque, le 28 octobre, le coçps àint-P''®^»
rejoint par le détachement du général Woroozoff, avait réocci]^ Cassai et reo*
versé définitivement le gouvernement du roi Jérôme.
- 259 —
le 27 à Aschaifenburg, où il reçut de Schwarzenbei^ Tordre de
se porter sur Fulda ou sur Francfort. Les panégyristes de
Schwarzenberg ont cherché à excuser le généralissime autrichien
en disant qu'induit en erreur par les renseignements fournis par
les cosaques, il croyait que TËmpereur se portait sur Bonn ou sur
Goblenz, et que Wrède pourrait, en se dirigeant de ce côté, cou-
per la retraite aux corps français qui se retiraient sur Francfort.
Le 28 octobre, à huit heures du matin, le i^^ régiment de
chevau-légers bavarois entrait à Hanau, que les troupes fran-
çaises avaient quitté une heure plus tôt, et y prenait le général
italien Santa-Andrea, quelques officiers et quelques isolés; mais
quelques instants plus tard, ce régiment était obligé de céder
Hanau à une colonne française, celle du général Grouvelle, ve-
nant de Gellnhausen et de se retirer hors de la ville. Ce ne fut
que le soir, vers neuf heures, lors de l'entrée en ligne de la3» di-
vision d'infanterie, que les Austro-Bavarois réussirent à s'instal-
ler à Hanau, où ils furent rejoints le lendemain par les corps vo-
lants de Platoff, Tchernitcheff, Orloff-DennisoiT, Kaïssaroff, Uo-
waîsky et Mensdorff. Le gros de Tarmée française était le 28 au
soir à Schlûchtern et Tavant garde à Gellnhausen.
Le 29 au matin, une colonne française, sous les ordres du gé-
néral Guérin, essaya vainement de déloger les Bavarois de Ha-
nau ; elle fut repoussée et poursuivie par le 2« régiment de che-
vau-légers bavarois que rejoignit à ce moment le corps volant du
général Kaïssaroff.
Un peu plus tard, vers dix heures, les reconnaissances envoyées
dans la direction de Bischofsheim obligèrent, après quelques
escarinouches, les avant-postes de cavalerie française à se replier
sur Bergen.
Vers trois heures, Tavant-garde française (2 divisions de la
jeune garde, le H® corps et la cavalerie de Sébastian!) arrivait
devant Langenselbold ; après avoir enlevé Gellnhausen, elle en
débusqua les Austro-Bavarois, malgré l'intervention de deux ré-
giments autrichiens (uhlans de Schwarzenberg et hussards de
l'archiduc Joseph) qui, après avoir exécuté plusieurs charges
heureuses, couvrirent la retraite de l'infanterie surRûckingen.
Pendant cette même journée du 29, von Colomb qui, aprèsavoir
enlevé le haras de Schleusingen, s'était porté avec ses 130 che-
vaux sur Brùckenau, où il avait, le 27, rencontré le corps volant
— 260 -
du colonel autrichien von Scheibler, s'était remis en marche le
28 sur Saalmûnster, tandis que Scheibler se portait de son côté
sur Schlûchtern, et le 29 à l'aube il était en position à peu de
distance de Saalmûnster sur la lisière d'un bois qui bordait la
vallée de la Kinzijç, et d'où il put voir défiler l'armée française.
Malgré la faiblesse numérique de son petit détachement, Colomb
ne put résister au désir de jeter le désordre dans les colonnes
françaises, de chercher è enlever un général ou des canons. Il
réussit à s'approcher, sans être découvert ni remarqué, jusqu'à
une centaine de mètres de la porte de Saalmûnster, et lança aloi*s
tout son monde au galop sur les Français qui encombraient la
petite ville. Ce coup de main, qui réussit, il est vrai, à troubler
la marche des colonnes et obligea les Français à laisser quelques
troupes pendant deux ou trois heures dans Saalmûnster, n*eut et
ne pouvait guère avoir de suites, par cela même qu'en raison de
la faiblesse numérique de son corps Colomb ne pouvait songer à
poursuivre les Français. Le hasard fit toutefois tomber entre ses
mains des papiers importants. Le même soir il était avec son dé-
tachement à Nieder-Rodenbach, à 11 kilomètres de Hanau.
Jusqu'au dernier moment, Wrède, quoique arrivé déjà à Ha-
nau, qu'il avait occupé le 28 octobre, ne connaissait pas rimpoi-
tance des forces qu'il allait avoir à combattre le lendemain matin.
Le 29 octobre, en effet, il écrivait à Schwarzenberg : « // pa-
raît que la plus forte des colonnes de Fennemi se dirige sur
Wetzlar. » Il est vrai que le 30 au matin il avait changé d'avis,
et qu'il adressait au généralissime le rapport suivant : « J'ai
l'honneur d'informer Votre Altesse que les renseignements en-
voyés la nuit dernière par le général comte Orloff et le colonel
Scheibler ne concordent pas avec les nouvelles recueillies anté-
rieurement : on croyait que l'ennemi se dirigeait sur Wetzlar ou
Coblenz; ces deux officiers me préviennent maintenant qu'un
corps très considérable est en marche contre moi. »
C'est à peine s'il restait encore à Wrède le temps nécessaire
pour se dérober et pour refuser la bataille. Mais, d'une part, il
avait dû et pu croire que les armées alliées s'étaient attachées
aux talons de l'armée française pour achever sa défaite et sa
désorganisation; de l'autre, et bien que Schwarzenberg lui ail
fait savoir tardivement par une dépêche d'EUeben (entre Weimar
et Auerstaedt) que l'armée de Bohême ne pourrait être que le 30
— 261 —
à hauteur de Gellnhausen, il pouvait espérer être soutenu par
rarmée de Silésie, dont il était sans nouvelles. Wrède devait
donc essayer d'arrêter l'armée française pour donner aux alliés
la possibilité de la rejoindre. Mais la véritable faute, la faute
réellement grave qu'il commit, résulte du temps qu'il perdit à
Wûrzburg, de l'impossibilité où il se trouva d'arriver à prendre
position à Gellnhausen, de l'obligation où il fut par suite d'ac-
cepter la bataille à Hanau, en ayant derrière lui la Kinzig et le
Mein.
Il en commit encore deux autres : l'une en affaiblissant son
armée par le détachement laissé à Wiirzburg et par l'envoi à
Francfort de la division Rechberg, si bien qu'il ne lui restait en
somme que environ 45,000 hommes à opposer à l'armée française;
l'autre en se refusant obstinément jusqu'au dernier moment,
jusqu'à la veille même de la bataille, à ajouter foi aux rensei-
gnements que lui fournirent les corps volants, et en particulier
le colonel comte Mensdorfif, qui l'informa de la direction prise
par le gros de l'armée française.
Il est en effet hors de doute que si l'Empereur avait voulu ou
plutôt avait cru pouvoir s'arrêter, s'il avait envoyé une colonne
attaquer, en passant par Meerholz et Nieder-Rodenbach, la droite
des Austro-Bavarois, il aurait pu faire payer cher à Wrède sa té-
mérité, et en l'acculant à la Kinzig et au Mein l'obliger à mettre
bas les armes, si ce n'est avec la totalité, assurément avec la
plus grande partie de son armée.
Le rôle joué par la cavalerie alliée pendant la bataille de
Hanau n'offre rien de particulier. Les alliés avaient disposé
presque toute leur cavalerie, sous les ordres du feld-maréchal-
lieutenant comte Spleny, sur leur gauche, entre la vieille route
de Gellnhausen et les bois de Bruckôbel. A leur extrême
gauche, les partisans russes d'Orloff-Dennisoff et de Tcher-
nitcheff, surveillaient la route de Friedeberg, tandis que l'ar-
mée française continuait sa marche à travers la forêt de Lam-
boï, flanquée sur sa droite par la cavalerie de la garde et par le
corps de cavalerie du général Milhaud qui, passant par Issi-
gheim et Bruckôbel, firent reculer et malmenèrent les partisans
russes et autrichiens.
Il n'en fut pas de même pour l'armée française, et pour ne
pas être accusé de partialité, nous reproduisons ici, en la résu-
— 262 —
inant, l'opinion émise par le général-major russe Lachmann*
sur le rôle joué dans cette mémorable journée par la cavalerie
française.
« La bataille de Hanau, livrée le 30 octobre 1813, est assuré-
ment Tune des plus inléressantes rencontres de cette campagne,
parce qu'elle montre quel immense parti on peut tirer d'un
emploi judicieux et habilement combiné de la cavalerie et de
l'artillerie, parce qu'elle demeurera à tout jamais l'exemple le
plus parfait et le plus complet des immenses avantages que pro-
cure l'application bien entendue des grands principes qui régiront
toujours la tactique de la cavalerie. C'est, en effet, l'effort fait
sur le centre des alliés par la cavalerie, par une cavalerie dont
Faction avait été préparée par les feux de Tartillerie, mais par
une cavalerie agissant sans avoir pour ainsi dire recours à l'in-
tervention de grosses masses d infanterie, qui décida la victoire.
La bataille de Hanau a fourni à l'empereur Napoléon l'occasion
de manifester une fois de plus la grandeur de son génie militaire.
On le croyait accablé sous le poids des échecs éprouvés par ses
armes et, au moment même où on le croit perdu sans ressources,
on voit sortir de son cerveau l'une des plus brillantes combi-
naisons qu'il ait jamais conçues.
« Le rôle joué à la bataille de Hanau par le général Nansouty
ne peut être comparé qu'aux exploits de Zeidlitz à la bataille de
Zorndorf. Si le* événements de 1814, le retentissement de la
victoire de Leipzig et la haine qu'on portait alors aux Français,
ont coi>tribué à obscurcir l'éclat du glorieux fait d'armes accom-
pli par la cavalerie française, l'observateur impartial, l'historien
qui recherche tout ce qui peut jeter de l'éclat sur la cavalerie,
doit avoir à cœur de mettre en lumière et de faire ressortir la
part brillante et héroïque que la cavalerie ennemie ou amie a
prise dans les différentes batailles »
Dès le matin, les avant-postes de la 3® division bavaroise
avaient dû se retirer devant l'infanterie française et les cava-
liers de Sébastiani, d'abord sur Rûckingen, puis à 10 heures
vers Hanau. Celte retraite, qui s'effectua en bon ordre, fut proté-
gée par le 2« régiment de chevau-légers bavarois. A midi, les
1 Lachmann, Bataille de Hanau, 30 octobre 1813.
tirailleui*s fraiiçais giirdissaient la lisière de U forêt de LamboT;
mais, jusqu'à 3 hetires, rarlillerie austro-bavaroise fit échouer
tous les efforts qu'ils tentèrent pour en déboucher. A Ce mo-
ment, l'Empereur prescrivit au général Drouot d'établir une
grande batterie de 50 pièces qui ouvrit le feu contre les positions
des Austro-Bavarois, pendant que l'infanterie reçoit Tordre de
contenir les Austro-Bavarois et que la cavalerie, formée en co-
lonne par peloton, devait se jeter sur la grande batterie des
Austro-Bavarois, sur leur centre et sur leur cavalerie.
lia cavalerie de la garde, sous les ordres de Nansouty, suivie
à peu de distance par celle de Sébastiani, se porta à droite de la
batterie. L'infanterie de la garde lui servait de soutien, tandis
que Hacdonald devait, & la gauche des Français, occuper et ar-
rêter la droite des Austro-Bavarois. Enfin Lëfebvre-Desiioêttes,
avançant au delà de Nieder-Issingen, avait pour missiofi de cul-
boter les partisans russes postés sur la route de Friedberg et
d'empêcher les alliés de tourner la forêt.
La grande batterie française, soutenue par les bataillons du
général Gurial, obligea les batteries bavaroises, d'abord à ralentir
leur tir, puis à se taire et enfin à se retirer. Wrèdc lança tflors to
cavalerie Contre les batteries françaises; mais arrêtée à 50 ou
60 pas pai" le tir à mitraille de ces batteries chargée aussitôt ^ar
la cavalerie de la garde, par les cuirassiers de 8aiill-Gei*maiû et
par la division Exeltnans, la cavalerie austro-bavaroise fut
obligée de se replier. La cavalerie française se forma aussitôt sur
trois lignes, et, nialgré le feu meurtrier dirigé sur elle, elle se pré-
cipite sur le ceritre de la position austro-bavaroise, i^abrè les
servants d'artillerie, achève la déroute de la cavalerie et culbute
les carrés qui les soutenaient.
La cavalerie austro-bavaroise réussit cependant à âe rallier et
^lie charge de flanc, exécutée par Tchernîtcheff et Mensdôrff,
obligea la cavalerie française à s'arrêter et à reculer. Voici, du
ïesie, commment le général Lachmann raconte cette partie de
•a bataille :
« Il était déjà 2 heures, et de part et d'autre on n'avait encore
obtenu aucun rtisultat. A ce moment, l'Empereur examina atten-
tivement la position de l'ennemi, réunit ses lieutenanrs aiitour de
K et en peu de mots leur donna ses instructions!. Le géûéfal
Gurial, avec deux bataillons de la vieille ga^de, uri de grenadiers
— 164 —
et un de chasseurs, déboucha des bois de Lamboî au pas gym-
nastique et se déploya à gauche de la route. Le général Drouot
le suivit avec deux batteries à cheval de la garde, escortées par
un régiment de lanciers et un régiment de dragons de la garde.
Drouot, enlevant son artillerie au galop, prit position ie plus
près possible des lignes austro-bavaroises avec ses deux batte-
ries, que d'autres batteries à cheval vinrent renforcer presque
aussitôt, et ne tarda pas à diriger sur ses adversaires le feu de
50 bouches à feu, pendant que Macdonald, à la gauche des Frai}-
çais, portait en avant ses tirailleurs, soutenus par les bataillons
de la vieille garde, et que la cavalerie française, débouchant da
bois, se dirigeait vers la droite.
« Wrède ordonne alors à sa cavalerie de s'emparer de la grande
batterie que les Français venaient d'établir. Cette cavalerie, après
avoir bousculé quelques escadrons français, arrive presque sur
la batterie; mais arrêtée par la résistance acharnée des servanls
d'artillerie de la garde, menacée par la cavalerie française, elle
est obligée de se retirer, suivie dans sa retraite par le tir meur-
trier et admirablement réglé des batteries françaises. Pendant
ce temps, malgré le feu des batteries austro-bavaroises, la cava-
lerie française s'était formée sur trois lignes. La première de ces
lignes, 4 régiments de cuirassiers, se porte rapidement en avant
et culbute le régiment de cuirassiers autrichiens de Lichtenslein,
le régiment de dragons de Knesevich et deux régiments deche-
vau-légers bavarois conduits par le feld-uiaréchal-lieuienant
Spleny en personne. Après avoir enfoncé ces quatre régimenls,
le général Nansouty, s'inspirant de la manœuvre qui avait si
bien réussi à Kellermann à Marengo, tourne à gauche avec sa
cavalerie et se précipite sur Tinfanlerie. Quelques régiments de
cavalerie alliée, qui avaient réussi à se rallier, accourent au se-
cours de l'infanterie, et le régiment de hussards Archiduc Joseph
réussit un instant à ralentir l'élan des Français sur leur deuxième
ligne. Grenadiers à cheval de la garde, dragons de la garde et
les autres régiments de la garde viennent soutenir. Malgré la
résistance héroïque opposée par les fantassins et les cavaliers
austro-bavarois, la cavalerie française culbute tout, elle enfonce
des carrés, et des bataillons tout entiers sont acculés et je^^^
dans la Kinzig.
« Les batteries françaises soutiennent Faction de leur cavalerje.
— 268 —
Elles s'avancent, la droite en avant, à mesure que la cavalerie
fait des progrès, et réduisent au silence la grande batterie des
alliés, qui dut changer de position et se reporter plus en arrière.
Pendant ce temps, la division de cuirassiers de Saint-Germain
gagne de plus en plus du terrain; elle va enlever la batterie et
prendre à revers les débris des divisions Beckers et La Motte,
lorsque l'intervention des troupes de Tcbernitcheff et des parti-
sans de Mensdorff vint arrêter les progrès des cavaliers français,
les obliger à se replier et sauver les troupes et les batteries qu'ils
étaient sur le point de sabrer. Mais l'arrivée de Sébastiani avec
sa cavalerie dégagea les divisions Nansouty et Saint-Germain et
obligea les cosaques et les partisans, les cuirassiers et les dra-
gons autrichiens qui s'étaient ralliés à la hâte, à s'arrêter, et
peu après même à quitter le champ de bataille.
« Wrède, pour donner un peu d'air à son centre et à sa gauche,
avait fait attaquer la droite française par les grenadiers impé-
riaux, mais c'était sur ce point que la vieille garde devait rem-
porter son dernier avantage sur le sol allemand en repoussant et
en culbutant ses adversaires. Wrède se résolut alors à reporter
son armée de l'autre côté de la Kinzig *. »
Wrède se voyant alors en danger d'être pris en flanc par la
cavalerie française et par l'infanterie qui débouchait de la forêt
de Lamboï, se mit en retraite sur Hanau, repassa la Kinzig en
toute hâte, et, après avoir tenté à son extrême droite du côté de
la ferme de Neuhof un dernier efifort qui vint se briser devant
l'attitude résolue de 2 bataillons envoyés sur ce point par le gé-
néral Priant, il rallia son armée tant bien que mal en arrière de
la ferme de Lehrhof, entre la route d'Aschaffenburg et le Main.
A l'extrême droite, Lefebvre-Desnoëttes s'était porté sur la
route de Friedberg et avait forcé la cavalerie de KaïssarofF h, se
retirer devant lui.
Pendant la nuit, le gros de l'armée fila par Wilhemsbad et
Hochstâdt sur Francfort ; on ne laissa devant Hanau que le duc
de Raguse qui, avec les 3% 4« et 6® corps, devait contenir l'enne-
mi et qui fit par conséquent occuper Hanau. Dans l'après-midi,
lorsque Wrède eut été informé du départ de l'Empereur pour
Général Lachmann. Bataille de Hanau,
Francfort et lilors qu'il ne restait plus k Hanau que lé ¥ corps,
it essaya tainement de reprendre cette ville. Blessé à ce moment
il dut remettre le commandement au général Fresnel, et comme
en se retirant une fois sa tâche remplie, le général Bertrand
avait eu le soin de brûler les ponts de Itt Kinzig, les Austro-
Bavarois ne purent le faire suivre que par quelques hussards
autrichiens qui réussirent à passel* la Kinzig à la nage. Mais
les corps volants de Plaloff, TchernilchefT, Raîssaroff, etc., etc.,
ne cessèrent dlnquiéter la marche de Tarrièré-gardè, sous les
ordres de Mortier qui, parti le 30 au soir de Gellnhausen, s'était
porté par Markôbel sur Hochslfidt,
L'armée française resta jusqu'au 1®»" novetnbré à Francfort
qu'elle quitta alors pour se diriger vers Mayeftce. Ce lûême jour,
Orlofif-Dennisoff avait encore réuâsi à enlever, près dé Bergen,
î canons, 18 caissons et un millier d'hommes à l'arrière-garde.
Le 2 novembre, l'armée française passait le Rhin à Mayence,
moins le i^ corps qu'on laissa & Hochheim et à Gasteil. Les
cosaques de Platoff attaquèrent les Français à Wickert et à
Hochheim, le 3 novembre, mais, comme l'écrivait Platoff à
Tcherriitchefi, sans pouvoir, bien que le combat ait duré presque
toute là nuit, forcer à la retraite l'ennemi qui, outre la supério-
fîté du nombre, avait l'avantage de posséder une puissante artil-
lerie.
le !•' novembre, Merisdorff avait adressé de Hanau même, au
généralissime Schwarzenberg, la lettre suivante :
« Par la présente, j'ai l'honneur d'informer respectueusement
Votre Altesse que je me mets immédiatement en route me diri-
geant vers le Rhin, sur Gernsheim. J'ai l'intention, une fois
arrivé sur ce point, de jeter de l'autre côté du fleuve quelques
partis qui iront attaquer l'ennemi et jeter l'épouvante parmi les
populations. Ma présence sur les bords du Meîn n'a plus de rai-
son d'être, l'enneini ayant atteint Mayence avec sa tête de Colonne
et son arrière-garde ayant dépassé Hanau. Lo colonel Scheihler
opère, avec un corps de partisans, le long dii Mein, du côté de
Mayence. Je me relierai par ma droite avec lui, et je me propose
de me rendre maître du bac d'Oppenheim, dem'emparer de tous
les bateaux réunis sur la rive gauche du fleuve ou de les couler. »
Mensdorff fut, en effet, le premier de tous les partisans alliés
qui foula la rive gauche du Rhin. Parti le l«f novembre de
- W7 -
Hanau, il était le 2 à Gernsheim et réunissait aussitôi toutes les
barques qui s'y trouvaient. Gomme la rive gauche du Rhin n'était
à ce moment gardée que par des douaniers, Mensdorff se hâta
de prendre les mesures nécessaires pour passer le fleuve. Il fit
remettre à flot et réparer les barques qu'on avait coulées et qui
pouvaient contenir environ 100 hommes chacune, passa le fleuve
dans la nuit du 2 au 3 novembre» aborda sur la rive gauche à
2 heures do matin, et envoya aussitôt, l'un vers Hamm, l'autre
vers £ich, deux partis qui rentrèrent sans avoir rencontré l'en-
nemi. Mensdorff aurait volontiers poussé plus avant en territoire
ennemi, mais ses bateliers étant venus le prévenir que le vent
d'est commençant h s'élever, il lui serait impossible de se rem-
barquer, force lui fut de renoncer & essayer d'enlever, comme il
aurait voulu le faire, un régiment de dragons de formation nou-
velle qui s'organisait à Guntersblum et de repasser sur la rive
droite. Il dut donc se contenter de garder la rive droite du Rhin,
d'Hofheim jusqu'à Gimbsheim, jusqu'au 12 novembre, où il
reçut l'ordre de remonter jusqu'à Oberkrich, près d'Offenburg,
puis jusqu'à Lahr et Freiburg; on lui prescrivit ensuite, vers le
30 novembre, de surveiller le cours du Rhin, de Râle à Rrlsach,
jusqu'à ce qu'au commencement de décembre on envoya une
partie de son corps volant k Lorrach, au moment même où il
recevait Tordre d'aller de sa personne se mettre & la disposition
du duc de Saie-Gobourg.
L'armée de Rohéme avait lentement continué sa marche vers
le Rhin et Schwarzenberg l'avait réglée de façon que Tem-
pereur d'Autriche et les troupes autrichiennes fussent les pre-
mières à entrer dans Francfort; ce fut même dans ce but qu'il
fit passer à l'aile gauche les troupes prussiennes et russes de
Barclay de ToUi qui, depuis le début de la campagne, n'avaient
cessé de former Taile droite de cette armée. Le 3 novembre,
Parmée austro-bavaroise avait occupé Francfort qu'elle quitta,
le 4, pour se diriger sur Mannheim. L^empereur Alexandre
s'apercevant des projets de Schwarzenberg, inquiet des consé-
quences politiques que pouvait avoir la réalisation de son plan,
appela à lui toute la cavalerie de l'armée russe, et le 8 novembre,
24 heures avant l'empereur François qu'il put ainsi recevoir le
lendemain, Alexandre l^^ faisait son entrée triomphale à Franc-
fort.
- 868 -
Le rôle de la cavalerie des armées de Bohème, du Nord et de
Silésie, peut être, dès lors, considéré pour ainsi dire comme ter-
miné.
Dès le 6 novembre, Schwarzenberg prenait ses mesures pour
cantonner ses troupes, et après le combat de Hochheim (9 no-
vembre) dont on jugea à propos de déloger le 4« corps et dans
lequel le régiment de chevau-légers autrichiens Rosenberg ea-
leva à la division Guilleminot 3 canons démontés pendant la re-
traite des Français sur Gastell, les souverains coalisés résolurent
de suspendre ie cours des opérations sur le haut Rhin, afin d'ache-
ver leurs préparatifs militaires et politiques, avant d'entreprendre
l'invasion, depuis longtemps résolue, du territoire français.
L'armée de Bohème se cantonna sur le cours moyen et supé-
rieur du Rhin, l'armée de Silésie sur le Rhin moyen entre le
Mein et la Lahn, l'armée du Nord sur le bas Rhin.
Pendant cette même période de temps, Blucher, comme nous
l'avons dit, avait reçu de Schwarzenberg Tordre de se porter par
Giessen et Wetzlar et par le Vogelsgebirge sur Goblenz, afin de
barrer le chemin à l'Empereur pour le cas où il aurait, prévenu
de la présence de Wrède à Hanau, préféré se jeter de ce côté. Le
3 novembre, l'armée de Silésie tout entière était arrivée à hau-
teur de Giessen et à Wetzlar où Blucher donnait, à son armée
épuisée par des marches incessantes à travers des régions diffi-
ciles et montagneuses, h cette armée qui n'avait pas eu, depuis le
14 octobre, un seul instant de repos, trois jours de répit pour se
refaire un peu. Ce fut à ce moment que voulant empêcher l'Em-
pereur de se procurer de nouvelles ressources, de lever, de créer
de nouvelles armées, il prit ses mesures et donna ses ordres afin
d'être à même de passer le Rhin les 14 et 15 novembre à Mûhl-
heim près de Cologne, de consommer de la sorte la désorgani-
sation des forces de Tennemi et de pénétrer à sa suite sur le ter-
ritoire français. Il envoya, à cet effet, Gneisenau au quartier
général de Schwarzenberg, mais ses efforts furent inutiles, ei, le
11 novembre, il recevait au contraire l'ordre de marcher vers sa
gauche, et de se mettre en mouvement de manière à pouvoir, dès
le 15 novembre, se charger du blocus de la tête de pont de
Mayence. Blucher se vit donc forcé de renoncer à son projet.
Pour compléter cette étude, il reste à exposer les mouvemenls
des armées de Pologne et du nord, ceux de Benningsen dans la
- 269-
direction de Magdebourg et de Hambourg, la campagne du prince
royal de Suède contre les Danois et les premières opérations de
la campagne de Hollande.
ÂQ point de vue spécial qui nous occupe, le changement de
direction donné, dès le 26 octobre, à l'armée de Benningsen
qu'on envoya d'abord sur Magdebourg, puis après la capitulation
de Dresde vers Hambourg, n'offre absolument rien de particulier,
ni d'intéressant. Il en est de mèçie pour la marche du prince
royal de Suède de Leipzig sur Hanovre et Gottingen d'où il déta-
cha les généraux Bûlow et Tchernitcheff contre la Hollande; lui-
même, avec le reste de son armée, remontait plus au nord vers
Hambourg, ordonnait, le 12 novembre, à Winzingerode, par le-
quel il avait fait suivre la division Rigault jusqu'à Dûsseldorf, de
péDétrer dans l'Oldenbourg et dans TOst-Frise et faisait occuper
le grand-duché de Berg par le général Jussefowitch.
A l'approche de l'armée du Nord, le maréchal Davout avait
d'abord abandonné, le 13 novembre, sa position de Ratzeburg et
repassé la Stecknitz; puis, se voyant sur le point d'être attaqué et
coupé de Hambourg, il se replia, dans la nuit du l^r au ^ dé-
cembre, derrière la Bille.
Pendant tonte cette période, la cavalerie des alliés fit peu de
chose de ce côté. Seul un petit corps volant suédois, sous les
ordres du colonel Cederslrôm, avait traversé l'Elbe à Geschtàdt,
entre Winsen et Lauenbourg, atteint Tarrière-garde et lui avait
enlevé un assez grand nombre de prisonniers.
Aussitôt après la retraite de Davout, la petite armée danoise,
sous les ordres du prince Frédéric de Hesse, avait pris une
bonne position à Oldeslohe, et ce fut contre ces 12,000 hommes
que 1« prince royal de Suéde, pressé de mettre, à exécution les
projets de conquête du Danemark qu'il caressait depuis long-
temps, se hâta de se porter avec toutes ses forces disponibles.
Le 5 décembre, les Danois abandonnèrent leur position
d'Oldeslohe et se mirent en marche sur Kiel en passant par
Seeberg.
Le 6 décembre au matin, le général Skijôeldebrand quittait,
avec toute la cavalerie suédoise, Lûbeck qui avait capitulé la
veille, atteignait Tarrière-garde danoise à Bornhost et prenait
les 3 bataillons qui la composaient ; mais comme il n'avait laissé
qu'un seul escadron pour les garder, les prisonniers chargèrent
- 870 -
leur escorte, reprirent leurs armes et 300 danois seulement res-
tèrent entre les mains des Suédois ^
En même temps, Tettenborn, informé de la retraite de rennemi,
s'était mis immédiatement en marche, et malgré les difficultés
qu'il rencontra sur son chemin, il arrivait k temps sur les der-
rières des Danois à Bramstedt, y enlevait des prisonniers et des
documents d'une grande importance^ parmi lesquels se trouvait
une lettre du roi de Danemark au prince Frédéric de Hesse, lettre
qui éclaira BernadoUe sur la nature des rapports existant entre
la France et le Danemark et dans laquelle, en prescrivant à ce
prince de se retirer sur Goidrag pour couvrir le Jutland et la
Fionie,le roi lui recommandait de chercher à conclure le plus tôt
possible un armistice avec les alliés *.
De Ramstedt, Tettenborn envoya dans la direction de Kiel ua
parti, sous les ordres du capitaine von Bismarck, qui, après s'être
montré aux portes de la ville, réussit à le rejoindre, tandis qu'un
autre parti, sous les ordres du capitaine Bothmer, surprenait
Itzehoe, pénétrait dans la ville et y prenait 200 cavaliers danois.
Lui-même continua sa marche sur Neumûnster et Nartorp, se
portant vers Rendsburg, surmontant des difficultés inouïes, tra-
versant des marais à moitié gelés dans lesquels les chevaux
enfonçaient jusqu'au ventre. Enfin, le 9 décembre au soir, ses
cosaques passaient TEider à Friedrichstadt qu'ils occupaient;
le lendemain ils poussaient jusqu'à Tônningen et Husrun, enle-
vaient 10 canons et désarmaient le landsturm. A ce moment tous
les cosaques de Tettenborn avaient pris pied sur la rive droite
de rSider, battaient l'estrade, à l'est vers Rendsburg et Schles-
* Vaudoncoort, Histoire de ta campagne (fe 1813.
BoutourUn, dans son TahUau de Ja campagne d^emtomnê de idl3, doiine
sar ce tait remarquable de» détails circoDstanciés.
La càyalerie danoise, dit-il, n'ayant pas soutenu le choc des Suédois, s^eo-
fuit en abandonnant l'artillerie et l'infanterie qui mit bas les armes. Skijôelde-
brand ae mil è la poursuite des fayanU,. ne laissant qu*rai seul eaeadrod pour
désarmer et garder les prisonniers. Mais cette faible escorte fut chargée par les
Danois, qui reprirent les armes à la sollicitation de leurs officiers. Skijôeldebrand
renroya contre eux 3 escadrons de hussards; mais la plus grande partie s'était
sauvée. Les hussards en sabrèrent quelques-uns et il ne resta entre les mains
des Suédois que quelques hommes et Tartillerie danoise; en sorte que TiocoQ-
cevable imprudence du général suédois lui fit perdre la plus grande partie de ses
pdsoBniers.
« GetchitbU der Kriegczûge du genêraU Tetknborn.
- 871 —
wig, au nord sur les chemins menanl à Flensburg et à Tondem,
à l'ouest vers l'embouchure de l'Eider et les côtes de la mer du
Nord où ils bloquaient la redoute de VoUerwick. Le général
Teltenbom se préparait déjà k tenter un coup de main sur
la ville de Schleswig ; il avait fait partir un corps volant sur
Flensburg afin de couper les communications et les liguQS de
retraite de l'armée danoise, lorsque la défaite de Wallmoden à
Seestâdt l'obligea de rallier ses troupes au plus vite et de se
borner à observer Rendsburg et Schleswig.
En effet, pendant que le général Skijôldebrand poursuivait avec
la cavalerie suédoise Tennemi dans la direction de Kiel» Wallmo-
den avait fait passer Bôrnberg sur la rive droite de TEider avec
ordre de couper la retraite aux Danois, qu'il battit le 9 décembre
à Witteasée.
HLm le 1 décembre, les Danois se rabattirent vers Rendsburg et
attaquèrent à Seestâdt Wallmoden qui , lui aussi , avait passé
TEider. La cavalerie danoise joua dans cette rencontre un r61e des
plus brillants. Elle culbuta les Suédois, leur enleva deux canons;
Wallmoden lui-même fut sur le point d*étre pris et Tiatervention
opportune de quelques escadrons de chasseurs à cheval et de
hussards de Mecklembourg, qui arrêtèrent la cavalerie danoise,
permit enfin aux Suédois de se reformer quelque peu. Les Danois
restèrent maîtres du champ de bataille et purent continuer sans
encombre leur retraite sur Rendsburg. Le résuttat du combat de
Seestâdt avait, du reste, profondément impressionné le prince
royal de Suède. Il défendit à ses troupes de dépasser TEider et
prescrivit à Tettenboru^qui avait fait capituler la redoute de
YoUerwick, de concentrer ses troupes à Kroop, afin d'être en
mesure de recueillir le général Doroberg, dont les lignes de
communication avaient été coupées pendant on certain temps»
et de s'assurer de concert avec cet officier général la possession
de la ligne de retraite sur Friedrichsladt.
Un armistice conclu le 15 décembre et qui fut suivi parmi
traité de paix définitif sigué à Kiel le 14 janvier, mit fin aux
opérations.
Le corps de Bûlow avait, pendant ce temps, reçu l'ordre de se
porter sur Munster, le corps de Winzingerode de se diriger sur
rOst-Frise, pour marcher de là sur la Hollande, presque dégarnie
de troupes françaises. Ce sont ces dernières opérations de al
— 272 - I
I
I
campagne de 1813 dans lesquelles les corps volants^ lesparti4
sans et les cosaques jouèrent naturellement un rôle assez ioipor^'l
tant, qu'il nous reste à exposer sommairement. La mission quef
ces cavaliers allaient avoir à remplir leur était d'ailleurs singu-
lièrement facilitée par Tinsurrection qui éclata partout dans ie^
Pays-Bas à mesure que les troupes françaises se virent obligées,!
en raison de leur faiblesse numérique, à évacuer le territoire et'
à ne laisser que de faibles garnisons dans le Helder, à Naardea, *
Briel, au Texel, à Gorcum, Bois-le-Duc et Berg-op-Zoom poar*
se replier derrière la Meuse. '
Le 7 novembre, Bùlow, parti le 3 novembre de Gôttingen, "
arrivait à Minden où il donnait quelques jours de repos à ses
troupes; le 13, il se remettait en marche se dirigeant parHer-
ford, Bielefeld et Munster sur Dûlmen, d'où le 19 il dirigeait une
avant-garde, sous les ordres du général von Oppen, par Borken
vers l'Yssel, pendant qu'il portait contre Wesel la brigade
Borstell.
En même temps, Winzingerode, dont le quartier général était
installé à Brome, détachait plusieurs colonnes volantes de cava-
lerie, sous les ordres de Benkendorf, TchernitchefF et Nariscbkin,
qu'il poussait vers la Hollande.
Le 19 novembre, le major EUsenwangen entrait à ZwoU. Le 15,
le major baron Rosen occupait Grôningen et enlevait le fort do
Zollkamp. Le 16 novembre, dès que le général Molitor prévenu
de l'approche des alliés eut retiré ses troupes d'Amsterdam, la
ville se souleva et l'exemple donné par Amsterdam fut immédia-
ment suivi par La Haye, Rotterdam, Dordrechl, Haarlem, Leyde,
qui toutes proclamèrent l'indépendance de la Hollande. Ben-
kendorf, dont le détachement se composait de 1100 fantassins,
800 cavaliers et 1600 cosaques (régiment d'infanterie de Toula
et un bataillon du 2» régiment de chasseurs, régiment de hus-
sards de Pavlograd, 5 régiments de cosaques et 4 pièces d'ar-
tillerie à cheval), résolut de profiter de cette circonstance pour
pénétrer dans le cœur même de la Hollande avec le corps volant
de Tchernitcheff, fort de 5 régiments cosaques et commandé en
son absence par le colonel Balabin, et le détachement du colonel
Narischkin composé de 3 régiments cosaques.
A cet effet il partit de Mûnslerschen et commença par faire
occuper Doesburg et Harderwick où il embarqua son infanterie,
— 273 —
pendant que lui-même à la tète de sa cavalerie se portait sur
Zwoll. Cette cavalerie passa l'Yssel en partie à ZwoU, en partie
entre Deventer et Zûtphen.
Le 22 novembre, le major prince Gagarin faisait mettre pied à
ierre à 300 cosaques, altaquait l'ennemi posté à Deventer, enle-
?ait cette ville^ et le 34 novembre, malgré la présence de troupes
françaises dans le pays environnant, un parti de 200 cosaques
m& les ordres du major Marklay, que Benkendorf avait détaché
iQssitôt après le passage de TYssel, entrait à 7 heures du matin
ï Amsterdam, après avoir réussi à éviter les postes français et
i se glisser entre eux.
Benkendorf suivit le mouvement de son extrême avant-garde,
envoya le général Stahl avec une partie de sa cavalerie faire une
démonstration du côté d'Amersfort, afin d'inquiéter Molitor qui
s'était posté h Utrecht, pendant que lui-même continuait sa
marche sur Amsterdam, où le gros de son détachement arrivait
avec lui le !•' décembre. Dès le 28 novembre, le colonel Narisch-
kin avait occupé Amersfort, dont la petite garnison s'était repliée
surNaarden. Enfin, aussitôt après l'entrée du gros du corps à
Amsterdam, les coureurs de Benkendorf, renforcés par les Hol-
landais soulevés, se portaient immédiatement contre Muyden
et Halfweg qu'ils enlevèrent et où ils prirent 20 bouches à feu
et un millier de prisonniers.
Le corps de Bùlow avait lui aussi continué sa marche. Le
général Oppen avait, le 23 novembre, enlevé Doesburg, dont les
Français avaient chassé les cosaques, et avait aussitôt poussé, le
Î4, contre Zûtphen, avec ordre de Tattaquer par la rive droite
del'Yssel, le major von Sandrart avec le 1®' régiment de hus-
sards du Roi et quelques fantassins, tandis que le major von
Mûller avec 2 escadrons, 2 pièces d'artillerie à cheval et de Tin-
fanlerie transportée en voiture, devait soutenir Tattaque par la
rive gauche. Ce dernier parti enleva sur son chemin un piquet
de cavalerie française. Enfin, lorsque le lieutenant-colonel von
Sydow arriva devant Zûtphen avec un troisième détachement,
^a place se rendit et capitula sans conditions.
Le 28 novembre, le général von Oppen avait tenté d'enlever
Ambeim, mais il avait été repoussé. Le 29, Bûlow arriva avec
tout son corps d'armée. Une première attaque des Prussiens fut
Topoussée et ks Français auraient pu peut-être réussir à se main-
M. H. L. 18
-m-
tenir dans la plâtl^, i^l le général Gharpénttêr qui les commandait
n'avait été blessé mortellement danis le combat. Arûheim fut pris
et la cavalerie prussienne poursuivit les vdihcus jusqu'à Ëlst, oà
elle fut arrêtée par la brigade Bigarré, accourue trop tard au
secours de la garUÎSoti.
Le 2 décembre, le quartier général de ftûlow était à Utrecht
et Molitor, pressé sur sa droite par les Prussiens, de front par
les Russes qui pouvaient à tout instant déboucher d'Amsterdam,
repassa le Leck et le Wâhl et alla prendre possession de Gorcum
et des passages du Wahl depuis Whamél jo^qU'au fort de
Lœwenstein; mais à ce moment il fut remplacé dans éon com-
mandement par lé général Decâen, qui arritAîl sur les lieux le
4 décembre.
Le mouvement rétrograde des FrAUçais fut suivi jusqu^à Wyck
par le général Stahl, qui se porta de là sur Rotterdam, où le
major von Colomb était entré le 3 au matin dans le but de pré-
parer des moyens de passage àu géuéral Benkendorf, qui y arriva
quelques jours plus tard.
Dès ce moment, toute la ligne du Leck, d'Amheim à Rotter-
dam, était entre les mains des alliés, qui tt'avaient plus qoe le
Wahl à franchir pour entrer en Brabant.
Borslell, dont les troupes assiégeaient Wesel, avait fait partir
de Dûsseldorf le 2 décembre un parti sous les ordres du major
von Knobloch, avec ordre de passer le Rhin entre VoUmerswerlli
et Hamm et d'enlever la petite ville de Neuss qu'il réussit à sur-
prendre.
Les hussards de Ifroméranie poursuivirent la garnison fran-
çaise jusqu'à Juliers, mais un corps de troupes françaises sous
les ordres du général Beauvais reprit N^ttss le 3; Ce conp de
main avait néanmoiïis eu pour résultat de forcer Macdonaîd à
s'éloïgnei» de TYsisel.
A peu prèà à \u Mtùe époque, Behkiettdorf qui méditait une ia-
cursionen Brabant avait, aprèis avoîi* ^vtjyé sur l'ordre de Win-
zingerode les détachements de Balabitt et Narischkin à Dûssel-
dorf, concentré son monde à Rotterdam, et pendant que Tavant-
gardede Biilow poussait des partis sous Gorcum fet Bommel, pen-
dant que les insurgés hollandais prenaient Briel etHoye-Swaluwe,
il embarquait le 7 déceAibre ses troupes àDordrecht, enlevait le8
le poste de Verkeiidam, à 8 kilomètres de Gorcum, s'emparait de
— 275 —
h digae de la vieille Meuse et filait sur Bréda, détachant sur sa
droite des partis chargés d'observer Gertruydenburg et Wilhelm*
ttadt. Le 9 décembre, les Français évacuèrent Bréda» que Ben*-
kendorf occupa derrière eux. A peine maître de Bréda, Benken-
dorf envoya 2 régiments de cosaques, sous les ordres du général
habl, s'emparer de Wilhelmstadt et de Gertruydenburg.
Dès que Bûlow, qui était resté jusque li dans ses cantonne-
Bents autour d'Utrecht eut connaissance de l'occupation de
Bréda, Gertruydenburg et Wilhelmstadt, il fit resserrer le blocus
le Goreum, forcer le passage du Wahl, occuper Tile de Bommels-
Waard, située entre le Wahl et la Heuse» par la brigade Oppen,
et Heusden par la brigade Kraft.
Ces mouvements eurent pour cons^uence de permettre au
générai fienkendorf de pousser sans crainte tes partis sur West-
Wesel et Turnhout, et au major von Colomb d'exécuter la pointe
dont nous allons rendre compte.
Le 14 décembre, Colomb, laissant à Bréda 100 fantassins prus-
siens faisant partie de son corps au général Benkendorf qui lui
idjoignait en retour 60 hussards russes et 50 cosaques, quittait
^tte ville et arivait à Hnogstralen, où il détruisait aussitôt le
télégraphe dans la crainte de voir la nouvelle de sa marche trans-
mise à Bruxelles. Le IS, dès le matin, il se porte sur Ostmalle
i'où il envoie un de ses officiers avec 70 chevaux à Turnhout
t^^f y enlever ou tout au moins disperser 70 ou 80 gendarmes
^'ii savait devoir s'y trouver et qui auraient pu gêner ses mou-
TBffleats ultérieurs. Il avait prescrit à cet officier de le suivre en
pissant par Herrenthals après avoir envoyé ses prisonniers à
iréda. Il faisait en même temps partir une patrouille de 8 hommes
commandée par un sous-officicr intelligent avec ordre de buttre
k pays du côté d'Anvers.
U Ig au soir, il arrive à Pûtte et envo^ie aussitôt un officier
ivec 20 chevaux s'embusquer sur la route de Malines à Anvers
pour enlever le courrier porteur des journaux et lettres de France
fii devait passer celte même nuit par cette route.
Mais l'officier qui commandait ce parti se laissa emporter par
son ardeur. La malle était précédée par une patrouille forte d'un
^cieret là à i^ gendarmes. Le parti envoyé par Colomb sortit
frop tôt de l'embuscade et réussit, il est vrai, à prendre l'officier,
^ de ses hommes et 9 chevaux. Mais l'alarme était donnée, le
— 276 —
piège découvert et les gendarmes qui avaient pu s'échapper pré-
vinrent le courrier, qui ne passa pas cette nuit.
Le 16, Colomb reçut des nouvelles du parti qu'il avait envoyé
à Turnhout et qui avait réussi dans son coup de main; mais
Tofficier Tinformait en même temps qu'il s'était reporté en ar-
rière sur Hoogstraten avec ses 70 chevaux et ses prisonniers.
Malgré ce contre-temps Colomb quitta immédiatement Pûtte
pour chercher à atteindre, le plus vite possible, les environs de
Bruxelles et essayer d'enlever le gouverneur de cette ville.
S'approchant alors de la route de Malines à Louvain, il apprit
que 5 pièces de gros calibre, escortées seulement par quelques
gendarmes,venaient, peu de temps auparavant, de passer dans ces
parages et suivaient la route de Malines pour être dirigées de là
sur Anvers. Son avant-garde l'informait d'ailleurs au même mo-
ment qu'on apercevait le convoi, mais que la présence des parti-
sans avait été également découverte. Un officier s'élança aussitôt
avec 16 chevaux, rejoignit le convoi à 100 mètres des portes de
Malines et ramena les pièces.
Mais en même temps, Colomb était prévenu qu'un régiment
des gardes d'honneur se trouvait à Malines et se disposait à re-
prendre les pièces. Il résolut néanmoins de se diriger sur Malines
d'où les gardes d'honneur ne se décidèrent pas h sortir.
Colomb se décida alors à faire filer les pièces sur Bréda avec
une escorte de 20 cavaliers, et bien qu'il lui parût difficile, après
ce qui venait de se passer, de pouvoir arriver devant Bruxelles
sans que sa marche eût été signalée, il reprit la route de cette
ville, passa la Dyle à Rymemam et arriva fort tard le soir
à Bortmeerbeke, tout près de la route de Bruxelles à Lou-
vain.
Le 17 au matin, il fut rejoint par le sous-officier et la pa-
trouille qui avaient réussi à se glisser jusque dans les faubourgs
d'Anvers sans être aperçus et qui n'avaient pas rencontré de ca-
valerie ennemie de ce côté.
Le même jour, dans la matinée, son avant-garde enleva à Cor-
tenberghe 4 gendarmes et quelques fantassins convalescents qoi
escortaient de Louvain à Bruxelles un convoi de tabac.
Quelques heures après, des voyageurs venant de Bruxelles lui
firent connaître que l'alerte était donnée dans la ville et que la gar-
nison bivouaquait. Il n'y avait, dès lors, plus aucun motif pour lui
— 277 —
de continuer son mouvement. Il se dirigea donc sur les bois de
Soigne, prit ensuite à gauche vers Terwùren où il aurait voulu
enlever un haras impérial qu'on avait fait filer quelques heures
auparavant. Il comptait de là battre la campagne soit sur la
route de Bruxelles à Mons, soit sur celle de Louvain à Namur,
dans la forêt d'Heverié.
Mais ses émissaires Tayant informé qu'on envoyait un régiment
d'infanterie à Louvain, il se vit obligé de renoncer à ses pro-
jets. Il se remit donc en marche à minuit et, le 18 au matin,
après avoir marché toute la nuit, il arriva devant les portes de
Louvain par la route de Namur. Renseigné par les habitants sur
les mouvements des troupes ennemies, il répand intentionnelle-
ment des fausses nouvelles qui, transmises par les habitants, lui
donnent le moyen de reprendre sa liberté d'allures et lui permet-
tent de rétablir Tordre à Louvain. Il y fit jeter dans le canal 14
canons de gros calibres destinés à Anvers et y enleva un portrait
de Napoléon par Gérard dont il fit cadeau au général Benken-
dorf.
Le soir même, il quittait Louvain et allait à Werchtern où il
passait la Dyle et le canal.
Le 19 décembre, il rejoint, en passant la petite Nethe, les 70
chevaux qui avaient exécuté le coup de main de Turnhout et le
détachement qui escortait les 5 pièces de gros calibre prises à
Malines. // apprit alors que ces pièces étaient restées embourbées
près de Pûtie. Il réussit toutefois à emmener 4 de ces pièces. Go-
iomb arriva le soir à Vorselaere où on l'informa qu'un corps de
8,000 hommes se portait d'Anvers sur Bréda.
Il quitta pour cette raison Vorselaere, le 20 décembre de grand
matin, marchant à cause du terrain accidenté qu'il avait à traver-
ser, avec les plus grandes précautions, se faisant flanquer avec
le plus grand soin par des patrouilles qu'il relevait alternative-
ment et qui le tenaient au courant des moindres incidents.
Arrivés près du village de Baevel, il aperçut sur sa gauche la
colonne ennemie en marche sur Bréda où il entra au moment où
les premiers obus tombaient dans la ville. Il se rendit aussitôt
chez le général Benkendorf avec lequel il resta pendant les trois
jours du siège, que l'ennemi leva le 23 décembre. Colomb suivit
alors rennemi jusqu'au delà de Gross-Zundert. Les Français pa-
raissant résolus à s'arrêter et à se maintenir à Woëst-Wesel, il
se décida k placer ses arant-po&tes sur une ligne parallèle a«
grand'gardes françaises >.
L'Empereur, mécontent de ce qui se passait en Belgique et es
Hollande, avait retiré le commandement au général Decaen, fait
partir des i^enforts et donné, pour couvrir la marche des troupes
qu'il envoyait à Anvers, Tordre de reprendre Bréda. Le géné-
ral Roguet partit, en effet, d'Anvers et vint, le même jour, à
Wôest-Wesel d'où il chassa les cosaques du général Stahl. Le 20,
il était devant la place, et ayant poussé sa cavalerie vers
Bois-le-Duc et placé un poste à Terheyde^ il fit coranaencer le
bombardement auquel Benkendorf, qui ne disposait que d'une
batterie de campagne, ne put répondre que faiblement. Mais,
pendant la nuit du 20 au %i , le prince Gagarin, qui^ avec ses
cosaques, avait été battre Testrade aux environs d'Anvers, forçait
la porte de Terheyde et faisait entrer dans la place un convoi
d'artillerie et de munitions expédié de Wilhelmstadt. Le bom-
bardement, accompagné d'attaques infructueuses, continua pen«
dant la journée du 21 ; mais ce jour-là la brigade prussienne
Kraft vint de Heusden à Dongen, tandis que les 8,000 Anglais du
général Graham étaient déjà arrivés à Sevenberg. Le général
Kraft envoya, le même jour, une reconnaissance commandée par
le lieutenant-colonel von Sandrart qui attaqua et culbuta, avec le
i" régiment de hussards du Roi, un régiment de chasseurs à
cheval qu'il rencontra entre Darst et Upelaer. Le 22 décembre, le
général Lefebvre-Desnoëlies prit le commandement des troupes
envoyées contre Bréda, et le 23, informé de l'approche des An- j
glais et des Prussiens qui avaient opéré leur jonction à Rosen-
daal, il leva le siège, se rapprocha d'Anvers et vint prendre po
sition à Hoogstraëten, Minderhout, Malines et Braschaet.
Ce fut là le dernier fait de guerre auquel la cavalerie prit
part, du moins de ce côté, pendant la campagne de 1813.
Nous avons pensé, en effet, qu'il valait mieux ne pas parler
ici des premières escarmouches qui marquèrent, en Suisse et en
Alsace, la reprise des hostilités et furent le prélude de la cam-
pagne de 1814. Pris isolément, ces événements n'auraient ni va-
leur, ni intérêt; nous avons cru mieux faire en les réservant
Ans dem Tagebuehe de* Rillmeisters von Colomb.
^ 879 -
pour )a travail que nous tenterons d'entreprendre et ^e cfipaacrer
à la campagne de 1814.
Ëa esiiayant de montrer dans cette première étude 1^ façQfi plus
oa moins rationnelle, sqmn^es époques fît les circcin^tances, dont
les alliés se sont nervi» d^ leur aomt)reu$e cavalerie, les avan-
tages incontestables qu'ils ont tiré» de l'actinn de leurs partisans«
secondés par des peuplas qui n'attendaient qu'un signal et
qu'ooe occft^ion pour &^ sûnlever contre Y^rb feini^ par des
peuples d^autant pluf^ avides et impatiente de reconquérir leur
Indépendance, qu'ils avaient supporté péniblement pendant de
longues années le joug da vainqueur, nous n'avons pu, en effet,
e&aminer la question que sous une de ses face^. Il nous faudra
donc^ pour compléter ce travail, chercher à suivre en détail l^
marche da 1^ cavalerie des alliés pendî^ntla campagne de France,
étudier les procédés dqnt leurs par^sans et leurs cosaques se
sont siervis ppnr éqlairer ftt renseigne? l'armée en payçi ennemi,
au milieu de populations qui, loin de le^ apcueilUr en Ubéra-
teiura» allaient leur tendra d^if embuscades^, l^s recevoir ^ coups
de fu^il et prendre une part bérQ'iqqe à la défense du sol ^acré
de in, patrie.
Une étude de ce genre resterait incomplète si l'on négligeait
de résumer, aussi l^rièvement que possible, les quelques idées
générales qui doivent servir de cqncluaipn à ce travail.
Il semble, en effet, que plus qu'aucune des campagnes inté-
rieures de Napoléon ï^r^ s^^f celles de 180S et 1806, plus qu'au-
cune desp^mpagnes de Frédéric IT, 1^ campagne dé 18^3 est,
au point de vue spécial de la cavalerie, ridje en enseignements
et ep exemples.
C'est ainsi qu'on ost amené à reconnaître que la cavalerie al-
liée n'a pas joué sur les champ de bataille un rôle en rapport
avec son effectif, son excellente composition en hommes et en
chevaux.
Jusqu'à l'armistice, alors que l'Empereur n'avait ponr ainsi
dire pas de cavalerie, pas plus à Lûlzen qu'à Bautzen, les alliés
n'ont jamais jugé à propos de l'employer sérieusement, et l'em-
buscade de Haynau n'est qu'un coup de main qu'il est impossible
de classer parmi les grandes opérations de la guerre.
— 280 —
A Lîeberlwolkwitz, la cavalerie alliée u'a réussi ni à remporter
la victoire, ni à rester maîtresse du champ de bataille, tandis
qu'à Wachau, au contraire, la cavalerie française, quoique com-
posée en grande partie de conscrits, a fait preuve de plus d'éner-
gie, de plus d'entrain et de plus de dévouement que les plas
beaux et les plus vieux régiments des armées de la coalition.
D'ailleurs, ni les Français ^ ni les alliés n'ont jamais su,
pendant tout le cours de cette campagne, employer la cava-
lerie en masse; à Lûtzen comme à Bautzen, à Dresde comme
à Liebertwolkwitz, à Wachaû comme en avant de Probstheyda,
on s'est partout et toujours contenté d'efforts isolés, de charges
successives exécutées en général par escadrons en ligne ou en
colonne.
Au point de vue du combat, la cavalerie alliée est donc restée
au-dessous de ce qu'on était en droit d'attendre d'elle.
Mais, en revanche, on doit reconnaître qu'elle s'est admirable-
ment acquittée, pendant presque tout le cours de la campagne,
du service d'exploration et de sûreté. Sous ce rapport, on ne
pourrait lui adresser la moindre critique. Elle a, en effet, su
constamment, pendant les marches, prendre et conserver le
contact des colonnes françaises, renseigner exactement le com-
mandement sur les mouvements, les préparatifs et les intentions
de Tennemi et former autour des troupes alliées un rideau pres-
que toujours impénétrable. Elle a encore parfaitement rempli sa
mission en couvrant, pendant les retraites de Lùtzen sur Bautzen,
de Bautzen sur Breslau, enfin de Dresde sur la Bohême, [le mou-
vement rétrograde des corps qu'elle était chargée de protéger.
Si elle a montré à deux moments, pendant la marche de con-
centration sur Leipzig, puis pendant la poursuite de l'Elsler jus-
qu'au Rhin, une mollesse et une lenteur insolites, il y aurait in-
justice à vouloir la rendre responsable de fautes que des ordres
formels, venus du grand-quartier-général, l'ont obligée à com
mettre.
Quant au i^ôle joué par les partisans alliés, il a. varié assez
sensiblement pendant les trois principales périodes de cette cam-
pagne.
* Il faut toutefois faire une exception en faveur du rôle joué par la cavalerie
française sur le champ de bataille de Hanau.
— 881 —
Dans la première» celle qui s*étend depuis la rentrée des débris
de la grande armée de Russie sur le territoire allemand jusqu'à
Tarrivée de l'empereur Napoléon, les partisans profitent habile-
ment de la faiblesse numérique et de la désorganisation de l'ar-
mée française, de la défection d'York, de Talliance prussienne,
de la neutralité manifestement bienveillante de TAutriche et
surtout de l'hostilité latente des populations, hostilité qui ne de-
mandait qu'à être encouragée et soutenue pour se manifester au
grand jour, faire explosion et aboutir à une levée nationale.
Quoique complètement livrés à eux-mêmes, ne recevant pour
ainsi dire ni ordres ni instructions de Wittgenstein, leurs chefs,
instruits par les leçons et les expériences de la campagne de
1812, poussent hardiment devant eux, pénétrent au loin, et mar*
chent souvent à 200 ou 300 kilomètres en avant des masses. Et ce
sont en réalité ces partisans qui obligent le vice-roi à céder,
presque sans combat, d'abord la ligne de la Yistule, puis celle
de rOder, à évacuer Berlin et Dresde, et enfin à se retirer sur la
rive gauche de l'Ëlbe. Ce sont eux qui enlèvent, momentanément
il est vrai, Hambourg, qui organisent le soulèvement des pro-
vinces du nord; ce sont eux encore qui, interceptant les cour-
riers, enlevant les convois, les dépôts, cherchent instinctivement
à contrarier, dans la limite de leurs moyens, la concentration de
la nouvelle armée que l'indomptable volonté et le merveilleux
génie de l'Empereur devaient réussir à faire sortir de terre.
Pendant la deuxième période, celle qui s'ouvre par la bataille
de Lûtzen pour se terminer à l'armistice de Pleischwitz, ce sont
encore les partisans qui jouent le plus beau rôle. Laissant aux
divisions de cavalerie le soin de couvrir la retraite de Tarmée,
depuis les bords de la Saale jusqu'au fond de la Silésie, ces par-
tisans, loin d'interrompre un seul instant leurs opérations, re-
doublent de hardiesse et d'intrépidité et rendent à la cause des
alliés d'incalculables services en se jetant, à corps perdu, sur les
denièresde l'armée française victorieuse.
Les coups de main de Colomb du côté de Neustadt sur l'Orla,
de Tchernitchefif sur Halberstadt, et la pointe dé Tchernilchefif et
de Woronzoff réunis sur Leipzig sont, chacun dans leur genre,
des modèles d'opérations, tant au point de vue de la conception
que sous le rapport de l'exécution.
La troisième période, celle qui s'étend de la rupture de l'ar-
mistice h la fin de la campagne, présente une p)iy»onQini« spé-
ciale bien différente du caractère des deux premières, Si les par
tisans, ceux de BlAcher surtout, et ceux de l'armde du Nord,
savent à certains moments profiter de la contusion eit du dé-
sordre causés par la perte des batailles de Gross-Beeren, de la
Katzbach et de Kulm, pour se jeter sur les derrières et les eom^
munications des Français, à l'armée de Bohème, nu ^n\TAmi
on hésite & se servir de la cavalerie au moment où elle poorrai^
cependant rendre les plus grands services. Le prince de Scbwai'i
Mnberg paraît d'ailleurs n'avoir pas sa ou pas voulu se rendrej
un compte exact de l'importance du r61e des partisans, de Tin^
fluence que leurs coups de main peuvent exercer sur la marche
générale et sur Tissue des opérations.
Quoi qu'il en soit, TEmpereur n'en est pas moins obligé à dé-|
tacher contre ces corps volants, qui continuent à inquiéter ses
communications, des forces relativement considérables. Lesi raids
de Tchernitcheff sur Gassel et de Tettenborn sur Brème ont, à
eux seuls, une importance capitale et prouvent d'une a^etnière
péremptoire, absolue, indéniable, ce que peut faire une petite
troupe intelligemment et hardiment conduite. Mais ^i les coureurs
de l'armée de Silésie, sous l'impulsion incessante qui leur est
donnée par Blûcher, causent un mal énorn^e h Tarmée de Macdo-
nald, il est incontestable que le rôle des partisans, surtout après
Leipzig, va en s'amoindrissant sensiblement, au lieu de prendre,
eomme on aurait dû s'y attendre, des proportions pla9 vft^tés et
plus considérables.
Tout se borne, en effet, h peu de chose près, à la n^arche de
Platoff et d'Ilowaïski sur Weimar, au moment où l'Empereur se
porte de son côté de Weissenfels sur Frêyburg, puis h l'apparition
de ces mômes partisans entre Erfurt et Qotha, au moment où
Bchwarzenberg s'imagine que l'Empereur va s'arrêter sous la
première de ces villes pour lui offrir une nouv0Uâ bsitaille.
Il semble cependant que les résultats obtenus par les partisans
russes, dès le début de la campagne, auraient dû suffire pour
convaincre le grand«quartier-général des alliés de la nécessité qui
s'imposait de donner, d'une manière absolue et générale, plus
d'extension et plus d'importance à pe genre d'opérations.
L'exemple de ce qu'avaient fait à cette époque Tettenborn et
Tchernitcheff sur le bas Elbe, Pavidoff, Prendel e( le prince
- sas -
Madatoff à Dresde, aurait dû décider les alliés à organiser, dès
le mois de mai, des corps spéciaux d*UQ effectif plus considé-
rable, capables, par oonséquent, d'entreprises plus sérieuses, les
pousser à risquer même au besoin une partie de leur nombreuse
eavalerie pour chercher à empêcher, ou tout au moins à retarder
et contrarier, la concentration autour d'Ërfurt des troupes que
Napoléon allait conduire à la victoire dans les plaines de Lûtzen
et de Hautzen.
Au lieu d'agir de la sorte, on se contente jusqu'à Tarwistice
de laisser tenter des coups de main par de petits partis qui,
comme ceux de Colomb et de Lûtzow, par exemple, rendent à
Varmée alliée des services signalés; on abandonne presque com-
plètement les opérations à l'initiative individuelle de phacun des
chefs de partisans» et c'est exclusivement à l'esprit personnel
d'entreprise des généraux WoronzofiT et TchemitchefT qu'on doit
attribuer l'opération contre Leipzig, opération qui eut incontes-
tablement produit de grands résultais^ si l'armistice n'était venu
arrêter les généraux russes au moment où leur succès paraissait
certain.
Lors de la reprise des hostilités, on peut croire un instant que
le grand-qqartier-général des alliés est décidé h donner plus
d'importance et plus d'ampleur aux opérations des partisans. Les
in&tructions de ToU sont, effet, approuvées par le généralissime ;
on parait résolu à constituer, h côté de ces petits partis desti-
n<^s à harceler constamment l'ennemi, des colonnes volantes d'un
effectif plus considérable (le corps de Tbielmann, par exemple),
composées souvent de troupes des trois armes, ou du moins ren-
forcées par quelqnes pièces d'artillerie à cheval. L'empereur
Napoléon semble môme avoir prévu et deviné les intentions de
l'ennemi* et c'est évidemment en grande partie tant pour se pro-
téger contre des entreprises de ce genre que pour éviter les
dangers qui pourraient résulter de la réussite d'une pointe ana-
logue à celle tentée contre Leipzig, qu'il se décida k tran-
sporter sa base d'opération du Rhin k TËlbe.
Quoi qu'il en soit et bien que pendant toute cette période
l'Empereur ait dû (sa correspondance en fait foi) prendre des
mesures énergiques pour arrêter les entreprises des partisans,
ou doit reconnaître que les généraux en chef des alliés ont
manqué d'initiative, d'à-propos, de coup d'^il et n'ont pas su
- 284 —
tirer parti de la situation. Us ont hésité à aventurer quelques
régiments de cavalerie dont la perle eût été largement com-
pensée par la grandeur des résultats obtenus. C'est ainsi, par
exemple, qu'il eût été indispensable de charger des corps de
cavalerie d'inquiéter et de retarder la marche de l'£mperear
et de ses colonnes, au moment où après avoir rejeté Blûcher il
revenait à marches forcées au secours de Dresde menacée par
l'armée de Bohême. Si Kutusoff ou Blûcher avaient été à la place
de Schwarzenberg, ils n'auraient pas hésité un seul instant, et
l'Empereur, arrêté en route par quelques divisions de cavalerie
chargées de ralentir quand même et à tout prix son mouvement,
aurait trouvé Dresde entre les mains de l'ennemi .
Ce que les Russes seuls avaient fait en 1812, les alliés auraient
pu le faire plus facilement et plus sûrement encore à ce moment
de la campagne de 1813.
La disposition enveloppante des armées alliées en présence
d'un adversaire qui se servait de lignes intérieures de manœuvres,
leur permettait de faire plus que jeter sur les lignes de com-
munication et d'étapes de Tarmée française de petits corps de
partisans. Elle leur donnait le moyen de lancer inopinément
des détachements considérables pour enlever un point important,
porterie désordre et le trouble jusque dans les lignes de l'ennemi.
Grâce à la disposition même des armées alliées, ces détachements
auraient pu presque toujours être soutenus à temps, ou dans le
cas le plus défavorable être recueillis, par les troupes postées ou
marchant plus en arrière, s'ils avaient été serrés de trop près.
La meilleure preuve que le commandement en chef ne s'est
pas rendu un compte exact des avantages qu'une semblable ma-
nière de procéder devait lui procurer, se trouve dans la lettre
même que le prince royal de Suède (Bernadolte) écrivait à l'em-
pereur Alexandre après l'expédition de Tchernitchefif sur Gassel,
et dans les difficultés que Tettenborn a rencontrées avant de
parvenir à arracher au général Wallmoden l'autorisation de tenter
son coup de main sur Brème.
Ces seuls faits suffisent à démontrer que pendant tout le cours
dé la campagne le généralissime n'a pas compris l'importance de
ces opérations et n'a su ni les diriger ni les régler; que les résul-
tats acquis l'ont été, pour ainsi dire, malgré lui, et ne font hon-
neur qu'aux différents officiers qui, après avoir conçu l'idée de
— 288 —
ces entreprises, ont obtenu de leurs chefs directs l'autorisation
nécessaire pour les tenter. Un dernier argument tiré des premières
opérations de la campagne de Hollande servira de réponse à ceux
qui tenteraient de vouloir dégager sous ce rapport la responsabi-
lité du prince de Schwarzenberg. Il suffit, en effet, que les corps
destinés à cette expédition échappent à l'action directe, aux
ordres immédiats du généralissime autrichien, pour que les par-
tisans recommencent leurs coups de main et tentent des entre-
prises semblables à celles qui leur avaient si bien réussi au
début de la campagne. Bûlow permet et encourage ce que
Schwarzenberg a par trop dédaigné, et c'est ainsi que Benkendorf
se jette avec quelques cosaques sur Amsterdam, excite la Hol-
lande à la révolte et que Colomb, avec quelques cavaliers, va
battre Testrade jusqu'aux portes de Bruxelles.
En an mot, qu'il s'agisse de simples coups de main de parti-
sans, d'entreprises du même genre, mais plus vastes et pouvant
par suite produire un plus grand effet moral, ou même des
grandes opérations de la guerre, le généralissime semble, pen-
dant toute cette campagne, s'être laissé influencer par des com-
binaisons d'un caractère politique plutôt que par des considéra-
tions d'ordre purement militaire.
Il ressort en somme de la comparaison qu'on doit forcément
chercher à établir entre les trois périodes de cette campagne, que
pendant la première où les généraux russes dirigent pour ainsi
dire à eux seuls les opérations, on continue à faire, comme en
1812, un emploi judicieux de la cavalerie en général et plus par-
ticulièrement des corps de partisans ; dans la deuxième, les
généraux russes et prussiens Wittgenstein, Barclay de Tolly et
Blûcher, bien qu'on puisse leur reprocher de n'avoir pas tiré sur
le champ de bataille tout le parti possible de leur nombreuse
cavalerie, lui assignent néanmoins, partout ailleurs, le rôle qui
lui convient.
C'est la cavalerie qui couvre partout les retraites, qui tend, au-
tour des corps qui se replient, un rideau protecteur ; ce sont les
partisans qui continuent à harceler l'ennemi au loin, qui le
prennent à revers, l'attaquent de flanc, menacent ses communica-
tions, enlèvent ses convois et ses courriers. Mais ce qu'on ne sau-
rait passer sous silence, ce qu'il est impossible de ne pas signa-
ler d'une façon toute particulière, c'est que du jour où la fortune
^ IM —
comm^nee à sourire aux armes des alliés, à partir du moment
où 1^ échecs successifs éprouvés par les lieutenants de Napo-
iéou obligent les armées françaises à songer à la retraite^ à l'ins-
tabt même où TAllemagne frémissante se prépare à briser son
joug, le commandement en ckef, loin d'imprimer à l'action de ia
cavalerie et des partisans une impulsion nouvelle, une vigueur
plus grande, ne procède plus qu'en tâtonnant, qu'en hésitant. Au
lieu de jeter hardiment sa cavalerie sur les derrières d'un enue-
mi dont le moral s'affaisse de plus en plus, il la retient, il ré-
prime ses élans et l'oblige à déployer dans la poursuite une mot
lesse inexplicable» une lenteur incompréhensible.
On doit toutefois reconnaître que la campagne de 1813 dé-
montre un fait qu'on est trop porté h oublier de nos jours. Il
ressort, en effet, de l'examen des faits de guerre de eette cam-
pagne que de petits partis, damme celui de Gcdomb, par
exemple, peuvent sans grand risque rester comtamment sur les
derrières de l'ennemi et lui faire le plus grand mal sans courir
eux-mêmes, quand ils sont bi«n conduits^ ie danger^ peu grave
dn reste quant à ses conséquences, d'être enlevés par l'enneffll;
au contraire, des corps d'un effectif plus considérable, composés
généralement de troupes des trois armes, parviennent plus dif-
ficilement à pourvoir à leurs subsistances et à leur ravitaille-
ment eu munitions, et doivent se faire suivre d'un convoi; par
suite, leurs mouvements sont moins rapides et ils se dérobent
pins diflicilemeni aux colonnes lanioées contre eux ; comme le
détachem^ent deT^bernitchef, lors de l'expédition oestre Gassel,
ces cwps sont recuits forcément à jouer un rôle mtermkknte
oMi^ 4e se replier et d^e dispainatlre montentenémeat du
tbéttrte assigné ù leurs opérations, «près avoir, selon les cireoa-
slan^M ^i les hasards dte kt guerre, atteint plus ou moins eom-
ptètement le but qu'ils «'étaient proposé* On conclueradece
qui précède que dans toute guerre bien conduite on devra
eifipl^yer des eorp6 de piartisafls qu'on jettera en enfants péhdus
«urlesfia&Gsetsur les derrières (te l'enneffli, pendant que des
corps fim considérables, tomp^és presque exclusivemeôt de
c%valerie> seront chargés d« fiaissions spéciales telles que Vtûiè-
vemteifit d'un point important, mais éteigne d« théâtre immédiat
dei» grandes opéraltons.
On en ©©ndum encore qu'ondoit laisser aux chefs des parti-
-MI -^
sa&s, comme à «eni des colonnes ^oliiKet d'Iia efféetif plus k
portant, tene indépendancd absolue dtns le eboix def moyens à
employiâr. Mais il est hors de doute qu'il convient de donner
aux Uns comme aux autres des instmctîolis en harmonie avec
Tobjectif final visé par le général en chef.
Les chefs de partisans, on le volt, ne s'impnmsenl pas; il font
évidemment t>our exen^er ces commandemente des hommes
doues d'aptitudes spéciales, qui ont, en outrer iMsoin d'être dé«
veloppées et réglées par l'étude et par Texpérience pour être
appropriées au rôle important et tout particutier que ces oflU
cmrs auront à jouer. La preuve en est qu'à l'exception de Co-
lomb et peut-être de Thielmann et de Mensdorff, les partisans
russes se sont partout montrés supérieurs aux officiers prussiens
et autrichiens chargés de missions analogues, et cela unique-
ment parce que les premiers s'étaient familiarisés avec leur
nouveau métier pendant la campagne de 1812, tandis que les
autres avaient encore tout è apprendre.
Tout en tenant compte d'un ensemble de circonstances essen-
tiellement favorables à Faction de la cavalerie, de la configura-
tion générale du pays, de l'état d'esprit des populations en 4813,
00 sera cependant obligé de reconnaître que la guerre de parti-
sans a été hardiment et habilement conduite par les différents
officiers mis à la tête des corps volants; grâce à leur patriotisme
et à leur intelligence, à leur énergie et à leur hardiesse, elle a
répondu aux besoins du moment ainsi qu'au but spécial de ces
opérations. On constatera, d'autre part, que le commandement
eu chef, tout en admettant l'utilité des partisans, en proclamant
la nécessité de rattacher leurs entreprises aux grandes combi-
naisons stratégiques, de laisser à leurs chefs une initiative abso-
lue, de leur assigner à chacun un objectif particulier, et de leur
attribuer une zone déterminée, un rayon d'action défini, n*a su
donnera ces opérations ni le développement dont elles sont sus-
ceptibles, ni l'importance qu'elles peuvent et doivent avoir pour
produire leur maximum d'effet.
En somme, il résulte d'un examen impartial qu'avec les élé-
ments dont disposaient les alliés, avec les excellents officiers
qu'ils avaient placés à la tète de leurs partisans, avec l'écra-
sante supériorité que leur cavalerie possédait sous le rapport du
uoQibre, de l'instruction, des chevaux mêmes, on aurait dû ob-
— 288 —
tenir des résultats bien autrement importants et décisifs. Mais il
serait injuste de faire peser sur la cavalerie le poids d'une res-
ponsabilité qui retombe entièrement sur le commandement en
chef, et de lui reprocher des fautes qui sont dues uniquement aux
hésitations, aux lenteurs, au manque dlnitiative d'un généralis-
sime que son caractère même mettait dans l'impossibilité d'ap-
précier la grandeur des services que cette arme pouvait lui rendre,
d'un généralissime qui n'a jamais jugé à propos de mettre en
pratique le principe que le Grand Frédéric a si justement inscrit
dans son Testament politique:
En guerre^ une bonne cavalerie rend maître de la campagne.
APPENDICE ET NOTES
Al. it. L. 19
290
Note I. — Page 49.
Composition des détachements des généraux Tchemitcheff, Dômberg
et Tettenbom {corps du Bas-Elbe sous les ordres du général
lieutenant comte de Wallmoden-Gimborn) dans les derniers jours
de mars 1813.
Sous les ordres du général Tchernilchefif :
Régiment de cosaques d'Éfremoff III 312 cheyaax.
— deGrekoflfXVm 334 —
— deWlassoflflU 319 —
— de Jlowaïskv XI 40i —
— deGiroflf../. 298 —
— de Sisoïeff 355 —
Partie da régiment de hussards de Soumi 198 —
2 escadrons du régiment de dragons de Finlande. . . 207 —
2 — — de Riga 165 —
1 bataillon de chasseurs à pied 400 hommes.
4 canons de la batterie à cheval cosaque n** 1.
Eu tout, 2,989 hommes et 2,599 cbeyau?^.
Sous les ordres du général Dômberg :
2 escadrons du régiment de hussards de Soumi.
1 bataiUon du 2' régiment de chasseurs 247 hommes.
Bataillon de fusiUers de Poméranie (major v. Bork). 600 —
2 pièces de la batterie à cheval n^ 5.
1/2 batterie prussienne.
En tout 1709 hommes et 500 chevaux.
Sous les ordres du général Teltenborn :
Régiment de cosaques de Komissaroff^ 368 chevaux.
— de Grebzoflf II 336 —
— de Soulima IX 314 —
— de Denissoflf VII 332 -—
Une division du régiment de hussards de Soumi.
2* escadron du régiment de dragons de Kazan 150 —
1 bataillon mecklembourgeois 400 hommes.
Le reste de la batterie à cheval cosaque n* 1.
En tout 1900 hommes et 1635 chevaux.
Le corps Wallmoden comprenait, par suite à ce raomenl,
6,598 hommes, 4,734 chevaux et 9 bouches à feu; et devait
recevoir les troupes en formation, auxquelles les Anglais avaient
envoyé 15,000 fusils et 6 canons desservis par 100 artilleurs, à
^ 291
savoir ; 2 batailloof de la légion hanséatique^ 1 batailloti de
chasseurs hanovrieas» 3 bataillons mecklembourgeois, 1 bataillon
de Dessau et 1 régiment de cavalerie hanséatique.
Note n. — Page 35.
Clausewîtz. — A propos de Lûtzen.
U était peu probable que l'empereur Napoléon parviendrait k
disposer le jour de la bataille de la totalité de ses 120,000 hom*
mes, surtout si Ton se hâtait de Tattaquer dès qu'il aurait passé
la Saale. L'Empereur se trouvait ainsi forcé à combattre en ayant
derrière lui la vallée encaissée de la Saale, et à accepter la ba-
taille dans une plaine, ce qui était tout à fait h l'avantage de nos
troupes. Nous avions en effet environ 25,000 cavaliers, tandis
que l'ennemi ne possédait que 5,000 chevaux. Nos troupes étaient
incontestablement meilleures que les siennes. Enfin il ne devait
pas s'attendre à nous voir nous enhardir au point de l'attaquer;
et comme on n'avait pas encore jusqu'à ce jour imposé à l'Ëm*
pereur et à son armée une bataille purement défensive, on pou*
vait à bon droit espérer qu'on réussirait à étonner l'ennemi et à
l'empêcher de déployer son assurance et son habileté ordinaires.
On pouvait donc, en cherchant h tirer profit de ces différents
facteurs, espérer une victoire sans pour cela s'illusionner sur la
valeur de l'adversaire qu'on allait avoir à combattre.
ïiré de rôuyrage de Glausewitz : Hinùrlattme JVerke dê$ Gênerais Cari von
Clauietciiz uber KrUg und Kriegfûhrung. Tome VII, p. 271. Der Feldzug von
1M3 hn zam WalnstUUtand.
Note 111. — Page 39.
Opinion de Clausewîtz sur le rôle de la cavalerie des alliés
pendant la campagne de 1813.
Le général de Glausewitz, dans les notes qu'il a laissées et que
sa veuve a publiées après sa mort, apprécie en quelques lignes
le rôle de la cavalerie pen lant la campagne de 1813.
C'est, ditril, la supériorité de leur eavalerie qui sauva ^eule
les alliés d'une déroate complète à Gorschen et à Bauteen» et si
les Français ne furent pas écrasés à Gross-Beeren et à DennewitZ;
ils ne le durent qu'au mauvais vouloir déployé par le prince
royal de Suède.
Plus loin il ajoute :
On voit ainsi que la bataille de Borodino^ comme celle de
Bautzen d'ailleurs, doit être comptée au nombre de celles qui
n'ont pas été parachevées, avec cette différence entre les deux
toutefois que si dans la première le vainqueur se contenta d'une
demi-victoire parce qu'il eut dû faire de trop grands sacrifices
pour la rendre complète, dans la deuxième le vaincu, grâce à la
supériorité de sa cavalerie, parvint sans être mis en déroute à
s'éloigner du champ de bataille.
Revenant encore sur la bataille de Lûtzen, Clausewitz constate
« qu*il ne manque pas d'exemples d'armées qui, entrées en cam-
pagne avec une cavalerie exceptionnellement faible en sont néan-
moins sorties victorieuses. » La bataille de Gross-Gôrschen four-
nit l'un des plus frappants de ces exemples. Si nous ne tenons
compte que des troupes qui prirent part à cette bataille, Bona-
parte mit 100,000 hommes en ligne dont 5,000 cavaliers et 90,000
fantassins. Les alliés lui opposèrent 75,000 combattants dont
26,000 de cavalerie et 40,000 d'infanterie Au
point de vue absolu, Bonaparte était donc à Gross-Gôrschen
plus faible numériquement que ses adversaires bien qu'il eût une
infanterie de 50,000 hommes supérieure à la leur. Il a néanmoins
dans ces conditions gagné la bataille.
Il faut dire, il est vrai, qu'immédiatement après la bataille
cette supériorité numérique en cavalerie fut d'un grand secours
pour les alliés vaincus, car elle empêcha du moins Bonaparte de
recueillir les fruits de la victoire.
Note IV. — Page 39.
Maréchal Marmont. — Lûtzen.
Sur la fin de la bataille de Lûtzen (2 mai 1813) l'ennenoi se
décida à la retraite. Alors la division de Gompans déboucha de
Starsiedel et marcha à lui. La division Fredrichs se plaça à sa
gauche et marcha à lui, tandis que la division Bonnet, en com^
- 293 —
Dunication avec le 3* corps, servait de pivot à mon moavement.
Noas suivîmes l'ennemi avec aatani de rapidité que la conser-
ration de Tordre de notre formation nous le permit. Nous con-
inuâmes notre marche jusqu'à la nuit après avoir fait un chan-
gement de front presque perpendiculaire, Taile droite en avant.
Votre mouvement était réglé sur celui du centre et de la gauche
ie l'armée. Ceux-ci s'arrêtèrent au moment où la nuit commen-
^it. Nous fîmes halte à notre tour pour rester en ligne : nous
levînmes ainsi stationnaires pendant une demi-heure en présence
le Tennemi resté mattre de Gross-Gôrschen et placé en avant de
ce village.
L'obscurité était devenue complète. Faute de cavalerie il y
avait impossibilité de se faire éclairer. J'avais mis pied à terre pour
me reposer, quand tout à coup un bruit de chevaux se fit enten-
dre : c'était la cavalerie prussienne qui arrivait sur nous. L'état
de mes blessures m'obligeait à quelques précautions pour me
mettre en selle, et n'ayant pas le temps nécessaire pour monter
à cheval je me jetai dans le carré formé par le 37* léger, le plus
à portée. Ce régiment ayant peu d'ensemble alors, mais depuis
devenu très bon, s'abandonna à une terreur panique et se mit à
fuir. En même temps, mon escorte cl mon état-major s'éloignaient
du lieu où la charge s'opérait. Le malheureux régiment en dé-
route les prit pour l'ennemi et tira sur eux. Entraîné par ce
moavement j'avais l'âme navrée, en reconnaissant Terreur qui
Taisait passer par nos armes nos pauvres officiers, et cependant
je pensais les Prussiens mêlés avec eux.
.•.••••..•..•.•••«•••••• •• ••••
Enfin, les fuyards s'arrêtèrent. Très heureusement pour nous
les Prussiens n'avaient pas été informés de notre désordre: après
avoir chargé sur le 1" régiment de marine qui avait fait bonne
contenance et les avait reçus bravement, ils s'étaient retirés.
Le 3V léger s'étant reformé, je lui fis honte de sa conduite.
Je laissai mes troupes divisées en plusieurs carrés afin qu'un
nouveau désordre ne vint pas tout compromettre. Mais je plaçais
les carrés si près les Uns des autres, et les faces les plus voisines
des carrés les plus rapprochés à une si petite distance qu'elles
ne pouvaient pas tirer les unes sur les autres et empêchaient
cependant l'ennemi de pénétrer entre elles.
Mes troupes ainsi disposées attendirent. J'avais le pressenti
- 294
ment d'ane Douvelle entreprise tentée avec des moyens plos com-
plets, et la chose arriva comme je l'avais prévu. Vers 10 heures
du soir, 4 régiments de cavalerie prussienne dont un des gardes
vinrent fondre sur nous. Tout le monde cette fois fit son devoir:
aucun désordre n'eut lieu et l'ennemi laissa 6 à 600 hommes
morts autour de nous et ensuite se retira.
Une heure plus tard tout étant tranquille je portai mes troupes
à une petite distance auprès d'un ruisseau et de quelques arbres ;
elles purent s'établir pour la nuit et se reposer ensuite.
Après cette double tentative, l'ennemi évacua Gross-Gôrschen
il s'éloigna complètement du champ de bataille*
Maréchal Marmont.
Note V. — Page 47.
Lettre du général-majùr Lanskoi au général TolL
Bernsdorf dans le Teufelswinkcl,
Le 9/14 mai 1S13.
Mon général,
La position de Morilzburg, très boisée, ne permettant pas à la
cavalerie d'agir efficacement et l'ennemi ayant occupé toas les
débouchés avec de Tinfanterie, j'ai cru devoir me replier sur
Grossenhayn où je suis resté toute la journée du 30 (12 mai),
espérant attirer dans la plaine l'ennemi qui me suivait. Il se
contenta d'occuper le Friedewald et d'un autre côté Radeburgel^
Kônigsbrûck.
Pour pouvoir opérer efficacement sur le flanc et les derrières
de l'ennemi et prendre part avec ma cavalerie régulière et mon
artillerie à la bataille, j'ai marché le 1/13 mai par Ortrand
jusqu'à Bernsdorf. Mon flanc droit était couvert par le général
Ilowaïskyqui marchait par Schônfeldt, Nauendorfet SchwebniU.
Le lieutenant-colonel Stackelberg élait en même temps détaché
sur Krakau. Hier, les cosaques d'Ilowaïsky ont attaqné à
Schwebnitz un [détachement ennemi, et ont pris 117 soldais,
7 officiers et le chef d'escadron Mirelli. Ils étaient de l'avant-
-- 896 -
garde da4« corps commandée par le général de brigade de Briche,
posté à Kôoigabrûck. Le 4* corps est celui de Bertrand. La des-*
tination de cette ayant-garde était de marcher aujourd'hui sur
Kamenz : elle devait être remplacée à Kônigsbrûck par 16,000
hommes. Ceci a été confirmé par un rapport du général Ilo*
waïsky. Pour entreprendre cependant quelque chose d'offensif»
j'ai dirigé le major Lôwenstern avec 300 cosaques, ainsi que les
ï escadrons prussiennes (ne) de Blûcher^ de Grossenhayn, par
Okrill sur Goswig, pour de là se porter sur les dextières de l'en-
nemi. Le colonel Prendel est resté à Grossenbayn occupant tous
les postes que tenait précédemment Uowaïsky pour masquer mon
mouvement devant T^mnemi posté à Horitzburg. Il observe aussi
tout l'espace entre Grossenbayn et Torgau et envoie de même des
parties (ne) sur Herzberg qu'on dit devoir êti*e occupé par une
colonne ennemie. Le colonel Prendel vient de m'envoyer 8 pri-
sonniers italiens du 2* corps pris sur l'Elbe. Si l'ennemi n'entre-
prend rien contre Grossenbayn, il détachera le major Tschet-
schensky avec 300 cosaques pour passer l'Elbe et agir sur les
communications de Meissen et Dresde avec Leipzig.
Aujourd'hui le colonel Rachmanoff a ouvert la communication
entre Tavant-garde du général Barclay marchant sur Hoyers*
werda et mon corps. Le général Barclay sera aujourd'hui à
Spremberg.
Les cosaques du général Uowaïsky sont aujourd'hui à Schweb'
nilz, Hausdorf» Biehla, Weissig» Dôbra et Strassgraben. J'attends
des nouvelles du quartier général pour agir ultérieurement à
moins que l'ennemi ne vienne de Kônigsbrûck visiter le Teufels*
winkel.
J'ai l'honneur d'être, etc.
Lànskoï.
P. S. — Le corps d'armée qui a longé la rive gauche de TEIbe pour se rendre
à Torgau et y passer la rivière est celui du maréchal N#f »
Note VI. — Page 50.
Mouvements des partisans de Lôwenstem pendant les journées
qui précédèrent la bataille de Bautzen.
Pendant que les deux adversaires se conceniraient aux envi-
- 296 -
rons de Bautzen, Wittgenslein ordonna au colonel Lôwenstern
de se porter sans se faire remarquer, avec son corps de partisans
composé de deux régiments de cosaques et d'un régiment de
hussards prussiens, sur les derrières de l'ennemi, d'observer ses
mouvements, de chercher à découvrir ses projets, d'inquiéter ses
communications avec Dresde et Meissen, d'enlever des officiers
et des estafettes, et de lui faire le plus de mal possible.
Lôwenstern réussit à pousser jusqu'à TElbe, mais découvert
et serré de près par les cavaliers de La Tour-Maubourg, il dat
revenir sur ses pas avant d'avoir pu se procurer les renseigne-
ments désirés. A peine avait-il rallié le gros des forces à
Bautzen que Wittgenstein le faisait repartir, et le chargeait de
découvrir la direction suivie par les trois corps d'armée détachés
sous les ordres de Ney et sur la marche desquels il ne possédait
que des renseignements confus et contradictoires.
Cette fois Lôwenstern fut plus heureux, il parvint à se glisser
avec ses cosaques entre les colonnes du maréchal qui marchant
par Grossenbayn se portait sur Textréme droite et les derrières
des alliés, et à prévenir le général en chef qui put ainsi envoyer
Barclay de ToUi et York au-devant des corps de Ney et de Lau-
riston (afiTaires de Kônigswartha et de Weissig).
On peut néanmoins, dit le colonel Herschelmann, dans le tra-
vail qu'a publié le Vojenny Sbomik, reprocher à Lôwenstern
d'avoir négligé de faire connattre au général en chef que le ma-
réchal Ney appuyait le mouvement deLauriston, et d'avoir de la
sorte laissé croire à Barclay de ToUi qu'il n'aurait devant lui
que le corps de Lauriston.
{Mémoires d'un Livonien, Lôwenstern.)
Note VU. — Page 67»
Clausewitz sur Vembuscadé de Haynau,
Ciauspwitz, dans les notes inachevées qu'il a laissées sar la
campagne de 1813 jusqu'à l'armistice, a cru devoir s'occuper de
l'embuscade de Haynau.
<c L'armée prussienne, dit-il, composait avec le corps du gé-
néral Barclay, la colonne de l'aile droite qui opérait son mou-
vement par Haynau. Gomme on devait se retirer aussi lentement
que possible, comme d'autre part on ne voulait pas s'engager à
Doaveaa dans un combat général, et comme l'avant-garde ennemie
commençait peu à peu à inquiéter et à presser vivement notre
arrière-garde, le général von Blûcher résolut de tendre une em-
buscade à cette avant-garde et de la punir de son acharnement.
La contrée en arrière de Haynau lui offrait à cet effet une excel*
lente occasion. »
Quand on va de Haynau à Liegnitz, on arrive à un quart
d'heure de Haynau au village de Michelsdorf. A partir de ce vil-
lage jusqu'à Doberschau, situé à près de 4 kilomètres plus loin,
le pays est absolument plat et découvert. Les villages de Pantenau
et de Steudnitz qui s'élèvent au milieu des prairies d'une petite
vallée forment seuls un léger soulèvement de terrain. A droite de
la plaine, au contraire, se trouve un terrain coupé, qui commence
aa village d'Ueberschaar et se compose de parties découvertes
alternant avec des bocqueteaux. Le pays conserve ce caractère et
cet aspect jusqu'à Baudmannsdorf situé à peu près sur la même
ligne que Doberschau, mais à 4 kilomètres environ plus à droite.
Le 26 mai, l'armée prussienne se retirait de Haynau sur
Liegnitz. Son arrière-garde la suivait à 15 kilomètres et dépassa
ce jour-là Haynau.
L'idée adoptée était la suivante :
« L'arrière-garde composée de 3 bataillons d'infanterie et de
3 régiments de cavalerie légère sous les ordres du colonel
von Mutins défilera à travers la plaine, se dirigeant sur Steudnitz
après être restée devant Haynau le temps nécessaire pour ame-
ner l'ennemi à en sortir et la contraindre à se retirer. Elle
cherchera à attirer l'ennemi sur ses pas. Toute la cavalerie de
réserve, 20 escadrons et 2 batteries à cheval sous les ordres du
colonel von Dolfs s'embusquera près de Schellendorf . Ces esca-
drons devront, en profitant des mouvements du terrain s'avancer
à couvert, sans se montrer et aussi vite que possible, de façon
à déboucher par Ueberschaar dans la plaine et à tomber sur le
Oanc droit de l'avant-garde ennemie qu'on aura poussée en avant
et qui devra vraisemblablement s'occuper uniquement des trou-
pes du colonel von Mutins. »
Il y avait e;itre Baudmannsdorf et Pohlsdorf un moulin à vent
situé sur un point bien apparent. On devait y mettre le feu pour
donner à la cavalerie de réserve le signal de se porter en avant.
- 298 -
La brigade de Ziethen était placée en réserve entre Pantenaa
et Pohlsdorf» et c'était ce général qui devait diriger toute l'opé-
ration. Le général von Blûcher se tenait d'ailleurs à proximité.
L'ennemi ne poursuivit ce jour-là qu'assez mollement. Il ne
déboucha d'Haynau qu'après 3 heures, et ne s'avança que lente-
ment et timidement.
Le colonel von Mutins opéra de son côté sa retraite à pas
comptés.
La division Maison formait Tavant-garde française.
Le maréchal Ney, qui commandait le corps dont elle faisait
partie, avait paru en personne sur le terrain quelques instants
avant l'attaque. Le général Maison, comme s'il avait eu instinc-
tivement quelque pressentiment de ce qui allait advenir, fit part
au maréchal, qui se contenta d'en rire, de Tappréhension qu'il
éprouvait à s'engager dans cette plaine. Le maréchal se porta
vers un autre point et le général Maison s'avança à regret et à
contre-cœur dans la plaine. Il est vrai de dire que^ malgré cela,
il négligea d'envoyer sur sa droite des détachements chargés de
fouiller les plis du terrain et d'assurer la sécurité de son flanc
droit.
Lorsque l'ennemi fut arrivé à environ 1500 pas du village de
Michelsdorf, la cavalerie de réserve s'ébranla, parce qu'elle
avait environ 2 kilomètres à faire avant d'arriver à la hau-
teur des troupes du colonel von Mutins. Elle franchit cette
distance au trot et le général von Ziethen donna le signal de l'at-
taque en mettant le feu au moulin. Le général Maison comprit
aussitôt que cet incendie devait être un signal et prescrivit à son
monde de se masser. Mais c'est à peine si ses troupes eurent le
temps d'exécuter le mouvement prescrit. Le colonel von Dolfs,
laissant deux de ses régiments en réserve et renonçant à se servir
de son artillerie à cheval, profita de l'occasion et se précipita
tête baissée sur l'ennemi avec 3 régiments. La cavalerie ennemie
tourna bride, abandonnant à leur sort les trois ou quatre
masses confuses qjii essayaient de se grouper. Ces masses furent
rompues et tout ce è|ui ne fut pas pris ou sabré^ s'enfuit, en tra-
versant le village de Michelsdorf, dans la direction de Haynau.
Tout cela avait été l'affaire d'un quart d'heure, si bien que le
colonel von Mutius eut à peine le temps d'arriver avec sa cavalerie
et de prendre part au combat.
L'ennemi abandonna toute son artillerie qui 86 composait de
18 pièces. Gomme on manquait de chevaux harnachés, on ne put
emmener que 11 de ces bouches à feu. On prit à Tennemi 8 ou
400 hommes. La cavalerie se relira ensuite Jusqu'à Lobentau,
Tarrière- garde y fit halte et maintint ses avant-postes dans la
plaine à peu de distance de Haynau. Pendant toute la journée
du lendemain l'ennemi n*osa pas reprendre sa marche, et ce ne
fut que le 28 que Tarrière-garde fut rappelée jusque dans l«s
environs de Kloster-Wahlstatt.
La cavalerie s'est couverte dans cette affaire d'une gloire qu'en
raison de la aupériorité delà tactique d'infanterie, elle devait par
la suite avoir tant de peine à acquérir. Ce combat prouve qu'il
est des circonstances dans lesquelles cette supériorité disparait,
des moments où la cavalerie peut faire de grandes choses. Le
colonel von Dolfs, qui trouva la mort dans les rangs mêmes de
Tennemi, peut, à bon droit, être ce jour-là comparé à Seidlilz.
Note VIU. - Page 59.
Un ordre du jour de Blûcher.
A propos de l'embuscade tendue par Blûcher entre Haynau et
Michelsdorf, il nous a paru curieux de reproduire ici Tordre du
jour que le feld-maréchal avait adressé quelques mois aupara-
vant, le 8 avril 1813, à Rocblitz, aux troupes sous ses ordres :
« li'histoire des guerres montre que plus d'une fois des
troupes aguerries ont été surprises sous de bons chefs. Ce
malheur n'arriverdit jamais si les précautions de sûreté pres-
crites par le règlement n'étaient pas trop souvent négligées.
Récemment encore, nos troupes ont été surprises à Tilsitt et à
Neuenburg, quoiqu'elles fussent commandées par des officiers
qui jouissaient d'une bonne réputation. Pour empêcher qu'un
pareil malheur n'arrive aux officiers de mon armée> je mets à
Tordre les prescriptions ci-après sur les mesures de sûreté à
prendre dans les cantonnements. En les observant, il ne nous
arrivera jamais un pareil déshonneur. On peut être battu : il
n'est jamais permis d'être surpris. Une surprise implique tou-
jours un manque de vigilance : l'officier qui s'est laissé sur-
prendre fournit la preuve que l'honneur de nos armes et le sien
- 300 -
propre n'ont aucune valeur pour lui, qu'il fait passer ses aises
avant la vie et la liberté de ses subordonnés. Bien convaincu de
cette vérité, je déclare ici que si un officier se laisse surprendre,
je le renverrai immédiatement de l'armée ainsi que son chef de
bataillon ou son colonel, et je les ferai traduire devant un con<
seil de guerre. »
Note IX. — Page 68.
Rectification. — ffalberstadt, 28-30 mai.
Selon quelques auteurs, TchernitchefF aurait disposé en outre
du régiment de hussards d'Alexandria.
Note X. — Page 74.
Observations de Toll sur l* armistice de 4 815.
La plus grande faute qu'ait faite Napoléon dans sa carrière
militaire, c'est d'avoir consenti à l'armistice après les batailles
de Lûtzen et de Bautzen, et cela pour les raisons suivantes :
!• Les batailles de Lûtzen et de Bautzen gagnées sur les
armées alliées avaient redonné à l'armée de Napoléon son ancien
moral et la confiance qu'elle était accoutumée d'avoir dans son
chef, et à laquelle les désastres de l'année 1812 avaient porté la
première atteinte;
30 Malgré les pertes que son armée avait éprouvées dans ces
deux batailles, elle conservait encore une grande supériorité
numérique sur celle des alliés qui se trouvait réduite à 60,000
hommes quand elle vint occuper la frontière entre Schweidnitz
et Ohlau ;
3<> Si l'armée alliée s'obstinait à garder sa position en Silésie,
Napoléon, ne pouvant certainement pas passer l'Oder en laissant
cette armée dans son flanc droit, devait nécessairement marcher
à elle pour la combattre. Une bataille gagnée par lui rejetait
l'armée alliée sur Neisse ou sur Glatz, forteresses qui n'étaient
guère en état de ravitailler l'armée battue, d'autant plus que les
moyens d'armement et d'approvisionnement n'étaient propor-
tionnés qu*à leur propre défense ;
40 II résulte de là que l'armée alliée n'ayant pas l'avantage
— 301 -
d'accepter une bataille dans la direction où elle se trouvait^
par cela même qu'elle risquait ainsi de perdre ses communica-
tions avec sa base qui, à cette époque, était le duché de Varsovie
et d'où lui arrivaient les secours en hommes, en vivres et muni-
tions de guerre, devait nécessairement repasser l'Oder et conserver
ses lignes par Kalisch et par Widawa sur Varsovie;
5^ Napoléon avait fait la grande faute d'attacher trop de
prix à la possession de Hambourg et d'y laisser tout le corps de
ûavout. Celui-ci, renforcé de tout ce qu'on pouvait retirer de
Magdebourg, devait être dirigé sur Berlin, et Oudinot aurait reçu
Tordre de venir renforcer l'armée de Napoléon qui aurait été à
même de poursuivre vivement l'armée alliée vers la Vistule et de
secourir la place de Danzig qui seule lui procurait un nouveau
renfort de 25 à 30,000 vieux soldats. Dans cette position Napo-
léon, fort de 150,000 hommes, devait proposer la paix qui lui
aurait été certainement accordée sous les conditions les plus
avantageuses.
Enfin, en commettant la faute de consentir à l'armistice, il en
commit une qui lui ôtait la chance de rester le plus puissant des
souverains, c'était de n'avoir pas écouté les propositions de paix
à Prague, au prix de légers sacrifices de son côté.
Pra^e, le 4/16 août iS13.
Note XI. — Page 83.
Toll à propos de la nomination de Schwarzenberg
comme généralissime,
Bernhardi, dans ses DenkuimrdigkeUen ans dem Leben des
KaiserL russisehen Gênerais von der Infanterie Cari Friedrich
Grafen von Toll^ donne, sur les motifs qui ont amené les souve-
rains alliés à confier le conunandement en chef au prince de
Schwarzenberg, des détails trop intéressants pour que nous
résistions au désir de les reproduire ici.
Afin de mieux faire saisir au lecteur la gravité et l'importance
des opinions émises et des raisons données par Bernhardi, nous
croyons devoir préparer cette citation par une analyse des pages
qui la précèdent dans le 3« volume des Denkwûrdigkeiten.
D'après Bernhardi, on a prétendu d'une part qu'on avait offert
— 30Î -
le commattdttneni suprême à l'empereur Alexandre qui avait
refusé de l'accepter; c'est là, dit-il, ce qu'écrit Daniiewski; maison
se trouve assurément en présence d*une version erronée^ parce
qu'il est évident que jamais rAntriche n'aurait permis qu^on confiât
la direction des armées au sonvortin qu'elle redoutait presque
autant que Napoléon I*^ au souverain qui le premier avait mis
en éobec les armées françaises, auquel on prétait, en outre,
rintention d'annexer la Pologne à son vaste empire, et dans leqael
on avait déjà trop de tendance à voir l'arbitre futor des destinées
de l'Europe.
D'après une autre version, l'empereur Alexandre aurait désiré
devenir le généralissime des années alliées : il aurait espéré
qu'on viendrait le prier de se charger du comnandement en
chef; il aurait même fait, à ce sujet, des allnsions que le roi de
Prusse et l'empereur d'Autriche auraient affecté de ne pas com-
prendre. Pour démontrer le peu de consistonce et l'inanité de
cette version, il suffit de dire que si tel avait été le dénr de l'enh
pereur Alexandre, rien n'aurait pu Tempècher de prendre le
Gommandem^t en chef et la direction des opérations dès la
campagne du printemps de 1813. B^rnhardi ajoute qne si l'Em-
pereur ne l'a pas fait, c'est qu'il ientait bien que pour attirer
l'Autriche dans la coalition il faudrait lui promettre et lui donner
le commandement en chef. C'est là, du reste, ce que Toll et
Diebistch, qui ont constamment vécu auprès de l'Empereur pen-
dant tout ce temps, n'ont cessé d'affirmer.
c( C'était donc à un Autrichien, dit Berohardi, qu'était réservé
le commandement en chef. Le choix tomba sur le feld-maréchal
prince Charles de Schwarzenberg. Dans les armées russe et prus-
ûenne on accepta eetta nominatîoD, en se résenrant de ia juger
et de ^apprécier plos tard, et l'on peut même dire que l'armée
prussienne, plus enthousiaste, pins disposée à tout voir sous un
jour favorable, augura bien du nouveau généralissime. Ba Autri-
che, au contraire, cette nomination surprit en quelque sorte
tout le monde, et en tous cas elle ne panit pas de nature à modi-
fier le sentiment général des populations qui n'étaient rien moins
que favorables à la guerre.
Schwarzenbei^, en effet, n'avait jamais eu jusque-là l'occasion
d'acquérir une de ces répatations qui prédestinent un homme
à de si hautes fonctions* En raison même des différentes situa-
- 303 —
lions qu'il avait oecopées au cours de sa carrière, Tarmée le
connaiaaaîi 9i rappréciail- moins qu'une foule d'autres officiers,
et dans les rangs de cette armée » on aurait aisément trouvé
nombre de généraux plus connus, plus populaires, et dont les
talents auraient inspiré plus de confiance aux troupes et au pays.
On parlait surtout de Tarchidae Charles qu'on désignait uni*
yersellement comme le seul homme à hauteur d'une pareille
situation; mais cependant, même dans les cercles les mieux
iafonnéa, on ne s'attendit jamais à le voir appelé aux fonctions
de généralissime. Cette nomination même était impossible pour
plus d'une raison. On savait, en effet, que depuis le temps de
Souvorow, Tarchiduc avait toujours professé une certaine anti-
pathie ponr les Russes et leurs généraux qui, de leur côté, ne
Taimaient guère. C'était pour cela et pour n'être pas en contact
immédiat avec ces alliés qu'il s*était, en 1809, réservé le com-
mandement en chef de l'armée d'Italie. Il est évident que la
nomination de l'archiduc n'aurait guère plu aux alliés et sur-
tout à Fempereur Alexandre qui connaissait la disposition d'es-
prit de ce prince, et qui savait que les relations des généraux russes
avec l'afcbiduo ne pouvaient manquer d'être très tendues.
Mais, au point de vue excluaivement autrichien, il y avait encore
d'autres raisons pour exclure l'archiduc. Tout le monde sait, en
effet, que Mettemich et son entourage étaient et avaient de
tout temps été hostiles à Farchiduc ; on sait de plus que depuis
1809 l'archiduc paraissait suspect. Depuis cette époque, en effet,
certains bruits n'avaient cessé de courir sur le compte de ce
prince dans certains cercles de l'aristocratie autrichienne : on
prétendait, qu'en 1809, après les premières victoires de Napo*
léon, alors que tout paraissait devoir s'effondrer sous les coups
du vainqueur, l'archiduc aui'ait été disposé à traiter personnelle-
ment avec l'empereur des Français et avait cherché à devenir, en
qualité de prince feisant partie de la confédération du Rhin, roi
de Bohême. On allait jusqu'à dire qu'il avait fait des démarches
à cet effet. C'était ainsi qu*on interprétait les ouvertures que
l'archiduc avait faites pour traiter (sans ordre, il est vrai), après
les malheureux événements de Landshut et de Ratisbonne, à un
moment où, comme le prouvent d'ailleurs les lettres qu'il adres-
sait à cette époque à son frère l'archiduc Jean, il était découragé
et démoralisé.
- 304 -
Bien que ces soupçons et ces bruits fassent complètement
dénués de fondement, ils n'en avaient pas moins réussi à se
répandre et k s'accréditer dans certains milieux, et ce qui est
certain, en revanche, c'est que l'empereur François n'avait pas
pardonné à l'archiduc ses tentatives de négociations* Ce monar-
que n'admettait pas qu'on pût se permettre une pareille initia-
tive. C'était là chose qu'il ne pardonnait à personne et qu'il
n'oubliait jamais.
Enumérant ensuite les raisons pour lesquelles on crut devoir
rechercher pour occuper le commandement en chef un homme
qui, k défaut de véritables talents militaires et d'une réputation
incontestée comme général, eût pour lui le prestige d'une haute
naissance, l'habitude des cours, beaucoup de tact, d'à-propos et
de savoir-faire, Bemhardi ajoute comme conclusion : Ces qua-
lités, Schwarzenberg les possédait toutes ; c'était un brave et
loyal soldat, mais ce n'était pas un général/ »
Note XII. - Page 85.
Lettre du général baron Winzingerode au colonel
baron Lowenstem.
Je viens de recevoir du prince royal de Suède la nouvelle que
l'empereur Napoléon se rendra en personne à l'armée du maré-
chal Oudinot.
Il se dirige de Dresde à Baruth avec l'intention de marcher par
la droite sur Berlin, de nous battre et de faire son egtrée triom-
phale dans cette capitale.
Il s'agit h présent d'inquiéter sa gauche, et si cela se peut, ses
derrières.
Vous avez été choisi pour cette expédition et vos antécédents
me sont une garantie que vous répondrez à la confiance que je
vous accorde.
Le Prince royal me prévient que l'empereur Napoléon suivra
son armée fortement escorté de cavalerie de la garde (probable- 1
ment les chasseurs à cheval de la garde).
Le Prince royal accorde à votre détachement dans le cas où
vous seriez assez heureux pour l'enlever S00|000 roubles de gra-
tification et une récompense proportionnelle à votre état-major.
-- 305 -
Vous êtes parfaitement bien placé pour entreprendre cette
expédition.
Dirigez-Yous de Jûterbogk vers Baruth où se trouve le quartier
général d'Oudinot, harcelez le flanc gauche de Tennemi, autant
que vous le pourrez : glissez-vous après sur les derrières de
l'armée ennemie, tâchez de gagner la grande route de Dresde,
feites ensuite comme vous l'entendrez et sachez que votre soutien
est établi à Belitz et commandé par le comte Orurk, sous les
ordres duquel vous vous trouverez et auquel il faut adresser vos
rapports.
Dans le cas où vous ne pourriez pas arriver jusqu'à Jûterbogk
et que cet ordre vous trouverait entre cet endroit et Treuen-
brietzen, tâchez alors de parvenir au même but en vous dirigeant
sur Luckenwalde.
WlNZlNOlRODE.
Bekig, 17 août i813.
Note Xm. - Page 96.
Pfoies complémentaires sur les mouvements de la cavalerie
autrichienne.
Du 2S août au 3 septembre, la cavalerie autrichienne avait
rendu aux alliés quelques services qu'il importe de signaler.
C'est ainsi que sous la protection du l'^^ régiment de hussards
(régiment de l'empereur Ferdinand), on parvint k armer du 31
au 3S août 1700 paysans chargés de garder les confins de la
Bohême.
Le 2S août, un escadron de ce régiment avait réussi à enlever,
aux environs de Seiffersdorf, une patrouille française forte de
i officiers et de 26 lanciers.
Le 2 septembre, les hussards s'emparaient d'un magasin établi
^ Reichenberg, le lendemain ils mettaient à Zittau la main sur
un autre magasin. Ils avaient pendant ces deux jours fait pri-
sonniers une centaine de fantassins et une quarantaine de ca-
valiers.
{Histoire du J " régiment de hussards^ régiment
de Tempereur Ferdinand.)
M. II. L. 20
— 306 -
Note XIV. — Page 434.
Mouvemefifs de Lôwensterû après ï)ennewitz.
Les opérations exécutéeSi après la bataille de Dennewitz, sur
les flancs et les derrières de rarmée battue du maréchal Ney,
coQthbuèrent puissamment k fermer au maréchal la route de
Wittenberg et à l'obliger à se diriger sur Torgau. L'apparition
et les coups de main des partisans de Lowenstem empêchèrent
en outre le maréchal de rallier ses troupes déjà ébranlées parla
défaite et ne lui permirent pas de remettre de l'ordre dans ses
colonnes*
(Mémoires d'un Hvonien^ Lôwenatem.)
Note XV. — Page 464.
Ordres donnés au colonel Lôwenstem par Winzingerode.
Au mois de septembre, le général Tchernilcheff transmit au
colonel Lôwenstern un ordre donné par le général Winzîngerode
et prescrivant à cet officier de se porter sur la rive gauche de i
l'Elbe. I
Winzingerode, en exposant au colonel Lôwenstern le but de
l'opération^ lui recommandait d'inquiéter rennemî, de lev^des
contributions» de rassembler du bétail par voie de réquisition,
d'interronoçre les communications de rennemi ei d'eâvoyer des
nouvelles a« quartier général.
Dans cette iastructton il était dit encore : « Pour ce qui est des
contributions, vous aurez à tenir un état exact de toutes les ré-
quisitions que vous aur^ faites et à en rendre compte immédia-
tement, toales ces prestations se faisant pour le comf^ du g<m-
vernement. Je vous invite par suite à vous conformer rigou-
reusement aux règles posées et aux ordres émanfani de Son
Altesse Royale * et de S. £• le général baron Winzingerode^
Je crois, en outre, nécessaire de vous faire connaître qae vous
seul serez rendu responsable de la non-observation év^tudie
des règles en question. Dès que vous vous serez mis en commu-
n lu- r i ' l I I ■ r ii -r-f- T i -'T- i r i \ , \ i ,- .ii i «.i. i. r . Il . - I . 11 i. . h i •« ■■■ > ■ .1 - ■ ■■■i iw 1 1 1 *-
' Il s'agit dit )^oe toyal de ^aède^, Bernadotteé
— 307 —
DiatioQ avec les postes de la grande armée, vous enverrez par
rintermédiaire de ces postes au général en chef des renseigne-
ments exacts sur la situation actuelle de notre armées »
a Quand je parcourus ces instructions, dit Lowenstern dans
tes mémoires, ma figure s'allongea. L'ordre en effet me donnait
iDe triple mission : inquiéter Tennemi, lever des contributions,
loaner des nouvelles à la grande armée. Or Texécution d'une
[uelconque de ces trois missions, devait forcément compro-
nettre et contrarier l'exécution des deux autres. S'il me fallait
Aquiéter l'ennemi, il m'était impossible de me porter du côté de
la grande armée et si je consacrais à la levée des contributions
le temps matériellement nécessaire, les renseignements que je
devais transmettre à la grande armée perdaient toute leur valeur
par cela même qu'ils auraient perdu leur actualité. Enfin pour
pouvoir agir efficacement sur les derrières de l'ennemi, il faut
avoir pour soi les habitants qui ne manqueront pas au contraire
de détester et de travailler à la perte de celui qui sera chargé de
lever des contributions et d'opérer des réquisitions. En présence
les observations que je présentai au général Tchernitcheff, ajoute
Lowenstern, il me répondit qu'il n'avait fait que transcrire et
Me transmettre les instructions en question. Mais, heureusement
pour moi, dès le lendemain, je reçus des ordres nouveaux qui
Me tirèrent de ce mauvais pas. »
Note XVI. — Page 467.
Covp demain tur Merteburg (18 septembre.)
ÀQn d'assurer la réussite du coup de main qu'il résolut dès le
IS septembre, de tenter sur Merseburg, Thielmanu eut recours h
me ruse de guerre. Le 18 septembre en effet il se montrait avec
«on corps d'abord à Nessa, puis du côté de Teuchern, dans l'es-
foir de faire supposer au général Lefebvre-Desnoettes qu'il
comptait se replier par Zeilz sur la rive droite de PElster. A cet
iffet il envoya même de ce côté quelques partis cosaques avec la
e formelle de s'engager avec l'ennemi et s'arrangea de
L'armée da Nord sous les ordres de Bei'aadoite.
— 308 -
façon à faire tomber entre les mains de l'ennemi à Weissenfels,
un ordre d'envoi à Zeitz des réquisitions faites dans cet endroit.
Aussi à peine arrivé à Teuchern et dès qu'il sut que le 16 sep-
tembre Lefebvre-Desnoettes, s'attachant anx pas de quelques
piquets cosaques qui se dispersèrent ensuite pour rejoindre le
gros du corps, se portait vers Zeitz, Thielmann n'hésita pas un
instant à changer la direction de sa marche, à passer tout à
coup la Saale à Kôsen et à prendre la route de Freiburg. Il en
résulta que tandis que Lefebvre-Desnoettes se hâtait de pré-
cipiter sa marche vers Zeitz pour y disputer le passage de
rÉlster à son adversaire, qu'il perdait de vue pendant ce temps,
Thielmann mettait cette faute à profit pour se dérober par une
marche de flanc et gagner deux marches sur lui.
Continuant son mouvement, il passait encore dans la journée
du 16 septembre l'Unstrutt près de Freiburg et poussait sur la
route de Querfurt jusqu'à Gleina où il s'arrêta.
De là il envoya vers Freiburg des patrouilles qui lui révélèrent,
d'après les renseignements que leur avaient fournis des gens du
pays, la présence de la cavalerie française dans cette ville. II en
conclut que le général français n'avait dû emmener avec lui vers
Zeitz qu'une partie de son corps et qu'il avait laissé a Weisseufels
le gros de son infanterie, envoyé quelques compagnies à Naum-
burg, et détaché vraisemblablement quelques escadrons seule-
ment à Freiburg. Afin de s'assurer de ce qui se passait à Freiburg
il diiigea de ce côté un parti de cosaques sous les ordres du
lieutenant-colonel von Bock. Lui-même avec le gros de son corps
marcha de Gleina à Schortau par des chemins de traverse, reprit
sur ce dernier point la route de Freiburg à Merseburg et poussa
jusqu'à Braunsdorf où il bivouaqua et fut rejoint par le lieutenant-
colonel von Bock, qui avait amusé pendant toute la journée les
cavaliers français postés à Freiburg.
Le 18, il était devant Merseburg à 8 heures du matin
et, pour décider le commandant français à accepter une capitu-
lation qui lui avait été proposée et qu'il avait rejetée, Thielmann
eut encore une fois recours à un stratagème. Le commandant
français avait, en effet, répondu qu'une infanterie bien armée ne
rendait pas ses armes à la cavalerie. Or, Thielmann traînait pour
le moment à sa suite 2,000 prisonniers français. Le ciel était
couvert et le brouillard commençait seulement à se dissiper.
-309 -
Thielmann ordonna donc à ses cosaques de disposer les prison-
niers sur une longue ligne à environ 2,000 pas de la ville. Une
fois ce mouvement eiécuié, Thielmann montra cette longue ligne
au parlementaire français qui retourna auprès de son chef et appela
à son tour son attention sur la présence de cette ligne d'infanterie.
Quelques instants après, la capitulation était conclue.
Thielmann après avoir, comme nous l'avons dit, fait sauter le
pont de pierre de la Saale, poussa un escadron sous les ordres
du capitaine von Rohr vers Halle, et reprit ensuite pendant la
journée du 18 la route de Freiburg.
A cause de la fatigue de son monde, il s'arrêta le soir à
Rundstât, se faisant couvrir à Bedra par les cosaques auxquels
il avait prescrit de surveiller la route de Freiburg et les chemins
venant de Weissenfels, points par lesquels l'ennemi pouvait
déboucher.
Pendant ce temps Lefebvre-Desnoeltes, qui n'avait rien trouvé
devant lui du côté de Zeitz, avait repris son projet d'attaquer
Thielmann partout où il le rencontrerait dans l'espoir de l'écra-
ser sous des forces supérieures, et comme l'infanterie qu'il avait
laissée à Weissenfels lui assurait la possession de la grande
route, il s'empressa de diriger sa cavalerie sur Tagewerben, par
la roule deMerseburg, où il espérait encore atteindre son adver-
saire. Lefebvre-Desnoettes ne savait pas à ce moment que Thiel-
mann avait pris Merseburg : il avait du reste perdu le contact
depuis Teuchern, Qt les escarmouches insignifiantes que les
cosaques avaient eues avec ceux de ses cavaliers qu'il avait
postés à Freiburg ne pouvaient lui fournir aucun indice.
Le 19, Thielmann se porta avec tout son monde de Bedra vers
Freiburg. Prévenu par ses émissaires des mouvements de Le-
febvre, il voulait franchir l'Unslrutt sur le pont de cette ville,
pour repasser de là à Kôsen, sur la rive droite de la Saale.
Thielmann avait d'ailleurs à peine commencé son mouvement,
que ses éclaireurs cosaques et ses flancs-gardes lui signalaient la
marche des Français de Tagewerben vers Petlstàdt.
Arrivé à hauteur de Grest, il poussa les cosaques du côté de
Peltstâdt, se prépaira lui-même à les soutenir avec le gros de
son monde, pendant qu'un escadron de chasseurs volontaires du
l'égimentde cavalerie nationale (hussards de Sllésie) filait en toute
liltepour s'assurer la possession du pont de Freiburg. Pendant
- 310 —
ce temps les cosaques deyaient amuser rennemi, Tarrèler oi
tout au moins le retarder dans sa marche. Heureusement poui
Thielmaon, Lefebvre-Desnoettes n'avait pas songé à occuper I<
pont de Freiburg, qui, s'il avait été entre les mains des Français
aurait placé Thielmann dans une situation des plus critiques, don
ce général n'aurait pu se tirer qu'en regagnant la Saale après d(
nombreux détours.
Du reste, et comme Thielmann Tavait prévu, il s'était engagi
à Pettstâdt un combat assez vif qui se continua jusque dans
Freiburg. Thielmann, faiblement poursuivi par les Français au-
delà de Freiburg, réussit néanmoins à repasser la Saale à Kôsen,
et le soir même après s'être, aux environs du pont de Kôsen,
emparé d'un convoi de munitions d'environ 200 voitures, il alla
bivouaquer près d'AIt-Flemmingen. Thielmann permit alors à la
moitié de son monde de se reposer, et vers le matin il octroya
quelques heures de repos à celles de ses troupes qui avaient
veillé jusque-là.
Le 20, le corps bivouaquait à Osterfeld, le 21 il était à Zeilz
où il restait les 22 et 23 septembre et où Thielmann recevait des
nouvelles de Mensdorff.
(Keyskrling. Aus der Kriegszeit,)
Note XVII. — Page 260.
Essai de justification des mesures prises par Wrede
{général Beiimann).
L'historiographe du feld-maréchal prince Wrede, le général-
major bavarois Heilmann, tout en essayant de justifier les
mesures prises par le général au moment de la bataille de
Hanau, confirme, comme le montreront les emprunts que nous
allons faire à son livre, l'opinion même que nous avons émise.
« Afin de pouvoir porter un jugement sur la conduite de
Wrede, dit le général, il est avant tout nécessaire de tenir
compte des renseignements qui lui étaient parvenus à celte épo-
que, des données qu'il possédait sur la situation générale. On ne
saurait, en effet, trop insister sur ce fait que Wrede s'est laissé
et devait se laisser imposer ses mouvements et ses opérations par
les informations qui lui sont parvenues. »
- 311 ^
Toutefois, airant de reproduire les documents que le général
Heilmaim va apporter dans le débat, il importe de constater que
quand Wrede arriva à Hanau le 29 octobre, à 1 heure 1/2 de
raprès-midi, il devait être complètement fixé sur la situation
absolument mauvaise que ses retards involontaires ou forcés et les
ordres contradictoires émanant du généralissime lui avaient
faite« La perte du point important de Gelnhausen» qu'il aurait dû
solidement occuper et conserver à tout prix, suiiisait pour lui
montrer d'une façon indéniable qu'il allait avoir à lutter contre
tout ce qui restait encore de l'armée française et contre l'Empe-
reur lui-même.
« Le 26 octobre, à Wiirzburg, dit le général Heilmann, Wrede
avait reçu du colonel autrichien von Scheibler, dont le corps de
partisans avait été attaché à ses troupes, des renseignements
précis sur la direction prise par l'armée française. Scheibler lui
avait, en effet, écrit de Schmalkalden, le 26, à midi : « Un agent,
dans lequel je puis avoir toute confiance, arrive à Tinstant de
Fulda qu'il a quitté hier soir à 10 heures et a pu personnelle-
ment constater que l'ennemi se retire en réalité sur Francfort. Les
troupes ennemies ont commencé à défiler par Fulda depuis hier
midi et continuaient à traverser la ville au moment ou il Va
quittée. Le maréchal Ney et plusieurs généraux de division
auraient, d'après lui, passé la nuit dans la ville ou du moins y
avaient fait préparer leurs logements. L'Empereur lui-même
devait y arriver ce matin et une partie de la garde impériale avait
atteint Fulda. » Je compte, par suite, me mettre immédiatement
eu route, me porter par Hammelburg sur Brûckenau, et de là,
en me réglant sur les événements, sur Fulda ou Sleinau, où je
compte êlre demain matin. La route d'Eisenach par Meiningen
et Schmalkalden est absolument libre, mais j'y envoie néan-
moins un parti tant pour surveiller cette route que pour couvrir
mon flanc droit. »
Il est clair qu'à ce moment Wrede lui-même croyait que Na-
poléon se dirigeait sur Hanau; c'est d'ailleurs ce que prouvent
les nouvelles qu'à la date du 26 octobre il transmettait au roi
de Bavière et au généralissime.
Voici, d'ailleurs, ce qu'il écrivait à Maximilien-Joseph : « Le
colonel baron Scheibler, qui avec un corps volant s'est porté
aujourd'hui par Hammelburg dans la direction de Fulda^ m'in-
- 312 -
forme que V armée ennemie se retire positivement et en grande
hâte sur Fulda; il me faut donc, de mon côté^ me bâter de
réunir mon armée à Aschaffenburg, et de choisir la position sur
laquelle je pourrai faire le plus de mal à l'ennemi. En même
temps, il envoyait à Schwarzenberg la dépèche suivante : « Le
colonel baron Scbeibler, qui était hier avec son corps volant à
Schweinfurt et qui se porte aujourd'hui en passant par Hammel-
burg et Brûckenau sur Fulda ou sur Steinau, me fait savoir qu'il
est désormais certain que l'ennemi se retire par Fulda où dès hier
une partie de son armée était arrivée. Il y avait hier à Hanau
3,000 hommes de troupes de marche. » Enfin Wrede laisse
même percer dans la lettre qu*il écrit à l'empei^eur Alexandre
rintention de résister à l'Empereur sur la position de Gelnhau-
scn : « J'espère fermera Tennemi sa route de retraite sur Mayence
en me postant soit à Gelnhausen^ soit à Hanau, m
Mais, ajoute le général Heilmann, on ne jugea malheureuse-
ment pas à propos de tenir tête à Gelnhausen. Cette intention
disparaît et reparaît tour à tour dans la correspondance échangée,
sans qu'on ait jamais songé à y voir le seul, le vrai moyen de
résoudre le grave problème en présence duquel on se trouvait.
Un courrier venant du grand quartier général, alors installé à
léna, arriva à Wûrzburg dans la nuit du 26 au 27. Il n'appor-
tait au général aucun renseignement précis sur la direction suivie
par les colonnes de l'armée française. On s'attendait, dit un offi-
cier de Tétat-major de Wrede, à recevoir des nouvelles de ce
genre des corps volants qui opéraient sur le flanc gauche de
l'armée austro-bavaroise. On voit donc que déjà, à ce moment,
on ne croyait plus, au quartier général de Wrede, aux nouvelles
envoyées par le colonel Scheibler.
Pendant ce temps, le grand quartier général avait éprouvé
désillusion sur désillusion. Schwarzenberg avait d'abord cru
(comme nous l'avons dit, du reste), que l'Empereur ferait encore
une fois tête sous Erfurt, puis quand il s'aperçut qu'il s'était
trompé, il pensa que l'Empereur pour éviter l'armée de Wrede
se rejetterait sur Coblenz, comme le prouve une lettre écrite par
Schwarzenberg à EUeben, le 27 oclobre, et reçue par Wrede
le 28 : « Le feld-maréchal Blûcher avait avant-hier (le 26) son
quartier général à Langensalza, et l'ennemi doit par suite être
dans l'impossibilité de se porter sur Cassel ; comme d'autre part,
- 313 ^
il a évidemment connaissaiice de Texistence de votre armée» il
teratt possible qu'il se dirigeât par Hersfeld et Ahfeld sur Wetzlar,
pour se retirer derrière la Lahn et chercher de Ik à passer le
Rhin à Bonn ou à Goblenz.
« Je crois devoir appeler Tattention de Votre Excellence sur la
direction que pourrait prendre la retraite de Tennemi, par cela
même que ce changement de direction me paraît de nature à
exercer une sérieuse influence sur vos opérations..., etc., etc. »
Il est bon de remarquer que Schwarzenberg avait négligé et
perdu de vue deux facteurs essentiels. Il aurait dû, en effet, penser
que Napoléon préférerait certainement la route de Francfort,
d'abord parce qu'elle est par elle-même intrinsèquement meil-
leure que celle de Goblenz, ensuite parce que depuis 1806 l'Em-
pereur en avait fait une route d'étapes, enfin et surtout parce
qu un grand capitaine comme Napoléon ne pouvait pas songer
à se dérober h l'ennemi en sacrifiant inutilement une partie con-
sidérable des débris de son armée.
Ces idées qui prévalaient au grand quartier général devaient
forcément contribuer à induire Wrede en erreur, et c'est là ce
qui explique les deux lettres qu'à la date du 28 octobre il adres-
sait au roi de Wurtemberg et à Schwarzenberg et qui prouvent
que Wrede pensait encore pouvoir couper à l'ennemi la retraite
sur Wetzlar; c'est ainsi qu'il écrit au roi de Wurtemberg :
« Toutes les nouvelles que je reçois prouvent d'une manière
positive que S. H. TEmpereur des Français continue sa retraite
par la route de Cassel. Il y a donc lieu de supposer qu'on a
jeté un pont près de Goblenz. Pour le cas où le feld-maréchal
prince de Schwarzenberg ne pourrait pas, avec k'aile gauche de
la grande armée, déborder le flanc de Tennemi, je serais néan-
moins en état d'empêcher ou du moins de contrarier le mouve-
^ent de retraite de Farmée ennemie par Wetzlar sur Coblenz, »
A Schwarzenberg il faisait savoir que tous les renseignements
qu'il avait reçus concordaient à établir que la plus grande partie
de Varmée ennemie s'était engagée sur la rouie de Wetzlar et
qu'il avait par suite pris aussitôt le parti de la prévenir dans
celle direction. « Hier, ajoutait-il, Tennemi avail jeté 5,000 hom-
mes de garnison dans Francfort, mais ces troupes ne tarderont
pas à être chassées et rejetées sur Cassel. Toutefois, comme
force m'est de faire surveiller effectivement le débouché de'
-~ 814 -
Cassely il m*est impossible d'employer dans la direction de
Wetziar autant de troupes que je désirerais pouvoir le faire. Ce
ne sera que demain soir, quand j'aurai reçu des renseignements
plus circonstanciés, que je serai en mesure de faire couDaitre à
Votre Excellence les mesures que je compte prendre et l'effectif
des troupes que j'ai l'intention d'employer sur la route de
WeUlar. »
Le 28 octobre, Wrede reçut du général Tchemitcheff la lettre
suivante (écrite en français) : « Me trouvant ici (à Neuhof) avec
le général Ilowaïsky et faisant en quelque sorte Tavant-garde de
l'armée ennemie, personne plus que vous ne peut être au fait du
désordre avec lequel t armée ennemie se retire. Monsieur l'officier
porteur de la présente en a été témoin oculaire et pourra vous
donner des nouvelles positives ; munitions, fourrages» subordi-
nation, tout y manque; te désordre est sans exemple. Nom^^
saurions trop vous engager de vous porter au plus vite sur Franc-
fort, si telle est votre destination. Une armée de SOyOOO braves
sous vos ordres arrêteront toute t armée ennemie et y mettront le
comble de la destruction. Napoléon lui-même est avec son armée et
n'ose s'en absenter à cause de 4,000 ou 5.000 aventuriers qui le
précèdent.
« P. S. L'avant-garde de l'armée ennemie, composée pour la
plupart de gardes impériales, a passé la nuit à Fulda, et le resie
do l'armée à Hunfeld et ses environs. »
Le 29 octobre, Wrede informait de nouveau Schwarxenberg
qu'une colonne ennemie et même la plus forte de ce» colonnes
paraissait de plus en plus avoir pris la direction de Wetziar.
« J'enverrai demain, ajouiait-il, du monde de ce côté. »
Dans la nuit du 29 au 30, Wrede recevait du général ûrloif la
lettre suivante : « J'ai l'honneur d'annoncer à Voire Excellente
que je suis arrivé à Schœnborn (Somborn) avec le corps de par-
tisan (sic) qui m'a été confié. Il consiste en 1000 chevaux, dont
500 cosaques et 2 pièces de canon. Ayant côtoyé Tennemi depuis
plusieurs jours, j'ai Thonneur de vous rendre compte de son
mouvement. La cavallerie (sic) marche en tôle et consiste en
chasseurs à cheval, dragons et cuirassiers, le tout peut se
monter à 6,000 chevaux. Cette cavalerie est entremêlée de
bataillons d'infanterie qui traînent avec eux 10 pièces de canon
et 15 chariots de munitions. Toute la colonne peut être estimée à
~ 815 —
plus de 18 à Ji 0^000 hommes. Elle marche sur la grande chaus^
iéej occupe successivement par des piquets tous les passages de
la Kinzig et s'avance ainsi sur Haaau. Elle est partie aujourd'hui
de Saalinnnster. J'occupe le village de Schœnborn (Somborn).
Mes piquets sont à Meerholz d'où ils observent tous le cours de
la Kinzig. Dans les circonstances difficiles où se trouve l'armée
de Votre Excellence, que le sort appelle à décider pour toujours
rindépôndance de TAllemagne, je crois de mon devoir de vous
offrir de ma part toute la coopération possible en vous priant de
vouloir bien régler vous-même de quel moyen je pourrai servir
avec le plus d'utilité les causes communes. Le nombre des
troupes et d'artillerie que j'indique est selon ce que j'ai vu de
mes propres yeux; il est cependant possible que je n'ai point vu
le tout. Il est très sûr que Napoléon se trouve en personne vis-
à-vis de moi, sur la grande chaussée, i
A celte lettre, il est bon d'ajouter que les renseignements
reçus par Wrede fixaient l'effectif de cette colonne à des chiffres
variant entre 20 et 70,000 hommes. Il en résulta, dit Thistorio-
graphe de Wrede, qu'il était impossible de savoir exactement
quelles mesures il convenait de prendre, et cette indécision
devait naturellement avoir pour nous des conséquences fatales.
Hais ce n'était pas seulement Schwarzenberg et son aréopage
militaire qui croyaient au changement de direction donné par
l'Empereur à ses colonnes ; Blûcher et Gneisenau eux-mêmes
paraissaient admettre la possibilité de la marche de Napoléon
sur Welzlar.
Les ordres donnés par Wrede le 30 octobre aux généraux
Rechberg et Pappenheim, c'est-à-dire le jour mémo de la
bataille, prouvent jusqu'à Tévidence qu'il s'attendait à n'avoir
affaire sur la chaussée de Mayence qu'à une colonne de flanc
forte environ de 20,000 hommes, et pensait que l'Empereur lui-
même avait pris une autre route avec le gros de ses forces.
Le prince de Thurn et Taxis, l'officier attaché à l'état-major
de Wrede, chargé d'apporter les ordres de son général à Franc-
fort, au général Rechberg, s'exprime à ce propos en ces termes :
« Le jour de la bataille, vers 11 heures, le général m'envoya à
Offenbach porter à la division Rechberg Tordre d'occuper Franc-
fort, de surveiller de là les rives de la Nidda^ de manière à empê-
cher toute colonne ennemie venant de Mayence de se porter contre
-316 -
la vilk. Le général m'avait prescrit, en outre, de rester auprès
de cette division jusqu'à ce que je puisse lui rendre compte de
l'exécution de ces ordres et d'annoncer que, putsqu'on était sûr
que l'Empereur avait pris la route de Giessen pour se rapprocher
du Rhin, le général Wrede transférerait le lendemain son quartier
général à Francfort. Il ordonnait, d'autre part à Pappenheim,
de tenir bon le plus longtemps possible pour ralentir et retarder
la marche de Tennemi et donner ainsi au général en chef la pos-
sibilité de tourner et peut être de prendre le corps ennemi qui ne
doitf d'après les rapports reçus, se composer que d'une partie de
F armée ennemie. »
Le général comte Orloff-Denissoff, qui commandait un corps
volant, envoyait porter à la même heure de Meerholz^ à 11 heures
du matin, à Wrede, le rapport suivant : « Je vous envoie en
original le rapport de mes avant-postes, par lequel vous consta-
terez que Vempereur Napoléon a couché cette nuit au village de
Rothenàergen, que des troupes françaises ont commencé à filer ce
matin depuis 3 heures par Gellnhausen, et que leur marche na pas
encore discontinué. Des nouvel/es assez probables annoncent que les
Français depuis hier soir ont renoncé à se porter sur Hanau. On
assure que l* armée française a pris de Langenselbold à droite de
Friedberg, ce qui est d'autant plus vraisemblable qtiune colonne
ennemie doit se diriger à la droite de la grande armée, sur le même
point. L'ennemi file dans ce moment même devant mes yeux
avec peu d'ordre, en plupart cavalierie^. »
Il convient d'ailleurs d'ajouter que le renseignement envoyé
par Orlcfif était, en partie du moins, exact, en ce que le 3« corps
de cavalerie sous Arrîghi, avait en effet pris à droite, au delà de
Langenselbold, afin de faire filer en sûreté les voitures de TEm-
pereur, les parcs de l'artillerie, etc., elc.
Ce fut seulement pendant la bataille, lorsque la garde entra en
ligne, que Wrede et son état-major virent qu'ils avaient affaire
à l'Empereur et au gros de son armée : « // ne nous reste plus,
s'écria Wrede, qu'à faire notre devoir de soldat. »
L'historiographe de Wrede ajoute que Wrede sentit alors qu'il
devait se sacrifier lui et son armée et que pour cette raison il
* Nous reproduisons ici le texte même de la dépêche d'Orloff, envoyée en
français par ce général.
— 317 —
rerasa d'aller occuper une position sar la rive gauche de la
Kinzig. Il devait d'autant plus compter être soutenu presque
immédiatement par les troupes alliées qui poursuivaient Tarmée
française, que Schwarzenberg lui avait formellement fait savoir
qu'il resterait attaché aux takm des Français.
Il nous parait inutile d'insister davantage sur les fausses ma-
nœuvresy sur les erreurs stratégiques, sur les motifs politiques
qui ont amené la bataille de Hanau et ont permis à l'Empereur
de s'ouvrir la route du Rhin.
Blûcher lui-même s'est exprimé à ce propos de la manière
suivante : (c Nous avons résolu le grand problème dont nous
poursuivions la réalisation : les Français ont repassé le Rhin ;
mais on a commis une faute immense qui a sauvé de l'anéantis-
sement les débris de la grande armée française. Napoléon s*est
frayé le chemin à Hanau, bien que le général bavarois Wrede
ait fait tout ce qui dépendait de lui pour l'arrêter. J'avais suivi
pas à pas la marche de TEmpereur et j'occupais aussitôt après
lui les quartiers qu'il venait de quitter. Si l'on m'avait laissé
marcher dans ma direction primitive, j'aurais été sur les talons
de l'ennemi, et j'aurais pu l'attaquer à revers au moment où il
s'engageait avec Wiede. Hais, Dieu sait pourquoi, l'empereur
François tenait à entrer le premier à Francfort, et c'est pour
cela que je reçus de Philippsthal Tordre de prendre ma direction
sur Giessen, tandis que la grande armée devait se charger de
faire talonner l'ennemi par une avant-garde. Or, cette avant-
garde était à deux jours de marche derrière moi. Elle arriva
trop tard, et c'est ainsi que l'Empereur parvint à s'échapper. Sa
retraite lui a d'ailleurs coûté cher, et le grand homme n'a guère
pu ramener plus de 40,000 combattants sur la rive gauche du
Rhin. » Mais, comme l'a dit Clausewilz, l'Empereur n'aurait
certes pas réussi à faire passer un seul homme de l'autre côté
du Rhin, s'il s'était arrêté à l'idée de prendre le chemin de
Mannheim ou de Coblenz.
Note XVm. - Page 260.
Opinion du prince de Thurn et Taxis sur le combat de Hanau.
Le prince Auguste de Thurn et Taxis, parlant dans son journal
^318 -^
de la posiiion choisie par Wrede, répond dans les termes sui-
vants au reproche adressé h Wreda à ce propos:
« En toute autre circonstance, dit-il. J'aurais certainement
blâmé un général qui se serait laissé aller à livrer bataille dans
la plaine de Hanau« en ayant la Kiniig derrière lui. Hais, comme
nous l'avons dit, jusqu'au moment où les Français débouchèrent
du bois, Wrede ne pensait même pas qu'il pût avoir affaire au
gros de l'armée française et à l'Empereur, et il était alors trop
tard pour songer à refuser le combat. Il ne s'agissait plus en
effet pour Wrede de savoir s'il pourrait se maintenir sur la po-
rtion» mais de prouver aux puissances et au monde entier que
les Bavarois étaient fermement résolus k verser leur sang pour
la cause des aUiés...». »
Enfin il convient d'ajouter que Wrede comptait sur Bubna et
Blucber, dont l'arrivée lui avait été annoncée pour le 30, tandis
qu'on avait obligé Blûcher à obliquer vers k droite et que Bubna
ne pouvait en réalité atteindre Hanau que trois jours plus tard.
Note XIX. - Page 260.
Opinion de Clausewitz sur Hanau.
Quel que soit l'abaissement du moral d'une armée battue et
quelque raison que l'on ait d'augurer mal de tout enga^^ment
nouveau, éviter la lutte avec trop de soin ne peut qu'augmenter
le mal et le porter à ses dernières limites* Si Bonaparte, afin de
ne pas combattre à Hanau en 1813, eût franchi le Rhin à Mann-
faeim ou à Coblenz, il ne fût jamais parvenu k porter sur la rive
gauche de ce fleuve les 30,000 ou 40,000 hommes qui lui restèrent
après avoir gagné cette bataille.
Note XX. -* Page 262.
Moment décisif de la bataille de Hanau {général Beilmann.)
Le général Heilraann, dans sa biographie de Wrede, rend de
la façon suivante compte de la phase décisive de la bataille de
Hanau.
Napoléon, qai étmt arrivé vers S henras de Taprès-midi à
— 819 —
l'Ihmshûiie, avaiii à la suite de la reconnaissance faite par Drouot,
pri« «assitAt ses dernières dispositions qui consistaient à porter
tout son effort sur l'aile gauche des Austro-Bavarois, seul moyen
de s'ouvrir le chemin du Rhin. Ge fut de l'Ihmshûtte que Napo*
léon dirigea depuis lors toute la bataille.
Vers 3 heures, la lutte redoubla d'intensité. Le général Gurial,
avec deuK bataillons de chasseurs de la vieille garde arracha aux
Uraiilears de la division Lamotte les débouchés de la forêt de
Laœboy. S batteries à cheval de la garde, escortées par 2 ré-
giments de cavalerie de la garde, suivirent le général Gurial, et,
«e servant d'un «entier au nord de la chaussée, vinrent prendi*e
{K>sitton sur la lisière même du bois. 2 de ces pièces amenées
ea pesition jusqu'au débouché même de la chaussée hors du bois
permirent rétablissement du reste des pièces, qui se mireni
en batterie à droite des deui premières, tandis que quelques
autres prirent leurs emplacements à gauche^ si bien que Drouot
ne tarda pas à disposer de âO«èouches à feu. Un témoia oculaire
s'exprime eomme suit sur cette mise en batterie de Tartillerie
franç4iiseA : « On amena d'abord sur la lisière de la forôt une
seule pièce qui ouvrit immédiatement le feu. Cette fMèoe fut
suivie par une 2<», par une 3% si bien qu'en peu d'instante et avec
une rapidité eurpreaante on eut une immense batterie «'étendant
de la route de Gdnhausen jusqu'à la Fallbach. » La cavalerie de
la garde se ferma en colonne par peloton sur la chaussée avec
l'ordre de profiter de la prenEÛèie occasion pour se Jeter dans la
plaine et tomber sur l'aile gauche et le centre de Wrede» L'in-
fanterie de la garde «e tenait prête à soutenir la cavalerie pendant
que les troupes des â^ et 11« corps, postées au sud de la chaussée
devaient en même temps prendre pour objectif de leurs attaques
Taile droite des Austro-Bavarois.
Les premières batteries amenées par les Français eurent dans
le principe à résister au feu extrêmement supérieur des batteries
alliées et ce ne fut que l'arrivée en ligne des batteries fi'ançaises
de 12 qui permit à rartillerie française de prendre le dessus dans
ce grand dueL En effet plus le feu des bouches à fea françaises
devenait intense, plus celui des alliés se ralentissait par cela même
t ikstoire an i*' régunent IoumI ^ie& 1* tépme^ Ae ehem^ëgen dn
prince Charles).
~ 3Î0-
que les munitions commençaient à leur manquer, et que, par suite
même de la dislance h laquelle on avait eu l'imprudence de laisser
les colonnes de munitions, il aurait fallu un temps assez long
pour les faire arriver. Enfin les batteries austro-bavaroises quit-
tèrent leur position et se reportèrent de l'autre côté de la Kinzig.
Cette retraite des batteries (retraite que Wrede attribue à un
hasard?)^ décidait du sort de Taile gauche et par contre-coup
du centre. Une grêle de projectiles s'abattit aussitôt sur la cava-
lerie austro-bavaroise qui reçut l'ordre de charger en ligne et
d'enlever les bouches à feu françaises*. Toute la première lignei
composée de 3 brigades bavaroises renforcées par une division
du régiment de hussards Archiduc-Joseph, se mit aussitôt en
mouvement, mais avant même qu'elle eût pu joindre l'ennemi,
le désordre, causé en grande partie par les difficultés du terrain,
se mit dans ses rangs. Le régiment de chevau-légers qui formait
l'aile droite de la ligne fut tout particulièrement maltraité par
les feux partis du saillant du bois occupé par les chasseurs de
Gurial. Toute la ligne continua néanmoins à avancer. Ni le feu
des pièces, ni les contre-attaques des deux régiments de cavalerie
qui servaient de soutien spécial à l'artillerie ne réussirent à
arrêter le mouvement des escadrons bavarois qui, pêle-m^le,
avec les cavaliers français pénètrent jusque dans la batterie.
Mais au moment même où le succès paraissait assuré, on vit
apparaître le gros de la cavalerie française qui venait d'achever
son déploiement. Les cavaliers français, formés en colonne serrée,
s'avancèrent, sabrant les escadrons bavarois déjà rompus et par
leur attaque et par la lutte acharnée qu'ils continuaient à sou-
tenir tant avec les canonniers des batteries qu'avec les régiments
qu'ils venaient de forcer à se replier. La première ligne bava-
^ Une brigade de cavalerie bavaroise avait, sans ordre et de sa propre ini-
tiative, chargé quelques escadrons français qni s'étaient montrés sur la lisière
du bois et qu'elle avait repoussés. Obligés à leur tour de reculer, les cherau-
légers bavarois durent traverser leurs propres batteries : c*est peut-être à ce
mouvement que Wrede attribue le hasard dont il parle. Le fait est que les pièces
bavaroises attelées à la prolonge quittèrent, sans que personne en ait doimé
Tordre, leur position à la suite des chevau-légers. ^
s Les opinions varient toutefois sur la nature des ordres donnés à cette cara-
lerie. On prétend, en effet, que la cavalerie alliée reçut Tordre de s'opposer au
mouvement de la cavalerie française qui se portait en masse sur la chaussée,
et de la charger par lignes se relevant successivement.
— 321 —
roise fut culbutée et poursuivie par les cavaliers français qui lui
infligèrent des pertes sensibles. La deuxième ligne composée des
dragons de Knesevich et des cuirassiers de Lichtenstein^ con-
duite par le feldmaréchal lieutenant Spleny en personne, tout
en réussissant à arrêter les escadrons français, ne parvint cepen-
dant pas à arriver jusqu'à la batterie.
Les charges succédèrent alors aux charges, jusqu'à ce qu'enfin
la cavalerie austro-bavaroise dut céder le terrain à ses adver-
saires plus nombreux et soutenus par le feu d'une puissante
artillerie, qui avait profité de cette sanglante mêlée pour prendre
une deuxième position dans la plaine en avant de la lisière du
bois.
Le corps de partisans du colonel comte Mensdorff arriva à
temps pour recueillir et dégager la cavalerie austro-bavaroise,
au moment même où Nansouty la malmenait d'une façon inquié-
tante en la chargeant sur son flanc droit et la faisait canonner
par 9 bouches à feu qui avaient suivi le mouvement de ses esca-
drons. L'entrée en ligne des cavaliers de Mensdorff obligea, en
effet, les cuirassiers français à s'arrêter et à se replier sur leurs
réserves
Il nous parait inutile d'insister sur le rôle brillant, il est vrai,
mais moins décisif joué par la cavalerie française dans ses attaques
contre le centre des Austro -Bavarois oti se trouvait la3« division
Deroy, qui rejetée sur la Kinzig perdit beaucoup de monde en
essayant de gagner la rive opposée.
Pour conclure, nous nous contenterons de citer une dernière
fois le général Heilmann, et de reproduire quelques lignes de la
lettre adressée le 5 novembre par Wrede au comte Rechberg,
Le général Heilmann, avant de passer à l'action du combat du
31 octobre, s'écrie :
« Notre résistance avait été infructueuse, le mouvement de
recul de la gauche et du centre avait entraîné notre droite. Wrede
était battu, la route de Francfort ouverte. Napoléon pouvait
désormais se replier en toute sécurité sur le Rhin et nous avions
d'un seul coup perdu tous les fruits que nous aurions pu retirer
de notre campagne commencée à Brannau. »
Quant à Wrede, voici ce qu'il écrit au comte Rechberg : « Je
ne parle pas de la bataille chaude que j'ai livrée le 30 à l'empe-
reur Napoléon lui-même. Je lui ai fait tout le mal que j'ai. pu;
M. Bi u 21
- 3M-
ane partie de sa vieille garde est abîmée ; mais je n'ai pu empô-
cher» va sei fareet mpérieures et k manque de nmnition» qtu
f avais, de lui knsser h passage libre le lendemain. »
Note XXI. — Page 96S.
Impressions personnelles de Wrede avant Banau.
Quand, en 1814, Wrede se retrouva à Paris avec le comte de
Mercy^ArgenteaUy ancien ministre de France à Munich, il ne put
s*empècher de lui dire, en lui parlant de Hanau : « Je ne serais
pas sincère si je ne vous faisais pas l'aveu de l'effet que produi-
sirent sur moi et la vue de cette vieille garde dont je connais
bien la valeur et le sentiment de la nouvelle position dans laquelle
je me trouvais vis-à-vis de l'Empereur, h {Revue contemporaine^
15 juin 1869, page 410.)
Montgelas, dans les Mémoires (manuscrits) qu'il a laissés et
qui figurent aux archives bavaroises, affirme, en effet, que Wrede
avait longtemps hésité avant de se décider à prendre parti contre
l'empereur Napoléon, qui l'avait couvert de bienfàils et d'hon-
neurs, et à marcher contre celte armée française dans les rangs
de laquelle il avait tant de fois combattu.
LISTE
DES
OUYMGES ET DOCUMENTS CONSULTÉS
Comme nous n'avons pu citer dans le cours de notre travail
les différentes sources auxquelles nous avons puisé, nous avons
cru bien faire en indiquant par ordre alphabétique les principaux
fivres et documents relatifs à la campagne de 1813; mais afin
de ne pas surcharger inutilement cette liste déjà bien assez longue,
nous n'avons cité que quelques-uns des ouvrages français aux-
quels nous avons eu recours*
Âktenstûcke und Materiale zu der Geschichte des grossen Kampfes um
die Freiheit Enropas in den Jahren 1812-13 (Pièces et documents
relatifs à Tbistoire de la grande lutte pour la liberté de l'Europe en
1812 et 1813).
Anecdoten aus dem Feldzuge 1813 und 1814 (Oesterreichische Milita-
risehe Zeitschrift 1837) (Aneedotdft des campagnes de 1813 et 18U
(Revue militaire autrichienne^ 1837>.
Aller. Schildemog der Kriegterelgnisse in «nd vor Dresdén voin V^»
Mârz bi« znm 28^^ Àugust 1813 (Det»eription des événements militaires
dans et devant Dretde, da 7 mars au 28 août 1813).
Att«r. Die Kriegsereignisse zwis«hen Fetersifi'alde, Pima, Kôaigsftela
und Priessnitz im August 1813 und die Schlacht bei Kulm (Événements
militaires entre Peterswalde, Pima, Kônigstein et Priessnitz en août
1813 et la bataille de Kolm).
Aster. Die Schlacht bei Leipzig im October 1813 (La bataille de Leipzig
en octobre 1813).
Anszâge ans eioem Tagebuche von den Peldzûgen 4813, 1814 und 1815
(Militair Wochenblatt 1820) (Extraits d'un journal des campagnes de
1613, 1814, 1815)«
AvcmaBB-Leta (OberlientenaDt Ferdinand von). Geschichte des oester-
rciciitsehea Dragooerregi mente n<» 6 Ricsch in den FeWztigen 1843-
1814 (Histoire du régiment de dragons autrichiens n« 6 Riesch pen*
dani les campagnes de 1813 et t814)<
- 324 -
Balmen (lieutenant -coloael). Zapîski. Mémoires (Manuscrit).
Banmann (Oberslieutenant) Geschichte des K. K. Husaren -Régiment
n* 1 Kaiser Ferdinand nach den Quellen des K. K. Kriegsarcbiv
verfasst (Histoire du régiment de hussards n® 1, empereur Ferdinand
d'après les documents des archives impériales et royales de la guerre)
Bcitrâge zur Kriegsgeschlchtc der Feldzûge 1813 und 1814 von einen
officier der Alliirten Armée (Notes relatives à Thistoire militaire de
campagnes de 1813 et 1814, par un officier des armées alliées).
Beitzke. Geschichte der deutschen Freiheitskriege (Histoire des gnerrei
de rindépendance de T Allemagne).
Bemerknngen ûber verschiedene Ereignisse im Kriege des Jahres 1812
(Remarques sur certains événements de la campagne de 1813). Ouvrage
attribué à l'état-major de Barclay de ToUi.
Benkendorf (général). Mémoires sur la guerre de 1812 et 1813.
Benkendorf (général). Des cosaques et de leur utilité à la guerre.
Berichtigung zu der Darstellung der Schlacht bei Hanau am 30 October
1813 im ersten Hefte der œsterreichischen militarischen Zeitschrifl
1839 (Rectification de la description de la bataille de Hanau, 30 oc-
tobre 1813, publiée par la Revue militaire aulrichienney 1'* livraison
de 1839).
Bemeck. Die Schlacht bei Leipzig (La bataille de Leipzig).
Bemhardi. Denkwûrdigkeiten des Grafen von Toll (Mémoires du comle
de Toll). ,
Berthier (maréchal, prince de Wagram). Lettres et ordres.
BogdanoTitch (général-lieutenant). Histoire de la -guerre de 1813 pour
rindépendance de TAUemagne (Publié en russe, a depuis été traduit
en allemand).
Boutonrliii (général). Tableau de la campagne d*automne de 1813 en
Allemagne, par un officier russe.
Garrion-Niaas (général de). Récit de la campagne d'Allemagne en 1813.
Gaue (A. du). Mémoires et correspondance du prince Eugène.
Casse (A. du). Le général Yandamme et sa correspondance.
Gliarras (lieutenant-colonel). Histoire de la guerre de 1813 en Aile- 1
magne.
Chatoff (général-lieutenant). Journal des opérations des Russes et de
leurs alliés pendant les campagnes de 1812, 1813 et 1814.
Ghrapowltsky (S. S.). Zapiski. Mémoires.
GlaQsewitz. Hinterlassene Papîere des General Garl von Clausevitz ûber
Krieg und Kriegfûhrung. Der Feldzug 1813 bis zum Waffenstill-
stand. — Historische Materialien zur Stratégie, ûber den Feldzog
Yon 1813. (Papiers laissés par le général Charles de Glausewitz sur la
guerre et la conduite des guerres. La campagne de 1813 jusqu'à Tar-
mistice. — Matériaux historiques relatifs à la stratégie pendant la
campagoe de 1813).
ClaiiMwlta (général Garl von). Hinterlassene Werke ûber Krieg naà
— 325 -
Kriegsfûhrang. (Oavrages sur )a guerre et )*art de la guerre laissés par
le général Charles de GlausewiU.
Colomb (yod). Aus dem Tagebuche des RiUmeisters von (Journal du
capitaine ▼. Colomb.
Colomb (général-lieutenant von). Beitrâge zur Geschichte der Preussis-
chen Kavallerie seit i808 (Notes pour servir à l'histoire de la cavalerie
prussienne depuis )808).
F. Yon D. Napoléon in Dresdcn (Napoléon à Dresde).
F. Yon D. Tagebuch der Begebenheiten von d3^«n bis 27^^ mai 1813
(Journal des événements survenus du 13 au 27 mai 1813).
M. G. J. K. Yon D. Die grossberzoglicben hessischen Truppen in den
Feldzûgen von 1813 (Les troupes grand-ducales bessoises pendant la
campagne de 1813).
DaYidoif (général D.). Essai sur la guerre de partisans.
Denkb (K. K. Hauptmann). Kriegszenen, gesammelt von (Scènes de
la guerre y rassemblées par le capitaine Denkb).
Denkwûrdigkelten des Gênerais der lofantorie Markgrafen Wilhelm
von Wurtemberg (Mémoires du général d'infanterie margrave Guil-
laume de Wurtemberg).
Oenkwùrdigkeiten eines Livlânders (Mémoires d'un Livonien, journal
du chef de partisans Lôwenstern).
Der Kaiser Alexander I und seine Gefâhrten in den Jahren 1812, 1813,
1814, lSi5 (L'empereur Alexandre et ses compagnons d*armes dans
les années 1812, 1813, 1814, 1815).
Droysen. Das Leben des Feldmarschalls Grafen York von Wartenburg
(La vie du feldmarécbal comte York von Wartenburg).
Dumas (comte Mathieu). Précis des événements militaires.
Duntze (Johann-Hermann). Bremen unter franzôsiscber Gewaltherrschaft
(Brème sous la domination française).
Egger Yon Eggsteln (K. K. Major). Geschichte des K. K. œsterreichis-
chen Husaren Régiments Alexander Gsarewitch, Grosstûrsl und
Thronfolger von Rusàland (Histoire du régiment de hussards autri-
chiens tzarewitch Alexandre, grand-duc héritier de Russie).
Fain (baronj. Manuscrit de 1813.
Feldakten aus dem Archiv des Kriegsministeriums und au& dem Ar-
chiv-Conservatorium von Oberbayern in Mûnchen. (Documents mili-
taires du ministère de la guerre et des archives de la Haule-Bavière, à
Munich.
Feldsûge der Sachsen in den Jahrén 1812, 1813, 1814 (Campagnes des
Saxons pendant les années 1812, 1813 et 1814).
Fezensac (général de). Souvenirs militaires de 1804 à 1814.
Figner. Le partisan Figner (Extrait de la revue historique russe HUto-
ritchesky Sbornik),
Forster. Geschichte der Befreiungskriege (Histoire des guerre d*indé-
pendance). .
~ 3?6 -
Friccins (Garl). Geschichto des Krieges in den Jahren 1813^814 (His-
toire de la guerre pendant les années 4813 et 1614).
Qalitiine (général prince). Partizanskich Dieistviach ve bolsehieh
Razmierach (Des grandes opérations de partisans).
Casser (K. K. Oberstiieutenant). Tagebuch (Journal).
Gertchelmann (colonel). Partizanskaia Yoïna (De la guerre de partisans.
Extrait du Voiennyi Sbomik),
Geschichte des Ârmee Korps unter den Befehlen des GeneralLieu-
tenants Grafen von Wallmoden-Gimborn an der Nieder-Ëlbe nnd in
den Niederlanden vom April 1813 bis zum Mai 1814, nach den Papie-
ren eines Offiziers des Generalstabes dièses Ârmee Korps (Histoire
du corps d'armée sous les ordres du général-lieutenant comte von
Wallmoden-Gimborn sur le Bas-Elbe et dans les Pays-Bas, depuis
avril .1813 jusqu'en mai 1814, d'après les papiers d'un ofiBcier de
l'état- major de ce corps d'armée).
GoQvion Saint-Cyr (maréchal de). Mémoires pour servir à l'histoire
militaire. Campagne de 1813 en Saxe.
Hamburger Gorrespondent(Le Correspondant de Hambourg), année 18i3.
Hardenberg's Leben uud Wirken (La vie et le rôle d'Hardenberg).
Heilmann (general-major). Das Bataillon Wrede. (Le bataillon Wrede.)
Jahrbûcher fur die Deutsche Armée und Marine.
Heilmann (general-major). Feldmarschall Fûrst Wrede. (Le feld-maré-
chai prince Wrede.)
Helldorf (General). Zur Geschichte dcr Schlacht bei Kulm (Noies sur la
bataille de Kulm).
Helldorf (General). Aus dem Leben des Prinzen Eugen von Wurtem-
berg (Extraits de la vie du prince Eugène de Wurtemberg).
Heller von Hellwalld (Friedrich K. K. Feldmarschall-Lieutenant).
Erinnerungen aus den Freiheitskriegen (Souvenirs des guerres de
l'indépendance).
Henkel von Donnersmark (Graf. Kôn. preussischer General-Lieule-
nant). Erinnerungen aus meinem Leben (Souvenirs de ma vie).
Histoire critique des exploits et vicissitudes de [la cavalerie pendant les
guerres de la Révolution et de l'Empire jusqu'à l'armistice du 4 join
1813, d'après l'allemand par Unger.
Histoire du régiment des chevaliers-gardes.
Hofmann. Zur geschichte des Feldzuges von 1813. (Documents relatifs
à l'histoire de la campagne de 1813.)
Holtzendorf. Beitrâge zu der Biographie des Gênerais Freiherrn von
Thielmann und zur Geschichte der jûngst vergangenen Zeit. (Notes
relatives à la biographie du général baron von Thielmann et à l'his-
toire des événements les plus récents. Ouvrage publié en 1830.)
Hôrmann (Major von). Bruchstûcke zu einer Biographie des Feldmars-
• Challs Fûrslcn Wrede. (Notes et fragments pouvant servir à la biogra-
phie du feld-maréchal prince Wrede.)
•- 3Î7 -
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de rhistoire nationale.)
Jomini. Vie politique et militaire de Napoléon.
Journal des opérations signé parle pmrcbWolkohski.
Journal des opérations du corps du prince Eugêni db Wubtbmberg.
(Archives du dépôt topographique et militaire, Saint-Pétersbourg.)
Journal des armées impériales russes et alliées depuis la prise de Thorn
jusqi]*à la capitulation de Paris.
Journal des opérations de guerre signé par Babclay db Tolli. (Archives
du dépôt topographique et militaire. Saint«Pétersbonrg.)
Journal du 6" corps d'armée russe pendant les années 1812, 1813,
1814. *
Journal de l'armée de Pologne, signé par le chef d*état-major général-
lieutenant Oppermann.
Journal du corps Sangeron. (Archives du dépôt lopographique et mili-
lilaire, Saint-Pétersbourg , )
Journal du corps Sacken. (Archives du dépôt topograpbique et mili-
taire. Saint- Piîtersbourg.)
Journal du comte Benningsen. (Archives du dépôt topographique et mi-
litaire, Saint-Pétersbourg.)
Jonmal des opérations, signé par Koutousoff. (Archives du dépôt topo-
graphique et militaire, Sant-Pétersbourg.)
Journal des opérations, signé par le général Woronzoff. (Archives du
dépôt lopographique et militaire, St-Pétersbourg.)
Journal de marche de la ?• division de cavalerie polonaise.
Journal général des ordres donnés pendant la campagne de 1813. (Ar-
chives du dépôt topographique et militaire, Saint-Pétersbourg.)
Jonmal général des rapports reçus pendant la campagne de 1813. (Ar-
chives du dépôt topographique et militaire, S$int-Péterbourg.)
Jonmal des Feldzuges im Spâtjahre 1813 von e^nem Offiziere der Witt-
gensteinschen Armée Abtheilung. (Journal de la campagne d'automne
de 1813, par un officier de l'armée de Wiltgenstein. !'• partie du tra-
vail indiqué ci-dessus, sous le titre de Beitrâge znr Kriegsgeschiehte
der Feldzûge 1813 und 1814.)
Keyserling Oberst a. D. (Archîbald Graf von) Aus der Kriegszeit-
Erinnerungen. (Souvenirs du temps de la guerre, l'« partie.)
Koch. Tableau des révolutions de l'Europe.
Kriegsszenen aus der Geschichte des 48, K. K. Infanterie Régiments Ba-
ron Gollner in dcn Feldzûgen 1813 und 1814. Berbeilet nach den von
dem Régi mente cingesendcten Materialen. (Faits de guerre des cam-
pagnes de 1813 et 1814 du 48» régiment d'infanterie I. et R. baron
Gollner, d'après les documents officiels communiqués par le régi-
ment.)
Lachmann (général-major). La bataille de Hanau, le 30 octobre 1813.
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Marmont (maréchal, duc de Raguse). Mémoires.
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de la bataille de Leipzig.)
Oesterreichische Relation ûber die Ereignisse bei Hanau vom 29**'^ Oc-
tober bis zum l^^n November. (Relation autrichienne des événements
qui se sont passés aux environs de Hanau du 29 octobre jusqu'au
1" novembre.)
Olvenstedt. Geschichte des deutschen Freiheitskarapfes in den Jabren
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Parts (G. H.). Das Leben der Minislers Freiherrn von Stein. (La vie du
ministre baron von Stein.)
Pfau (Hauptmann). Kriegszenen ans der Geschichte des K. K. 4 Dra-
goner Régiments Grossherzog von Toscana. (Faits de guerre tirés de
l'histoire du 4* régiment de dragons L et R. grand-duc de Toscane.)
Plotho (Oberstlieutenantv.). Der KrieginDeutschlandundin Frankreich
in den Jahren 1813, 1814, 1815. (La guerre en Allemagne et en
France pendant les années 1813, 1814 et 1815.
Prittwits. Beitrâge zur Geschichte des Jahres 1813. (Documents relatifs
à rhistoire de Tannée 1813.)
Qnistorp (Berthold von, Hauptmann im Kôn. preuss. 31 Infanterie Ré-
giment). Die Kaiserlicb russische-deutsche Légion. (La légion impé-
riale russe-allemande.)
Rapports, journaux, notes, lettres, ordres de Blûcher, Barclay de Tolii,
Witlgenstein, d'Auvray, Winzingerode, prince Wolkonsky, Sacken,
Schamhorst, Gneisenau, Toll, Miloradowitch, Tschaplitz, Oppermann,
Yermoloff, Teltenborn, Tchernitcheff, WoronzofiF, Platoff, York, Bulow,
Kaissaroff, Figner, Diebitsch, Benningsen, Langeron, Korft, Schwar-
zenberg, Tauenzien, Dôrnberg, Thielmann, NeverofTski, Kapzewitch,
Prince royal de Suède (Bernadotte), Stscherbatoff, etc., etc.
Ran und HâneL Der Krieg der Yerbundeten gegen Frankreich in den
Jahren 1813, 1814, 1815 (Guerre des alliés contre la France pendant
les années 1813, 1814 et 1815).
Richter. Geschichte des deutschen Freiheitskrieges vom Jahre 1813
bis zum Jahre 1815 (Histoire de la guerre de l'indépendance alle-
mande, de 1813 à 1815).
Riedel (W.). Karl Philipp von Wrede, Fûrst und Feldmarschall. (Charles-
Philippe von Wrede, prince et feld-maréchal.)
Rôder. Historische Beitrâge zur Schlacht bei Hanau. (Documents histo-
riques concernant la bataille de Hanau.)
RothaoBCher (K. K. Oberst). Das Wirken des Slreif-Coi^s unter den
K. K. Obersten Ëmanuel Grafen Mensdorff-Pouilly im Feldzuge 1813
in Deutschland (Le rôle du corps volant sous les ordres du colonel
impérial et royal Emmanuel comte Mensdorff-Pouilly pendant la cam-
pagne de 1813 en Allemagne).
- 330 -■
Sarradn (maréchal de camp). Histoire de la guerre de Russie et d'Alle-
magne depuis le passage du Niémen (juin 1812) jusqu'au passade da
Rhin (novembre 1813).
Schels (K. K. Major). Des Prinzen Eugen von Wurtemberg, Kaiserlich
russischen General-Lieutenants , Wirken wàhrend der Tage von
Dresden und Kuîm vom22 bis 30 August 1813 (Rôle du prince Eugène
de Wurtemberg, général -lieutenant au service de la Russie pendant
les journées de Dresde et de Kulm, du 22 au 30 août 1813).
Schels (K. K. Major). Die Eroberung von Bremcn durch die Alliirtea
im October 1813 (La prise de Brème par les alliés en octobre 1813).
Schels (K. K. Major). Die Verthcidigung des nôrdltchen Bôhmens im
August 1813 nach œsterreichischen Original Quellen (La défense du
nord de la Bohême en août 1813^ d'après des documents officiels au-
trichiens).
Schels (K. K. Major). Die Operazîonen des œsterreichischen in der
Lausilz mit dem schlesîschen Heere vereiniglen Rorps des Feldinars-
- chall-Lieutenants Grafen Bubna im September 1813 dargestellt nach
œsterreichischen original Quellen (Les opérations du corps autrichien
du feld-maréchal -lieu tenant comte Bubna dans la Lausilz depuis sa
jonction avec Tannée de Silésic en septembre 1813, d'après des docu-
ments officiels autrichiens).
Schels (K. K. Major). Das Wirken des Felsmarschall -Lieutenants Grafen
Bubna mit der zweiten leichten Division in den Tageh von Leipzig
vom 5 bis 19 October 1813 nach œsterreichischen original Quellen
(Le rôle du feld-maréchal-licutenant comte Bubna et de la 2* division
légère pendant les journées de Leipzig, du 5 au 19 octobre 4813,
d'après les documents officiels autrichiens).
Sohels (K. K. Major). Streifzûge der Alliirten Russen und Preussen auf
dem linken Elbe-Ufer im Mai und Juni 1813 (Pointes et coups de
main des Russes et des Prussiens sur la rive gauche de l'Elbe en mai
et en juin 1813).
Schels (K. K. Major). Der Marsch der œsterreichischen Avant-Garde in
1813 von Leipzig an den Rhein naeh dem Tagebuche derselben dar-
gestellt (La marche de Tavant-garde autrichienne de Leipsig jusqu'aa
Rhin en 1813, d'après le journal de marche de celte avant-garde).
Schœll. Histoire abrégée des traités de paix.
Schnls. Geschichte der Kriege in Europa seit dem Jahre 1792 (Histoire
des guerres en Europe depuis l'année 1792).
Seldel (Friedrich von, K. K. GcncraU Major). Die Mitwirkungdes K. K-
dritten von dem Feldzeugmeister Grafen Ignaz Gyulay befehiiglen
Armée Kofps wâhrend der Schlacht bei Leipzig bis zur Ueberschrei-
tungder Saale vom 13 bis 21 October 1813 al? Augenzeugen darges-
lellt (Part prise par le 111* corps d*armée impérial et royal sous les
ordres du feldzeugmeister comte Ignace Ginlay aux événements mili-
taires depuis la bataille de Leipzig jusqu'au passage de la Saale, du
— 331 —
i 3 au 2! octobre i813, décrit par un témoin oculaire, le général-major
F. von Seidel).
Siebert (Major im K. K. Generalstabe). Uber don Streifzug Thielmanns
im Feldzuge 1813. Nach Akten des K. K. Kriegs Archivs. (De la
pointe exécutée par Thielmann pendant la campagne de i8i3, d'après
les documents des archives de la guerre impériales et royales. Extrait
des Hittheilungen des K. K. Kriegs-Archivs).
Sie-wers (général- major comte). Rapports du général -major comte
Siewers au comte Wittgenstein.
Sipiagin (colonel). Journal des opérations de l'arrière-garde de Mllora-
dovitch.
Specht. Das KOnigreich Westphalen und seine Armée im Jahre 1813
(Le royaume de Westphalie et son armée en 1813).
Spectateur militaire. Année 1826.
Sporscbill. Die Grosse Chronii^ (La grande chronique).
Stref fleur (K. K. Capitân-Lieutenant). Geschichte der Kôniglich deuts-
chen Légion (Histoire de la légion royale allemande).
StscberbiniB (A.-A., attaché à Tétat-major de S. M. Tempereur Alexan-
dre). Zapiski [Mémoires], (Archives du dépôt topographique et mili-
taire) de Saint-Pétersbourg.
Sachosanett (général d'artillerie). Mémoires.
Sachosanett (général d'artillerie). Notes sur la bataille de Leipzig
(maniMcrit).
Szenen aus der Geschichte des R. K. Husaren-Regimenls n<> 3 Erzherzog
Ferdinand (Scènes tirées de l'histoire du régiment de hussards impé
rial et royal n® 3 archiduc Ferdinand).
Tableaa de la campagne d'automne de 1813 en Allemagne, depuis la
rupture de l'armistice jusqu'au passage du Rhin par l'armée française,
par un officier russe.
Tagebûcher aus den Feldzùgen der Wûrtemberger unter der Regierung
des Kônigs Friedrich (Journaux des campagnes des Wûrtembergeois
sous le règne du roi Frédéric).
Tagebach der Begcbenhciten in Dresden vom 13 bis 27 Mârz 1813
(Journal des événements de Dresde du 13 au 27 mars 1813).
Thiers. Histoire du Consulat et de l'Empire.
Thum und Taxis (general-major August Fûrst von). Tagebuch eines
Offîziers im Generalstabe der bayerischen Armée vom Aufbruch der
Trupperi aus dem Lager bei Mûnchen im August 1813 bis zumWîe-
dereintreflfen daselbst in Juni 1814. (Journal d'un officier d'état-major
deTarmée bavaroise, depuis la levée du camp de Munich (avril 18.13)
jusqu'au retour des troupes en Bavière (Juin 1814). { Autographie.)
Varnhagen von der Ense. Das Leben des Fûrsten Blûcher von Wahlstadt
(La vie du prince Blûcher von Wahlstadt).
Varnhagen von der Ense. Das Leben des Gênerais Grafen Bùlow von
Dennewitz (La vie du général comte Bûlow von Dennewitz).
- 382 -
Yarnliâgeii tou der Ense. Geschischle der Kriegszûge des Gênerais
Teltenborn w&hrend der Jahre 1813-1814 (Histoire des pointes et
coups de main dn général Tetlenborn pendant les années 1813 el
18U).
Vandonoonrt (général de). Histoire de la guerre soatenue par les Fran*
çais en Allemagne en 1813.
Victoirefi conquêtes, désastres, revers et guerres civiles des Français
par une société de militaires et de gens de lettres.
Voieimyl Sbornik (Revue militaire russe).
yossilche Zeitang (Gazette de Voss), année 1813.
Vôldemdof und Waradein. Kriegsgeschischte der Bayern unter Kôoig
Maximilian Josef I (Histoire militaire des Bavarois sous le roi Maxi-
milien- Joseph).
Wachter (général-lieutenant). Mémoires sur la retraite du corps Ostcr-
mann-ToIstoi sur Kulm«
Wagner. Plans de combats et batailles livrés par Tarmée prussienne
pendant la campagne de 1813, 1814, 1815.
Weingarten (A. von). Hauptmanu im K. K. General Quartier Meister-
stabe. Geschichtc des Lûtzows'chen Freikorps (Histoire du corps
franc de Lûtzow).
Welnhold. Dresden und seine Scbicksale im Jahre 1813 (Dresde et son
sort en 1813).
Westmoreland (Earl of)* Memoirs of the opérations during the laltcr
end of 1813 and the year 1814 (Mémoires sur les opérations pendant
les derniers mois de 1813 et pendant l'année 1814).
Wigger. Feldmarschall Fûrst Blûcher. (Le feld-marécbal prince filû-
cher).
Wilson (général sir Robert). Private diary of travels, personal services
und public events during mission and employment wilh the Europeaa
armies in the campaigns of 1812, 1813, 1814 (Journal privé de ses
voyages, services personnels, des événements publics pendant la mis-
sion quMl a remplie auprès des armées européennes pendant les années
1812, 1813 et 1814).
Wolzogen (colonel). Mémoires.
Wurtemberg (prince Eugène de). Mémoires.
Wurtemberg (prince Eugène de). Extraits de mon journal militaire des
campagnes de 1813-1814 (manuscrit). (Archives du dépôt topographi-
que et militaire^ Saint-Pétersbourg).
TaroschewitKky. Notes sur la bataille de Leipzig (manuscrit).
Zimmermann (W.). Die Befreiungskâmpfe der Deulschen gegen Napo-
léon (Guerres de Tindépendance allemande contre Napoléon).
ERRATA
Page 2, 6* ligné à partir du bas de la page, an liea de : Wengrod,
lire : Ivangorod,
— 8, 3* ligne, au lien de : Landoberg, lire : Landêberg,
— 8, 18* ligne, après les mots : 70 kilomètres, au lieu d*un point-
virgule mettre une virgule.
— 13, ?• ligne, an lieu de Witteuberg, lire : Wiitenberg.
— 14, 4* ligne, au lieu de : conduisait, lire : conduisaient.
— . 15, 15* ligne à partir du bas de la page, au lieu de : partisans
des aUiés, lire : partisans alliés.
— 19, i9* ligne, au lieu de : la rive, lire : la rivière et.
— 19, 20* ligne, au lieu de : la droite, lire : la rive droite.
— 21, 21* ligne, au lieu de : Leizkan, lire : Leizkau.
— 28, 19* ligne, au Heu de : Ueltzen, lire : Uelzen.
— 31, !»• ligne, au lieu de : porté, lire : posté,
— 31, 21* ligne, au lieu de : à inquiéter, lire : (^inquiéter.
— 40, 19* ligne, au lieu de : Wurzen, lire : Wiirzen.
— 43, 7* ligne, au lieu de : Lobeinsiein, lire : Lobenstein.
— 44, 18* ligne à partir du bas de la page, au lieu de : Lobeinstein,
lire : Lobenstein.
^- 46, 4* ligne à partir du bas de la page, au lieu de : Kônigs-
bruck, lire : KônigshrOch.
— 47, l'*ligne, au lieu de : Kônisbruck, lire ; Kônigsbruck.
— 47, 12* ligne à partir du bas de la page, au lieu de : énéral,
lire : général.
— 48, 23* ligne, au lieu de : Nunschutz, lire : Nirnschûtz*
— 51, 9* ligne, au lieu de : renvoyer à, lire : diriger sur.
— 57, 7* et 8» lignes à partir du bas de la page, au lieu de : pré-
caution, lire : prudence.
«^ 91, 7*, 10* et 18* lignes à partir du bas de la page, au lieu de :
Mensdorf, lire : Mensdorff.
92, l'*el 9* lignes, même correction que ci-dessus.
92, 7* ligne, au lieu de : des i3 hommes d^ un petit poste fran-
çais, lire : des 13 hommes dont se composait un petit
poste français.
.^ 93, 16* ligne, au lien de : défendu, lire : défendue»
- 334 —
Page 96| 5* ligne, au lieu de : TsehemnUz, lire : TsehêmUi.
— 108, 15* ligne à partir du bas de la page, au lieu de : |)rtnetpai«-
ment décisif, lire : particulièrement décisif.
— 112, 13* ligne, au lieu de : trouvé, lire : rencontré.
— 116, 17* ligne, au lieu de : dans cette occasion, lire : à cette occa-
sion.
—- 118, 1'* ligne, au lieu de : au moment, lire : à ce moment.
— 119, ?• ligne, au lieu de : envoyait, lire : faisait parvenir.
— 123» 15* ligne à partir du bas de la page, au lieu de : réussissait,
lire : parvenait.
— 131, 2* ligne» au lieu de : prit le parti, lire : résolut.
— 135, 19* ligne, au lieu de : ces rivières, lire : cette rivière.
— 138, 8*, 17*, 34* et 39* lignes, au lieu de : Mensdcrf, lire : Mm-
dorff.
— 139, l'*et 5* lignes, même correction que ci-dessus.
— 139, 11* ligne, au lieu de : tout ce pays, lire : tout U pays.
— 139, 4* ligne à partir du bas de la page, au lieu de : ce cof^,
lire : le corps.
— 141, 5* ligne à partir du bas de la page, au lieu de : des parti
scosaques, lire : des partis cosaques.
— 142, 3* et 4* lignes, au lieu de : prirent, lire : prit.
— 144, 17* ligne à partir du bas de la page, au lieu de : Le ^ sep-
tembre, cependant, lire : Cependant, le 6 septembre.
— 151, 9* ligne, au lieu de : Mensdorf, lire : Mensdorff.
— 156, !• ligne, au lieu de : aua gués, lire ; et par les gués.
— 158, 13* ligne, au lieu de : Mensdorf, lire ; Mensdorff.
— 158, 7* ligne à partir du bas de la page, au lieu de : envoyant,
lire : envoyait.
— 158, 3* ligne à partir du bas de la page, au lieu de : qu'il avait
envoyées, lire : qu'il avait poussées.
— 159, 12* ligne à partir du bas de la paf^, au lieu de : a pénétré,
lire : y a pénétré.
— 159, 11* ligne à partir du bas de la page, au lieu de : a poursuivi,
lire : et a poursuivi.
— 160, 3* et 4* lignes, au lieu de ■: faisait par un coup de main
hardi capituler Naumburg, lire : obligeait par un coup
de main hardi Naumburg à capituler*
— 161, 3* ligne, au lieu de : Rôsen, lire Kôsen,
— 163, 7* et 11* lignes, au lieu de : Bichofswerda, lire : Bischofi'
werda.
— 165, 3* ligne, après Neustadt, au lieu d'un point-virgule, mettre
une virgule.
— 167, 17* et 24* lignes, au lieu de : JUet^dorf, Ufe : Mensdorff.
— 168, 2« ligne, au lieu de : par la route, lire : la route mims.
— 169, NotSf au lieu de ; et non Kehl, lire : et sous Mehl.
- 335 -
Page 170, il* ligne, mettre un point après le mot . habitants, et ayant
le mot : Afin.
— i70, 13* ligne, mettre une virgule au lieu d'un point devant le
mot : On.
— 170, 5' ligne à partir du bas de la page, au lieu de ; au point,
lire : sur le point.
— 171, 6* ligne à partir du bas de la page, au lieu de : grosses,
lire : grandes.
— 171 , 8* et 17* lignes à partir du bas de la page, au lieu de • Me^is-
dorf, lire : Uensdorff.
— 172, 7* et 28* lignes, mêmes corrections que ci-dessus.
— 173, 4* ligne à partir du bas de la page, même correction que
ci -dessus.
— 174, 3', 7* et 39' lignes, mômes corrections que ci-dessus*
— 175, 17" ligne, même correction que ci-dessus.
— 185, 3* ligne à partir do bas de la page, au lieu de : Wiihelm-
hausen^ lire : Wilhelmshausen.
— 191, 20* ligne, au lieu de : Liachovo, lire : Liakhovo.
202, 2* ligne à partir du bas de la page, au lieu de : Chrapo-
witzky, lire : Khrapowitzky.
— 203, 12« ligne, au lieu de : de façon que, lire : de façon à C4 que.
— 207, 25* ligne, au lieu de : Mensdorf, lire : Mensdorff*
— 207, Note. Mettre : 2, au lieu de : 1, avant les mots : d'après
Keyserling.
— 216, 4* ligne, devant : Limportanee, intercaler : et.
217, 8* ligne, au lieu de : L«12, toutefois, lire: Toutefois, le 12.
— 217, 12* ligne, au lieu de : se repliaient, lire : se retiraient.
— 217, 22* ligne, au lieu de : décider, lire : contraindre.
— 217, 25» ligne, au lieu de : qohême, lire : Bohême.
— 217, 26* ligne, au lieu de : bréécda, lire : précéda.
— 217, 28* ligne, au lieu de : les marches, lire : la marche.
— 218, 3« ligne, au Heu de ; précis, lire : précieux.
— 219, 14* ligne, au lieu de : déguisés, lire : déguisé.
219, iS* ligne à partir du bas de la page, au lieu de : point, lire :
lieu.
230, 5« ligne, supprimer le mot : durent devant le mot :
verser.
232, 2* ligne à partir du bas de la page, au lieu de : se replier,
lire : rétrograder.
233, 5« ligne à partir du bas de la page, au lieu de : obligés,
lire : obligées.
— - 235, 1* et 8« lignes, au lieu de : ^élevait, lire : s'élève.
237, 2' ligne, au lieu de : autrichieune, lire : autrichienne.
— 238,' Note. 10" ligne à partir du bas de la page, au lieu de : un
tableau, lire : son tableau*
-336-
Page 250, 8* ligne, au lieu de : pltu, lire : pltu.
— 250, 10* ligne à partir du bas de la page, entre les mots : Miri&-
burg, à Freihurg, supprimer la virgule.
— 255, 7* ligne, au lieu de : la Fulda^ lire : Fulda.
— 255, 22* ligne, au lieu de : poiiUei envoyée*, lire : partis envoyés.
— 258, 13* ligne, après : Sckwarzenherg, ajouter les mots : qui per-
mirent à Parmie française â^ atteindre le Rhin.
— 269, 5* ligne à partir du bas de la page, au lieu de : Skijôelde-
hrand, lire : Skjôeïdehrand.
— 270, Note, lignes 5 et 8, même correction.
— 271, 10* ligne, même correction.
— 271, 24* ligne, au lieu de : résultat, lire : réstUtat.
— 271, dernière ligne au bas de la page, au lieu de : al, lire : la.
— 273, 27* ligne, au lieu de : Vattaquer, lire : attaquer cette viUe.
— 273, 31* ligne, au lieu de : Vattaque, lire : Vopération.
— 275, 29* ligne, au lieu de : sousofficicr, lire : sous-officier.
— 276, 22* ligne à partir du bas de la page, au lieu de : ne se àèd-
dirent pas à, lire : n'osèrent pas de.
— 277, 9* ligne, au lieu de : se remit donc en marche, lire : «
remit donc en mouvement.
— 282, 29* ligne, au lieu de : Freyburg, lire : Freyhurg,
— 283, 34* ligne, au lieu de : opération, lire : opérations.
— 284, 18* et 19* lignes, au lieu de : communication, lire : commu-
nications.
— 285, 30* ligne^ au lieu de : nomhreuse, lire : nombreuse.
TABLE DES MATIÈRES
AVANT-PROPOS V
CHAPITRE PREMIER.
RETRAITE DE l' ARMÉE FRANÇAISE DU NIÉMEN JVâQuV l'elBE.
Effectif total des troupes françaises fin décembre 1812 2
Points de ralliement et de coDcentration des corps revenus de Russie. . . 2
Premières pointes des cosaques sur le Niémen 3
Convention de Poscberau 3
Effectifs de Tarmée française après la défection d'York 4
Effectifs do l'armée russe lors du passage du Niémen, 1«' janvier 1813. 4
Affaires de cavalerie de Labian^ Wehlau, Braunssberg, Frauenberg,
MarienwerJer 4
Positions occupées par les armées russes sur le territoire prussien 5
Mouvements des différentes colonnes 5
Le prince Eugène remplace Morat 6
Marche de la cavalerie de Benkendorf, Tchernitcheff et Tettenborn de
la Vistule à VOder , 7
Affaire de cavalerie du Schonberger-Theerofen 8
Surprise de la cavalerie lithuanienne à Zirke 8
Affaire de Wrietzen 8
Raid de Tchernitcheff sur Berlin 9
L» prince Eugène abandonne la ligne de TOder il
Combat de Miiochenberg 12
Entrée des Russes à Berlin. Escarmouches de Schôneberg et de Stegelitz. 12
Affaire de Kàhnsdorf 12
Mouvements des cosaques dans la direction de Wiltenberg 13
La Prusse s'allie à la Russie. ~ Marche d'York et de Biilow 13
Mouvement de Tettenborn de Berlin sur le Mecklembourg 13
Marche de la cavalerie russe de Winzingerode de Kaliseh jusqu'à l'Elbe. • 14
Corps volants du colonel Prendel, capitaine Orloff, colonel Madatoff, ca-
pitaine Geismar 14
Positions occupées par les coureurs et les partisans depuis le bas Elbe
jusqu'à Dresde , 15
Correspondance do Napoléon relative aux mouvements des cosaques et
des coureurs des alliés .*.;....«...• 15
CHAPITRE II.
DEPUIS LE PASSAGE DE l'elBE PAR LES ALLIÉS IÛSQD'à l'aRRIVÉeJ
DE l'empereur napoléon A L*ARMÉE.
Affaire de cavalerie d'Eschenburg i i . ; . . ; i 16
Combat du Zollehspicker (passage de l'Elbe) . ;;...;.;.. i . . 17
M. H. L. 22
— 338 —
Pages.
Entrée de Tettenborn à Hambourg, de Bcnkendorf & Lûbeck 17
Combat de Seehausen 17
Mouvements de la cavalerie de Tcbernitcbeff 17
Escarmouches et engagements du côté de Magdeburg 18
Combat de Luneburg 19
Combats de Môckern et de Vehlitz 21
Mouvements des partisans d'Orloff, d'Ilowaïtzky, Lôwenstern, Radimoff^
Prendel, et de la cavalerie de Lanskoï, sur la Saale 22
Mouvement de la cavalerie de La Tour Maubourg 23
Reconnaissance des passages de la Saale à Alsleben et Bernburg 24
Coup de main infructueux de Witlgenstein sur Wittenberg 24
Ordres donnés par Witlgenstein à la nouvelle de l'arrivée de l'Empereur . 25
Mouvements des partisans de Bliicber 26
Affaire de Langensalza 26
Coup de main de Gotba 26
Surprise de Wanfried 26
Affaire de Nordbausen 27
Escarmouche de Werden 28
Escarmouches de Celle et de Gross-CEsingen 28
CHAPITRE m.
DEPUIS l'arrivée de l'eMPEREUA NAPOLÉOX jusqu'à l'armistice du 4 JUIN.
ii'armée française prend l'offensive 29
Mouvements de la cavalerie des alliés 30
Ordres donnés par Witlgenstein 31
Combat de Weissenfels 32
Reconnaissances de la cavalerie de Billow sur la Saale. — Mouvement
des corps volants de Winzingerode 32
Mouvements de la cavalerie de Miloradowitch 33
Bataillede Liilzen 34
Emploi défectueux de la cavalerie des alliés avant Liitzen 34
Rôle que Wittgenstein voulait faire jouer à la cavalerie à Lûtzen 35
Rôle que cette cavalerie a joué et fautes commises 36
Services rendus par la cavalerie alliée pendant la retraite 39
Affaires de cavalerie de Colditz et de Reichenbach 40
Lés alliés évacuent Dresde. 4*
Raid du capitaine von Colomb du 7 au 20 mai i2
Lettres de TEmpereur relatives aux partisans 43
Procédés employés par Colomb. — Ses opérations du 2i au 33 mai. . . i*
Affaire de Bischofswerda 47
llowaïski essaye de surprendre le corps de Bertrand 47
Affaires de cavalerie de Roth-Nausliz et de Gôdau 48
Combat de cavalerie de Grossenhayn 48
Les renseignements fournis par la cavalerie préviennent les alliés du
mouvement qui se prépare contre, leur aile droite 49
Surprise de la division Perry à Kônigswarlha 50
Rôle effacé de la cavalerie à Bautzen S'
Combat de cavalerie da Reichenbach 52
Escarmouches de Gôrlilz, d'Ober-Waldau, de Berthelsdorf 53
Combat do Seifersdorf 5i
- 339 -
Pages.
^es alliés changent la direction de leur retraite et se portent vers
Scliweidnitz 55
i^mbuscade et combat de Haynau (Micheisdorf) 56
]Ioup de main de Colomb à Gross-Buckedra 63
[^aids du lieutenant-colonel Borissoff 63
;iombat de cavalerie de Goldherg 64
L.a cavalerie française surprend l'artillerie russe à Sprottau et les cosaques
à Hoyerswerda 65
[loup de main de Colomb. — Enlèvement d'un parc d'artillerie près de
Zwickau 66
Opérations de Tchernitcheff. — Combat d'Halberstadt 68
Opérations du colonel Figner 68
Engagements de cavalerie près de Falkenberg et à Peterwitz 70
Opérations de la cavalerie de KaïssaroDf 71
Mouvements et positions de la cavalerie alliée au moment de l'armistice. 73
Ligne de délimitation 74
Mouvements des partisans de Colomb jusqu'à son passage sur la rive
droite de l'Elbe 75
Coup de main des généraux Woronzoff et Tcbernitcheff sur Leipzig. ... 76
Affaire du corps franc de Ltitzow 78
CHAPITRE IV.
DEPUIS LA RWTORE DE L* ARMISTICE JUSQU'a LA CONCENTRATION ET LA RÉUNION
DES ARMÉES ALLIÉES AUTOUR DE LEIPZIG (10 OCtobre).
Effectif des armées françaises et alliéas au moment de la rupture de l'ar-
mistice Sï
Conférence de Trachenberg 83
Reconnaissances faites par la cavalerie de Blucher 8i
Engagement entre la cavalerie du général Kaissaroff et la brigade Zacchi. 84
La cavalerie de l'armée du Nord essaie infructueusement d'enlever l'Em-
pereur 85
La cavalerie de Dombrowski repousse les cosaques et la cavalerie légère
des alliés 86
Surprise des cosaques à Molin. — Affaire de Lauenburg 86
Plans de campagne des alliés et de l'Empereur. — Premiers mouvements
de TEmperour B7
Description du terrain entre la Saxe et la Bohême 88
Mouvement simulé de l'Empereur sur Prague ; il se porte contre l'armée
de Silésie 89
Escarmouches de cavalerie de Deutmannsdorf. — Affaires de Tbomas-
waldau, Siebeneichen et Plag^tz 89
Engagements de cavalerie pendant la retraite de l'armée de Silésie sur la
Katabach 90
Part prise par la cavalerie au -combat de Goldberg 90
Mouvement offensif de l'armée de Bohème. Affaires de cavalerie de
Johnsdorf et de Seidnitz 01
Formation du corps volant de Mensdorf. — Instructions qui lui sont
données 91
Premières opérations de ce corps volant 92
Surprise des chevau-légers polonais à Tschcrnitz 93
- 340 -
Les cosaques de Tchernitcheff saryetllent la ligne de l'Elbe de Zerbst à
Wittenberg 93
Escarmouches de cavalerie. — Affaire de Gubs 93
Combai de Wilmersdorf , 94
Rôle joué par la cavalerie à la bataille de Gross-Beeren 94
Mouvements de la cavalerie de Tettenborn et de LUtzow du côté de War-
sow et de Trebbow 95
Affaires de cavalerie de Griinewiese et de Tscbemnitz , 96
Bûle joué par la cavalerie pendant le premier jour de la bataille de
Dresde , 96
Part prise par la cavalerie à la liaiaille de Dresde 97
Premiers mouvements de Vandamme , ; , , ioO
Combat de Hagelsberg , 101
Coup de main de Lûtzow près de Rosenhagen 101
Reconnaissances faites par la cavalerie de Blttcher , 101
Etat de l'armée de Silésie. -* Instructions données par BlUcber 102
Bataille de la Katzbach. — Rôle de la cavalerie 103
Engagements de cavalerie de Pilgramsdorf, de Prausnitz^ de Wolfsberg,
de Kreibau et d'Adelsdorf 111
Combat de Plagwitz 112
Combat de Bunzlau 112
Correspondance de Bliicher avec ses lieutenants 113
Affaire de Berggieshùbel 111
• Combats de Possendorf et de Peterswalde 115
Encombrement des routes menant en Bohême 115
Affaire de NoUendorf. !!...!! 116
Premier jour de la bataille de Kulm 116
Affaires de Glashutte et de Fulkenhayn 119
Ordres de Kleist et de Barclay de ToUy [[[ 120
Bataille de Kulm ..'.../... 121
Conséquences et parlicularités de cette bataille 127
Combat de Zahne ' ] ] 130
Dispositions prises par Biilow. — Description du champ de bataille de
Julerbogk , 131
Bataille de Juterbogk ....!..'! 132
Embuscade de Holzdorf !!,!!., i'ào
Inaction de Tarmée de Bohême ....!.,!.! 1 36
Mémoire du général comte de Toll !!!!!!.'. 137
Premiers mouvements du corps volant de Mensdorff ,,[, 138
Création et mise en route du corps volant de Thielmann 139
La cavalerie de Blucher passe le Queiss à Naumburg , 140
Coups de main des corps volants du major von Falkenhausen et du ca-r
pitaine Schwanenfeldt 140
Surprise de Wurschen et coup de main de Bischofswerda. [[, 140
Affaires de Hochkirch et Breitendorf !..*.!., 141
Les cosaques poussent jusqu'aux portes de Dresde. 141
Combats de cavalerie de Reichenbach et de Markersdorf .*.*.... 142
Affaire de Gôrlitz 143
Mouvements de l'aririée de Bohême .!.!.....' 144
Convention de Tôplitz ....,...,[,, 445
Affaires du Geiersberg et de NoUendorf . .' . . ' ' ' * .' . .* . .* . . . . .'. .' ," .' .' .* .* .' 146
Retraite de Macdonald ,//.,,[,. 147
Combats de NoUendorf, de Peterswalde^ d'ilôilêndorf ! !..!.!!!.!..... 1^^
- 341 -
Pages.
Combat d'Arbesau 149
ÂtTaire de Freyberg IKO
Platoff va renforcer Thielmann et Mensdorff i51
Affaire de Bischofâwerda 153
Marche de l'armée de Pologne 153
Affaire de Grossenhayn 154
Instructions données aux partinans , . . . 155
Opérations de Thielmann et de Mensdorff. 158
Coup de main sur Weissenfels 159
Capitulation de Naumburg 160
Thielmann repasse la Saale et TUnstrutt 160
Correspondance de l'Empereur relative aux partisans 161
Prise de Merseburg, combat de Naumburg 167
Affaires de Freiburg et de Kôsen 168
Rapport de Thielmann 169
Manière de procéder de cet officier général 169
Combat de Frauenstein 173
AfMres d'AItenburg et de Zeist 174
Combat de Penig 176
Coup de main de Marwitz sur Brunswick 177
Raid de Tchernitcheff sur (jassel 179
Détails sur le colonel Figner " 490
Détails sur le colonel Prendel 195
Mouvements de la cavalerie de Tettenborn. — Combat de Gôhrde 196
Coup de main de Teltenborn sur Brème 197
Passage de l'Elbe et combat de Wartenburg 806
Mouvements de la cavalerie de l'armée du Nord 901
Combat de cavalerie d'Eilenburg 803
Combat de Schellenberg 804
Affaire de Gôssnitz 805
Combats de Siôssen et de Pretsch 807
Affaire de Borna. — Mouvements des cavaliers de Kaï'jsaroff et des co-
saques de Platoff 809
Colomb essaye d'enlever Augereau 811
Résumé des dispositions prises et des instructions données par Thielmann
& ses partisans. 818
CHAPITRE V.
DEPUIS LA COXCENTHATION DES ALLIÉS AUTOUR DE LEIPZIG JUSQu'a LA FIN
DE LA CAMPAGNE D'ALLEMAGNE.
Mouvements de la cavalerie alliée les 11 et 18 octobre 217
Ordres donnés par l'Empereur à Morat 817
Affaire de cavalerie de Mark-Kleeberg 217
Surprise de Naumburg 218
Mouvements de la cavalerie de l'armée de Silésie 218
Coup de main de Colomb sur Schleusingen 219
Combat de cavalerie de Liebertwolkwitz 223
Appréciation de ce combat par les généraux Bogdanowitch et von Co-
lomb 826
Affaires d'Hubertsburg et de Miihlberg 230
-34Î-
Page».
Esearmonches de Gautsch et d*Oschati 230
Bataille de Wachau 23i
Rôle de la cavalerie polonaise et de la cavalerie alliée da côté de Mark-
Kleeberg et de Wachaa 231
Rôle de la cavalerie de Sébastian!, de la cavalerie da corps de Klenau,
de la brigade Ziethen, de la brigade Wrangel, de la brigade Mutins et
des cosaqaes de PJatoff du côté de Seiiïertshayn et du Kolmberg 233
Entrée en ligne de La Tour Mauboorg avec le !•' corps de cavalerie et
du 5' corps de cavalerie 233
Le 4* corps de cavalerie (Kellermann) rejette les cavaliers alliés sur
Grôbern 233
Grande charge de la cavalerie française sur Giilden-Gossa 234
Derniers engagements de la cavalerie de Kellermann du côlé de Mark-
Kleeberg 236
Services rendus aux alliés par les cosaques de Platoffdu côté de Fuchs-
hayn, par les cbevau-légers autrichiens et la brigade de Wrangel du
côté de Seiffertshayn 237
Combat de Lindenau. — Rôle de là cavalerie alliée IBS
Bataille de M5ckern 239
Engagement de la cavalerie de Katzler contre la cavalerie wurtember-
geoise du général Norman 239
Lutte de la cavalerie polonaise contre les cavaliers des généraux Emma-
nuel et Pahlen II 240
Charges du colonel von Sohr 240
Charges de la brigade Jurgass 241
Examen du rôle joué par la cavalerie à la bataille de Mockern 24â
Escarmouches de cavalerie pendant la journée du 17 octobre 243
Bataille du 18 octobre 244
Affaires de cavalerie du côté d'Holzhausen et de Slôtteritz 24i
Charges de la cavalerie française en avant de Probstheyda 244
Défection delà cavalerie saxonne et de la cavalerie wurtember geoise. . . . 245
Charges de la cavalerie de la garde des 2» et 5° corps 246
Derniers engagements de cavalerie pendant la journée du 18 octobre. . . 247
Mouvements de la cavalerie alliée pendant les journées des 19 et 20 oc-
tobre 348
Causes des lentenrs de la poursuite 249
Mouvement de la cavalerie d'York du côlé de Reichardzwerben 250
Mouvements de la cavalerie de Wassiltchikoff et de Kreuz 250
Mollesse de la poursuite. — Escarmouche de Weimar 251
Mouvements de la cavalerie du colonel Henkel von Donnersmark 251
Affaire de Gleina. — Passage de l'Unstrott par les Français 252
Mouvement de Desnoettes sur Weimar 233
Coup de main de Khrapowitzky sur Gotha 253
Combat de cavalerie de Bultelstâdt 253
Mouvements des corps volants dllowaïski, Platoff, Thielmann 254
Escarmouches de Kerpsleben ', 254
Tchernitcheff, llowaïski et Khrapowitzky culbutent la cavalerie du gé-
néral Fournier 235
Tentative du corps York contre Bertrand sur la route de Gotha à Eise-
nach, à Eichrodt 256
Schwarzenberg donne une nouvelle direction à la marche de Tarmée de
Silésie 256
— 343 -
Pag«s.
Monvements des corps volants de Platoff, Orloff-DennisoflF, Ilowaïsky,
Tchernitcheff, Mensdorff (affaires de Falda et Rasdorf) 257
Premiers mouvements du corps austro- bavarois de Wrede 258
Première affaire de Hanau (28 octobre) 259
Affaire de cavalerie de Gelnhausen (29 octobre) 259
Coup de main de Colomb sur SaalmiiDster 259
AVrede ne s'attend pas à avoir affaire au gros de l'armée française et à
TEmpereur 260
Rôle de la cavalerie alliée à Hanau 261
Appréciation du général Lachmann sur la part prise par la cavalerie
française à la bataille de Hanau 262
Retraite de l'armée française de Francfort sur le Rhin 266
Lettre de Mensdorff au prince de Schwarzenberg 266
Mensdorff envoie des partisans sur la rive gaucbe du Rhin 266
Entrée des souverains alliés à Francfort 267
Projets de Blucher rejetés par Schwarzenberg 268
Opérations du prince royal de Suède contre les Danois 269
Affaire de Bornhosl 269
Coups de main do Tettenborn 270
Surprise d'Itzehoe 270
Passage de TEider par Tettenborn : 270
Défaite de Wallmoden à Seeslàdt 271
Traité de Kiel 271
Marche de Bulow et de Winzingerode vers la Ilollande 272
Occupation de Grôningen^ prise du fort de Zoltkamp. — Soulèvement
d'Amsterdam 272
Entrée des Cosaques à Amsterdam et à Amersforl 273
Prise de Doesburg et de Zûtphen 273
Prise d'Arnheim. — Entrée de Colomb à Rotterdam 274
Escarmouches de Neuss. 274
Coup de main de Benkendorf sur Bréda 2''5
Raid de Colomb sur Bruxelles. — Coup de main sur Louvain 275
Affaires de BréJa 278
Considérations générales sur le rôle joué par la cavalerie alliée pendant
la campagne de 1813 279
APPENDICE ET NOTES
SOMM AIRS
Note l (à ajouter page 19}. . .
Note II (à ajouter page 35). .
Note III (à ajouter page 39) .
Note IV (à ajouter page 39) .
Note V (à ajouter page 47) . .
Note VI (à ajouter page 50) .
Note VII (à ajouter page 57).
Note VIII (à ajouter page 59) .
Note IX (à ajouter page 68) .
Note X (à ajouter page 71)..
Note XI (à ajouter page 83) .
Note XII (à ajouter page 85).
Note X[Il {à ajouter page 9Q),
Note XïV (à ajouter p, 134).
Note XV {à ajouter p. 154).
Note XVI (à ajouter p. 167).
Note XVII (à ajouter p, 260).
Note XVIII {àajouterp. 260) .
Note XIX {à ajouter p. 260).
Note XX {à ajouter p, 262) .
Note XXI (à ajouter p, 262).
Pt<M
Composition des détachements des géné<
raux Tchemitcheff, Dôrnberg, Telten-
born dans les derniers jours de mars. 290
Glausewitz à propos do Liitzen 2^^
Opinion de Glausewitz sur le r6le de la
cavalerie des alliés pendant la cam-
pagne de 1813 291
Maréchal Marmont. — Liitzen 2^2
Lettre du général Lanskoï au général ToU. 294
Mouvements des partisans de Lôwens-
tern avant Baulzen 295
Glausewitz sur l'embuscade de Haynau. 296
Un ordre du jour do Blucher 299
Note à propos de l'affaire d'Halberstadt. 3O0
Observations du général ToU sur Tarmis-
tice ■. .. 300
ToU à propos de la nomination de
Schwarzenberg comme généralissime. . 301
Lettre du général baron Winzingerode au
colonel Lôwenstern 304
Notes complémentaires sur les mouve-
ments de la cavalerie autrichienne ... 305
Mouvements de Lôwenstern après Den-
newitz 306
Ordres donnés par Winzingerode au co-
lonel Lôwenstern 306
Coup de main sur Merseburg 307
Essai de justification des mesures prises
par Wrede (général Heilmann) 310
Opinion du prince de Thurn et Taxis sur
le combat de Hanau 317
Opinion de Glausewitz sur Hanau 318
Moment décisif de la bataille de Hanau
(général Heilmann) 318
Impressions personnelles de Wrede ayant
Hanau 322
Liste des ouvrages et documents consultés 323
Errata , ... 333
Paris. — Imprimerie L. Baudoin et C«, 2, ruo Christine.
\
AN INITIAL FINE OF 2S OBNTB
TH„ eOOK »" ^Jl".^*c^;, ON THt FOURTM
ÛVCRDUC-
LD tSl-20m-5,'39t926â«>
UNIVERSITY OF CAUFORNIA UBRARY
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